Bâtiments et équipements éducatifs 2 La construction d’écoles communautaires Analyse d’expériences Margrit I. Kennedy Publié en 1981 par l’organisation des Nations Unies pour l’éducation,la science et la culture, 7,place de Fontenoy, 75700 Paris Imprimeries Réunies de Chambéry JSBN 92-3-201583-8 Edition anglaisc 92-3-101583-4 Edition espagnolc 92-3-301583-1 0Unesco 1981 Préface Resserrer les liens entre l’école et la communauté est une nécessité, et l’Unesco a fait une place croissante à cette conception dans son programme d’éducation, surtout depuis une dizaine d’années. Présentée pour la première fois en 1963 lors d’une réunion qui se tenait à Hambourg (et qui s’étaittraduite par la publication de Community schools in developing countries), cette idée a été par la suite réaffirmée avec beaucoup de force par la Commission internationale sur le développement de l’éducation qui déclarait dans son rapport : G L’ouverture de l’école sur le monde fonctionne dans les deux sens.Celle-citend à se concevoir comme un centre culturel polyvalent. Dès lors,la bibliothèque scolaire sert aussi de bibliothèque publique, l’auditorium de théâtre local, les laboratoires scientifiques, les ateliers techniques, les équipements sportifs, les studios audio-visuels,les centres de documentation sont mis à la disposition de la collectivité, tout au moins en dehors des heures de classe et pendant les vacances. Ainsi cherche-t-onà implanter, à enraciner l’école dans le milieu,à la désenclaver,à l’insérerdans la communauté, non seulement rurale, mais urbaine, en rappelant qu’il est difficile d’avoir de bonnes écoles dans de mauvaises cités. D e même pour la famille: on cherche à intégrer directement les parents dans la structure scolaire, à les associer à l’élaboration de l’éducation,notamment dans les ‘écoles communautaires’, ou par 1”école des parents’. D e même entre l’école et le monde du travail,bien que les tentatives pour ‘dépasser’la division rigide entre travail intellectuel et travail manuel soient encore souvent très superficielles.N Plus tard, à ses dix-huitième et dix-neuvième sessions,la Conférence générale a adopté des résolutions autorisant le Directeur général à faire exécuter ((des études visant à améliorer la conception et la planification des espaces éducatifs et des équipements dans la perspective de l’éducation permanente selon une utilisation optimale des ressources nationales D et à diffuser des ( (informations sur les nouvelles politiques de l’éducation orientées vers la rénovation et la réforme des systèmes d’éducation,adaptées aux besoins nationaux spécifiques sur la base des situationssociales, économiques et culturelles particulières, et destinées à promouvoir la démocratisation de ces systèmes dans le cadre de l’éducationpermanente ». La présente publication, qui découle de ces résolutions,porte sur les incidences architecturales de ces conceptions éducatives nouvelles. Elle est le résultat d’un projet de recherches sur le thème des (<écoles communautaires n dans le cadre duquel l’Unesco avait demandé à cinq universités d’effectuer des études de cas concernant leurs pays respectifs.U n document intitulé Les bûtiments à usuge scolaire et communautaire: cinq Etudes de cas avait déjà été publié par l’Unesco dans la collection Études et documents d’éducation». Le présent ouvrage est l’aboutissement d’une nouvelle étude au cours de laquelle le fonctionnement des programmes d’éducation communautaire d’une quarantaine de pays du monde a été analysé. Cette analyse a permis de dégager les tendances qui se font jour dans des pays se trouvant à différents stades de développement économique et social. La présente publication rend compte de la plupart des nouveautés essentielles, mais non, bien entendu, de la totalité d’entre elles. Elle ne marque donc pas le terme des activités de l’Unesco dans le domaine de la planification et de la conception des écoles communautaires, mais devrait au contraire susciter des initiatives nouvelles. Cette étude vise à montrer aux États membres et, plus encore, aux collectivités locales,un peu partout dans le monde, qu’il est possible de rapprocher davantage l’éducation et la communauté, et, parallèlement, qu’il n’existe pas d’institutions modèles en la matière, mais que chaque communauté,travaillant de concert avec ses autorités nationales,doit élaborer ses propres solutions pour répondre à ses propres 1. Edgar Faure et al., Apprendre ù étre, p. 157-158, Paris, Fayard-Unesco, 1972. (Le monde sans frontières.) besoins. Elle est donc destinée principalement à ceux qui prennent les décisions, notamment au niveau local,tout comme à ceux qui exécutent ces décisions, à savoir, en l’occurrence, les éducateurs et les architectes. Pour réaliser cette étude, l’Unesco a fait appel à M m e Margrit Kennedy, architecte et urbaniste, qui a conçu des écoles communautaires en Afrique, en Amérique du Nord et en Europe et qui a expérimenté des méthodes nouvelles afin d’encourager les divers utilisateurs à participer & la conception des bâtiments dont ils étaient appelés à faire usage. Le présent ouvrage a pour fondement les documents qu’elle a rassemblés, ses observations et son expérience; il s’ensuit que les opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nkessairement les orientations ni les vues de l’Unesco dans ce domaine. Les dénominations employées et la présentation adoptée dans cette publication en ce qui concerne les différents pays,territoires,villes ou zones n’impliquent aucune prise de position du Secrétariat de l’Unesco sur leur statut légal, leur régime ou le tracé de leurs frontières ou limites. Table des matières Introduction 9 L e problème des rapports entre l’école et la communauté 13 Orientation, planification et prise de décisions 25 Possibilités et moyens de combiner les activités, les programmes et les services 55 Bâtiments et autres équipements 79 Réalisation d’objectifs complexes: financement, problèmes de personnel et administration 132 Bibliographie I62 Introduction Aussi bien faut-il inscrire au tout premier rang des fuits porteurs d’avenir,les perspectives qu’ouvreà l’éducation, ciuns son sens le plus large, le pouvoir créateur des énergies populaires libérées I. Depuis quinze ans,on voit se multiplier des méthodes nouvelles d’éducation qui s’écartent sensiblement des schémas traditionnels. L’éducation a cessé d’être réservée à un groupe d’âge donné et d’être strictement limitée dans le temps et dans l’espace. Elle a changé de structure et de contenu pour mieux s’adapter aux besoins individuels et pour devenir un système plus efficace. L’école a étoffé ses programmes pour accueillir de nouvelles catégories d’usagers qui, à leur tour, ont influencé les activités et les programmes scolaires.Elle a fait appel aux ressources de la communauté et, pour améliorer ses propres services, elle s’est engagée dans une coopération avec d’autres partenaires. Tout cela a eu des conséquences directes sur les bâtiments scolaires qui ont souvent cessé d’être des ( (écoles >> au sens architectural du terme pour devenir des centres d’activité et de développement communautaires. Parfois, ces bâtiments ont été agrandis et intégrés à des édifices ayant d’autres destinations; dans d’autres cas, ils se sont trouvés complètement intégrés à des équipements communautaires. Le but de la présente étude est de discerner l’incidence de la construction d’écoles sur le resserrement des liens entre les établissements d’enseignement et l’environnement local. Dans ce contexte, l’expression ( (école communautaire ) ) désigne les équipements scolaires qui,d’unemanière ou d’une autre,s’écartent du type d’établissement traditionnellement destiné à être utilisé par un groupe d’âge particulier,pendant un temps limité de la journée,de la semaine et de l’année, dans un but déterminé,à savoir 1’« enseignement ». Lorsqu’il est ici question de bâtiments ou d’équipements en général, il ne s’agit pas seulement de conception et de construction, mais aussi de procédures de programmation, de processus de planification et d’utilisation des bâtiments, donc d’optimisation des ressources et des procédures de participation pour garantir, outre un fonctionnement sans heurt, des possibilités de croissance, de changement et d’adaptation,en même temps qu’une simplification des opérations de construction et une certaine souplesse. Pour établir le lien entre les {{équipements », compris dans ce sens, et la ((communauté », il faut procéder à une réflexion sur les politiques d’appui,les structures administratives et les très importantes questions de personnel, qui sont étroitement imbriquées et qui déterminent souvent la forme et la qualité des équipements. Pour cette réflexion,l’hypothèse de travail fondamentale en l’occurrence est que la coordination de l’écoleavec les autres services sociaux aura un effet dynamique supérieur à celui d’une approche non coordonnée procédant par additions successives. Les questions essentielles sont dès lors les suivantes: a) cette hypothèse est-elle correcte?; b) dans I’affirmative, comment s’opère le rapprochement entre l’écoleet la communauté?; c) comment le maintenir?; d) comment l’accentuer? Toute discussion à ce propos se trouve presque toujours entravée par le fait que la nécessité de resserrer les liens entre l’école et la communauté n’est guère contestée. Tout le monde, y compris les hommes politiques, les éducateurs et les parents, est favorable au principe; mais des raisons (< pratiques B semblent souvent s’opposer à son application. D e manière générale,on écrit donc beaucoup plus à ce sujet qu’on n’en fait dans la pratique. Les écrits, de surcroît, constituent plus souvent des plaidoyers que des évaluations utilisables. Néanmoins, le grand nombre d’articles relatifs à l’école communautaire publiés de par le monde au cours de la dernière décennie reflètent bien, dans l’ensemble,les idées qui ont été à l’origine des politiques et des applications dans ce domaine. Mis à part les études de cas,nombreuses au demeurant,la plupart des recherches se sont bornées soit à l’analyse de la situation dans un pays ou dans une zone géographique limitée,soit à celle d’opérationsde 1. Edgar Faure et al.,Apprendre à être, p. 152,Paris, Fayard Unesco, 1972. (Le monde sans frontières.) 9 - Introduction développement pareillement restreintes. La présente étude s’est efforcée de rassembler des informations provenant de nombreuses régions du monde et de comparer, dans un même cadre analytique, des expériences d’opérations de portée diverse. Aussi, non seulement s’inscrit-elledans le mouvement universel vers le resserrement des relations école-communauté, mais contribue-t-elle peut-être également à l’identification des différences et des similitudes fondamentales dans ce domaine de la planification. Cette démarche universelle montre non seulement que des problèmes se posent en termes identiques et qu’un enseignement de portée générale peut être tiré des expériences en cours, mais encore que la matière se prête k un enseignement réciproque. Les pays en développement peuvent éviter certains des problèmes que les vastes projets, peu efficaces, d’intégration de l’école à la communauté ont posé à la plupart des pays industrialisés au cours des années soixante et au début des années soixante-dix.D’autre part, les pays industrialisés auraient certainement intérêt à examiner Emplois du temps .... Horaire j .... Chevauchement de plus près les relations cntre l’école,la communauté et la production, et les projets d’aidc propre que les pays en développement mettent en œuvre. Notre premier travail a été de mettre de l’ordredans la masse de documents traitant du sujet de divers points de vue. Pour ce faire, nous avons classé les informations dont nous disposions par catégories de problèmes, selon leur fréquence d’évocation. Les problèmes se posant le plus souvent ont été les suivants: U) justifier des projets novateurs et la grande diversité des hypothèses de travail dont ils procèdent;b) mettre en rapport les ressources et les besoins locaux dans un processus de prise de décisions ouvert à la participation et fondé sur les traditions et modèles culturels particuliers en matière d’enseignement;e) établir des critères et trouver des moyens pour mettre en œuvre des contenus, des programmes et des services nouveaux; d) répondre au mieux aux demandes d’espace en fonction des besoins nouveaux; e) créer des structures souples en matière de financement,de personnel, de communications et d’administration. Activités .... .... Procédures , . . : . . . . ; Programmes - -- -;. Services ‘L , . : ...................... , ’ ’, I ... ! , . ................. ... Équipements i Installations .: Matériels . r ’ , : - . ; :.< . .~ C i - - . . . - . . 1 /‘\ ,I. . , .... . , . .. .... Ern p I oyes Personnel b ‘II .- ..... .......... ..... ..... .._................ I h , r‘ I . . . I .....d’ exploitation,..-.’ ’.. I I ............... .. ’ . ..... .. ..... Agents du :---changement .I Animateurs .... .......... Règles Enfants ..... -.’ Utilisateurs ’.,. Adultes Personnes âgées ----: ’., . : , . : ................... .......... FIG.1. Éléments clés des centrcs scolaires communautaires ou 10 dç réseaux de services sociaux et scolaires. Introduction A l’exception de la première,toutes les catégories de problèmes correspondent à un certain nombre d’éléments clés qu’il convient de prendre en considération dans toutes les structures d’organisation. La figure 1 présente les six principaux éléments et la façon, importante encore que peu tangible, dont ils se trouvent liés entre eux;le diagramme fait ressortir plusieurs conditions qui semblent évidentes mais qui se révèlent difficiles à satisfaire dans la pratique. En premier lieu,le facteur équipement (c’est-à-dire les bâtiments, les matériels et les sites) doit, sur le plan de la conception et de l’utilisation, intervenir parallèlement à d’autres facteurs tels que les programmes à l’intentiondu personnel,le financement,etc. En deuxième lieu,pour que les résultats d’un programme scolaire et communautaire coordonné soient les meilleurs possible, il faut non seulement que les six éléments soient étroitement liés entre eux,mais que chacun soit harmonisé avec les cinq autres. En troisième lieu, chaque élément doit s’exprimer de façon particulière dans chaque communauté. Dans une mesure plus ou moins grande, chaque élément existe dans toute localité où des programmes communautaires et scolaires sont organisés.Toutefois, les éléments essentiels nécessaires pour que l’intégration s’opère peuvent être différents d’un endroit à l’autre. Dans les nombreuses études de cas et autres textes qui ont servi de base à notre analyse, on peut trouver des exemples de presque toutes les situations de resserrement des liens entre l’école et la communauté,depuis celle des communautés rurales,aux liens plus stables, plus homogènes et plus traditionnels, jusqu’à celle des communautés urbaines, aux liens hétérogènes et en perpétuelle évolution. Cependant, il est clair que les deux groupes principaux sont constitués, d’une part, par les zones urbaines des pays industrialisés et, d’autre part, par les zones rurales des pays en développement.Bien que ces deTix groupes diffèrent radicalement par les buts qu’ils ont assignés à leur développement et par les problèmes auxquels ils sont confrontés, il ne paraît pas sans intérêt de les comparer,puis de tirer de cette comparaison des conclusions d’ordre général. En conséquence, chaque chapitre se divise en quatre parties: U) présentation des problèmes spécifiques ou des concepts formant le cœur du chapitre; b) discussion et analyse de la situation dans les pays industrialisés; c) discussion et analyse de la situation dans les pays en développement l; d) comparaison des deuxième et troisième parties, et conclusion, chaque fois que cela est possible. Cette étude n’a évidemment pas la prétention d’être exhaustive. Mais il faut y voir une nouvelle tentative de donner un sens à une foule de particularités et de dégager ce qui peut paraître applicable aux politiques et plans futurs. Si elle peut aider ceux que le sujet intéresse à poser les questions appropriées de façon à préciser leur position et à faire des choix en meilleure connaissance de cause, cette étude aura atteint ses objectifs essentiels. 1. Logiquement nous devrions dire pays ( (industriellement évolués D et pays << en développement industriel D; toutefois, pour éviter des confusions et rendre moins difficile la lecture d u présent ouvrage, nous avons choisi d’employer les expressions ( (pays industrialisés D et ( (pays en développement »; cette dernière expression s’applique uniquement à la situation économique, sans se rapporter, en aucun cas, aux structures notamment culturelles ou sociales. 11 Le problème des rapports entre l’école et la communauté Définition du domaine de recherche Jusqu’ici,il n’a été forgé aucune expression communément acceptée pour qualifier les différentes tentatives visant à associer plus étroitement communauté et école; et pourtant, de tels centres d’éducation communautaire fournissant des services intégrés et créant un lien entre l’éducation et la production existent en République-Unie de Tanzanie dans les nouveaux villages d’ujumau (famille), avec les nucleos educativos communales dans certaines zones rurales du Pérou, et les écoles secondaires de barrio (village) aux Philippines. Appeler ces nouvelles écoles ((écoles commu) ou (< centres de ressources humaines D nautaires ) (human resource centres) peut, peut-être, convenir aux États-Unis d’Amérique,mais pas au RoyaumeUni où les systèmes bivalents (dualprovision schemes) ont plus précisément pour objet d’associer enseignement et loisirs,tandis que les systèmes polyvalents [multi-provision schemes) font intervenir davantage d’éléments socio-éducatifs. En République fédérale d’Allemagne, les nouveaux Schulzentren (centres scolaires) s’accompagnent souvent d’importantséquipements communautaires,de même que les écoles de (écoles sans murs », expériquartier en Suède. Les ( mentées pour la première fois à Philadelphie, ont maintenant gagné divers autres pays, ainsi l’Australie où l’ons’efforce,au moyen des c bourses des connaissances ))(kerning exchanges), des centres de quartier, des écoles radiophoniques et des collèges communautaires, de donner une réponse locale spécifique aux besoins communautaires. Pour les pays en développement, on privilégie le plus souvent la liaison entre l’école et le travail, considérée comme moyen de développement communautaire. Les escuelus de produccion (écoles de production) de Cuba et de Panama, les escuelas pilotes rurales (écoles pilotes rurales) du Honduras, et les concentracionesde desarrollo rural (centres de développement rural) de Colombie montrent dans quelles intentions et quels contextes s’opère ce rapprochement entre l’école et la communauté. Pour certains,l’idée fondamentale est de parvenir à concevoir et à faire fonctionner les écoles selon un mode coopératif afin de proposer des services sociaux intégrés. D’autres voient l’école comme le centre du réseau des ressources communautaires.La polyvalence des équipements serait un moyen d’éviter d’inutiles doubles emplois; tandis que parvenir à ((plus de pertinence dans l’éducationn constitue l’espoir de ceux qui essaient d’établirune liaison plus étroite entre l’éducation et les ressources de la communauté pardelà les murs de l’école, ou entre l’éducation et le secteur de la production. Dans les pays en développement, pour abaisser le coût de l’enseignement,la liaison école-travail s’est effectuée selon le principe ((gagner de l’argent en étudiant ». Dans les pays industrialisés, les projets coordonnés sont considérés comme un succès s’ils apportent,par exemple,davantage de possibilités de loisirs, alors que dans les pays en développement,la coordination ne sera durable que si elle améliore la situation économique de la communauté et de chacun de ses membres. Afin de limiter le domaine de recherche et, en même temps, d’étudier tous les aspects de la planification et de la construction,la présente étude porte sur les trois catégories suivantes d’équipements coordonnés. Premièrement, les écoles qui ont élargi leur champ d’action pour s’ouvrir à de nouvelles activités et à de nouvelles catégories d’usagers (programmes d’éducation pour adultes,bibliothèque ou théâtre publics, garderie, club du troisième âge, services de santé, ateliers productifs, etc.). Dans ce cas, l’école s’agrandit parfois et change fondamentalement d’aspect. Elle peut devenir, en fait, le nouveau centre du district, de la ville ou du village. Deuxièmement, les écoles qui font systématiquement appel aux ressources communautaires, humaines, naturelles ou créées par l’homme,et qui,de ce fait, 13 Rapports entre l’école et la communaulé peuvent souvent réduire leurs dimensions: a) les ressources humaincs sont les parents, les grandsparents, les spécialistes d’une profession ou d’un domaine particulier, qui peuvent être effectivement associés aux tâches d’enseignement ou d’organisation à l’intérieur ou à l’extérieur de l’école; b) les ressources naturelles sont les terrains cultivés, les parcs et les zones naturelles non aménagées (classes en plein air). Dans les pays industrialisés, elles servent la plupart du temps pour les classes de biologie et de géographie,pour l’enseignement relatif à l’environnement,et pour les excursions et les activités récréatives; dans les pays en développement, elles accueillent souvent les activités de production;c) les ressources créées par l’homme sont les équipements et établissements privés et publics tels que musées, théâtres, bureaux de poste, établissements commerciaux,bureaux administratifs,établissements et ateliers d’enseignement supérieur, laboratoires, studios, etc., qui tiennent lieu de classes. Troisièmement,les écoles qui entrent à la fois dans les deux catégories précédentes et qui, de ce fait, réussissent parfois à équilibrer leurs besoins d’espace;toutefois, dans leur cas, les exigences à satisfaire au stade de l’étude (implantation, desserte, programmes et liaisons fonctionnelles) peuvent être très différentes de celles des écoles traditionnelles. D’autresdéfinitions de 1’« école communautaire N ont été données par S. G.Weeks [l]l qui en donne la description générale suivante: (< système organisé d’éducation et moyen de développement communautaire », et par I’EducationalFacilities Laboratories qui la définit comme un ( (lieu conçu et géré selon un mode coopératif, par l’école et d’autres institutions, en vue d’offrir des services sociaux, y compris l’éducation, à la communauté tout entière D [2]. Dans ce qui suit, les différentes expressions utilisées se ramènent à l’une ou à plusieurs des trois catégories ci-dessusdéfinies. En règle générale, on peut dire qu’il n’existe pas d’école communautaire où toutes les possibilités de coopération aient été totalement mises en œuvre. D’autre part, toute école a, en toutes circonstances, des relations avec la communauté qui l’entoure: les parents ont des rapports avec elle puisqu’ilsy envoient leurs enfants et les maîtres font partie de la communauté locale ou régionale.Toutefois,les établissements de tous genres dont traite le présent rapport s’écartent tous de la pratique traditionnelle et font apparaitre une démarche nouvelle d’une portée plus large: la fin de l’isolementtraditionnel de l’écoleet le commen14 cemcnt d’une Êre nouvelle en matière d’équipements scolaires, désormais ouverts aux échanges mutuels, décloisonnés et tournes vers la communaut6. Raisons incitant à la coordination dans les pays industrialisés Dans les pays industrialisés, les relations entre les écoles et les communautés locales changent sous l’influence d’un certain nombre de facteurs sociaux fondamentaux qui se renforcent mutuellement. Par souci de clarté, nous les répartirons en cinq grands groupes : facteurs pédagogiques, facteurs sociaux, facteurs économiques, évolution de l’urbanisme et facteurs démographiques. Facteurs pédagogiques La tendance des sociétés modernes 2 élargir le champ de l’éducation a entrainé une prolongation de la scolarité pour une plus grande partie des jeunes. D’où une demande nouvelle non seulement de classes plus nombreuses et mieux équipées, mais d’équipements spécialisés ou récréatifs. L’avènementde l’éducationpermanente et continue a amené la population adulte de la communauté 2 l’école,et a conduit à repenser les établissements dans une perspective de désinstitutionnalisation de I’éducation et de participation de l’élève à l’organisationde son domaine d’étude. Dans certains pays, l’école communautaire est considérée comme le moyen d’offrir un nouveau type d’éducation s’efforçant de privilégier la souplesse de raisonnement et la maîtrise des principes généraux plutôt que l’acquisition de connaissances particulières; l’accent est mis sur les droits et la dignité de l’individu et sur la prise de décision démocratique. O n pratique maintenant une approche concrète des ( (problèmes D reliant les situations étudiées à la situation mondiale ou nationale, et l’on recourt à des ((équipes d’enseignementD composées de maîtres et de parents s’occupant d’un plus petit nombre d’enfants,et disposant d’une autonomie et d’une mobilité plus grandes; d’où une utilisation différente des espaces éducatifs. Une approche éducative privilégiant l’expérimentation,et des rapports mieux adaptés et plus étroits entre le contenu de l’enseignement et la pratique ont fait sortir certaines activités de l’enceinte de l’école[3]. 