ILFM 2008-2009
Marie de PREVILLE
Dimanche 21 septembre 2008
L’ANALYSE GRAMMATICALE
INTRODUCTION
Signification de l’enseignement de la grammaire
La grammaire est une discipline souvent perçue comme une série de règles à apprendre par
cœur et à appliquer pour pouvoir maîtriser l’orthographe. Pas l’unique but. Joue un rôle
déterminant dans le développement de la pensée, dans la construction du raisonnement et
l’expression des nuances. Rôle dans la formation intellectuelle, mais aussi dans les relations
avec le monde extérieur. L’apprentissage de la grammaire permet de se servir avec exactitude
et précision du langage et donc de comprendre et de se faire comprendre. Enjeu social
évident.
Même enjeu philosophique : il y va de notre capacité à appréhender le réel, la nature et la
fonction des êtres et des choses, de leurs relations. Poser la distinction entre nature et fonction
d’un point de vue grammatical n’est pas sans rapport avec la distinction philosophique de
l’essence/existence, du donné/construit ou nature/culture.
Objet de ce cours introductif : révision systématique des bases grammaticales, niveau collège-
lycée. Le niveau exigé à l’ILFM est largement supérieur à ce que l’on attend d’un élève de
primaire.
Le but n’est pas d’établir un programme pour le primaire (contenu trop ambitieux).
Effort d’analyse, ie de questionnement, de compréhension de la langue. Cet effort est bien
trop poussé pour des élèves de primaire mais nécessaire pour des maîtres d’école (ex qui défie
les règles, choix judicieux des exercices).
Qu’est-ce que l’analyse grammaticale ?
C’est, à l’intérieur d’une phrase, repérer et comprendre la nature de chaque mot et sa
relation aux autres.
Pour un élève, analyser un mot, c’est donner sa nature et sa fonction.
Notre démarche va aller du simple au complexe : étude de chaque mot en détail avant de
remonter au groupe auquel ce mot appartient.
Nature : catégorie grammaticale à laquelle un mot appartient. La nature renseigne sur
l’identité du mot (ce qu’il est). Théoriquement, ne change pas (cf l’essence en philosophie).
Fonction : indique le rôle grammatical du mot dans la phrase, ie son rôle à l’égard des
autres mots.
Image : la nature, c’est la carte d’identité (M. Martin est un être humain) ; la fonction : le rôle
qu’il remplit dans la société : il est ouvrier, ami, père de famille
En philosophie : l’utilité sociale (qui est construite, culturelle) par opposition à la nature, au
donné.
Un même mot peut avoir des fonctions différentes suivant sa place dans la phrase mais il a
normalement la même nature.
Ex : Le chat mange la souris / La souris mange le chat.
Exception : le changement de nature est parfois possible, mais accompagné d’un changement
de sens.
Ex : C’est une personne célèbre (nom).
Personne n’est venu (pronom).
L’orange est un fruit savoureux (nom).
Des chemises orange (adjectif, qui ne s’accorde pas en raison de cette origine nominale).
De faux papiers (adjectif).
Il chante faux (adverbe).
I LES DIFFERENTES NATURES
2 catégories :
- les mots variables (verbes, noms, pronoms, adjectifs, articles ou déterminants)
- les mots invariables (adverbes, prépositions, conjonctions, interjections)
1) Les mots variables
Le verbe
Elément central de la phrase, à tel point qu’une phrase sans verbe a un statut particulier (on
parle par ex d’une phrase nominale). Il relie les divers éléments de la phrase ; il est le nœud, le
pivot de la proposition.
Le verbe évoque un procès (un état, une action, une idée, une appartenance, une relation…) :
verbes d’action / verbes d’état
Ex : être, sembler, devenir, avoir l’air de, demeurer…
situé dans une chronologie (passé, présent, futur)
fait ou subi par le sujet.
NB : locution verbale : un groupe de mots formé d’un verbe et d’un complément devenus
indissociables, qui joue le rôle d’un verbe simple. S’analyse sans dissocier ses constituants,
comme un verbe simple.
Ex : avoir beau, être à même de, faire attention, se rendre compte, l’échapper belle…
Analyse complète du verbe :
- Verbe à l’infinitif puis le groupe.
D’après la terminaison de l’infinitif, on distingue 3 groupes : 1
er
–er ; 2
ème
ir/issant ; 3
ème
ir,
oir, re, tous les verbes irréguliers.
Ex : venir : 3
ème
groupe.
- Voix
Voix active : le sujet fait l’action ou se trouve dans l’état indiqué par le verbe.
Voix passive : le sujet subit l’action indiquée par le verbe. L’action est accomplie par le
complément d’agent. Le verbe à la voix passive utilise pour se conjuguer l’auxiliaire être
(auxiliaire : aide à conjuguer les autres verbes).
Ex : Pierre me pousse.
Je suis poussé par Pierre. Le sujet devient complément d’agent ; le COD devient sujet.
Voix pronominale : le sujet est accompagné d’un pronom personnel réfléchi (ie qui désigne la
même personne que le sujet).
Ex : Paul le voit dans la glace / Paul se voit dans la glace.
- Mode
Conjugaison : ensemble des différentes formes que peut prendre un verbe.
Composition :
* radical (partie essentielle du verbe qui donne le sens du verbe ; en général, invariable,
s’obtient en retranchant la terminaison de l’infinitif présent).
* terminaison ou désinence (partie variable du verbe ; change selon le temps, le mode la
personne)
Le mode indique la manière de présenter l’action ou l’état du sujet.
Modes personnels (varient en personne et en nombre) :
Indicatif : mode de la réalité.
