Eidgenössisches Departement des Innern EDI
Bundesamt für Meteorologie und Klimatologie MeteoSchweiz
Abteilung Klima
El Niño
L‘événement 2015/16 et l’explication du phénomène
Juillet 2016
En 2015/16, El Niño le phénomène climatique dans le Pacifique tropical sest développé et a été le
troisième épisode le plus intense des 65 dernières années. Un fort El Niño signifie des pluies diluviennes
à la place de conditions sèches pour la côte pacifique de l’Amérique du Sud et une sécheresse terrible au
lieu de conditions humides pour la région du sud-est asiatique et de l’Australie. Le climat dans ces ré-
gions passe d’un état normal à un état extrême.
Selon les données de la NOAA (National Ocenic & Atmospheric Administration), lintensité de
lépisode El Niño 2015/2016 a été très proche des épisodes séculaires des années 1997/1998 et
1982/1983 (illustration 1). Le phénomène El Niño se produit en moyenne tous les 4 à 7 ans. Les épi-
sodes de forte intensité sont cependant nettement moins fréquents que les épisodes de faible intensi-
(illustration 2).
Illustration 1 : événements El Niño très forts (à gauche) et modérés (à droite) en comparaison avec l’évolution ac-
tuelle (ligne rouge). L’index MEI (Multivariater El Niño Index) se calcule à partir de la pression au sol, de la com-
posante est-ouest et sud-nord des vents au sol, de la température de la surface de la mer, de la température de
l’air au niveau de la mer et de l’importance de la nébulosité dans le domaine du Pacifique équatorial. Données :
National Oceanic & Atmospheric Administration (NOAA), Earth System Research Laboratory (ESRL). Graphique :
MétéoSuisse.
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Illustration 2 : Multivariater ENSO-Index(MEI) depuis 1950, positif (rouge) pendant El Niño, négatif
(bleu) pendant La Niña. Données : ESRL, NOAA. Graphique : MétéoSuisse.
Influence en Europe
Bien qu’il existe une certaine corrélation entre El Niño et le régime des précipitations en Europe, le
couplage semble très faible. En Europe en général, le régime des précipitations dépend plus de
l’oscillation nord-atlantique (ONA).
Avec l’ONA, les fluctuations de pression atmosphérique dans l’Atlantique Nord sont décrites. Le terme
oscillation veut dire que l’atmosphère dans l’Atlantique Nord alterne entre deux états, à savoir entre un
faible gradient de pression nord-sud et en fort gradient de pression nord-sud. Le gradient de pression
nord-sud sur l’Atlantique Nord dirige le courant atmosphérique au-dessus de l’Europe et donc la direc-
tion que pressent les perturbations avec leur cortège de précipitations.
Lorsque l’ONA est neutre, l’influence d’El Niño eu Europe peut se faire ressentir. Selon un rapport du
service météorologique allemand (Deutscher Wetterdienst DWD), on peut s’attendre en hiver à plus
de précipitations, surtout le long des Alpes françaises et du Jura au sud-ouest de l’Allemagne. Cepen-
dant, des régions étendues en Europe ne sont pas affectées par El Niño.
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El Niño brève explication
Normalement, un puissant anticyclone recouvre la partie centrale et orientale du Pacifique Sud (anti-
cyclone du Pacifique Sud ou anticyclone de l’île de Pâques). Il engendre au sol un fort alizé du sud-
est. Le long parcours maritime des alizés permet de transporter de grandes quantités de vapeur
d’eau. Les alizés du sud-est et du nord-est convergent au-dessus de la Nouvelle-Guinée et de
l’Indonésie avec une forte concentration d’humidité.
L’alimentation continue en vapeur d’air dans cette zone de convergence provoque un soulèvement de
l’air dans l’atmosphère. Plus la température de l’océan est élevée sur l’ouest du Pacifique, plus les ali-
zés transportent de vapeur d’eau. Ainsi, la concentration d’humidité devient importante sur l’Asie du
Sud-Est. En conséquence, une zone permanente de basse pression se crée avec une intense activité
orageuse accompagnée de fortes précipitations.
