religieux ont persévéré malgré les invasions répétées des peuples païens, les
pillages, la destruction de leurs bâtiments et leurs fermes. A maintes reprises
ils ont dû reconstruire. Est-ce que c’était justement le témoignage de leur
persévérance et leur fidélité face à la souffrance qui a incité les barbares
d’adopter la foi en Jésus ?
Il n’y a pas eu de plus grand menace au mouvement monastique que la
révolution française. Le 2 novembre 1789 tous les biens ecclésiastiques (y
compris les monastères) était « mis à la disposition de la nation » (autrement
dit, confisqué par l’état). Mais l’idéologie qui cherchait à rendre l’église
obsolète n’a pas réussi à éteindre le monachisme. Petit à petit les
communautés se réorganisaient, et la continuité est assurée jusqu’à nos jours,
16 siècles après l’établissement de la première communauté fondée en France
par Saint Martin. Ce n’est pas une exagération de dire que le monastère est
l’entreprise le plus durable de tous les temps.
Les frères comprenaient que ça prend du temps, que la gratification
instantanée est illusoire, qu’il faut que les efforts entamés dans une génération
soient continués par des générations successives. Ils pratiquaient une
spiritualité « de longue haleine », n’ont pas du succès immédiat.
Ils refusaient d’abandonner le monde à son sort, comme si c’était une cause
perdue, mais sans recourir à des platitudes et des réponses trop simplistes aux
problèmes de la vie. Ils réparaient et reconstruisait rapidement, avec patience
et avec joie, « comme si la restauration provenait de quelque loi de nature »
(David Bosch).
Les citoyens de la cité céleste cherchaient activement la paix et le bien être de la
cité terrestre. David Bosch.
Y a-t-il un parallèle entre le monde du Saint-Benoît et l’Europe de 2015?
Contrairement aux idées reçues, les moines n’étaient pas principalement des
ermites ayant abandonné le monde afin de se préparer pour le ciel. La vision
de Benoît était celle de la restauration. Il faisait face à un monde qui était
“vieux, pourri et moribond” (Cardinal Newman). Il était corrompu, mené par
des tyrans dont la principale force était leurs richesses et leur capacité
d’exploiter leurs sujets. L’Empire romain était en ruine ; l’adoption du
christianisme par Constantin n’avait pas produit le réveil de l’empire. Le vieux
système était en déclin avancé, en proie aux invasions barbares. Le monde