« Changements climatiques et évolution des peuplements animaux
dans le Golfe de Gascogne »
Le programme régional ERMMA (Environnements et Ressources des Milieux
Marins Aquitains, www.ermma.fr) compte actuellement 9 partenaires principaux :
-MNHN,
-Météo France (Station Aquitaine et Station de Bayonne-Anglet-Biarritz),
-Université de Pau et des Pays de l’Adour,
-le Centre de la Mer Côte Basque,
-le Musée de la Mer de Biarritz,
-les Douanes françaises,
-les Affaires Maritimes,
- l’Institut des Milieux Aquatiques (IMA)
-et le Laboratoire de Prélèvements Hydrobiologiques (LAPHY).
Ses actions dont l’objectif est double :
-Réaliser des études appliquées sur les milieux marins (mélangeant
connaissances scientifiques et expertises pluridisciplinaires),
-Constituer un outil d’interactions entre les scientifiques et les institutions en
charge de la gestion durable du milieu marin et réaliser la communication vers le grand
public.
Depuis 1973 une chute du tonnage pêché de certaines espèces, correspondant à
une diminution du stock disponible, a été observée dans le Golfe de Gascogne.
Est-ce la conséquence directe des activités humaines (pêche, pollutions des eaux) ou
celle de variations climatiques ?
Quelles sont les espèces les plus affectées et dans quelles zones ?
Une étude récente sur « L’Ecosystème et le climat dans le Golf de Gascogne »
apporte de nombreuses précisions sur le sujet.
Une équipe de chercheurs menée par Georges Hemery (Muséum national d’histoire
naturelle) et Iker Castege (Centre de la Mer Côte Basque) a tenté de répondre à cette
question.
Une baisse des tonnages péchés de certaines espèces (Merlu d’Europe, Tacaud,
Lieu jaune, …) correspondant à une diminution du stock de poissons disponible est observée
dans le Golfe de Gascogne depuis 1973.
Est-ce la conséquence de l’activité humaine (surpêche) ou de changements
climatiques ?
Une équipe de chercheurs a tenté de répondre à cette question.
Cet important travail de recherche a été réalisé Georges Hemery (Muséum national
d’histoire naturelle), Iker Castege (Centre de la mer Côte Basque), Frank D’Amico
(Université de Pau et des pays de l’Adour, UPPA), Bernard Dupont (Météo-France-Biarritz),
Yann Lalanne (UPPA), Claude Mouchès (UPPA), Jean Elbée (Laboratoire d’analyses des
prélèvements hydrologiques).
1. Des conditions climatiques qui évoluent…
Le 2 février dernier, le GIEC (Groupe International d’Experts sur le Climat) dévoilait
son dernier rapport sur les prévisions climatiques de ce 21ème siècle. Les experts prévoient
une hausse de température entre 1,4° et 5,8° d’ici à 2100, ainsi qu’une montée du niveau de
la mer pouvant aller de 9 à… 88 cm !
C’est dans ce contexte et à une échelle géographique gionale que cette équipe
s’est penchée sur l’évolution du climat au sein du Golfe de Gascogne.
Dans le but de définir aux mieux les conditions climatiques au cours des 25 dernières
années, onze paramètres, mesurés à la station météo de Biarritz ainsi qu’au sémaphore de
Socoa, ont été retenus (température eau mer (SST à Biarritz) ; état d'agitation de la mer ( moyenne,
minima, maxi) ; pression atmosphérique ; température (moyenne des minima, moyenne des maxima) ;
précipitations cumulées ; durée d'insolation ; vent maximal instantané (mini (nombre de jours<25 km/h),
maxi (nombre de jours>60km/h))..
Un indice climatique annuel est ensuite calculé par analyse statistique afin de rendre
compte de façon globale des variations climatiques d’une année sur l’autre. Cet indice se
nomme index climatique SBC (Southern Biscay Climate index)
-Une valeur négative de cet indice traduit une année avec des conditions dépressionnaires
marquées (fortes précipitations, mer agitée particulièrement en hiver par exemple).
-Une valeur positive caractérise des conditions anticycloniques (température annuelle plus
élevée, forte insolation, mer calme par exemple).
.
Les équipes de recherche ont clairement mis en évidence une évolution vers les
conditions anticycloniques depuis le milieu des années 80 jusqu’en 1994, il semble ensuite
que le phénomène s’inverse jusqu’en 2000.
2. Des conséquences sur les écosystèmes marins :
Depuis 1976, grâce à la coopération des Douanes françaises des Affaires maritimes,
le Muséum nationale d’histoire naturelle suit l’évolution des effectifs et la répartition
géographique des tacés et oiseaux marins dans le Golfe de Gascogne, ainsi que celles
des poissons par le biais du tonnage débarqué. L’évolution des espèces vivant en eaux
tempérées chaudes (méridionales) et celles privilégiant des eaux tempérées froides
(boréale) ont été étudiées au cours de ces 30 dernières années.
On dénote pour les espèces méridionales (voir tableau ci-dessous) une tendance à la
croissance de leurs effectifs de 1977 à 1997 avec toutefois une récente inversion de cette
évolution
.
SBC >0
SBC<0
Les espèces boréales ont subit une évolution inverse puisqu’elles tendent à se
raréfier. Certaines subissent même des disparitions temporaires dans le sud du Golfe de
Gascogne.
Fulmar Baliste
L’observation de l’ensemble des espèces actuelles montre que les variations
climatiques, caractérisées par l’index climatique SBC, expliquent entre 40 et 60% de
l’évolution des populations animales.
C’est l’influence des conditions climatiques sur la formation de la thermocline (*) en
hiver et au printemps, qui conditionne les populations de vertébrés marins.
En effet, l’ensoleillement et la température de l’eau détermine le développement du
phytoplancton puis du zooplancton, base de la chne alimentaire.
Les larves de poissons et les alevins en subissent donc indirectement les
conséquences durant leur développement au cours de leurs premiers mois de vie, puis dans
un délai de deux à quatre ans de croissance, celles-ci se répercutent sur les populations
d’oiseaux marins et de cétacés.
Ces mêmes populations de poissons sont aussi la cible des pèches côtières.
Chaîne alimentaire
Phytoplancton
Croissance
3-Mais le climat n’explique pas tout
Au-delà de la bonne corrélation entre l’index climatique et l’évolution des
espèces, l’impact de l’activité humaine doit également être prise en compte :
La pêche, notamment lorsque la quantité de poissons prélevés est
supérieur au renouvellement naturel (surpêche).
Les pollutions accidentelles comme les marées noires (Erika,
Prestige) ou volontaires (dégazages) dont les impacts ne peuvent être
traités séparément des évolutions naturelles du milieu.
(*)Thermocline : couche d’eau plus ou moins profonde et plus ou moins épaisse dans
laquelle la température décroît rapidement avec la profondeur. On différencie la thermocline
permanente, diurne ou saisonnière, cette dernière étant essentielle au développement des
organismes photosynthétiques comme le phytoplancton.
D’après l’article « Ecosystème et climat dans le Golfe de Gascogne » paru dans la revue
MetMar de MétéoFrance, N°194.
« Hémery G, Castège I, Dupont B, d’Elbée J, André R (2002) Ecosystème et climat dans le
Golfe de Gascogne. Météorologie Maritime, 194, 3-5 »
Contact :
Iker Castege, iker.castege@univ-pau.fr
Programme régional ERMMA : www.ermma.fr
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