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ESPE Toulouse Midi-Pyrénées 2016-2017
Commentaire de documents : géographie
La vulnérabilité des milieux océaniques
Doc. 1 : Pollution marine et carte des déchets plastiques flottants.
http://www.pacha-cartographie.com/plastiques-flottants/ - 14 Déc 2014
L’énorme masse de plastique qui pollue nos océans et son écosystème a pour la première fois été
quantifié par une étude scientifique publiée dans PLOS one: ces chercheurs des USA, de France, du
Chili, d’Australie, d’Afrique du Sud et de Nouvelle-Zélande ont effectué des prélèvements sur
quelques 1500 sites pour arriver au bilan suivant :
L’ensemble de la pollution des océans par les plastiques flottants est évaluée à 5,25 mille milliards de
particules, soit 268 000 tonnes (ou l’équivalent de 27 Tours Eiffel), de la plus petite particule jusqu’à
des pans entiers. Les résultats montrent que l’ensemble des zones océaniques sont touchées y
compris les plus éloignées. Si les densités de plastiques dans les zones de convergence ou gyres
océaniques sont inférieures aux prévisions, les zones côtières, notamment la Méditerranée, sont
particulièrement affectées. Les chercheurs concluent donc que les zones de convergence sont moins
des zones d’accumulation permanentes que des lieux de transfert, de transformation et de
redistribution des plastiques.
La carte [interactive] ci-dessous illustre les résultats de cette étude et a été créée à partir des
données issues des 24 campagnes océanographiques réalisées ces 6 dernières années et publiées sur
le site web Sailing seas of plastic. Chacun des points représente l’équivalant de 20 kilos de plastiques
flottants.
Doc. 2 : La biodiversité marine fortement marquée par l’empreinte humaine.
Rachid Amara, 2010 : Impact de l’anthropisation sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes marins. Exemple
de la Manche-mer du nord, Vertigo, Hors Série n°8 https://vertigo.revues.org/10129
La biodiversité marine est fragilisée par les activités humaines (Figure 1). Les atteintes à la
biodiversité marine sont la résultante d’une démographie humaine croissante et d’une activité
humaine en pleine expansion économique dont les besoins en ressources renouvelables (pêche) et
non renouvelables (minérales, énergétiques) ne cessent de s’accroître. Il est toutefois difficile de
différencier les modifications qui résultent des contraintes naturelles (facteurs climatiques) de celles
qui sont induites par les activités humaines. Plusieurs causes ont une incidence sur la biodiversité
marine, aux niveaux génétique, spécifique et écosystémique ; il est admis d’en reconnaître cinq
principales :
la pêche
la pollution chimique et l’eutrophisation
la dégradation physique des habitats
l’invasion d’espèces exotiques
le changement climatique
Il est difficile d’imputer l’extinction d’espèces, de races ou de variétés, ainsi que la dégradation
d’écosystèmes ou de services écosystémiques, à une seule de ces causes, car toutes agissent
simultanément, parfois même en interaction avec des effets synergiques. Ces atteintes à la
biodiversité peuvent entraîner localement l’extinction d’espèces, mais la perte d’espèces à l’échelle
globale est encore rare en milieu marin (Dulvy et al., 2003). C’est le cas par exemple de l’Esturgeon
européen, Acipenser sturio, le plus grand poisson migrateur de France, qui passe la majeure partie de
sa vie en mer et rejoint les eaux douces pour se reproduire. […]
Figure 1. Principales causes ayant une incidence sur la biodiversité marine
(modifié d’après Groom et al., 2006)
Doc. 3 : Les approches physiques, chimiques, biologiques et sociétales des milieux océaniques et
côtiers : le contexte et les enjeux des milieux océaniques.
Agence Nationale de la Recherche, 2013 : Environnement et changements globaux : des aléas à la vulnérabilité des sociétés,
Les cahiers de l’ANR, avril. http://www.agence-nationale-recherche.fr/fileadmin/documents/2013/Cahier-ANR-7-
changements-globaux.pdf
L’Océan joue un rôle primordial au sein de la grande « machine climatique » qui contrôle les
conditions environnementales dans lesquelles se développent nos sociétés. Il est en effet un
formidable réservoir de chaleur que les courants transportent des régions équatoriales vers les plus
hautes latitudes. Le fameux Gulf Stream en est l’exemple le plus célèbre en Europe de l’Ouest il
adoucit nos hivers en apportant des eaux tièdes jusqu’à nos côtes. Mais qu’on ne s’y trompe pas :
même si ces courants peuvent sembler bien connus à une époque où les satellites scrutent en
permanence la surface de la Terre, leur dynamique propre, leurs méandres et tourbillons ainsi que
leur variabilité d’année en année sont autant de questions scientifiques encore mal contraintes.
L’Océan est aussi un gigantesque réservoir de carbone qui stocke près de la moitié du gaz carbonique
(CO2) émis par les activités humaines et qui est à l’origine du changement climatique en cours. Une
partie du CO2 de l’atmosphère se dissout en effet dans l’Océan selon les lois de la thermodynamique.
