Forum Med Suisse 2011 ;11(45):820 820
Les efforts pour réduire la mortalité dramatique du cancer du
poumon (CP) grâce à un dépistage précoce ont jusqu’ici échoué.
Le CT spiralé est-il meilleur que la radiographie du thorax ou la
cytologie, techniques employées précédemment?
D’août 2002 à septembre 2007, 53 454 sujets à haut risque pour
un CP ont subi chaque année pendant 3 ans un CT spiralé à
faible dose (n = 26 722) ou une radiographie (n = 26 732). Le
suivi a duré jusqu’à n 2009. Les radiologues avaient subi une
formation spéciale. Les images CT avec un nodule non calcié
de >4 mm ou n’importe que nodule non calcié sur un cliché
standard étaient classées comme suspect de cancer.
95 (CT) et 93% des sujets ont subi les 3 examens. Le pourcentage
de tous les examens de dépistage ayant identié une anomalie
cliniquement signicative a été de 7,7% pour le CT et 2,1% pour
la radiographie. 1060 cancers ont été détectés par CT et 941 par
la radiographie. La mortalité par CP a diminué de 20% dans le
groupe CT comparé à la radiographie. Le nombre d’examens
pour prévenir un décès a été de 320. Pour les deux techniques,
le taux de faux positifs a dépassé 94%.
Le taux de complications pour arriver au diagnostic a été de
>23%, ~ 10% ayant été qualié de «majeur» mais avec une mor-
talité heureusement très faible (1–2%). La population était très
motivée et ces résultats pourraient ne pas s’appliquer dans la
«vie réelle». Les radiologues étaient spécialement attentifs
concernant des signes de CP éventuels et disponaient d’une
formation professionnelle spéciale: est-ce qu’en Suisse, on
devrait envisager de converger? Le surdiagnostic reste un
problème non résolu. Le coût reste un obstacle majeur: aux
Etats-Unis, 7 millions de fumeurs auraient satisfait aux critères
d’inclusion!
Grâce à un effort majeur, une diminution de 20% des décès a pu
être obtenue. Le seuil d’alerte pour le CT était un nodule de
4 mm. On ne connaît pas les résultats d’une telle étude si ce seuil
avait changé vers le haut ou vers le bas: moins et plus de faux
positifs probablement mais aussi des CP ratés. On attend avec
impatience des marqueurs moléculaires des CP dans le sang, les
expectorations ou l’urine pour un dépistage plus facile et moins
«lourd».
N Engl J Med. 2011 ;365:395. / AdT
Le tabagisme
actif est un facteur de risque indépendant de survenue d’un
diabète. Un suivi de 24 ans de près de 100 526 femmes issues
de la Nurse Health Study a montré que comparées aux non-
fumeurs, les femmes exposées à la fumée passive augmentent
de 16% la probabilité de développer un diabète!
Diabet Care. 2011 ;34:892–7. / AdT
La glomérulonéphrite
membraneuse est une cause fréquente de syndrome néphro-
tique. L’antigène responsable du dépôt de complexes anti -
gène-anticorps dans les membranes basales glomérulaires est
dans 70% des cas une phospholipase. Chez l’enfant, ce n’est
toutefois pas le cas. Les auteurs de cette étude ont trouvé
de hauts taux sériques d’anticorps antialbumine bovine (forme
cationique) chez 4 enfants sur 5 âgés <5 ans souffrant d’un
syndrome néphrotique. Les enfants avec de hauts taux
d’anticorps avaient aussi des dépôts d’albumine bovine dans
les glomérules. L’ origine alimentaire (lait de vache) avec passage
d irect d’albumine bovine du tube digestif dans le sang est
possible. Ceci ouvre des perspectives thérapeutiques (diété-
tiques peut-être) autres que des traitements stéroïdiens et/ou
immu nosuppresseurs: bonne nouvelle, particulièrement
pour les enfants!
N Engl J Med. 2011 ;364:2101. / AdT
Les risques de développer un
nouveau cancer chez les survivants d’un cancer traité pendant
l’enfance sont mal connus à long terme. Cette étude a suivi
pendant une médiane de 24 ans 17981 patients survivants
de plus de cinq ans à un cancer traité pendant leur enfance.
1354 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués. Les
risques supplémentaires absolus sont chez les patients de plus
de 40 ans et appartiennent aux cancers de la vessie et du
tube digestif. Un suivi attentif semble important!
JAMA. 2011 ;305:2311. / AdT
Le tamoxifène et le raloxifène (modulateurs sélectifs de
récepteurs aux œstrogènes ou SERM) sont deux médicaments
reconnus pour la prévention du cancer du sein. Ils sont pourtant
assez mal supportés. L’exemestane (E), un inhibiteur de
l’aromatase, un enzyme clé dans la synthèse des œstrogènes, a
été étudié chez 4560 femmes à hauts risques de cancer invasif
du sein contre un placebo. Après 35 mois de suivi, on a détecté
11 cancers invasifs dans le groupe E et 32 dans le groupe
placebo, une réduction signicative de 65%. Le médicament a
été très bien supporté. Il semble donc que ce résultat soit une
avancée signicative pour les patientes à haut risque. A signaler
tout de même: l’étude a été nancée par Pzer…
N Engl J Med. 2011 :364; 2381. / AdT
Auteur dans ce numéro: Antoine de Torrenté (AdT)