Jusqu’en1991, le Canada était le seul pays touché par l’acide domoïque. Cette année-
là, des mortalités importantes de pélicans bruns et de cormorans ont attiré l’attention sur des
efflorescences de Pseudo-nitzschia (P. multiseries, P. australis, P. pseudodelicatissima) sur la
côte ouest des Etats Unis. Les fermetures de la pêche au crabe (Cancer magister) et
coquillages (Siliqua patula) ont induit des pertes estimées à 15-20 million US$ pour les seules
fermetures de l’état de Washington. L’acide domoïque se propage dans la chaîne alimentaire
par le zooplancton qui broute les algues et qui est mangé par des poissons pélagiques comme
les anchois. Les efflorescences se produisent régulièrement depuis cette date. A titre
d’exemple, en 1998, une efflorescence a duré une quinzaine de jours en Septembre avec pour
conséquence des concentrations dépassant les normes pendant au moins deux mois. Dans
cette région, les efflorescences sont étroitement liées à la circulation des eaux côtières induite
par la topographie et aux mouvements verticaux. Une étude récente (Mengelt et Prezelin,
2005) a mis en évidence la capacité de survie de P. multiseries à survivre au noir pendant des
périodes pouvant aller jusqu’à plusieurs semaines (jusqu’à 7 semaines). La division cellulaire
se poursuit à l’obscurité grâce à l’utilisation de substrats organiques. Cette particularité de
l’espèce la différencie de la majorité des autres diatomées dont la croissance requiert de
l’énergie lumineuse. L’inoculation en surface de population à fortes densités ayant séjourné
dans des eaux profondes permet d’expliquer le développement très rapide d’efflorescences.
L’équipe américaine de V.L. Trainer a montré aussi que P. pseudodelicatissima se développe
dans un tourbillon (tourbillon de Juan de Fuca) qui agit comme un bio réacteur. Sur cette côte,
encore plus qu’ailleurs, les événements toxiques sont pour leur plus grande part déterminés
par la circulation des masses d’eaux. A la fin de l’efflorescence, des champignons (oomycètes
et/ou chytrids) infectent les cellules (Horner et al., 1996) et pourraient être une cause majeure
de mortalité des cellules.
Une étude des carapaces siliceuses (frustules) de Pseudo-nitzschia dans des sédiments
proches de l’embouchure du Mississipi (Parsons et Dortch, 2002) a démontré une
augmentation d’abondance de ce genre au cours de 50 dernières années. Parallèlement, les
apports de la rivière en azote et phosphore ont augmenté. Les auteurs concluent que dans cette
zone, les efflorescences de ce genre peuvent se produire en dépit d’une limitation relative des
apports en silice. A ce jour, aucune toxicité n’a été rapportée le long de la côte sud des Etats-
Unis.
En Ecosse, les pêcheries de Coquilles Saint Jacques sont touchées par des
contaminations ASP depuis 1999 ; cette année là, la pêche a été interdite pendant une période
continue de 18 mois. Les zones de pêche sont situées au large de la côte ouest et les niveaux
d’ASP atteignent fréquemment 250 (à comparer avec les 20 de la norme) (Bresnan, comm.
pers.). Les espèces présentes dans les efflorescences sont P. australis, P. seriata, P.
multiseries, P. fraudulenta et P. pseudodelicatissima. La surveillance a commencé en Irlande
en 2000, la toxicité est présente à des niveaux variables tout au long de l’année (Silke, comm.
pers.). Dans ces deux pays, la noix et le corail sont extraits avant mise sur le marché. Cette
procédure est aussi mise en œuvre en Espagne.
Ce genre est cosmopolite et a été rapporté dans de nombreuses régions dont la côte
mexicaine du Pacifique, la Nouvelle Zélande, l’Australie, Hong Kong, et bien sûr, la France.
Toutes ces efflorescences n’étant pas nécessairement associées à de l’acide domoïque.
Les facteurs influençant les efflorescences de Pseudo-nitzschia