1. Les chiffres enire crochets renvoient aux références à la fin du chapitre. Rapports entre l’école et la communauté Enfin, le sentiment que l’école tend à éloigner les enfants de leur communauté s’est instauré,et il en est résulté des critiques et même parfois une hostilité de la part de la communauté. Dans l’ensemble, les communxutés paraissent prendre davantage conscience qu’elles peuvent faire pression sur l’école pour que celle-cis’attache à rétablir le contact entre la jeunesse et la communauté. Elles sont également mieux informées de l’inefficacité des méthodes traditionnelles. D’oùle sentiment que l’écoleet les institutionscommunautaires devraient être plus étroitement liées, du point de vue tant physique qu’organisationnel. Facteurs sociaux D u milieu des années soixante au début des années soixante-dix,l’opinionmondiale était,dans l’ensemble, favorable à ce que toutes les classes sociales aient également accès à l’éducation [3]. Sans vouloir expliquer plus en détail les raisons historiques de cette évolution, disons que les stratégies employées pour accroître 1’« égalité )) étaient très similaires. Dans plusieurs pays, la stratégie utilisée pour assurer l’égalité des chances a consisté à réunir dans des centres éducatifs vastes et bien équipés des enfants venant de districts scolaires habités par des populations de race ou de classe sociale différentes. Afin que le brassage social désiré soit obtenu, ces centres devaient avoir suffisamment d’attrait pour les enfants dont les parents appartenaient aux classes sociales supérieures et, en même temps, être suffisamment vastes pour héberger de 2000 à 5 O00 élèves. Les dimensions de ces centres et le montant considérable des investissements publics consacrés à leur construction ont conduit à en élargir le programme afin de desservir des secteurs de la population autres que les écoliers. Les insuffisances des services culturels et récréatifs s’en sont ainsi trouvées atténuées. L’implantation fréquente des centres éducatifs et communautaires dans des zones urbaines dégradées ou dans des ghettos a permis de prendre certaines mesures correctives, c’est-à-dired’améliorer l’environnement physique et social et d’offrir parfois un centre de développement et de rénovation communautaires. En regroupant divers services sociaux autour de l’école,on espérait promouvoir la coopération et la communication entre les fonctions traditionnellement séparées de différentes institutions gouvernementales (éducation, santé, protection sociale et logement) et, en outre,réduire les gaspillages résultant des doubles emplois. Fucteurs économiques D u point de vue économique, le but visé est le plein emploi des équipements et l’élimination des espaces et des tâches d’entretien faisant double emploi (et donc de réduire à la fois les dépenses d’investissement et les frais d’exploitation). La plupart des écoles traditionnelles sont utilisées moins d’une demijournée par jour pendant cinq jours de la semaine, et elles restent inoccupées pendant les vacances; elles sont donc utilisées pendant 16% du temps environ. D e plus,les équipements sportifset les salles de réunion, de même que les ateliers, les laboratoires et autres locaux spécialisés similaires, sont rarement utilisés à plein. L’ensemble de ces facteurs montre que l’utilisation traditionnelle des équipements scolaires donne lieu à un énorme gaspillage de fonds publics. D’autre part, la demande de services publics croît en quantité et en qualité. D e nouveaux groupes d’usagers commencent à réclamer des équipements subventionnés par l’État: les handicapés, les personnes âgées, les chômeurs,les minorités et les groupes de population réunis par une cause commune ou un intérêt particulier. Les bâtiments correspondant à leurs besoins sociaux feraient, du point de vue des caractéristiques, double emploi avec les équipements scolaires. I1 faut,en théorie comme en pratique, un endroit pour que la participation au processus de prise de décision démocratique puisse s’accomplir. Pourtant, les lieux de réunion tels que le marché,le café,l’église ou le théâtre ont perdu leur fonction sociale en raison de la transformation des structures économiques et sociales. Souvent ils ont été rayés des plans par les (< aménageurs ». Dans de nombreux pays, l’école est le dernier lieu où l’on puisse se réunir et évoquer les questions d’intérêt commun, et elle constitue de bien des façons un centre communautaire embryonnaire. Évolution de l’urbanisme Après plusieurs décennies d’échec des programmes d’État au service des déshérités, les années soixante ont été marquées par un tournant de l’urbanisme. Les mesures visant à résoudre les problèmes les plus évidents en matière d’éducation,de logement ou de santé avaient échoué, et souvent contribué à mettre encore davantage en évidence l’inefficacité des administrations. O n a commencé à penser que le seul moyen efficace d’aborder des problèmes sociaux complexes était de mettre en œuvre des procédures d’urbanisme complexes, faisant appel à la participation d’une population d’ailleurs de plus en plus décidée à donner son 15 Rapports entre l’école et la communauté avis. Les administrations intéressées comprirent qu’il valait mieux mettre en aeuvre des programmes intégrés, considérant l’individu non pas dans un de ses aspects -étudiant,membre d’une famille,malade, citoyen, par exemple - mais comme un tout. O n s’aperçut qu’un problème scolaire pouvait très bien découler d’une situation familiale difficile, elle-même imputable à un problème de logement ou de santé.D e même, les problèmes urbains (logements, infrastruc- turcs, transports ou activités conlmerciales) qui avaient été traités séparément jusqu’alors,commencèrent à être considérés globalement. L’urbanisme s’est donc efforcé, de plus en plus, d’être un processus, plutôt que d’établir des plans directeurs. Certes, en prenant un caractère interministériel, intersectoriel et interdisciplinaire,l’urbanisme est devenu lourd et lent, mais c’était, en un sens, le seul espoir (voir fig. 2). Insuffisances et contraintes propres aux modèles existants Nouvelles variables pouvant intervenir à l’avenir Les problèmes sociaux peuvent être résolus par des mesures d‘ordre matériel Les problèmes scciaux ne peuvent être résolus sans que soient abordés les questions sociales et économiques, les aspects historiques et les facteurs de comportement Urbanisme: tâche complexe permettant une approche globale de I‘aménagement de l‘environnement, visant a maximiser l‘autonomie dans le respect des buts collectifs et à minimiser l‘exploitation d u grand nombre au bénéfice de quelques-uns Réorientation des forces fondamentales de l’industrialisation et de I‘urbanisation de manière a rendre leurs effets bénéfiques plutôt que nuisibles Urbanisme portant essentiellement sur l‘utilisation des sols Atténuation et neutralisation des pires effets de l‘industrialisation et de l’urbanisation sur l’environnement Dégradation de l‘environnement sous l’action de la croissance économique Une seule solution (la meilleure) dans une situation donnée Modification de comportements complexes par le procédé d u “tout ou rien“ Systèmes clos d’analyse Cadre disciplinaire pour la solution de problèmes d‘urbanisme Identification du but de caractère normatif donc étranger à toute considération systématique La prise de décisions appartient à un petit nombre de spécialistes incapablesde percevoir, d’analyser et de traduire les intentions de la population L’urbaniste est un ”concepteur en chef“ ayant peu de moyens d’exécution des projets Influence fondée sur le caprice d’un individu ou les prérogatives du pouvoir Des informations secrètes circulent au plus haut niveau de la direction Règlement des conflits par la contrainte ou le compromis FIG.2. Évolution de l’urbanisme. La qualité de l’environnement fait partie intégrante du développement économique Identification d’autres solutions, limites dans lesquelles une ligne de conduite nouvelle peut être possible Le passage d’un état complexe à un autre implique une série d‘états intermédiai res Meilleure compréhension de l’interdépendance des systèmes internes et de l’environnement extérieur, unités d’analyse et synthèse interdisciplinaire Cadre disciplinaire pour la solution de problèmes humains Les buts vers lesquels la population tend peuvent être définis de façon opérationnelle et appréhendés empiriquement Évidence croissante que les gens ont une capacité plus grande qu’on ne le croit d’établir leurs propres projets, mise en place d’outils de communication plus efficaces L’urbaniste est un médiateur sachant élever le compromis à son plus haut niveau qualitatif pour réunir les meilleures chances d’efficacité;il joue plusieurs rôles: défenseur d‘une cause, éducateur, visionnaire dans sa profession,et spécialiste Influence fondée sur les connaissances,la compréhension, l’aptitude à diriger et la compétence technique Information et communication complètes et libres, quels que soient le niveau hiérarchique et le pouvoir Recours au consensus pour régler les conflits Rapports entre l’école et la communauté Ce tournant conceptLie1 influença profondément la pratique de I’amhagement scolaire, et les exemples donnés dans le présent rapport le montrent bien. II n’aurait pas suffi que les établissements d’enseignement souhaitent une coordination pour parvenir à la situation actuelle, où des équipements et des modes d’organisation intégrés nombreux et de qualité permettent d’expérimenter de nouvelles formules de participation à leurs activités. Conséquences architectura1e.r Les facteurs pédagogiques,sociaux,économiques et de planification exposés ci-dessusexpliquent la situation qui a conduit, au cours des années soixante et au début des années soixante-dix,à créer des équipements scolaires à usage communautaire et à les coordonner. Ce faisant, on s’écartait radicalement des modèles de construction traditionnels (fig. 3). Toutefois, en raison de la crise du pétrole et de la réduction des crédits publics dans de nombreux pays industriellement développés, les ((limites de la croissance ) )ont aussi commencé à être ressenties dans le secteur des constructions scolaires. Dans de nombreux pays industrialisés, les effectifs scolaires ont, en outre, connu une diminution très importante. C’est pourquoi le temps des grands centres scolaireset communautaires a soudainement pris fin pour laisser place à une phase de réutilisation et de remise en état de bâtiments existants. Insuffisances et contraintes propres aux modèles existants Nouvelles variables pouvant intervenir à l‘avenir Écoles auxquelles des tâches précises sont assignées pour une longue période Bâtiments scolaires désuets et disposition des classes pour établissements d’enseignement spécialisés Classes fixes, toutes semblables, mobilier fixe, sièges assignés arbitrairement Bâtiments monolithiques, reflétant une idéologie rigide et unificatrice, faits pour durer éternellement Esthétisme : les bâtiments doivent être agréables à voir isolément ou dans leur ensemble Demandes d’espace très changeantes et imprévisibles, en quantité, genre et situation Les bâtiments scolaires sont des ensembles polyvalents; les équipements sont loués ou partagés selon les activités et les études prévues Conditions de classe reflétées dans la réalité physique: bâtiments et environnement m é diocres pour les pauvres, de meilleure qualité pour les classes supérieures Espaces pour les loisirs mal adaptés; terrains de jeux surpeuplés et mal équipés La plupart des sites scolaires sont inutilisables à des fins éducatives générales,pour l‘étude de la nature ou les classes de plein air Topographie: école installée souvent sur un terrain dont personne d’autre n’a voulu, matériellement et intellectuellement coupée du m o n d e Dans les écoles des communautés plus anciennes, les espaces excédentaires sont inutilisés et perdus Classes ouvertes ou semi-ouvertes, situations d’enseignement particularisées, mobilier mobile, convenant au travail individuel ou en groupe Dimensions proportionnées aux utilisateurs (enfants et adultes), couleurs chaudes, cloisons et structures adaptables; la construction participe au processus de changement Idéologie politique et sociale: le bâtiment correspond à la s o m m e des décisions prises par les utilisateurs au sujet de sa conception, à une réflexion collective faisant partie d u processus de développement socioéconomique L’homme a.un droit fondamental à un environnement de qualité Bons aménagements pour les loisirs, considérés c o m m e essentiels au bienêtre des enfants et faisant partie d u processus éducatif, ouverts à la communauté et à tous les groupes d’âge Site choisi en fonction de son accessibilité pour la communauté, de son intérêt écologique, de son type de sol, de sa vég4tation et de ses caractères historiques Le site de l‘école est partie intégrante des richesses de la communauté; par un réseau d‘espaces à ciel ouvert, il est relié aux autres centres d‘activité (commerces, institutions); liaison réciproque entre l’école et la vie Les espaces excédentaires sont loués aux services de santé, aux organismes sociaux et culturels, aux associations publiques et privées FIG.3. Évolution des équipements. 17 Rapports entre l’école et la communauté Nous ne pouvons étudier ici dans le détail les rksultats de cette dernière évolution. Les cxernples sont peu nombreux et les études critiques encore rares, particulièrement en ce qui concerne les écoles communautaires installées dans des immeubles réaménagés. O n peut imaginer,toutefois,que cette tendance persistera et gagnera en importance dans un avenir prévisible. En conséquence, elle mérite une attention particulière [4,51. Dans l’ensemble, les raisons qui ont amené un resserrement des liens de l’écoleet de la communauté ont rarement été clairement dégagées. Les quelques tentatives d’évaluation qui existent [6, 71 montrent que, bien souvent,des changements sont apportés au programme avant que le projet n’ait été exécuté; les priorités globales changent non seulement en fonction de l’évolution du nombre des utilisateurs mais encore parce qu’apparaissent des besoins et des demandes inconnus jusqu’alors. Pourquoi une coordination dans les pays en développement ? Par contraste avec les pays industrialisés, où la coordination des services tend surtout à améliorer la qualité de la vie dans les zones urbaines, les pays en développement sont confrontés aujourd’hui à des problèmes importants dans les zones rurales: le chômage, le sous-emploi et les migrations massives vers les villes. Après plusieurs dizaines d’années d’efforts pour renverser ces tendances,la tâche paraît être beaucoup plus ardue que prévu; pour les deux tiers de l’humanité,une vie bien remplie et heureuse, et la fin de la lutte pour la satisfaction des besoins essentiels semblent encore des objectifs aussi éloignés que jamais. Des formes de plus en plus accentuées de (< dualisme économique ))non seulement divisent le monde en pays riches et pays pauvres, mais encore divisent les pays pauvres eux-mêmes selon leur degré relatif de pauvreté, t( ... deux modes de vie existant côte à côte et tels que le plus humble bénéficiaire de l’un des modes de vie dispose d’un revenu journalier plusieurs fois supérieur à celui du travailleur le plus acharné appartenant à l’autre. Dans l’économie à double secteur d’un pays en développement type, il arrive que 15% de la population vive dans le secteur moderne, limité principalement à une ou deux grandes villes, alors que 85% d’entre elle vit à la campagne et dans les petites villes... la plus grande part de l’effort de développement est dirigé vers les grandes villes, ce qui 18 signifie que 85% de la population s’en trouve pour l’essentiel écartés. Qu’adviendra-t-ilde cette majeure partie de la population? Se contenter du principc que le secteur moderne des grandes villes continuera à s’étendre au point d’absorber la quasi-totalité de la population -ce qui s’est produit dans de nombreux pays hautement développés -est tout à fait irréaliste. Même les pays les plus riches gémissent sous le fardeau que leur impose nécessairement une si mauvaise répartition de la population ) )[8]. La question délicate est de savoir s’il existe une autre solution que de laisser s’amplifier un processus que Schumacher appelle 1’« empoisonnement mutuel )) et par lequel le succès du développzment industriel dans les villes détruit l’économie du reste du pays, saigné par l’exodevers les villes. Aujourd’hui,on peut constater dans la plupart des pays en développement un transfertprogressif des efforts de développement des villes vers les campagnes.C’est dans les campagnes que vit la grande masse de la population et c’est là que se posent les problèmes les plus sérieux, mais aussi les plus facilement solubles. Ceux qui analysent les problèmes fondamentaux et font des propositions pour changer la situation se placent à différents points de vue. Certains demandent que l’on compense par une aide massive l’abandonet l’exploitation passés. D’autres affirment que l’aide ne fait qu’accroître la dépendance et que la seule issue est d’accorder plus d’intérêt aux modèles qui privilégient l’«autodépendance ))[9].U n troisième groupe plaide avec optimisme pour une utilisation accrue de la technologie afin d’aider les pays sous-industrialisés à ((sauter))l’âge industriel et à s’engager directement dans l’âge moderne des ordinateurs [JO]. Enfin, un quatrième groupe, qui tend à s’élargir,est partisan de changer la structure de nos valeurs de base en attachant plus d’importance aux gens qu’aux biens, et à la stabilité plutôt qu’à la croissance [8]. Une ;ducation pozir le développement communautuire D’une certaine façon, il apparaît possible, pour rapprocher l’école et la communauté,de partir de ces quatre propositions apparemment contradictoires. U n bon nombre de programmes de construction d’écoles communautaires ont bénéficié d’une aide extérieure substantielle.D’autres ont,en partie ou en totalité,fait appel à l’effortpersonnel.Le recours accru à la technologie n’est pas une idée aberrante: les t( écoles radiophoniques D ou les progranimes coinmunautaires de radio ou de télévision en sont la preuve. Enfin, les efforts déployés pour améliorer les agglomérations rurales ct la petite industrie et pour Rapports entre l’école et la communauté doter de services essentiels les villages même les plus éloignés témoignent d’une évolution de la structure des valeurs de base. I1 n’est pas rare qu’un même programme utilise plusieurs démarches, car le développement rural est un processus compliqué faisant intervenir, simultanément, de nombreux facteurs différents. La complexité de la tâche impose une démarche également complexe; et combiner les différentes stratégies décrites ci-dessus, apparemment contradictoires à certains égards, est probablement la seule réponse possible aux demandes souvent contradictoires adressées à l’écoleen tant que catalyseur du développement. De plu:, on le sait, les programmes de développement rural contiennent des éléments très similaires malgré la diversité des régimes politiques et des approches (allant du changement radical aux réformes progressives) : programmes agricoles, écoles, services de santé, formation technique, économie domestique et puériculture sont autant d’éléments communs visant à l’améliorationde l’infrastructuretechnique et sociale.Service clé par excellence, l’écoledevient souvent le noyau autour duquel tous les autres services peuvent s’articuler et se coordonner. Pour une autre Éducation Dans la plupart des pays en développement, l’éducation continue à être considérée comme un investissement économique tant par l’État que par ia popuiation.L’met l’autreconsentent des sacrificesfinanciers importants pour l’éducation, considérée comme le principal moyen de promotion nationale et individuelle. I1 s’est toutefois produit un tournant depuis les années cinquante et soixante. O n n’a pas rejeté pour inexactitude manifeste l’hypothèse fondamentale selon laquelle le développement éducatif contribue à l’égalité sociale et à l’intégration nationale et doit précéder le développement économique, mais on a ressenti la nécessité de la rectifier. Aujourd’hui, l’éducation (à laquelle les pays en développement consacrent jusqu’à 40% de leur budget) n’est pas considérée comme le moteur du développement économique mais, dans l’ensemble, comme un fardeau inévitable. Qu’il vaille la peine pour un individu de s’instruire n’implique pas que les investissements publics consacrés à l’éducation soient nécessairement rentables [il]. C’est particulièrement évident quand la capacité de production ne permet même pas d’employer la moitié des jeunes quittant l’école.Pour ce qui est de l’égalité sociale, l’inégalité de la répartition des possibilités d’éducation et de leur utilisation, pour des raisons de pouvoir, de condition et de classe, a probablement contribué k élargir plutôt qu’à combler le fossé séparant les riches des pauvres. Quant à l’unificationnationale,si l’éducation y a contribué,elle a eu également pour effet de développer, à l’intérieurdes pays, des cultures régionales, avec les compétitions et les rivalités entre groupes sociaux qui en ont inévitablement résulté. Le premier changement intervenu dans l’éducation au cours des dernières années a conduit k privilégier ses aspects qualitatifspar rapport à ses aspects quantitatifs. D e nouveaux buts lui ont été assignés, notamment de mettre l’éducation mieux en rapport avec la culture traditionnelle,les besoins locaux et les possibilités d’emploi;d’utiliser les langues locales; enfin, de réaliser un nouvel équilibre entre le travail théorique et le travail pratique. C o m m e dans les pays industrialisés,l’objectifest de parvenir à un modèle d’éducation plus intégré, qui fasse intervenir d’autres sources de savoir extérieures à l’école.Dans le contexte de l’histoire africaine,par exemple,il s’agitlà,d’une certaine façon, d’un retour aux traditions perdues, comme l’indique Ki-Zerbo:((... c’était une éducation par et pour la communauté. I1 n’y avait pas de corps professoral spécialisé.Tous, selon leur âge, avaient le devoir d’éduquer les autres. Le but était de former un homme social, un producteur utile et un citoyen considéré [12].)) Le second changement, qui découle du premier, réside dans la remise en cause du rôle de l’école comme seul dispensateur de l’éducation, et de sa fonction au sein d’un réseau complet de services sociaux. L’éducation scolaire et non scolaire, I’éducation des adultes et l’éducationcontinue commencent à tirer parti de toutes les ressources (humaines, naturelles et créées par l’homme) disponibles dans la communauté qu’elles desservent.Le fait de ((gagner sa vie en étudiant )) ouvre des possibilités nouvelles d’apprendre en dehors du système scolaire et évite certains frais d’éducation à l’élève et au futur employeur. L’éducation à temps partiel et les cours ( (en sandwich >), visant tous deux à accroître la capacité d’accueildu systèmeéducatif et à donner l’occasion de s’instruire à toutes les tranches d’âge,requièrent une coordination plus étroite des différents secteurs et institutions afin d’éliminerles lacunes et les doubles emplois coûteux. Dans une étude analytique des établissements nationaux d’éducation scolaire et extrascolaire des zones rurales d’Amérique latine, Guerrero [13] constate que la médiocrité qualitative et quantitative de l’éducation,l’analphabétisme des adultes et l’absence de relations entre le système éducatif et les plans nationaux de développement socioéconomique ne peuvent être surmontés que grâce à 19 Rapports entre l’école et la communauté une coordination intersectorielle et interinstitutionnelle, et à l’établissementde relations fonctionnelles entre l’éducationet le travail. Le troisième changement d’orientation a consisté à introduire la participation dans la planification et l’expérimentation dans l’éducation.La participation de l’utilisateurà la prise de décisions dans le domaine éducatif est devenue aujourd’hui, dans les pays en développement, autant un modèle politique qu’un moyen de faire appel à des ressourceslocales nouvelles pour l’éducation.Nous nous garderons de confondre les deux démarches pour que notre propos reste clair. U n processus de développement doit drainer la participation de la masse de la population pour pouvoir véritablement la toucher. La participation à l’éducation, comprise dans son sens le plus large, joue un rôle capital dans l’introduction d’idées nouvelles, l’évolution des attitudes et la création de compétences et de connaissances nouvelles. II ressort clairement des débats sur l’évolutionde l’enseignement rural comme moyen d’améliorer la qualité de la vie en zone rurale que l’école communautaire ((décloisonnée », ouverte au monde et s’ouvrantà lui,peut être un moyen efficace de réaliser les changements et la cohésion que souhaitent aujourd’hui presque tous les gouvernements des pays en développement. I1 apparait aussi qu’il ne s’agitnullement d’opérer un retour en arrière sentimentaliste que dénoncent certains critiques,ni d’hypothéquer les ressources intellectuelles de l’avenir pour un gain économique à court terme. L e problème des rapports entre l’école et la communauté : une perspective universelle Conipuruison des hypothèses sur lesquelles lu coordination se fonde C o m m e le montrent les deux analyses des problèmes et des raisons qui ont conduit à resserrer les liens entre l’école et la communauté dans les pays industrialisés et dans les pays en développement,la différence entre ces deux groupes de pays est grande. Dans les pays industrialisés, le sous-emploi d’installations et de matériels souvent luxueux et disproportionnés a beaucoup joué en faveur de la coordination des équipements socio-éducatifs.Dans les pays en développement, le manque de moyens et l’incapacité des gouvernements à fournir les fonds nécessaires pour les constructions scolaires ont conduit 20 les communautés A construire leurs propres équipements. C’est la volonté de faire naître un sentiment d’appartenanceà la communauté et de créer un centre d’activités et d’actions communautaires qui est l’une des raisons premières de l’établissement d’écoles communautairesdans les pays industrialisés.Dans les pays en développement, c’est la liaison avec la production, le développement économique et l’emploi. Dans les zones urbaines pauvres des pays industrialisés,l’accentest mis SUT l’améliorationde I’infrastructure sociale: principalement les ((services sociaux durs ))tels que les bureaux de main-d’auvre,d’aide sociale, de libération conditionnelle, mais aussi les services culturels et de loisirs. Dans les zones rurales les plus pauvres des pays en développement, c’est souventl’absenced’infrastructurestechniques:manque d’eau, de routes, d’égouts et de moyens de coniiniinication, qui bloquent le développement. Alors que les pays industrialisés doivent apprendre k s’adapter k une moindre croissance économique et à avoir plus de temps libre mais des ressourcesréduites, les pays en développement doivent continuer à lutter pour une croissance économique plus forte et pour la suppression du sous-emploi chronique. Le problème des équipements ne peut se poser en termes plus différents: la plupart des pays industrialisés connaissent une réduction d’effectifsscolaires et sont suréquipés. Presque tous les pays en développement devront, pendant longtemps encore, faire face aux problèmes que pose le manque d’équipements quand le nombre d’élèves s’accroît. Bien que ni les pays industrialisés ni les pays en développement ne forment des blocs homogènes et que les différences soient importantes et nombreuses, ils présentent néanmoins quelques points communs. De manière générale, on semble vouloir délaisser les plans nationaux et internationaux pour se pencher sur les problèmes au niveau local, ne plus mesurer le progrès en termes de produit national brut mais en termes de ((qualité de la vie ) )dans les pays industrialisés ou d’« accroissement net du revenu des couches les plus pauvres D dans les pays en développement. C’est là un signe de changement dans les valeurs. Les principaux domaines d’application des programmes de développement sont généralement les suivants : l’éducation,la santé, la protection sociale, la culture, les loisirs, l’administration,le commerce, l’artisanat, l’industrie et le logement, bien que des progrès dans un seul secteur ne puissent jamais suffire i résoudre les grands problèmes du développement. D e s progrès doivent être réalisés dans tous ces secteurs de façon coordonnée afin d’éviter les doubles emplois et les lacunes. Mais la coordination Rapports entre l’école et la communauté ne peut aboutir sans le concours de l’utilisateur,au niveau local.Or l’écolepeut être un centre de développement, de coordination et de participation de la communauté. Dans certains endroits, on a fait de la planification et de la construction des écoles un instrument de développement et d’éducation. Certes, cet outil peut être utilisé dans le mauvais sens pour manipuler les gens et contraindre les plus pauvres à fournir des matériaux et de la main-d’œuvre à bon marché, ( (... comme une tentative de mobilisation des énergies et des initiatives locales pour atteindre un