En raison du fort soulèvement de l’air humide au-dessus de l’Indonésie, un afflux d’air permanent pro-
vient le long de l’équateur en direction de l’est. En compensation de ce courant d’est au sol, l’air sou-
levé en altitude retourne vers l’est. Vers le continent sud-américain, l’air descend, ce qui permet de
boucler la circulation équatoriale (circulation de Walker).
Illustration 3 : circulation des alizés et leurs influences sur les courants océaniques dans le Pacifique.
Graphique : MétéoSuisse.
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L’influence sur le courant océanique
Les forts alizés du sud-est provoquent un courant océanique marqué d’est en ouest sur le Pacifique
équatorial. Les vents poussent les eaux chaudes de surface le long de l’équateur et les éloignent des
côtes sud-américaines. En conséquence, les eaux chaudes de surface viennent s’accumuler sur l’Asie
du Sud-Est.
En compensation de ces eaux chaudes qui se déplacent vers l’est, des eaux froides et profondes ve-
nues de l’Antarctique remontent en direction des côtes sud-américaines. L’air au-dessus de cette sur-
face maritime devient frais et contient par conséquent peu de vapeur d’eau. Combiné avec un air des-
cendant et par conséquent sec et avec la marge de l’anticyclone du Pacifique Sud, les côtes péru-
viennes et du nord du Chili connaissent un climat particulièrement sec.
Circulation au cours d’une phase El Niño
Tous les 2 à 10 ans environ, la configuration du courant dans le Pacifique change massivement. Il est
régulièrement observé un affaiblissement exceptionnel de l’anticyclone du Pacifique Sud. En consé-
quence, les alizés du sud-est ne soufflent plus que faiblement pendant plusieurs mois avec parfois
même des phases d’interruption. Ainsi, le transport des eaux chaudes de surface vers l’Indonésie ne
s’opère plus. Les eaux chaudes qui s’accumulent habituellement sur l’ouest du Pacifique reviennent
en arrière sous forme d’onde. Il faut plusieurs mois pour que cette onde traverse le Pacifique en direc-
tion de l’est. Elle atteint généralement alors les côtes sud-américaines autour de la période de Noël.
Illustration 4: circulation pendant la phase El Niño et le renversement de la circulation océanique dans le Paci-
fique. Graphique : MétéoSuisse.
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Vers les côtes sud-américaines, les eaux froides de l’Antarctique qui remontaient des profondeurs
sont recouvertes par cette pellicule d’eau chaude. La propagation de ces eaux chaudes sur le sud-est
du Pacifique provoque un affaiblissement supplémentaire de l’anticyclone du Pacifique Sud, ce qui
provoque un affaiblissement supplémentaire des alizés du sud-est. L’ensemble de ce changement de
circulation a été nommé El Niño Southern Oscillation (ENSO).
Les effets immédiats
Avec les eaux chaudes, les zones de basses pressions sur le sud-est asiatique se déplacent vers
l’Amérique du Sud. Ce déplacement signifie un changement dans la circulation de Walker du Paci-
fique équatorial. L’air chaud et très humide est soulevé à présent au-dessus des côtes sud-
américaines ce qui provoque de fortes précipitations avec des inondations souvent vastatrices sur
les régions côtières de l’Equateur, du Pérou et du nord du Chili. En revanche, une situation prononcée
de haute pression se développe au-dessus du sud-est asiatique et ces régions se retrouvent sous une
sécheresse persistante.
Comme déjà mentionné plus haut, une influence directe d’El Niño sur les conditions météorologiques
en Europe ou en Suisse ne semble pas exister. Néanmoins, il est concevable et cela a également été
mentionné dans le milieu scientifique que des signaux El Niño peuvent se propager jusqu’en Europe,
à la rigueur sous forme affaiblie, mais combinés avec d’autres phénomènes comme celui par exemple
de l’oscillation nord-atlantique (NAO).
Illustration 5 : impacts bien connus lors d’un événement El Niño. Graphique : MétéoSuisse.
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