J`ai des troubles de l`humeur

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Biponews
Information sur les troubles bipolaires
“J’ai des
troubles
de
l’humeur”
N°01
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Ce fascicule est le
premier de la collection
Biponews destinée aux
patients souffrant de
troubles bipolaires.
Il apporte des
informations sur ces
troubles, leurs causes,
leurs conséquences
et leur prise en charge.
Il peut être lu seul ou
avec un proche auquel
vous aimeriez
expliquer vos troubles.
Vous pouvez demander
également des
informations
complémentaires,
à votre médecin
ou à un infirmier.
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“J’ai des
troubles
de
l’humeur”
« J’écris des poèmes et des chansons qui vont être publiés
bientôt. D’ailleurs, je vais aussi ouvrir un cabinet de
coaching. Vous allez chez quel coiffeur ? Je pourrais faire
sa publicité. Vous savez que vous êtes très belle.
J’ai changé d’assureur. Que je t’aime ! Que je t’aime !
Vous entendez cette voix. Il faut que j’enregistre ce CD ».
Vous avez peut-être vécu des
choses proches de ce que
décrivent ces personnes qui
souffrent de troubles bipolaires.
« Personne ne peut rien pour moi. Mon médecin
a testé trois antidépresseurs en vain. Je suis de
plus en plus sombre. Il ne me reste qu’à
mourir, qu’à en finir. De toute façon personne
ne me regrettera ».
Sachez avant tout que ces
troubles touchent à peu près
1 % de la population
générale parmi lesquels des
hommes politiques, des artistes
et des sportifs connus. La
plupart d’entre eux, une fois la
« Je suis nulle, archi-nulle. Je ne vaux rien et
encore moins que ça. J’ai endetté ma
famille. Ma mère a été obligée de demander
une mesure de sauvegarde de justice.
J’ai acheté une moto neuve alors que je
n’ai même pas le permis moto. J’ai fait
n’importe quoi. Je ne mérite pas de vivre.
Jamais mes parents ne pourront me
pardonner ça ».
crise passée reprennent leur vie
Auteurs :
Dominique Friard, infirmier
de secteur psychiatrique,
avec la collaboration
d’un psychiatre hospitalier.
sociale et leur activité.
Vous n’êtes donc pas seul
à vivre cette expérience.
« Avec mon nouveau traitement, je me sens
mieux. Je devrais maintenant avoir moins
de variations de l’humeur. Même si je me
sens mieux, ma vie est un peu grise.
Certes je n’éprouve pas de grandes peines
mais pas de grandes joies, non plus.
Il paraît que ça va se modifier ça aussi ».
Association d’aide aux personnes atteintes de troubles bipolaires
(maniaco-dépressif) et à leur entourage
Maison des associations du 13ème arrondissement
Association ARGOS 2001 - Boîte postale n° 30
11, rue Caillaux - 75013 Paris
Téléphone-répondeur infos-actualités : 01 69 24 22 90
Email : [email protected] - Web : http//argos.2001.free.fr/
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Questionnaire
“J’ai des
troubles
de
l’humeur”
Questionnaire
Qu’entendez-vous par humeur ?
Avez-vous repéré des fluctuations importantes dans votre
humeur ? Si oui, comment se manifestent-elles ?
Essayez d’abord de repérer
ce que vous savez à propos
des troubles de l’humeur dont
font partie les troubles
Comment gérez-vous habituellement ces variations ?
bipolaires (que l’on nomme
aussi psychose maniacodépressive).
Ces variations vous semblent-elles liées à des événements de vie
(heureux ou malheureux), si oui lesquels ?
Que savez-vous à propos du traitement de ces troubles de
l’humeur ?
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Repérer
Repérer
Que savez-vous à propos des troubles de l’humeur ? P 04
Repérer
Quand l’humeur est tout en haut ou tout en bas
P 06
Comprendre
Les causes multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P 14
Quand l’humeur
est tout en
haut ou tout
en bas
1
Il est indispensable de reconnaître ce qui vous arrive
Agir
Pour retrouver un équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P 20
« Je n’avais plus besoin de dormir, je menais cinq projets à la fois, je
prenais des cours de japonais sur Internet, j’avais acheté une voiture neuve
et renouvelé entièrement ma garde-robe. J’avais un moral d’enfer jusqu’au
moment où j’ai voulu distribuer tous mes biens aux pauvres. Mon mari a
trouvé que ça suffisait et m’a emmené voir un psychiatre ».
