Environmental Protection Agency, de l'Agency for Toxic
Substances and Disease Registry et de Health Canada.
Dans un deuxième temps, des entretiens téléphoni-
ques ont été conduits avec les responsables des
programmes identifiés ou des responsables institution-
nels afin de renseigner les prolongements sanitaires
éventuels des dispositifs de surveillance environnemen-
tale, de surveillance sanitaire spécifique et, enfin, de
biosurveillance.
Résultats
Surveillance et alerte : des dispositifs
àdéfinir en fonction de leur objectif
L'étude, conduite par l'InVS sur le recensement des
menaces environnementales en 2009 [4], avait permis d'en
établir la définition suivante : « tout évènement ou
situation conduisant à une exposition aiguë ou chronique
à un agent ou des agents (physique, chimique ou
biologique) présents dans l'environnement, d'origine
naturelle ou anthropique, et susceptibles d'engendrer
des effets potentiels ou avérés sur la santé humaine ». La
menace est décrite par trois éléments :
–un potentiel dangereux (un agent, une source) ;
–le lieu identifié le plus précisément possible et qui est
l'endroit où le contact homme-environnement s'effectue ;
–un vecteur induisant une voie de contamination
(contact cutané, inhalation, ingestion...).
Pourtant,Q5 comment analyser ce que peut ^
etre un
système d'alerte associé à une ou des menaces ?
Étymologiquement, le terme « alerte » vient de estre a
l'herte,«^
etre sur ses gardes, sur le qui-vive ». L'usage plus
contemporain du mot fait référence à un « signal,
généralement sonore, ou appel avertissant d'un danger
imminent et engageant à prendre les dispositions
nécessaires pour l'éviter »
2
.
Deux acceptions du mot alerte, sensiblement diffé-
rentes, peuvent ^
etre retenues :
–l'une proche de l'expression d'origine qui désigne un
état de vigilance mais sans référence nécessaire à une
menace spécifique ;
–l'autre plus précise qui désigne le signalement d'une
menace qui a été identifiée et une réaction à ce
signalement.
Ainsi, seules les menaces connues, ou plus exacte-
ment décrites comme un système causal (cause, situation
d'exposition, effet), peuvent faire l'objet d'un dispositif de
surveillance à proprement parler dans une visée d'alerte
incluant un plan de gestion prédéterminé. C'est, par
exemple, le cas de la déclaration obligatoire du satur-
nisme, du système d'alerte canicule et santé et des
intoxications au monoxyde de carbone.
Les menaces mal définies ou inconnues ne peuvent,
elles, faire l'objet que de travaux d'étude à visée
d'acquisition de connaissances pour mieux les caracté-
riser. Une phase d'évaluation du risque est nécessaire
avant d'envisager tout dispositif de surveillance incluant
des mesures de gestion. La figure 1 permet de visualiser
cette distinction.
L'objectif de cette étude sur le recensement des
dispositifs d'alerte à l'étranger portait bien sur des
dispositifs afférents à des menaces connues et décrites,
et permettant justement de construire des protocoles
d'alerte préventifs dans une logique de gestion du risque.
À côté, a été trouvé un champ immense de travaux qui
s'intitulent dispositifs de surveillance au sens où ils
satisfont aux exigences de continuité et de régularité de
l'observation. Cependant, ils ne commandent pas
d'action directe de protection des populations exposées
aux menaces mesurées.
Pour bien faire comprendre cette différence, prenons
l'exemple du dispositif de surveillance de la pollution
atmosphérique dans neuf villes françaises appelé Pro-
gramme de surveillance air et santé (PSAS) animé par
l'InVS [7, 8]. Ce programme, mis en œuvre depuis 1997,
poursuit plusieurs objectifs. On peut citer l'étude des
risques sanitaires, à court et long termes, associés à
l'exposition à la pollution atmosphérique ; la réalisation
d'évaluations d'impact sanitaire de la pollution atmos-
phérique à l'échelle locale ou nationale ; l'appui aux
services déconcentrés de l'État et aux acteurs locaux pour
la gestion de la qualité de l'air ; la réalisation d'une analyse
critique de la littérature sur les effets sanitaires de la
pollution atmosphérique ; la coordination du travail, de la
synthèse et la publication régulière des résultats.
Ce programme peut ainsi ^
etre décrit comme un
dispositif de surveillance –il a une visée d'étude et
d'approfondissement des connaissances –mais il ne
commande pas directement, en réaction aux mesures
observées, des actions de protection sanitaire immédia-
tes. Ce sont les associations de surveillance de la qualité
de l'air qui, à travers le réseau de mesures mis en place,
déclenchent l'alerte en cas de dépassement de seuils
réglementaires fixés à partir notamment des travaux du
PSAS. Il est un outil d'aide à la décision situé en amont des
dispositifs d'alerte opérationnels, et non, en soi, un
système opérationnel de gestion de la santé et/ou de
l'environnement.
Il y a donc, d'une part, les dispositifs de surveillance à
visée d'étude et d'observation, d'aide à la décision et les
travaux scientifiques qui contribuent à l'évaluation des
risques et, d'autre part, les dispositifs de surveillance
opérationnels qui ont une visée d'alerte pour engager
rapidement des actions de protection des populations. Si
le travail de recensement à l'étranger permet de mettre au
jour de vastes champs de recherches et de travaux qui
n'ont pas toujours leur équivalent en France en termes de
2
Trésor de la langue française informatisé (http://atlif.atlif.fr), la
première occurrence du mot est datée en 1552.
Environ Risque Sante –Vol. xx, n8xx, xxx-xxx 2012 3
Menaces environnementales et systèmes d'alerte : conceptualisation et enjeux