3. Les roches

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Connaissance géologique de La Réunion - Livret de l'enseignant
3. Les roches
À l'exception de quelques récifs coralliens actuels (Saint-Gilles, Saint-Leu et SaintPierre) ou fossiles, La Réunion est une île entièrement formée de roches volcaniques
ou apparentées et des produits qui en dérivent. C'est ainsi que la partie aérienne de
l'île de La Réunion est pour l'essentiel formée par un empilement de coulées de
laves, de projections volcaniques et de brèches* de démantèlement.
3.1. LA CLASSIFICATION DES ROCHES VOLCANIQUES
Les produits volcaniques de La Réunion recouvrent une assez grande diversité
pétrologique allant des basaltes* à des comendites* en passant par des hawaiites*,
des mugéarites*, des benmoréites* et des trachytes*.
Les classifications des roches volcaniques reposent sur plusieurs critères. Ainsi, les
classifications peuvent être minéralogiques (d'après les minéraux contenus dans les
produits volcaniques), chimiques (d'après le chimisme des roches) ou encore
génétiques (d'après le mode de mise en place).
3.2. UNE GRANDE DIVERSITÉ DE COMPOSITIONS MINÉRALOGIQUES
La classification minéralogique des laves repose sur la nature et la quantité de
minéraux présents dans les produits volcaniques (figure 6). À La Réunion, les
produits volcaniques sont des basaltes, des hawaiites, des mugéarites, des
benmoréites des trachytes, des comendites.
Roches
Phénocristaux possibles
Mésostase
Basalte
Hawaiite
Mugéarite
Benmoréite
Trachyte
Comendite
ol cpx plag mt
plag cpx mt ol
plag cpx
plag fsp cpx
fsp bio cpx
fsp (bio)
ol cpx mt ilm plag ap
cpx plag mt il mol ap fsp amph
cpx plag mt ilm ap fsp amph
cpx plag mt ilm ap fsp (qtz)
fsp bio cpx plag mt ilm ap (qtz)
fsp plag cpx ap amph qtz zircon
© BRGM - 2005
(fsp = feldspaths* alcalins ; amph = amphibole* ; ap = apatite* ; bio = biotite* ;
cpx = clinopyroxène* ilm = ilménite ; mt = magnétite* ; ol = olivine* ; opx=
orthopyroxène* ;plag = plagioclase* ; qtz = quartz*)
Figure 6 - Assemblages minéralogiques observés dans les différentes
roches volcaniques de La Réunion.
Kit Pédagogique Sciences de la Terre
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3.3. LES BASALTES
L'essentiel de l'édifice volcanique de La Réunion est constitué de basaltes à olivine*
(figure 7), d'océanites (figure 8) et de basaltes aphyriques*. Les océanites sont une
variété de basalte qui contient beaucoup de mégacristaux d'olivine (basalte à olivine
contenant plus de 20%), visibles à l'œil nu, englobés dans une pâte finement
cristallisée contenant des microlites* de plagioclase*, du clinopyroxène*, de l'olivine et
des minéraux opaques*.
© BRGM - 2005
© BRGM - 2005
Figure 7 - Échantillon de basalte à olivine
prélevé sur la coulée 2002
dans le Grand Brûlé.
Figure 8 - Échantillon d’océanite
prélevé sur la coulée 1977
à Piton Sainte-Rose.
Les basaltes à olivine contiennent surtout des phénocristaux d'olivine auxquels
s'ajoutent du clinopyroxène et du plagioclase.
Les basaltes de La Réunion se situent à tous les niveaux stratigraphiques, en dykes*,
en sills*, en coulées et sous forme de projections, de la base de l’édifice à son
sommet (figure 9).
© BRGM- 2005
Figure 9 – Schéma d’un dyke et d’un sill
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La matrice, finement cristallisée, renferme des
microlites de clinopyroxène, de plagioclase calcique,
d’oxydes et d’olivine (figure 10). Les vésicules*
peuvent être nombreuses. La présence de
mégacristaux d’olivine confère à la roche une
structure microlitique porphyrique*. Ces cristaux sont
parfois
automorphes*,
mais
plus
souvent
xénomorphes* et corrodés. Dans ce cas, ils
renferment souvent des inclusions de spinelle
chromifère. Le clinopyroxène est parfois présent,
ainsi que des oxydes, toujours en quantité moindre
que l’olivine.
© LSTUR - 2005
Figure 10 - Photographie au microscope en lumière polarisée d’une lame mince
de basalte à olivine.
