2.1. Les chocs d`offre à l`origine des fluctuations économiques

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Thème 1 Croissance, crises et environnement
Chapitre 3 Croissance et crises économiques
CE QUE DIT LE PROGRAMME
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES :
 L’observation des fluctuations économiques permettra de mettre l’accent sur la variabilité de la
croissance et sur l’existence de périodes de crise.
 On présentera les idées directrices des principaux schémas explicatifs des fluctuations (chocs d’offre et
de demande, cycle du crédit), en insistant notamment sur les liens avec la demande globale.
 On analysera les mécanismes cumulatifs susceptibles d’engendrer déflation et dépression économique
et leurs conséquences sur le chômage de masse.
Acquis de première : inflation, chômage, demande globale
NOTIONS : Fluctuations économiques, crise économique, désinflation, dépression, déflation.
DEFINITIONS DES NOTIONS A CONNAITRE POUR CE CHAPITRE



NPT (notions programme de terminale).
NPP (notions programme de première).
NC (notions complémentaires à connaître).
Bulles spéculatives (NC) : situation pendant laquelle la valeur des actifs (biens immobiliers, actions, matières
premières, crédits titrisés, etc.) augmente fortement et durablement au-delà de ce que la réalité économique
justifierait.
Choc d’offre (NC) : Modification des conditions de la production qui modifie plus ou moins durablement la
croissance potentielle. Il peut être positif – il élève alors la croissance potentielle -, ou négatif – il ralentit alors
la croissance potentielle.
Choc de demande (NC) = modification de l'activité économique liée à une modification à la hausse ou à la
baisse d'une des composantes de la demande globale adressée aux producteurs.
Chômage (NPP) : situation d’un individu privé d’emploi et qui en recherche un activement. Pour l’économie
dans son ensemble, le chômage désigne la situation dans laquelle l’offre de travail est supérieure à la
demande de travail des producteurs.
Crise économique (NPT) :
 Au sens strict, point de retournement à la baisse de l’activité économique.
 Au sens large, il désigne l’ensemble de la période au cours de laquelle l’activité est déprimée, le
chômage élevé, etc. ; la crise se termine alors grâce à la « reprise ».
Croissance économique (NPT) : augmentation sur longue période de la production sur un territoire donné.
Cycle du crédit (NC) : Alternance de périodes d’expansion durant lesquelles le crédit est facile d’accès et de
périodes de récessions caractérisées par des difficultés d’accès au crédit ; ce cycle du crédit ayant donc
tendance à amplifier les fluctuations.
Déflation (NPT) : baisse durable des grandeurs nominales d’une économie, notamment du niveau général des
prix.
Demande globale (NPP) : ensemble des achats de biens et de services effectués par les différents acteurs
économiques auprès des producteurs d’une économie.
Dépression (NPT) : période de baisse durable du PIB (taux de croissance négatif).
Désinflation (NPT) : baisse du taux d’inflation (ralentissement de la hausse des prix)
Expansion (NC) : période d’augmentation conjoncturelle du rythme de croissance du PIB qui est alors
supérieur à la tendance de long terme.
Fluctuations économiques (NPT) : ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération du rythme
de la croissance économique, voire parfois de baisse du PIB.
Inflation (NPP) : hausse durable du niveau général des prix.
Récession (NC) :
→ au sens strict : taux de croissance négatif du PIB (= baisse du PIB) pendant au moins deux trimestres.
→ Au sens large : désigne parfois une période de fort ralentissement de la production ou de stagnation.
Reprise (NC) : période d’augmentation du PIB qui suit une période de récession ou de fort ralentissement du
rythme de croissance.
Sujets de bac possibles :
EC1 : aucun sujet au cours des sessions 2013 et 2014
EC2 :
Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence l'évolution du PIB en France depuis 1950
(Autres centres étrangers, 2013)
EC3 :
Vous montrerez que les variations de la demande globale sont un facteur important des fluctuations
économiques (autres centres étrangers, 2014)
Dissertation :
Dans quelle mesure les variations de la demande expliquent-elles les fluctuations économiques ? (Polynésie,
2013)
Depuis la fin de la 2GM, le PIB français a été multiplié par plus de 6. Il atteint aujourd’hui plus de 2 000
milliards d’€ (2060 milliards en 2013 en € courants). L’observation plus attentive de cette évolution montre
cependant que la croissance n’a pas été régulière mais qu’elle a été marquée par une série de périodes
d’expansion et de ralentissement. On peut ainsi observer les fluctuations de la croissance économique.
La croissance économique est instable depuis le 19ème : à des périodes de croissance soutenue (expansion),
succèdent des périodes de forts ralentissements, voire de recul de l’activité productive pendant une période
plus ou moins longue (récession ou dépression). La crise de 1929, la crise des subprimes en 2007-2008 et la
crise des dettes souveraines aujourd’hui en sont des exemples.
Ce chapitre consistera à expliquer ces fluctuations et notamment ces périodes de crises à partir de trois
schémas explicatifs : chocs d’offre, chocs de demande et cycle du crédit. Nous en resterons à l’explication des
périodes de crises et ne traiterons pas directement les solutions à y apporter. Les politiques économiques
seront analysées dans le cadre européen dans le chapitre 8.
1. La croissance n’est pas un long fleuve tranquille
Rappel sur les sources de la croissance sur le long terme (cf chapitre 1) :
 Augmentation de la quantité de facteurs de production (travail et capital).
 Augmentation de la productivité globale des facteurs.
Dans ce chapitre, nous analyserons les variations du rythme de croissance plutôt sur le court terme, ce qu’on
appelle en économie l’analyse conjoncturelle.
Fluctuations économiques (NPT) : ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération du rythme
de la croissance économique, voire parfois de baisse du PIB.
Document polycopié n°1
1) Faites une phrase avec la donnée de 2010.
D’après l’insee, en France, en 2010, le PIB a diminué de près de 3%.
2) Peut-on dire que le PIB a baissé suite au krach boursier de 2000 ?
Non, c’est le taux de croissance du PIB qui a baissé ; on parle alors de ralentissement du PIB.
3) Illustrez les quatre « saisons » des fluctuations économiques à partir de données extraites du graphique. Ces
quatre saisons étant : expansion, crise (au sens strict), récession, reprise.
Expansion : période d’augmentation conjoncturelle du rythme de croissance du PIB qui est alors supérieur à la
tendance de long terme.
→ exemple chiffré : après l’année 1985 et l’année 1995
Crise (au sens strict) : point de retournement à la baisse de l’activité économique.
→ exemple chiffré : premier choc pétrolier, crise du SME, crise des subprimes.
C’est un point de retournement du cycle, le passage d’un taux de croissance positive à la récession.
Récession : Au sens strict, période de deux trimestres de baisse du PIB. Au sens large, période de fort
ralentissement de l’activité économique, voire de stagnation.
→ exemple chiffré : 1975, 1993, 2010.
La récession survient lorsque la croissance économique est négative pendant au moins six mois consécutifs.
Lorsque la baisse de la production se prolonge, par exemple sur plusieurs années, on assiste à un phénomène
de dépression économique qui s’accompagne d’une forte hausse du chômage et d’une désinflation, voire
d’une déflation.
Reprise : période d’augmentation du PIB qui suit une période de récession ou de fort ralentissement du
rythme de croissance.
→ exemple chiffré : après 1975, 2010, voire après 1983, etc.
La crise se termine avec la reprise.
Retenir les quatre saisons des fluctuations : expansion, crise, récession, reprise.
Voir diapo 1.
