Immunologie La boite à outils des immunologistess V. Garlatti 2012 I. Détection, mesure et caractérisation des antigènes et des anticorps associés A. 1. a) Détection directe de l'interaction antigène-anticorps Les réactions de précipitation Dénition C'est la formation d'un réseau entre un antigène soluble et des Immunoglobulines. La formation du réseau dépend du rapport des concentration entre l'antigène et l'anticorps (Figure 1.a). b) Milieu liquide Le ring-test ou test de l'anneau : Les deux phases (phase inférieure conte- nant l'anticorps et phase supérieure contenant l'antigène) ne sont pas mélangées. L'antigène descend lentement au contact de l'anticorps pour former un complexe Ac-Ag à la zone d'équilibre de la courbe de précipitation. La position de l'anneau indique la présence de l'Ag ou de l'Ac que l'on recherche. Cet ancien test, surtout qualitatif, est un peu quantitatif par la position de l'anneau : plus il y a d'antigène, plus l'anneau est bas. Techniques de néphélémétrie : Un rayon laser traverse le tube contenant d'éventuelles particules du précipité. La diraction de la lumière par les particules (nephelos :nuage) est mesurée à la sortie. Plus il y a de précipité Ac-Ag, plus il y aura de signal sur le photomultiplicateur (appareil qui mesure la diraction). La mesure, rapide et automatisée, permet un dosage quantitatif. c) i Milieu gélié Immunodiusion radiale simple : Mancini On utilise un gel d'agarose qui contient déjà un anticorps : des puits sont percés dans lesquels on met l'antigène. L'antigène diuse dans le gel, déplaçant la zone d'équilibre. après 48 heures les rayons des anneaux de précipitation, qui se sont progressivement éloignés du puits, sont mesurés car ils sont proportionnels à la quantité d'antigène. On peut tracer une courbe d'étalonnage gràce à des échantillons de concentration connue en antigène et utiliser cette courbe pour déterminer la concentration en antigène d'intérêt dans un échantillon. ii Immunodiusion radiale double : Ouchterlony Dans de l'agarose, on découpe des puits : dans l'un des puits est placé un anticorps et dans l'autre puits est versé un antigène. Un précipité apparaît dans la zone d'équilibre. Ce test est qualitatif et semi-quantitatif : l'arc se déplace selon les 1 concentrations relatives pour se situer le plus près du puits où la concentration est la plus faible. Lors de l'utilisation d'une série de puits contenant des antigènes disposés en couronne au tour d'un puits central contenant l'anticorps, la lecture peut révéler : - Une identité totale : lorsque les deux lignes de précipitation se rejoignent et fusionnent pour ne former qu'une seule ligne continue, donc les deux puits contiennent des antigènes identiques qui diusent à la même vitesse et possèdent le même poids moléculaire. - Une non identité : les deux préparations antigéniques sont diérentes (leurs déterminants sont diérents). Chaque système de précipitation évolue pour son propre compte et les deux lignes de précipitation se croisent. - Une identité partielle : dans ce cas, les deux puits contiennent des antigènes qui présentent des déterminants antigéniques identiques, mais qui dièrent par quelques déterminants particuliers que possède un des deux antigènes ce qui entraîne la formation de l'éperon. iii Immunoélectrophorèse Il existe plusieurs méthodes d'immunoélectrophorès. La méthode présentée ici est la méthode de Grabar et William. Cette technique est utilisée pour la détection clinique des protéines sériques : détection d'immunodécience (en anticorps par exemple) ou de maladies immunoprolifératives (lymphomes). C'est une technique qui est surtout qualitative et partiellement quantitative. Selon la forme et la taille des arcs de précipitation, on peut en déduire une diminution ou une augmentation de la quantité de l'antigène analysé. 