3.4. LES LAVES DIFFÉRENCIÉES : DES HAWAIITES AUX TRACHYTES
Leur volume par rapport aux basaltes est faible (inférieur à 10 %) mais comme il
s'agit des derniers produits émis par le Piton des Neiges, ils tendent à recouvrir les
basaltes antérieurs et donc à être surreprésentés en surface.
Les hawaiites (figure 11) sont abondantes sur les pentes externes du Piton des
Neiges.
Elles se rencontrent sous deux faciès :
- un faciès porphyrique* à très grands cristaux automorphes de plagioclases
représentant jusqu'à 50 % du volume de la lave. Elles ont été appelées « Roches
Pintades » et utilisées anciennement comme repère stratigraphique ;
- un faciès aphyrique compact avec une texture* fluidale soulignée par des
baguettes de plagioclase.
Cette lave possède une structure microlitique
porphyrique avec des mégacristaux de plagioclase
calcique (labrador), de clinopyroxène, d’oxydes et
d’olivine. Ils sont le plus souvent sub-automorphes ou
xénomorphes ; les olivines sont ici assez largement
altérées, envahies d’oxydes sur leur pourtour ou le long
des craquelures. Ces cristaux sont inclus dans une
matrice riche en oxydes, où ont également cristallisé
des plagioclases calciques, des pyroxènes, de l’olivine
et des oxydes.
© LSTUR - 2005
Figure 11 - Photographie au microscope en lumière polarisée d’une lame mince d’hawaiïte.
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Les mugéarites sont abondantes sur les parois hautes des cirques et sur les pentes
externes du Piton des Neiges (figure 12). Le magma* juvénile présent dans les
ignimbrites du cirque de Salazie a lui aussi une composition de mugéarite.
© BRGM- 2005
Figure 12 - Affleurement de mugéarite
au lieu-dit Pente Carozin dans le cirque de Salazie.
Cette roche possède une structure microlitique avec une
matrice assez largement cristallisée, envahie par les
microlites de plagioclase (andésine*, labrador), de
clinopyroxène, d’olivine et d’oxydes (figure 13). Le plus
souvent, ces laves sont aphyriques. Toutefois, de rares
mégacristaux de plagioclase (andésine, labrador)
peuvent être présents. Ils sont le plus souvent subautomorphes ou xénomorphes.
© LSTUR - 2005
Figure 13 - Lame mince de mugéarite photographiée au microscope en lumière polarisée.
Les benmoréites sont peu abondantes. Elles apparaissent en coulées au sommet
des remparts et sur les planèzes* du Piton des Neiges.
Les trachytes sont plus riches en silice que les précédentes, plus visqueux et se
rencontrent donc plutôt sous la forme de dômes-coulées (plateau de Bélouve)
(figure 14). Ils se trouvent aussi sous forme de dykes et de sills dans le cœur des
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trois cirques du Piton des Neiges. Des pyroclastites trachytiques peuvent être
observées à l'exutoire des cirques : nuées de ponces* et de blocs* de Saint-Pierre et
Saint-Louis. Les trachytes prennent souvent une couleur rosée en s’altérant.
© LSTUR - 2005
© BRGM - 2005
Figure 14 - Échantillon de trachyte prélevé
dans le lit de la rivière des Fleurs Jaunes,
cirque de Salazie.
Figure 15 - Photographie au microscope
en lumière polarisée d’une lame mince
de trachyte.
Cette roche peut présenter une matrice assez largement cristallisée, envahie de microlites de feldspath
alcalins et de plagioclases montrant une orientation marquée (figure 15). Ils sont accompagnés de
clinopyroxènes, d’oxydes, d’amphiboles, d’olivine, d’apatite* et de quartz*. Les mégacristaux sont
constitués de feldspaths alcalins (anorthose* principalement) et de feldspath plagioclase (andésine et
oligoclase), parfois accompagnés de pyroxènes et d’amphibole.
3.5. UN GRAND ÉVENTAIL DE COMPOSITIONS CHIMIQUES
La petite taille des minéraux des laves et l'abondance de verre* font qu'il est souvent
plus facile mais pas forcément plus rigoureux (car il faut alors faire abstraction de
l'altération des roches) de nommer les roches volcaniques en fonction de leurs
compositions chimiques. Ce mode de classification repose principalement sur les
teneurs en silice et en éléments alcalins, principalement le sodium et le potassium.
Reportées dans un diagramme SiO2 (Na2O + K2O) (figure16), les laves de La Réunion
montrent une localisation préférentielle dans le domaine des séries faiblement
alcalines.