objectif d’importance secondaire ... tandis que les grands problèmes tels que le chômage, l’habitat,etc., sont passés sous silence [I41D. Mais la participation de I’utilisateurau processus de planification et de construction peut aussi signifier qu’une communauté s’affranchit des pratiques d’une bureaucratie inefficace,et leur substitue l’autonomie, la volonté de compter sur ses propres forces,I’indépendance et l’identificationà un effort communautaire. Le rôle que jouent les ((bâtiments et équipements D comme point de départ et symbole de la coordination revêt une importance primordiale dans le contexte de notre étude. Ils marquent la limite au-delà de laquelle les déclarations de principe en faveur de la coordination ne suffisent plus et où il faut prendre des engagements concrets: il faut alors renoncer à la notion de N territorialitén pour permettre la mise en œuvre de plusieurs programmes dans un même espace;les fonds doivent être juridiquement regroupés et utilisés à des fins précises; et l’autonomie dont jouissaient certaines administrations est remise en cause. En bref, l’identité des différents partenaires s’efface au profit de celle du groupe, dont le symbole le plus tangible est le bâtiment lui-même. Mais une analyse des points communs serait incomplète si elle ne mentionnait que les tendances favorables à une action coordonnée de l’école et de la communauté. I1 y a aussi de nombreux obstacles à la coordination, dont les plus importants découlent probablement d a principes sur lesquels repose le progrès technique : division du travail,dépendance de l’individu vis-à-vis de grandes organisations, fragmentation de la société en groupes homogènes,marginalisation de la classe ouvrière,suprématie des industries à fort coefficient de capital, des organismes de recherches et des grandes bureaucraties [is]. Or une association plus étroite de l’écoleet de la communauté repose sur des principes diamétralement opposés: travail en équipe et aide mutuelle, indépendance, autonomie et intégration. II en résulte une série d’exigences contradictoires qu’il faut concilier: Le besoin d’avoir l’appui de l’État s’oppose à l’autonomie locale lorsqu’il s’agit de déterminer les relations exactes de l’écoleet de ia communauté; La formation traditionnelle des maîtres s’opposeà leur nouveau rôle d’animateursou de chefs de file de la communauté; La volonté d’avoirdesprogrammes éducatifslocalement modifiables s’oppose au principe des examens uniformes sur tout le territoire national; Le besoin de souplesse et d’ouverture aux besoins spontanés de la communauté s’oppose à la nécessité d’une certaine permanence et d’une certaine structuration; La participation de la communauté, nécessitant une structure horizontale du pouvoir, s’oppose à la collaboration avec les organes administratifs actuellement organisés de façon hiérarchique; La volonté de compter localement sur ses propres forces et sur l’effort personnel s’oppose à une stratégie globale du développement visant à l’équité, à l’égalité des chances et à la justice sociale. Catégories et degrés de coordination et d’intégration Pour les besoins de l’analyse,il est utile d’étudier comment les notions de c coordination n et d’c intégration n varient selon les secteurs et les niveaux d’application: éducation, groupes sociaux, services, structures organisationnelles et administratives,dispositions financières, contenu des programmes, planification, construction, instances de décision et règlements. Relier les équipements éducatifs à la communauté signifie fréquemment coordonner des types et des niveaux différents d’éducation, par exemple des programmes destinés aux jeunes d’âge scolaire et à la population adulte, à l’éducation scolaire et à l’éducation non scolaire. Dans le cas le plus simple, cela peut entraîner l’utilisationdes locaux après les heures de classe pour des cours d’adultes.Dans des cas plus complexes,la classe peut être faite aux écoliers ailleurs qu’àl’école,par exemple dans des musées,des bureaux, des usines, des fermes; ou encore, écoliers et adultes peuvent s’asseoircôte à côte dans la même classe pour étudier et apprendre en vue de passer des examens ou d’obtenir des diplômes dont ils ont besoin pour leur promotion personnelle ou professionnelle. Les écoles ((intégrées >) peuvent servir à I’intégration sociale de groupes différents,habituellement dans un même bâtiment. Ces groupes sociaux peuvent être constitués selon le sexe, l’âge, la classe, la race, la culture, la religion, la langue ou l’habitat.Le niveau 21 Rapports entre l’école et la communauté d’intégration sociale varie, depuis les établissements où l’intégration des garçons et des filles par la mixit6 est une grande réussite (Colombie), jusqu’aux écoles où l’on est parvenu à surmonter les difficultés inhérentes i l’intégration de groupes d’âge, de classes socialeset de races différentes(États-Unisd’Amérique). L’intégration et la coordination de différents secteurs et services tels que l’éducation,la santé, la protection sociale, la culture, les loisirs, l’administration publique, le commerce,l’artisanat,l’industrie, le logement posent des problèmes extrêmement complexes. O n peut les considérer, d’une part, d’un point de vue quantitatif, en mesurant le nombre de services qui ont été regroupés,et, d’autre part, d’un point de vue qualitatif,en évaluant leurs liens sur le plan de la planification, du contenu des programmes, des constructions, des dispositions financières et des structures organisationnelles et administratives. Une certaine coordination préalable au niveau des pouvoirs publics centraux, intermédiaires et locaux Coordination ou intégration nulle Coordination ou intégration faible s’est avérée nécessaire à l’exécution de programmes d’envergure nationale [16, 171, visant par exemple i établir des liens entre l’école et la production. Mais dans certains cas, elle fut de peu d’utilité [18]. Le principal intérêt de cette distinction entre niveaux d’application pour l’analyse est que la situation n’y est pas forcément la même. Dans le cas d’un projet coordonné, par exemple, la planification coordonnée et l’intégrationphysique des divers services n’impliquent pas forcément une coordination administrative ou organisationnelle. D e s équipements intégrés ayant exigé des investissements coordonnés pourront fort bien ensuite être scindés en éléments de fonctionnement relevant de gestions distinctes. La distinction entre ces divers secteurs et niveaux d’application n’est donc en aucune façon un exercice de style. Elle a, au contraire, des incidences pratiques sur la construction et la planification. Si nous comparons différents projets, nous voyons que chacun d’eux a son profil propre (fig. 4). Coordinaiion ou intégration poussée Organes dotés de pouvoirs réslementaires ou mesures Gouvernement et prise de décision Structures administratives Organisation de divers services et programmes Contenu des services et programmes Matériels, équipements Intégration au site urbain ou rural Capitaux provenant de diffkrentes sources Entretien et irais d’exploitation . . . . . . . ~ . . . . . . . . . . . H u m a n Resources Center,Pontiac (États-Unisd‘Amérique) --_ ----. Centre Abraham Moss, Manchester (Royaume-Uni) .~ - . . - Écoles de prrxiiction (Panama) Centres éducatif: communautaires (République-Uniede T;Jriranic) 22 FIG.4. Degrés de coordination ct d’intégration selon les différcnts secteurs ou niveaux d’application. Rapports entre l’école et la communauté La présente étude a permis de constater qu’on ne s’était guère préoccupé,jusqu’ici,de faire la distinction entre ces différents secteurs et niveaux. Au début des grands projets d’équipements socio-éducatifs coordonnés, on ne s’est pas soucié de distinguer les degrés de coordination selon les objectifs poursuivis, estimant que ( (plus il y aurait de coordination,mieux ce serait ) ) ; l’intégration des divers groupes sociaux accentuerait naturellement -croyait-on -leur intégration sociale; quant à l’intégration physique des différents services, elle conduirait à une meilleure coordination des différentes mesures administratives, des règlements, des contenus et des programmes,dont l’efficacitéserait en définitive accrue. C’est ce que chacun souhaitait confusément, et c’est en grande partie pour cela qu’au cours des années soixante de vastes centres scolaires et communautaires ont été construits en République fédérale d’Allemagne, en Australie, aux États-Unis,en France, au RoyaumeUni et en Suède.Intégration et coordination conduiraient inévitablement,pensait-on,à une centralisation accrue.L’intégration architecturale ou le brassage des individus contribueraient à résoudre les problèmes sociaux:((La conception des écoles et des collèges,les questions de dimensions et d’échelle,la nécessité de les rendre plus accessibles,tout cela doit faire l’objet de recherches architecturales nouvelles. Parallèlement, il faut créer de nouveaux modes d’enseignementet des rapports nouveaux entre l’école et les communautés qu’elle dessert. Les lois et règlements qui gênent les écoles dans l’accomplissementde leur nouvelle mission doivent être modifiés ou abrogés, de manière qu’on puisse plus librement tenter de résoudre ces problèmes nouveaux [19].) ) Toutefois,il s’est avéré non seulement plus difficile mais plus important d’opérer des changements pédagogiques, administratifs et juridiques que de transformer l’architecture.Les problèmes sociaux appellent des solutions sociales, et aucune superstructure technique ne peut éliminer la pauvreté, la ségrégation raciale et les différences de classes.A u contraire,les grands centres socio-éducatifsneufs,pouvant accueillir de 1 O00 à 3 O00 élèves, ont posé des problèmes d’organisation nouveaux, de dimensions sans précédent et, au lieu d’être de puissants pôles d’attraction, ils ont constitué des barrières non seulementphysiques mais encore psychologiques. Néanmoins, nos hypothèses et conclusions de départ demeurent valables même si des faits nouveaux engagent & plus de réserve et soulignent la nécessité de résoudre par des changements de même nature les problèmes sociaux, politiques, administratifs ou juridiques qui se posent. Dans l’ensemble, cependant, on parait mettre moins d’espoirdans les solutions globales que dans la réalisation d’objectifs précis, et vouloir abandonner les grands centres au profit d’équipements décentralisés. L a coordination,moyen de revenir à une croissance équilibrée Pour resserrer les liens entre l’école et la communauté, le problème clé semble être de revenir à une croissance équilibrée. Les architectes l’avaient déjà compris au cours des années soixante. Mais pour eux, intégrer signifiait concentrer et centraliser davantage, suivant l’exemple donné par l’évolution technologique. Or on sait aujourd’hui que, pour rétablir des fonctions vitales autrefois intégrées et articulées mais que l’accentuation de la division du travail et le progrès technologique ont dissociées et isolées, des solutions bien autrement complexes sont nécessaires. Aux critères linéaires de réussite conduisant à une spécialisation toujours plus poussée, on substitue des schémas multidimensionnels. D u fait de la crise pétrolière mondiale, de la prise de conscience de l’amoindrissement des ressources naturelles et du rétrécissement des marchés des produits aussi bien que des hommes ayant reçu une éducation, on ne considère plus que la croissance économique est synonyme de progrès. Le monde s’est déjà mis en quête d’autres moyens d’assurer le développement. I1 y a des décennies que des économistes clairvoyants disent que ((tout ce qui est petit,estjoli D [8 et 20,21,22,23],mais aujourd’hui, le retentissement de la formule ne se limite plus aux milieux d’experts internationaux. On commence à penser que la ({technologie intermédiaire>) [24] à la chinoise pourrait venir compléter l’expansion du secteur moderne dans les pays en développement. Certes, les indices de mesure du progrès en fonction de la ( (qualité de la vie ) )sont autrement plus complexes à calculer que le produit national brut,d’autant qu’ils risquent de donner des résultats différents selon qu’il s’agira de pays en développement ou de pays industrialisés. Mais l’action globale que réclamait en 1969 le Secrétaire général des Nations Unies, U Thant, lorsqu’il décrivait les buts de la IIe Décennie pour le développement, semble aussi éloignée que jamais: Je ne voudrais pas paraître indûment alarmiste,mais il m e faut bien conclure,d’aprèstoutes les informations auxquelles j’ai accès comme Secrétaire général, que les États membres de l’organisation des Nations Unies ne disposent peut-êtreplus que d’une décennie 23 Rapports entre l’école et la communauté pour oublier leurs vieilles querelles et s’unir dans une action globale en vue d’arrêter la course aux armements, d’améliorer le milieu humain, de désamorcer l’explosion démographique et de donner l’élan voulu aux efforts de développement.Si les nations ne forgent pas cette union globale au cours de la décennie qui vient, je crains fort que les problèmes que je viens d’évoquer aient pris des proportions telles que nous ne serons plus en mesure de nous en rendre maîtres [25].)) Nous ne sommes qu’à deux ans du terme de la Jie Décennie pour le développement et les problèmes décrits par U Thant continuent i s’aggraver.Dans IC domaine de l’éducation, la recherche de solutions consistc aussi i trouver des moyens pour resserrer les liens entre l’école et la communauté. Dans le cadre d’unc stratégie globale pour le développement, comme nous essaierons de le inonlrer dans les chapitres suivants, ces liens peuvent constituer: a) une base pour rétablir l’équilibre de la croissance et du développement communautaire;b) un symbole de la fierté locale et de la volonté de compter sur ses propres forces; c) un moyen pratique de coordination et de coopération intersectorielles. Références 1. WEEKS, Sheldon, G.Community school in Africa: Ls there a lessonfor Papuu New Guinea? Université de Papouasie Nouvelle-Guinée, 1975. (Educational Research Unit Report, 15.) 2. EDUCATIONAL FACILITIES LABORATORIES (EFL). Community .school:Sharing the space and the action. 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Pour distinguer les différents types de processus de planification et de prise de décision aboutissant à une liaison entre équipements scolaires et équipements communautaires, on doit prendre en considération quatre grandes variables : les modèles traditionnels d’éducation;le type de contexte ou de situation;le type d’initiateur et le type de processus utilisé pour déterminer les besoins. I1 est manifeste que les modèles traditionnels d’éducation,ou de prise de décision et de planification, jouent un rôle décisif dans la coordination des services. Ce qui est un concept ou une stratégie d’avant-garde dans un pays peut être considéré comme dépassé ou rétrograde dans un autre.Dans certains pays,la planification relève toujours de l’État,et la réalisation des projets ne s’effectuepas de la même façon que là où les processus de planification sont proposés par l’école, par les spécialistes ou par la communauté elle-même.La décision portant sur la stratégie à utiliser pour coordonner les divers services ne peut être prise, dans chaque situation donnée, que par des personnes au fait du système de normes culturelles, des schémas sociaux, des types de comportement, et de la répartition du pouvoir politique. Les concepts et les stratégies peuvent toutefois varier non seulement d’un pays à l’autre mais également à l’intérieur d’une même nation ou d’une même région, voire au sein d’une même localité. L’étude de la question de la liaison entre l’école et la communauté révèle dès le premier abord I’existence d’une variété saisissante de situations,depuis les agglomérations rurales à un bout de la gamme jusqu’aux zones urbaines ou métropolitaines à l’autre extrémité. I1 existe des communautés dont tous les membres se connaissent depuis des générations, où la conscience de chaque individu et celle du groupe dans son ensemble sont façonnées par des valeurs communes et par des liens économiques,sociaux et religieux. Elles sont à l’opposé des communautés urbaines dont les membres peuvent n’avoir que des relations limitées avec leur environnement immédiat tout en appartenant à un club éloigné,à des associations regroupant des personnes parlant la même langue, ou ayant un statut social, une affiliation religieuse,des activités de loisir ou des racines géographiques semblables. Entre ces deux extrêmes, on trouve une infinité de situations intermédiaires. En réalité, la plupart des communautés rurales sont loin d’être des unités non différenciées où n’existeraient que de rares clivages d’intérêts,et la plupart des communautés urbaines ont en fait de nombreux intérêts communs et de nombreuses interrelations; ce sont précisément ces facteurs qui peuvent rendre nécessaire un resserrement des liens entre l’école et la communauté.I1 existe cependant un certain nombre de situations et de contextes qui semblent particulièrement favorables à la mise en œuvre du concept de coordination des équipements. Dans les pays industrialisés, ce sont les zones urbaines pauvres, les quartiers neufs et les zones où la population évolue rapidement. Dans les pays en développement,les opérations de 25 Orientation, planification et prise de décisions coordination intéressent souvent les zones rurales pauvres, les bidonvilles et les cas d’urgence. Outre la gamme des contextes locaux dont les communautés rurales constituen t 1 ’une des extrémités et les communautés urbaines l’autre,il existe un autre type de continuum, au long duquel se situent les communautés locales, régionales, nationales et, à l’extrême, la communauté internationale, et qui s’accompagne d’un élargissement progressif des aires de recrutement scolaire,depuis celle de l’école maternelle jusqu’à celle de l’université. II importe ici de bien distinguer entre ces deux types de contextes,car l’apparition d’une conscience nationale (en Afrique par exemple) ou internationale (en Europe par exemple) durant les vingt-cinq dernières années a eu parfois pour effet de masquer les problèmes de la communauté locale ou régionale. En outre, l’apparition de 1’« école communautaire ))est en relation étroite avec la renaissance de l’esprit local et du régionalisme. Les pouvoirs et les stratégies de mise en œuvre varient en fonction du type d’initiateur.Les fonctionnaires de l’État et les pouvoirs publics locaux ont généralement les moyens de lancer des programmes novateurs,mais ils peuvent être les derniers à le faire, car cela ne fait pas partie des habitudes établies. Les usagers, par exemple les enseignants,les élèves ou les parents, sont ceux qui détiennent le moins de pouvoir politique officiel mais qui sont le plus intéressés au changement. Quant aux spécialistes, ils constituent un groupe intermédiaire qui a l’avantage de posséder les informations les plus complètes et une vision générale de la situation mais qui se trouve également pris entre les limitations imposées par état et les exigences des usagers, qui concordent rarement. Bien que, dans une certaine mesure, il faille impliquer chacun de ces trois groupes dans tout processus de planification et de prise de décision, il importe de savoir d’où vient la volonté de coordonner les services et quel est le groupe qui participe le plus activement à la détermination des besoins et, ensuite, à la coordination des différents programmes. Les pays en développement comptent deux autres catégories d’initiateurs: les organisations internationales et les leaders charismatiques. Le type de processus utilisé pour définir les besoins détermine souvent la dimension et la forme exactes des équipements ou des programmes. Ce qui semble être une question purement technique se révèle habituellement d’ordre politique. Suivant que le processus se déroule dans un secret relatif ou que le public est informé du projet par les médias ou par un forum, ou consulté par le spécialiste chargé des études, ou admis à participer par l’intermédiairede ((charrettes )) 26 (voir p. 33) ou par l’intervention des comités d’habitants ou des associations communautaires, le degré d’opposition,de confrontation ou de coopération entre les divers groupes sera par la suite différent. Le type d’initiateur et de processus de planification ainsi que l’empressement à accepter et à expérimenter des propositions novatrices diffèrent d’un pays à l’autreet d’une localité à l’autre.Les opérations entreprises en commun par plusieurs services sociaux bénéficient d’un soutien plus ou moins enthousiaste. L’histoire et les structures gouvernementales semblent à cet égard jouer un rôle bien plus important que les récentes théories pédagogiques, économiques ou sociales. Les pays où la décentralisation et le travail bénévole sont de tradition sont en général mieux armés pour assurer la coordination entre les services éducatifs et communautaires que ne le sont les pays dont les structures de prise de décision sont plus centralisées. Les pays industrialisés : complexité accrue et développement de la planification avec participation des usagers Les modèles traditionnels d’éducation La plupart des nations ont connu dans leur histoire des manières relativement plus intégrées d’assurer I’éducation. Autrefois en Europe, l’éducation,en dehors de celle que dispensait l’Église (essentiellement pour former une élite de gouvernants et de chefs), relevait de l’ensemble de la communauté. Les jeunes ( (apprenaient en faisant », aidaient leurs parents et grandsparents,écoutaient l’histoirede la vie des membres de la communauté et jouaient à des jeux traditionnels 1, et c’estainsi qu’ilsacquéraient toutes les connaissances pratiques et théoriques dont ils auraient besoin dans l’existence.Outre par l’Église,une formation spéciale analogue aux systèmes de formation professionnelle 1. O.K. Moore appelle ces jeux des (< modèles populaires )) (G Some principles for the design of clarifying educational environments », dans : David G o s h (dir. pu bl.) EIundhook of .socialization theory and reseurch, Chicago, Rand - M c Nally, 1969). II observe que les quatrc types fondamentaux de jeux, puzzles, jeux de hasard,jeux de stratégie et jeux faisant intervenir des entitcs esthétiques, sc rctrouvent dans toutes les cultures et sont des symboles abstraits des problèmcs les plus gravcs qui se posent périodiquement & l’homme. Malgré leur structure complexe,le commun des mortels les apprend avec plaisir et ils constituent donc une structure heuristique ou une théorie de base qui pcrniet d’aborder les situations complexes de la vie. Orientation, planification et prise de décisions d’aujourd’huicommença à être mise en place par les guildes et les associations professionnelles dirigées par les artisans locaux. Ce n’est qu’à l’avènement de l’enseignement obligatoire qu’il fut nécessaire de reconsidérer la fonction de l’éducationet de construire des équipements éducatifs spéciaux en grand nombre, qui vinrent s’ajouter aux équipements communautaires existants. En Europe, on commença à construire les écoles, même lorsqu’ellesétaient de forme très simple, sur le modèle traditionnel de 1’«école religieuse D, et il s’agissait donc d’équipements relativement spécialisés qui ne servaient à un usage public qu’occasionnellement. Les salles de réunions publiques (Biivgevhüuser) qui existaient en Allemagne avant la guerre étaient, par exemple, plus souvent rattachées à la mairie, à un café ou au bazar de la localité qu’à l’école,de même que les salles polyvalentes de type agora des Pays-Bas,ou les centres communautaires et commerciaux du Danemark.En Grèce et en Irlande, le lien entre l’Église et l’école fut le dernier rempart qui permit la survie d’une identité nationale au cours des siècles d’occupation étrangère. O n peut dire qu’à de rares exceptions près, jusqu’à la première guerre mondiale,l’éducations’adressaitbien plus à une bourgeoisie riche et puissante en pleine expansion qu’aux masses. La situation est différente au Royaume-Uni,où l’école est devenue davantage un centre communautaire, surtout dans les villages. Mais l’exemple le plus caractéristique et le plus connu d’étroite intégration de l’école et de la communauté nous a été fourni par les premiers villages de pionniers de l’Ouest des États-Unis d’Amérique,et de nombreuses tentatives actuelles pour utiliser les écoles afin de satisfaire divers besoins communautaires se réfèrent à ce modèle. Les mouvements favorables aux écoles communautaires ont cessé, aux États-Unis comme au Royaume-Uni,avec le développement de la spécialisation et la croissance de l’urbanisation.Mais, vers 1900 déjà et de nouveau dans les années trente, quelques mouvements d’une certaine importance repreneient cette idée. I1 apparaît rétrospectivement que le Royaume-Uni comme les États-Unisfurent lents à tirer parti de ces expériences [i , 2,31. Mais, après la rupture constituée par la deuxième guerre mondiale, l’éducation est, de manière générale, entrée dans une phase de mutation profonde et rapide. C’est alors de l’augmentation de la population scolaire,de l’orientationdes programmes d’études vers les sciences ainsi que des nouvelles méthodes pédagogiques que se sont préoccupés les responsables de i’éducation. A u cours des dix dernières années, la situation a radicalement changé. L’éducation est devenue un instrument privilégié d’égalité sociale et la population scolaire a augmenté dans des proportions fantastiques. O n a été, de ce fait,conduit à édifier des unités éducatives plus vastes, bien dotées en équipements éducatifs, culturels et récréatifs,et l’on a donc été plus ou moins obligé de les ouvrir à tous les groupes d’usagers,de tous les âges. I1 existe aujourd’huiau Royaume-Uni, aux États-Uniset en Australie des ensembles groupant de façon originale des services publics et des écoles. La facilité avec laquelle ces programmes novateurs ont pu être réalisés dans ces pays est due en partie à une structure de prise de décision décentralisée en matière d’éducation.Aux États-Unis, par exemple, les commissions scolaires locales sont des institutions autonomes dans une large mesure. Les pays où la prise de décision est traditionnellement centralisée, comme la France, ou ceux qui mettent l’accent sur les aspects juridiques et constitutionnels de l’administration l, comme la République fédérale d’Allemagne et les Pays-Bas,ont tendance à se préoccuper d’avantage des principes de la coordination et de la question de savoir si le concept est applicable à plus large échelle. En conséquence, on trouve dans ces pays de grands ensembles qui servent de terrains d’expérience pour tester les plans d’avenir (par exemple, les centres de Grenoble et d’Istres en France [4]; Hamburg Steilshoop et Mümmelmannsberg en République fédérale d’Allemagne[5]; t’Karregat à Eindhoven aux Pays-Bas[6]); ou bien encore, la coordination est restreinte aux usages qui s’y prêtent le mieux, puis mise en œuvre à plus grande échelle (par exemple, les treize centres scolaires du premier cycle secondaire qui, à Berlin-Ouest, sont utilisés à des fins éducatives et récréatives et qui ont été construits d’après un plan normalisé [7]). 