2. a) Les réactions d'agglutination Dénition C'est une réaction de précipitation visible entre un antigène particulaire et un anticorps qui est alors appelé agglutinine. Ce mécanisme dépend de la concentration en anticorps, un excès d'anticorps inhibe l'agglutination : on parle d'eet prozone. b) Agglutination directe C'est une méthode qualitative dans laquelle on mélange l'anticorps et l'antigène particulaire pour voir si l'agglutination a lieu. Elle est utilisée pour la détermination des groupes sanguins et la titration des sérums. 2 (a) Théorie du réseau (c) Immunodiusion radiale double : Ouchterlony (b) Immunodiusion simple : Mancini (d) Test de l'anneau radiale (e) Immuno-électrophorèse Figure 1: La détection directe de l'interaction antigène-anticorps via des techniques de précipitation i Hemmaglutination An de tester les groupes sanguins, les hématies du patient sont mélangées à un anticorps anti-A ou un anticorps anti-B ainsi qu'une solution sans anticorps. Si la réaction est positive on observera une agglutination des hématies. Une agglutination positive provoque un tapis qui colle au support : tache large alors que lorsque que l'hémagglutination n'a pas lieu les hématies forme une tache plus petite. ii Agglutination bactérienne En cas d'infection bactérienne, le système immunitaire s'active et fabrique des anticorps pour éliminer l'intrus. Le plus souvent, ce sont ces anticorps qu'on es3 (a) Hemagglutination (b) Agglutination indirecte (c) Inhibition d'agglutination Figure 2: La détection directe de l'interaction antigène-anticorps via des techniques d'agglutination saie de détecter pour déterminer la nature de la souche infectieuse. Pour cela, on prélève le sérum du patient qu'on mélange à une culture pure de la souche bactérienne recherchée. Si des anticorps contre ces bactéries sont présents, on observe une agglutination des bactéries. Dans ce cas, on peut de plus déterminer un titre en agglutine en réalisant des dilutions en série du sérum. On dénit le titre en agglutinine dans le sérum comme l'inverse de la dilution la plus grande qui donne une réaction positive. Ce type de test peut aussi être utilisé pour identier une souche bactérienne si l'on dispose d'anticorps spéciques contre cette souche. c) Agglutination indirecte L'agglutination indirecte permet de faire agglutiner des antigènes solubles. Pour cela, il y a deux solutions : soit on xe l'antigène sur des billes ou des hématies ; soit on xe l'anticorps sur des billes ou des hématies. C'est aussi une méthode qualitative. d) Inhibition de l'agglutination L'inhibition d'agglutination consiste a utilisé un test qui contient à la fois l'antigène sous forme particulaire et les anticorps. Lorsque qu'on ajoute l'échantillon à tester, 4 l'antigène soluble s'il est présent va inhiber l'agglutination. C'est ce qui était utilisé dans les premiers tests de grossesse. 3. Immunocytolyse Dans les immunocytolyses on cherche à identier la présence d'anticorps contre un déterminant antigénique d'intérêt. Pour cela, le déterminant antigénique est xé sur une hématie. On ajoute le sérum à tester ainsi que les protéines du complément. Si les anticorps sont présents, le complément pourra lyser l'hématie via la voie classique. B. 1. Détection indirecte de l'interaction antigène-anticorps La technique ELISA : Enzyme-Linked ImmunoSorbant Assay Le but de cette technique est de doser les anticorps ou les antigènes : c'est une technique quantitative. Dans cette technique, un anticorps est couplé à une enzyme qui est capable de transformer un substrat incolore en un produit coloré. Cette technique permet de doser un anticorps dans le serum si on utilise la technique ELISA dite indirecte (gure 3a). Les techniques ELISA dites sandwich (gure 2b) ou par compétition permettent de doser l'antigène.La technique de compétition comporte les mêmes étapes qu'un test indirect sauf que l'anticorps utilisé n'est pas un anticorps du patient mais un anticorps primaire de laboratoire qui est pré-incubé avec le serum du patient. Si l'antigne est présent dans le sérum, il sature les sites de l'anticorps primaire qui ne se xe donc pas au fond du puit. Pour une meilleure sensibilité on peut utiliser un produit luxogène (chimioluminescence). 