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16
Piton des Neiges
14
12
Na2O+K2O (%)
Piton de la Fournaise
Phonolite
Foidite
10
Tephritic phonolite
Trachyte
Phonolitic tephrite
8
Benmoreite
Basanite - Tephrite
Rhyolite
Mugearite
6
Alkaline basalt
Hawaiite
4
Dacite
Andesite
Basaltic andesite
Picrobasalt
2
Sub-alkaline Basalt
0
40
© BRGM - 2005
45
50
55
60
65
70
75
SiO2 (%)
Figure 16 – Diagramme SiO2 (Na2O + K2O)
3.6. LE RÉCIF
L'île est bordée sur sa côte occidentale et sud par un modeste récif frangeant
(figure 17). Il est plat ; sa largeur n'excède jamais 200 mètres et la profondeur du
lagon ne dépasse pas deux mètres. De la haute mer vers la côte, on relève tout
d'abord un front récifal qui résulte de l'écroulement du platier* vivant battu par les
vagues. Lui succède un platier compact. Celui-ci est colonisé par des mélobésiées*
concrétionnaires, des hydrocoralliaires* et des madréporaires* (figure 18). La partie
arrière du récif comprend des platiers nécrosés. Les datations du récif montrent qu’il
s'est édifié au cours du Pléistocène et plus précisément depuis 8 500 ans, à une
vitesse moyenne de croissance verticale de 0,4 cm/an.
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© IGN - 1997, modifié par le BRGM - 2005
Figure 17 - Répartition des récifs coralliens
sur la côte ouest de La Réunion.
Le corail : une pierre vivante
© BRGM - 2005
Figure 18 - Schémas des étapes de la construction du récif corallien.
Sur 16 kilomètres, entre la Pointe de Trois-Bassins à la Pointe Barre à Mine (SaintPaul) s’étend la zone principale des plages coralliennes de La Réunion avec un
continuum sableux partant de Trois-Bassins jusqu’à Boucan Canot. Le massif du Cap
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La Houssaye fixe la limite Nord de ces plages. Deux types principaux de plages
coralliennes se rencontrent dans cette zone : il s’agit des plages relativement
évoluées de La Saline / l’Hermitage (figures 19 et 20) et présentant une extension
sous-marine appelée à tort « lagon» localement (un lagon est l’espace marin situé
entre la terre et un récif barrière, or le récif de La Saline / l’Hermitage est un récif
frangeant). De part et d’autre les plages de Trois-Bassins et de Saint-Gilles (figure
21) (de Roches Noires à Boucan Canot) sont moins évoluées et ne possèdent qu’une
extension sous-marine limitée aux passes dans le récif au débouché des ravines
(figure 22).
© BRGM - 2005
© BRGM - 2005
Figure 19 - La barrière de corail,
plage de La Saline.
Figure 20 - Le débouché d’une rivière dans le
lagon et la rencontre de l’eau douce et de
l’eau salée créent une interruption dans la
barrière de corail : la passe de l’Hermitage.
© BRGM - 2005
Figure 21 - La plage de Boucan Canot
© BRGM - 2005
Figure 22 - La passe de Saint-Gilles
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3.7. PLAGES DE SABLES
Les plages de sable noir
Du point de vue minéralogique, il n'existe pas de sable purement siliceux à La
Réunion. Tous les sables existants sont d'origine basaltique et sont constitués par
des débris de basalte, des cristaux d'olivine, d'augite* et des oxydes métalliques, d’où
leur couleur noire (figure 23) ou verte (figures 24 et 25) quand les olivines sont
abondantes. De tels sables marins sont situés sur la côte ouest de l'île où ils forment
quelques plages et une bande de dunes côtières dans la région de l'Etang-Salé (cf. p
28).
© BRGM - 2005
Figure 23 - Plage de sable noir volcanique à la Ravine des Sables.
© BRGM - 2004
Figure 24 - Dunes de sable vert riche en olivines
à la Ravine des Sables.
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© BRGM - 2004
Figure 25 - Sable vert vu à la loupe binoculaire contenant
une forte proportion de minéraux d’olivine roulés,
émoussés par la houle et le vent.
Les plages de sable blanc
Certains de ces sables sont mélangés à des débris coralliens ou coquilliers. Dans la
région de Saint-Gilles et de Saint-Leu, ces débris calcaires sont nettement
prépondérants et le sable présente alors une couleur blanche (figure 26).
© BRGM – 2004
Figure 26 - Sable blanc corallien vu à la loupe binoculaire.
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