Manon
Cette sensation de ne pas avoir besoin de dormir, cette impossibilité à se
concentrer sur une tâche, ce sentiment de toute puissance, ces dépenses
inconsidérées, sont probablement les manifestations d’un trouble de l’humeur
que l’on nomme accès maniaque.
« Je me sentais nulle, responsable de toutes les catastrophes arrivées dans
la famille. J’avais ruiné mes enfants, mon mari. Je ne méritais pas de vivre.
Je n’avais qu’une idée : en finir, débarrasser la terre une fois pour toutes de
l’être abject que j’étais ».
Manon
Ce sentiment de culpabilité, d’indignité, ces affects profondément dépressifs,
cette volonté d’en finir avec la vie, sont des signes du même trouble de
l’humeur, vécu sous sa forme dépressive.
D
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Accès maniaques et dépressifs
constituent ce que l’on nomme
aujourd’hui le trouble bipolaire.
Cette notion de bipolarité traduit les
deux versants symptomatiquement
opposés de la maladie dont les
patients peuvent souffrir.
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Repérer
L’humeur
L’humeur
Le psychiatre Jean Delay définit l’humeur comme une « disposition affective
fondamentale riche de toutes les instances émotionnelles et instinctives, qui
donne à chacun de nos états d’âme une tonalité agréable ou désagréable,
oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur ». C’est un
terme qui est utilisé couramment par les médecins et les équipes soignantes.
Il n’est pas sûr que cette définition générique soit très éclairante mais les
spécialistes, eux-mêmes, ont du mal à proposer une définition évidente de
l’humeur.
• Une augmentation de l’estime de soi et
de ses capacités (sentiment de toute
puissance, de grandeur, de pouvoir)
L’humeur, au fond, c’est ce que vous nommez « le moral ». Lorsque vous vous
sentez bien vous direz que vous avez un bon moral, que vous êtes de bonne
humeur ; et un mauvais moral ou de mauvaise humeur quand vous vous
sentez triste ou énervé.
• Un débit accéléré de la parole, logorrhée
(la parole coule ininterrompue comme
un flux verbal) , un désir de parler constamment
Si nous percevons bien l’infinie tristesse de Manon au cours de la phase
dépressive, il est moins évident de rattacher son accès maniaque à de la
bonne humeur. Nous voyons bien le côté forcé, excessif, morbide même de
ce qu’elle exprime. La manie, ce n’est pas la joie…
• Un ressenti des émotions (joie, colère,
etc...) plus vif que d’habitude
• Très peu de sommeil (la personne est
convaincue de pouvoir s’en passer,
ne ressent pas la fatigue)
• Une accélération des pensées et des actions (la personne passe d’un sujet
à l’autre sans pouvoir se fixer à un sujet de conversation), elle n’a pas de
limite dans ses projets (rien ne lui semble impossible)
• Une grande énergie, des activités inhabituelles, un comportement
désinhibé
• Des dépenses inconsidérées d'argent
L’accès maniaque
(selon le DSM IV-TR)
Dans le langage courant, une personne
maniaque est extrêmement attachée à ses
habitudes, très méticuleuse et elle peut même
avoir des idées fixes.
En psychiatrie, la manie (qui signifie en grec
« folie ») décrit tout autre chose.
Elle constitue un état de surexcitation du
psychisme qui se caractérise par :
• Une hyperactivité sexuelle
• Une distractabilité, une grande difficulté à maintenir son attention sur
quelque chose
• Une fuite des idées
• Des troubles du jugement
• Une irritabilité avec une tendance agressive
• Une hyperactivité, une agitation
• Parfois un délire et des hallucinations.
• L’euphorie
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D
• Le ludisme (la personne donne
l’impression de jouer de tout, avec tous)
Ces différents symptômes doivent se
maintenir plus d’une semaine et être
en rupture avec le fonctionnement
antérieur de la personne pour être
considérés comme caractéristiques
d’un épisode maniaque.
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Repérer
L’accès dépressif
(selon le DSM IV-TR)
Si le mot « manie » a deux sens selon que l’on se réfère au langage courant
ou au langage médical, le mot dépression décrit toujours une humeur
triste.
• Ce sentiment constant s’accompagne de ruminations douloureuses
dominées par le sentiment d’incapacité, d’inutilité, de culpabilité,
d’incurabilité et de pessimisme.
