PETIT COURS D’ÉTHIQUE ET POLITIQUE
Matériel complémentaire • Guide d’enseignement
INTRODUCTION • Qu’est-ce que l’éthique ?
L’éthique en jeu (p. 6)
1. Quelles sont les valeurs que véhiculent les pratiques professionnelles
suivantes : techniques policières, techniques administratives, sciences
humaines et sciences pures ?
Techniques policières : sécurité, paix civile, respect des lois et de l’ordre social,
justice et confiance ;
Techniques administratives : transparence, responsabilité, efficacité, probité et
confiance ;
Sciences humaines : curiosité, impartialité, ouverture aux autres, connaissance,
culture, rigueur, dialogue et subjectivité ;
Sciences pures : curiosité scientifique, connaissance, objectivité, rigueur et
désintéressement.
2. À quelles institutions correspondent ces pratiques ?
Techniques policières : collège, police et institutions de la justice ;
Techniques administratives : collège et administration ;
Sciences humaines et sciences pures : collège, université et laboratoire.
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L’éthique en jeu (p. 8-9)
1. Le dilemme du médicament en quantité limitée
Dans ce dilemme, ce sont les conséquences de l’action qui sont moralement
déterminantes. La meilleure décision à prendre serait donc de donner 1/5 de la
dose du médicament aux quatre patients, car il s’agit de l’action qui engendrerait
le résultat optimal. Il vaut mieux en effet sauver quatre personnes et n’en perdre
qu’une, plutôt que d’en sauver une seule et de provoquer la mort des quatre
autres.
2. Le dilemme du pompier
Dans ce dilemme, ce sont les relations affectives que nous entretenons avec les
personnes qui sont moralement déterminantes. La meilleure décision à prendre,
pour le pompier, serait donc de sauver son enfant, même si cette action risque
d’entraîner la mort de quatre inconnus.
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3. Le dilemme du chirurgien
Dans ce dilemme, ce sont les interdits moraux qui sont moralement
déterminants. Nous reconnaissons en effet qu’il existe un certain nombre
d’actions qui sont moralement interdites, peu importe les conséquences de nos
gestes. Tel est le cas, ici, du meurtre ou de l’homicide. La meilleure décision à
prendre pour le médecin est donc de résister à la tentation de prélever les
organes du sans-abri sans son consentement, puisque cela reviendrait à
commettre un meurtre.
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L’éthique en épreuves (p. 22)
1. Pourquoi est-ce une erreur de s’attendre à ce que les philosophes qui
enseignent l’éthique soient des sages ?
Croire que les professeurs d’éthique sont des sages est une erreur, car cela
revient à admettre qu’ils peuvent penser et décider à notre place, comme si notre
responsabilité morale se limitait à suivre passivement leur opinion. De plus, cette
attente est fallacieuse, parce qu’elle attribue aux philosophes une seconde
compétence qu’ils ne possèdent pourtant pas, celle de pouvoir juger des
pratiques sociales, de l’extérieur, comme s’ils étaient des dieux omniscients.
2. Formulez vous-même un dilemme moral où ce sont les conséquences
qui sont moralement déterminantes.
À la suite d’un détournement d’avion par un terroriste, le pilote se trouve
confronté au choix suivant : s’il ne fait rien, l’avion s’écrasera sur l’un des gratte-
ciel du centre-ville où travaillent présentement des milliers de personnes ; s’il
brise le volant de l’avion, ce dernier continuera sur sa trajectoire et s’abîmera en
mer. Que devrait donc faire le pilote s’il veut agir moralement ?
3. Formulez vous-même un dilemme moral où c’est le respect des interdits
moraux qui est moralement déterminant.
Pierre est sur le point d’entrer à l’université. Comme il vient d’un milieu modeste,
il sait qu’il devra travailler pour payer ses études. Pour l’instant, il occupe un
emploi de serveur dans un restaurant. Or, le salaire n’est pas très élevé, ce qui
l’oblige à faire de longues heures. Un soir, un inconnu lui propose d’augmenter
substantiellement ses gains s’il accepte de prêter quelques secondes les cartes
de crédit de ses clients avant de charger le coût de leurs repas. Que devrait faire
Pierre s’il veut agir moralement ?