Une fois dans l’eau, ce CO2 est emporté par les courants marins vers les profondeurs ou il va résider
pendant quelques siècles loin de l’atmosphère, mais il peut aussi être utilisé dans les eaux de surface
par les micro-algues (le phytoplancton) pour fabriquer de la matière organique au travers du
processus de photosynthèse, exactement comme les plantes sur Terre. En mourant, les squelettes de
phytoplancton, riches en carbone, tombent au fond de l’Océan pour former des millions de tonnes
de sédiment, stockant ainsi le carbone venant de l’atmosphère pour des millions d’années.
encore, la compréhension de l’ensemble des processus qui contrôlent ces cycles dits
biogéochimiques dans l’Océan est un domaine scientifique très ouvert.
On comprend donc que l’Océan, malgré les défis scientifiques qui se posent encore, est un élément
indispensable à intégrer dans les modèles numériques utilisés pour prévoir l’ampleur et la vitesse du
changement climatique au cours du 21eme siècle. Ces modèles, qui ne sont que des représentations
informatisées de notre planète, doivent donc résoudre des phénomènes aussi différents que la
quantité de chaleur totale transportée dans l’Océan Atlantique par des tourbillons dont la taille varie
de 100 km ou la quantité de carbone fixée par des micro-algues dont les caractéristiques dépendent
autant de leur espèce que de la composition chimique de l’eau.
Depuis les années 1980, la qualité et la complexité de ces modèles numériques n’ont fait que croitre,
bénéficiant de l’augmentation fulgurante de la puissance des supercalculateurs et de l’accroissement
des connaissances scientifiques. Parmi les grands défis actuels de la modélisation numérique de
l’Océan, les deux principaux sont sans doute notre capacité à mieux représenter et comprendre le
rôle des tourbillons de petite échelle (de 1 a 10 km) et le rôle des processus biogéochimiques qui
régissent la vie des micro-algues et donc le cycle du carbone. En dehors de l’amélioration des moyens
de calcul, ces défis ne peuvent être relevés qu’en allant sur et dans l’Océan pour observer ces
phénomènes.
Observer l’Océan pour en comprendre les mouvements, les oscillations et les cycles biogéochimiques
reste aujourd’hui un défi humain et technologique qui n’a pas grand-chose à envier à l’exploration
spatiale. Il s’agit d’organiser des campagnes longues et lointaines sur des navires océanographiques
embarquant souvent plusieurs dizaines de scientifiques, de se confronter à des éléments souvent
hostiles, de mettre en œuvre des technologies de pointe dans un environnement agressif pour à la
fin recueillir des observations, certes précieuses, mais qui ne représentent qu’une infime partie de
l’immensité océanique. Observer l’Océan est donc une activité couteuse, rare et risquée qui
nécessite un investissement fort des chercheurs et des ingénieurs comme des Organismes et
Agences de recherche, ainsi que des avancées technologiques constantes.
Enfin, il est important de rappeler qu’au-delà de son rôle dans le système climatique, l’Océan est
aussi un élément socio-économique important de nombreux pays, en particulier au travers de la
pêche. Prévoir les changements de la circulation et de la température de l’Océan permet aussi
d’anticiper les modifications à venir des ressources halieutiques qui seront probablement une des
clés pour assurer la sécurité alimentaire mondiale dans les décennies à venir.
Doc. 4 : Le défi de préserver la santé de l’océan du monde.
Congrès mondial de la nature de l’UICN « La planète à la croisée des chemins », les engagements d’Hawai’i - septembre
2016. https://portals.iucn.org/congress/sites/congress/files/FR_Navigating%20Island%20Earth%20-
%20Hawaii%20Commitments_FINAL.PDF
[…]
L’océan du monde, et les communautés qui en dépendent, subissent des pressions humaines
considérables et sans précédent. L’élévation du niveau de la mer et les catastrophes naturelles
n’affectent pas seulement les moyens d'existence, elles menacent aussi la sécurité humaine. Les
pratiques de pêche illégales, destructives et non-durables déciment les populations de poissons et
dégradent leurs habitats et aires de reproduction. Les activités minières, la pollution et les déchets
plastiques menacent les écosystèmes marins et leurs espèces, détruisent la vie et menacent la
réalisation des objectifs de développement durable sur le long terme. L’intégrité et la résilience
d'écosystèmes essentiels comme les récifs coralliens et d’autres vies océaniques sont menacées par
la hausse des températures, l’épuisement et la pollution des cours d’eau terrestres, la surpêche et
l’acidification des océans.