• La personne n’éprouve que désintérêt pour le monde qui l’entoure et une
incapacité absolue à ressentir du plaisir. On parle de douleur morale,
d’anesthésie affective.
• Elle se met généralement en retrait de toute vie sociale.
• La pensée est ralentie, les idées sont
pauvres.
• La personne ressent une fatigue,
une perte d’énergie.
• Elle éprouve des difficultés
à se concentrer, des trous de
mémoires et les prises de
décision sont difficiles.
Tout cela contribue à alimenter
la diminution de l’estime
de soi.
• On constate un ralentissement des
gestes et une pauvreté de la mimique
(qui donne à la personne un air figé).
Tous les actes de la vie quotidienne
exigent des efforts démesurés. La
personne préfère rester au fond de son
lit (la fatigue est déjà là au réveil).
• Troubles de l'appétit (peu ou trop d’appétit)
avec changement secondaires de poids (le
plus souvent amaigrissement ou parfois prise de
poids).
• Une anxiété, une inquiétude exagérée.
• Sommeil perturbé (insomnies ou besoin de dormir plus
qu’habituellement).
• Troubles physiques (douleurs corporelles, troubles digestifs, oppressions
respiratoires, problèmes cutanés).
• Perte du plaisir et, plus généralement, perte d'intérêt (notamment pour les
activités agréables).
• Idées noires, idées de mort ou de suicide.
D
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Ces différents symptômes doivent être
présents pratiquement toute la journée
durant au moins deux semaines et être
en rupture avec le fonctionnement
antérieur de la personne pour être
considérés comme caractéristiques
d’un épisode dépressif que l’on appelle
majeur ou caractérisé.
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Repérer
Les troubles bipolaires
(selon le DSM IV-TR)
2
Quelles sont les conséquences de ces troubles ?
Le trouble bipolaire est une maladie anciennement appelée psychose
maniaco-dépressive (PMD). Elle se caractérise par une exagération des
variations normales de l'humeur qui vont affecter mentalement et
physiquement le patient. L’évolution est chronique et cyclique et oscille
entre trois états :
Ces troubles de l’humeur peuvent entraîner des comportements à risque et plus particulièrement, une désinsertion
socioprofessionnelle et familiale.
• L’état maniaque avec exaltation de l’humeur
Parmi ces conséquences, on note :
• L’état dépressif caractérisé en opposition avec le précédent
• Les conséquences professionnelles qui sont caractérisées par le
licenciement (dû au comportement étrange et agité), la démission hâtive et
irréfléchie, les rapports conflictuels avec les collègues et/ou la hiérarchie,
l’instabilité professionnelle (plus de la moitié des patients perdent leur
emploi) (Romans SE, McPherson HM,1992).
• Une humeur normale ou parfois quasiment normale entre les phases de
survenue de ces deux états pathologiques.
Les symptômes de la maladie sont très variables d'un patient à l'autre (caractéristiques des phases, intensités, durées, fréquences, concomitances...).
Si, comme Manon, vous souffrez de ce trouble,
vous avez du connaître des phases
dépressives et des phases d'exaltation
(dites maniaques) qui ont entraîné des
troubles importants de votre pensée,
de vos actes, de vos sentiments, de
votre comportement et de votre
état physique.
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• Les conséquences familiales et sociales sont illustrées par les conflits
conjugaux (en particulier si la maladie est mal expliquée), la séparation ou le
divorce, une mauvaise entente familiale (pouvant aussi avoir aussi des
conséquences sur les enfants), la perte de ses ami(e)s, etc… (Coryel W et al.
1993, Perlick D et coll. 1999).
• D’autres conséquences sont liées à la prise de risque inconsidérée : abus
de toxiques, rapports sexuels non protégés, conduite automobile à vitesse
excessive, défis dangereux, actes médico-légaux (atteintes aux biens et aux
personnes), violence. La consommation d’alcool est également fréquemment retrouvée au cours des troubles bipolaires : les études scientifiques
retrouvent cette association dans 35 à 45% des cas (Rouillon F. 1997,
Goodwin 1990).
• Le risque de suicide est majeur particulièrement dans la phase dépressive
mais aussi maniaque. Parmi les patients souffrant de troubles bipolaires,
environ 1/3 fait une tentative de suicide et 1/3 présente des idées suicidaires
(Suppes T et coll. 2001). C’est probablement la pathologie où le risque
suicidaire est le plus important.