4. Formulez vous-même un dilemme moral où ce sont les engagements
moraux partiaux des individus qui sont moralement déterminants.
Nathalie s’entraîne depuis l’âge de 12 ans pour devenir championne olympique
dans sa discipline, la natation. Elle est maintenant sur le point de réaliser son
rêve. Or, les études et l’entraînement intensif limitent le temps qu’elle peut
consacrer à sa vie affective. Elle en discute à plusieurs reprises avec son ami,
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qu’elle fréquente depuis deux ans. Cependant, ce dernier ne veut plus attendre
et l’accuse de ne penser qu’à elle. Nathalie devrait-elle renoncer à son amour de
la natation en faveur de son ami ?
5. Formulez un exemple d’argumentation qui fait appel à la méthode de
l’équilibre réfléchi.
Un individu pourrait soutenir qu’il est contre l’abattage des bébés phoques au
printemps, car il estime que la souffrance est moralement injustifiable. Nous
pourrions demander à cet individu s’il croit réellement que la souffrance est
toujours moralement injustifiable. Admet-il, par exemple, que la souffrance peut
être moralement justifiée lorsqu’elle contribue à engendrer un bien ? Les
médecins et les dentistes peuvent-ils nous faire souffrir pour rétablir notre
santé ? L’individu en question veut-il dire alors que seule la souffrance gratuite
est moralement injustifiable ?
6. Trouvez trois problèmes éthiques dont la forme ressemble à celle d’un
sorite.
a) À partir de quel moment peut-on affirmer qu’un individu est un drogué ou un
alcoolique ?
b) À partir de quel moment un bien, comme le lait, devient-il impropre à la
consommation ?
c) À partir de quel moment un être humain devrait-il être considéré comme un
adulte ?
7. Construisez un argument de style « pente glissante » à propos d’un des
trois problèmes du numéro précédent.
Les parents qui tolèrent que leurs jeunes enfants prennent un verre à la maison
pendant les occasions de réjouissance, sous prétexte de leur laisser explorer les
effets d’un produit inconnu dans un environnement contrôlé se trompent. En
réalité, ils incitent leurs enfants à rechercher la compagnie de buveurs lorsqu’ils
fréquenteront l’école. À ce moment-là, les enfants ne se contenteront plus de
boissons douces, mais voudront connaître également les effets des boissons
fortes. De fil en aiguille, ces parents finiront ainsi par faire de leurs enfants de
véritables alcooliques.
8. Quel est l’objet de la méta-éthique ?
La méta-éthique a pour objet l’ensemble de nos concepts moraux et s’intéresse,
en particulier, à l’aide de l’étude du langage moral, à la manière dont ces
concepts fonctionnent.
9. Qu’est-ce qui distingue l’éthique normative de l’éthique appliquée ?
L’éthique normative réfléchit aux normes, aux principes et aux prescriptions
générales qui sont susceptibles de guider l’action et la décision morale. L’éthique
appliquée, quant à elle, s’intéresse plutôt, comme son nom l’indique, aux
problèmes moraux particuliers que pose l’évolution de la société, tels le
changement climatique, le développement des biotechnologies et autres.
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10. À partir de ce que vous savez des caractéristiques des trois approches
de l’éthique et de la distinction entre l’éthique du juste et l’éthique du bien,
proposez une autre façon de classer, en deux catégories, les trois
approches de l’éthique.
On pourrait distinguer seulement deux grandes familles de théories éthiques : les
théories déontologiques et les théories téléologiques, qui proposent un but à
atteindre aux individus. Dans les dernières, on pourrait placer l’utilitarisme et
l’éthique des vertus.
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CHAPITRE 1 • Les approches conséquentialistes
L’éthique en jeu (p. 24)
1. Est-il raisonnable de croire que les politiques sociales de l’État affectent
le bonheur des individus ?
