KANT, LE PHILOSOPHE DE LA LIMITE ET DE L’UNIVERSEL Texte exclusif Doc-Etudiant.fr, composé par SANDYS S’il a durant sa vie entière d’universitaire, donné des cours de géographie, Kant n’est pratiquement jamais sorti de sa vile natale de Konigsberg, où il est mort à l’âge de de 80 ans. Dans l’histoire de la philosophie, il n’y a guère que Socrate pour être resté aussi obstinément attaché au lieu de sa naissance. La vie de Kant est celle d’un homme studieux dont l’emploi du temps avait une rigueur de métronome. La légende veut qu’il n’a dérogé qu’une seule fois à ses habitude promenade, au moment de la Révolution française dont il attendait avec impatience les nouvelles par les gazettes. On notera égaiement que Kant est le premier philosophe à n’avoir été qu’enseignant, en cela aussi il inaugure quelque chose qui est resté un trait dominant de la philosophie contemporaine. Mais si Kant a mené une vie discrète de célibataire sans enfant, il n’était pas de cette famille des ours si largement représentée chez les philosophes. Il aimait la compagnie et les repas raffinés. Kant est considéré par beaucoup comme le véritable fondateur de la philosophie moderne à cause de la critique décisive qu’il fit des prétentions de la métaphysique à s’ériger en savoir absolu. Sa philosophie est appelée « criticisme » pour cette raison et aussi parce qu’une bonne part de son œuvre écrite tient dans les « Trois critiques » qu’il a successivement rédigées : - La critique de la raison pure qui traite de la théorie de la connaissance, - La critique de la raison pratique, qui traite de l’action morale - La critique du jugement, qui traite du goût et de la finalité. Mais si Kant est un philosophe critique, il est aussi un philosophe du système. La Critique de la raison pure est un monument, l’ensemble de ‘œuvre ressemble à une ville. Le souci architectonique est constant. Jusqu’à 46 ans, âge auquel il écrit sa Dissertation de 1770 sur la dualité du monde sensible et du monde intelligible, Kant se cherche sans se trouver encore. Le tremblement de terre de Lisbonne qui traumatisa l’Europe et fut à l’origine d’une controverse philosophique suscite chez Kant des articles qui se terminent par ce constat très leibnizien : nous sommes une partie de la nature et nous être le Tout. Kant s’intéresse alors à la nature, même dans sa dimension la plus empirique, la plus concrète. Il obtient sa promotion à l’université avec une « Dissertation sur le feu « .. A l’université de Königsberg où il enseignera jusqu’à un âge avancé, les cours les plus nombreux que Kant donnera seront consacré à la géographie! Kant dit avoir été réveillé de son sommeil dogmatique par la lecture Hume. Il s’est retrouvé vis-à-vis du philosophe écossais dans la même position que Descartes vis-àvis de Montaigne : comment sauver la pensée du doute sans tomber dans l’illusion ? Tout le travail de la raison, dit Kant, est compris dans les trois questions suivantes : - Que puis-je savoir ? - Que dois-je faire ? - Que m’est-il permis d’espérer ? Il inaugure une philosophie consciente d’elle-même, de ses conditions de possibilité et de son engagement pratique. Ces trois questions conduisent à cette quatrième qui les résume toutes : qu’’Est-ce que l’homme ? Ainsi Kant passe t-il de la nature physique au sujet humain. Grand lecteur et convive disert, malgré un tempérament plutôt mélancolique et flegmatique, il fit de son temps de vie, et cela malgré une santé fragile, un usage à ce point minutieux et rigoureux qu’il eut certes le droit, quand il mourut de dire « c’est bien » . Pour résumer Kant : les choses en soi ne sauraient être pour nous. C’est notre raison finie et les formes de notre sensibilité qui nous permettent d’appréhender à priori les objets que l’expérience nous fournit. Si toute la connaissance ne venait que de l’expérience, alors toute connaissance ne serait qu’à postériori, et donc hors toute nécessité et universalité. Nous serions dans ce cas réduits au scepticisme le plus total. Mais heureusement, nous connaissons les choses par ce que nous y mettons nousmêmes. Autrement dit, c’est notre entendement qui « éclaire » les objets pour les connaitre à priori, et non les objets qui « éclairent » notre entendement pour en être connus de lui, de même que c’est la terre qui tourne autour du soleil et non l’inverse.. C’est en tant qu’être en soi, noumène, que l’homme est soumis librement à l’impératif catégorique, car en tant qu’être qui apparaît, phénomène, il est soumis aux causalités naturelles qui expriment leur propre devoir-être: tel effet suit tel effet… Dans le débat « éternel » entre partisans et adversaires de la peine de mort, on sera peut être étonné de voir Kant se ranger dans celui des partisans de cette peine. Mais à y bien réfléchir, il y’a là une attitude logique de sa part, qui n’en appelle pas moins une critique que chacun fera pour son compte : « Si le criminel a commis un meurtre, il doit mourir. Il n’existe ici aucune commutation de peine qui puisse satisfaire la justice. Il n’y aucune commune mesure entre une vie si pénible qu’elle puisse être, et la mort et par conséquent aucune égalité du crime et de la réparation, si ce n’est que par l’exécution légale du coupable sous la condition que la mort soit délivrée de tout mauvais traitement qui pourrait avilir l’humanité dans la personne du patient »….. On ne peut pas quitter Kant sans rappeler cette déclaration sublime dont une partie figure comme épitaphe sur sa tombe au cimetière de Königsberg : « Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au dessus de moi et la loi morale en moi « … KANT