Termes de Référence pour les panels de la conférence du CRCOPR sur les chaines de
valeur du riz en Afrique de l’Oues
t.
Panel 1 : Quelles stratégies d’approvisionnement des petits producteurs de riz en
semences certifiées
Contexte
L’accès des petits producteurs aux semences certifiées est une question récurrente des politiques et stratégies de
développement agricole en général, et rizicole en particulier. Le le moteur que jouent les semences certifiées
dans l’amélioration de la productivité des différents systèmes de production et de la production rizicole en
particulier est suffisamment documenté. Dans certains systèmes de culture comme la Riziculture intensive, les
semences certifiées peuvent contribuer à hauteur de plus 30% à l’accroissement des rendements.
Pour ce faire les gouvernements et les institutions de recherche nationale, régionale et internationales ont
développé des stratégies pour améliorer l’accès des petits producteurs aux semences certifiées : encouragement
de la production, subvention des prix, distribution gratuite, etc. En dépit de ces efforts, l’approvisionnement des
petits producteurs en semences certifiées véhicule encore trois problématiques ou dimensions importantes :
Celle de la production des semences améliorées en quantité suffisante. Cette dimension soulève le problème
de l’organisation de la chaine de relations qui impliquent plusieurs acteurs, notamment les institutions nationales
de recherche agricole et les producteurs multiplicateurs. Tous les pays producteurs ont mis en place des
mécanismes de gestion du système qui ne manque pas de soulever quelques questions essentielles. En effet la
production des semences est encore insuffisante dans plusieurs pays et ces derniers doivent en importer parfois
hors de la région, comme ce fut le cas en 2008. Dans ce contexte deux questions importantes méritent d’être
débattues :
o Comment renforcer les capacités des institutions gionales et nationales de recherche pour
qu’elles jouent efficacement le rôle dans la chaine de production de semences améliorées : la
production de semences de base, l’encadrement des producteurs ? Comment on promeut
l’objectif d’amélioration de la productivité avec celui de résistance aux nouvelles conditions
de production attendues des changements et de variabilité climatiques ? Enfin comment
dynamiser les centres régionaux spécialisés à l’objectif « résistance aux nouvelles conditions
de production attendues des changements climatiques ».
o Quel type d’appui technique, institutionnel et organisationnel faut il apporter aux
multiplicateurs de semences améliorées. En effet, la fonction de multiplicateurs de semences
améliorées est désormais exercée tant par le secteur privé, que par des producteurs. Le niveau
d’organisation de cette catégorie d’acteur n’est parfois pas optimale dans certains pays de la
région. De même les petits producteurs de semences améliorées ne disposent pas de
d’infrastructures suffisantes de stockage.
o Comment renforcer le le et la visibilité des cadres de concertation multi acteurs autour des
semences ?. A la faveur de l’assistance financière des partenaires techniques et financiers, des
alliances et des projets visant la promotion des semences améliorées se mettent en place.
Elles permettent de donner une meilleure orientation à la politique et à la stratégie de
développement des semences améliorées et certifiés, y compris les aspects réglementaires.
Celle de la certification de la production par les services et organismes compétents. La certification
constitue une étape importante pour obtenir des semences améliorées de bonne qualité. Elle dépend en grande
partie du dispositif mis en place par les instituts nationaux de recherche agricole pour suivre les multiplicateurs
et les entrepreneurs producteurs de semences améliorées. Faute d’un suivi régulier, les multiplicateurs et autres
privés producteurs de semences améliorées ont tendance à recycler les stocks non vendus pour minimiser leurs
coûts de production et maximiser leur profit. Cette situation débouche sur des semences dégénérées et
contribuent ainsi à minimiser les rendements de production des producteurs de riz. Dans ce contexte, la
problématique de la certification soulève trois problèmes :
Quels dispositifs et mécanismes adéquats de renforcement des capacités des producteurs multiplicateurs
et autres privés engagés dans la production des semences certifiées. Comment créer un véritable corps
de professionnels dans ce maillon de la filière riz local ?