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Comprendre
Comprendre
Les causes
multiples
Comprendre
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Pour retrouver un équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .P 20
1
Quelle sont les causes de cette maladie ?
« Pourquoi ça m’arrive à moi ? On avait tout pour être heureux. J’avais un
bon travail, des collègues qui m’appréciaient. Avec ma femme, on était un
couple uni, les enfants poussaient bien. Non, je ne comprends pas ».
Jacques
« Pourquoi moi ? », « Pourquoi cette maladie ? », « Qu’est-ce que j’ai fait pour
mériter ça ? ». Lorsque l’on souffre, il est naturel de rechercher l’origine du mal.
De la même façon que l’on veut connaître le virus à l’origine de la grippe, ou
quel organe est atteint lorsqu’une douleur apparaît, on cherche à comprendre
ce qui peut être à l’origine d’un trouble psychique.
On n’est pas plus responsable d’un trouble bipolaire que de la grippe.
Les croyances personnelles voire familiales ou collectives sont pourtant souvent
à l’origine d’idées fausses qui peuvent provoquer différentes réactions :
• « Il faut le cadrer pour que son esprit cesse de battre la campagne »,
« Il faut lui éviter toute émotion trop forte » (on veut corriger) ;
• « C’est de ma faute… Je ne suis pas assez… Elle est trop… » (on accuse) ;
• « Il n’y a rien à faire. C’est mon destin… » (on se résigne) ;
• « On ne sait plus quoi faire quand il est comme ça » (on ne comprend pas).
D
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Ces réactions bien compréhensibles lorsque
l’on est confronté à une maladie bipolaire sont
souvent préjudiciables pour celui qui souffre.
Il est donc important pour vous et votre
entourage d’essayer de comprendre que les
troubles dont vous souffrez s’inscrivent dans
une maladie.
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Comprendre
Il n’existe pas une seule explication au trouble bipolaire de l’humeur, mais
plusieurs causes intriquées qui sont autant de pistes, de voie de recherche, et
surtout de domaines où l’action thérapeutique pourra s’exprimer.
2
Quelles sont les hypothèses scientifiques actuelles ?
Les
L’humeur
facteurs biologiques
« Pour être malade de la sorte, il faut bien que quelque chose se soit
déréglé dans mon cerveau ».
Jean-Pierre
Le cerveau est composé d’un très grand nombre de neurones qui communiquent entre eux au niveau de jonctions appelées synapses. La
transmission de l’information au niveau de ces synapses s’effectue par le biais
de petites molécules sécrétées par les neurones. Ces « messagers
biologiques » sont appelés neurotransmetteurs. Le trouble bipolaire de
l’humeur pourrait être lié à une perturbation de la transmission de l’information
au niveau de ces synapses.
La recherche a fait de nombreux progrès dans ce domaine au cours des
dernières années et les découvertes ont permis d’améliorer les traitements
disponibles.
Les facteurs génétiques
« Mon grand-père paternel était maniaco-dépressif. Un de mes oncles
s’est suicidé. Chez nous, la dépression, c’est dans les gènes ».
Brigitte
Des études auprès des familles de patients bipolaires ont montré l’implication
de facteurs génétiques dans le risque de survenue de la maladie. Plusieurs
gènes pourraient être impliqué. Les troubles bipolaires appartiennent au
groupe des maladies à hérédité complexe, caractérisées par l’interaction de
nombreux facteurs génétiques et de facteurs liés à l’environnement pour
arriver à l’éclosion de la maladie. Autrement dit, même si l’implication des
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facteurs génétiques est indéniable, un
parent ne transmet pas de façon
automatique sa pathologie à son enfant
à la fois parce qu’il y a beaucoup de
gènes en jeu et aussi parce qu’il y a probablement une interaction entre le terrain
génétique et des facteurs environnementaux qui peuvent être très précoces (durant
la grossesse).
Certaines personnes pourraient ainsi naître avec
une « vulnérabilité », une sensibilité particulière aux
évènements de vie stressants. Nous reviendrons sur
cette hypothèse liant stress et vulnérabilité.
Les facteurs psychologiques
« J’ai eu une enfance traumatisante. Mon père a quitté ma mère après ma
naissance. Elle nous a élevé seule, mes sœurs et moi puis a connu un
homme qui s’est installé avec nous. Il buvait, frappait ma mère.
Dès que j’ai eu 18 ans, j’ai quitté la maison.
