Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire - 2010 ; 14 : 60-62
Endocardite infectieuse
M. K. Kangah et Coll.
Cas Clinique
61
Figure 3 : plaie transfi xiante biventriculaire
Suture directe de la plaie du ventricule gauche après luxation
cardiaque
Figure 2 : plaie transfi xiante biventriculaire
Suture directe de la plaie du ventricule droit
posée et l’intervention chirurgicale a été réalisée 1heure après
l’admission sur cœur battant. Après sternotomie médiane
verticale et ouverture du péricarde il a été aspiré environ 200
ml de sang et de caillots. Dès lors, il a été noté une plaie ovale
de la face antérieure du ventricule droit d’où giclait le sang.
Celle-ci a été suturée avec un fi l en polypropylène n° 4/0 par
un surjet aller-retour. Elle mesurait environ 8 mm / 4 mm.
Après une rapide luxation du cœur, il a été découvert une
autre plaie d’environ 10mm/5mm à la face postéro- latérale
du ventricule gauche qui a été aussi suturée selon la même
technique (Fig. 2 et 3). La fermeture du thorax a été faite sur
deux drains dont l’un dans le péricarde et l’autre en retro
sternal.
Les suites opératoires ont été simples. L’ECG réalisée
le lendemain de l’intervention chirurgicale présentait à
décrire un bloc de branche droite incomplet. L’échographie-
Doppler cardiaque réalisée au 8ème jour postopératoire à
la recherche d’un shunt éventuel à l’étage ventriculaire était
revenue négative. Le patient a été autorisé à sortir de l’institut
au 10ème jour postopératoire. Il a été revu en consultation
une fois par mois pendant 3 mois. Un examen clinique, un
ECG, une radiographie du thorax et une échocardiographie-
Doppler étaient réalisés à chacune de ces consultations à
la recherche d’éventuelles complications ou séquelles. En
dehors de l’ECG qui montrait la persistance du bloc de
branche droite incomplet tous les autres examens étaient
normaux.
3. Discussion
Une plaie pénétrante du cœur doit être suspectée lorsqu’il
existe une plaie ou un orifi ce d’entrée au niveau sus
ombilical, cervical et surtout thoracique dans la région
précordiale [1]. Cette suspicion devrait être d’autant plus
forte que le trajet supposé se fait en direction du cœur .Nous
étions en présence d’un traumatisé du thorax par arme à feu
dont l’orifi ce d’entrée, certes petit, siégeait dans la région
medio-sternale. Le patient était par ailleurs en état de choc
cardiovasculaire. Notre conduite thérapeutique n’eu donc
souffert d’aucun retard dès l’admission du patient.
Selon Evans J. et coll. [1] la mortalité globale des patients
traumatisés cardiaques était de 30 %, si on tenait compte
des décès extra et intra-hospitaliers précoces et cela sans
préjuger des types de lésions anatomiques. En effet certains
blessés thoraciques porteurs de plaie cardiaque, peuvent
vivre suffi samment longtemps pour pouvoir bénéfi cier d’un
traitement approprié [5].Cependant l’insuffi sance voire
le manque de services spécialisés pour la prise en charge
chirurgicale [6], et aussi l’insuffi sance des moyens de transport
aérien médicalisé entre les villes et les quelques rares centres de
chirurgie thoracique et cardiovasculaire dans les pays en voie
de développement rendent exceptionnelle toute survie au
delà de 10 heures après une plaie transfi xiante des ventricules
du cœur. Dans notre pratique chirurgicale depuis près de
30 ans ce patient était le premier cas de plaie transfi xiante
bi ventriculaire qui soit arrivé vivant dans notre institution
et qui soit opéré avec succès. Trois raisons principales
pourraient expliquer ce cas de survie que nous avons observé :
Premièrement la tamponnade a été retardée à cause du petit
diamètre des plaies ventriculaires en rapport avec la taille
et la vélocité réduites de l’agent vulnérant et aussi à cause
de la structure histologique atteinte ; En effet la nature du
saignement produit par la lésion dépend de la structure
cardiaque atteinte et de l’importance de la lacération. Une
atteinte auriculaire provoque un saignement continu, car la
paroi auriculaire est fi ne et les pressions basses, alors qu’une
lésion ventriculaire transfi xiante est souvent occluse par
l’épaisseur du myocarde lors de sa contraction [7]. Secundo
la réanimation tôt initiée par le service référant. Et enfi n la
troisième raison c’est la prise en charge chirurgicale qui s’est
faite dans un délai très bref après l’admission du patient.
Le trouble de la conduction à type de bloc de branche droite
incomplet confi rme la lésion du faisceau de Hiss et donc
l’atteinte septale [2]. Cependant une plaie de petit diamètre
de la partie musculaire du septum inter ventriculaire
pourrait se fermer rapidement et spontanément eu égard
aux actions combinées de la contraction musculaire septale
lors de la systole et au jeu de pression de part et d’autre du
septum. Il faut néanmoins craindre des séquelles tardives
à type de shunts, de fi stules résiduelles, d’anévrismes ou
pseudo-anévrismes ventriculaires et de syndrome post-
péricardotomique qui peuvent survenir des semaines
voire des années plus tard [8]. Une surveillance clinique,
électrocardiographique et échocardiographique était donc
nécessaire chez ce patient.
Ce cas de plaie transfi xiante bi ventriculaire du cœur par
arme à feu qui a pu survivre confi rme la nécessité d’un
diagnostic précoce, d’une réanimation rigoureuse mais brève,