Quels dispositifs et mécanismes multi acteurs de certification des semences qui impliquent, non
seulement les institutions publiques de recherche agronomique, mais aussi les multiplicateurs et les
organisations de producteurs de riz. ? Comment décentraliser au maximum le dispositif de certification
sans dévoyer tout le système ?
Quel est le mécanisme le plus approprà déployer pour assurer le contrôle de la qualité des semences
certifiées proposées aux producteurs du riz ?
Celle de la distribution. Elle constitue une dimension importante de l’accès des petits producteurs aux
semences. En effet ; malgré les efforts de production et de certification des semences améliorées, les producteurs
éprouvent parfois des difficultés à y accéder, en temps et en quantités voulues. Plusieurs contraintes
supplémentaires les empêchent de s’approvisionner en semences certifiées. Parmi ces contraintes, on peut
retenir (i) l’insuffisante disponibilité du produit à proximité des petits producteurs (ii) l’absence de mécanisme
approprié de crédit pour les petits producteurs. Dans ce contexte, pour palier, de nombreux pays procèdent à la
subvention du prix des produits. Mais cette stratégie reste de portée limitée, car, les ressources mobilisées sont
souvent faibles, ne permettant de toucher qu’un nombre limité de producteurs.
Dans ce contexte, il importe de réfléchir sur trois à quatre préoccupations majeures :
Quelle forme de partenariat, faut il promouvoir entre les petits producteurs et les multiplicateurs et
autres entrepreneurs producteurs de semences certifiées et les distributeurs ? . Quel rôle faire jouer aux
institutions de micro finance, de conseil agricole dans la facilitation des relations de partenariat entre
les deux catégories d’acteurs pour fluidifier le marché des semences certifiées ? .
Comment densifier le réseau de distribution et de commercialisation des semences certifiées pour
améliorer leur accès aux petits producteurs ?. De façon spécifique, quel appui apporté aux
distributeurs de semences pour rendre le produit disponible à un coût accessible aux petits
producteurs ?.
Quel type de partenariat promouvoir entre les petits producteurs et les usiniers pour favoriser l’accès
de ces derniers aux semences certifiées ?.
Quelles formes d’incitations les pouvoirs publics peuvent mettre en œuvre pour faciliter l’accès des
petits producteurs, notamment les plus vulnérables aux semences améliorées : ciblage, forme et niveau
de subvention ?
Panel 2 : L’approche Filière et le développement des chaînes de
valeur, comme stratégies de développement de la filière Riz de
l’Afrique de l’Ouest ?
Contexte
L’économie rizicole de l’Afrique de l’Ouest a enregistré au cours des quinze dernières années de nombreuses
performances au rang desquelles on peut noter : (i) l’augmentation de la production, (ii) l’amélioration sensible
de la productivité des systèmes de production. Selon AfriacaRice, « entre Contrairement aux années 1960s et
1970s au cours desquelles de piètres performances ont été attribuées à l’augmentation des superficies,
l’expansion de la production en Afrique de l’Ouest a é soutenue en grande partie par l’amélioration des
rendements avec 2,90% de croissance moyenne contre 2,79% par les superficies. Le fait marquant est que 71 %
de l’augmentation de la production de paddy peut s’expliquer par l’augmentation du rendement et 29 % par
l’expansion des superficies emblavées. En revanche, avant la crise rizicole 24 % de la hausse de la production
pouvaient être attribués aux augmentations du rendement et 76 % aux augmentations de la superficie
emblavée ».
En dépit de ces performances, l’Afrique de l’Ouest doit recourir aux approvisionnements extra africains, pour
couvrir ses besoins en riz à hauteur de 40%. Cette situation est partie imputable aux insuffisances des politiques
et stratégies de valorisation de la production du riz local. Les politiques déployées par les Etats ont mis
prioritairement mis l’accent sur la production, mais moins sur trois autres dimensions cruciales : (i) la
transformation, (ii) la valorisation et (ii) la régulation du marché du riz local. Ces trois éléments sont constitutifs
de politiques et stratégies optimales de promotion des filières rizicoles en général, et des chaines de valeur
inclusives de tous les acteurs et profitables aux petits producteurs, en particulier.
