RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE
À l’heure où l’attractivité est l’objet d’une concurrence farouche entre les cantons, celle du Jura apparaît à
l’étiage dans la plupart des recherches économiques ; l’étude de la qualité de la localisation des cantons du Crédit
Suisse et l’indicateur de compétitivité des cantons d’UBS le placent, par exemple, en dernière position de leurs
classements1. Selon le 6e programme économique (2013-2022) du Gouvernement jurassien, le canton a toutefois
récemment gagné en attractivité grâce au développement de ses infrastructures (A16, TGV, technopôle, etc.), à
la préservation de son environnement naturel et — troisième élément mis en exergue — à la densité de son
environnement culturel. Cette reconsidération du secteur culturel dans les stratégies économiques des
territoires découle de nombreuses études qui ont démontré le poids économique de la culture. Pourtant, malgré
son importance, ce secteur est souvent le premier touché lorsque, périodiquement, des mesures
d’assainissement des finances publiques sont entreprises. L’objectif de ce mandat, commandé par l’Office de la
Culture du canton du Jura et faisant suite à une étude menée dans le Nord-Est Franche-Comté, est de s’intéresser
à l’économie de la culture dans le canton du Jura afin d’évaluer son importance. Nous avons fait le choix de
dépasser les simples mesures économique et d’adjoindre les dimensions sociales et spatiales de la culture tout
en resserrant cette dernière à une définition « classique » (arts scéniques, littérature, patrimoine et beaux-arts)
et non à l’économie dite « créative » (publicité, mode, design, etc.). Ces choix nous ont été dictés par la structure
du terrain d’étude.
La première partie de la présente recherche expose l’état de la recherche entre économie et culture. Les
nombreuses externalités engendrées par la culture sourdent de cette revue de la littérature : effets économiques
bénéfiques, accroissement de la notoriété des territoires, attractivité touristique accrue, production de lien
social, etc. Ces multiples exemples amènent à penser la culture autrement que par le prisme réducteur qu’on lui
assigne souvent : celui des dépenses publiques. La suite de cette première partie montre que les dépenses
culturelles au niveau suisse sont restées relativement stables au cours de la dernière décennie, avec toutefois
une participation accrue des cantons et des communes parallèlement à une baisse des dépenses de la
Confédération. À l’échelle du canton du Jura, notre recherche témoigne d’une augmentation des dépenses
culturelles cantonales, liée essentiellement à de nouvelles méthodes de comptabilisations et compensée par une
croissance des produits.
La seconde partie de notre étude dévoile les nombreux enseignements obtenus de l’analyse de 50 comptabilités
et d’autant de questionnaires reçus de la part d’acteurs culturels du canton. Nous avons ainsi découvert que si
le canton connaît une vive activité culturelle, il le doit en bonne partie à des organismes « amateurs », constitués
majoritairement de bénévoles. Le bénévolat, malgré certaines limites qui le grèvent – motivation à la baisse,
temps d’encadrement important, confiance difficile à accorder et compétences fortement variables —, est l’une
des conditions de l’existence de la culture. L’apport de cette forme d’engagement permet d’alléger les coûts
inhérents à l’activité culturelle et d’abaisser les frais de personnel qui représentent presque la moitié de la
totalité des charges des comptabilités reçues, soit 3 millions de francs suisses.
L’analyse des charges nous fait découvrir que les dépenses cumulées des participants à notre étude s’élèvent à
environ 6 millions de francs par années, entre 2010 et 2012. Elles se répartissent entre les catégories suivantes
(affinées dans l’étude) : 2.8 Mio de charges salariales, 2.5 Mio d’achats et 0.7 Mio pour les locaux. À l’aide de nos
questionnaires, nous avons appris que — en moyenne — 90 % des achats et des dépenses pour les locaux se font
dans le territoire cantonal. Les participants à notre étude ont donc dépensé dans le canton près de 2.8 millions
de francs par année durant la période qui nous intéresse ici. Il faut ajouter à cela les sommes découlant des
1 http://entrepreneur.credit-suisse.com/media/Standortqualitaet_FR.pdf et http://www.ubs.com/global/fr/wealth_management/wealth_-
management_research/kwi.html
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