1. L’ouvrage de A. Faludi et S. H a m n e t intitulé Comparative study of local planning in Leiden and Oxford (Research note 6), Technische Hogeschool Delft, 1976, contient aux pages 12 et 13 une excellente étude de l’origine des différents modes de prise de décision au niveau de l’État. Les auteurs constatent: ( (I1 existe certainement dans la planification britannique des règles et des plans stratégiques qui jouent effectivement un rôle dans la prise de décision tactique. Les décisions relatives au contrôle d u développement sont par exemple prises en tenant compte d u plan de développement réglementaire. Mais ce dernier n’a pas la m ê m e force d’obligation que son homologue néerlandais... en effet, selon la législation relative à la planification généralement en vigueur dans les autres pays européens ... la prise de décision doit se conformer... au modèle hiérarchique d’ordre normatif: les décisions Particulières doivent être déduites des principes posés par les regfes et les plans précédemment définis. >) 27 Orientation, planification et prise de décisions Con/exteset .situationscaracte‘ristiques Les zones urbaines pauores. Les programmes de planification intersectorielle les plus ambitieux élaborés en Europe ct aux États-Unisontété tentés en milieu urbain, en particulier dans les zones urbaines insalubres,les quartiers habités par les classes les plus modestes et les ghettos, afin de susciter une mutation sociale,d’améliorer l’environnementurbain et de résoudre certains de ses problèmes complexes.Cette orientation était en partie la conséquence de l’agitationsociale et des révoltes d’étudiantsdes années soixante,par lesquelles s’exprimait l’exigenced’unerépartition plus égale des chances. Midwinter fait remarquer que les écoles communautaires anglaises des Educational Priority Areas (EPA: zonesprioritairesd’éducation):K.. .sontmotivées moins par des facteurs théoriques et ‘purement’éducatifs que par des raisons de commodité et de justice sociale. Lorsque la crainte d’un soulèvement urbain s’ajoute h ce que souffle la conviction morale, ou peut espérer de cette rencontre un résultat peu ordinaire [8] ». 11 s’est avéré si difficile de résoudre de façon simple les problèmes posés par la dégradation de certains quartiers urbains et la rénovation de certains ensembles d’habitation que les divers services intéressés se sont vus dans l’obligation de coordonner leurs plans. D e s exemples comme le Human Resources Centre de Pontiac, le Dunbar Junior Highschool and C o m munity Centre de Baltimore [9] et le projet SAND d’Hartford,Connecticut [I O], témoignent de la lutte entreprise pour venir à bout des problèmes urbains, de la criminalité, de la maladie et de la ségrégation raçiale aux États-Unis;quant au Centre Abraham Moss [il], situé dans un quartier délabré de Manchester, il est le prototype des équipements construits en application de la même stratégie en Grande-Bretagne dans les années soixante.En République fédérale d’Allemagne,beaucoup des nouveaux centres scolaires construits au cours des dix dernières années sont situés dans des quartiers d’habitation que l’on peut classer dans la catégorie des zones habitées par les couches moyennes à faibles revenus et par les populations les plus défavorisées [12]. L’espoir que l’intégration physique, au sein d’un bâtiment unique, des écoles et des services sociaux autrefois séparés,amèneraitles diverses classes sociales k se rencontrer et finalement à s’intégrer s’est maintenant évanoui, et c’est pourquoi des schémas plus différenciés et plus décentralisés sont apparus. U n projet grec fondé sur la réévaluation de structures existantes et sur l’introduction d’un nouveau réseau de services éducatifs a pour objet de rénover des édifices existants, de grande valeur historique, sur l’île de 28 Syros [13]; un projet pour Lowell, Massachusetts (États-Unis)[14]tend à transformer Ics vestiges d’un centre textile du xixc siècle en parc urbain éducatif, et un projet pour Crewe (Royaume-Uni)[15] établit un lien entre les ressources de l’agglomération et une école secondaire rénovée dans un centre urbain vétuste. Les quartiers neufs offrent une autre excellente occasion de mettre en place des services intégrés.D’une part,la raison économique veut que certains espaces soient, lorsque c’est possible, utilisés par divers groupes d’usagers,mais en outre, l’écolejoue un rôle capital dans le rapprochement des nouveaux habitants, en contribuant à créer un sens de la communauté et en constituant un centre de développement social et économique. En République fédérale d’Allemagne, aux États-Unis[20], en France [16], en République démocratique allemande [17], au Royaume-Uni[19] et en Suède [IS], pour ne citer que quelques pays,nous trouvons des exemples de cette situation qui offre de nouvelles possibilités de coordination et de collaboration entre l’école et les installations de loisirs, de production, de santé et autres services sociaux. I1 semble aujourd’hui difficile de concevoir une école de quartier neuf comme une unité isolée, dont l’action en direction des nouveaux habitants ne serait pas coordonnée avec celle d’autres services. Les zones oh la population évolue rapidenient peuvent, en fait,être placées dans la catégorie des G cas d’urgence )) quand elles se trouvent dans une situation analogue à celle qu’ont affrontée tes États-Unis entre 1960 et 1970,ou la République fédérale d’Allemagne dans les années soixante-dix.Tout d’abord, l’augmentation du nombre des élèves a conduit à y entreprendre de grands programmes de construction et, parallèlement, une réorganisation fondamentale de l’enseignement, mais la décrue des effectifs crée à l’heure actuelle le problème diamétralement opposé du surplus plutôt que du manque d’espaces éducatifs [21].Dans les deux cas,on a assisté à une ((ouverture >) nouvelle du système scolaire à d’autres groupes d’usagers et à des utilisations très différentes. Si la première tentative d’«ouverture ))de l’école semble,dans de nombreux cas,avoir été dictée par des raisons sociales et par la nécessité économique de justifier l’ampleur des investissements publics consacrés à la création de nouveaux espaces scolaires, la seconde vague qu’on connaît aujourd’hui paraît en grande partie résulter de la nécessité économique d’utiliser les coûteux espaces excédentaires afin de Orientation, planification et prise de décisions justifier les frais de personnel et d’exploitation.Aux États-Unis,les clubs artistiques,les groupes de retraités, diverses associations et divers programmes de loisirs organisés par des groupes privés, semi-privés et publics ont commencé à occuper en permanence les espaces scolaires vides soit en les achetant,soit en les louant pour une certaine durée [21]. Les changements rapides de population peuvent cependant provenir d’autres causes que la natalité. ils se produisent lorsque les fluctuations de l’emploi poussent les gens à émigrer d’une région vers une autre,et en raison de la mobilité sociale des communautés anciennes et nouvelles.Dans le cas de communautés anciennes,les écoles voient fréquemment leurs effectifs diminuer avant que des familles plus jeunes remplacent les plus âgées et que l’effet de compensation commence à se faire sentir.Dans les nouvelles communautés qui se développent rapidement, les enfants d’âge scolaire représentent habituellement un pourcentage beaucoup plus important de la population totale du fait que ce sont des classes d’âge plus jeunes, relativement homogènes, qui vont s’y installer. Toutefois, en l’espace de quelques années, une fois la migration achevée,il se produit une décrue saisissante de la population scolaire,d’oùune capacité excédentaire en espaces scolaires qui est un fardeau pour le contribuable. En prévision de ce phénomène,la Suède a intégré les écoles de quartiers aux nouveaux ensembles résidentiels non seulement pour permettre des relations plus étroites entre les jeunes enfants et leurs familles et voisins et pour stimuler l’interaction école-communauté dans les ateliers et les salles de réunion,mais encore pour faciliter l’adaptationdes besoinsen espace aux fortes fluctuations des effectifs. Le fait qu’on trouve moins souvent des services coordonnés dans les quartiers habités en majorité par les couches moyennes ou supérieures ou dans les ensembles résidentiels à populations stables, peut indiquer que, dans ces quartiers, il existe un réseau suffisamment complexe de services et d’équipements et que,bien qu’ilsoit possible d’améliorerces services, l’effort initial nécessaire pour mettre en place des services coordonnés n’estfait que là où la situation est si intolérable ou si nouvelle qu’on est amené à reconsidérer fondamentalement les schémas de services traditionnels. Les types d’initiateurs Selon nous, trois types différents d’initiateurs (pouvoirs publics, spécialistes et usagers) influencent non seulement la planification et la conception des équipe- ments coordonnés,mais égalementleur fonctionnement ultérieur. C’est ainsi que dans les pays industrialisés, les projets d’origine gouvernementale sont les plus fréquents mais les moins novateurs les projets des spécialistes ont tendance à être les plus novateurs mais les moins efficaces 2, et les projets des usagers sont les moins fréquents mais souvent les plus efficaces. Bien que les trois groupes interviennent dans la plupart des cas,on pourrait supposer,vu les hommages rituels rendus à la participation, que ce sont les processus lancés par les usagers qui sont les plus courants. Cependant, un examen plus approfondi de la réalité révèle que ce sont en premier lieu les services de l’État et en second lieu les spécialistes qui sont les principaux moteurs des actions entreprises. I1 faut considérer les processus lancés et dirigis par les pouvoirs publics aux trois niveaux où peuvent être prises des décisions publiques affectant la coordi- nation : l’échelon central ou national, l’échelon intermédiaire et l’échelon local. Selon la structure de la prise de décisions,dont nous avons dit que, du fait des traditions historiques, elle se situait tout au long d’un continuum allant de la centralisation à la décentralisation, chacun de ces échelons peut se caractériser par le fait que ses fonctions et ses mécanismes spécifiques sont favorables (ou défavorables) à la coordination.Dans l’ensemble, rares sont les programmes coordonnés qui n’ont pas reçu au moins une approbation -généralementaussi le soutien -de l’écheloncentrai. La création d’organismes et de fonds spéciaux consacrés à la coordination montre que les États sont de plus en plus conscients des avantages que présente la coordination des services. On a vu cependant apparaître des problèmes de soutien de la coordination à l’échelon national. En France, par exemple, un comité intersectoriel spécial a été mis en place pour coordonner les programmes des services sociaux à l’échelonnational et pour établir les liens nécessaires avec les autorités locales. Après quatre années de travail, ce comité a été dissous car il n’existait pas, au niveau local, de cadre administratif perrnet1. Nous qualifions de H novateurs >) les projets qui s’écartent des pratiques habituelles quant au processus, au programme et à la combinaison des services. L e terme est utilisé ici pour indiquer qu’on se trouve en présence d’une nouvelle étape de la coordination dans u n domaine donné. 2. D a n s ce contexte, l’adjectif ( (efficace >) rend compte de la réalisation des objectifs que la coordination des services s’est fixés; o n s’appuie en grande partie, pour juger de l’efficacité des projets, sur les informations reçues en retour: observations et opinions exprimées par les usagers de divers projets. 29 Orientation, planification et prise de décisions tant d’appliquer les accords conclus à l’échelon national [22]. A u Royaume-Uni,le groupe de développcment qui a été institué au Ministère dc l’éducation et de la science à l’écheloncentral n’a pas pour objet de coordonner les programmes nationaux mais de jouer un rôle de consultant auprès des autorités locales qui lui soumettent des projets novateurs (y compris des services coordonnés) et qui ont besoin de conseils et de fonds supplémentaires pour la planification [15]. L’Australieet la Suède, où les pouvoirs nationaux de prise de décision sont décentralisés, accordent aux pouvoirs publics locaux et intermédiaires des subventions globales qu’il est plus facile d’utiliser pour des projets coordonnés que les fonds affectés à des secteurs ou à des projets précis [23]. La France a adopté récemment une orientation analogue [25]. U n bureau central spécial a été mis en place aux États-Unispar le Ministère de la santé,de l’éducation et des affaires sociales (HEW)pour appuyer les idées novatrices en matière de planification des relations communauté-école.Par l’intermédiaire de ce Bureau pour l’éducationcommunautaire,le ministère consacre quelques crédits quasi symboliques pour l’administration, la planification, la réalisation de programmes faisant participer divers groupes de la communauté [26]. Grâce au système d’information assez important qu’il met actuellement en place, ce bureau sera bientôt mieux à même de déterminer si un programme est réellement novateur et ouvert à la participation, deux des critères les plus importants pour l’attribution des subventions [27]. Aux Pays-Bas, plusieurs groupes indépendants ainsi que le Ministère des affaires culturelles, des loisirs et des affaires sociales ont patronné l’établissement de principes directeurs pour la recherche [28] et subventionnent la création de centres comniunautaires et scolaires intégrés. Bien qu’il soit difficile de comparer l’efficacité des solutions nationales respectives, trois faits nouveaux méritent d’être mentionnés : a) l’augmentation du nombre des actions de l’État qui visent directement A soutenir les services sociaux coordonnés plutôt que les programmes sectoriels; b) une nette tendance à déléguer des responsabilités à des niveaux inférieurs de prise de décisions; c) une réduction des fonctions de l’État au rôle de service d’information et de consultation. Bien qu’il soit souvent le plus faible des trois (entre le niveau central puissant et le niveau local actif), l’échelonintermédiaire de la prise de décisions (région,département,district urbain) acquiert de plus en plus d’importance.En tant que médiateur entre le 30 décideur central lointain et les intérêts locaux qui s’affrontent,l’échelonintermédiaire offre la possibilité de mettre l’action politique mieux à portée de la population, et d’aider les sous-groupesgéographiques et culturels traditionnels qui tentent de relrouvcr leur identité face aux politiques nationales destructrices l. La coordination à l’échelon intermédiaire est fort répandue en République fédérale d’Allemagne où les Liinder sont jaloux de leur autonomie éducative et culturelle à l’égard des intérêts fédéraux. Mais elle existe aussi aux États-Uniset aux Pays-Basoù ce sont les échelons intermédiaires qui préparent les principes directeurs nationaux et les adaptent aux situations locales, et qui coordonnent au passage les demandes locales adressées à l’échelon central. Les échelons locaux de prise de décisions sont de loin les plus directement intéressés par les projets éducatifs et communautaires coordonnés. C’est à l’échelon local que naissent les projets particuliers et que les directives nationales ou régionales sont traduites en programmes et en processus. C’est là que le changement devient visible et tangible et qu’il touche les personnes auxquelles il s’adresse.Quant à l’évaluation du degré d’innovation et d’efficacité des programmes, c’est (dans la mesure du possible) en fonction des normes locales et 2 partir du jugement des habitants qu’elle sera faite. Savoir si un programme est suffisamment complexe peut se juger principalement par rapport aux besoins et aux ressources de la localité. La question qui se pose ensuite, celle de savoir qui détermine 1’« adéquation ) ) des programmes coordonnés à l’échelon local, nous ramène à nos trois types principaux d’initiateurs, à leur interaction et à leurs impacts respectifs. Les processus de planification de services coordonnés lancés par les services locaux de l’État,les autorités locales ou les services municipaux présentent un avantage manifeste: le projet a de plus fortes chances d’être réalisé que ceux présentés par les spécialistes ou par la communauté. Cela explique pourquoi ce sont les plus fréquents. S’ils sont habituellement les moins novateurs (comparés aux projets présentés par les spécialistes ou par les usagers), c’est que les fonctionnaires sont généralement enclins à prendre le moins de risques possible. C’est pourquoi les programmes d’origine publique associent la 1. O n trouvera plusieurs descriptions niinuticuses des mouvements visant i faire renaître IC N rCgionalisme ))en REpublique fédéralc d’Allemagne, en France, en Italie, cn Norvège et en Suisse dans l’ouvrage de Lars Gustafson (dir. pu bl.), Thema: Regionali.sniu.s, Tintenfisch IO. Berlin, Verlag Klaus Waycnbach, 1976. Orientation, planification et prise de décisions plupart du temps l’enseignement,l’éducation permanente et les loisirs,qui sont des utilisations tout à fait compatibles,alors que les combinaisons enseignement, services sociaux, logements, commerces et industries sont moins fréquentes et d’ordinaire le résultat de propositions faites par des spécialistes ou des usagers. 11 en est de même des processus de planification: on se contente généralement,k cette occasion,d’informer l’opinion ou d’organiser des forums publics, sans prévoir suffisamment de temps ou d’interactionspour qu’un ( (dialogue ) )digne de ce nom s’établisse. Le recours aux spécialistes est la méthode la plus couramment employée pour déterminer les besoins en services sociaux, dans les programmes novateurs. D’ordinaire, un groupe interdisciplinaire d’experts (urbanistes, sociologues,architectes,comptables,consultants en matière de gestion ou d’organisation, éducateurs) est engagé afin d’élaborerune proposition. Une bonne pratique de la planification veut, dans ce cas, que le groupe collecte des données sur lacomposition démographique,les structures culturelles et politiques, le système économique,l’infrastructuresociale et technique,les caractéristiques physiques et d’autres facteurs qui peuvent avoir une importanceparticulière. Toutes ces données, le plus souvent, ont déjà été relevées par divers organismes ou systèmes d’information, mais elles se présentent rarement sous une forme appropriée au sujet principal de l’étude et qui permette aisément les comparaisons. Les spécialistes, dont c’esten partie le travail,sont souvent les premiers à rassembler divers éléments d’information sous une forme qui démontre la nécessité et l’intérêt de coordonner les services. Les avantages et les inconvénients qu’il y a à confier aux spécialistes le soin de déterminer les besoins et d’établir les programmes ont été mis en évidence par de nombreuses études de cas. Intermédiaire entre les administrations et les groupes d’usagers, le spécialiste est en mesure de voir tout l’éventaildes options et des problèmes plus clairement qu’eux.Ses propositions peuvent être mises en application ou rejetées; il est habituellement chargé de présenter la gamme complète des options sans engager sa responsabilité. Souvent le spécialistene vit pas dans la communauté,ce qui lui accorde une liberté dont ne jouissent ni l’administrationni les usagers.La première est tenue par des textes réglementaires et les crédits limités dont elle dispose; les seconds sont freinés par leur manque de connaissances et par le fait qu’ils ne peuvent oublier qu’ils devront subir les conséquences de leurs options pendant des années. Le spécialiste doit entretenir de bonnes relations de travail avec, d’une part, son employeur (qui est habituellement I ’État) et, d’autre part, l’usager,car si la solution qu’il propose ne répond pas aux besoins des usagers,sa réputation en souffrira nécessairement. Le plus difficile est de créer un climat de confiance entre les diverses parties en cause.L’une des premières tâches consiste donc à apaiser les craintes des participants. Les petites administrations peuvent redouter d’être absorbées par les grandes administrations scolaires. Les autorités peuvent s’inquiéter des problèmes que pose la fusion de deux services administratifs (ou davantage) ayant des juridictions différentes. Les administrateurs peuvent avoir des doutes quant au rendement de services scolaires et sociaux intégrés. Les services administratifs peuvent éprouver quelque réticence à admettre un système de financement et d’administration commun. Les représentants de la communauté peuvent estimer qu’unremaniement de l’administration scolaire risque de rendre l’école moins sensible aux problèmes de la communauté. Les parents peuvent craindre que les activités communautaires ne distraient les enfants de leur travail scolaire, et les enseignants peuvent craindre que de vastes équipements dont l’écolene serait qu’unélément ne nuisent à leur efficacité ou à leur situation sociale. Pour que le processus soit ouvert et participatif, le spécialistedoit souvent assumer un rôle de médiateur et d’arbitre. D’une part, il peut défendre les intérêts des groupes d’utilisateurs face aux intérêts des pouvoirs publics; d’autre part, il peut se faire le porteparole des décisions et des intérêts des pouvoirs publics devant les groupes d’utilisateurs, lors des réunions publiques.Une telle activité exige des qualités et des talents de gestionnaire que peu d’éducateurs, architectes, sociologues ou urbanistes acquièrent pendant leurs études. Mais quelles que soient les compétences du spécialiste, cet exercice d’équilibre constant peut affaiblir sa position dans les deux sens1.Les urbanistes peuvent donc estimer que leur Lorsqu’elle a cherché à décentraliser les procédures de planification à A n n Arbor,l’agenced’urbanisme Urban Design Associates a constaté combien il était dificile d’établir le lien entre les décisions prises à l’échelon local et celles prises à l’échelon administratif central.Les comités locaux mis en place pour décentraliser la prise de décisions prennent une décision et découvrent ensuite seulementqu’elleest inacceptable à l’écheloncentral.En décrivant leurs problèmes aussi ouvertement que possible dans les réunions publiques, les consultants proposent trop de choix, ce qui aboutit à la confusion. Les organes intermédiaires de gestion et les responsables de l’application de tel ou tel programme ne sont cas suffisamment concernés. (Urban Design Associates, (< A summary of recommandations:master plan for education », élaboré pour les Public Schools d’Ann Arbor, Pittsburgh,1973.) Orientation, planification et prise de dbcisions responsabilité à l’égard de l’une ou de l’autre partie doit être plus clairement préciséc: soit ils se font les défenseurs de l’usager,soit ils se mettent au service des pouvoirs publics. Étant donné que seuls les pouvoirs publics disposent des moyens financiers nécessaires pour rétribuer un spécialiste en permanence, certains pays ont imaginé de rétribuer sur fonds publics des ( (urbanistes-défenseurs) )qui représentent les citoyens. L’importance du rôle du spécialiste (plus particulièrement de l’architecte) dans la coordination varie considérablement d’un pays à l’autre. Smith constatait: ( (... En Scandinavie,presque chaque fois qu’uneécole est utilisée comme centre communautaire, c’est qu’il y a eu intervention d’un architecte. Cela s’expliqueen partie parce que la profession d’architecte est beaucoup plus active et compétitive sur le plan international que n’importe quel service social, y compris l’éducation. Une innovation dans un pays est vite connue de tous.il en va de même en Hollande, en Autriche, en Pologne et en Suisse, mals moins en Angleterre, oii la mise en pIace de ces centres a été encouragée plus pour des raisons sociales que pour des raisons économiques, iducatives ou esthétiques [29].) ) Les processus dus ù l’intervention des u,rager,ssont ceux qui s’écartent le plus radicalement des schémas traditionnels de la planification. L’importance de la participation de l’usager à la planification et à la prise de décisions a été reconnue dans tous les pays industriels développés; toutefois, le degré et les modalités exactes de cette participation restent encore à préciser. La planification des équipements éducatifs et communautaires coordonnés touche à de nombreux domaines auxquels les gens sont extrêmement sensibles: l’éducation et l’avenir de leurs enfants, leurs propres possibilités d’éducation permanente et de loisirs, et souvent des problèmes plus spécifiques (par exemple la détérioration des villes, le logement, l’absence de services sociaux) qui varient d’une communauté à l’autre.L’intérêt directement lié aux problèmes en jeu, pour l’ensemble de la communauté et pour chaque individu personnellement, confère une qualité particulière à la participation dans ce domaine de planification(à la différence,par exemple,de la planification intéressant lcs hôpitaux ou les industries, qui est souvent plus spécialisée et plus éloignée de la population). A la lecture d’une brochure établie par le South Arsenal Neighbourhood Development (SAND)Project par exemple, on s’aperçoit que la participation du public sert de moyen pour attaquer globalementtous 32 les problèmes, mais que I’kducation joue un rôle primordial dans les actions correctrices et pour préciser les options : ((L’instruction sera rentable dans la mesure où elle aboutira ii une amélioration sociale et économique. L’instruction et l’école omniprésente constitueront l’axe physique et émotionnel de la nouvelle communauté de South Arsenal [30].) ) Les processus de planification ((contrôlés par l’usager>) sont relativement rares, et lorsqu’ils se produisent, ils portent parfois la marque de violents conflits entre les plans de l’Étatet les aspirations et les besoins de la communauté intéressée. On n’en connaît guère d’exemples qu’en Australie et aux États-Unis. Le projet Dunbar [9] et le projet SAND [30]sont deux cas où ce conflit a été résolu et oii la communauté a pu à la fois se développer davantage et se sentir réellement renforcée dans sa fierté. Par conséquent, le ((conflit », en soi, ne doit pas nécessairement être considéré comme un facteur négatif dans la relation entre les services de l’État et les groupes d’habitants, mais plutôt comme une occasion de développer et de renforcer cette relation. Dans la plupart des cas,il a fallu obtenir de l’État qu’il apporte et amplifie son soutien aux nouveaux types de processus de planification, ce soutien devant être la base sur laquelle un programme adapté aux besoins spécifiques de la communauté pourrait être élaboré. Faute de soutien financier et d’une volonté de coopérer lorsque besoin est,la plupart des processus de planification échoueraient. il a fallu au projet SAND,par exemple,près de huit ans pour démontrer que son programme d’éducation et d’organisation était réalisable, et il n’existerait plus aujourd’hui s’il était privé de son financement public [31]. Étant donné les résultats extrêmement positifs et novateurs des quelques processus contrôlés par les usagers, ne doit-on pas se demander s’il ne convient pas, de manière générale,d’aider la communauté,par des subventions publiques, i apporter sa contribution aux projets publics de construction? E n Suède,le contrôle par les usagers s’opère d’une autre façon, moins directe: un conseil de gestion spécialement élu est responsable des questions de logement et de services