Présentation du Lac Tchad INTRODUCTION Présentation du Tchad Le Tchad s’étend sur une superficie de 1.284.000km2 et abrite une population de 6.288 millions d’habitants (recensement de 1993), évaluée à 7,6 millions en 2001, dont la plus grande majorité vit en zone rurale. Il est entouré par le Niger, le Nigeria et le Cameroun à l’Ouest, le Libye au Nord, le Centrafrique au Sud et le Soudan à l’Est. Les trois premiers pays partagent avec le Tchad, les eaux du Lac. Présentation du lac Tchad Le Lac Tchad et les zones humides de son bassin constituent un écosystème unique très spécial et très fragile, extrêmement riche en ressources naturelles et une réserve de biodiversité d’intérêt mondial. C’est l’une des zones les plus humides du Sahel. A titre d’exemple 21 espèces de poissons ont été inventoriées dans la Lac Tchad ( CADP, 1992 ; Neiland et al.,1994 ; Ita,1993). 372 espèces d’oiseaux ont été inventoriées dans le bassin du Lac Tchad dont le tiers sont des espèces qui effectuent des migrations vers les pôles (palé- arctiques) et vers les tropiques ( afrotropicales). Ces zones humides jouent donc un rôle majeur très particulier dans l’écologie, l’hydrologie et l’économie du bassin du Lac Tchad. Il est situé à l’est du Sahel Africain et en bordure sud du Sahara, constitue une vaste étendue d’eau douce non salée partagée entre le Cameroun au sud ( 8%), le Niger au nord-ouest (17%), le Nigeria à l’ouest (25%) et le Tchad à l’est (50%). Il est le 4 e grand Lac Africain et le 3e Lac endoréique du monde et s’étale dans une cuvette fermée faiblement déprimée. Le Lac a donc une faible profondeur moyenne comprise entre 1.5 et 5 m, un volume relativement faible ( 20 à 100 milliards m3 ) et une superficie très variable liée à la pluviométrie annuelle du haut bassin et du Lac lui-même ( 2.000 à 26.000 km2). Il est caractérisé par une très faible infiltration estimée entre 200 et 400 mm par an. La pluviométrie annuelle varie dans le Lac entre 100 et 300 mm et sur l’ensemble du bassin, elle oscille entre 200 mm au nord à 1200 mm à l’extrême sud du bassin.. La température moyenne varie entre 15oC et 45oC avec un maxima de plus de 50o C enregistré sous l’ombre près du Lac, par contre l’humidité passe de 10 à 20 % au nord en saison sèche à près de 90 à 100% au sud en saison pluvieuse. Le bassin hydrographique du Lac Tchad couvre une superficie d’environ 2.500.000 km2, mais la Commission exerçait son mandat sur une superficie de 427.300 km2 appelée “ bassin conventionnel”. Celui-ci a été élargi en 1994 à 984.455 km 2 avec l’adhésion de la RCA comme 5e pays membre. Cette portion du bassin hydrographique constitue le bassin actif du Lac Tchad et est repartie comme suit : - Cameroun - Niger - Nigeria - R.C. A - Tchad : : 56.800 km2 162.375 km2 : 205.500 km2 : 197.800 km2 : 361.980 km2. Sur cette étendue vivent environ 30.000.000 d’âmes dont la vie dépend des ressources naturelles qui s’y trouvent. Le Lac Tchad et ses habitats sauvages constituent un sanctuaire unique pour la faune de toute la région et un rempart essentiel contre la désertification. Au delà du lac Tchad plusieurs autre lacs et cour d’eau existent dans le pays et qui fait vivre beaucoup de famille il s’agit du lac fitri lac iro les lacs de fianga la Kabya ; lac de lerre le Logone et le Chari Les Services techniques Ce sont les institutions publiques parapubliques qui ont pour mission l’élaboration et la mise en œuvres des politiques de développement arrêtées par le gouvernement l’encadrement et la formation des producteurs, l’approvisionnement des groupements en intrants et la commercialisation des produits agricoles. Ils couvrent pratiquement tous les domaines d’activités économiques et sociales dans la région du lac La Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) Au lendemain des indépendances africaines, un besoin de regroupement pour mieux résoudre les problèmes communs s’était fait sentir. C’est ainsi que l’Organisation de l’Unité Africaine est née le 25 mai 1963 à Addis Abbeba. C’est dans cet esprit que la Commission du Bassin du Lac Tchad a été créée à Fort-Lamy (actuel N’Djamena) par une Convention signée le 22 mai 1964, juste un an après l’Organisation mère, par le Chefs d’Etat des quatre pays riverains du Lac Tchad, notamment le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad. Le but premier de la Commission est d’assurer l’utilisation rationnelle et efficace des eaux et coordonner le développement socio-économique durable du