2. La technique RIA : Radio Immunoassay La technique RIA permet de doser les antigènes. C'est une des techniques quantitatives les plus spéciques. Elle est très proche de la technique ELISA par compétition. L'antigène à doser ainsi que le même antigène de concentration connue et sous forme radioactive sont ajoutés à des anticorps adsorbés au fond d'un puit. On mesure l'inhibition de la xation de l'antigène radioactif. 3. Western Blot et Dot Blot Le western-blot et le dot-blot sont des techniques permettant d'identier la présence d'un antigène protéique. Pour le dot-blot l'échantillon de protéine est directement déposé sur une membrane. Pour le western-blot, les protéines sont d'abord séparées par électrophorèse, puis on tranfert ces protéines sur une membrane enn on réalise en marquage soit direct via un antigène primaire couplé à une enzyme soit via un antigène primaire puis un antigène secondaire couplé à une enzyme dirigé contre l'antigène primaire. 5 (a) ELISA indirect (b) ELISA sandwich (c) RIA Figure 3: Les techniques de dosage indirects 4. Immunouorescence Les marquages par immunouorescence se font avec un anticorps primaire couplé à un uorophore ou un anticorps secondaire couplé à un uorophore. Ils permettent des marquages de cellules an de les visualiser au microscope ou à l'aide d'un cytomètre de ux. De plus en plus, les marquages uorescencents sont également utilisés pour le western-blot. 6 (a) Etapes du Western-blot (b) Detection Figure 4: Le western-blot C. Les techniques de purication Chromatographie d'anité :la chromatographie d'anité est une technique de purication sur colonne. Les billes formant la résine sont recouvertes soit de l'antigène reconnu et dans ce cas on purie l'anticorps ; soit de l'anticorps et dans ce cas on purié l'antigène (cf biochimie). Immunoprécipitation : Une technique proche de l'agglutination indirecte. Des anticorps contre l'antigène d'intérêt (par exemple une protéine cellulaire) sont xés sur une bille d'agarose ou sur une bille magnétique. Les billes sont incubées en présence d'un lysat cellulaire puis lavée. Pour les immunoprécipitation sur billes d'agarose la centrifugation permet d'isoler les billes. Pour les immunoprécipitations avec billes magnétiques, le mélange est déposé sur un support magnétique. L'antigène associé aux anticorps peut alors être isolé du reste du lysat cellulaire. 7 Figure 5: Technique de co-immunoprécipitation 8 II. Analyse des populations lymphocytaires A. Isolation des lymphocytes 1. Séparation grossière des populations à partir de tissus Séparation des cellules sanguines par centrifugation sur un gradient Ficoll-hypaque : Le gradient de Ficoll-hypaque permet de séparer les diérentes cellules sanguines. Isolation à partir d'autres tissus : Chez l'homme ou chez les animaux expé- rimentaux, les lymphocytes peuvent être isolés à partir des organes lymphoïdes. Dans ces organes, les diérentes populations lymphocytaires sont séparées dans l'espace (cf cours L2) et il faut séparés ces diérentes régions pour obtenir des populations lymphocytaires partiellement puriées. Les lymphocytes peuvent également être isolés à partir du site de l'inammation. 2. Isolation de lignées cellulaires homogènes de lymphocytes hybridomes : Les lymphocytes issus des tissus sont diciles à multiplier ex vivo. En réalisant des hybrides entre des lymphocytes (diérenciés ou non) et des cellules cancéreuses, il est possible de créer des lignées cellulaires homogènes de lymphocytes B ou T : par exemple des T eecteurs ou des plasmocytes spéciques d'un antigène donné. Ces hybrides cellulaires par contre ne permettent pas d'étudier la régulation de la division cellulaire par les antigènes car elles se divisent en continu et ne peuvent être injectées dans des animaux car ils donneraient lieu à des tumeurs. On peut par contre utiliser des clones de lymphocytes. Par exemple, à partir d'une population hétérogène d'une lignée de lymphocytes T, on peut sélectionner des populations spéciques d'un antigène en stimulant régulièrement la population avec celui-ci : on obtient une population clonale. Cytomètre de ux avec trieur de cellule : Le cytomètre de ux est un appareil qui permet d'analyser les cellules une à une. Chaque cellule passe devant un détecteur qui analyse plusieurs paramètres : la taille de la cellule (csh), la complexité de la cellule (fsh) et la uorescence de la cellule à diérentes longueurs d'ondes (en général rouge vert voire bleu). Le plus souvent les cellules sont marquées avant par immunouorescence. Certains cytomètres sont équipés d'un système de tri qui permet de séparer les cellules selon les paramètres analysés. B. Analyse fonctionnelle des lymphocytes Les lymphocytes B sont relativement faciles à analyser via les anticorps. La nature membranaire du récepteur des lymphocytes T, le TCR, rend leur étude plus complexe. 9 (a) Cytomètre de ux avec trieur de cellules (thermoscientic) (b) Hybridomes (Antibody Station) Figure 6: isolation de lignées lymphocytaires pures 1. Détermination de la fréquence de lymphocytes Ag-spéciques Méthode des dilutions limites : Les lymphocytes isolés sont répartis dans une plaque 96 puits avec des concentrations décroissantes en lymphocytes dans les puits. Une fois cette répartition eectuée, on ajoute l'antigène et on mesure le nombre de puits dans lesquels il n'y a aucune réponse à l'antigène : c'est à dire qui n'ont reçu aucune cellule spécique de l'antigène. On trace un graphique : pourcentage de cultures négatives en fonction du nombre de cellules. Ce test se sert de la loi de poisson, loi statistique de répartition des objets au hasard. ELISPOT : L'ELISPOT est un dérivé de la technique ELISA. Une population de lymphocyte T est stimulée par un antigène. An de compter le nombre de T qui réagissent à cet antigène, on va mesurer la sécrétion de cytokine. Pour cela, on utilise des plaques de test ELISA qui possèdent des anticorps dirigés contre la cytokine d'intérêt au fond du puits. On ajoute la population de lymphocytes stimulés. Les lymphocytes qui produisent la cytokine d'intérêt sont xés au fond du puits et les autres non. Au bout d'un certain on enlève les cellules et on utilise un anticorps secondaire détectable dirigé contre la cytokine. On verra un marquage tout autour de la position où était xé le lymphocyte activé : chaque spot 10 correspond à un lymphocyte activé par l'antigène. Identication de diérentes populations de cellules T en marquant les cytokines : An de mieux connaître la nature des populations lymphocytaires, on peut marquer les cytokines produites par chaque lymphocyte de deux manières. Une solution consiste à utiliser une drogue qui bloque la sécrétion des cytokines qui s'accumulent alors dans le RE. Les cellules sont xées, perméabilisées et on ajoute un anticorps dirigé contre la cytokine puis un secondaire marqué. La seconde solution consiste à utiliser des anticorps hybrides qui possèdent deux sites de reconnaissance diérents : l'un spécique de la membrane d'un lymphocyte T CD4+ par exemple et un site spécique de la cytokine. On utilise un secondaire uorescent pour détecter le complexe primaire-cytokine. Les résultats peuvent être analysés par FACs ou par microscopie. 2. Analyse de la spécicité d'un TCR Utilisation de tétramères de CMH :peptide : Identier la spécicité anti- génique d'un LT est rendu complexe par le fait qu'il ne reconnaît par un antigène soluble mais un peptide complexé au CMH et qu'en plus l'anité entre les deux est assez faible. Des complexes CMH peptides peuvent être produits avec à leur extrémité une molécule de biotine. Cette biotine reconnaît très fortement la streptavidine, une protéine tetramérique qui peut être rendue uorescente. On arrive ainsi à fabriquer des tétramères de CMH-peptide et l'avidité d'un LT pour ce complexe est assez forte pour être détectée. Utilisation de la résonnance plasmonique de surface : La résonnance plas- monique de surface est une technique de biophysique qui permet de mesurer les constantes d'association et de dissociation d'un complexe protéine ligand. L'un des partenaires est xé sur une puce, le