communautaires dans les zones résidentielles [32]. Contrairement à ce qui se passe dans le cas des écoles traditionnelles,la mise en place des équipements coordonnés résulte rarement de politiques gouvernementales globales ou de décrets. Bien qu’ils soient impossibles à réaliser sans le soutien et l’approbation de l’État,ces équipements constituent dans l’ensemble une réponse à une situation locale spécifique et tendent A apporter une solution ponctuelle,concrète et organi- Orientation, planification et prise de décisions sationnelle à des problèmes donnés, plutôt qu’à être un modèle largement applicable. La création des écoles communautaires a essentiellement été soutenue à deux niveaux des pouvoirs publics :l’échelonlocal,qui est généralement à l’origine de l’idée et fait les premiers pas vers la mise en place d’équipements coordonnés - le plus souvent des projets isolés -et l’État qui accentue sa politique de soutien en finançant des services consultatifs et la diffusion de l’information.Qu’il s’agissede bâtiments qui relèvent en dernier ressort des autorités départementales ou municipales [33], d’une administration scolaire élue et dotée d’un budget propre [34], ou d’un service gouvernemental d’administration urbaine [35], les exemples les plus achevés d’école communautaire ont généralement bénéficié du soutien financier des services compétents de l’État, ils ont fait intervenir des spécialistes et des usagers, et ils ont profondément retenti sur leur environnement local. Dans son étude sur le contexte dans lequel des équipements intégrés ont été réalisés en France, Rose Bergouignan précise: ( (... dans tous les cas, on se trouve face à des situations de mutation locale. Celles-ci sont à l’origine de problèmes économiques, sociaux, urbains. Ces mutations locales sont significatives de mutations sociales globales de la société [36].)) Les difficultés qui sont apparues au cours de ce processus ont été considérables. Le chemin qui a mené à la réalisation de centres complexes a été semé d’une série d’embûches,depuis la nécessité de changer la loi pour mettre en commun des fonds d’origines diverses jusqu’à de sérieux problèmes de communication et de confiance entre les divers niveaux de décision publique. Les tentatives spontanées de coopération qui ont échoué par la faute d’uneréglementation intransigeante, de la paperasserie, du respect des normes traditionnelles de comportement, ou simplement par pure insouciance,sont certainement innombrables. Ces occasions perdues ne se retrouveront jamais. Toute piscine, centre communautaire ou établissement scolaire sous-utiliséentraîne en permanence une perte non seulement en raison des frais d’entretien et de fonctionnement,mais également par son coût social d’opportunité. Types de processus utilisés pour déteminer les besoins Le contexte historique et culturel,le milieu et le type d’initiateur déterminent en grande partie le type de processus utilisé lors des projets coordonnés. il est évident qu’il n’existe pas de modèle unique qui convienne à tous les cas, mais qu’un nouveau schéma apparaît chaque fois. L’étude d’un grand nombre de processus divers nous a cependant permis de dégager une série de méthodes et plusieurs principes fondamentaux. Contrairement aux processus traditionnels, ces processus font intervenir toutes les parties, y compris l’usager final. Aux ((processus de participation ))[37] qui vont s’échelonnant des plus soumis au contrôle des pouvoirs publics aux plus soumis au contrôle des habitants correspondent des stratégies d’incitation des habitants à participer à la planification des écoles communautaires. Les comités interserviceset les groupes consultatifs représentant les intérêts des divers partenaires semblent constituer la méthode la plus admissible pour déterminer les besoins et les priorités. Leur travail doit être complété par celui des spécialistes et du public dans toute la mesure possible. Les comités ouverts et les comités ad hoc conviennent particulièrement aux cas où l’on recherche des solutions créatrices. L’information du public est la première méthode et celle qui est la plus utilisée pour faire intervenir les habitants. Si elle constitue certainement un point de départ utile pour que le dialogue s’engage, cette méthode ne saurait i elle seule garantir une collaboration de l’usager. L’étape suivante consiste à organiser des débats ou des forums publics au cours desquels les usagers ne sont pas simplement informés mais également invités à formuler leurs opinions.Leur principal inconvénient est de ne guère donner lieu à une véritable interaction entre les parlicipants, la plupart des décisions étant prises par les acteurs principaux : fonctionnaires, représentants élus, etc. Pour éviter les conflits, ces réunions ont généralement lieu tard, trop tard pour que l’usager apporte une contribution réelle, et elles sont par conséquent la cause de frustrations,d’antagonismes et d’oppositions qui peuvent à leur tour occasionner un gaspillage de temps.S’ils sont associés à d’autres méthodes de planification et s’ils interviennent à un stade initial de la planification, les forums publics peuvent toutefois être utiles. Les (< charrettes >) sont une manière d’évaluer rapidementles besoins et les aspirations d’une communauté. Le terme K charrette n désigne un débat public ouvert auquel participent des spécialistes (généralement rémunérés), des fonctionnaires et des habitants (généralement bénévoles) pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines de discussions, avant la programmation d’une école communautaire. Les expériences de charrettes ont montré que cette méthode a l’incon1. Pour une description et une évaluation plus détaillées,voir Harrison [9]et Environmental Design Group [20]. 33 W 3 -Y m .. U C O m E c m. W C -I Orientation, planification et prise de décisions - .. a N 7 W 34 i!"N !P!W I I I I 35 Orientation, planification et prise de décisions Orientation, planification et prise de décisions vénient d’être relativement coûteuse, outre qu’il est parfois difficile, dans un laps de temps plutôt bref, d’obtenir des participants qu’ils prennent des engagements de coopération à long terme. La technique des jeux de planification, parfois employée aussi, est une façon plus structurée de provoquer la réaction des usagers et leur participation au processus de planification des équipements éducatifs l. La simulation abstraite d’une réalité complexe dans des conditions où la crainte de conséquences graves est relativement écartée permet d’élucider de nombreuses questions et de les manier plus facilement. Certes,les jeux peuvent donner à des groupes d’intérêts particuliers la possibilité de se livrer à des manipulations s’ils ne sont pas soigneusement contrôlés par les usagers [20].Toutefois, leur structure permet un apport plus significatif de la part des profanes et des habitants, dans les limites de temps relativement brèves que leur offre un cadre de décision libre et ( (non menaçant N (fig. 5, 6). . . ~ . . FIG. 6.Forme définitive du bâtiment qui témoigne de l’apport des agriculteurs locaux: il s’agit d’une série de granges imbriquées reliées par un passage public couvert pour piétons. Source: Urban Design Associates,Pittsburgh,Pa,1974. Les comités d’habitants sont des groupes de résidents ou des équipes spéciales de travail qui participent généralement au processus de prise de décisions pendant plus longtemps et qui coopèrent plus étroitement avec les organismes publics officiels,par exemple avec la commission scolaire, avec le bureau d’urbanisme de la ville, etc. Ils se préoccupent surtout des aspects qui présentent une importance particulière pour le fonctionnement de I’école en tant que centre communautaire,et ils deviennent souvent des ((spécialistes temporaires >) dans leur domaine d’activité. La continuité et le temps sont les deux plus gi-osproblèmes auxquels se heurtent ces groupes, mais les conflits d’autorité avec les structures publiques en place peuvent être encore plus graves. 36 Les associations communautaires sont probablement le moyen le plus élaboré pour que l’utilisateur exerce son contrôle. Régulièrement élue, dotée d’une structure juridique qui lui permet de gérer ses propres fonds, l’association est une démocratie en miniature au sein d’une démocratie (une ((ville dans la ville H) qui rapproche la prise de décisions, le plan et son application de la population. La généralisation de ces associations pourrait toutefois entraîner un nouveau morcellement du pouvoir et des services si elles ne servaient pas à compenser les inégalités entre différents secteurs et à favoriser la décentralisation progressive du pouvoir de décision.Les associations communautaires sont un outil extrêmement efficace pour mener à bien la tâche complexe de coordonner des services et de faire participer les usagers au projet en permanence (fig. 7). La plupart de ces processus ne s’excluent pas mutuellement. Nous avons constaté, lors des études de cas, que plusieurs stratégies différentes étaient généralement associées. O n passe souvent d’un processus contrôlépar l’Étatà une procédure délibérée pour confier le contrôle à l’usager final, en coopération avec les services de l’État. Dans tous les cas étudiés,le mode de détermination des besoins et le processus de prise de décisions s’écartent manifestement des pratiques généralement suivies avec lesquelles ils ont peu de caractéristiques communes. Selon la nature du problème et les priorités politiques, il faudra inventer de nouveaux processus et de nouvelles stratégies de coordination,sur la base des quelques principes généraux suivants : Le temps est l’élément majeur pour pouvoir élaborer un dossier préalable complexe qui réponde aux )de la communauté. I1 doit générabesoins ((réels ) l. La description intégrale des jeux utilisés au cours de la planification d’un centre éducatif et communautaire figure dans: David Lewis, ((A community determines what its centre is n, dans Declan et Margrit Kennedy (dir. publ.), ((The inner city B, Architec/s Yearbook no 14,Londres,Paul Elek, N e w York,Wiley, 1974.Lewis souligne que les jeux ont eu une grande influence sur la programmation et la conception et ((ont immédiatement montré la grande diversilé des usages qui peuvent être faits d’espaces fort simples... et les économies considérables d’utilisation et de personnel qui peuvent être réalisées en désinstitutionnalisanttoute une série d’usagesqui étaient traditionnellementdu rcssort d’établissements distincts (bibliothèque, centrc d’hygiène scolaire, etc.). E n séparant uniquement les quelques activités qui sont tout à fait spécialisées, ct en traitant toutes les autres en groupes polyvalents adaptables selon les activités, les volumes requis ct les heures d’afflucncc,on aboutit non seulcment a de nouvelles conccptions de l’espace,mais aussi à de nouvelles conceptions en matière d’administration,de dotation en pcrsonncl ct de financement dcs investissements et de l’exploitation.>) Orientation, planification et prise de décisions ............. ’............. . .... !Commission ‘y ... scolaire ,I ’ , . , ’._ ............. Food services !.’ ; ............. Fig. 7. Structure de l’Association pour les équipements communautaires de Gananda. Source; Urban Design Associates, Pittsburgh, Pa, 1974. lement dépasser les limites fixées pour les programmes ordinaires. 11 vaut mieux en prévoir trop que pas assez,pour avoir le loisir et la liberté de mouvement nécessaires pour que les options essentielles restent ouvertes. Une planification ouverte qui permette au concept de coordination de se développer progressivement est nettement préférable à un programme fixé dès le stade initial ou à une adhésion stricte à des procédures traditionnelles établies. I1 est rare que les frontières du domaine d’action soient clairement définies. 11 est par conséquent important de chercher une stratégie qui préserve le plus longtemps possible la liberté de négocier, à condition, toutefois,qu’on estime que le ((temps D travaillera à l’améliorationde la base des décisions. U n élément de marketing semble intervenir lorsque les autorités locales, les spécialistes et les usagers essaient de trouver de nouveaux partenaires et de nouveaux alliés pour des opérations en commun. Des frais supplémentaires peuvent résulter de procédures de planification longues et complexes; il faut les prévoir et les inclure dans le coût du projet. L’absence de participation du public peut aboutir à la non-utilisation des équipements, en particulier lorsque le temps de planification est bref et que d’autres priorités (par exemple les réformes de l’enseignement) sont plus urgentes. I1 est souhaitable que la participation du public intervienne très tôt, les difficultés et les tensions seront moindres par la suite (fig. 8). Les pays en développement : le retour à des modèles plus généraux d’intégration scolaire et communautaire Les modèles tsuditionnels d’irlucution Dans les pays en développement, l’instruction obligatoire a, dans la plupart des cas, été introduite par la puissance coloniale et elle présente donc certains traits communs avec celle des pays industrialisés. Dans de nombreux cas: << ... les communautés n’attendent pas des écoles qu’elles s’engagent directement dans le travail de développement. C e n’est pas là le type de contribution à leur progrès qu’elles espèrent. C’est peut-être à cause d’une longue tradition,vieille parfois de plus de cinquante ans, que l’école est considérée et comprise comme un organisme spécialisé dans l’enseignement.La communauté attend de l’école qu’elle favorise le développement intellectuel du plus grand nombre d’enfants possible. L a communauté est satisfaite de l’école dans la mesure où celle-cifait passer 2 ses enfants les différents examens qui ouvrent 37 Orientation, planification et prise de décisions ni +- c -: C C ._ m - +. O ._ iu +. c ._ ni C +- Q m O .+. " L m t. ._ U ._ 38 Orientation, planification et prise de dlcisions la voie de l’ascension sociale. La communauté attend ensuite des enfants qui ont réussi qu’ilscontribuent à son développement par un apport en espèces,en nature et sous forme de protection politique [38]. >) Les critiques faites à l’école portent sur deux points: ses effets aliénants sur la culture locale ou tribale traditionnelle, et son impuissance à faire la liaison entre l’enseignement et l’emploi. Trois des réponses à ces problèmes sont en rapport avec la question des liens entre l’école et la communauté : des modèles d’éducation plus généraux, le renforcementdes concepts d’effortpersonnel et d’autodépendance,la liaison entre l’enseignementet l’emploi. Elles ont toutes les trois une dimension historique qui n’est pas sans intérêt pour les modèles actuels et futurs. On rencontre des modèles p1u.r généraux d’intégration scolaire et communautaire dans l’histoire de la plupart des nations. Évoquant la volonté actuelle de revenir aux schémas traditionnels d’éducation en Afrique, Ki-Zerbo souligne qu’avant la colonisation, l’éducation africaine: (< ... était concrète et pragmatique:elle s’acquérait par l’intermédiaire de la vie active ... C’étaitune éducation globale: elle réunissait le manuel et l’intellectuel,le corps et l’esprit,et elle fonctionnait parce qu’elle se liait aux activités du groupe, y compris à ses loisirs et à ses jeux. C’était une éducation progressive, qui avançait par étapes... ) )Cette éducation reflétait naturellement les limites de son époque historique. En particulier, l’absence de l’écritureentravait la capacité d’abstraction,de généralisation et d’accumulation des connaissances, d’où un certain conservatisme.Mais sa forte tradition orale lui donnait plus d’énergieet de saveur,et aussi plus de vérité, d’où son profond humanisme et son efficacité dans le développement, dus au fait que cette société avait presque réalisé,à sa façon,l’idéal de l’Unesco, à savoir la cité éducative [39].D Ce modèle s’est peu à peu désintégré avec l’avance des puissances coloniales et des missionnaires européens qui ont introduit une éducation (< utilitaire et exploiteuse ». Aujourd’hui, les réformes éducatives d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie s’oriententvers I’intégration des liens culturels et pratiques entre l’école et la communauté. O n étudie de nouvelles méthodes pour exploiter à des fins éducatives les ressources humaines, naturelles et créées par l’hommequi sont extrêmement sous-utilisées,pour établir des liens entre l’enseignement,le travail et tous les services sociaux disponibles, et pour élargir la base de l’éducation par des actions coopératives faisant appel à l’effort personnel. Souvent, les opérations pratiques faisant appel à l’effort local et aux propres forces des populations n’attendent, pour s’engager, que le feu vert des pouvoirs publics;c’est ce qu’ontmontré le mouvement Harambee au Kenya et de nombreuses actions très suivies par les communautés intéressées en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Dans les régions où l’industrialisation et la spécialisation du travail qui en découle sont absentes,l’aide mutuelle est le moyen naturel de réaliser tout ce qui dépasse les possibilités de l’individu,que ce soit la construction d’une maison, d’uneroute ou d’un puits, la création d’une école, d’un hôpital ou d’une salle de réunion. Dans certaines régions,lespouvoirs publics risquent vraisemblablement de se trouver devant un dilemme lejour où ils devront prendre en charge les écoles. ( (... D’une part, les écoles construites par la communauté sont l’image assez fidèle des idées et des modes de vie de ceux qui les ont édifiées: elles sont faites de pisé ou de ciment selon que la communauté est riche ou pauvre et qu’elle accorde plus ou moins de valeur à l’instruction.Les gens ont vraiment conscience que l’école leur appartient et ils s’intéressent aux progrès de leurs enfants,ce qui contribue beaucoup à accroître l’efficacité de l’éducation. Mais dès que l’État prend l’école en charge, l’intérêt décline: les bâtiments scolaires sont construits en parpaings et ils ne correspondent plus au mode de vie du village. L’éducation devient alors le problème de l’État,et elle cesse de concerner les villageois...I1 semble qu’une solution consisterait à juger chaque région et chaque école sur ses mérites propres: à éviter les politiques de portée générale et globale. Pourtant, même dans ce cas,les pouvoirs publics devraient encore agir avec beaucoup de précautions, car ils seraient très probablement accusés de faire du favoritisme à l’égard de certaines régions et de la discrimination à l’égard d’autres.Dans ces conditions,il semble que la meilleure solution soit la solution kényenne, aux termes de laquelle le gouvernement prend à sa charge les enseignants et les frais de fonctionnement en laissant à chaque communauté la responsabilité de la structure et des dépenses d’investissement. Elle mérite d’être envisagée par les gouvernements du Nigéria et d’autres pays [40].n Bien qu’elle ait créé une énorme valeur en capital et suscité l’enthousiasmegénéral,la solution kényenne semble aussi avoir entraîné des situations de conflit entre groupes locaux [41].Ici, comme dans d’autres cas, les programmes reposant pour l’essentiel sur le principe de l’effort local ont suscité tant d’enthousiasme que le gouvernementa dû cesser de les appuyer pendant quelque temps, afin de trouver le complé 39 Orientation, planification et prise de décisions ment de fonds et de ressources nécessaire pour fournir les enseignants et le matériel requis,ou pour consolider le programme. L’exemple aujourd’hui classique de recours à l’effort local et des problèines qui en découlent est celui de la République-Unie de Tanzanie qui se proposait, par la déclaration d’Arusha adoptée en 1967, de procéder à une série de changements d’orientation dans le domaine de l’éducation [42].Le premier aspect qui devait être abordé était celui des activités faisant appel aux propres forces de la population et visant, d’une part, à modifier les attitudes et, d’autre part, à faire prendre partiellement en charge les coûts de l’éducation. ( (Toutes les écoles doivent participer à leur propre entretien ; elles doivent être des communautés économiques autant que des communautés sociales et éducatives. Chaque école doit avoir une ferme ou un atelier qui en fasse partie intégrante,qui assure la nourriture de la communauté et apporte une certaine contribution au revenu national global... N II ne s’agit pas d’accoupler une ferme ou un atelier scolaires à chaque école à des fins de formation mais de faire en sorte que chaque école soit aussi une ferme [42,p. 81.)) Les actions faisant appel à l’effort local n’ont pas toujours connu la réussite, et les quelques études d’évaluation disponibles montrent qu’elles ont dans l’ensemblerencontré des problèmes analogues:manque de connaissances et de compétences des populations locales; absence de compréhension,d’appuitechnique et administratif et de contrôle adéquat de la part des fonctionnaires; absence de motivation et problèmes d’attitudesde part et d’autre. D e même,lier l’éducation à la production est une idée qui est loin d’être aussi incontestée que le nombre de cas où elle a été mise en ceuvre pourrait le laisser croire. Elle a posé quantité de problèmes, et ce depuis la naissance du concept,au X I X ~siècle. Trop souvent dans l’histoire du colonialisme,comme le fait remarquer Sinclair [43],l’idée d’allierl’éducationau travail pratique a été considérée comme un moyen de maintenir la population rurale dans une situation où il serait facile de l’exploiter,et comme un obstacle à sa promotion: ((... Les spécialistes de l’histoire de l’enseignementen Côte de l’Or n’expliquent généralement pas l’aversion de l’Africain instruit pour le travail manuel. Le point important est qu’ilassimilait les travaux agricoles en particulier (et de nombreuses autres formes de travail manuel) à l’esclavage.. . [44,p. 581.>) C o m m e les villageois pratiquaient traditionnellement une agriculture de subsistance qui ne nécessitait 40 pas un travail très intense et qui suffisait i leurs besoins essentiels, ils ne voyaient pas la nécessité de recevoir un enseignement agricole dispensé par des étrangers,et l’idée de cultiver le sol pour gagner plus avait des relents d’esclavage. O n trouve dans une déclaration de politique britannique visant à introduire le travail manuel dans les écoles rurales en Inde aux environs de 1900 un type de raisonnement fort semblable à celui qu’on emploie de nos jours pour préconiser une liaison pratique entre l’école et le travail: N ... Les programmes d’enseignement des écoles rurales doivent être adaptés aux besoins locaux,‘non pour dispenser un enseignement agricole précis mais pour donner aux enfants une formation préliminaire qui fera d’eux des cultivateurs intelligents, les exercera i devenir des observateurs, des penseurs et des expérimentateurs, si humbles soient-ils,et qui les protégera dans leurs affaires’... [43,p. 551. D Excepté en ce qui concerne 1’« humilité ) ) et la conception assez irréfléchie de I ’agriculture comme matière d’enseignement permettant un programme plus simple que celui des écoles urbaines,qui semblait acceptable à l’époque,l’analogieavec les déclarations qui figurent aujourd’hui dans de nombreuses publications sur le même sujet a été notée: K Les besoins d’apprentissage de la jeunesse rurale extrascolaire doiventêtre étudiés dans le contexte de l’environnement ou du milieu du groupe. Les programmes qui en résultent doivent être diversifiés en fonction de I’environnement et avoir pour but une action véritablement en rapport avec les besoins et les valeurs des groupes i desservir [45].» Les comparaisons ne manquent pas non plus lorsqu’il s’agit du rejet de l’idée ou de son échec au moment de sa mise en application. Le plan britannique de réforme des écoles rurales en Inde, dès la première décennie du X X ~siècle, a échoué parce que le programme prévu ne donnait pas, i la sortie, les q.ualificationsrequises pour entrer dans la fonction publique, et après son adoption, les villageois envoyèrent pétition sur pétition aux échelons élevés de l’administrationpour qu’onrevienne au programme ordinaire. Sinclair [43,p. 551 cite la Quinquennial review for 1917-1922,dans laquelle le Ministère de l’éducation du gouvernement central observait:H O n pense souvent que l’enseignementdispensé dans une école de village est méprisé parce qu’il n’est pas sufisainment pratique. Or, dans de nombreux cas, l’objection des parents est tout à fait l’inverse.Ils ne désirent nullement que leur Tils apprenne I’agriculturc,en partie parce qp’ilspensent en savoir bien plus sur la question Orientation, planification et prise de décisions que le professeur, mais plus encore parce qu’ils ambitionnent que leur fils devienne enseignant ou employé de bureau...)) O n trouve des affirmations presque identiques dans des études effectuées en 1973 en République-Uniede Tanzanie où:((... les parents étaient opposés à ce que l’école privilégie la formation professionnelle, c’est-àdire la formation agricole, parce qu’ils s’estimaient plus capables d’enseigner eux-mêmes ces choses que le professeur à l’école [46].) ) La similitude à deux époques et deux endroits totalement différents montre qu’il existe une contradiction fondamentale entre un processus de sélection pour l’enseignement supérieur fondé sur un système d’examens normalisés d’une part et les objectifs généraux d’une éducation orientée vers la communauté (qui ne contribue pas directement aux résultats scolaires ou universitaires) d’autre part l. On peut considérer que ce conflit est l’un des principaux obstacles à la diffusion du concept d’école communautaire liant l’éducationet la production,conflit qui persiste en dépit du continuel plaidoyer en faveur d’une certaine renonciation à l’enseignementclassique et aux procédures d’examen normalisées. U n troisième obstacle au resserrement des liens entre l’écoleet la production réside dans la formation traditionnelle que reçoivent les professeurs, qui n’ont généralement ni les capacités, ni la formation nécessaire ((., .pour établir des liens entre leur enseignement et les objets ... familiers aux enfants des écoles de campagne... qui, lorsqu’ils font la classe, ne s’intéressent pas à la culture des fleurs,des légumes ou autres végétaux, et qui n’ont guère ou même pas du tout de connaissance sur la manière d’utiliser le jardin de l’école pour des leçons de choses... L’hygiène était étudiée comme un ensemble de règles énoncées dans un manuel et qu’il fallait apprendre par cœur [43,p. 571.)) La situation décrite en 1922 en Inde est parallèle à celle décrite cinquante ans plus tard dans les rapports de la République-Unie de Tanzanie, où l’on dit à propos des relations maître-élève: ((Le professeur tient à la main un bâton au lieu d’unehoue [47,p. 901.) ) Cependant,il est d’autres obstacles que la simple absence de formation et de motivation chez les professeurs.Ils tiennent à l’organisationde l’enseignement habituellement pyramidale, hiérarchisée et bureaucratique, avec des différences d’ancienneté,de qualifications,de traitements et de procédures d’évaluation, et peu de personnes sont en mesure de les surmonter. C’est ce qui explique sans doute en partie la prédominance dans l’histoire des projets dus à l’initiative de chefs d’établissements charismatiques ainsi que le taux de mortalité élevé de ces opérations,qui ont été prospères tant que leur fondateur était sur place et qui ont disparu avec lui [43,p. 751. Apparemment, les chances d’impact à plus long terme augmentent lorsqu’on peut éviter de trop dépendre d’une seule personnalité et qu’on peut établir des relations de travail étroites avec les membres de la communauté et les notables locaux. Généralement, il semble que la cadence s’accélère aujourd’hui et que la capacité de production des écoles en Afrique, en Asie et en Amérique latine continue à se renforcer. ( (Mise en pratique par la Tanzanie et la Guinée dès les années soixante, l’idée a ensuite marqué le pas avant de devenir acceptable. La Zambie vient tout récemment d’y adhérer, son président ayant déclaré le 20 juillet 1975 qu’à partir de cette date tous les établissements d’enseignement devenaient des unités de production. La Somalie, le Soudan et certains gouvernements militaires à tendances progressistes ont également manifesté un vif intérêt pour cette idée [48].) ) II en est de même en Amérique latine. Le modèle adopté à Panama s’écarte radicalement des formes institutionnelles d’éducation, en donnant à l’école centrale de production du pays des ressources suffisantes pour devenir en trois ans une unité autonome sur le plan économique et organisationnel.Cependant, pour d’autres gouvernements, lier l’éducation, la production et l’emploi dans des coopératives locales devient une question politique et peut ne pas être acceptable. Dans les pays socialistes, la liaison entre l’enseignement et la production a toujours visé davantage à éliminer, pour des raisons idéologiques, la différence entre le travail intellectuel et le travail manuel qu’à répondre, pour des raisons économiques, lux problèmes de financement de l’éducation,de production d’une main-d’œuvre qualifiée ou d’ouverture de nouveaux emplois. Une nette évolution vers l’intégration du travail et de l’enseignementdans les études pratiques et théoriques a suivi la Révolution russe de 1917 [49].Selon Volpicelli [50],dans les années trente, avec le progrès de l’industrie et le besoin de maind’œuvre qualifiée et spécialisée,l’idée en a été abandonnée au bénéfice d’un programme d’enseignement plus traditionnel.Aujourd’hui,les écoles sont conçues 1. Le cas du Nigéria, ou les étudiants de Mayflower se sont opposés par la grève à l’institution de conditions d’entrée à l’école secondaire complete, est le seul exemple connu d’adhésion collective aux principes de l’école communautaire, due en grande partie à la présence d’un chef d’établissement fort et charismatique. 