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L’Arctique – un océan 
entouré de continents
L’Arctique s’étend sur un territoire de 
20 millions de kilomètres carrés situé 
entre le pôle Nord et le 66˚33’ de lati-
tude nord. A dire vrai, l’Arctique n’est 
pas un continent mais un océan entouré 
de continents, l’océan Glacial Arctique. 
Une couche de glace de plusieurs 
mètres d’épaisseur flotte sur cette mer 
atteignant des profondeurs de 5500 
mètres. La superficie de l’Arctique est 
plus de six fois supérieure à celle de 
la Méditerranée. Environ la moitié de 
l’Arctique est constituée de la terre 
ferme avec ses îles, l’autre moitié par 
l’océan Arctique.  
Cet océan est entouré de cinq pays 
riverains : la Norvège (avec Spitzberg), 
la Fédération russe (avec la Sibérie), 
les Etats-Unis (avec l’Alaska), le Canada 
et le Danemark (avec le Groenland). 
L’Islande est considérée come un 
« pays subarctique ». Les pays polaires 
arctiques ne forment qu’un petit 
groupe comparé aux 48 pays signataires 
du Traité sur l’Antarctique auquel 
l’Allemagne appartient depuis 1981 en 
tant que membre consultatif.
www.arktis.diplo.de
ils refusent les autorisations nécessaires, soit ils posent des con-
ditions qui freinent la recherche ou la rendent parfois impossi-
ble. » La distinction entre recherche fondamentale et recherche 
appliquée, qui se réfère à l’exploitation économique du plateau 
continental, n’est pas toujours aisée. 
Des accords bilatéraux pourraient résoudre ces problèmes com-
plexes. Une coopération entre chercheurs allemands et russes 
a beaucoup contribué à créer la confiance entre les pays parte-
naires, l’Allemagne et la Fédération russe. L’Allemagne se fait en 
outre l’avocat d’une meilleure coordination internationale des 
projets de recherche, avec entre autres une plus forte intégration 
des populations indigènes dont la contribution est encore trop 
souvent jugée  non  scientifique  et  ignorée.  Le plus  important 
forum de coopération régionale est le Conseil arctique créé en 
1996 à Ottawa au Canada. Ce conseil n’ayant jusque-là qu’un 
rôle de conseiller réunit, outre les cinq pays riverains, l’Islande 
en tant que pays subarctique et la Finlande et la Suède, toutes 
deux membres  de  l’Union  européenne.  Dans  ses groupes  de 
travail, le Conseil arctique élabore des directives pour prévenir 
la dissémination de substances polluantes, préserver la biodiver-
sité et améliorer la sécurité des navires.
En tant qu’observateur permanent, l’Allemagne s’exprime en 
faveur d’un renforcement institutionnel du Conseil arctique et 
d’une plus grande influence des acteurs non arctiques. Il y a de 
bonnes raisons à cela : en tant que pays faisant de la recherche 
polaire et travaillant depuis longtemps aux deux pôles, l’Allema-
gne contribue largement aux recherches sur le climat et les mers ;
en tant qu’acheteur de matières premières tirées de l’Arctique, 
elle estime que cela touche des intérêts importants ; sa flotte
 commerciale profiterait de voies maritimes plus courtes ; et l’Al-
lemagne milite à l’international pour des objectifs climatiques 
ambitieux.////
Un objet d’étude : l’Arctique fournit aux scientiques des informations 
leur permettant de mieux comprendre le changement climatique
INTERVIEW
Nouvelles 
règles, restrictions 
nouvelles 
Le professeur Rüdiger Wolfrum 
travaille à l’Institut Max Planck de 
droit public étranger et de droit 
international à Heidelberg ; il est 
juge au Tribunal international 
du droit de la mer à Hambourg
Un entretien avec le professeur Rüdiger Wolfrum, spécialiste du droit international et juge au 
Tribunal international du droit de la mer à Hambourg, sur la liberté de la recherche en mer, les 
droits des pays riverains et la volonté de coopération internationale dans l’Arctique.
le  Tribunal  international  du  droit  de  la 
mer à Hambourg et la Cour internationale 
de justice à La Haye ne sont pas compé-
tents. Une consolidation institutionnelle 
du régime juridique de l’Arctique, sur le 
modèle  de  l’Antarctique  par  exemple, 
n’ouvrirait pas de nouvelles possibilités, si 
ce n’est peut-être que les différends se rè-
glent parfois à un stade plus précoce dans 
un tel cadre.
