Appareils Giraud pour la protection des conducteurs - E

Appareils Giraud pour la protection des
conducteurs électriques aériens
Autor(en): [s.n.]
Objekttyp: Article
Zeitschrift: Bulletin technique de la Suisse romande
Band (Jahr): 30 (1904)
Heft 11
Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-24129
PDF erstellt am: 17.04.2017
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30me Année. 10 juin 1904. 11.
Bulletin technique de la Suisse romande
ORGANE EN LANGUE FRANÇAISE DE LA SOCIÉTÉ SUISSE DES INGÉNIEURS ET DES ARCHITECTES. Paraissant (MX fOÎS par HUMS.
Rédacteur en chef: M. P. HOFFET, professeur àl'Ecole d'Ingénieurs de l'Université de Lausanne.
Secrétaire de la Rédaction :M. F. Gilliard, ingénieur.
SOMMAIRE :Appareils Giraud pour la protection des conducteurs électriques aériens. Le pont de Jallieu (IsèreJ, construit en béton armé
système Hennebique (i903j, par M. H.-M. de Crousaz, ingénieur, àLyon. —Deuxième concours pour le Musée des Beaux-Arts de Zurich,
par M. le Professeur B. Recordon, architecte, àZurich. Divers:Tunnel du Simplon. Etat des travaux au mois de mai 1904. Ecole
d'Ingénieurs de l'Université de Lausanne. Concours :Types d'architecture permettant de donner un caractère d'ensemble aux cons¬
tructions àélever àfront des quais d'Arve, àPlainpalais (Genève). A3E2IL. Demandes d'emploi.
Appareils Giraud pour la protection des conducteurs
électriques aériens.
Parmi les systèmes de distribution de l'électricité, celui
qui consiste àtransporter des courants àhaute tension au
moyen de lignes aériennes est le plus économique et se pré¬
sente comme la solution la plus avantageuse àadopter
dans la plupart des cas. En effet, le prix d'installation
d'une ligne aérienne, ycompris la fourniture et la pose des
poteaux, des isolateurs et des fils, est beaucoup moins élevé
que celui d'une canalisation souterraine, dont le caniveau
est toujours très coûteux. En outre, l'emploi de hautes ten¬
sions permet de réduire le diamètre des fils et, par consé¬
quent, leur prix.
Al'heure actuelle, le développement des lignes de
transport de force àhaute tension prend des proportions
si considérables que, dans tous les pays, on s'inquiète de
créer une législation réglementant les conditions dans
lesquelles des installations peuvent être autorisées.
Jusqu'à présent, l'emploi des lignes aériennes àhaute
tension, notamment dans les villes, est peu répandu, à
cause des nombreux et graves accidents auxquels ont donné
lieu les premières installations de ce genre. Par suite de la
rupture des fils et de leur chute, des passants se sont trouvés
blessés et même foudroyés. Plusieurs incendies ont aussi
été occasionnés de la sorte par des conducteurs tombant
surles bâtiments. Les mêmes inconvénientsontbiensouvent
empêché d'autoriser le système du trolley sur les lignes de
tramways, les causes de rupture des conducteurs sont
plus nombreuses que dans les autres applications.
On aremarqué, en effet, que la rupture se produit
généralement auprès des oreilles d'attache qui servent à
supporter le fil sous les isolateurs fixés aux poteaux, et que
les principales causes de rupture sont les suivantes :
Les variations de tension que produisent les change¬
ments de température et qui fatiguent les fils ;la moindre
diminution de flèche de la ligne entre deux supports, par
suite d'une contraction due au froid, correspond en effet à
une augmentation de tension relativement élevée ;
Les flexions répétées des fils aux endroits ils sor¬
tent des oreilles de suspension, surtout lorsque celles-ci
sont fixées rigidement àleurs supports, sous l'action alter¬
native du soulèvement produit au passage du trolley et de
l'abaissement résultant de la pesanteur, ainsi que des os¬
cillations des fils sous l'effet des chocs des trolleys, du
vent, etc. ;
L'usure des fils, aux mêmes endroits, par suite des
étincelles qui jaillissent au passage du trolley sous les
oreilles de suspension.
Lorsqu'un conducteur se rompt, les tronçons du fil
compris entre le point de rupture et les poteaux voisins
tombent àterre, ou au moins l'un d'eux, et comme ils res¬
tent en communication avec la ligne, c'est-à-dire avec la
source de courant, sans autre dérivation, on comprend que
le courant de la ligne se décharge àtravers les corps que
le fil rencontre en tombant.
Les autorités se sont trouvées amenées àimposer aux
concessionnaires l'emploi dans l'intérieur des villes, soit
de la canalisation souterraine, excellente, mais très coû¬
teuse, soit du plot qui, plus onéreux de beaucoup que le
conducteur aérien, présente incontestablement pour la
sécurité publique des dangers encore plus grands que ce
dernier.
Les lignes télégraphiques ou téléphoniques sont, elles
aussi, indirectement une cause de danger. En effet, un de
ces fils passant au-dessus d'une ligne de transport de force
venant àse rompre, le courant àhaute tension s'écoule par
le fil tombé et risque de blesser ou même foudroyer les
personnes placées dans les postes. Il peut détériorer
les appareils et occasionner des incendies plus ou moins
graves.