Subjonctif : exprime un fait incertain, désiré, possible, envisagé par l’esprit.
Ex : différence de construction entre « avant » et « après ».
Conditionnel : fait soumis à une condition, mode du possible.
Exemples
Avant que vous ne partiez, éteignez bien la lumière.
Après qu’il eut fini son devoir, il sortit.
Si tu le voulais vraiment, tu pourrais réussir.
Impératif : mode de l’ordre ou de la défense.
Modes impersonnels (ne varient pas en genre et en nombre) :
Infinitif : idée verbale pure.
Participe : tient du verbe et de l’adjectif.
Ex : Convainquant l’auditoire, l’avocat a gagné son procès.
Ta démonstration n’est guère convaincante.
Il l’a emporté en convainquant le jury.
Participe pris comme adjectif.
Gérondif : forme adverbiale. C’est le participe présent précédé de « en ». Précise les
circonstances du fait exprimé par le verbe.
- Temps
Indique à quel moment se passe l’action (passé, présent, futur).
On distingue :
* les temps simples (un seul mot)
* les temps composés (auxiliaire + participe passé)
- Personne
3 personnes.
Le nom (ou substantif)
Nom : mot variable qui désigne, qui nomme un être animé ou une chose.
Distinction :
* noms communs
* noms propres
Noms communs : désignent des objets de pensée qui conviennent à tous les êtres animés et
toutes les choses d’une même espèce.
Noms propres : désignent non plus des objets de pensée mais individuellement une personne,
un référent unique. Prennent une majuscule.
Passage possible de l’un à l’autre. Ex : un don juan (désigne alors un type), un renard.
Autre distinction :
* noms concrets (désignent des êtres vivants ou des objets)
* noms abstraits (expriment des idées, des qualités)
Autres critères :
*genre (masculin/féminin)
* nombre (singulier/pluriel)
L’adjectif
L’adjectif ne permet pas de désigner. Il indique une propriété du nom qu’il qualifie. Il
vient ajouter une précision de sens ; ne peut être employé seul.
Il varie en genre et en nombre.
Forme la plus fréquente : adjectif qualificatif (exprime une qualité du nom).
Degrés de signification (positif, comparatif, superlatif).
Fonctions :
Epithète : placé à côté du nom.
Epithète détachée (garder le terme d’apposition pour le nom) : une pause vocale
(marquée à l’écrit par des virgules, ou tirets ou parenthèses) l’isole du reste de la
phrase. Mobilité.
Attribut
Ex : Des ballons rouges flottent dans le ciel.
Il passe pour intelligent.
Emerveillés, les enfants regardaient la vitrine.
Les déterminants (ou adjectifs déterminatifs)
Rappel sur les appellations de déterminant et d’adjectif.
Classe de mots toujours placés avant le nom. Ils présentent le nom dans une situation donnée
et permettent d’identifier précisément la personne ou la chose dont on parle.
Opposition entre l’emploi virtuel du mot (comme dans le dictionnaire) à sa référence actuelle
(mon chat, ce chat).
Déterminer : dire lequel c’est.
Article : défini, indéfini, partitif.
Déterminant possessif
Déterminant démonstratif
Déterminant indéfini (aucun, chaque, nul, certain, tout, quelque…)
Déterminant exclamatif (exprime une émotion, un sentiment)
Déterminant interrogatif
Déterminant numéral (sert à compter ; désigne le nombre –cardinal- ou le rang précis
–ordinal-)
Fonction : déterminer le nom.
Le pronom
Etymologiquement : mis pour le nom. Remplace un nom. Mais certains pronoms ne
remplacent aucun mot, ils désignent directement.
Ex : Personne, rien, tout.
Le pronom est un mot variable qui joue le rôle d’un nom.
Pronom personnel : représente la personne qui parle, à qui l’on parle, de qui l’on parle.
Pronom démonstratif : montre la personne, la chose dont on parle.
Pronom possessif : indique à qui appartient la personne ou la chose qu’il remplace.
Pronom indéfini : désigne d’une manière vague.
Pronom interrogatif : sert à interroger.
Pronom numéral : déterminant numéral sans nom devient un pronom.
Pronom relatif (qui, que, quoi, dont, où, lequel) : remplace un nom ou un pronom,
appelé son antécédent /introduit une proposition subordonnée relative en la rattachant
à la principale. A une fonction dans cette proposition.
2) Les mots invariables
L’adverbe (ou locution adverbiale)
Mot invariable qui modifie le sens d’un verbe, d’un adjectif ou d’un autre adverbe.
Ex : J’aime beaucoup lire.
Il est très intelligent.
Il est bien trop paresseux.
La préposition (ou locution prépositive)
Mot invariable qui sert à introduire un complément. L’adverbe ne gouverne aucun mot.
La préposition marque une dépendance entre les termes.
Fonction : introduit un complément.
Ex : Sur la table était joliment disposé un bouquet de fleurs, facile à voir.
La conjonction
C’est un outil de liaison.
- Conjonction de coordination
Relie deux éléments placés sur le même plan syntaxique, ie occupant les mêmes fonctions
dans la phrase.
Ex : Mes parents et moi-même quitterons Paris ce soir.
Mes parents ne partiront pas, mais visiteront Paris.
Fonction : coordonne tel élément à tel autre.
- Conjonction de subordination
Relie deux propositions situées sur des plans syntaxiques différents. Etablit une
dépendance grammaticale.
Fonction : introduit une proposition.
Ex : Quand il pleut, je ne peux pas me promener.
L’interjection
Mot invariable qui exprime une émotion, un sentiment.
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