Je pense que cela peut expliquer ma maladie ».
Myriam
Les causes du trouble bipolaire semblent être une combinaison :
• de facteurs innés : génétiques existant indépendamment de l’environnement et de la vie de la personne,
• et de facteurs acquis : dépendant de l’environnement, de la qualité de la
vie affective, des stress et des traumatismes importants et répétés vécus
depuis la naissance.
L’explication psychologique essaie de comprendre comment la personnalité
du patient s’est construite et de quelle manière le trouble bipolaire pourrait
répondre à des traumatismes psychiques plus ou moins précoces.
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Comprendre
Plusieurs approches peuvent s’avérer utiles dans la compréhension de soi :
- L’approche psychodynamique, d’inspiration pschychanalytique
Cette approche propose de rechercher l’origine des troubles dans la
construction initiale de la personnalité du sujet et notamment lors de sa toute
petite enfance (traumatismes, difficultés dans la relation aux proches, en
particulier les parents). Ces difficultés pourraient avoir un impact sur la
construction de la personnalité et expliquer en partie la souffrance actuelle du
sujet.
- L’approche comportementale et cognitive
Elle consiste à préciser le fonctionnement de la pensée, les liens entre
pensées et émotions, et ceux entre pensées et comportements. Le vécu
émotionnel, ainsi que les pensées associées détermineraient le comportement
d’un individu dans une situation donnée. Ce modèle permet d’expliquer en
partie les pensées et les comportements problématiques rencontrés dans le
trouble bipolaire, secondaires à un éventuel emballement émotionnel.
psychologique entraînerait des difficultés
à surmonter de tels changements sans
« passer » par l’expression de troubles
de l’humeur.
Les personnes atteintes de troubles
bipolaires deviendraient ainsi, au cours de
leur vie, hypersensibles et hyper-réactives aux
situations de stress.
Il est évident que la vie moderne avec ses
contraintes économiques, affectives, sociales et
culturelles nourrit abondamment cette hypersensibilité
aux stress.
Les facteurs environnementaux
Gérard
Les patients qui souffrent de troubles bipolaires seraient particulièrement
vulnérables aux évènements de vie stressants :
- « douloureux » : perte d’un proche, perte d’emploi, déménagement dans une
région inconnue, séparation d’avec un conjoint, etc…
- mais également « heureux » : promotion professionnelle, mariage, naissance,
etc...
D
« C’est normal que je sois tombé malade. Mon travail est stressant, les
cadences sont infernales, mon patron me harcèle : c’est intenable ».
En conclusion, le risque de développer un trouble bipolaire serait
constitué par une vulnérabilité neuropsychologique liée à des
interactions entre de nombreux gènes et des facteurs
environnementaux pouvant être très précoces. Ensuite, le contexte
éducatif et affectif de l’enfance, à l’origine de « traumatismes »
importants ou mineurs, pourrait aggraver cette fragilité initiale. Pour
qu’un trouble bipolaire se déclenche, il faudrait que l’ensemble de ces
facteurs soient présents. Enfin, la sensibilité particulière aux
événements de vie stressants positifs et négatifs pourrait être à
l’origine des épisodes eux-mêmes.
Ces théories soutiennent les différentes approches thérapeutiques qui
sont proposées aux personnes souffrant de troubles bipolaires.
On nomme « événements de vie stressants » toute modification de votre
environnement qui implique une remise en cause des mécanismes
psychiques que vous utilisez habituellement pour vous adapter à une
nouvelle situation. Votre éventuelle fragilité génétique, biologique ou
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Agir
Agir
pour retrouver
un équilibre
1
Comment vous repérer dans la diversité des soins
Afin de vous aider à dépasser la situation de crise, les soignants peuvent vous
proposer d’associer plusieurs types de prise en charge.
En psychiatrie, les soins sont multiples et doivent prendre en compte :
• le stade d’évolution de votre maladie ;
• vos symptômes prédominants ;
• la qualité de votre environnement ;
• votre milieu familial et social ;
• vos ressources matérielles, psychologiques et culturelles.