Nous allons décrire brièvement des appareils inventés
récemment par M. E. Giraud et dont le but es', de suppri¬
mer d'une façon absolue tous les dangers provenant de la
rupture des conducteurs électriques aériens, lignes de
transport de force àhaute tension, fils de trolleys, lignes
télégraphiques ou téléphoniques. Ces appareils sont basés
sur l'utilisation de la différence de tension mécanique exis¬
tant au moment de la rupture entre les deux brins du fil,
de part et d'autre de l'isolateur. Cette force est utilisée pour
faire mouvoir un organe approprié suivant les cas et des¬
tiné àétablir un court-circuit, soit avec la terre, soit avec
un autre conducteur ;le court-circuit fait manœuvrer un
disjoncteur automatique de tète de ligne ou de section. Les
appareils ne peuvent être mis en mouvement que par la
rupture même du fll conducteur, et àce momentleur action
est si rapide que le fll est rendu inoffensif bien avant de
234 BULLETIN TECHNIQUE DE LA SUISSE ROMANDE
toucher terre. Les mécanismes sont simples et robustes,
et présentent l'avantage de pouvoir s'adapter facilement à
toutes les lignes existantes.
Appareil pour lignes àhaute tension.
Sur la tête de l'isolateur est fixée une pièce dans laquelle
peut coulisser le conducteur et qui porte 2supports OO',
autour desquels peuvent osciller des pièces FF' en forme
de fourche. Achacune de ces fourches est fixé un bras B,
léger et rigide, portant àson extrémité une pièce en forme
de V(fig. 1, 2et 3).
Sur le fil sont serrés en Tet T' des talons portant une
fourche de guidage G. En cas de rupture du fil, en rpar
exemple, le talon Tvient appuyer sur la pièce Fet, en la
faisant tourner autour de O, amène l'extrémité Vdu bras
Appareil de tramways.
A. Cas d'un seul conducteur. L'isolateur employé pour
lignes de tramways àtrolley comprend un support du type
ordinaire, ayant un axe bet une cloche c, dans laquelle est
attachée une des mâchoires de fixation a(fig. 4), articulée
sur boulon isolé d. Sur ce boulon dest monté àpivot un
levier horizontal edont l'extrémité antérieure porte une
pièce f, en forme de T, également montée àpivot; la branche
horizontale fde cette pièce est creusée en gouttière pour
recevoir le fil de la ligne gqui yest soudé.
Sur l'axe best fixée une pièce de contact tt, en forme
de Vrenversé, dont les extrémités, repliées horizontale¬
ment, sont disposées sur le chemin que décrit la partie
postérieure du levier een tournant autour de l'axe d.
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1. Appareil pour lignes àhaute tension.
en contact avec un des autres conducteurs montés sur le
même poteau ;on n'a pour cela qu'à faire varier l'orienta¬
tion des supports OO'.
Dans le cas d'une ligne àun seul fil, l'appareilse réduit
àune coulisse montée sur l'isolateur et à2disques rem¬
plaçant les talons et destinés, lors du glissement du fil par
suite de sa rupture, àvenir heurter un contact relié àla
terre.
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Fig. 2. Installation de l'appareil
sur un poteau de ligne àhaute tension.
Tant que la ligne gest tendue dans toutes ses parties,
les tensions exercées sur chaque levieresont égales àdroite
et àgauche, et ce levier reste en équilibre. Au moment de
la rupture du conducteur, la variation brusque produite
dans la tension du fil fait osciller le levier eautour de det
l'amène, dans la position indiquée en pointillésur la figure,
en contact avec la pièce h, qui est reliéeau sol ouàun con¬
ducteur quelconque pouvant faire fonctionner les appareils
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Fis 3. Appareil après son fonctionnement
sur une ligne àhaute tension
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Fig. 4. Appareil pour lignes de tramway àun seul fil de trolley.
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Fis Appareil pour lignes de tramway àdeux fils de trolley au même potentiel.
de protection installés àl'usine.
B. Cas de 2conducteurs au même potentiel. L'appareil
ne comporte qu'un isolateur au lieu des 2que l'on emploie
ordinairement (fig. 5). Il porte 2leviers indépendants,
chacun d'eux supportant un des conducteurs. Au moment
de la rupture d'un de ceux-ci le levier correspondant tourne
et la tête du boulon de l'oreille vient frotter sur une plaque
en communication avec la terre.
C. Cas de 2conducteurs àdes potentiels différents. L'o¬
reille du fil est fixée àun levier porté par l'isolateur (fig. 6).
Ce levier est muni d'un bras entourant le pivot de l'isolateur
de l'autre fil et venant établir un contact avec lui en cas
d'oscillation du levier par suite de la rupture du fil.
Appareil pour lignes télégraphiques.
L'appareil se pose directement sur la tête de l'isolateur
(fig. 7). Il se compose d'une chape Afixée sur l'isolateur et
portant une pièce Bpouvant osciller autour du centre O.
