Aspects économiques liés à l'utilisation des chambres implantables Isabelle Borget Institut Gustave Roussy et Université Paris-Sud CHAMBRES IMPLANTABLES • Impact économique de la pose de chambres implantables important : – Nombre de patients concernés – Coût initial de la pose – Coût des complications : multiples (infectieuses, thrombotiques, mécaniques….), fréquentes, graves (hospitalisation, dépose de la chambre) • Thrombose: – Risque élevé (jusqu’à 10%) – Conséquences médicales : morbidité, ablation de la chambre – Conséquences économiques liées à la thrombose, remplacement de la chambre 2 QUEL EST LE COÛT D’UN ÉVENEMENT THROMBO-EMBOLIQUE ? COÛT DU CANCER EN FRANCE (EN 2007) • Coûts médicaux directs : 11 Mds € – – – – Hospitalisation: 6.2 Mds € Radiothérapie: 0.4 Mds € Médicaments onéreux: 0.6 Mds Soins de ville : 3.7 Mds € (1.6 soins, 1.4 médicaments, 0.7 transport) • Coûts indirects: 17 Mds € Analyse économique des coûts du cancer en France, Rapport INCa, 2007 EVOLUTION DES DÉPENSES • Augmentation des dépenses de chimiothérapies 0,6 Mds en 2007 1,5 Mds en 2012 70% liées aux thérapies ciblées 5 molécules = ¾ des dépenses 2 postes de dépenses en diminution • Hospitalisation: diminution de la durée de séjour, augmentation de la part ambulatoire • Maitrise médicalisée des dépenses de transport et des arrêts de travail 5 COÛT DES ÉVÈNEMENTS THROMBO-EMBOLIQUES • Études rétrospectives, réalisées à partir des bases de données américaines de remboursement (Medicare, Medicaid…) • Bonne exhaustivité et taille importante des échantillons, durée de suivi variable Etude Bullano 2005 Durée de suivi 21 mois Coût moyen d’un ETE TVP : 7 712 $ EP: 9 566 $ TVP + EP : 12 200 $ Spyropoulos 2007 1 à 3 ans ETE: 11 862 $ MacDougall 2006 1 an Surcoût ETE: 16 832 $ Lefebvre 2012 > 1 an Surcoût ETE: 15 941 $ • Coût d’un ETE: de 7 000 à 16 000 $ • 900 000 ETE / an 6 à 9 MdS /an Extrapolation à la France difficile 6 COÛT PAR POSTE DE DÉPENSES • Facteurs de coût: • Hospitalisations (67%) • Ambulatoire (29%) • Médicaments (4%) 7 COÛT DES RÉCIDIVES • Après un ETE, risque élevé de récidives et de ré-hospitalisations • Coût de la récidive – Récidives chez 25 % des patients – 14 975 $ / récidive 2102 $ par an et par patient ayant eu un ETE – 30% de récidives sans hospitalisation (239 $/ patient) Bullano 2005, Spyropoulos 2007 8 LA NOTION DE COÛTS EVITABLES & IATROGÉNIE • Modélisation des coûts liés aux ETE: o USA – De 14 à 37 Mds / an – 33 à 43 % des coûts dit « évitables » o En Europe: – ETE : 2 à 3.6 Mds / an – 0.7 à 1.8 Mds « évitables » (35 à 50%) o En France, embolies pulmonaires et thromboses postopératoires « évitables »: – 19 000 séjours/an – Allongement de la durée d’hospitalisation de 5,5 j – Surcoût de 4 933 € / patient, soit ̴ 80 millions €/an Mahan, Thromb Haemost, 2012 et ISTH 2013 IRDES, Coûts liés aux effets indésirables des traitements, 2011 9 COÛT DES ÉVÈNEMENTS THROMBOEMBOLIQUES CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS DE CANCER • Données économiques : 3 études américaines Elting et al , 2004 • Hospitalisation de 11 jours (ou prolongation de l’hospitalisation de 7 à 11 jours) • Coût par épisode : 20 065 $ par episode (ou augmentation des coûts d’hospitalisation de 38%) Spyropoulos et al., 2007 • 1ère année de soin : 10 804 $ pour thrombose veineuse profonde et 16 664 $ pour embolie pulmonaire Conolly et al, 2013 • Patients avec K du poumon: 84187 $ chez les patients avec ETE et 56 818 $ chez les patients sans ETE COÛTS HOSPITALIERS ET AMBULATOIRES CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS DE CANCER 80 000 70 000 Cout par patient par an ($) • Etude rétrospective portant sur des patients traités par chimiothérapie aux USA, avec et sans ETE • Coûts hospitaliers et ambulatoires sur 12 mois 74 959 60 000 47 091 50 000 41 691 40 000 29 901 30 000 21 299 20 000 10 000 7 490 6 569 4 331 0 Avec Evt TE Khorana et al., Clinico-econ Outcomes Res. 2013;5:101-8 Sans Evt TE 11 NOMBRE DE PATIENTS HOSPITALISES ET DE SÉJOURS POUR ETE EN FRANCE (DONNÉES PMSI) • Etude menée à partir des données issues des bases du PMSI • Nouveaux patients atteints de cancer du sein ou de la prostate en 2010, suivi de 2 ans pour tous les