Concrètement vous pouvez bénéficier :
• de professionnels et de lieux d’accueil et de soins proches : quel que
soit l’endroit où vous habitez, il existe près de chez vous un lieu de soins,
une équipe prête à répondre à vos questions, à vous recevoir ;
• de traitements médicamenteux qui visent à réduire vos symptômes les
plus aigus et à vous proposer un traitement de fond pour réguler votre
humeur et prévenir la survenue de nouveaux épisodes ;
• d’accompagnements soignants autour du quotidien, autour des
difficultés qu’il entraîne et des émotions qu’il suscite en vous : visite à
domicile, entretiens infirmiers, etc…;
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Agir
• d’activités psychosociothérapiques dont l’objectif est de vous offrir des
techniques et un environnement adapté à votre état psychique afin que vous
puissiez progressivement retrouver vos compétences et vous réadapter à
une vie sociale et professionnelle ;
• de psychothérapies qui ont pour but d’atténuer vos conflits internes, de
favoriser un retour sur vous-même dans le but de mieux comprendre vos
difficultés psychiques et leur retentissement sur votre humeur ;
• sans oublier vos propres ressources, vos initiatives et tout ce que vous
pourrez mobiliser par et pour vous-même.
Le traitement comporte classiquement deux phases correspondant au
moment que vous traversez :
• le traitement de l’épisode aigu (de l’accès dépressif ou maniaque) ;
• le traitement de fond, dont le but est de stabiliser votre humeur, puis de
prévenir les récidives.
Les lieux de soins
« L’hôpital me terrifiait, j’étais pétrifiée à
l’idée de me retrouver enfermée, d’être
privée de ma liberté, pour des semaines».
Brigitte
L’hôpital psychiatrique n’est plus le seul lieu
de soin existant. Aujourd’hui de petites
structures, souvent mieux adaptées, permettent
de vous soigner près de chez vous.
On peut citer :
• Le Centre Médico-Psychologique (CMP), véritable pilier de
la prise en charge et du suivi en dehors des crises, vous pouvez y
rencontrer votre psychiatre, vos infirmiers référents, une assistante sociale,
ceux-ci peuvent même parfois aller vous voir chez vous.
• Les Centres d’Accueil et de Crise (CAC), des lieux d’écoute ouverts 24
heures sur 24. Ce dispositif extrêmement souple et adapté n’existe
cependant pas partout en France.
Le traitement médicamenteux
« Au début, j’étais très réticente à prendre des médicaments.
Je me sentais très bien, je ne comprenais pas l’intérêt de me « shooter »
avec des pilules ».
Brigitte
Dans le traitement des troubles bipolaires, plusieurs classes de psychotropes
peuvent s’avérer utiles. Chaque classe à un intérêt thérapeutique particulier.
C’est votre médecin qui adaptera votre traitement en fonction de votre cas.
• Les Hôpitaux de jour, pour des soins en ville, aux horaires de bureau, vous
y pratiquerez différents types d’activités à vocation psychothérapique.
• Les Centres d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP), pour des
soins ponctuels dans la journée ou dans la semaine. Généralement, il s’agit
d’activités en ateliers hebdomadaires.
• Les Urgences de l’hôpital général.
• Le Centre Hospitalier Spécialisé (CHS).
D
Les médicaments sont indispensables au
traitement du trouble bipolaire. Il est strictement
déconseillé d’arrêter brusquement votre
traitement sans l’avis d’un médecin.
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Agir
Il est possible de fréquenter certains de ces lieux de soins à différents
moments de votre parcours, chacun d’eux correspondant à une période
particulière de votre trajectoire. Votre psychiatre, responsable de votre suivi,
est susceptible d’intervenir dans chacun de ces lieux. Il est la plupart du
temps en lien avec les différents soignants qui y travaillent.
Des professionnels libéraux et non rattachés à ces structures de soins
peuvent également prendre en charge votre maladie : médecins généralistes,
psychiatres libéraux, psychologues, psychothérapeutes, etc…
d’une amélioration compatible avec la
poursuite des soins à l’extérieur. La règle
est que plus les troubles sont pris tôt en
charge, plus la durée d’hospitalisation peut
être brève. Il est même possible de traiter la
crise à domicile pour peu qu’un certain
nombre de précautions soient prises et que
l’entourage soit présent et informé des
risques et de la maladie.
La place de l’hospitalisation
La protection du patient
« J’avais besoin de rentrer à l’hôpital : seule chez moi, j’aurais fini par faire
une bêtise ».
Myriam
L’hospitalisation peut être utile, voire nécessaire, pour traiter un épisode
maniaque ou dépressif majeur. Elle permet :
• de vous protéger de votre maladie et des comportements qu’elle
peut engendrer (geste suicidaire, excès provoqués par une
débauche d’énergie, comportements à risque). Dans ces
moments-là, c’est un « refuge », un endroit où comme
Myriam vous pouvez vous sentir protégé.