4) Remplissez le tableau suivant avec les termes « expansion », « dépression », « croissance », « récession » :
Court terme
Moyen ou long terme
Hausse du PIB
Expansion
Croissance
Baisse du PIB
Récession
Dépression
Voir document 3 p.47 Bordas Les trente glorieuses : une période célèbre d'expansion économique
Les Trente glorieuses, selon l'expression forgée par Jean Fourastié, la vive croissance de l’après-guerre, a
excité les imaginations. (…) Ruinés par le conflit, l'Europe et le Japon connaissent, de 1946 à 1948 trois années
de forte expansion, dopées par les nécessités de reconstruction. (…)Entre 1949 et 1951, selon les pays, on
avait retrouvé le niveau de production d’avant-guerre, tirant un trait sur la reconstruction. [...] De 1950 à
1973,le taux de croissance de l'économie [était] de 4,3-4,4 % l'an, soit plus que dans n’importe quelle autre
période depuis les débuts de la révolution industrielle. Cette performance aboutit à multiplier par 2,8 la
production en moins d'un quart de siècle. Cette croissance, notable par sa vigueur et sa durée, s'accompagne
de la quasi-disparition des [récessions] économiques et du chômage. [...] La croissance se développant avec
une hausse des prix, certes chronique, mais assumée et limitée à 2 ou 4 % l'an selon les pays et les époques.
[...].
Le produit par tête croît un quart de siècle durant, au rythme annuel de 3 %, [doublant ainsi] entre 1950 et
1973. Là aussi, nous retrouvons une croissance sans précédent historique connu. [ ... ] De la sorte, le pouvoir
d'achat salarial grimpe régulièrement au fur et à mesure que s'élève le salaire horaire réel. Ce dernier tend à
croître en moyenne aussi vite que la productivité du travail. Nulle surprise alors de voir s'accroître la
consommation des ménages avec une ruée sur les biens durables, nouvellement introduits, ou plus anciens
mais inabordables pour la majorité avant guerre. C'est ainsi que monte en flèche le taux d'équipement en
voitures particulières, postes de radio et de téléphone, réfrigérateurs, téléviseurs, etc.
Bruno MARCEL et Jacques TAÏEB, Les grandes crises. 1873, 1929, 1973, 2008?, Armand Colin, coll. Cursus Économie, 2010.
1. Lire. Combien de temps a duré l'expansion économique évoquée dans le texte ? Est-ce habituel ?
L’expansion économique a ici duré une trentaine d’années, ce qui est particulièrement long au regard de
l’histoire économique contemporaine (depuis la révolution industrielle).
2. Expliquer. Quel est l'avantage d'une expansion économique pour la population ?
L’expansion économique s’accompagne d’un chômage faible et de la progression des revenus réels de la
population. Le niveau de vie et le bien-être progressent.
3. Analyser. Quelle difficulté peut apparaître en période de forte expansion ? Pourquoi ?
L’inflation peut apparaître. En période d’expansion, si la demande est particulièrement dynamique, le taux
de croissance peut se rapprocher, voire dépasser, le taux de croissance permis par une utilisation maximale
des capacités d’offre de l’économie. L’économie est alors en surchauffe. La difficulté pour les entreprises
d’augmenter la production au rythme de la demande peut conduire à une tentation de hausse des prix,
d’autant que les salaires risquent d’augmenter assez vite à cause du manque de main-d’œuvre.
Fluctuations, chômage et inflation
→ Dans le chapitre 1, nous avons vu que le potentiel de croissance d’une économie sur le long terme
dépend des déterminants de l’offre : quantité et qualité des facteurs de production et efficacité de la
combinaison productive mesurée par la PGF.
→ Dans les périodes de forte croissance, une économie exploite tout son potentiel productif, ses
capacités d’offre. Le chômage est alors faible. Mais cela peut générer des tensions inflationnistes car
les entreprises ont du mal à faire face à la demande et ont tendance à augmenter les prix.
→ A l’inverse, dans les périodes de crise, la croissance est inférieure aux capacités potentielles de
croissance de l’économie, on produit donc moins de richesses qu’on ne le pourrait. Le risque est alors
la déflation. Le chômage est alors élevé.
On peut ainsi observer que suite à la crise financière de 2008 et à la période de récession qui a suivi, le PIB
français n’a dépassé son niveau de 2008 qu’en 2011 et dans certains pays européens (Espagne ou Grèce), le
PIB d’aujourd’hui est toujours inférieur à celui de 2008.
Deux termes à ne pas confondre : désinflation et déflation !
2. Les explications des fluctuations
Nous avons vu dans le 1. que la croissance se caractérisait par l’existence de fluctuations. Mais comment les
expliquer ?
Plusieurs explications seront présentées : explications par des chocs d’offre et de demande, explication par le
cycle du crédit (ce qui nous permettra d’analyser la récente crise des subprimes).
Un choc économique est un évènement ou une mesure de politique économique qui affecte l’offre ou la
demande soit en l’augmentant (choc positif), soit en la diminuant (choc négatif). Nous allons commencer par
nous intéresser aux chocs d’offre.
2.1. Les chocs d’offre à l’origine des fluctuations économiques
Les chocs d’offre sont des variations des conditions de la production (tout ce qui affecte les conditions de la
production) : ils découlent notamment des variations
 de la productivité ;
 du prix des facteurs de production
o consommations intermédiaires
o biens de production durables
o coûts salariaux ;
 de la fiscalité sur les entreprises et/ou des subventions versées par les pouvoirs publics aux
entreprises.
Ils peuvent être positifs, ce qui stimule la croissance, ou négatifs, ce qui réduit le rythme de croissance.
Rappel de première : dans le modèle néoclassique, les producteurs fixent leur niveau d’offre pour chaque
niveau de prix en fonction de leur coût de production. A retenir: « plus les coûts de production s’élèvent,
moins les entreprises offriront de produits car elles sont confrontées à une baisse du profit réalisé pour une
production supplémentaire ».
Exercice polycopié n°1
Soit une entreprise qui emploie un seul salarié. Elle produit chaque année 10 produits. Elle dépense en T0
chaque mois 2 000 euros pour la rémunération du salarié (salaire brut + cotisation sociales patronales).
L’année suivante, suite à une augmentation du SMIC décidé par le gouvernement, elle dépense en T 1 chaque
mois 2 200 euros pour sa rémunération (la dépense salariale a donc augmenté de 10% entre T 0 et T1).
L’année d’après (T2), la dépense en salaire reste identique à T1 alors que la productivité du travail augmente à
nouveau de 3% par rapport à T1.
1) Calculez son coût salarial de production par unité produite en T0 (coût salarial unitaire).
Coût salarial unitaire = coût salarial / quantité produite = 2000 / 10 = 200 euros par unité produite.
2) Sachant qu’entre T0 et T1 la productivité du travail dans cette entreprise a augmenté de 5%, son coût salarial
unitaire de production a-t-il baissé ou augmenté ? Pourquoi ? Vous devez répondre en raisonnant sur
l’évolution du ratio coût salarial / quantité produite et sans faire de calcul.
Coût salarial augmente de 10% entre T0 et T1. La quantité produite n’augmente que de 5%. Donc le rapport
coût salarial / quantité produite va nécessairement augmenter puisque le coût salarial augmente plus vite que
la productivité.
3) Vérifiez votre réponse précédente en calculant le coût salarial unitaire en T 1.
Coût salarial en T1 = 2200 / 10,5 = 209,5 euros par unité produite. Le coût salarial unitaire a bien augmenté.
4) Sommes-nous ici face à un choc d’offre positif ou un choc d’offre négatif ?
Choc d’offre négatif puisque les salaires augmentent plus vite que la productivité.
5) Entre T1 et T2, sommes-nous face à un choc d’offre positif ou face à un choc d’offre négatif ? Justifiez
brièvement par le même raisonnement que dans la question 2.
Le coût salarial reste identique alors que la productivité augmente. Donc choc d’offre positif puisque le coût
salarial unitaire diminue.
Le raisonnement que l’on vient d’étudier peut s’appliquer plus généralement aux coûts de production
unitaires qui dépendent du coût salarial et de la productivité comme nous l’avons vu, mais aussi du coût des
matières premières et des biens de production durables et de la fiscalité.
Donc tout ce qui augmente ces coûts de production unitaires constitue un choc d’offre positif et tout ce qui
diminue ces coûts de production unitaires constitue un choc d’offre négatif.
Exercice polycopié n°2
1) Parmi les événements suivants, indiquez quels sont les chocs d’offre positifs et les chocs d’offre négatifs.