bassin centré sur le Lac Tchad. La Société de Développement du Lac (SODELAC) La SODELAC a été créée en 1967 dans le souci d’amorcer le développement global du département du lac aujourd’hui région du lac. Mais elle a orienté ses actions sur l’aménagement et la mise en valeur de polders ainsi que sur l’encadrement et l’animation des producteurs agricoles. Les activités de la pêche et d’élevage ont bénéficié de peu (ou pas) d’attention. La SODELAC dispose d’une infrastructure d’accueil dans la région Importance économique du lac Tchad Au niveau du bassin du lac Tchad, la pêche apparaît être l’activité économique la plus importante. Elle rapporterait environ 26 Milliard de franc CFA aux ménages (selon King 1988) contre 15,5milliard de franc CFA par an pour les cultures de décru et 8,6 milliard de francs CFA /an pour l’élevage, 6,3milliards de francs CFA/an pour les petits périmètre irrigués et 5,5 milliards pour les grands périmètre irrigués. .Problèmes A l’heure actuelle et pendant la sécheresse persistante au Sahel de ces 30 dernières années, la superficie du Lac est réduite à moins de 5000 km2. Pendant les périodes humides et moyennes (1880-1970), la superficie du Lac variait entre 26.000 et 10.000 km2. L’extrême faiblesse de la superficie donc du volume en eau du Lac, et de sa décroissance globale observée depuis environ un siècle, fait craindre, pour tous les habitants de la région, sa disparition progressive. Cette hypothèse doit être examinée sous un triple constat : • la variabilité naturelle des apports • L’évolution des prélèvements d’eau sur le Lac et les rivières qui l’alimentent • Les modifications climatiques qui pourraient, selon les scientifiques être générées par la production et l’augmentation des gaz à effet de serre. Ces contraintes physiques ci-dessus citées ne peuvent trouver des solutions que par des actions concertées sur la gestion intégrée de ces ressources en eau partagées, la préservation et la conservation de ses zones humides. • • • • • Les mauvaises pratiques de pêche et les pollutions des cours d’eau : les ressources halieutiques sont en baisse des points de vue quantitatif et qualitatif, à cause de mauvaises pratiques de pêche (utilisation d’engins prohibés et de produits toxiques) et du nombre croissant des pêcheurs étrangers qui surexploitent les pêcheries (cours d’eau notamment le Chari et ses affluents et le Lac-Iro). Il importe aussi de noter que la plupart des industries (hormis la Cotex) installées dans la zone jettent directement leurs eaux usées dans les cours d’eau sans les traiter au préalable (Coton Tchad, Sonasut…) entraînant les pollutions qui détruisent les milieux aquatiques et leurs écosystèmes (poissons, crocodiles, tortues, plantes…). Les mauvaises pratiques agricoles actuelles contribuent à la dégradation du lac l’ensablement et la pollution Les feux de brousse (surtout tardifs), mettent la végétation dans un état de faiblesse qui ne lui permet pas de traverser dans de bonnes conditions les périodes de sécheresse et compromettent la régénération de certaines espèces qui disparaissent du paysage. Allumés soit par les éleveurs pour le renouvellement des pâturages, soit par les autochtones pour la préparation des champs ou la chasse, ou simplement par inadvertance, les feux de brousse réduisent fortement la strate végétale et herbeuse et favorisent la dégradation des sols par l’érosion et la perte de fertilité. une forte évaporation comprise entre 2500 mm et 3000 mm par an LOCALISATION DE LA ZONE La partie tchadienne du bassin conventionnel du Lac Tchad couvre une superficie de 361.980km2 (CBLT, Plan d’action stratégiques) soit 28% du territoire national et 37% du bassin conventionnel du Lac- Tchad. Elle abrite une population de 5.200.000 habitants (BCR, 1993) soit environ 83% de la population totale et couvre 11 préfectures suivant l’ancien découpage administratif. La partie tchadienne du bassin conventionnel comprend trois préfectures : le Chari Baguirmi ouest (devenu hadjer- lamis suite au dernier découpage administratif). Le Lac et la Kanem. Elle est limitée au Nord par le BET au sud par le département du Mayo Boneye, à l’est par ceux du Bahr –el Ghazal, du Dababa et du Baguirmi et à l’ouest par le Cameroun, le Nigeria et le Niger. Sa population totale est d’environ 833.446 habitants (recensement 1993) avec 417.752 femmes soit 50, 1%. Elle est surtout rurale et tire l’essentiel de ses revenus des activités du secteur primaire comme l’agriculture, l’élevage