• une prise en charge « intensive » : adaptation
rapide des traitements à l’évolution de vos
symptômes, entretiens fréquents avec
médecins et infirmiers, possibilité de faire le
point sur vos difficultés sociales.
L’hospitalisation n’est pas synonyme
d’enfermement. La grande majorité des
patients hospitalisés le sont de leur
propre volonté. La durée d’hospitalisation
se limite au temps nécessaire à l’obtention
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Nous avons vu précédemment que l’état maniaque pouvait conduire
à des excès, notamment des dépenses inconsidérées.
Il peut alors s’avérer nécessaire de mettre en œuvre des procédures pour
protéger vos ressources, notamment par la mise en place d’une mesure
transitoire, la sauvegarde de justice, qui permet de contrôler les dépenses.
• La sauvegarde de justice médicale à la demande du médecin traitant est
une mesure de protection immédiate, souple et en général, de courte durée.
Elle peut notamment s’appliquer en urgence, sur décision médicale. Elle est
régie par le Code civil, des articles 491 à 491-6. Toute personne majeure chez
laquelle il est constaté une altération des facultés mentales et / ou corporelles
peut être placée sous sauvegarde de justice Le majeur protégé conserve
l'exercice de ses droits. Toutefois, les engagements passés, tels que des prêts
peuvent être annulés ou réduits s’ils s’avèrent excessifs. Une sauvegarde est
limitée dans le temps. Elle cesse automatiquement de produire ses effets
2 mois après son ouverture. Des renouvellements sont possibles si l'état du
majeur le nécessite. Chaque renouvellement dure 6 mois.
• Tutelle et curatelle sont les deux autres mesures de protection. Elles
limitent davantage l’autonomie de décision de la personne protégée. Elles
s’appliquent sur décision du juge des tutelles et ne sont pas des mesures
d’urgence.
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Agir
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Comment éviter une rechute ?
« Grâce aux informations que l’on m’a données au cours des groupes de
psychoéducation, je sais repérer les variations de ma réactivité
émotionnelle. Dès que je sens une hyperréactivité émotionnelle
inhabituelle, je sais que je risque de débuter un accès maniaque.
Je contacte le plus rapidement possible mon psychiatre ».
Simon
Parmi les stratégies efficaces pour prévenir les rechutes
il faut souligner :
La prise régulière des médicaments
respecter la posologie et signaler les effets indésirables éventuels au
médecin ou à l’infirmière.
L’apport de la psychothérapie
elle ne constitue pas à elle seule une prise en
charge suffisante, mais elle permet de
mieux vivre avec sa maladie, de mieux la
comprendre et de mieux se comprendre.
C’est un soutien important.
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Plusieurs types de psychothérapies
sont proposés :
• La thérapie de type psychanalytique
(cure par la parole), fondée sur l’exploration
de l’inconscient, à travers le transfert et un
travail sur sa vie personnelle (notamment
comment la petite enfance résonne aujourd’hui chez
le sujet en analyse).
• Les thérapies familiales agissent non pas sur la personne mais sur
l’ensemble du système familial. Elles ne s’intéressent pas à la cause des
troubles bipolaires, mais à la façon dont la famille réagit autour de ces
troubles. Elles aident à identifier et comprendre l’impact du trouble dans les
relations familiales afin de les diminuer.
• La thérapie cognitive et comportementale (TCC) est une thérapie brève
qui comprend une quinzaine de séances. Elles se pratiquent en séances
individuelles ou en groupes et sont basées sur les théories de l’apprentissage
et du conditionnement. Le thérapeute apprend au patient un certain nombre
de techniques comportementales (comme la technique de résolution de
problème) qu’il pourra utiliser seul et poursuivre après l’arrêt du traitement.
Ces techniques de « psychoéducation » donnent aux patients les moyens
théoriques et pratiques d’améliorer leur compréhension de la maladie et la
gestion de ses conséquences.
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Les interactions avec l’entourage
Le respect des conseils d’hygiène de vie
Ma femme souffre d’un trouble bipolaire. Avant je ne comprenais pas bien
sa maladie. Du coup ma réaction était vive et ne faisait qu’augmenter son
irritabilité. C’était le cercle infernal. Maintenant, j’ai appris à repérer s’il
s’agit d’une réaction adaptée à une situation précise, ou d’un signe
précurseur d’une phase maniaque. Dans ce cas, j’évite de prendre cette
irritabilité pour moi et d’envenimer la situation. J’aide ma femme à la
repérer pour que nous allions ensemble voir son psychiatre traitant avant
l’urgence ».