Chocs d’offre
Chocs d’offre
positifs
négatifs
Hausse du SMIC plus rapide que les gains de productivité
x
Innovation de procédé qui élève la productivité (les coûts de facteurs étant
x
restés inchangés)
Réduction des cotisations sociales patronales (à productivité inchangée)
x
Hausse du prix du pétrole, les salaires étant restés inchangés
Hausse des salaires moins rapide que les gains de productivité
Nouvelle organisation du travail qui élève la productivité (les coûts de facteurs
étant restés inchangés)
Catastrophe naturelle qui affecte le fonctionnement des entreprises
x
x
x
Augmentation de l’impôt sur les bénéfices (à productivité inchangée)
x
x
Les chocs d’offre positifs réduisent les coûts de production unitaires et stimulent donc l’offre :
 Baisse du coût des matières premières.
 Augmentation modérée des salaires nets et donc inférieure aux gains de productivité.
 Baisse des cotisations sociales à productivité inchangée.
 Baisse de la fiscalité sur les entreprises.
 Hausse de la productivité à coûts des facteurs inchangés.
Les chocs d’offre négatifs augmentent les coûts de production et freinent donc l’offre :
 Augmentation du coût des matières premières (par exemple chocs pétroliers).
 Augmentation des salaires supérieure aux gains de productivité (fin des années 1970).
 Hausse des cotisations sociales qui accroissent le coût du travail.
 Hausse de la fiscalité sur les entreprises.
 Catastrophes naturelles qui déstructurent le potentiel productif (usines détruites, infrastructures
abîmées…)et réduisent la productivité.
Ces chocs peuvent donc expliquer une partie des fluctuations de l’activité économique.
Document polycopié n°2 Le Pacte de responsabilité : choc d’offre positif ou choc de demande négatif ?
Doc. 2a
Le 14 janvier dernier, le président de la Répubique lançait l’idée d’un pacte de responsabilité. Il s’agissait
d’alléger les « charges » pesant sur les entreprises en allant au-delà des 20 milliards d’euros déjà actés fin
2012 avec le crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice). Cela devait permettre de regonfler leurs marges très
déprimées. En échange de quoi, le gouvernement escomptait que les entreprises se remettent à investir et à
embaucher. Au final, le curseur de ces allègements s’est établi à 41 milliards d’euros par an pour les
entreprises d’ici à 2017. Pour faire bonne mesure, le gouvernement a cependant ajouté 6 milliards
d’allègement d’impôts à destination des ménages et rebaptisé l’ensemble « pacte de responsabilité et de
solidarité ». Comme parallèlement, la France s’est engagée à limiter son déficit budgétaire, ce pacte est
accompagné d’une réduction de 50 milliards d’euros par an des dépenses publiques d’ici à 2017. Des mesures
qui viennent s’ajouter à celles, déjà prises en 2013, pour financer le Cice.
Dans la mesure où les autres pays européens, et notamment les pays en crise, se sont lancés dans une
course au moins-disant social, la France a certes perdu en compétitivité-coût1. Mais compte tenu de l’impact
récessif sur la demande intérieure de la baisse programmée des dépenses publiques, il y a peu de chances
que ce pacte contribue réellement au redressement de l’économie française et européenne : faute de
demande, les entreprises ne devraient guère investir et embaucher. Dans ces conditions, ce pacte risque
surtout de prolonger et d’aggraver la stagnation actuelle.
Guillaume Duval. Alternatives économiques. Hors série n°102. Les chiffres de l’économie 2015.
1. Capacité à offrir un prix plus bas que ses concurrents.
Doc. 2b
La logique du pacte de responsabilité repose sur ce qu’on appelle
le « théorème de Schmidt », du nom de l’ancien chancelier
allemand Helmut Schmidt qui avait affirmé en 1974 « les profits
d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois
d’après-demain ». Or, cet enchaînement, qui paraît de bon sens,
ne résiste pas à l’épreuve des faits : la remontée rapide des
marges des entreprises après 1983 n’a pas entraîné à l’époque un
redressement durable de l’investissement, tandis qu’a contrario
leur baisse sensible depuis 2007 n’a pas pour l’instant eu pour
conséquence une chute de l’investissement. Les liens de causalité
sont nettement plus complexes et incluent notamment la
question de la demande et du niveau des taux d’intérêt.
Alternatives économiques. Hors série n°102. Les chiffres de l’économie 2015
1) En quoi consiste le pacte de responsabilité ? Représentez les deux mécanismes censés produire un choc
d’offre positif sous forme de deux schémas d’implication (A→B→C…) en partant de la mesure initiale et en
finissant par son effet sur la croissance. Utilisez des éléments du doc. 2a et du doc. 2b.
Voici les expressions à utiliser :
 Réduction des cotisations sociales pour les entreprises (à utiliser dans les deux schémas)
 hausse de l’investissement et des embauches
 hausse de la compétitivité-coût
 baisse des prix
 hausse des exportations
 stimulation de la croissance (à utiliser dans les deux schémas)
 meilleure santé financière
 baisse du coût du travail (à utiliser dans les deux schémas)
 hausse des profits
 baisse des coûts de production (à utiliser dans les deux schémas)
Premier schéma passant par le canal de la hausse des profits en utilisant le théorème d’Helmut Schmidt :
Réduction des cotisations sociales pour les entreprises → baisse du coût du travail → baisse des coûts
de production → hausse des profits → meilleure santé financière → hausse de l’investissement et des
embauches → stimulation de la croissance.
Deuxième schéma passant par le canal de la baisse des prix :
Réduction des cotisations sociales pour les entreprises → baisse du coût du travail → baisse des coûts
de production → baisse des prix → hausse de la compétitivité-coût → hausse des exportations →
stimulation de la croissance.
2) Pourquoi la baisse des coûts de production peut être sans effet sur la compétitivité ?
La baisse des coûts de production ne peut pas être utilisée simultanément pour stimuler l’investissement et
pour baisser les prix. Ce qui sera utilisé pour l’un des canaux ne peut plus être utilisé pour l’autre. Si les
entreprises décident de profiter de la baisse des coûts de production pour augmenter ses marges, pas d’effet
sur les exportations car elles ne baisseront pas leurs prix.
3) Ce type de politique de l’offre (par le canal de la baisse des prix) peut-elle être efficace si tous les partenaires
commerciaux mènent en même temps ce type de politique ?
C’est une stratégie de cavalier seul. Elle ne peut réussir que si elle est menée dans un pays et que les autres
pays ne mènent pas la même politique. Sinon, les effets s’annulent. Si on réduit partout le pouvoir d’achat –
de plus dans une période où nous sommes déjà en récession – pour restaurer la compétitivité des entreprises,
plus personne ne peut acheter ! Les exportations des uns sont nécessairement les importations des autres.
Dans ce contexte, vouloir faire de la stratégie allemande un modèle pour l’Europe est absurde. La stratégie
allemande s’est déroulée au détriment des autres pays européens. Et si tout le monde mène cette stratégie
en même temps, on risque une récession sévère et une explosion du chômage. D’ailleurs, même l’Allemagne
a une croissance négative actuellement.
4) Expliquez le titre du document.
Le pacte de responsabilité est financé par une réduction parallèle des dépenses publiques (40 milliards de
baisse de charges et réduction des dépenses publiques de 50 milliards). Or, ces dépenses publiques sont une
composante essentielle de la demande globale. Cela risque d’entraîner un choc de demande négatif.
De plus, la réduction de la contribution de l’Etat au budget des collectivités locales risque fort de se traduire
par une hausse des impôts locaux, ce qui réduira encore le pouvoir d’achat des ménages et la consommation,
autre composante de la demande globale.
L’investissement des entreprises dépend en grande partie de la demande qui leur est adressée, donc les
effets attendus dans la logique du théorème d’Helmut Schmidt ont de bonnes chances de ne pas avoir lieu.
On peut considérer qu’à long terme les seules vraies mesures du côté de l’offre consistent à stimuler le
progrès technique et les gains de productivité (voir chapitre 1). Mais pour cela, nous avons vu dans le
chapitre 1 que les dépenses publiques sont importantes à travers les investissements dans le capital humain
et la R&D.
On a commencé à introduire la notion de choc de demande. Nous allons à présent approfondir cette question
et apporter une deuxième explication centrale des fluctuations économiques.