41 Orientation, planification et prise de décisions comme des équipements relativement spécialisés dans le cadre général des services implantés au niveau du micro et du macro ((rayon ))(district). La liaison entre l’enseignement et la production s’effectue par la coordination au niveau de l’organisation plutôt qu’à celui des bâtiments, c’est-à-direpar l’alternance des lieux d’apprentissage: école, ferme et usine. Contrairement à ce qui se fait dans la plupart des pays capitalistes, où le travail manuel est encore synonyme d’infériorité sociale, à l’école secondaire cubaine Escuela Lenin près de La Havane, qui n’accepte que les meilleurs élèves de l’enseignement primaire, on lie l’enseignement et la production aux niveaux les plus élevés. Cette école produit, dans ses importants équipements de production électronique et ses vastes plantations fruitières, des biens dont la valeur s’élève à 1 500O00 dollars des États-Unispar an. Ce chiffre ne représente certainement qu’une petite partie du coût total des 4 O00 élèves de l’école, mais il constitue néanmoins une économie considérable par rapport au coût des écoles professionnelles dans de nombreux autres pays. Les situations caractéristiques (< Dans le contexte d’une société en développement, la question la plus importante est la suivante: quelle est la communauté à laquelle ces écoles sont destinées et quels sont ses besoins? Il s’agit manifestement de la couche de la société qui est socialement désavantagée, financièrement peu solide, défavorisée sur le plan de l’enseignement,et des personnes dont le droit à mener une existence digne de ce n o m n’estpas encore respecté comme il convient [51]. >) Ces groupes sociaux vivent généralement dans les régions rurales, les bidonvilles et les cités d’urgence édifiées à la suite de catastrophes naturelles ou de bouleversements politiques. Les agglomérations rurales des pays en développement, caractérisées par le fait qu’elles perdent leur population la plus active au bénéfice des zonesurbaines et qu’il y sévit notoirement un fort sous-emploi dû au déclin socio-économique, forment la principale catégorie d’endroits où s’opère l’intégration école/ communauté. ( (O n s’intéressede plus en plus aux communautés paysannes des pays moins développés, d’une part, parce que la pression qui s’exercesur elles est évidente et, d’autre part, parce qu’elles peuvent détenir certaines réponses de par leur propre notion de communauté. O n sait pertinemment que, dans de nombreuses régions, les agriculteurs ont un besoin urgent dc nouvelles digues, de routes, de dispensaires, d’écoles. 42 Lorsque ces équipements ne leur sont pas fournis par l’État,ils envisagent de faire quelque chose par euxmêmes.Peut-êtrene réjZchi,rsent-iIspas à la situation mais ils savent sans aucun doute que, sans qu’il soit question d’argent,des hommes ont trouvé le moyen de coopérer,pour défricher des terres, construire des maisons, aider les infortunés. Aussi les hommes peuvent-ils aujourd’hui travailler ensemble pour creuser un nouveau bassin pour le traitement antiparasitaire du bétail, construire une nouvelle salle de classe, la maison du maître ou un dispensaire. Une telle attitude peut être aisément comprise dans la plupart des cultures du monde - et elle contient le germe d’une méthode virtuellement précieuse pour améliorer le niveau de vie de l’homme. >) Voici donc notre tableau idyllique d’hommes qui travaillent ensemble pour le bénéfice de tous,l’essence de la ‘communauté’.I1 est bien agréable de penser que les petites communautés d’Afrique,d’Asie et d’Amérique du Sud ont, en conservant leurs traditions de cohésion et de coopération,trouvé la réponse à leurs propres problèmes de développement [41,p. 1621.)) D u point de vue de l’aide extérieure et intérieure, les communautés rurales devraient être un lieu privilégié d’action coordonnée pour les services publics et les ministères. Cette coordination est d’autantplus impérative que les ressources sont limitées et qu’un bâtiment ou un petit complexe est conçu pour des usages communautaires multiples. Dans les régions rurales,l’école est souvent le seul bâtiment public qui puisse accueillir de grandes réunions, et elle devient ainsi le centre naturel autour duquel pavent s’articuler les autres services. La coordination s’est réalisée de diverses manières, soit qu’on ait fait appel à l’effort personnel de la population lorsqu’il s’agissait de construire, d’entretenir et de financer l’école,soit qu’on ait intégré l’école et la production pour augmenter les possibilités d’emploi offertes aux jeunes au sortir de l’école, accroître les ressources financières affectées à I’éducation, ou procurer aux familles habitant les fermes individuelles ou collectives des environs des moyens de se nourrir ou de recevoir une formation technique. Bergmann et Bude proposent cependant une autre façon de mesurer l’interaction école-communauté: ( (Le degré de relation entre l’école et la communauté peut en tout premier lieu se juger au taux de scolarisation des enfants d’âge scolaire.Ce n’est pas uniquement la décision d’envoyer les enfants à l’école qui témoigne des relations entre les deux institutions,mais également le degré de soutien et de coopération apporté i l’institutionscolaire. Par exemple,si l’écolen’estpas considérée comme une institution propre i préparer les Orientation, planification et prise de décisions enfants à la vie adulte, ses représentants,les maîtres, ne verront guère d’élèves dans leurs classes et éprouveront des difficultés à établir les contacts nécessaires avec les membres de la communauté [38,p. 1281.B Lors de la vaste étude par sondages qu’ils ont effectuée dans un pays d’Afriquecentrale,ces auteurs ont constaté cpe, polir deix tiers des écoles, les autorités traditionnelles - chef, conseil, et parfois les grands maîtres des sociétés secrètes -avaient décrété que tous les enfants devaient être envoyés à l’école. Cependant, le degré de participation de la communauté à la construction et à l’entretien de l’école est déterminé en grande parlie par ses possibilités d’accès aux services vitaux (routes, eaux, services sociaux et sanitaires, unités administratives, etc.) et par son niveau de développement Bien qu’ilsprésentent,en raison des insuffisances de leur développement, une grande analogie avec les quartiers insalubres des villes des pays industrialisés (manque de services essentiels,taux élevé de chômage, vandalisme, etc.), les bidonvilles s’en écartent sur deux points: la capacité d’effort personnel de la population et sa volonté d’ascension sociale. I1 existe très peu d’études de cas sur la liaison entre les services scolaires et communautaires dans les bidonvilles. Ce type de situation est probablement le moins caractéristique. Cependant, étant donné le nombre toujours croissant de personnes qui se trouveront dans des conditions urbaines et suburbaines, il faudra accorder plus d’attention à ces zones déshéritées. A Cartagena,en Colombie [52],les bâtiments et les équipements jouent un rôle moins important que l’organisation et la coordination de la mise en commun des effortspersonnels, et que le rôle des maîtres ou des chefs de la communauté dans ce processus. A Kawangwaré,au Kenya [53], on a cherché à mettre en place un réseau, de préférence à des équipements intégrés, pour améliorer, soutenir et coordonner les services existants,avec l’aide des habitants. Les G cas d’urgenceB sont un troisième type de situation qui aboutit fréquemment à une coordination des services éducatifs et des autres services sociaux (fig. 9). C’est ainsi que l’opération escuelu pilota rural (école rurale pilote) au Honduras, entreprise après un ouragan en 1974, prévoyait en premier lieu une étude globale de l’enseignement dans le pays, puis un réexamen des plans éducatifs. L’effort commun de construction d’une digue pour éviter une inondation catastrophique à Jombang, en Indonésie, a entraîné une coordination de l’action communale, qui a été suivie d’une institutionalisation des structures de coopération, y compris dans l’enseignement[54]. La FIG.9.Coordination dans les équipements d’urgence.Source: Groupe de travail ( (Espaces d’enseignement)>, UIA,Séminaire (l’intégration respective des équipements éducatifs et sur ( communautairesn. Rapport du troisième séminaire, Athènes, octobre 1976,p. 13-14. 1. 43 Les auteurs font une distinction entre: a) les communautés rurales isolées (elles sont inaccessibles aux véhicules, et il faut pour les atteindre une ou plusieurs journées de marche ou un long transport par voie d’eau); 6) les communautés rurales éloignées (elles sont inaccessibles aux véhicules, mais sont situées à moins d’une journée de marche des routes carrossables ou des lieux équipés des services essentiels); e) Ics communautés rurales marginales (elles se trouvent soit sur de mauvaises routes qui ne sont utilisables qu’une partie de l’année,soit sur un sentier menant à une route principale; elles ont une agriculture de rapport peu développée, et pour étre commercialisée, leur production doit étre transportée jusqu’à la coopérative d’une a u k agglomération); d) les communautés rurales mal desservies (elles se trouvent au bord des routes et ont une agriculture de rapport solidement implantée, mais elles se trouvent loin des services essentiels); e) les communautés rurales bien desservies (elles se trouvent toutes sur des routes carrossables et ont assez facilement accès aux servicesadministratifs, aux établissements de soins médicaux ou aux magasins coopératifs, etc.); 1)les zones urbaines et semi-urbaines (elles comptent des centres administratifs dans leur voisinage immédiat; elles sont situées sur des routes goudronnées ou carrossablestout au long de l’année;nombre d’entre elles possèdent un grand marché ou se trouvent dans le proche voisinage d’un marché,de sorte que leur agriculture vivrière devient une production de rapport) [38]. Orientation, planification et prise de décisions reconstruction de plus de 300 écoles dans les régions rurales du Pérou après le tremblement de terre de 1970 aurait été impossible sans l’association d’éléments préfabriqués à des matériaux locaux, et sans recours à la main-d’auvrelocale (surtout non spécialisée); il a fallu pour cela inventer une nouvelle manière de faire comprendre le processus de construction à la population, et utiliser des plans tridimensionnels expliquant chaque étape des travaux [55]. U n nouveau progrès dans le resserrement des liens entre l’école secondaire du village et la communauté a été enregistré aux Philippines à la suite d’une épidémie des animaux de trait aggravée par le fait que les propriétaires de tracteurs, profitant injustement de la situation, avaient doublé leurs tarifs de location. (Chaque village a organisé une équipe de maîtres et d’élèves qui ont suivi un cours sur le traitement de la maladie et, en trois semaines, l’épidémie a été enrayée) [56]. A u cours du récent conflit qui a détruit de nombreux foyers, des écoles et d’autres équipements communautaires à Chypre, les camps de réfugiés nouvellement créés ont été organisés autour de grandes tentes utilisées comme école, hôpital,salle de réunion ou de production.Ils ont servi de noyau pour la construction de quartiers neufs. Aujourd’hui, on édifie des structures plus durables en tirant parti des expériences de polyvalence acquises pendant les périodes difficiles de relogement et d’adaptation[57]. Les types d’initiateurs Les organisations internationales et les personnalités locales (en général les chefs d’établissements) sont souvent à l’origine de la liaison école-communauté dans les pays en développement. Les organisations internationales. << Beaucoup d’institutions spécialisées des Nations Unies ont reconnu presque simultanément que les buts généraux de développement subissaient une déformationvenant du sommet et qu’ilseraitsouhaitablede situer les politiques relatives à l’éducation,à l’agriculture,à la santé et à l’industrie à un niveau plus bas. D e fait, les documents de politique publiés par le BIT,l’Unescoet l’OMStémoignent d’une approche suffisamment commune pour qu’il soit possible de substituer le mot ((éducation ))à (< santé ) ) dans les déclarations de politique les plus récentes de l’OMS sur la promotion des services nationaux de santé.Les éléments et les priorités sontles mêmes [57]. )) Demême,les conférences interiiationalesorganisées sur une base régionale en Amérique latine,en Afrique 44 et en Asie ont souligné la nécessité d’une action coordonnée. A la réunion de Singapour en 1971,les ministres de l’éducation et les ministres chargés de la planification économique en Asie ont axé leur réflexion sur deux thèmes principaux: la qualité et la pertinence de l’enseignement et des ressources. D e nombreux pays ont rendu compte d’activités complémentaires en matière d’éducationdes jeunes et des adultes. ({Dans leurs recommandations, les ministres ont insisté sur la nécessité de politiques nationales visant 2 mettre l’enseignement au service de l’ensemble de la communauté, et à intégrer l’éducation des adultes dans l’enseignement en général, sur le même plan quc l’enseignement scolaire.Ils ont aussi recommandé que l’éducationà tous les niveaux soit mise à la disposition de toutes les couches de population des régions rurales, et qu’elle soit insérée en tant qu’élément essentiel dans les programmes de développement rural [%I. )) Les recommandations ont d’ailleurs été suivies d’actions,et une rencontre d’experts régionaux, organisée en 1974 pour examiner les suites données aux recommandations formulées en 1971, a fait connaître tout un éventail de mesures visant à mettre l’enseignement à la disposition de l’ensemble de la communauté. Parmi ces mesures figuraient I’organisation de l’éducation spéciale en zone rurale, des programmes de lutte contre l’analphabétisme et contre les abandons en cours d’études et les redoublements, un souci accru de l’éducationdes jeunes filles et des femmes, la mise en place d’enseignements à l’intention des groupes défavorisés et des minorités ethniques,et la généralisation de l’éducation gratuite et universelle [58]. U n grand nombre de publications,de rapports de réunions de travail et de recherches émanant des bureaux régionaux de l’Unesco en Afrique, en Amérique centrale et en Asie étudient et soulignent l’intérêt qui s’attache à la mise en commun de toutes les ressources éducatives et à l’intégration des efforts de tous les niveaux et secteurs de l’État[59,60,61,621. L’appui financier direct de diverses organisations internationales a aussi contribué à la mise en place de programmes coordonnés. II a été souligné dans plusieurs rapports de mission que, bien que la responsabilité du développement économique et social incombe 2 l’État,il y a manifestement des cas où les efforts nationaux ne peuvent,à eux seuls,aboutir à un grand résultat et où les organisations internationales, l’aide bilatérale et les autres formes d’assistance peuvent apporter une contribution efficace [63,641. L’acceptation de l’aide internationale, qu’elle Orientation, planification et prise de décisions prenne la forme d’un appui à l’élaboration d’une politique, d’un soutien financier ou de l’envoi d’experts, ne va pas, toutefois, sans poser des problèmes à ses bénéficiaires. Outre que les donateurs étrangers sont habituellement encore plus coupés des besoins et des sentiments de la communauté locale que ne le sont les gouvernements nationaux,le fait qu’ils déterminent les priorités d’octroi des crédits va très nettement à l’encontre de l’exigence d’ancrage du processus de décision dans la communauté, de sorte que leurs décisions sont tantôt trop ((progressistes ) )et tantôt trop conservatrices. Donc, le fait qu’à l’échelon international, on s’achemine vers un consensus sur l’idée que ((l’éducation devrait se concevoir dans une perspective communautaire ))ne trouve pas forcément son pendant dans les attitudes nationales et locales. Les enseignements qui n’ont encore connu aucune réforme,ainsi que le type classique d’école primaire ( (qui développe des habiletés de clercs plus que la familiarité avec l’environnement))sont encore populaires dans les villages [65]. ( (Quand on entend parler aujourd’hui de l’éducation communautaire comme d’une panacée à tous les maux de l’enseignement,on a souvent l’impression de réécouter les vieux débats de l’époque coloniale. En réalité,le contexte de la discussion est aujourd’hui fort différent. Par conséquent,lorsque dans un document de travail pour la Conférence des ministres de l’éducation des États membres d’Afrique en 1976, l’Unesco estimait que ‘les participants souhaiteront sans doute examiner les moyens de rapprocher l’éducation de la vie et de lui donner une plus grande pertinence’,elle ne formulait pas simplement un vain espoir; elle savait que rares seraient les pays qui ne seraient pas en mesure de rendre compte de programmes expérimentaux importants en matière d’éducation communautaire [48,p. 161. Les services de l’État dans les pays en développement sont normalement l’échelon des pouvoirs publics le plus puissant et ils sont relativement riches. Par opposition,l’échelonlocal a pour caractéristique, surtout dans les régions rurales, de connaitre un degré croissant de pauvreté et de dépendance. Entre les deux, il existe généralement un ou plusieurs échelons dotés d’un moindre pouvoir de décision. Pour faire face aux difficultés de la coordination verticale entre ces trois niveaux et de la coordination horizontale entre secteurs et institutions, un grand nombre d’efforts particuliers ont été entrepris et des programmes et des organismes de coordination spéciaux ont été créés. L’action de centres spéciaux de recherche et d’innovation ainsi que d’organismes particuliers chargés de soutenir et superviser les projets de coordination est venue compléter les déclarations de politique. I1 semble que les comités ad hoc de coordination soient l’une des méthodes de coordination les plus couramment utilisées à tous les niveaux de gouvernement. L’institution de comités permanents comme la Junta de Coordinacih Permanente au Pérou, par exemple, est plus rare. Dans des cas exceptionnels, par exemple au Panama [66,67, 681 et en RépubliqueUnie de Tanzanie [42, 691 les plans nationaux de développement articulent celui-ci autour de l’école. II semble qu’il existe une tendance, dans les systèmes centralisés aussi bien que décentralisés, soit à réduire le nombre des échelons intermédiaires de gouvernement (en fonction de la superficie du pays et des différentes régions), soit à traiter directement entre échelons national et local, pour éviter des formalités rebutantes et interminables. Étant donné que la coordination dépend beaucoup des objectifs politiques, les efforts de coordination à long terme s’avèrent difficiles lorsque la situation politique est instable. Par ailleurs, on peut dire que certains des programmes les plus généraux de coordination sont nés à la suite de mutations politiques fondamentales (République-Unie de Tanzanie, Panama, Pérou). L’influence au niveau local d’une mutation politique qui se produit au niveau national dépend du degré d’autonomie et d’indépendance accordé aux décideurs locaux. L’une des principales caractéristiques de l’éducationorientée vers la communauté est le transfert des ressources de l’échelon supérieur à l’échelon inférieur. D e nouvelles politiques en matière d’éducation,de santé et d’emploi impliquent non seulement plus d’équipements et de personnel mais aussi des structures d’organisation différentes et un nouveau type de personnel. King observe que la décentralisation du pouvoir est une condition préalable nécessaire à l’engagement de la communauté et qu’ilest difficile: (< ... d’échapper à la conclusion que l’efficacitéavec laquelle l’école communautaire puroient à ses objectifs principaux dépend en définitive de l’engagement politique de la communauté. Et l’on a aussi tout lieu de croire que beaucoup de gouvernements voudraient avoir l’une sans l’autre [48,p. 201.>) Les spécialistes l, qui sont généralement issus de la classe moyenne, souvent d’un milieu culturel ou ethnique différent, jouent le rôle particulièrement 1. Le terme de spécialiste désigne un professionnel dans u n domaine particulier, qui peut être ressortissaiit ou non du pays intéressé. 45 Orientation, planification et prise de décisions difficile d’initiatcurs de projets coordonnés dans les pays en développement.Qu’ilsoit architecte-urbaniste, éducateur ou spécialiste des sciences socialcs,l’expert a rarement le temps, les fonds ou la confiance des gens nécessaires pour traiter avec efficacité tous les problèmes posés. La première des nombreuses difficultés est d’acquérir une connaissance approfondie de la situation locale,qui est indispensable à l’élaboration de l’option de développement correcte. La deuxième difficulté est de recueillir suffisamment de confiance et d’appuis motivés pour exécuter le plan. Et la troisième tâche, d’importance capitale, est de mettre en place une structure qui survivra au départ de l’expert.11 faut pour cela non seulement une compréhension approfondie d’une culture étrangère mais également la conscience que les effets sociaux et éducatifs de l’effort local et de l’autodépendancesont plus précieux pour le développement local et national que la rapidité et l’efficacité de l’exécutiondu projet en cours. Nimpuno cite une étude qui montre c ...comment, dans au moins un cas important (service des eaux en région rurale), la manière dont le personncl de I’administration publique et les donateurs étrangers se sont organisés a pour effet de décourager effectivement les paysans de participer personnellement au projet en offrant leur travail, sous prétexte qu’on ne peut compter sur l’effort local et qu’il est plus simple et plus rapide d’embaucher des ouvriers [70]>>. Tout récemment, pour apporter une aide spécialisée et technique aux régions rurales qui n’ontpas les moyens de s’assurer en permanence les services de professionnels, on s’est orienté vers la création de centres de soutien technique au niveau régional. Ceux-ci servent de centres de ressources, auxquelles on peut faire appel dans des situations critiques ou en cas d’urgence.L’équipe de construction,analogue à une unité sanitaire régionale, fera pratiquer des bilans réguliers par des équipes mobiles d’experts en construction, et rendra possibles des actions préventives en organisant des cours de formation à l’intention des artisans locaux ou des coopératives [71]. Ce sont habituellement les chefs de la communauté qui sont les principaux moteurs des projets coordonnés. II faut savoir que, dans les pays en développement,les groupes locaux sont rarement les initiateurs d’opérations coordonnées en l’absence d’un leader, charismatique ou non. Le plus souvent, une personnalité locale ou le premier chef d’établissement décid6 à créer un nouveau type de centre scolaire et communautaire devient l’agent du changement qui résout les principaux problèmes de développement de la communauté. 