À première vue, il est effectivement raisonnable de croire que les politiques
sociales de l’État affectent le bonheur des individus, car il est bien établi que ces
politiques ont une incidence sur l’espérance de vie, le niveau d’éducation, l’état
de santé, les perspectives d’emploi et le niveau de revenu des individus, entre
autres. De là à admettre que ces facteurs, considérés isolément ou dans leur
ensemble, peuvent affecter le bonheur des individus, il n’y a qu’un pas que nous
pouvons franchir aisément.
2. L’État devrait-il faire du bonheur de la population le principal objectif de
ses politiques publiques et pourquoi ?
Demandons-nous d’abord à quoi ressemblerait un État qui ne tiendrait pas
compte du bonheur de sa population dans l’élaboration de ses politiques
publiques. Il y a de fortes chances pour qu’il s’agisse d’un État non
démocratique, l’actuelle Birmanie, par exemple. Nous pouvons en conclure, a
contrario, qu’un État qui ferait du bonheur de sa population le principal objectif de
ses politiques serait sans doute favorable à la démocratie. Il s’agit, cependant,
d’une simple présomption.
3. Comment l’État devrait-il évaluer le bonheur ou le bien-être de la
population ? Est-ce qu’une mesure comme le PIB est un bon indicateur du
bien-être de la population d’un pays et pourquoi ? Y a-t-il d’autres
indicateurs que le gouvernement devrait prendre en considération et
pourquoi ?
Peu importe que l’on conçoive le bonheur en termes d’épanouissement (Aristote)
ou de bien-être (utilitarisme), il est certain qu’un niveau minimal de ressources
matérielles en est une composante essentielle. Il est en effet difficile de préten-
dre qu’un individu est heureux quand ses besoins fondamentaux ne sont pas
satisfaits. En ce sens, les indicateurs de richesse tels que le PIB, le PNB ou le
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niveau de revenus des individus sont certainement des mesures pertinentes du
niveau de bien-être d’une population donnée. Cependant, il est bien connu que
l’argent ne fait pas le bonheur. Au-delà d’un certain seuil, il faut également
prendre en considération d’autres facteurs tels que l’espérance de vie, le niveau
d’éducation, l’accès aux soins de santé, la participation aux activités sociales,
entre autres, pour compléter l’évaluation du bien-être des individus. La meilleure
mesure du bien-être ne peut cependant rendre compte de la dimension
irrémédiablement subjective du bonheur.
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L’éthique en jeu (p. 33)
1. Un législateur utilitariste interdirait-il le port de cette arme ou non ?
Le législateur doit évaluer les conséquences non seulement d’une interdiction du
port de cette arme, mais aussi celles d’une non-interdiction, pour le bien-être de
la population. Pour cela, il doit calculer ces conséquences en fonction de leur
utilité à procurer du plaisir et à éviter de la douleur à la population. Si nous
interprétons l’inquiétude de la population comme une présomption contre le port
de cette arme par les forces policières, alors nous sommes conduits à admettre
que le législateur devrait interdire le port de cette arme par les forces policières.
Cette décision maximisera le bonheur de la population et causera un minimum
de douleur, car seules les forces policières et le fabricant ne seront pas satisfaits.
2. Aurait-il pris la même décision s’il avait attribué une utilité infinie à la vie
humaine ?
Oui.
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L’éthique en jeu (p. 52-53)
1. Comment l’utilitarisme pourrait-il justifier cette décision à l’aide des
principes auxiliaires de Singer ? Commencez par établir le statut moral des
êtres en présence.
Il est clair qu’Ashley est capable de ressentir du plaisir et de la douleur et que, en
conséquence, elle a des intérêts moraux. En ce sens, elle fait partie de la
communauté morale. Cependant, il est non moins clair qu’elle est incapable de
se projeter dans le futur et qu’elle n’a pas conscience d’elle-même comme d’une
personne distincte des autres. Selon Singer, nous ne devrions pas lui
reconnaître le statut moral de personne. Seuls les deux autres enfants et les
deux parents ont ici ce statut. La condition de l’existence préalable oblige les
parents à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour tenter d’améliorer la qualité de
vie d’Ashley. Si nous prenons en considération le principe d’égale considération
des intérêts et que nous procédons au calcul des préférences en cause, il en
résulte que les préférences à long terme des parents et des deux autres enfants
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