2.2. Les chocs de demande à l’origine des fluctuations économiques
Choc de demande = modification de l'activité économique liée à une modification à la hausse ou à la baisse
d'une des composantes de la demande globale adressée aux producteurs.
Document polycopié n°3
1) Faites une phrase avec la courbe noire pour 2009.
D’après l’insee, en France, en 2009, le PIB a diminué de 3%.
2) Faites une phrase avec l’investissement privé en 2009.
D’après l’insee, en France, en 2009, l’investissement privé a contribué pour -2,4 points à la croissance du PIB.
3) Que pouvons-nous déduire de ce graphique ?
Que lorsque les composantes de la demande globale faiblissent, la croissance effective également !
Un choc de demande positif se caractérise par une hausse de la demande pour chaque niveau de prix. Il en
résulte une hausse des quantités échangées et une hausse du prix d’équilibre de marché. Pour une même
quantité achetée, les demandeurs sont disposés à payer un prix plus élevé.
4) Placez sur le graphique les mots « crise », « expansion », « récession », « reprise ».
Document polycopié n°4 L’insuffisance de la demande anticipée : cause fondamentale des dépressions
La force de la théorie keynésienne est de pouvoir expliquer la dépression et de donner les moyens de la
combattre. Pour J. M. Keynes, l'instabilité de l'investissement s'explique par l'incertitude du futur : les
entrepreneurs ne peuvent uniquement se fonder sur un calcul rationnel pour prendre leurs décisions. Leur
meilleure chance de ne pas se tromper est de faire comme les autres, c'est-à-dire d'investir en même temps
que les autres entrepreneurs. Ce comportement mimétique donne une importance décisive au « climat des
affaires », à l'optimisme ou au pessimisme des entrepreneurs. Une tendance pessimiste incitera les
entrepreneurs à réduire leurs investissements. Or l'investissement est un élément important de la demande
et sa baisse contamine la consommation. Une fois enclenché, ce processus est cumulatif. Keynes ne croit pas
au rééquilibre automatique du marché qui passerait par une baisse des salaires jusqu'à ce qu'il soit profitable
d'embaucher davantage. L'emploi, comme l'investissement, est déterminé par les perspectives de ventes : un
entrepreneur n'embauchera que s'il pense pouvoir écouler sa production. Les entrepreneurs doivent donc
anticiper la demande pour décider du niveau de production. Si la demande anticipée est insuffisante, le
niveau de production ne permettra pas le plein-emploi. Keynes propose d'augmenter la demande par une
baisse du coût du crédit et par des investissements publics compensant la défaillance de l'investissement
privé.
D'après Arnaud Parienty, » D'où viennent les récessions ? », Alternatives économiques, n° 2010, janvier 2003.
1. Analyser - Qu'est-ce qui conduit les entrepreneurs à adopter des comportements mimétiques ?
Il vaut mieux risquer de se tromper avec les autres que de se tromper tout seul. Donc en période
d’optimisme, lorsqu’un entrepreneur voit tous ses concurrents investir, il a tendance à faire pareil. A
l’inverse, quand plus personne n’investit et que les anticipations sont pessimistes, l’entrepreneur a
tendance à repousser son projet d’investissement.
2. Analyser - Pourquoi les entrepreneurs décident-ils du montant de leur production en anticipant la
demande ?
On produit pour répondre à une demande. Inutile de produire si les perspectives de ventes sont faibles ; la
conséquence serait alors une augmentation des stocks.
3. Faire un schéma d’implication à l’aide des expressions suivantes : niveau de production – chômage – niveau
de l’emploi – demande anticipée
Demande anticipée → niveau de production → niveau de l’emploi→ chômage
4. Analyser - Pourquoi l'intervention de l'État est-elle nécessaire pour sortir de la dépression ?
Seul l’Etat peut relancer la demande anticipée et sortir les acteurs économiques de leurs anticipations
pessimistes. Les investissements publics doivent se substituer aux investissements privés défaillants.
A retenir : Dans une optique keynésienne, l’investissement ne dépend pas principalement du niveau de
profit, mais du niveau de la demande globale. Les entreprises décident d’investir pour augmenter leur stock
de capital de manière à produire plus pour répondre à une demande supplémentaire (carnets de commande
plein).
Le rôle des anticipations est fondamental. Lorsque les anticipations des dirigeants d’entreprise sont
optimistes, qu’ils anticipent une hausse de la demande, ils investissent. Lorsqu’elles sont pessimistes, ils
repoussent leurs décisions d’investissement et l’investissement fléchit.
Exercice polycopié n°3
Classez les exemples suivants dans le tableau ci-dessous :
Choc d’offre
positif
Hausse du prix du pétrole
Forte hausse des salaires (supérieure aux gains de
productivité)
Politique de restriction des dépenses publiques
Forte récession dans les pays partenaires commerciaux
de la France
Hausse des taux d’intérêt
Accident nucléaire de Fukushima
Importants gains de productivité
Hausse de la TVA
Une innovation de produit créé un nouveau marché
Hausse du chômage
Une innovation de procédé permet de réduire les coûts
de production
Réduction des cotisations sociales patronales
Réduction des cotisations sociales salariales
Hausse du prix du pétrole
Construction d’aéroports et de lignes TGV financés par
l’Etat
Choc d’offre
négatif
x
Choc de
demande positif
x
x
Choc de demande
négatif
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
x
Exercice polycopié n°4
Remplissez le schéma avec les expressions suivantes :
→ Variation de la consommation
→ Variation de la demande extérieure
→ Variation de la demande globale
→ Variation de l’investissement
Voir diapo 4
Variation des
exportations
Variation de
l’investissement
Variation de la
consommation
Variation des
dépenses publiques
Variation de la
demande globale
Fluctuations
économiques
Variation des
dépenses publiques
Fluctuations
économiques
2.3. L’amplification des fluctuations par le cycle du crédit (l’exemple de la crise des
subprimes)
Pour certains économistes, les fluctuations et notamment les récessions ne sont pas dues à des facteurs
imprévus, peu maitrisables, ou extérieurs au fonctionnement des marchés (interventions de l’Etat), telle que
l’analyse en terme de choc le laisse entendre. Au contraire, elles sont hautement prévisibles puisqu’elles sont
dues aux structures du capitalisme lui-même. Le capitalisme créerait lui-même les conditions de sa perte.
On peut expliquer les crises par le comportement des agents économiques qui cherchent à maximiser leur
profit ou leur satisfaction. Ainsi dans un environnement opaque, ils prennent des décisions qui mènent à des
phénomènes de surajustement de l’offre et de la demande. Ce sont des comportements qui exagèrent des
prévisions optimistes ou pessimistes et qui entraînent l’apparition de bulles spéculatives et leur éclatement.
Pour certains économistes, ces crises se résorbent par elles-mêmes ; pour d’autres, ces crises peuvent
s’enfoncer dans la dépression et il faut alors l’intervention de l’Etat.
Document polycopié n°5
Les effets du cycle du crédit sur les fluctuations économiques
La crise financière qui débute en août 2007 est d’abord une crise des crédits hypothécaires à risque : les
fameux crédits subprimes. La crise des subprimes intervient sur fond de déséquilibres financiers mondiaux.
Une fragilité masquée par ses succès : la libéralisation globale des marchés financiers, l’intégration des
économies, l’action victorieuse des banquiers centraux dans leur lutte contre l’inflation. Cette situation a tout
du « paradoxe de la tranquillité ». Le « paradoxe de la tranquillité » est une expression que l’on doit à
l’économiste américain Hyman Minsky. Ce dernier a développé dans les années soixante-dix l’idée que les
crises de surendettement se préparent lorsque tout va bien et que les agents économiques (entreprises,
ménages…) profitent de la croissance et des taux d’intérêt bas pour emprunter parfois au-delà du raisonnable.
Cela dynamise la consommation, l'investissement et donc, la demande globale ce qui renforce la croissance
et l'optimisme général.
Des crédits sont accordés à des agents moins solvables, ce qui augmente leur taux d'endettement, des
comportements spéculatifs se développent, des bulles peuvent se former sur les prix de certains actifs.
Mais lorsque les taux d’intérêt se retournent à la hausse, en particulier du fait du resserrement monétaire,
l’endettement qui paraissait soutenable, compte tenu du niveau modéré des taux, devient insupportable et
vire au surendettement.