46 L’histoire ne manque pas d’exemplesde projets et de programmes ponctuels menés par des hommes de talent, et il s’en réalisera sans doute d’autres dans l’avenir,souvent dans les conditions les plus dificiles. Citons parmi les exemples actuels Ics plus heureux: Asra Hawariat à Addis-Abéba, Éthiopie [72], le centre scolaire et communautaire de Qued Akreuch au Maroc [73]et le Projet Yombang en Indonésie [54]. Cette impulsion venue d’en bas aboutit aux plans de coordination les plus actifs,les plus souples et les plus larges, mais qui sont aussi menacés par un Laux de mortalité particulièrement élevé. Les projets survivent rarement au départ du leader charismatique pour une autre localité ou un poste plus élevé de l’État.Dans la plupart des cas, toutefois, les grands projets de coordination sont non seulement utiles ii la communauté locale immédiate mais - et ceci est rarement reconnu - ils constituent également un excellent terrain d’expérimentation des idées nouvelles. D e l’expérience acquise dans 1 ’affrontement quotidien des problèmes locaux et lors de l’élaboraiion progressive de concepts appropriés à telle ou telle situation, émergeront des idées et des structures nouvelles qui pourront être plus largement applicables et dont l’apport sera inestimable lors de la discussion de nouveaux plans aux échelons national et régional. C’est ainsi que l’opération Litowa en RépubliqueUnie de Tanzanie, exceptionnelle par la façon dont ses programmes d’études ont été élaborés et dont la population a participé à la planification, a servi de modèle avant même que des directives concernant les opérations nouvelles n’aient été adoptées par les pouvoirs publics. Cependant,dans de nombreux cas, les gouvernements n’approuvent guère qu’on s’écarte aussi radicalement des pratiques établies. On ne peut toutefois compter uniquement sur les leaders charismatiques ou naturels pour mettre en œuvre de grands programmes de coordination. La formation, le recyclage ou la formation en cours d’emploi des maîtres, des administrateurs et des chefs de la communauté, capables d’assumer en outre la lourde tâche d’être les moteurs, les agents du changement ou les animateurs des processus de cooi-dination sont de la plus haute importance. TI faut, ii chaque fois,poser à nouveau et résoudre la question de savoir quels seront les agents locaux les mieux à même de provoquer le changement,ct de rendre la communauté moins dépendante et plus autonome. De manière générale,il faudra faire apparaître de nouvelles attitudes et de nouveaux modes de comportement, parallèlement aux nouvelles structures et aux nouveaux contenus. Orientation, planification et prise de décisions Les types de processus Selon la situation et l’initiateur,ou bien les processus qui mènent à la coordination émanent du pouvoir central et passent à travers les différents niveaux de décision de l’État, de la région, du district et de la localité, ou bien ils démarrent à l’échelon local et se fraient progressivement un chemin vers le haut, afin de s’assurer davantage de soutien et d’être plus applicables à d’autres situations. Les problèmes sont manifestement très différents dans l’un ou l’autre cas.Aucun des deux processus ne peut cependant s’effectuer sans l’appui des usagers. ( (Dans certains cas,le fragile réseau des processus éducatifs sortant du cadre de la classe peut souffrir davantage peut-être que l’enseignement scolaire proprement dit si on lui impose cette camisole de force qu’estun plan dicté par l’État.Les méthodes de planification appliquées à l’éducation non formelle devront être conçues de manière à en préserver la spontanéité, le non-conformisme,la souplesse et l’adaptation à la multiplicité des conditions locales [74].n C o m m e dans les pays industrialisés,les méthodes utilisées pour faire participer le public vont des plus contrôlées par l’État aux PIUScontrôlées par l’usager: campagnes d’information,réunions publiques, création de comités et de sous-comitéset,enfin,associations autonomes et coopératives. A l’inverse des schémas traditionnels,les nouveaux processus se caractérisent par la décentralisation, des décisions plus souvent prises à la base, et une attitude privilégiant la progressivité. La coordination se traduit d’ordinaire par une expansion progressive plutôt que par une expansion quantitative rapide. Les diverses étapes d’un modèle de coordination partant de la base pour remonter au sommet sont généralement les suivants: a) inventaire des programmes et des ressources existant dans le district,établi en coopération avec les membres de la communauté locale; b) évaluation des besoins dans chaque district, conçue comme une activité de participation (fig. 10);c) étude et discussion des mécanismes d’exécution et des ressources disponibles pour un programme spécifique: contenu,portée,implantation; d) identification des projets de développement; e) projet de plan proposant plusieurs solutions; f) mise en œuvre graduelle, en coordination avec les échelons local,régional et national (fig. 11). Des projets de ce modèle ont été envisagés ou mis en œuvre en Afrique, en Asie et en Amérique latine [45,53,621. Donnons-en un bel exemple: la réforme de l’éducationau Pérou,où,à partir d’uneanalyse faite par des spécialisteset des usagers,on a réellementtenté de transférer le pouvoir aux échelons local et intermédiaire: ( (A partir du plan d’éducationet des diagnostics de situation, l’équipe soumet à l’Office zonal de planification un plan d’exécution dans lequel elle décrit les activités menées par le groupe de base au cours de l’année,les problèmes rencontrés et les solutions qui peuvent être apportées à ces problèmes. Les rapports envoyés par chacun des groupes des 35 zones forment la substance des plans biennaux régionaux, lesquels tracent un tableau net de la réalité éducative du pays, avec ses aspects positifs et ses aspects négatifs, de sorte que les plans nationaux puissent tenir pleinement compte des besoins réels de tous les niveaux. ) )La carte éducative, les diagnostics de situation et les plans opérationnels réunis forment un processus dynamique que l’on peut résumer en deux formules: ‘évaluation plus modification’,‘réflexionplus action’. Grâce à ce processus,le groupe se remet constamment en question et, au besoin, procède à des corrections continuelles de trajectoire,et les masses commencent enfin à apporter une véritable contribution et à prendre des décisions concrètes.L’idée que l’éducation est une science hermétique, réservée aux autorités scolaires, perd ainsi rapidement du terrain [75].D L’évolution vers la participation de la communauté ne peut être que graduelle, quand elle tend à faire passer de l’état de non-développement et de dépendance à l’indépendance progressive et au développement continu; par contre, l’action de l’initiateur principal doit aller dans le sens inverse,c’est-àdire passer du stade de l’engagement permanent et de l’action directe dans la communauté à celui de l’appui indirect et du retrait progressif du groupe devenu largement autonome Le centre scolaire et communautaire est dans ce cas une étape intermédiaire dans un processus permanent de croissance plutôt qu’une fin en soi qui impliquerait une cessation de l’intérêt et de l’engagement une fois le bâtiment terminé. Prévoir une complexité suffisante L’augmentation constante de l’ampleur et de la différenciation des tâches de gouvernement dans tous les pays a provoqué une centralisation dont les effets déshumanisants et les erreurs commencent clairement à l’emporter sur les avantages. 1. O n trouve une excellente analyse de cette notion dans: Colombia Ministerio de Educacion Nacional. Programa de Concentraciones de Desarrollo Rural. Proyecto col. 72/033. N Trabajo Experimental Taguales: U n Ensayo de Participacion Comunitaria e Integracibn de Servicios ». (Bogota, décembre 1975). 47 FIG.10.Jeux de planification pour Kawangware, Kenya. On a imaginé une technique de jeu propre à aider le public et les spécialistes à participer directement à l'établissement d'un dossier préalable. Les divers éléments constitutifs d'un centre communautaire étaient représentés par des symboles grapliiques simples, qui pouvaient être librement déplacés par les personnes qui participaient aux échanges de vues. Source: Bruce Creager, ((U n centre communautaire polyvalent au Kenya: besoins et problèmes des communautés rurales en voie d'urbanisation pendant la période de transition D, Les bâtiments à usuge scokuire et conimunauluirr: cinq dudes de eus, p. 83-103,Paris, Unesco, 1977.(Études et documents d'éducation,no 26.) 3 (r: Bureau d'aide sociale et d'orientation Animateurs des organisations c o m m u na u ta i res Projets communautaires (iaù Bibliothèque de prêt et salle de lecture b Espace ombragé et terrain de jeux pour enfants Réception et information Arène Ateliers de fabrication et magasins d'objets artisanaux Café Activités relevant d u marché Cabine de consultation :B . Information en libre service I-0' ka::j W Bureau d u personnel d'évaluation et de soutien . :.*a:. 0 . Salie de réunion d u personnel,salle de repos et bibliothèque %. . ..-. ..%-: 9 Lieu de réunion r , ' . I I 9 . 0 Services tiscaux Directeur d u CCP Salle des fêtes Zonedecontrôle du marché Toilettes publiques A ' Passage protégé pour piétons avec buttes de sécurité I I I I I I I I I l l I I I ! ! I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I l I l I I I I l I I ' I I l I I I I I I I I I I I I I I I I I I I i i I i Orientation, planification et prise de décisions Bien qu’il ait eu pour conséquence,dans les années soixante, l’édification de grands ensembles, le retour à une liaison école-communauté doit aujourd’hui être considéré comme partie intégrante d’un revirement au profit de sous-unitésplus petites et plus autonomes. Les problèmes ne sont donc pas tant techniques que politiques et sociaux. Dans ce sens, le processus de planification d’équipements coordonnés peut constituer un premier pas vers la création de sous-unités qui assurent à chaque citoyen des moyens normaux d’agir premièrement sur sa propre existence et deuxièmement sur son environnement.I1peut permettre de réduire l’excessivecomplexité au sommet qui conduit au désordre et à de graves erreurs, et de diminuer les importantes lacunes de pouvoir au bas de la hiérarchie pour aboutir à une situation intermédiaire d’équilibre,présentant le degré de complexité requis. Les leçons de l’histoire L’analyse de la façon dont le concept de coordination des services scolaires et communautaires a été mis en pratique ou abandonné au cours de l’histoire montre cependant clairement les difficultés qu’implique son maintien face aux nécessités du progrès technologique. Cette idée a,par exemple,été abandonnée (surtout dans les pays industrialisés) chaque fois que la communauté s’est avérée suffisamment développée pour justifier la spécialisation et exiger une division accrue du travail; elle l’a aussi été en raison de la compétition pour la supériorité scientifique. La collaboration entre l’école et la communauté pour la construction et l’entretien des écoles (surtout dans les pays en développement) s’est interrompue dès que les gouvernements ont entrepris de créer des administrations centrales chargées de construire et d’entretenir des équipements et de fixer des normes à cet effet, et que les actions dues à l’effort de la population sont devenues de ce fait une gêne pour I’administration. Enfin,l’étroite liaison entre l’éducation et la production (surtout dans les pays socialistes) représentant le lien principal entre l’école et la communauté a cessé dès que l’existence d’une base industrielle diversifiée a nécessité et permis un enseignement général de base d’un niveau supérieur. La raison profonde de l’abandon du concept au profit des stratégies et des moyens sectoriels traditionnellement employés pour assurer les services souligne le conflit entre,d’unepart,le concept d’école communautaire qui tend à l’intégration, à la complexité et à l’autonomie, et qui va à l’encontre des idées dominantes en matière de progrès technologique et, 50 d’autre part, l’expansion éconoinique qui repose sur la division du travail et une spécialisation,une parcellisation et une marginalisation accrues. Galtung fait valoir que les systèmes simples de santé,d’enseignement et de production, qui ont pour but d’accroître le degré d’auto-dépendance,la capacité d’effort de la population et l’autonomie locale, sont (à la longue) appelés à disparaître là où le progrès se mesure uniquement au taux de croissance économique et à l’augmentation du rendement de la production.Seuls les projets, conformes à 1’« alphastructure ) ) dominante, qui exigent de gros capitaux et qui fournissent des emplois aux savants et aux bureaucrates bénéficieront d’un appui constant [76]. Cependant, la limitation récente des ressources naturelles (principalement l’énergie) peut annoncer une évolution vers des unités plus petites et plus autonomes, pour des raisons tant idéologiques qu’économiques. Approuvant les idées directrices contenues dans l’ouvrage Halte 2 la croissance [77] Schumacher fait observer que, ainsi qu’en a témoigné la récente crise mondiale du pétrole: ((... L’une des erreurs les plus tragiques que commet notre époque est de croire que le problème de la production a été résolu. J’ai dit que cette illusion était due principalement à notre incapacité de reconnaîtreque le systèmeindustrielmoderne, en dépit de tout son perfectionnement intellectuel, ronge la base même sur laquelle il a été érigé. Pour utiliser le langage de l’économiste,il vit sur un capital irremplaçable qu’il traite joyeusement comme s’il était un revenu... Que pouvons-nousfaire aujourd’hui, pendant que nous sommes encore dans une situation ‘quin’ajamais été si brillante’?Le moins qu’on puisse dire est qu’il faut comprendre le fond du problème et commencer à envisager la possibilité d’élaborer un nouveau style de vie, avec de nouvelles méthodes de production et de nouveaux modes de consommation : un style de vie conçu pour durer. Pour ne donner que trois exemples préliminaires, disons: en agriculture et en horticulture, nous pouvons nous intéresser au perfectionnement de méthodes de production qui soient biologiquement saines, restaurer la fertilité du sol et engendrer la santé, la beauté et la durée. La productivité viendra ensuite d’elle-même.Dans I’industrie,nous pouvons nous attacher P développer une technologie de faible ampleur, une technologie relativement non violente, ‘une technologie i visage humain’,pour que les gens aient une chance d’aimer leur travail et de ne plus travailler seulement pour gagner leur vie sans avoir d’autre espoir que la perspective -souvent dérisoire -de se distraire uniquement pendant leur temps de loisir. Dans l’industrie Orientation, planification et prise de décisions aussi, nous pouvons envisager de nouvelles formes d’association entre la direction et les travailleurs,et même des formes de propriété commune [78]. Dans ces conditions, il serait possible que les écoles communautaires ne soient pas abandonnées aussi facilement que par le passé. Les écoles communautaires: un moyen de soulager la misère I1 y a donc des raisons idéologiques et pratiques en faveur de la coordination mais, en outre,l’analyse des différentes situations dans lesquelles elle est mise en œuvre commence à confirmer ce que soupçonnaient certains critiques du concept d’école communautaire, à savoir que celui-cipourrait, en fait,être utilisé pour calmer les conflits sociaux: (< ._.comme une tentative de mobilisation des énergies et des initiatives locales pour atteindre un objectif d’importance secondaire... tandis que les grands problèmes tels que le chômage, l’habitat..., etc.,sont passés sous silence [79].) ) Qu ’elles soient implantées dans les quartiers pauvres des villes des pays industrialisés, dans les zones dont la population change complètement, ou dans les régions rurales déshéritées des pays en développement, les opérations de coordination se déroulent principalement dans des situations où sévit une extrême misère et qui nécessitent qu’on repense les modèles de développement et qu’on en réinvente de plus globaux l. C’est en grande partie en fonction de son optique favorable au changement radical ou à une réforme progressive que l’observateur jugera s’il est fait bon ou mauvais usage du concept. Midwinter a formulé une opinion très proche de la position adoptée dans la présente étude: ( (... On avance parfois que ceux qui sont socialement défavorisés n’ont que deux solutions: soit s’échapper de leur milieu, souvent en acquérant des diplômes, soit, vraisemblablement par des moyens révolutionnaires, détruire le système et recommencer à zéro. Aucune de ces deux solutions n’est séduisante. La première ne marche pas parce qu’elle ne peut toucher qu’une minorité et qu’elle n’a aucun effet sur la grande masse des autres. Quant à la seconde... on ne peut dire que les révolutions politiques des cent dernières années aient tellement bien réussi à arrêter la spirale descendante de la misère; la révolution semble remplacer une série d’épreuveset de désavantages par une autre. I1 est une troisième solution pour échapper au sombre dilemme entre l’exil et la destruction: un développement communautaire où l’éducation com) munautaire jouerait un rôle de premier plan [8].) Le mélange de raisons idéalistes et pratiques sur lesquelles se fonde ce concept, ainsi que son passé d’exploitation et de manipulation font qu’ilest difficile de le défendre pour un seul de ses aspects. Les écoles communautaires, outre qu’elles contribuent à soulager les pires méfaits d’une croissance économique déséquilibrée et aident les moins favorisés à réaliser de plus hautes aspirations, sont considérées comme un facteur de développement du multiculturalisme dans la société moderne; de plus, en améliorant d’autres services, elles améliorent aussi l’efficacitédes services éducatifs.I1 faut donc continuer dans cette voie en ayant bien conscience qu’il s’agit principalement d’un moyen qui peut être utilisé tout autant pour manipuler la communauté de la pire façon que pour la développer de la meilleure façon, mais qui ne peut certainement pas être une fin en soi. L e démarrage Le type d’initiateur et de processus choisis pour déterminer les besoins et les ressources influent beaucoup sur le résultat final et sur le fonctionnement de l’école,devenue un nouveau point de convergence pour le développement.Là où les processus de planification sont ouverts et sensibles aux besoins particuliers de la communauté, là où ils sont dus à I’initiative ou soumis au contrôle des personnalités locales ou des utilisateurs, ils ont tendance à déboucher sur des solutions plus démocratiques et plus novatrices. Là où ils sont technocratiques et hiérarchisés,c’est-àdire, le plus souvent,dépendants des pouvoirs publics ou des spécialistes, les solutions ont tendance à être plus conservatrices et plus rigides. I1 faut, par conséquent, attacher beaucoup plus (langage silencieux de la planid’importance au ( fication», qui influe sur la substance même des politiques ou des plans autant par la manière dont les décisions sontprises que par le contenu de ces décisions. I1 faut tenir compte des modèles traditionnels de prise de décisions dans les processus de planification, qui vont des plus contrôlés par les pouvoirs publics aux plus contrôlés par les habitants. Par conséquent, la décision quant aux formes que revêtira la ((participation ) ) doit tenir compte du contexte social et culturel dans lequel s’élabore la planification. Pour que les services correspondent mieux aux besoins des usagers, ceux-ci doivent avoir la possibilité d’ex1. M ê m e les villes nouvelles des pays industrialisés peuvent étre qualifiées, au moins dans leurs premières années d’existence, de zones de misère. I1 y a cependant une différence qualitative entre leur situation et les autres, ce qui les place en dehors de notre propos. 51 Orientation, planification et prise de décisions primer leurs besoins et de participer i la prise de décisions. O n a certainement raison de croire que le changement n’est bien accueilli que par qui a aidé à le préparer. C o m m e toute autre activité ou technique,la participation est une question de connaissance et de pratique. Ce sont cependant deux qualités qui s’acquièrent. ( (Le développement communautaire.. . sous contrôle démocratique de la base serait malheureusement très compromis si ses acteurs n’avaientpas été préparés à jouer leur rôle essentiel.I1 appartient nécessairement à l’école communautaire de mettre au service de la communauté des citoyens socialement conscients, capables de s’organiser suffisamment bien au départ pour revendiquer une amélioration de l’environnement, puis pour le gérer avec efficacité. L’école communautaire,c’estl’apprentissagedu civisme et c’est à dessein qu’onutilise ce terme,car,comme pour l’apprentissage professionnel, il s’agit dans le principe d’allier un élément pratique permanent à l’aspect théorique [8,p. 151. )) C’est seulement dans le cas où les membres de la communauté exercent au moins dans une certaine mesure un contrôle authentique et permanent qu’il est possible de maintenir ou de restaurer un sens de la communauté qui semble partout (mais surtout dans les zones déshéritées) en danger de disparaître. Sans le soutien des États, le nombre des projets restera toutefois réellement limité. Le problème le plus important semble être d’inciter à la coopération et de supprimer les obstacles qui s’y opposent. En commençant par adopter une attitude positive à l’égard de l’initiative individuelle, on aboutira peut-être à un accroissement du nombre des programmes d’équipement coordonnés et polyvalents bénéficiant d’un soutien financier et juridique. O n résoudra le problème du morcellement de fonctions entre administrations de l’État au moyen d’une coordination officielle ou non entre les services. Les efforts possibles en ce sens sont multiples, depuis les plans et conseils nationaux coordonnés de développement, chargés de la coordination aux niveaux de décision les plus élevés, jusqu’aux unités spéciales de recherche et aux comités inter-services qui se réunissent sur une base ad hoc. La coordination des plans de soutien financiciainsi que l’évaluation et la diffusion de l’information incombent souvent aux services de l’État. O n peut éviter ou simplifier de nombreux problèmes au cours du processus de planification en suivant un certain schéma: Désignation de tous les participants et définition de leurs rôles respectifs aux niveaux national,régional et local; Amorce d’un dialogue avec la communauté et d’un apport de sa part (en faisant appel à des méthodes nouvelles ou anciennes, telles que les forums publics, les jeux,les ((charrettes »); Révision des principes directeurs et des règles qui président à la fourniture des services; identification des besoins de la communauté et des priorités; Clarification des possibilités de mise en œuvre et de mobilisation des ressources existantes (humaines, naturelles, créées par l’homme); Création d’une structure de participation et de contrôle permanents de la part des usagers (comités, coopératives,associations communautaires). C’est en s’attaquant aux problèmes de base que les écoles communautaires connaissent leurs plus grands espoirs, défis et succès, mais aussi leurs principaux échecs et leurs grandes défzites, parce que les problèmes sont généralement trop complexes pour être résolus par le seul moyen d’une liaison entre la communauté et l’école. L’intégration des équipemen 1s scolaires et communautaires a été préconisée comme remède universel à tous les problèmes sociaux. Elle ne peut certainement pas être à la hauteur de cet espoir. Références 1. MORRIS, Henry. Architecture, humanism and the local community. RIBA Journal, Juin 1956. 2. DEWEY, John. SChOOl and socieiy. Chicago, Ill., 1900. 3. CUBBERLEY, Elwood. Pirblic education in the United States. 1934. 4. ROTERF,G ~ i yle. L’intégration fonctionnelle et architecturale des équipements éducatifs. Éducation perniunenie. Paris, 1975. 5. WEBER, Jos; RIEKMANN, Jürgen. Die Sirperschirle: von der Gesrrintschrrle ziim Bilrlrrn~~,~zzenfi.irrn fir ulle. 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Unit 8 of Phase I CorrespondenceProgramme,p. 26.(Cité dans Unesco, Bureau régional pour l’éducation en Asie, Planning of non-formal education, Bangkok, 1976.) Judithe.La réforme de l’éducation au Pérou. Étude 75. BIZOT, préparée pour le Service international d’informations et d’études sur les innovations éducatives (IERS). Paris, Unesco BIE, 1975. (Expériences et innovations en éducation,no 16.) 76. GALTUNG, op. cit. 77. MEADOWS, Donella H.; et al. The 1imit.yto growth: A report for the Club of Rome’s Project on the Predicament of Mankind. Londres,Earth Isla Ltd., 1972,205 p. illus. 78. SCHUMACHER,op.cit. 79. ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES. VATION DANS CENTRE POUR LA RECHERCHE ET L’INNO- L’ENSEIGNEMENT.L’école et la collectivité. Rapport établi à partir des communications présentées à la Conférence de Slaugham,Royaume-Uni,octobre 1975. Paris,OCDE,1975, p. 30. Possibilités et moyens de combiner les activités,les programmes et les services Objectifs communs et objectifs contradictoires des réformes et des nouvelles orientations de l’enseignement Si, pendant plusieurs dizaines d’années,les activités et les programmes d’éducation sont restés pratiquement les mêmes, l’enseignement traditionnel est aujourd’hui mis en question. Nul ne demande qu’on rejette les pièces maîtresses des programmes traditionnels, mais on ne leur accorde plus aujourd’hui la même importance qu’autrefois. Peu à peu, on modifie le contenu et les méthodes de l’enseignement, pour mieux les faire correspondre aux besoins sociaux, économiques et culturels d’un pays ou d’une localité, et aux contextes écologiques. Le contenu de ces nouvelles activités et de ces nouveaux programmes et la coordination entre les différents services sociaux subissent l’influence de la réorientation de l’enseignementdans la perspective nouvelle de la formation continue,du recyclage périodique et de l’éducationpermanente, qui s’adressent à tous les groupes d’âge.T2e fait de reconnaître que c’est seulement par une étroite collaboration avec d’autres services sociaux et d’autres secteurs d’activité qu’on pourra atteindre les objectifs du développement a conduit à l’adoption des divers modes d’intégration et de coopération. Dans les pays industrialisés, on peut, selon les buts qu’on poursuit, rattacher plus ou moins étroitement la question des programmes et des services à celle des équipements. La fréquence et les possibilités de coopération dépendent manifestement des besoins des groupes d’âge considérés, de la compatibilité des utilisations et des facilités d’accès;la coordination des services peut être tributaire des espaces que ces services exigent. De même, la classification des ressources de la communauté qui peuvent être utilisées à des fins éducatives extrascolaires pose quelques problèmes. Les questions clés qui se posent en matière de coordination des services dans les pays en développement sont celles qui ont trait au rôle que joue l’école dans la solution des problèmes fondamentaux de la communauté.Le manque d’infrastructure,de services de base et de possibilités d’emploi est lié davantage à des problèmes de survie qu’à la simple question de savoir si les espaces disponibles sont adéquats et s’ils sont utilisés au mieux. Les zones urbanisées des pays industrialisés :partage entre les partenaires des avantages en matière d’espace et d’implantation C o m m e nous l’avons vu au chapitre précédent, l’intégrationde divers programmes et services au sein des centres scolaires et communautaires est la résultante de plusieurs facteurs:l’action des éducateurs et des parents, qui veulent un enseignement mieux adapté,les efforts que font les spécialistes des sciences sociales et les hommes politiques pour plus de justice sociale, le désir des architectes et des urbanistes de rajeunir les villes ou de créer de nouveaux foyers,de développement. Les activités, les programmes et les services qui peuvent, sur le plan spatial,être intégrés aux équipements éducatifs ou coordonnés organiquement avec eux, varient selon les besoins et les ressources des communautés. Si les besoins de base (éducation, culture,loisirs,santé,services sociaux,services publics et commerciaux) sont presque partout les mêmes, les besoins propres à telle ou telle communauté dépendent en revanche de ses caractéristiques spécifiques. S’agissantdes liens entre installations éducatives et équipements communautaires,c’est la mise à la disposition de cette communauté des services de base qui occupe toutefois la première place.Ceux-ci,à leur tour, dépendent pour une grande part, comme nous le 55 TARLEAIJ 1. Éiémenis d’un rCseau d’équipements éducatifs et communautaires Éducation, information, services Éqiiipemcnls Équipements Équipements Équipements Equipements sociaux sanitaires privés culturels de loisirs et religieux Équipements collectifs Équipements Équipemenis commerciaux industricls Zone d’injluence de l’école primaire (population: 4 O00 ii 5 O00 habitants) École primaire Foyer École culturel maternelle Église Centre d’information Bibliobus Lieux de Crèche récréation Salle de Terrain de réunion sport Centre Parc de familial quartier Fontaine Atelier communautaire Sauna Clinique Cabinet médical Cabinet dentaire Maisons Bureau de Jardins poste Piscines Agence privées immobilière Collections Activités de loisirs Foyer socioéducatif Groupes de jeux dirigés par des bénévoles Clubs de jeunes Zone d’influence de l’école secondaire (populution: I5 O00 ù 18 O00 habitant.y) École Église Complexe Bureaux Service Salie des sportif d’accueilet de santé fêtes secondaire Centre Bibliothèque culturel Parc de conseil Services de quartier public Garderies de consulÉcole profesClub de Maisons de tations sionnelle jeunes retraite externes Bureau de Programme planning d’éducation des adultes familial Banque Agence de quartier Magasins Café Restaurant Clubs Associations et sociétés diverses Groupes d’action communautaire Magasins Zone Marché industrielle Restaurant Ateliers Hôtel d’artisanat Banque Mairie (service de l’emploi, état civilj Police Cinéma Industrie Dancing spécialisée Grands magasins Night club Journal Zone d’influencedu collège universitaire (population: 60 000 ù 80 000 habitants) Collèges Musées universiPetit taires théâtre techniques et classiques Piscine Bowling Terrain de golf Maisons de Hôpital convalescence et de repos Centre de réinsertion sociale Service chargé des détenus en liberté surveillée Écoles libres Z o n e d’influence de l’université (population 300 O00 ù 500 O00 habitants) Station de Théjtre Parc Sanatorium Hôpitaux Enseignement radio et de Salle de régional spécialisés supérieur télévision concert Zoo privé universitaire Jardins Bibliothèque botaniques de base Stade Centre de recyclage et de réadaptation professionnelle institut techniquc Tribunaux Hôtel et Industrie Administration palais des lourde locale congrès Gare Boutiques principale spécialisées Aéroport Bureaux D e gauche ii droite: Élétncrrt,sde plus en p l m cornpaiibles uvec une inté.yration .sjmtiule et ayunt de plus en plus tericlonce ù cctie iiiiigruîioti D e droiic ù ,4,auche: Élénwits cle inoim en inoins coinixrtihle,s uvcc u n /Unctiotineincnt cuordotitii et uyunt [le iiioiii.