et la pêche. Plusieurs groupes ethniques évoluent dans cette zone : Kanembous, Boudouma, Kouri arabes, kotoko, Haddad, Kreda, Tounjour, Haoussa, Borno, etc… C’est aussi une zone d’importants mouvements migratoires : mouvements traditionnels saisonniers, exode rural et immigration. Elle se caractérise par deux zones écologiquement distincts : sahélienne et sahélo- saharienne. La zone est très exposée aux aléas climatiques, comme l’ont montré, les sécheresses de 1973 et 1984, avec des effets très marqués sur l’économie, toujours très tributaire de l’agriculture et de l’élevage. Les déficits pluviométriques ont constamment des répercussions sur le niveau des nappes phréatiques et sur les ressources de surface. Si la préfecture du chari-Baguirmi ouest a une frontière avec le Cameroun, le Kanem avec le Niger, celle du Lac est ouverte à 3 pays à savoir : le Cameroun, le Niger et le Nigeria. C’est elle qui bénéficie de grands zones humides au Bassin (proximité du Lac et qui reçoit les populations déplacées suite à la sécheresse. On y note les apports démographiques en provenances du Kanem, du Batha et du Chari Baguirmi. CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL Climat La zone est dans le domaine sahélien (chari- Baguirmi ouest ou Hadjer- Lamis) et sahélosahélien (Kanem et Lac). Elle est caractérisée par une pluviométrie annuelle comprise entre 200 et 600mm avec un gradient Nord-sud. Sur l’ensemble de la zone. La pluviosité s’étend sur une période de quelque mois (de mi-juin à mi-septembre) avec un maximum pluviométrique se situant au mois d’août. les sols La zone tchadienne se caractériser par quatre types de sols : les sols sableux, sablo argileux, argileux hydro morphes. Dans le département du Hadjer-Lamis,l les sols sont principalement sablo argileux. Ils sont essentiellement sableux, entaillés de Ouadis à sols argileux dans le département du Kanem Tandis que dans le département du Lac. Les sols sont sableux (de Rig-Rig à Liwa), argileux à limono argileux dans les polders et hydro morphes sablo argileux au niveau des îles. la Végétation D’une manière générale, le couvert végétal de la zone est dominé par les herbacées et les Acacia. Et en fonction des zones. Il y a prédominance de telle ou telle espèce. Dans la préfecture du Kanem et du Lac, la végétation est différente en fonction du sol. C’est ainsi que sur les dunes on rencontre peu d’arbustes (surtout des épineux) et une strate herbacée en saison pluvieuse. Tandis que dans les creux des dunes se développe une végétation particulière, celle des Ouadis dont la composition floristique est liée à la présence ou non de natron. Dans la zone inondable sur les bords du lac se développe une savane arbustive avec un couvert graminéen haut et fourni. A la limite des eaux se distingue une végétation aquatique composée de cyperus papyrus. Hydrologie/ Hydrographie L’Hydrographie est caractérisée par deux cours d’eaux : le chari, long de 1200km (fournissant 83% des eaux du lac), et son affluent le Logone, de 1000 km. Faune La zone recèle encore les espèces animales ci-après : les gazelles, les chacals, les singes, les éléphants, des rongeurs (lièvres, écurils et rats), varans, serpents, hippopotames, crocodiles, pintades, hérons, éperviers, charognards, sarcelle, etc… Les problèmes liés à la faune sont surtout les aléas climatiques et la menace de l’homme (le braconnage et les feux de brousse). CONTEXTE SOCIO POLOTIQUE ET SANITAIRE Sa population totale est d’environ 833.446 habitants (recensement 1993) avec 417.752 femmes soit 50, 1%. Elle est surtout rurale et tire l’essentiel de ses revenus des activités du secteur primaire comme l’agriculture, l’élevage et la pêche. L’islam est la religion dominante dans la région car elle concerne presque l’ensemble de la population. Différents peuplements La configuration ethnique de la région présente ce qui suit : - dans le département de Hadjer Lamis principalement les Kanembous, Toundjours, Bilala, Haddad (Massakory), les arabes, khozzams (Massaguet), les kotokos, arabes (rives du chari). Cependant au niveau des rives sud du Lac (Guitté, Baltram, Sidjé Gredaya, Mahada, etc… et sur les rives du chari, on distingue plusieurs ethnies que : Haoussa, Bornou, Massa, Sara, Foulb2, etc.