Les déséquilibres qui ont conduit à la crise des subprimes ne se sont pas enchaînés de façon linéaire et
unidirectionnelle. C’est même tout le contraire : on a assisté à la conjonction de nombreux événements qui se
sont renforcés les uns les autres.
En fixant des taux d'intérêt trop bas en période d'expansion, les banques centrales peuvent amplifier ces
comportements, tout comme les banques commerciales lorsqu'elles prêtent à des agents économiques ayant
des projets trop risqués.
D'après Patrick Artus, Jean-Paul Betbèze, Christian de Boissieu et Gunther Capelle-Blancard, Rapport du CAE, La crise des subprimes.
1) Quel est le paradoxe souligné par l’expression « paradoxe de la tranquillité » ?
C’est quand tout va bien que se préparent les crises à venir.
Minsky a développé dans les années soixante-dix l’idée que les crises de surendettement se préparent lorsque
tout va bien et que les agents économiques (entreprises, ménages…) profitent de la croissance et des taux
d’intérêt bas pour emprunter parfois au-delà du raisonnable.
Pour lui, l’instabilité financière et donc les crises sont inscrites dans le fonctionnement même du
capitalisme. Alternance de gonflement de bulles spéculatives et d’éclatement de ces bulles qui engendrent la
crise.
2) Quels sont les mécanismes qui vont mener à l’expansion du crédit en période de croissance ? Construisez un
schéma d’implication simple (A→B→C…) à partir des expressions suivantes :
 Banques se mettent à financer des projets risqués
 Expansion
 Euphorie et spéculation
 Baisse des taux d’intérêt
 Hausse des demandes de crédit à la consommation et pour financer l’investissement
 Facilités de crédit
Correction voir diapos 5 et 6.
3) Quels sont les mécanismes qui vont mener à la restriction du crédit et déclencher la crise économique ?
Remplissez le schéma d’implication ci-dessous à partir des expressions suivantes :








Eclatement des bulles spéculatives
Les banques font des pertes et deviennent plus prudentes
Entreprises, banques, ménages engrangent des pertes
Récession et hausse du chômage
Les anticipations deviennent pessimistes
Les ménages et les entreprises ont du mal à se financer
Choc de demande négatif
Les banques augmentent les taux d’intérêt et restreignent leurs octrois de crédit (crédit crunch)
Augmentation des défauts de remboursement et surendettement des acteurs économiques
Nouvelles pertes pour les acteurs économiques
Ralentissement de la consommation et de l’investissement
Voir diapos 7 à 9
Voir diapo 10
Ainsi la théorie du « cycle du crédit » est simple : les périodes d’expansion et les récessions sont amplifiées
par le comportement des banques qui d’abord prêtent trop facilement par excès de confiance, puis refusent
de prêter par excès de méfiance.
A retenir : le cycle du crédit amplifie les fluctuations économiques.
Une illustration de ces mécanismes avec la crise des subprimes. Voir diaporama sur la crise des subprimes et
vidéo.
Travail des élèves
Prise de notes et réalisation d’une fiche sur la crise des subprimes : une page avec mobilisation des concepts
suivants : bulles spéculatives, titrisation, cycle du crédit, « crédit crunch », choc de demande négatif, choc
d’offre négatif, récession, régulation. Attention de bien séparer l’essentiel de l’accessoire : tout doit tenir en
une page.
2.4. Deux autres explications de la crise récente : la dérégulation financière et la montée
des inégalités (hors programme)
→ Les effets de la dérégulation financière.
→ La montée des inégalités génératrice d’un surendettement privé.
Document polycopié n°6
L’instabilité intrinsèque des marchés boursiers
Lorsque le cours d'une action augmente, on n'observe pas nécessairement le déclenchement de force de rappel
venant contrecarrer cette augmentation. Tout au contraire, dans la mesure où l'augmentation du cours boursier
provoque une plus-value1 sur le titre considéré, elle a pour effet immédiat de le rendre plus attractif puisqu'elle accroît
sa rentabilité, ce qui peut engendrer une augmentation sensible de la demande, débouchant sur une nouvelle hausse
des prix. [...] La hausse nourrit la hausse, provoquant des mouvements cumulatifs de prix. Loin de limiter les
mouvements de prix, la concurrence financière est capable de les amplifier. Telle est la source fondamentale de
l'instabilité financière à l'origine des crises. [...]Par conséquent, une période de hausse des cours, loin de susciter un
repli de l'investissement comme le voudrait la loi de l'offre et de la demande, peut le favoriser énormément en
engendrant une croyance durable dans la hausse future. Or, comme le prix qui se forme est le résultat de ces
comportements, la croyance majoritaire dans la hausse produira mécaniquement la hausse. C'est ce qu'on nomme une
«prophétie autoréalisatrice ». Dans ces conditions, la hausse constatée des prix [...] est le produit rationnel
d'investisseurs anticipant la hausse. Dès lors que cette croyance domine le marché, elle se réalise de facto. Cette
rationalité autoréférentielle peut être également dite « mimétique » au sens où elle se focalise sur l'opinion majoritaire
qu'elle cherche à mimer pour l'anticiper.
A. Orléan, «Pourquoi tant de crises ? », in Alternatives Économiques, hors-série n° 87, janv.-mars 2011.
1. Plus-value : écart positif entre le prix d’achat d’un titre et le prix de revente. Par exemple, si j’ai acheté une action
100 et que je la revends 150, j’ai réalisé une plus-value de 50.
1) En quoi l’exemple des marchés des actions invalide-t-il la loi de l’offre et de la demande ?
Sur ces marchés, une hausse du cours accroît la demande au lieu de la réduire.
Sur ces marchés, une hausse du cours des actions entraîne une hausse des plus-values possibles. Or, les
investisseurs sur les marchés financiers ont pour premier objectif la spéculation qui consiste à chercher à
réaliser un gain en achetant un actif financier pour le revendre plus cher ensuite.
Donc, quand le prix augmente, la demande augmente, ce qui accroît encore la hausse… La loi de l’offre et de
la demande est invalidée.
2) Qu’est-ce qu’une « prophétie auto-réalisatrice » ?
Tant que l’opinion dominante des investisseurs est que le cours de l’action va progresser, il progresse
effectivement. En effet, s’ils croient que le cours de l’action va progresser, ils achètent, ce qui fait monter le
cours des actions.
Ces mécanismes engendrent la formation de bulles spéculatives où le cours de l’action s’éloigne durablement
du cours qui serait justifié par les données fondamentales de l’économie (=espoir de bénéfices de l’entreprise
et donc espoir de dividendes).
3) Si un investisseur est convaincu que le cours de l’action est déjà au-dessus de sa valeur fondamentale, qu’at-il intérêt à faire si la majorité des investisseurs sont convaincus du contraire ?
Il a intérêt à acheter car si tous les investisseurs achètent, le cours va monter. A une condition, qu’il sache
revendre avant que les anticipations ne se retournent.
C’est pourquoi l’auteur parle de mimétisme pour qualifier le comportement des investisseurs. Chaque
investisseur ne se concentre pas sur l’étude de la situation de l’entreprise, mais tente de mimer l’opinion
majoritaire et de l’anticiper.
5) Pourquoi ces mouvements cumulatifs sur les marchés financiers sont à l’origine des krachs boursiers ?
Parce qu’à un moment, les investisseurs se rendent compte que le cours est largement surévalué, par
exemple après une annonce de mauvais résultats de la part de l’entreprise ou de résultats inférieurs à ce qui
était prévu. Les mécanismes qui ont produit la hausse amplifient à présent la baisse. Tout le monde veut
vendre en même temps et les cours s’effondrent, c’est le krach !
Les marchés financiers sont donc largement instables, d’où la récurrence de crises financières depuis que ces
derniers ont été déréglementés, à savoir au début des années 1980. Ces crises financières se transmettent
ensuite à l’économie réelle par deux canaux :
→ Les ménages et les entreprises qui avaient placé leur épargne sur les marchés financiers perdent
beaucoup d’argent, ce qui réduit la demande.
