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COSCEI'1'
Dt
RAISON
ISI
....
MIQut: 309
CetLe présentation des caractéristiques formelles de la Risâla
atteste
déjà
l'intervention d'une raison strictement encadrée
et
orientée:
elle
évo
lue dans
le
cadre
d'un
corpus fini
et
fermé (le Coran +
le
hadith authentique): e
ll
e
est
orientée vers
la
saisie de
l'Autorité
absolue qui transcende, éclaire
et
com-
mande toutes ses opérations. Nous allons préciser davantage les contours,
[e
s
procédures, [es contenus
et
[es horizons de cette raison en approfondissant deux
lignes de recherches présentes dans
[a
Risâla : Langue, Vérité
et
Droit;
Vé
rité
et
Histoire.
1
·2)
LAN
GUE.
VÉRITÉ
ET
DROIT.
Ce thème très riche est abordé dès
le
début du livre à propos de I"exposi-
tion claire (al-ba)"ân) dans
le
Coran. A
la
suite
de Châfi'î, les
traités
d'
Uçûl al-
fiqh commenceront toujours par une introduction linguistique. alors que les
traités
de
théologie spéculative {kalâm.
Uç
ûl
ad·din} accorderont une place
grandissante à des considérations critiques
sur
le
'i/m en général. dans le sil[age
de l'intellectualisme aristotélicien_
C'est
que
[e
juriste travaille
sur
un corpus
limité aux versets
et
aux hadith à contenu législatif: pour parvenir à des
énoncés dépourvus de
toute
ambiguïté. il doit commencer
par
soumettre
les
textes· sources à une analyse philologique
el
rhétorique très minutieuse. Il ne se
désintéresse pas pour
autant
des problèmes généraux de l'exégèse;
il
continue
de partager avec le théologien
le
souci d'affirmer la transcendance
et
la
cohérence du donné révélé.
C'est
ce
qui fera écrire plus tard à AI-Amidi (m.
631·1233) que la science du
droit
repose
sur
trois bases:
la
théologie spécula-
tive,
la
langue arabe
et
le
s qualifications légales (o/·oMâm ach·char'i)"ya)
(6).
L'introduction de Châfi'i justifie déjà cette remarque, puisqu'elle dépasse
[e
s problèmes sé
mant
iques
et
rhétoriques pour défendre le
statut
privilégié
de
la langue arabe par rapport aux langues étrangères flisân al.'ajam). On
sait
que
[e
thème
est
souvent abordé dans
le
Coran, car il a fallu justifier
le
choix de la
langue arabe pour
transmettre
la révélation
et
prouver I"authenticité divine de
celle-ci par
le
caractère inimitable du discours produit ftjüz). Châfi'j ne dispose
pas des arguments
et
du vocabulaire techniques
qu'utiliseront
après lui les
spécialistes dans les discussions
sur
I"origine des langues
et
le
discours inimita·
ble du Coran. Son exposé n'en est que plus intéressant car il permet de saisir
certaines idées· force constitutives de
la
conviction islamique, mais que les
auteurs
rattachent
à
la
raison. L'analyse
cr
itique doit
s'attacher
à
montrer
que
ce
passage de la conviction à
la
raison est typique de
tout
exercice
de
la
pensée
soumise aux impératifs de
la
foi
, On transfère des propositions indémontrables,
des êtres mentaux sans nécessité au domaine des réalités objectivables, démon-
trables, vérifiables à l'aide des règles communes à tous les usagers de la raison
pratique
(7),
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