… arabes, Bornos, Massa, Baguirmiens, Kotoko et Sara (Mandélia) : arabes, Bornos, Bilala et Sara, Foulbé (linia). - Dans le département du Kanem : trois principales ethnies les Kanembous, les Gourone (Krédas) et les Tounjours. Les Kanembous sont majoritaires et concentrés dans le sultanat qui correspond à peu prés à la sous préfecture de Mao. On trouve les Goranes au Nord de Mao et les arabes Toundjours au Sud et l’Est. Dans le département du Lac : en majorité de Kanembous (prés de 50%), des Boudoumas, Kouris et Haddad. On y rencontre également des transhumants d’ethnies arabes, seul et goranes séjournant pendant 6 à 8 mois chaque année dans la région. CONTEXTE : ATOUTS CONTRAINTES Relations intercommunautaires On observe des relations entre les communautés arabes et kotoko du Tchad et du Cameroun, entre les Kanembous du Tchad et les Bornons du Nigeria et du Niger. Ceci s’explique par l’existence des liens historiques traditionnels ou de parenté qui unissent les peuples installés de par et d’autre des frontières. De par les caractéristiques sociologique et économique similaires, on peut dire sans risque de se tromper qu’il s’agit des mêmes communautés séparées par une frontière. En effet, le Nord du Lac Tchad constitue un trait d’union entre le Kanem et le Bornou. L’empire du Kanem Bornou reste une unité historique en même temps qu’une région économique, ce qui explique les relations entre les communautés du Lac- Kanem et du Bornou ( désormais réparties entre le Niger et le Nigeria). Démographie La densité démographique varie d’une région à l’autre. C’est ainsi qu’au Lac, elle est estimée à 8,5 habitants /km2. même dans cette préfecture, on distingue une partie Nord- Est très peuplées (cantons Dibinentchi, Baderi,Ngouri,Yalita et N’garangou) avec une densité atteignant parfois 47 habitants/km2, une partie Nord-Ouest faiblement peuplées avec une densité de 6,5 habitants/km2 (cantons Liwa, Bol, Kisskra et Tataverom). Organisation sociale de la population Plusieurs ethnies se partagent la région ou les sociétés sont fortement influencés par la culture musulmane, appliquant pour la plupart des cas, les lois musulmanes pour gérer le quotidien,, allant jusqu'à modeler les pratiques foncières actuelles. La plus petit unité sociale est la famille (beyt) c’est la cellule la plus élémentaire qu’on pourrait appeler «, l’unité domestique », le beyt se compose d’un père de famille, de son (ses) épouse (s), ses enfants, ses parents et éventuellement ses subordonnés. Chez les éleveurs mobiles, chaque beyt dispose d’une certaine autonomie et indépendance, ce qui explique l’instabilité du férik (campement) Chez les sédentaires, les familles vivent dans des villages administrés par un chef de village, très souvent choisis parmi les patriarches. Tout habitant est tenu de se soumettre à l’autorité du chef de village. Chez les éleveurs mobiles, le férik (cament), est composé par une dizaine de familles, rarement plus de vingt familles. Les liens existant entre les membres d’un même férik sont visibles et concrets. Mais la composition interne d’un férik peut changer, selon les saisons ou les années. Par ailleurs, les membres d’une même férik ne sont pas nécessairement membre d’un même khashm-beyt (lignage ou clan). Le férik n’est pas une structure stable. C’est plutôt un rassemblement accidentel, parce qu’il se fait et se défait selon les circonstances, il éclate et grossit continuellement au gré de l’arrivée ou du départ des familles qui le constituent. Généralement, les membres d’un même férik collaborent dans l’exploitation des points d’eau et des pâturages d’une zone donnée. Ensemble, ils décident de la fréquence et de la direction des déplacement de la séparation des troupeaux , des points d’eau utiliser etc.… cependant, les troupeaux d’un même férik ne sont pas nécessairement conduits ensemble : cela veut dire qu’a l’intérieur d’un férik, on peut retrouver plusieurs unités de gestion. organisation sociale de travail Les groupes ethniques ont chacun des activités spécifiques. Cependant, dans l’ensemble de la zone, l’unité familiale est considérée comme une entreprise dont le chef est l’homme. Les principales activités menées sont l’agriculture, l’élevage, le pêche et commerce. Toute la famille participe à la réalisation de ces activités. C’est ainsi que chez les agriculteurs, le labour est une tâche masculine tan disque pour le semis, le sarclage et la récolte, l’aide de la femme et des enfants est sollicitée. Dans le milieu agropastoral (arabes de Hadjer Lamis), les femmes, elles s’occupent de la traite et la vente des produits laitiers tandis que les hommes se chargent de l’abreuvement et des soins, et les enfants de la