Le Conseil arctique est devenu le forum de 
coopération internationale le plus impor-
tant de la région. Dans quelle mesure une  
plus grande participation des acteurs non 
arctiques, comme celle de l’Union  euro-
péenne qui est candidate à un poste d’ob-
servateur permanent, est-elle  imaginable 
et souhaitable ? 
L’évolution économique  future  de  l’es-
pace arctique a des conséquences écologi-
ques qui vont bien au-delà de cet espace. 
Eventuellement, ces conséquences influe-
ront durablement sur le climat mondial. 
La participation d’autres Etats serait alors 
absolument nécessaire. On peut juger de 
la nécessité ou du désir de participation 
de l’Union européenne  en fonction des 
centres d’intérêt des pays non arctiques, 
s’ils résident  dans  l’exploitation  des  res-
sources ou dans la protection de l’environ-
nement.////
M.  le  professeur  Wolfrum,  l’océanogra-
phie jouissait jusqu’à présent de la liberté 
garantie  par  la  Convention  des  Nations 
unies sur le droit de la mer. Dans quelle 
mesure  les  Etats  riverains  pourraient-ils 
acquérir plus d’influence au titre de leurs 
droits souverains ?
La  liberté  de  la  recherche  en  mer  dans 
la zone économique exclusive et sur le pla-
teau continental est garantie par la Con-
vention des Nations unies sur le droit de la 
mer tant qu’il s’agit de recherche fonda-
mentale. Si on procède à une délimitation 
du plateau continental arctique entre les 
pays riverains, le régime du plateau con-
tinental  s’applique.  La  recherche  doit 
alors  avoir  l’autorisation  du  pays  souve-
rain. Tant qu’il s’agit de recherche  fon-
damentale,  cette  autorisation  doit  être 
accordée.  Cela  étendrait  sensiblement 
l’influence  des  pays  riverains.  La  liberté 
dont  jouissaient  les  sciences  allemandes 
jusque-là en serait limitée. La solution se-
rait des accords bilatéraux de coopération 
scientifique.
En  science,  les  progrès  technologiques 
sont  très  rapides.  Le  cadre  juridique  en 
vigueur jusque-là est-il trop étroit pour une 
recherche moderne équipée de satellites, 
de sondes et de robots de plongée ?
Les règles actuelles sont suffisamment sou-
ples pour que l’utilisation d’instruments 
et de méthodes modernes ne pose pas de 
problème.  Toute  tentative  de  régler  ce 
complexe  au  niveau  international  com-
porte un risque, celui de nouvelles restric-
tions de la recherche.
Dans  leurs  déclarations,  les  cinq  pays 
riverains  –  les  Etats-Unis,  la  Fédération 
russe, la Norvège, le Danemark et le Ca-
nada – soulignent leur volonté de coopé-
ration internationale et de résolution pa-
cifique des différends. Peut-on résoudre 
des conflits en dehors d’un cadre institu-
tionnel ? 
Les cinq pays riverains soulignent que la 
Convention des Nations unies sur le droit 
de  la  mer  s’applique  à  l’Arctique.  C’est 
une évidence. La Convention des Nations 
unies sur le droit de la mer mise sur la co-
opération  entre  les  Etats.  Le  règlement 
des  différends  tel  qu’il  est  prévu  par  la 
Convention  s’applique  sans  restriction. 
Mais il faut souligner que, sur les cinq pays 
riverains, seuls certains se soumettent à la 
juridiction de la Convention des Nations 
unies sur le droit de la mer et que cette 
Convention ne s’applique pour les Etats-
Unis que dans la mesure où elle reflète le 
droit  coutumier  international.  L’obliga-
tion internationale de résoudre pacifique-
ment les conflits s’applique même lorsque