
 
tation [Wohnhaus] ». Comme le nomadisme sceptique ne peut 
nous satisfaire, nous ne pouvons renoncer à construire une résidence 
[Wohnsitz] solide, mais la Critique nous a avertis [gewarnt] de ne 
pas nous aventurer sur un projet arbitraire et aveugle (tel celui que 
nourrit la métaphysique spéculative dogmatique). Il nous faut donc 
précisément faire maintenant le 
devis [Vorrat] d'un édifice [Ge-
bäude] qui soit en rapport avec les matériaux [Bausteine] dont nous 
disposons, d'une part, et qui soit approprié à nos besoins [Bedürf-
nis], d'autre part. Maintenant que nous savons précisément ce que 
nous pouvons connaître, il s'agit d'élaborer une métaphysique ap-
propriée à nos besoins (l'intérêt pratique de l'homme), mais qui 
tienne compte des limites de notre connaissance. 
On aurait donc tort de ne voir dans la Théorie de la méthode 
qu'un complément – au fond, facultatif –, seulement destiné à assu-
rer la perfection architectonique du système. On doit la tenir pour la 
conclusion véritable de la Critique qui ne contient – le fait est à souli-
gner – aucune section portant ce nom. Sa brièveté se comprend d'ail-
leurs bien, de ce point de vue : autant la Méthodologie peut paraître 
bien maigre comme pendant de la Théorie des éléments, autant l'on 
comprend que, comme conclusion, elle soit d'une étendue res-
treinte. Elle constitue le versant positif de la critique de la méta-
physique i. La Critique est, en effet, écrite en vue du « Canon de la 
raison pure ». Après avoir renouvelé la leçon essentiellement néga-
tive de la Dialectique transcendantale, et avoir ainsi écarté une nou-
velle fois l'idée d'un usage légitime de la raison pure dans l'usage 
spéculatif, Kant définira l'ensemble des principes a priori de l'usage 
légitime de la raison, lequel ne peut être qu'un canon de son usage pra-
tique. Les conclusions que tire la Théorie de la méthode, le pro-
gramme qu'elle dessine, la transition qu'elle constitue entre la Criti-
que de la raison pure et la Critique de la raison pratique, sont autant 
de raisons de s'inscrire en faux contre la légende tenace qui veut ab-
solument qu'elle soit une partie très ancienne de l'œuvre. Il en va en 
effet dans cette section de la Critique de la détermination des conditions 
de l'usage légitime de la raison pour la métaphysique future. 
La Méthodologie transcendantale est tout entière tournée vers 
l'avenir. Après avoir longuement tiré les leçons implicites de la 
Théorie des éléments (le chapitre «
De la discipline de la raison
» oc-