Solutions : Dans le monde entier, des pays créent de vastes aires marines protégées comme
approche pour soutenir la résilience et garantir le futur de l’espèce humaine. Mais l'ampleur des
processus écologiques et biologiques des océans demande des efforts de conservation à la même
échelle. Les États-Unis ont annoncé le 31 août 2016 l’expansion du monument national marin
Papahānaumokuākea, qui devient ainsi la plus grande aire protégée de la planète avec 1 508 670
km². La Polynésie française a annoncé la création de Taini Atea, une aire de gestion marine couvrant
l’ensemble de sa zone économique exclusive de 5 000 000 km², soit presque la moitié de la taille de
l’Europe, qu’elle gère selon le système traditionnel rāhui. La Colombie a annonle quadruplement
de la taille de son Sanctuaire de faune et de flore de Malpelo, portant la superficie de ce site du
Patrimoine mondial de l’UNESCO à 27 000 km². Mais d’autres annonces relatives à la création de
grandes aires marines protégées nationales, comme celle du gouvernement des îles Palaos par
exemple, les ont précédées. À l’autre bout de l'échelle, on trouve également une prolifération d’aires
marines localement gérées. La superficie totale des aires marines protégées excède dorénavant celle
des aires protégées sur terre, et leur taux d’accroissement est plus rapide. Cependant, il serait vain
d’adopter uniquement des approches basées sur les aires protégées et il convient de relier diverses
méthodes et outils, comme la gestion de la pêche et des zones côtières, pour véritablement résoudre
les défis multiples et connectés des océans. Le réchauffement et l’acidification des océans ne
peuvent être ignorés plus longtemps. L’effet pervers des déchets plastiques dans l’océan,
notamment sur les chaînes alimentaires.
[…]
Doc. 5 : La haute mer, un no man’s land en quête de lois
Le Monde - 28.03.2016 - Martine Valo http://abonnes.lemonde.fr/pollution/article/2016/03/28/l-onu-ouvre-les-
negociations-sur-la-haute-mer_4891166_1652666.html
Le chantier est de taille : il s’agit d’établir un accord international portant sur rien moins que 55 % de
la surface du globe. Lundi 28 mars, les représentants de 196 Etats doivent lancer les préparatifs de
futures règles régissant un colossal espace, la haute mer, qui n’en compte à peu près aucune
actuellement. De la surface jusqu’aux fonds et aux sous-sols : cet univers de quasi-non-droit
commence une fois dépassées les zones économiques exclusives (ZEE) qui s’étendent jusqu’à 200
milles nautiques (370 kilomètres) des côtes, et au-delà des plateaux continentaux sur lesquels les
pays maritimes ont un droit de regard.
La session de deux semaines de discussions qui débute à New York va donner le ton sur des sujets
très sensibles comme le partage des ressources génétiques marines et des savoirs conduisant à leur
exploitation, l’obligation de réaliser des études d’impact environnementales avant tout projet
d’exploitation, la création d’aires marines protégées en plein no man’s land océanique. C’est en effet
à cette rencontre première d’une série de quatre programmées en 2016 et 2017 de définir le
champ des discussions qui devraient à terme aboutir à un futur accord. Il est déjà convenu que celui-
ci, qui répond pour l’heure à l’acronyme BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), sera un
« instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de
la diversité biologique » en haute mer.
Seuls 3 % des fonds marins sont cartographiés
A l’issue de ces quatre rencontres, des propositions seront soumises à l’Assemblée générale de
l’Organisation des Nations unies qui devrait alors décider d’ouvrir des négociations officielles. Le
processus diplomatique peut paraître long sans même tenir compte des dix années de préparation
qui ont permis d’en arriver –, il n’en est pas moins très novateur et témoigne d’une prise de
conscience des enjeux que représente le cœur de l’océan, des convoitises qui pèsent sur lui aussi.
La navigation y est de plus en plus intense. La pêche, qui ne s’éloignait guère des côtes autrefois, y
est en plein essor. Si l’exploitation pétrolière se cantonne pour le moment aux ZEE, l’exploration de
nodules ou de sulfures polymétalliques se développe en haute mer. Quant aux dépôts de brevets sur
des organismes marins qui intéressent les secteurs pharmaceutique, cosmétique et agroalimentaire,
ils augmentent de 12 % par an selon l’Institut français de recherches pour l’exploitation de la mer
(Ifremer). Or dans le même temps, on commence à mesurer que l’océan est à la fois victime et clé du
réchauffement climatique.
Les négociateurs se trouvaient très loin de ces préoccupations en 1982, lors de l’adoption du
volumineux texte des Nations unies sur le droit de la mer, dit convention de Montego Bay
(Jamaïque), qui avait nécessité douze ans de laborieuses discussions, sans parvenir à mettre en place
la protection de la haute mer.
« Dans les années 1970, les connaissances sur les écosystèmes de haute mer étaient très limitées. On
savait qu’il y avait des thons, quelques ressources minérales, mais pour le reste on imaginait que la
vie ne pouvait pas se développer dans les grands fonds où la photosynthèse est impossible », rapporte
Julien Rochette, chargé d’études à l’Institut du développement durable et des relations
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