→ Les banques sont en grande difficulté, certaines font faillite, ce qui réduit les crédits accordés à
l’économie et freinent également la demande.
Document polycopié n°7
L’innovation financière et le crédit facile responsables de la crise
Dès qu'un petit génie de la finance invente un nouveau moyen de gagner de l'argent, les investisseurs tentés par
l'aventure ne se contentent pas de miser seulement leur argent ou celui de leurs clients sur les nouveaux produits du
capitalisme casino. Ils empruntent pour accroître le montant de leurs paris. Une partie de l'ingéniosité financière des
années 1990 et 2000 a ainsi consisté à inventer des produits financiers complexes par lesquels les investisseurs
pouvaient emprunter le plus possible auprès des banques et des gestionnaires d'épargne (fonds de pension, fonds
souverains, compagnies d'assurances…) tentés d'entrer dans le dernier jeu financier à la mode. Car même dans une
économie où les marchés financiers sont très présents, les banques continuent à jouer un rôle important, par leurs
propres placements et par la façon dont elles financent les autres investisseurs.
C'est ainsi que se met en place ce que les économistes appellent un « accélérateur financier », qui transforme un
effet de mode en une bulle qui s'auto-entretient : l'argent prêté sert à acheter des actions, des obligations, des maisons,
etc., dont les prix montent grâce à la demande financée par la dette. Ceux qui détiennent ces actifs deviennent alors
plus riches et peuvent retourner voir leurs banquiers pour leur demander des crédits supplémentaires… afin de
continuer à acheter maisons ou actions dont le prix monte encore du fait de ce surcroît de demande, servant de
garanties pour de nouveaux prêts, etc. C’est ce qu’on appelle l’effet richesse. Aux États-Unis, une augmentation de 100
dollars des prix de l’immobilier se traduit par une augmentation de la consommation des ménages de 2 dollars à court
terme et de 9 dollars à long terme. En cela, toute bulle financière est d'abord une bulle de crédit.
Les économistes américains Barry Eichengreen et Kris Michener ont ainsi qualifié la crise de 1929 de « boom de crédit
qui a mal tourné ». Le constat est identique pour la crise des « subprime ». Mais, contrairement à ce qui est souvent mis
en avant, la forte progression de l'endettement immobilier des ménages américains (ou irlandais ou espagnols, ces deux
pays ayant également connu une bulle immobilière), notamment des plus pauvres, n'est pas le principal coupable. Une
montée des défauts de remboursement des Américains victimes d'un excès d'endettement immobilier aurait, au plus,
posé un problème aux banques du pays ayant mal choisi leurs débiteurs, et provoqué une crise locale et circonscrite. La
bulle de crédit qui a causé le plus de dommages concernait les acteurs de la finance : entre décembre 2002 et décembre
2008, l'endettement du secteur financier américain rapporté au produit intérieur brut (PIB) a progressé de 26 points de
pourcentage, celui de la zone euro de 33 points et celui du Royaume-Uni, probablement le plus touché par la crise, de
53 points de PIB ! Ces crédits ont nourri l'achat des produits financiers toxiques créés par les innovations, et c'est ce
mélange qui a transmis le virus de la crise à l'ensemble du système financier américain et international. Quand les bulles
de crédit nourrissent la spéculation sur les innovations des acteurs financiers, la bulle d'actifs suit et le krach pointe.
Christian Chavagneux, Alternatives Economiques Hors-série n° 091 - décembre 2011.
On voit ici que l’origine de la crise se trouve en partie dans le mécanisme même de la déréglementation
financière qui laisse les ingénieurs financiers de Wall Street inventer sans cesse de nouveaux produits.
Le deuxième paragraphe montre bien le mécanisme de gonflement d’une bulle spéculative liée au crédit
facile. On retrouve là le paradoxe de la tranquillité de Minsky.
Utilisation de l’effet de levier que l’on a vu dans l’animation sur la crise des subprimes.
Donc nécessaire régulation de l’activité des marchés financiers (l’économiste Frédéric Lordon propose même
de manière provocatrice de fermer la bourse) et des activités bancaires.
Pour le moment, quelques timides tentatives de re-réglementation de la finance ont été décidées. Accords de
bâle III : durcissement des règles prudentielles et accroissement des fonds propres des banques pour avoir le
droit de prêter.
Document polycopié n°8
Les inégalités de revenus à l’origine de la crise ?
Quand (…) les riches prêtent aux pauvres et à la
classe moyenne une grande part de leurs revenus
supplémentaires, et quand les inégalités de revenu
augmentent pendant plusieurs décennies, le ratio
dette/revenu s’élève assez pour faire augmenter le
risque d’une crise grave.
Dans la période plus récente (1983–2007), la
différence entre la consommation des riches et celle
des pauvres et de la classe moyenne a moins
augmenté que la différence entre les revenus de ces
deux groupes. Pour le second, le seul moyen de
maintenir une consommation élevée avec un revenu
stable a été d’emprunter (voir graphique). (…)
Les pauvres et la classe moyenne semblent avoir
résisté à l’érosion de leurs revenus relatifs en
empruntant pour conserver un meilleur niveau de vie.
Parallèlement, les riches ont accumulé de plus en plus
d’actifs et investi dans des prêts, gagés sur des actifs,
aux pauvres et à la classe moyenne. (…)
L’endettement accru du groupe à revenu inférieur a
des conséquences pour la taille du secteur financier
américain et sa vulnérabilité aux crises. La dépendance
accrue de ce groupe à l’égard de la dette — et
l’enrichissement du groupe supérieur — ont augmenté
la demande d’intermédiation financière. (…)
Il y a bien sûr d’autres explications possibles à la crise
de 2007, et beaucoup ont souligné le rôle d’une
politique monétaire laxiste, d’un excès de libéralisation
financière et des bulles de prix d’actifs. Ces facteurs se
sont révélés importants dans les années juste avant la
crise, le ratio dette/revenu ayant accéléré sa hausse.
Mais on peut aussi soutenir, comme Rajan (2010), que
la crise résulte surtout d’une dynamique à long terme
entraînée par l’inégalité des revenus. Selon lui, cette
inégalité croissante a suscité une pression politique —
non pour l’inverser, mais plutôt en faveur du crédit
facile permettant de soutenir la demande et la création
d’emplois malgré la stagnation des revenus.
Michael Kumhof et Romain Rancière, Endettement et inégalités,
Finance et développement, septembre 2010.
1) Quels sont les deux raisons qui ont abouti à un gonflement de la sphère financière aux Etats-Unis ?
Les ménages pauvres et de la classe moyenne ayant vu leurs revenus stagner, ils ont cherché à maintenir leur
niveau de consommation en s’endettant.
Les ménages riches voyant leurs revenus augmenter développent leur épargne et prêtent aux ménages
pauvres et de la classe moyenne en achetant des titres adossés à des crédits (exemple typique des produits
financiers fondés sur les subprimes).
Résultat : gonflement de l’industrie financière qui expose davantage l’économie à un risque de crise
financière.
Voir diapo 11
2) En sachant que la propension à consommer (part du revenu qui est consommée) est plus élevée pour les
ménages pauvres et de la classe moyenne que pour les ménages riches. Quelle conséquence la montée des
inégalités de revenus a-t-elle eu sur le niveau de consommation aux Etats-Unis ?
La montée des inégalités entraîne un transfert de revenus des ménages ayant une forte propension à
consommer vers des ménages ayant une plus faible propension à consommer. 100$ dans la poche d’un
ménage pauvre seront dépensés en intégralité. En revanche, les mêmes 100$ dans la poche d’un ménage
riche sera épargné pour une part importante (par exemple, seuls 70$ seront dépensés).
Résultat, cela freine la demande globale et la croissance.
3) Comment les autorités politiques ont agi pour soutenir la demande des ménages et la croissance ?
Les autorités politiques – et notamment la FED – ont agi pour faciliter l’accès au crédit à travers notamment
de faibles taux d’intérêt. Cela a favorisé le surendettement de certains ménages et précipité la crise
financière lorsque les bulles spéculatives ont éclaté.
