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CORRÉLATION DES RÉSULTATS IN VIVO
ET IN VITRO
L'analyse de l'expression des cytokines au cours des leishmanioses
cutanées et cutanéo-muqueuses humaines, bien que principalement limitées à
des zones endémiques restreintes, a montré une bonne corrélation entre
l'expression des cytokines in vivo, l'évolution de la maladie et l'effet de ces
mêmes cytokines sur l'activité leishmanicide des macrophages humains
[2,10]. Nos études suggèrent que deux voies indépendantes peuvent
contribuer à l'activité leishmanicide des macrophages humains infectés in
vitro : (a) via le récepteur de l'IFNγ et (b) via la ligation du CD23. Les deux
voies sont capables d'induire la production de TNFα et de NO par les
macrophages humains infestés, ces deux facteurs étant impliqués dans la
destruction de L. major par ces cellules. Cependant, le TNFα ne peut pas
induire la destruction directe in vitro de L. major par les macrophages.
Quand les macrophages ont été stimulés par l'IFNγ ou l'anti-CD23
seul, l'addition d'IL-4 ou d'IL-10 recombinants réduit de façon significative
l'activité leishmanicide in vitro. Il est intéressant de noter que l'activation des
macrophages par les deux voies CD23 et IFNγ les protège de l'effet inhibiteur
de l'IL-4 et/ou de l'IL-10 [11]. Ces résultats suggèrent que les cytokines
inhibitrices ne peuvent pas éliminer l'activité leishmanicide effective des
macrophages humains quand les deux voies en synergie, IFNγ et CD23, ont
été activées. Ceci est exactement en corrélation avec les types de cytokines
mises en évidence in vivo au cours des réponses immunitaires effectrices
observées avant la guérison ou durant les manifestations de l'hypersensibilité
de type retardé (Figure 1).
In vitro, en absence d'IFNγ, la combinaison IL-4, IL-10, IgE-antigène
et TNFα n'arrive pas à induire l'élimination des Leishmania des
macrophages humains infectés et ceci est en corrélation avec l'expression in
vivo de ces facteurs pendant l'aggravation de la maladie [2,8]. Ces résultats
suggèrent que la maladie active peut être en rapport avec des taux élevés d'IL-
10 et de faibles taux d'IFNγ in vivo, alors que des taux élevés d'IL-4 ne sont
pas toujours en rapport avec l'évolution de la maladie. Ainsi, l'expression
continue et paradoxale d'IL-4 in vivo au cours de l'infection à Leishmania
peut être expliquée par ces effets opposés ; indirectement, en induisant
l'activité leishmanicide grâce aux IgE et à l'induction du CD23 ou,