biocenseur. Un ux du second partenaire est passé sur la puce, si le partenaire se xe on va observer une augmentation du signal mesuré (la déviation de la lumière) par la puce. Puis on pace sur la puce un tampon sans le second partenaire. Celui-ci se détache du partenaire xé et on mesure la dissociation. Cette technique est la seule qui a permis de mesure l'anité entre un TCR et le complexe CMH-peptide. Analyse de la diversité dans la spécicité d'une population lymphocytaire : L'idée ici est de savoir dans une population, la diversité des TCR produits. Pour cela, on utilise la technique de RT-PCR. On extrait les ARNm de la cellule et on va amplier une région de l'ARNm de la région variable du TCR. Selon les TCR, cette région ampliée peut être plus ou moins longue et cette longueur dans une population se réparti selon une gaussienne. Si on observe une déviation par rapport la répartition de Gauss pour une longueur donnée, c'est que probablement ce récepteur est spécique d'un antigène qui a donné lieu à une expansion 11 (a) ELISPOT : le lymphocytes sécréteurs de cytokines (b) Tetramères de CMHI : activation des T8 ex vivo (c) La resonnance plasmonique de surface Figure 7: Analyse fonctionnelle des populations lymphocytaires 12 clonale. 3. Mesure de la capacité de réponse d'un lymphocyte Capacité de prolifération : On peut mesurer la prolifération d'une population cellulaire en incorporant à l'ADN pendant la phase de réplication de la thymidine tritiée. Si le taux de thymidine tritié incorporé augmente c'est que les cellules se sont multipliées. On peut mesurer la capacité d'une population lymphocytaire à se multiplier en utilisant des mitogènes généraux ou mesurer l'expansion clonale en utilisant un antigène à tester. Tester la cytotoxicité : Pour mesurer la cytotoxicité d'une population de LT, il faut être capable de mesurer leur capacité à tuer des cellules cibles qui portent le complexe CMHI-peptide correct. POur cela, on met en contact les T8 à tester et les des cellules cibles qui ont pré-incorporer soit du chromate de sodium radiactif (intracellulaire) soit de la thymidine tritiée (ADN). Si la cellule est tuée, le chromate de sodium radioactif est libéré dans le milieu et son taux peut être mesuré. De même si la cellule est tuée, l'ADN est fragmenté et on peut mesurer ce taux de fragmentation en séparant les chromosome complets des fragments d'ADN. Tester l'activité T auxiliaire : Pour tester l'activité des lymphocytes T auxi- liaires, on ne peut mesurer que les cytokines produites ou les signaux co-stimuateurs de surface. L'expression de ces protéines peut être testée en utilisant diérents types de marquage via des anticorps monoclonaux, la technique d'ELISPOT ou encore de taux de ARNm pour la protéine d'intérêt dans la cellule via la tchnique de QT-RT-PCR. 4. Phénotypage d'une population An d'obtenir un panel complet des gènes exprimés dans une cellule, on peut utiliser des micropuces d'ADN (DNA microarray). Les séquences des diérents gènes sont adsorbé sur une puce. L'ARNm d'une population lymphocytaire est extrait et amplié par RTP CR puis on réalise une hybridation entre le cDNA et les gènes de la puce. On peut ainsi déterminer grâce à des marquages uorescents les gènes exprimés. 13 III. A. Etude in vivo du système immunitaire Les lignées de souris Les lignées de souris permettent souvent l'étude du système immunitaire et notamment des réactions liées au CMH. On distingue : les lignées pures : animaux produits par croisement entre frères et soeurs pendant au moins 20 générations, ils sont tous génétiquement identiques à l'exception des chromosomes sexuels. les lignées congéniques : par croisement et sélection, on obtient des animaux qui ne dièrent que par un locus notamment le locus CMH. On parle d'haplotype H − 2x chaque collection particulière d'allèles de CMH présents dans une lignées de souris. Douze lignées prototypes ont leur haplotype H-2 désigné par une lettre. Lignée Nom abrégé Couleur Haplotype H-2 A A Blanc a AKR AKR Blanc k BALB/c C Blanc d C3H