La question centrale qui se pose est celle de savoir : quelles politiques ou stratégie de transformation, de
valorisation et de commercialisation du riz local, il faut développer pour promouvoir des filières intégrées et
des chaines de valeur profitables aux petits producteurs ?.
Volet transformation : l’économie rizicole ouest africaine est le champ de cohabitation de plusieurs modèles de
transformation :
o (i) Le système d’étuvage traditionnel encore présent dans de nombreuses régions, mais dont
l’expansion se heurte encore à la segmentation de la consommation
o (ii) des mini-décortiqueuses style Engelberg à rouleau d’acier qui, possèdent une très faible
capacité. Elles représentent plus de 90% des installations disponibles dans chaque pays et
décortiquent plus de 60% de riz paddy produit au niveau national.
o (iii) Des mini-rizeries, qui représentent entre 5 à 8 % de la capacité de transformation dans les
pays (12-16 t de riz décortiqué par jour) ;
o (iv) Des rizeries industrielles ne sont pas légion en Afrique de l’Ouest, pas encore très
répandues dans la gion, dont certaines rencontrent des difficultés d’approvisionnement
régulier en paddy.
Quel modèle de transformation promouvoir pour améliorer la productivité, répondre aux exigences
des consommateurs et garantir une meilleure intégration, insertion des petits producteurs dans les
filières rizicoles ouest africaines ?
Volet valorisation du riz local. Ce volet est présenté comme une des faiblesses majeures du riz local, une des
causes de la concurrence que lui livrent les produits importés du marché international. Si des efforts importants
sont faits pour éliminer les corps étrangers souvent présents dans les produits locaux, ces derniers souffrent
encore des insuffisances des formes de leur présentation aux consommateurs. En effet, autant la qualité des
emballages, des moyens de conditionnement du produits, de l’imprécision des éléments constitutifs permettant
de certifier la qualité des produits, que la faiblesse du marketing qui accompagne la mise en marché ne
contribuent pas à améliorer la compétitivité prix du riz par rapport à ceux importés du marché international.
Cette valorisation suppose de développer des stratégies de
de normalisation et de standardisation de la production des différents bassins
promotion des formes adaptées de conditionnement et de labélisation des produits
communication sur la qualité et les vertus du riz local
Quelle politique et stratégie de valorisation de la production locale pour améliorer sa compétitivité en vue de
la rendre plus attractive pour les consommateurs ouest africains ?
Volet commercialisation. La commercialisation du riz local tant à l’échelle infra pays, qu’au niveau intra
communautaire bute encore à de nombreux obstacles et contraintes. Ces contraintes sont de plusieurs ordres
dont les plus importantes sont d’ordre infrastructurel, de politiques commerciales mises en œuvre tant au niveau
national que régional. En effet, si on fait abstraction des problèmes liés à l’insuffisance de la production
régionale qui est susceptible de constituer à l’expansion des échanges intra communautaires, il persiste encore de
nombreuses autres entraves parmi lesquelles figurent :
la faiblesse des systèmes d’information sur le riz qui ne permet pas actuellement de se faire une idée du
niveau de l’offre et de la demande et des disponibilités de stocks dans les différents bassins de
production. Cette situation rend aléatoire les possibilités de connexion des zones excédentaires et
déficitaires et une maitrise des flux locaux et régionaux du riz local.
la persistance de nombreux obstacles techniques aux échanges, le long des principaux corridors. Ces
obstacles qui engendrent de nombreux prélèvements illicites renchérissent les coûts de transaction du
riz local.