Acette pièce vient s'attacher et se souder le fil F, pas-
.sant au-dessus du conducteur dangereux.
Le fll Fpénètre dans la pièce Det est soudé àla vis V.
Cette pièce est maintenue par l'axe O' dans une coulisse
ménagée dans la pièce B.
Un fil de section convenable est soudé en V" àla pièce
B, passe dans le trou Tménagé dans la chape A, et est
•soudé en Vàla pièce D.
Le contact électrique est donc établi par soudures. Le
fil Fagissant sur un bras de levier plus grand que lefilF',
la tension du fil F' fait basculer la pièce B, dont lacoulisse,
devenue horizontale, laisse échapper la pièce D, en même
temps que le fil VV" se rompt tant par cisaillement dans
le trou Tque par le coup de fouet donné en Dpar le fil F'.
En même temps la pièce Bvient toucher la lame E,
mise en communication avec laterre; cette communication
peutd'ailleurs servir àtousles isolateursd'un même poteau.
En résumé, il suffit pour adapter ces appareils àdes
lignes déjà établies d'interposer quelques pièces entre l'iso¬
lateur existant et le fil installé, en laissant même subsister
pour les fils de trolley les oreilles qui ysont soudées. On
peut encore dans certains cas de trolleys àdeux fils sup¬
primer un isolateur sur deux.
Expériences sur les appareils Giraud.
Il aété procédé, le 21 mars dernier, dans le parc de la
Société des eaux minérales d'Evian-les-Bains, àdes expé¬
riences sur 1'éfflcacité des appareils de protection de M. E.
Giraud.
236 BULLETIN TECHNIQUE DE LA SUISSE ROMANDE
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Il était indispensable de démontrer d'une façon pra¬
tique :
Le fonctionnement mathématiquement certain des
appareils ;
Leur simplicité d'installation et de fonctionnement;
L'impossibilité des ratés, due àcette simplicité
même ;
La facilité de pouvoir les adapter àtoutes les lignes
existantes ;
Leur prix de revient extrêmement réduit.
La Société anonyme des eaux minérales. d'Evian-les-
Bains abien voulu prêter pour ces expériences les instal¬
lations électriques de tramways et de transport de force
existant dans le parc de son établissement. On yadisposé,
en outre :
Une ligne de tramway avec trolley àdeux fils, ayant
entre eux une chute de potentiel de 200 volts. Cette ligne
très accidentée présentait des courbes n'ayant que 15 m.
de rayon.
Une ligne de transport de force àhaute tension à
deux flls, ayant entre eux une chute de potentiel de 3000
volts.
Une ligne télégraphique actionnant une sonnerie et
croisant la ligne àhaute tension.
Les tensions avaient été rendues visibles par des grou¬
pes de lampes en série. Des voltmètresenregistreurs étaient
destinés, concurremment avec l'extinction des lampes, à
bien établir pour ceux des spectateurs qui n'étaient pas à
côté des disjoncteurs, l'instantanéité du fonctionnement des
appareils.
Fig. 6. Appareil pour lignes de tramway
àdeux fils de trolley
àdes potentiels différents.
Les disjoncteurs étaient installés dans un
kiosque, au milieu du parc privé de l'Etablis¬
sement, et les personnes présentes aux essais
pouvaient en surveiller le fonctionnement.
Ala suite des expériences, il aété rédigé
un procès-verbal qui en constate les résultats,
résumés ci-dessous.
Appareils de tramway. Les appareils de
tramway sont placés sur une courbe de 15 m. de rayon ;ils
sont destinés àfonctionner mécaniquement au moment de
la rupture du conducteur, par suite de la différence de ten¬
sion existant des deux côtés de l'appareil entre le brin coupé
et sa continuation. L'appareil doit par son fonctionnement
établir un court-circuit, soit avec le deuxième fil, comme
dans le cas présent, soit avec la terre. Ce court-circuit fait
manœuvrer un disjoncteur automatiquequi supprime tout
courant sur la ligne. Les brins du conducteur tombé à
terre sont donc inoffensifs.
Un groupe de lampes àincandescence, placé àchaque
extrémité de la ligne, est destiné àrendre l'expérience plus
frappante.
Les expériences ont consisté dans la rupture de la ligne
de tramway, aux endroits désignés par les assistants. Ins¬
tantanément les appareils ont fonctionné :le disjoncteur
acoupé le courant et les lampes se sont éteintes.
Ligne télégraphique. La ligne télégraphique croisant
la ligne àhaute tension porte des appareils Giraud sur les
deux poteaux qui forment la portée de croisement. La ligne
àhaute tension, àdeux conducteurs, est installée sur qua¬
tre poteaux ayant entre eux les distances ordinairement
admises.
La ligne télégraphique aété rompue au-dessus de la
ligne àhaute tension, de manière qu'un des brins tombe
sur les conducteurs àhaute tension. Les appareils ont fonc¬
tionné immédiatement après la chute du fil, et les deux
brins de la portée rompue, mis àla terre automatiquement, '
se sont échappés de partet d'autre de la portée dangereuse.
La sonnerie de la ligne télégraphique, qui n'était pa3
protégée par un parafoudre, n'a pas été endommagée.
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