C3H Brun k CBA CBA Brun k C57BL/6 B6 Noir b C57BL/10 B10 Noir b DBA/2 D2 Gris d SJL SJL Blanc s nude pas de poil/pas de thymus Table 1: Quelques exemples de lignées B. 1. Manipulation du système immunitaire Immunisation L'induction délibérée d'une réponse immunitaire par injection d'un antigène est appelée immunisation. D'un point de vue médical, l'induction d'une réponse protective contre un pathogène courant est appelé, à tord, vaccination. Le terme de vaccination étant issue de l'immunisation contre la variole de l'homme à partir du pathogène bovin : la vaccine. Une substance capable de déclencher une réponse immunitaire est dite immunogène. Si toutes les substances immunogènes sont des antigènes, tous les antigènes ne sont pas immunogènes. Pour savoir si un antigène est immunogène ou non, il faut suivre dans l'animal l'apparition de LT cytotoxiques ou d'anticorps dirigés contre l'antigène. C'est ce qu'on appelle la réponse primaire. 14 Suite à cette réponse primaire, si on re-injecte l'antigène dans l'animal, on observera une réponse immunitaire plus forte, plus rapide qui donne lieu à des LT et des Ig plus spéciques de l'antigène. De plus, l'isotype des immunoglobulines changent. C'est ce qu'on appelle la mémoire immunitaire qui donne lieu à une réponse secondaire. L'ecacité de l'immunisation dépend de diérents paramètres : la voie d'administration de l'antigène, la nature et la dose de l'antigène mais aussi la nature de l'adjuvant utilisé. Nature et dose de l'antigène : Pour qu'une immunisation soit eective, il faut qu'elle puisse à la fois activer les lymphocytes B et les lymphocytes T. Si les anticorps peuvent reconnaître diérents types de molécules biologiques, les lymphocytes T eux reconnaissent des peptides immunogènes associés au CMH. Cela suppose que pour activer correctement les lymphocytes T, il faut mieux utiliser un antigène protéique. Les haptènes sont des molécules organiques de structures très simples qui ne peuvent pas par eux-mêmes déclencher la production d'anticorps. Par contre, si ces haptènes sont liés covalemment à une protéine porteuse, on va obtenir des anticorps dirigés soit vers l'haptène (seul ou porté) soit vers la protéine porteuse (seul ou lié à l'haptène) et des anticorps spéciques du complexe protéine-haptène. Ainsi, il est possible de conférer une immunité protectrice contre des molécules non protéiques. La dose d'antigène utilisée pour l'immunisation inuence grandement l'immunité protectrice obtenue. Cette dose doit être supérieure à un certain seuil pour déclencher une réponse primaire. En augmentant la dose, on arrive à augmenter la réponse primaire jusqu'à atteindre un plateau, puis une chut de la réponse au dessus d'une certaine dose. Si on regarde la réponse secondaire obtenue selon la dose utilisée pour l'immunisation, on observe trois zones de concentration. Si la dose est inférieure au seuil de déclanchement de la réponse primaire, on n'a pas de réponse secondaire renforcée, c'est la zone basse de tolérance. Si la dose primaire est supérieure au seuil qui entraine une diminution de la réponse primaire, on n'a pas de réponse secondaire renforcée : c'est la zone haute de tolérance. Voie d'administration : Il existe diérente voie d'administration de l'antigène dans l'ordre d'ecacité : injection subcutanée (entre le derme et épiderme) intradermique, intramusculaire, intraveineuse et orale. On pense que la voie subcutanée est à l'origine de l'immunisation la plus forte car l'antigène est directement injecté à proximité des cellules de Langherans (cellules dendritiques) qui vont présenter l'antigène directement aux ganglions lymphatiques à proximité. Les adjuvants : La plupart des protéines sont faiblement voire pas du tout immunogénique par elle même. Pour déclencher une réponse immunitaire forte, il faut qu'elles soient injectées dans une mixture connue sous le nom d'adjuvant. Un adjuvant est n'importe quelle substance qui augmente l'immunogénicité d'un antigène. 