patients • Nombre de séjours et patients hospitalisés pour TVP/EP parmi ces patients Cancer du sein Cancer de la prostate Nombre de patients 104 996 61 738 Nombre de nouveaux patients 62 365 45 551 Nombre de patients avec TVP/EP 1 271 997 Incidence (%) 2.0 % 2.2 % Nombre de séjours 1 604 1 210 • Séjours pour lesquels les TVP/EP ont prolongé une hospitalisation non pris en compte (en cours d’estimation) COÛT DES ETE EN FRANCE A PARTIR DE LA BASE PMSI • Coût des séjours pour TVP/EP chez les patients atteints de cancer Coût moyen par séjour - 1er évènement - Récidive Coût total Coût moyen par patient ayant fait une récidive Cancer du sein Cancer de la prostate 3 302 € 2 916 € 3 611 € 3 363 € 1 976 236 € 1 426 357 € 5 545 € 5 692 € • Dépense annuelle moyenne par patient (source: AMELI 2010) • Maladies cardio-vasculaires : 7 551 € • Cancers : 8 729 € • Diabètes : 5 965 € • Insuffisance rénale avancée, mucoviscidose, hémophilie, transplantation : 19 000 à 22 000 € LIMITE DE L’ETUDE • Analyse limitée à 2 types de cancers • Coût des thromboses nécessitant une hospitalisation sous-estimation des coûts: – Absence de prise en compte des coûts ambulatoires, de transport, arrêts de travail – Absence de prise en compte des thromboses sans hospitalisation • Part des thromboses induites par chambres implantables ? 14 COMMENT RÉDUIRE LES COÛTS ? PRISE EN CHARGE HOSPITALIÈRE OU AMBULATOIRE • Prise en charge ambulatoire vs hospitalière chez les patients ayant eu une thrombose – Boccalon et al, 2000 • Essai randomisé hospitalisation 10j + suivi à domicile vs domicile seul • Patients avec thrombose veineuse profonde (n=201) • Pas de différence sur le taux de rechutes et d’hémorragies sévères (3.0 vs 3.9%) • Réduction des coûts de 56% – Jara Palomares 2012 • Pas de différence en termes de mortalité et hémorragies sévères • Réduction des coûts de 85% 16 IMPACT ÉCONOMIQUE DU RESPECT DES RECOMMANDATIONS • Comparaison des conséquences et des coûts d’une prophylaxie « appropriée » vs prophylaxie « inappropriée ou insuffisante » chez des patients atteints de cancer • En cas de prophylaxie « inappropriée ou insuffisante » : – – – – OR de survenue d’un ETE = 3.1, p<0.001 OR de décès = 1.5, p<0.001 OR hospitalisation sous 30 j, = 3.1, p<0.001 Coût : 17 128 $ vs 15 384 $ (∆ = 1 275 $) Amin, J Oncol Pract, 2009 17 QUALITÉ DE VIE APRÈS VTE • Etude prospective monocentrique canadienne de révélation de l’utilité chez des patients, dont 23% avec cancer • Scores d’utilité: – Thrombose : 0.81 – Embolie pulmonaire : 0.75 – Complication hémorragique mineure : 0.75 – Complication hémorragique majeure : 0.15 – Temps médian des symptômes en cas de thrombose ou embolie : 1 semaine • Nécessité de disposer de données dans le contexte français K Hogg et al JAMA Intern Med. 2013;173(12):1067-1072. 18 PRINCIPES GÉNÉRAUX DES ÉVALUATIONS MÉDICO-ÉCONOMIQUES COUTS Différentiel de coûts CONSEQUENCES Différentiel de conséquences (années de vie gagnées, QALY) • Analyse comparative de stratégies concurrentes sur la base de leurs coûts et de leurs conséquences • Estimation d’un ratio incrémental coût-efficacité (ICER) ICER = ∆ Coût / ∆ Efficacité • La valeur de l’ICER est comparée à un seuil (en general, 50 000 €/QALY, pas de seuil en France ) LE CADRAN COUT-EFFICACITÉ Nouveau traitement plus couteux Rejet ? (moins efficace Et plus coûteux ) Nouveau traitement moins efficace (plus efficace et plus coûteux ) Reference Nouveau traitement plus efficace C ? (moins efficace et moins coûteux ) Adoption (plus efficace et moins coûteux ) Nouveau traitement moins couteux 20 EVALUATIONS MEDICO-ECONOMIQUES DES TRAITEMENTS • HBPM vs héparine non-fractionnée: – HBPM coût-efficaces dans 11/12 études • HBPM vs warfarine: – HBPM coût-efficace dans 8/8 études • Dabigatran and rivaroxaban versus HBPM: – Résultats contradictoires selon contexte et pays Thirugnanam, Critical Care, 2012 21 CONCLUSIONS • Poids économique considérable des évènements thrombo-emboliques, lors du 1er évènement et des récidives • Peu de données disponibles sur le coût des évènements thrombo-emboliques et de leurs prises en charge dans le contexte français. • Importance du respect des recommandations pour réduire les coûts