A retenir : la crise peut ici être considérée comme endogène au système capitaliste. Dans une perspective
marxiste, c’est la baisse du taux de profit des entreprises qui a conduit à l’avènement des politiques
néolibérales destinées à freiner les salaires et à restaurer les profits. Ces politiques ont mené à la montée des
inégalités de revenus, ont freiné la consommation. Pour soutenir la croissance, seul un gonflement de
l’industrie financière (permise par la déréglementation) et le crédit facile a pu soutenir la consommation et
maintenir le système à flots.
3. Les mécanismes cumulatifs menant à la déflation et à la dépression
et provoquant le chômage de masse
Document 4 p.47 Bordas
1. L’économie grecque a connu une dépression (cela est encore vrai en 2011 et 2012) car le PIB a reculé
pendant plusieurs années consécutives.
2. On remarque que les entreprises diminuent le volume des facteurs de production qu’elles utilisent : la
FBCF est en forte baisse, entraînant sans doute une baisse du stock de capital, et le chômage est en hausse
marquée. Cela réduit la croissance potentielle.
3. La baisse du PIB entraîne une baisse des revenus de la population, ce qui abaisse ses capacités de
consommation. Par ailleurs, dans cette période de crise, les ménages sont peut-être plus prudents et
épargnent davantage (hypothèse). Baisse de la croissance qui est même négative pendant plusieurs années.
Document polycopié n°9
De la crise financière à la crise de l’endettement public
La sortie de la récession a été amorcée au deuxième trimestre 2009 pour l’économie mondiale et au
troisième trimestre pour les Etats-Unis et la zone euro. Néanmoins, la sortie de crise est retardée par les
inquiétudes croissantes face à la dégradation des finances publiques, qui débouche en Europe sur une
véritable crise des dettes souveraines, dont l’aboutissement est le défaut de la Grèce en mars 2012.
Les plans de soutien au secteur bancaire et à l’activité ont considérablement creusé les déficits publics. A
cela s’est ajouté le recul du PIB, qui a mécaniquement diminué les rentrées fiscales et augmenté les ratios de
déficit. (…)
Dans la zone euro, la dette publique passe ainsi de 66 % du PIB en 2007 à 88 % en 2011. (…) C’est même
parmi les pays dont la gestion des finances publiques avait été la plus vertueuse dans les années 2000
(Irlande, Espagne, Portugal) que la crise a été la plus aigue, révélant près coup un principe de vase
communicants entre endettement privé et endettement public (…).
Si l’alourdissement des ratios d’endettement public ne pose pas de problème majeur aux Etats-Unis –
même depuis la perte du triple A en août 2011 -, ni au Japon – malgré le franchissement du seuil symbolique
des 200 % -, ni même au Royaume-Uni, il n’en est pas de même au sein de la zone euro. La crise grecque fait
apparaître au grand jour des failles institutionnelles de l’Union monétaire. Il en résulte une nouvelle crise de
confiance entretenue par les tergiversations des dirigeants européens, particulièrement grave puisque c’est
l’avenir de la monnaie unique qui est en jeu. Le revirement durable vers la rigueur budgétaire, destiné à
mettre fin à la crise des dettes souveraines, pèse fortement sur la croissance … ce qui détériore encore les
ratios de finances publiques.
Nicolas Couderc, Olivia Montel-Dumont, « Les mécanismes de la Grande Récession », Problèmes économiques hors série, n°2,
novembre 2012, p 88-89.
1) Quel a été l’impact de la crise des subprimes sur l’évolution de la dette publique des pays européens ?
Expliquez les mécanismes.
 Renflouement des banques.
 Baisse des recettes fiscales liée au rétrécissement de la base fiscale en raison de la récession.
 Hausse des dépenses publiques pour soutenir l’activité par les politiques de relance.
2) Quelle a été la réaction des pays européens pour faire face à ces difficultés ?
Dégradation des comptes publics et dégradation des notes de plusieurs Etats par les agences de notation.
Hausse des taux d’intérêt exigés pour prêter aux Etats.
Réaction : politique de rigueur budgétaire (baisse des dépenses publiques et hausse des prélèvements
obligatoires) censée restaurer les comptes publics et rassurer les marchés financiers.
3) Quelle a été la conséquence des mesures mises en place sur la croissance européenne ? Expliquez les
mécanismes.
Politiques d’austérité constituent un choc de demande négatif, d’autant plus qu’elles sont menées
conjointement par l’ensemble des pays européens, ce qui restreint également les possibilités d’exporter.
Résultat : croissance quasi-nulle en 2014 dans plusieurs pays européens dont la France et l’Allemagne.
D’où des risques de déflation et de dépression que nous allons analyser à présent.
Document polycopié n°10
Les risques de déflation en Europe
A priori, c’est une excellente nouvelle pour les consommateurs. Selon l’institut Nielsen, les tarifs ont fléchi
de 1,1% l’an dernier en France dans la grande distribution, et même de 3,1% pour les 3 000 produits de
grande marque les plus vendus. C’est autant de pouvoir d’achat grappillé sans avoir eu besoin d’aller
quémander (souvent en vain) une augmentation de salaire ou l’indexation de sa pension de retraite. (…)
Mais, si elle se confirmait, la mise à mort de l’inflation pourrait nous conduire tout droit vers un péril
autrement effrayant : une glissade durable et généralisée des étiquettes. Baptisée «déflation», et longuement
expérimentée pendant la Grande Dépression des années 1930, cette éventualité est considérée par les
économistes comme le pire des cauchemars. (…)
Si les prix se mettaient à baisser, les entreprises rentreraient moins d’argent pour la même production
vendue, c’est mathématique. Pour compenser, elles devraient donc comprimer les salaires, réduire les
embauches et rogner les investissements, ce qui contribuerait à diminuer la demande et… à faire baisser les
prix, plongeant toujours plus profondément l’économie dans la déprime.
Ce cercle vicieux, déjà pas très engageant, serait encore renforcé par la spirale diabolique des anticipations :
lorsque les tarifs se contractent, les ménages et les investisseurs ont en effet tendance à reporter leurs achats
afin de profiter des prochaines baisses, c’est humain. Du coup, ils consomment moins, ce qui tend là encore à
tirer les prix vers le bas, du simple fait de la loi de l’offre et de la demande.
Comme si tout cela ne suffisait pas, l’entrée de notre pays en déflation aurait aussi des effets ravageurs
pour ses finances publiques. D’abord parce que l’anémie (= la faiblesse) de la consommation et de l’activité
réduirait mécaniquement les rentrées fiscales et creuserait d’autant les déficits. Et puis parce que, en
l’absence d’inflation, les taux d’intérêt réels – défalqués de la non-inflation ! – seraient forcément très élevés.
La charge de la dette de l’Etat deviendrait ainsi de plus en plus lourde au fil des mois, jusqu’à peser comme
une enclume sur le portefeuille des contribuables. Un cauchemar, on vous dit. (…)
[Le danger est là] D’abord parce que, avec une inflation mesurée comprise entre 0 et 1%, la France, les
Pays-Bas, l’Italie et plus encore l’Espagne se situent dans ce que la BCE appelle elle-même une «zone de
danger». (…)
Ensuite parce que les forces déflationnistes qui sculptent l’économie de la planète depuis le début des
années 2000 restent extrêmement puissantes. A commencer, bien sûr, par la mondialisation. En imposant une
concurrence féroce entre tous les producteurs du globe, l’ouverture généralisée des marchés contribue
depuis des années à cisailler les prix dans à peu près tous les secteurs. Et le mouvement risque encore de
s’amplifier avec le déménagement progressif des usines des pays émergents vers les nations d’Afrique, aux
rémunérations toujours plus basses. Le chômage de masse – quand il y a la queue aux guichets d’embauche,
les entreprises n’ont guère de raisons de se montrer généreuses sur les salaires – et la faiblesse des cours des
matières premières, très affectés par la crise depuis 2008, contribuent eux aussi à faire plonger les coûts de
production, et donc les prix. A eux seuls, ces trois facteurs expliqueraient 60% des tendances déflationnistes
observées ces derniers mois dans la zone euro.
