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Résumé
Le système immunitaire se doit d’être étroitement régulé afin d’éviter que des
réponses immunologiques inappropriées ou de trop forte intensité ne surviennent. Ainsi,
différents mécanismes permettent de maintenir une tolérance périphérique, mais aussi
d’atténuer la réponse lorsque celle-ci n’est plus nécessaire. De tels mécanismes sont
cependant aussi exploités par les tumeurs, qui peuvent ainsi échapper à une attaque par le
système immunitaire et donc poursuivre leur progression. Ces mécanismes
immunosuppresseurs nuisent non seulement à la réponse naturelle contre les cellules
tumorales, mais font aussi obstacle aux tentatives de manipulation clinique de l’immunité
visant à générer une réponse anti-tumorale par l’immunothérapie.
L’un des mécanismes par lesquels les tumeurs s’évadent du système immunitaire est
l’expression d’enzymes responsables du métabolisme des acides aminés dont l’une des
principales est l’indoleamine 2,3-dioxygénase (IDO). Cette dernière dégrade le tryptophane
et diminue ainsi sa disponibilité dans le microenvironnement tumoral, ce qui engendre des
effets négatifs sur la prolifération, les fonctions et la survie des lymphocytes T qui y sont
présents. Bien que la régulation de l’expression de cette enzyme ait été largement étudiée
chez certaines cellules présentatrices d’antigènes, dont les macrophages et les cellules
dendritiques, peu est encore connu sur sa régulation dans les cellules tumorales humaines.
Nous avons posé l’hypothèse que différents facteurs produits par les cellules
immunitaires infiltrant les tumeurs (TIIC) régulent l’expression de l’IDO dans les cellules
tumorales. Nous avons effectivement démontré qu’une expression de l’IDO est induite chez
les cellules tumorales humaines, suite à une interaction avec des TIIC. Cette induction
indépendante du contact cellulaire résulte principalement de l’interféron-gamma (IFN-γ)
produit par les lymphocytes T activés, mais est régulée à la baisse par l’interleukine (IL)-
13. De plus, la fludarabine utilisée comme agent chimiothérapeutique inhibe l’induction de
l’IDO chez les cellules tumorales en réponse aux lymphocytes T activés. Cette observation
pourrait avoir des conséquences importantes en clinique sachant qu’une forte proportion