LE BESTIAIRE DES PROPHÈTES ET DES SAINTS DE L’ISLAM THE BESTIARY OF PROPHETS AND SAINTS OF ISLAM 6 Décembre 2013 Collège de France – salle Claude Lévi-Strauss Journée d’étude organisée par : le GSRL - Groupes Sociétés Religions Laïcité / EPHE le CETOBAC - Centre d’Etude turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques / EHESS L’Université St Andrews, Ecosse coordination P. Khosronejad, P.-J. Luizard, A. Papas et Th. Zarcone Qu’il s’agisse du corbeau qui montre à Caïn comment enterrer Abel, de Burâq, l’être aîlé mi-cheval mi-femme qui transporta le Prophète de l’islam de La Mecque à Jérusalem lors d’un Voyage céleste nocturne (Al-Isrâ’), ou bien de la jument blanche de ‘Alî, lui-même souvent comparé à un lion, du cheval blanc percé de flèches de Husayn lors de la Bataille de Karbala, de l’oiseau blanc de Sayyid Ahmad al-Badawi, célèbre soufi de l’Egypte médiévale, nombre de prophètes et de saints reconnus par l’islam sont représentés en compagnie d’un animal. Plusieurs traditions – bédouine, iranienne, chamanique (par les Turcs), bouddhique (de l’Inde), animiste (d’Afrique) – se sont en effet fondues dans l’islam qui a été le réceptacle d’un riche bestiaire. Dans l’Histoires des prophètes (Qisas al-anbiyâ’), les animaux sont mis au service des prophètes (taureau, lion, vautour porteurs du trône divin ; cheval d’Adam et chamelle d’Eve, paon et serpent artisans de leur chute, animaux compatissant à leur sort). On trouve même des saints animaux : traces vénérées des sabots du cheval de c Alî al-cAbîd al-Shabbî, de même que la tombe que le saint cAbd Allâh Abû Kalb fit à son chien, culte des chats pratiqué par la confrérie marocaine des Heddâwa…Aujourd’hui encore, une chatte noire reconnaît la sainteté d’un cheikh venu visiter son maître. Certains animaux jouent également un rôle notable dans l’économie du salut ; ils montrent la voie, comme le cerf anatolien ou le lion d’Ali, et guident les croyants vers un maître spirituel. Les rapports des saints et des animaux offrent un champ particulièrement riche : les premiers comprennent et parlent le langage des seconds, ils leur font accomplir de bonnes actions ; en échange de l’obéissance et de la piété des animaux, les saints se font vétérinaires, organisant des pèlerinages voire des miracles en faveur des bêtes. Cependant, avec l’émergence du réformisme musulman, les saints parlant aux animaux ont été réfutés comme superstitions. L’animal n’est vu désormais que comme un instrument au service de l’homme. Seule la tradition orale continue à véhiculer des récits où le paysan côtoie la vache ou le crocodile, ainsi que plusieurs livres récents d’Histoires des animaux dans le noble Coran destinés aux enfants, qui connurent des succès de librairie. Notre workshop vise à mettre en valeur la richesse du bestiaire des prophètes et des saints de l’islam. La façon dont ce saint bestiaire survit à la nouvelle orthodoxie musulmane sera également étudiée