La course folle à la compétitivité à laquelle se livrent actuellement les pays du Vieux Continent n’arrange
pas les choses. Pour regagner des parts de marché, tous ou presque se sont lancés dans des politiques de
diminution drastique du coût du travail. En Espagne, par exemple, ce dernier a baissé de 7,4% rien qu’en
2012. «Un vent de déflation salariale est en train de souffler sur l’Europe», confirme Xavier Timbeau, à l’OFCE.
Certes, en France, l’existence d’un salaire minimum et les rigidités du Code du travail ont pour le moment
puissamment freiné ce mouvement. (…)
Reste une dernière raison pour craindre le spectre de la déflation : l’extrême mollesse de la reprise sur nos
vieilles terres. Face à l’atonie de la consommation (elle devrait progresser tout au plus d’un maigre 0,6% cette
année en France), les entreprises sont en effet obligées d’en rabattre toujours plus sur leurs étiquettes – au
risque de massacrer leurs marges – si elles veulent continuer de vendre leurs produits. (…) La pression sur les
entreprises est telle que «beaucoup d’entre elles ont utilisé les sommes que l’Etat venait de leur verser au
titre du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi pour ne pas répercuter les hausses de TVA»,
remarque Jean-Christophe Caffet, de Natixis. «Le Cice est un accélérateur de la guerre des prix», confirme
Serge Papin, le président du groupe Système U, en assurant que «l’argent perçu par les distributeurs a été
investi dans les prix et non dans les créations d’emplois».
Sophie Rolland, Capital, 03/04/2014.
1) Retrouvez dans le texte l’explicitation des éléments du schéma ci-dessous (spirale déflationniste)
Report des achats par les
consommateurs
Baisse de la consommation
1
Déflation
2
Baisse des salaires et licenciements
Baisse des marges des
entreprises
Baisse de la
demande
4
Baisse de l’investissement
3
Hausse des taux d’intérêt
réels
6
Numéro de la flèche
1
2
3
4
5
6
Crédit crunch
Baisse de la production
DEPRESSION
CHÔMAGE DE MASSE
5
Explications
Si les agents économiques anticipent que la baisse des prix va durer, ils sont tentés de
reporter leurs achats dans le temps ce qui limite la demande et favorise la baisse des
prix. Cela encourage les acheteurs à attendre encore qu’ils baissent davantage pour
acheter, d’où un cercle vicieux de déflation ou spirale déflationniste.
Si le taux d’inflation est négatif, la valeur réelle des dettes des entreprises et des
charges de remboursement qui leur sont liées s’accroît alors même que leurs chiffres
d’affaires et, partant, leurs profits décroissent.
Si les salaires ne baissent pas aussi vite que les prix, les profits des entreprises reculent
et les faillites se multiplient.
Un taux d’inflation négatif contribue à l’accroissement des taux d’intérêt réels. D’où des
difficultés d’accès au crédit tant pour les entreprises que pour les ménages (« credit
crunch ») et, in fine, le renforcement des difficultés macroéconomiques.
Faillites et licenciements qui ne peuvent que renforcer l’impact récessionniste et
déflationniste du choc de demande initial.
Difficultés à financer les investissements en raison de la faiblesse des profits et de la
montée des taux d’intérêt réels.
Le recul de la demande plonge l’économie dans la dépression et le chômage de masse.
Cette dépression renforce encore les pressions déflationnistes (cercle vicieux).
A retenir : (voir illustration diapos 12, 13)
Aux périodes d'emballement économique, vues comme des « surchauffes » (expansion) se juxtaposent, le
plus souvent, des périodes de hausse artificielle des prix plus rapide : l'inflation s'accélère lorsque la
croissance économique augmente.
Parallèlement, lorsque l'activité réelle est marquée par un repli, les tensions inflationnistes disparaissent et les
prix augmentent moins vite : il y a désinflation.
Mais le ralentissement économique, voire la récession ou la dépression peut s'accompagner d'une période de
déflation ou de tensions déflationnistes. Pour répondre au recul de la demande, les offreurs sont incités à
réduire les prix
Contrairement à ce que l'on pourrait imager, la déflation n'est donc pas une bonne nouvelle pour l'économie:
non seulement elle est le symptôme d'une crise, mais elle peut s'auto-renforcer et empêcher la sortie de crise
Tous ces phénomènes sont de plus amplifiés par les anticipations pessimistes des acteurs économiques : les
consommateurs se constituent une épargne de précaution par peur du chômage et les entreprises reportent
leurs investissements par peur de ne pas trouver de débouchés.
2) Expliquez pourquoi les tendances déflationnistes ont « des effets ravageurs pour ses finances publiques ».
Hausse des taux d’intérêt réels dont dépend le coût réel de la dette. Accroît la charge de la dette.
3) Complétez alors le schéma avec les expressions ci-dessous :
 Baisse Demande
 Hausse des taux d'intérêt réel
 Hausse du déficit public et/ou nécessité de freiner les dépenses publiques
 Hausse des dépenses de remboursement de la dette publique
Hausse des taux d'intérêt
réel
Hausse des dépenses de
remboursement de la
dette publique
Hausse du déficit public
et/ou nécessité de freiner
les dépenses publiques
Baisse Demande
Baisse Demande
4) Quels sont les quatre facteurs principaux des tendances déflationnistes ?
Mondialisation et concurrence internationale.
Chômage de masse.
Faiblesse du cours des matières premières.
Politiques d’austérité généralisées.
5) Expliquez pourquoi la mondialisation et la « course folle à la compétitivité » peuvent alimenter « les forces
déflationnistes ». Donnez des exemples.
Dans un contexte d’atonie générale de la demande, les pays mènent une course folle à la compétitivité pour
que les entreprises résidentes gagnent des parts de marché à l’étranger (demande externe pour compenser la
faiblesse de la demande interne). Mais comme tous les pays mènent ces politiques simultanément, la
principale conséquence est générer des forces déflationnistes.
Document polycopié n°11 La conjoncture actuelle en France : de réels risques de déflation et un chômage
élevé
Le climat des affaires est en net repli depuis l'été 2014 et tous les secteurs sont touchés par cette
dégradation.
La quasi-stagnation de l'emploi total, grâce aux contrats aidés, masque mal l'augmentation des destructions
de postes dans le secteur marchand (- 26 000 par trimestre) au second semestre.
Le taux de chômage, toujours en hausse, s'établirait à 10,3 % en fin d'année et à 9,9 % en France
métropolitaine.
Si la dépréciation de l'euro a dopé les exportations françaises, il n'y a pas beaucoup à attendre de la
demande externe du fait, notamment, de la morosité de la reprise dans la zone euro à laquelle appartiennent
les principaux partenaires commerciaux de la France.
La demande intérieure est, elle aussi, faiblarde. Malgré un redressement modeste de leur pouvoir d'achat
(+ 0,8 % sur l'ensemble de l'année), les ménages n'augmenteraient guère leur consommation au second
semestre (+ 0,2 % par trimestre).
Une situation qui peut s'expliquer par le fait que le gros des impôts est versé au second semestre et parce
que les ménages anticipent des lendemains qui déchantent.
Leur investissement en logements reculerait de 7,4 % sur l'année et rejoindrait, fin 2014, leur plus bas
niveau depuis 1998.
Du côté des entreprises, rien ou presque ne va. L'investissement reculerait au second semestre (- 0,3 %)
comme au premier (- 0,2 %). Pour Laurent Clavel, conjoncturiste à l'Insee, c'est une évolution en ligne avec la
faiblesse de la demande. Malgré l'existence du Crédit d'impôt pour la compétitivité et pour l'emploi (CICE), le
taux de marge des entreprises ne s'améliore pas.
La faiblesse récurrente de leurs carnets de commandes les pousse à être toujours plus attentistes. Ce n'est
pas de bon augure pour la suite.
Pas plus que ne l'est, dans un autre registre, le fait que l'inflation sous-jacente (hors énergie et
alimentation) serait quasi nulle d'ici la fin de l'année. « Si la dégradation estivale du climat des affaires
s'accentue à l'automne », observe l'Insee, l'attentisme des entreprises pourrait « peser plus encore sur la
demande intérieure ».
En revanche, la dépréciation de l'euro, si elle se poursuit, pourrait soutenir les exportations et la croissance.
Claire Guélaud - Le Monde.fr | 02.10.2014
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