15 Les adjuvants peuvent agir de deux façons. Tout d'abord, ils peuvent convertir un antigène soluble en un antigène particulaire qui est plus facilement ingéré par les cellules présentatrices de l'antigène. Par exemple, l'antigène peut être adsorbé à la surface des particules de l'adjuvant : huiles minérales ou solutions colloïdales. L'autre type d'adjuvant, et certainement les plus ecaces, sont composés de bactéries ou de molécules bactériennes. Si on ne sait pas exactement le rôle de ces adjuvants dans l'immunogénicité, on pense qu'ils aident à l'activation des cellules présentatrices de l'antigène et à la production de cytokines inammatoires. 2. Modication des populations lymphocytaires Déplétion des lymphocytes B ou T : Les rayons X ou les rayons gamma permettent de dépléter toutes les cellules lymphoïdes à des doses qui ne touchent pas le reste des cellules de l'organisme. Pour dépleter les lymphocytes T dans un animal, il sut de lui enlever le thymus juste après la naissance. Dans l'adulte c'est plus complexe. Il faut enlever le thymus mais également irradié les moelle osseuse de façon à tuer toutes les cellules souches hématopoïétique. On doit ensuite faire une gree de moelle à l'animal qui sera incapable de reconstituer sont répertoire de T. De plus, il existe une lignée de souris appelée nude qui possèdent une mutation sur un gène empêchant totalement le développement des lymphocytes T. Ceux sont de bons modèles de souris dépourvus d'immunité cellulaire. Il est plus dicile de dépléter les cellules B compte tenu qu'elles n'ont pas d'organe spécialisé comme le thymus sauf chez les oiseaux. Chez les oiseaux, les B sont produits dans les bourses de Fabricius et la déplétion de celle-ci sut à déléter les B. De plus, chez la souris on ne connaît aucune mutation à l'origine de ce type de pathologie (existe chez l'homme). Transfert de lymphocytes : Une fois les cellules lymphoïdes dépléter on peut injecter dans l'organisme des cellules lymphoïdes de façon à restaurer totalement ou partiellement les fonctions immunitaires : populations de lymhocytes T ou B issus d'un donneur immunisé ou d'une lignée cellulaire. Transfert de cellules souches hématopoïétiques : Toutes les cellules hé- matopoïétiques peuvent être éliminées en utilisant des doses élevées de rayons X. On peut greer de la moelle osseuse à partir d'un donneur pour remplacer totalement les cellules hématopoïétiques. Les animaux résultants sont appelés des chimères irradiées de moelle osseuse. Cette technique a été utilisée pour étudier le développement des lymphocytes. 3. Obtention d'organismes génétiquement modiés Les souris transgéniques :Les souris transgéniques sont obtenues dans un premier temps par injection dans le pronucléus mâle du transgène qui s'insère aléa16 toirement. On obtient des souris transgéniques avec un terrain génétique variable du à l'insertion variable du transgène. Une souris transgénique est croisée avec un animal de la lignée dont elle est issue et ce sur une dizaine de génération de façon à obtenir une lignée stable avec un patrimoine génétique connu. Les souris Knock-Out : An de mieux connaître la fonction d'un gène, il est possible de créer des souris KO pour ce gène : le gène est remplacé par une version non fonctionnel et ceci de façon homozygote. Pour cela, on utilise les propriétés de la recombinaison homologue entre deux séquences d'ADN. Cette recombinaison homologue est réalisée par injection dans des cellules souches embryonnaire d'une copie altérée du gène. Les cellules qui ont correctement intégré le gène muté sont sélectionnée et ajoutée dans l'embryon au stade blastocyste. Cela donne naissance à des souris chimérique c'est à dire avec des cellules ayant deux patrimoines génétique diérents : celles avec le gène muté et celles avec les cellules normales. Ces souris sont croisées avec des souris normales. Si les chimères ont intégré les cellules mutées dans leur lignée germinale, le gène muté se transmettra à la descendance. Les croisements sont réalisés jusqu'à obtenir une lignée homozygote. Figure 8: Obtention de souris knock-out 17