Plusieurs conseils peuvent vous
aider à limiter le nombre et
l’impact des crises :
• Sommeil adéquat (respect des
rythmes veille - sommeil),
• Activité régulière (éviter le surmenage),
Jean
Les familles ne doivent pas être tenues à
l’écart de la prise en charge et de l’information. Avec vous, elles souffrent des effets
négatifs liés à la maladie. Cependant, il est
important qu’elles puissent trouver un juste
milieu entre l’absence d’implication et la
substitution au soignant. Ces deux comportements extrêmes partent souvent de
bonnes intentions, soit elles ne veulent
pas interférer dans la prise en charge,
soit elles veulent aider au maximum le
patient.
Si les soignants ont un rôle
important à remplir, votre
famille et vos amis
ont aussi un rôle
à jouer.
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• Eviter (ou limiter) les produits excitants : alcool,
thé, café,
• Eviter toutes les autres drogues,
• Gérer les risques de stress (être attentif aux engagements affectifs,
aux succès et aux échecs),
• Pratiquer des activités sportives ou de détente,
• Eviter l’inactivité excessive,
• Bien se connaître pour mieux se contrôler : ce contrôle est essentiel pour
prévenir les phases d'excitation et savoir reconnaître les signes
annonciateurs d'un nouvel épisode,
• Consulter rapidement dès les premiers signes annonciateurs d’une rechute.
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Bibliographie :
Coryell W et coll.
The enduring psychosocial
consequences of mania
and depression. Am. J.
Psychiatry, 1993 ; 150 :
720-727
Apprendre à identifier les signes d’alerte de la crise
Lorsque vous êtes en état maniaque ou plongé dans une grave dépression
vous êtes rarement conscient qu’il s’agit d’un trouble psychique. Vous ne
pensez donc pas à consulter un médecin. Ce sont souvent vos proches qui
réagissent, inquiets des troubles du comportement ou des conduites bizarres
qu’ils ne supportent plus ou qui leur paraissent menacer votre santé.
Cette information sur le
DSM-IV®-TR, APA, 2000.
trouble bipolaire, ses signes
Goodwin FK, Jamison KR.
Manic-depressive illness.
Oxford University Press,
1990, New York, 938 p
Les familles, le médecin, les pompiers, la police peuvent alors intervenir. La loi
prévoit des modalités d’hospitalisation sous contrainte lorsque la personne ne
peut consentir aux soins. Afin d’éviter, les affrontements, la violence qui
parfois en découlent, il est indispensable de repérer ses symptômes le plus tôt
possible. Certaines personnes qui souffrent de troubles bipolaires ont réussi à
identifier quelques signes annonciateurs, ce qui leur permet de recourir plus
précocement aux soins.
hypothèses scientifiques à
caractéristiques, les
l’œuvre aujourd’hui, les
différents traitements
proposés, constitue une
étape indispensable de
votre prise en charge.
Exemples de signes d’alerte de l’accès maniaque
(modifications notables par rapport à votre comportement habituel)
Bien connaître et bien
comprendre votre maladie
D
• Dormir seulement quelques heures et ne pas se sentir
fatigué ;
• Mes proches me disent que je suis très irritable voir
agressif ;
• Faire beaucoup de tâches ménagères à des moments
inopportuns, par exemple la nuit ;
peut vous aider à limiter
Romans SE, McPherson
HM.
The social networks of
bipolar affective disorder
patients. J. Affect. Disord.,
1992 ; 25(4) : 221-228
Rouillon F.
Epidémiologie du trouble
bipolaire. Données
actuelles. L’Encéphale,
1997 ; Sp I : 7-11
les rechutes et leurs
Suppes T et coll.
The Stanley foundation
bipolar treatment outcome
network II. Demographics
and illness caracteristics of
the first 261 patients. J.
Affect. Disord., 2001 ; 67 :
45-49
conséquences.
• Parler beaucoup en sautant d’un sujet à l’autre.
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Perlick D et coll. Burden
experience by care-givers
of persons with bipolar
affective disorder. Br. J.
Psychiatry, 1999; vol
175(7):56-62,
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