conduite des animaux au pâturage. Dans les communautés des pêcheurs (au Lac), une activité exclusivement masculine mais la transformation des produits de la pêche est en grande partie réalisée par les femmes. Elles commercialisent également une partie des captures fraîches. Mouvements des populations Les stratégies principales des populations sont la migration et la pluri - activité. La mobilité des colonies de peuplement humain agricole, pastoral et de pêche est en fait une réponse ancienne aux aléas climatiques (surtout manque d’eau). aux contraintes physiques se sont ajoutés les divers conflits. Ces stratégies trouvent leur substance dans trois sortes de mouvements migratoires présentés ci-après : Mouvements spontanés La région du lac abrite une population très mobile. On peut distinguer 3 mouvements essentiels selon les saisons : a) les mouvements traditionnels saisonniers (entre les villages de base et villages de culture) : ce sont les mouvements des sédentaires qui après les récoltes des champs, descendent dans les polders pour les cultures de décrue ; - - le mouvements entre campement et villages d’origine : ce sont les mouvements des transhumants du kanem, du batha, du chari-baguirmi et de la zone intermédiaire qui atteignent le littoral du lac en saison sèche, ces transhumants repartent dans leurs villages en saison pluvieuse ; des transhumants du kanem de la zone insulaire qui regagnent les Iles en saison sèche ; les mouvements des pêcheurs qui campent sur les rives du Lac dans les îles en saison sèche et qui regagnent les villages en saison des pluies au moment des cultures ; les mouvements des personnes du kanem, du chari Baguirmi et du batha qui viennent au lac pour l’agriculture ou la pêche ; b) l’exode rural : il concerne les jeunes actifs agricoles qui quittent leurs villages (surtout kanem et partie continentale du lac) pendant la saison sèche pour chercher de l’emploi dans les centres urbains (surtout à N’djamena) : au lac. Les zones de Ngouri et de Liwa sont les plus touchées du fait du manque de polders pour les cultures de décrue en saison sèche. Ce mouvement touche 10% de la population. Mouvements liés aux conflits En période de conflits, les populations cherchent toujours refuge dans les localités frontalières. C’est ainsi que pendant les évènements de 1979/1980, la grande partie de la population de N’djamena s’est déplacée vers Kousseri (Cameroun) et Maîdugouri (au Nigeria), certaines familles s’y sont installées définitivement. Une partie de la population du Lac a regagné le Nigeria (au Bornou State. La préférence du Nigeria s’explique après sa proximité et surtout par la tradition car les populations du Kanem se déplacent au Nigeria pour fuir les razzias ou autres conflits. Mouvements dus à la sécheresse La région a connu deux principales sécheresses (années 73 et 84) qui ont provoqué le déplacement des populations et leur installation sur les rives sud du Lac autrefois réputées inhospitalières et fréquentées essentiellement par les éleveurs nomades peuls. Elle s’est traduite par leur mise en valeur à des fins agricoles. En 1984, la préfecture du Lac a accueilli des personnes déplacées venues du batha, Kanem, chari-baguirmi et même du Niger. Les populations des zones continentales (de Liwa à N’gouri) se déplacent vers les zones des polders et des îles pour pratiquer les cultures de décrue, la pêche ou pour trouver des pâturages : les éleveurs agriculteurs kanembou, goranes, arabes et Foulbé cultivent en territoire Kouri ou Boudouma. Tous ces mouvements provoquent un accroissement saisonnier de la population des zones des polders et des îles. Les Kanembous du Kanem se déplacent au Lac pour pratiquer l’agriculture en période de sécheresse .par ailleurs, les sécheresses de 73-84 ont fortement marqué l’élevage (décimation du cheptel). Ce qui s’est traduit par un exode des éleveurs vers N’djamena, Libye et Arabie Saoudite. D’une manière générale, on retiendra que la sécheresse provoque d’une part des migrations agricoles internes importantes des zones défavorables vers les zones favorables à l’agriculture, à l’élevage et /ou à la pêche et aussi l’exode rural, d’autre part des mouvements externes avec l’installation définitive des populations dans les grandes villes (il s’agit de l’immigration). Mouvement dus à la conjoncture économique Il s’agit des mouvements des commerçants qui vont au Cameroun, Nigeria, Niger, RCA et parfois Soudan certains s’y installent définitivement.