De l'alcool éthylique et du sucre dans une comète !
Extrait du Observatoire de Paris centre de recherche et enseignement en astronomie et
astrophysique relevant du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
https://www.obspm.fr/de-l-alcool-ethylique-et-du.html
De l'alcool éthylique et du
sucre dans une comète !
Date de mise en ligne : vendredi 23 octobre 2015
Observatoire de Paris centre de recherche et enseignement en astronomie et
astrophysique relevant du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Recherche.
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De l'alcool éthylique et du sucre dans une comète !
Une équipe internationale menée par des chercheurs français du CNRS et de l'Observatoire
de Paris au sein du Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique
(Observatoire de Paris / CNRS / UPMC / Université Paris Diderot) et du Laboratoire
d'études du rayonnement et de la matière en astrophysique et atmosphères (Observatoire de
Paris / CNRS / UPMC / Université de Cergy-Pontoise /ENS) annonce la première détection de
l'alcool éthylique (C2H5OH) et du plus simple des sucres, le glycolaldéhyde (CH2OHCHO)
dans la comète C/2014 Q2 (Lovejoy). L'étude paraît dans la revue en ligne Science Advances,
le 23 octobre 2015.
Découverte en août 2014 par l'astronome amateur australien Terry Lovejoy, la comète C/2014 Q2 vient des régions
les plus froides du Système solaire à près de 1 000 unités astronomiques (UA) du Soleil. Elle est issue du nuage
d'Oort, un réservoir de comètes situé aux confins du Système solaire .
À son passage au plus près du Soleil et de la Terre en janvier 2015, elle est restée visible à l'oeil nu pendant plus
d'un mois. Depuis la comète Hale-Bopp en 1997, ce fut l'une des comètes intrinsèquement les plus actives à passer
près de la Terre, éjectant plus de 20 tonnes de vapeur d'eau par seconde à son maximum d'activité.
Comète C/2014 Q2 (Lovejoy) prise en photo le 12 février 2015 © Fabrice Noël
Les comètes sont des vestiges de la formation du Système solaire qui ont conservé dans leurs glaces des
informations sur la composition et les conditions physiques qui prévalaient dans la nébuleuse protoplanétaire, il y a
4,5 milliards d'années.
À l'approche du Soleil, leurs glaces se subliment et libèrent une atmosphère riche en molécules diverses, qui peut
être sondée à distance grâce à des instruments au sol tels que le radiotélescope de 30 m de l'Institut de
RadioAstronomie Millimétrique - IRAM, équipé de puissants systèmes de détection.
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De l'alcool éthylique et du sucre dans une comète !
Radiotélescope de 30 m de l'IRAM, situé dans la Sierra Nevada près de Grenade en Espagne. © N. Biver /
Observatoire de Paris / LESIA
Précisément, des observations réalisées en janvier 2015 avec ce radiotélescope ont permis quantifier la production
de 21 molécules dans la comète Lovejoy, dont l'alcool éthylique et le glycolaldéhyde, toutes deux présentes avec
des abondances relatives à l'eau respectivement de 0,12% et 0,02% .
« La quantité d'alcool éthylique qui s'échappe chaque seconde des glaces de la comète Lovejoy au périhélie
correspond à celle contenue dans 500 bouteilles de vin ! », précise Nicolas Biver, chercheur CNRS à l'Observatoire
de Paris, premier auteur de l'étude.
Parmi les autres molécules détectées, plusieurs sont des molécules organiques complexes, comme l'éthylène glycol
(utilisé comme antigel), le formiate de méthyle, l'acétaldéhyde (ou éthanal), la formamide, l'acide formique, et le
formaldéhyde.
Ces molécules organiques ont une abondance relativement élevée, comparée aux abondances mesurées dans les
régions de formation d'étoiles, ce qui est en accord avec une synthèse organique importante dans les régions
extérieures de la nébuleuse protoplanétaire.
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3OH, alcool méthylique)' /> Graphique montrant les abondances par rapport au méthanol (CH3OH, alcool
méthylique) Celles mesurées dans les comètes Lovejoy et Hale-Bopp et, par comparaison, celles identifiées dans
deux zones de formation d'étoiles. Sont également représentées sur le graphique des simulations disponibles dans
la littérature scientifique de synthèse organique se produisant dans des régions d'un disque protoplanétaire, situées
à 30 et 100 UA de la proto-étoile centrale.
Cette découverte intervient au cours d'une année déjà particulièrement riche pour la science cométaire, avec la
mission Rosetta de l'Agence spatiale européenne qui étudie in situ la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko.
Un certain nombre des molécules détectées dans la comète Lovejoy ont été également identifiées à la surface de la
comète 67P par les instruments de l'atterrisseur Philae (résultat publié dans la revue Science, le 31 juillet 2015).
Ces deux comètes ne proviennent pas du même réservoir : nuage d'Oort (à 10 000-100 000 UA du Soleil) pour
Lovejoy, ceinture de Kuiper (à 30-50 UA) pour 67P. La comparaison de leur composition est donc très importante
pour contraindre le lieu de formation de ces deux familles de comètes.
Les comètes ont certainement contribué à l'apport d'eau et d'autres composés sur Terre durant les premières
centaines de millions d'années de son existence.
« La mise en évidence d'une complexité organique importante dans le matériau cométaire est un pas essentiel vers
une meilleure compréhension des conditions qui prévalaient lors de l'apparition de la vie sur Terre. », précise
Dominique Bockelée-Morvan, chercheur CNRS à l'Observatoire de Paris et coauteure de l'étude.
Les observations à l'IRAM ont été complétées par des mesures du dégazage de vapeur d'eau de la comète
obtenues grâce au grand radiotélescope de la station de radioastronomie de l'Observatoire de Paris, à Nançay
(Cher) et à l'observatoire spatial submillimétrique Odin sous coopération franco-suédoise.
L'équipe scientifique
Illustration de la chanson "Le Vin de la Comète" d'Aristide Bruant (1883)" (Tirée de "Chansons et
monologues d'Aristide Bruant", tome 3, E. Geffroy (Paris) 1896-1897.)
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De l'alcool éthylique et du sucre dans une comète !
Ce résultat est le fruit d'une collaboration internationale comprenant des chercheurs de l'Observatoire de Paris au
Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique - LESIA (Observatoire de Paris / CNRS / UPMC
/ Université Paris Diderot) et au Laboratoire d'études du rayonnement et de la matière en astrophysique et
atmosphères - LERMA (Observatoire de Paris/CNRS/UPMC/Université de Cergy-Pontoise/ENS), de l'Institut de
RadioAstronomie Millimétrique - IRAM (financé par l'INSU/CNRS (France), le Max-Planck-Gesellschaft (Allemagne)
et l'Instiuto Geográfico Nacional (Espagne)), du Laboratoire d'Astrophysique de Bordeaux (CNRS / Université de
Bordeaux), de l'Observatoire de Stockholm et de la NASA.
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