La pertinence de la politique commerciale mise en œuvre tant par les Etats, que par les Communautés
Economiques régionales. Les politiques commerciales affichent une option de large ouverture du
marché régional pour une longue période. En effet, alors que la quasi totalité des produits agricoles sont
classés dans la 5
ème
bande du Tarif Extérieur Commun de la CEDEAO, donc bénéficiant d’un droit de
douanes de 35% ; le riz, un des cinq produits stratégiques à promouvoir pour la sécurité et la
souveraineté alimentaires régionale, n’est protégé qu’à hauteur de 10 % seulement. Il existe de
nombreuses interrogations sur la capacité de ce niveau de protection à constituer un véritable levier et
incitation pour les investissements dans la riziculture en Afrique de l’Ouest ?.
Comment promouvoir le marché régional du riz local en lien avec :
Le développement d’un système d’information fonctionnel, adapté et d’aide à la décision pour les
différents acteurs ?
La levée des obstacles techniques aux échanges infranationaux et régionaux du riz local ?
La mise en place d’une politique commerciale en cohérence avec les orientations de la politique
agricole régionale : l’ECOWAP/PDDAA ?
Panel 3 : La contractualisation peut-elle constituer une stratégie
de promotion des chaînes de valeur de riz en Afrique de l’ouest ?
Contexte
Le développement de la production du riz se traduit de plus en plus par une forte implication du secteur privé
dans les différents maillons des chaines de valeur : production, transformation et commercialisation. Si le secteur
privé était très présent dans le volet commercialisation à travers les opérations d’importation et de distribution, il
s’investit de plus en plus dans les maillons de la production et surtout de la transformation. Cette intervention du
secteur privé est considérée comme un tournant important dans la stratégie régionale de développement des
filières rizicoles en Afrique de l’Ouest. Elle se traduit par l’instauration de nouveaux modèles de partenariat
entre les producteurs et les usiniers. De nombreux analystes voient dans ce partenariat, une dynamique
importante dans l’organisation de la filière rizicole, une stratégie développée par les différents acteurs pour
minimiser les coûts de transactions, gérer les externalités négatives de l’économie rizicole
Plusieurs modèles de partenariat fonctionnent dans les principaux bassins de production. Parmi les plus en vue,
on peut citer les expériences initiées par des firmes ou organisations non gouvernementales qui visent à organiser
les producteurs au sein des coopérations dont les activités vont de la production à la commercialisation en
passant par la transformation.
Un second type de modèles est développé au Bénin et au Togo par les ESOP, qui met à petite échelle, en relation
des petits producteurs et un Groupement d’Intérêt Economique. Ce dernier gère de petites unités de
transformation qui permettent de valoriser la production locale.
Un troisième modèle de partenariat entre les producteurs et les industriels est en cours de structuration dans
certains bassins de production, notamment en Côte-d’Ivoire, au Nigeria et au Sénégal. Il implique un grand
nombre de producteurs face à un promoteur d’unités industrielles de transformation.
Toutes ces formes de partenariat sont sanctionnées par des contrats qui lient les producteurs individuels ou des
organisations de producteurs aux promoteurs industriels. La portée les limites de ces contrats, notamment les
implications socio économiques de ces modèles de partenariat sont très mal connues. Cette situation soulève une
question fondamentale : ces formes de contractualisation peuvent elles servir de levier au développement des
chaines de valeur rizicoles profitables aux petits exploitants familiaux ? Trois préoccupations sous tendent cette
question :
Ces formes de contractualisation permettent-elles de préserver les actifs qui fondent l’exploitation
familiale, notamment le foncier et le rôle prépondérant que joue la famille dans la gestion des unités de
production ?
Les formes de contractualisation veloppées ne transforment elles pas de façon tacite les exploitants
agricoles familiaux en ouvriers agricoles. ?
Quelles sont les conditions requises pour faire des formes de contractualisations qui se développent
entre producteurs et usiniers, en de véritables instruments de promotion des chaines de valeur rizicoles
en Afrique de l’Ouest ?
Quelles formes d’incitations (mesures de politiques), les pouvoirs publics doivent mettre en œuvre pour
soutenir les formes de partenariat, que sous tendent les modèles de contractualisation en cours ?
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