~ e n inoins tenclatice ù le rialiwr Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services verrons plus loin, de l’importance numérique de la communauté ou de l’étendue de la zone urbaine à desservir. Réalisé sur la base d’étudesmenées au RoyaumeUni [1] et en République fédérale d’Allemagne[2], le tableau 1 indique à partir de quel volume de population il devient possible de mettre en place les principaux types d’équipements collectifs et privés. I1 fournit un exemple de la gamme des services pouvant être intégrés aux équipements éducatifs ou coordonnés avec eux,laquelle est plus ou moins la même dans tous les pays industrialisés. Critères pour de nouvelles combinaisons La coordination entre équipements éducatifs et équipements communautaires semble dépendre dans une large mesure de trois facteurs: le groupe d’âge auquel ils sont destinés,leur intercompatibilité et leur accessibilité. Les besoins du groupe d’âge jouent un grand rôle dans les possibilités de coordination des activités. A u niveau de l’école primaire, ces possibilités sont assez limitées en raison du stade de développement des enfants et de la nécessité pour l’école d’êtreproche de leur domicile et facilement accessible; elles n’en existent pas moins pour ce qui est des équipements de loisirs et des équipements privés.Les exemples d’organisation et de collaboration entre les équipements communautaires et les écoles primaires sont rares et il existe peu d’études sur cette question. L’une des premières publications du Royaume-Unisur le développement du rôle communautaire des écoles primaires (D u fait pose le problème dans les termes suivants: ( que l’équipement de ces écoles est conçu pour des enfants et n’est pas spécialisé, il est manifestement moins immédiatement utilisable par les adultes que celui des établissements secondaires. Mais il n’en offre pas moins nombre de possibilités. Certaines administrations scolaires soucieuses d’améliorer les relations entre parents et enseignants et de susciter un plus grand intérêt pour l’école se sont efforcées de mettre de l’espaceà la disposition des parents pour qu’ils puissent se réunir. A la Victoria School d’Islington,par exemple, une partie du centre de jeux a été aménagée pour servir également de ( (salle des parents D. O n trouve aussi, à la campagne, quelques écoles primaires où l’on espère mettre à la disposition des habitants une salle communale dotée éventuellement d’unebibliothèque,car,dans beaucoup de petites communautés,il est urgent de créer des salles pour les organisations locales et les réunions publiques que les habitants voudront organiser à l’occasion.Sans aller jusqu’àprétendre que de tels projets sont très révolutionnaires par la manière dont ils conçoivent la participation du public,ou par la place qu’ilslui accordent, ils constituent cependant un moyen efficace et économique de tendre vers ce que Henry Morris a défini comme ‘l’organisationde la communauté autour de ses institutions éducatives et culturelles’[3]. B Au niveau de l’école secondaire, on enregistre, d’une part,une réduction de l’importancedes activités auxquelles on peut associer les équipements privés (voir tableau I) et, d’autre part, un accroissement du nombre des activités auxquelles peuvent être associés tous les équipements communautaires,y compris les équipements commerciaux et industriels. C’est donc à ce niveau qu’on trouve le plus grand nombre d’équipements dont l’utilisation est liée ou intégrée à celle des équipements éducatifs. L’intercompatibilité est ce qui détermine principalement l’intégration spatiale de différentes activités dans le cadre de l’école. Ce sont donc diverses combinaisons de programmes éducatifs,culturels et récréatifs qui prédominent,alors que les services sanitaires et sociaux, les équipements et associations privés, les activités administratives, commerciales et industrielles y occupent une place moins importante. Cela n’a rien de surprenant étant donné que les exigences en matière d’espace,d’implantation et d’organisation diffèrent de celles auxquelles l’éducation est statutairement soumise. D e s exceptions à cette règle existent là où, pour des raisons d’horairesou de locaux,il y a ((collision D entre des activités par ailleurs compatibles. O n a ainsi constaté que, pour des programmes d’éducation destinés aux adultes (aux ménagères, par exemple), il était souvent nécessaire de disposer d’espaces au moment même où ces derniers servaient à I’enseignement.S’ilest impossible d’intégrer les activités de ces catégories d’utilisateurs d’équipements éducatifs aux activités scolaires traditionnelles (comme c’est le cas dans certaines régions de France et des ÉtatsUnis), il faut trouver de nouveaux locaux (comme il est zdvenu en République fédérale d’Allemagne). Des problèmes d’espace se posent aussi au niveau préscolaire, mais ils sont d’un ordre différent. L’intégration des locaux aux écoles primaires et secondaires et leur proximité par rapport à celles-cine confèrent pas seulement aux mères de famille plus de liberté pour travailler et poursuivre des études; elles donnent aussi à l’école la possibilité de jouer davantage le rôle de centre social et de lieu de rencontre pour tous les groupes d’âge en même temps qu’elle offre aux étudiantes le moyen de s’initier à la puériculture. A l’écolesecondaire de la communauté de Paul Laurence 57 Possibilités et moyens de combiner activitfs,programmes et services Dunbar à Baltimore, par exemple, il existe deux crèches: l’une est destinée à la communauté,l’autre accueille les enfants des étudiantes pour lesquelles il est admis que leur participation au programme de puériculture entre dans le cadre de leurs études normales. La facilité d’accès à l’intérieur de la zone d’action de l’école primaire est l’élément qui, sur le plan de l’organisation, détermine les possibilités de coordination avec d’autres activités extrascolaires. Entrent également en jeu en l’occurrence les distances qui séparent les équipements et les différents modes de transport.En règle générale,la coordination et I’intégration des activités s’articulent autour des équipements dont disposent les zones d’actionintermédiaires - principalement celles où la population se situe entre 15 O00 et 18 O00 habitants, mais aussi celles qui en comptent de 60O00 à 80000.Lorsqu’on a affaire à des équipements plus importants,à une spécialisation plus poussée et à des distances plus grandes -celles qu’on rencontre dans le cas de populations comprises entre 300 O00 et 500 O00 habitants (voir tableau I) les liens qui unissent ces équipements aux équipements éducatifs deviennent plus rares. D e s conflits surgissent là où coexistent des équipements intégrés pour des zones d’action différentes et où la communauté risque de ne plus s’identifier à son équipement à cause des ((étrangers qui envahissent son territoire )). II est très important dans ce cas de bien tracer les lignes de démarcation et de fixer nettement les priorités, comme l’a montré I’Stude de l’expérience menée à Istres [4]. En résumé, nous pouvons dire que chacun des trois facteurs -besoins du groupe d’âge,intercompatibilité et facilitéd’accèscontribue à multiplier et à faciliter les ( (alliances ) ) entre équipements éducatifs et équipements communautaires pour un volume de population moyen de 15 O00 à 18 O00 habitants, qui permet, d’une part, la création d’écoles secondaires et, d’autre part, le contrôle des possibilités d’accès de la communauté aux équipements, de l’ampleur de ces équipements et de leur degré de spécialisation. TABLEAU 2. Activités communautaires possibles dans le cadre de l’école Principaux types d’activités scolaires Locaux Activités communautaires Enseignement théorique Salle de classe Salle de conférences Réunions, programmes d’éducation des adultes, groupes d’action communautaire,réunions des personnes du troisième âge, services d’hygiène préventive, centres de planning familial, séminaires de recherche sur des sujets abordés en classe ou sur d’autres sujets Programmes spéciaux d’éducation des adultes, recherches et travaux pratiques individuels Lectures, échanges d’informations, présentation de films et d’œuvresmusicales Travaux pratiques Laboratoires (biologie,chimie,physique) Documentation Bibliothèque Centre de documentation Salles de télévision, cinéma, etc. Travail manuel Ateliers (mécanique, arts plastiques et Cours de mécanique et de réparation automobiles, imprimerie, programmes d’arts plastiques et d’artisanat,classes de poterie, artisanat) auditions de musique et représentations théâtrales Salles spécialisées (dessin, musique) Théâtre, auditorium Expression Activités et représentations de groupes cinématographiques et Centre de production audio-visuelle théâtraux,conférences,réunions politiques,chorales,orchestres, émissions de radio et de télévision produites par la communauté Réunions Cafétéria, bar, buffet, cour de récréa- Fêtes pour créer des possibilités de rencontres,galas,expositions, tion, salle des fêtes banquets du troisième âge, groupes de jeux pour tous les groupes d’âge,manifestations importantes Sports et jeux Terrains de sports,gymnase,salles cou- Clubs de sports,possibilités d’entraînemenlcollectif et individuel, vertes,courts de tennis cours de danse Administration, Bureaux, salles de réunions du person- Réunions, débats, information, rangcmcnt des produits d’entrene1 entretien tien et du matériel Resserres, matériel, etc. Accès aux services Équipementsannexes Transports, parking (pour voitures, bicyclettes) Appartement et loge du gardien 58 Possibilités et moyens de combiner activités,programmes et services TABLEAU 3. Possibilités de mise en commun et équipements supplémentairesrequis dans les centres scolaireset communautaires Possibilités d’amélioration Service communautaire et de mise en commun (qui, autrement, n’existeraientpas) Équipements supplémentaires requis Salles de classe supplémentaires Bureaux Éducation des adulteset éducation permanente Programme,cours d’enseignement Salle de conférences Salle plus vaste supérieur Matériel supplémentaire et plus Recherche et travaux pratiques inLaboratoires perfectionné dividuels et collectifs Bibliothèque plus vaste et plus Bibliothèque ouverte au public, Bibliothèque services de lecture et d’informad’espace pour ranger les livres tion Cours de mécanique et d’artisanat Matériel plus perfectionné Ateliers Salles de classe Salles pour entreposer le matériel Entrée indépendante, situation au rez-de-chaussée Resserres pour entreposer le matériel Local plus vaste et matériel plus Groupes de théâtre et représenta- Resserres pour entreposer le matéThéâtre perfectionné tions théâtrales riel,entrée indépendante Salles pour entreposer le matériel Salles spécialisées Salles plus vastes et matériel sup- Programmes d’arts plastiques plémentaire Radio locale,chaîne de télévision, Bureaux, salles pour entreposer le Production radio, Matériel plus perfectionné ciné-clubs matériel, entrée séparée télévision,cinéma Cafétéria, bar Plus vaste et davantage de choix; Repas,réunions,lieu de rencontre, Réception, salles pour la commucloison pour isoler les machines manifestations diverses nauté à sous Cour de récréation Plus vaste et matériel plus perfec- Lieu de rencontre en plein air pour Préau, dans les pays où il pleut tionne enfants et adultes souvent Meilleur aménagement et meilleure Galeries d’art, conférences, meetings Salle des fêtes finition Dimensions plus importantes, Rencontres et manifestations di- Bureaux et resserres où les clubs Équipements nouveaux équipements (piscines, verses peuvent entreposer leur matériel sportifs par exemple), matériel plus perfectionné Locaux plus vastes Renseignements Transports publics Administration supplémentaires Arrêt d’autobus Parking,service de garde et d’en- Accès aux équipements Équipements annexes tretien Les activités communautaires dans le cadre de l’école Avec un peu d’imaginationet de sens de l’organisation et de l’administration,et à condition de disposer de quelques moyens pour faire davantage de publicité et pour trouver de nouveaux créneaux horaires, par exemple, de nombreuses activités et de nombreux services deviennent possibles, sans que de nouveaux locaux ni de nouveaux investissements soient nécessaires. D u point de vue des équipements, l’école secondaire représente déjà un embryon de centre communautaire. Réalisé d’après une analyse des possibilités d’activités communautaires dans le cadre de l’école, le tableau 2 indique dans quels locaux peuvent se dérouler les principaux types d’activités scolaires en rattachant chacune d’elles à des activités communautaires possibles. Que ce soit pour des clubs de poterie ou de danse,de géologie ou de collectionneurs de gemmes,pour des sociétés d’horticulture ou des sociétés musicales, pour des associations de protection de la nature,des associations féminines,etc., la mise à la disposition de ces groupes de salles de classe, d’une cafétéria, d’une bibliothèque, d’ateliers ou d’un théâtre sera peut-êtrel’élément dont dépendra la survie d’un réseau fragile de groupes ou d’associations bénévoles. Si l’on tente,par l’intégration spatiale de plusieurs établissements, de trouver davantage de partenaires pour des activités plus durables, toute une série de possibilités nouvelles se présentent alors avec, habituellement, des besoins supplémentaires en locaux. Le tableau 3 montre où il existe des possibilités de partage d’équipements entre les services éducatifs et les services communautaires, ainsi que d’aniélio59 Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services ration de ces équipements; il recense également les nouvelles installations requises.L’expérience a montré que,sans de nouveaux bureaux, de nouvellcs resserres pour entreposer le matériel et des entrées séparées,la coexistence devient difficile. Le résultat le plus fréquent de ces nouvelles combinaisons - qu’aucun des partenaires n’aurait pu atteindre seul -est la construction d’une piscine et d’unthéâtre.Mais il arrive aussi que l’onconstruise des équipements, qui semblent à priori d’un coût prohibitif,tels que des pistes de ski artificielles ou des tours spécialement construites pour la pratique de l’escalade [3]. Bien que l’école en tant qu’embryon de centre communautaire offre un grand nombre d’équipements pour d’autres groupes d’utilisateurs, des difficultés surgissent dès que certains partenaires veulent aménager les installations à leur propre usage (clubs de jeunes, bureaux d’accueil et de conseil, stations de radio et de télévision, par exemple) quand les locaux scolaires ont un relent de bâtiments ( (officiels >) (médiocrité du confort,de la finition,de la décoration et des matériaux), quand la venue de nouveaux utilisateurs (tels que des personnes âgées ou des handicapés) exige des aménagements spéciaux (rampes d’accès et ascenseurs au lieu des escaliers, mains courantes, toilettes plus spacieuses, etc.), et quand l’utilisation des locaux est strictement réglementée et assujettie aux heures de travail du gardien,etc. Autrement dit,malgré la construction de nouveaux bâtiments spécialement conçus pour permettre l’intégration de personnes ayant dépassé l’âge scolaire, - intégration souvent imposée d’ailleurs par des raisons économiques -il existera toujours un besoin croissant de locaux nouveaux et plus spécialisés. Cela est particulièrement vrai là où le personnel scolaire et le personnel extrascolaire ne relèvent pas de la même autorité (le service de l’éducation et la municipalité, par exemple), n’ont pas la même formation professionnelle (enseignants professionnels et paraprofessionnels) ni les mêmes objectifs fondamentaux (préparation aux examens et objectifs correspondant à un goût personnel). II faut alors créer de nouveaux ateliers,de nouvelles classes et de nouveaux clubs ou scinder ceux qui existent déjà,ce qui réduit ou supprime en partie les possibilités de contacts humains et les avantages sociaux et économiques qui en découlent. En dehors de ces deux types d’utilisations communautaires qui ni l’un ni l’autre n’obligent i modifier les équipementsexistants ou ne nécessitent que quelques adjonctions relativement limitées, il existe un grand nombre de cas où des partenaires potentiels ayant 60 besoin d’équipements distincts cherchent i s’associer aux activités scolaires et à s’intégrer spatialenient i l’école,moins par souci de partager les locaux qu’en raison des avantages qu’ilstirent de la Co-implantation (par suite de la pénurie de locaux qui sévit dans le centre des villes) et de la plus grande facilité d’accès des locaux scolaires pour leurs groupes d’usagers. I1 s’agit de cliniques et de garderies de jour; de centres de jeunes,de services d’assistance sociale et de services juridiques; de bureaux professionnels et administratifs; de magasins et d’organismes privés tels que banques,compagnies d’assurances,agents immobiliers et autres organismes d’affaires,de cafés et de restaurants privés. L’intégration de services dans les espaces scolaires existants devient de plus en plus monnaie courante dans la plupart des pays industrialisésoù la diminution brutale de la population scolaire a récemment entraîné une pléthore d’équipements.Ce type d’intégrationne peut se pratiquer systématiquement,car il est entièrementfonction des locaux disponibles,de leur implantation et des partenaires potentiels. Dans certains cas toutefois, le fait d’avoir eu l’expérience de grands centres scolaires et communautaires intégrés permet, semble-t-il,de diversifier largement l’éventail des activités.En fait,les pouvoirs locaux regrettent parfois les dépenses qui ont été engagées pour réaliser de nouvelles installations intégrées à l’intention de tel ou tel service communautaire, car il est bien moins coûteux et tout aussi efficace de loger ces services dans des locaux scolaires réaménagés [5]. Ce sont les groupes d’utilisateursqui ont eu peu de chances jusqu’à présent de se procurer les locaux dont ils avaient besoin qui semblent devoir utiliser au mieux ce surplus d’espace - associations bénévoles, personnes âgées, handicapés, groupes de jeux pour enfants d’âge préscolaire, etc. -et qui ont été classés dans la catégorie des ((partenaires possibles n’ayant pas besoin de locaux supplémentaires». En tout état de cause, l’exercice des activités communautaires dans les locaux scolaires procède d’une ((reconnaissance irréfléchie et presque inconsciente du fait que les locaux scolaires appartiennent à tout le monde et que tout le monde a le droit de les utiliser ) )[3,p. 111. Utilimtion à des jins éducatives des rexrources communautaires extrascolaires Dans les pays industrialisés, la coordination des moyens extrascolaires dont dispose la communauté i des fins éducatives est demeurée limitée. Dans les pays où l’administration est plus centralisée (Répu- Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services blique fédérale d’Allemagne, France, Grèce), elle est pratiquement inexistante. En revanche,dans ceux où l’organisation de l’éducation est par tradition plus décentralisée, des expériences intéressantes ont été menées depuis la fin des années soixante.Bien que se limitant habituellement aux élèves des dernières années de l’enseignement secondaire et aux grandes agglomérations urbaines, l’utilisation des moyens créés par l’homme ainsi que des ressources naturelles et humaines semble s’être développée lentement,mais régulièrement. Les ressources créées par l’homme regroupent l’ensemble des ( (éléments d’un réseau d’équipements collectifs D dont nous avons dressé la liste (voir tableau 1). C’est d’abord à Philadelphie, vers la fin des années soixante, à une époque où cette ville connaissait une très grande pénurie d’équipements éducatifs qu’on a étudié la possibilité d’utiliser ces équipements collectifs de façon systématique à des fins éducatives.Depuis,le ( (Programme Parkway H [6] les ( (écoles ouvertes D [7] ou les ( (écoles secondaires communautairesD [8]se sont implantés dans toutes les grandes villes des États-Unis,moins pour des raisons d’économie que parce qu’ils peuvent offrir sur le plan de l’éducationune véritable solution de rechange aussi bien pour des élèves très doués et N exigeants N que pour tous ceux que rebutent les méthodes d’enseignement traditionnelles. Dans leur description du ( (Programme Parkway D de Philadelphie, Finkelstein et Strick font remarquer que: ((La diversité de la cité se retrouve dans la composition de nos effectifs scolaires comme dans le contenu de nos programmes d’études. Nos élèves ne viennent pas d’un groupe social spécial; ils sont choisis au hasard parmi des postulants qui représentent virtuellement toutes les couches de la population de Philadelphie et, chose intiressante, nous avons aussi attiré de nombreux candidats des banlieues résidentielles.N o n seulement beaucoup de ces élèves n’ontjamais connu de près les ressources de la ville mais dans bien des cas ils n’ont pas eu non plus de relations les uns avec les autres ou ils en ont eu très peu. L’hétérogénéitémême de la composition de nos effectifs scolaires est l’un des caractères les plus exceptionnels du Parkway Programme: dans le cadre de ces études, il est devenu presque évident que l’aptitude à apprendre à travailler avec différentes sortes de gens est aussi essentielle pour la survivance en milieu urbain que l’aptitude à lire, à écrire ou à calculer [6,p. 86 et 871.B Tandis que l’école peut être réduite à son seul noyau administratif et à quelques fonctions élémentaires (contrôle d’ensemble, coordination, bibliothèque, salles de réunion), la communauté, quant à elle, se transforme en salie de classe et accroît considérablement, de ce fait, le nombre des possibilités existant en matière d’éducation. (t Les ressources et les installations que la communauté met à la disposition de nos élèves ont un caractère exceptionnel et ne pourraient certainement pas être financées sur un budget scolaire -il s’agit d’une bibliothèque municipale comprenant plus d’un million d’ouvrages,de musées d’art et de sciences dont les richesses sont renommées dans le monde entier, de laboratoires équipés du matériel le meilleur et le plus moderne. La qualité de l’instruction que les élèves reçoivent dans ces institutions est d’un niveau assez élevé pour être prometteur. C o m m e les organisations et les individus qui collaborent à l’exécution de notre programme sont très nombreux, chaque t( classe ) ) compte rarement plus de quinze élèves et n’en a souvent que deux ou trois,si bien que le degré d’individualisation des études est tel qu’il serait impossible d’y atteindre dans les écoles traditionnelles surpeuplées [6,p. 861.)) D e même, le t( Community resource guide >) (Guide des ressources communautaires) de l’école secondaire communautaire d’Ann Arbor répertorie plusieurs centaines de cours de lettres, de langues étrangères, d’économie domestique, de mathématiques, de sciences et d’études sociales. Ainsi, des établissements publics, commerciaux et industriels se transforment en centres de formation professionnelle individualisée, qui offrent même parfois à leurs élèves une modeste rémunération. Les marchés et les ports sont des lieux de recherches et d’étudespour les sciences sociales. D’autres établissements d’enseignement de haut niveau (collèges universitaires, académies et universités) dispensent des cours spécialisés et une formation universitaire. Lorsqu’il s’agitcependant d’offrirun autre modèle éducatifsusceptible d’unelarge application,la question essentielle qui se pose est de savoir jusqu’à quel point il pourra être appliqué sans qu’il en résulte une ponction excessive sur les ressources de la communauté. Jusqu’àprésent,ce danger ne s’est pas présenté, toutes les expériences ayant été faites sur une assez petite échelle. Aux ressources créées par l’homme,qui englobent les services et les institutions, s’ajoute une seconde catégorie de ressources encore très insuffisamment exploitées: celle des énormes quantités de rebuts industriels qui offrent la possibilité de nouvelles activités et de nouveaux programmes éducatifs à la fois passionnants et très bon marché. Ainsi, dans de nombreux pays, on rencontre des terrains de jeux aménagés par des communautés qui fonctionnent 61 Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services uniquement par leurs propres moyens. L’Australie nous fournit un autre exemple en la matière avec le (< Fitzroy Fun Factory ) )[9],ce club dont les membres créent des jouets et divers objets, en utilisant des rebuts industriels, ce qui satisfait ainsi le besoin de créer qui existe chez un grand nombre d’individus. Le club met,de surcroit, à la disposition de la communauté un camion de ramassage des ordures, le ( (Reserve Garbage Truck >) - service supplémentaire - qui les livre ensuite aux jardins d’enfants et aux écoles. Les ressources naturelles, elles aussi, ne sont pas suffisamment exploitées pour susciter de nouvelles activités et de nouveaux programmes, et pour fournir des moyens de détente après l’étude et le travail purement intellectuel. La sensibilisation de plus en plus vive de l’opinion aux problèmes de l’environnement a conduit récemment à envisager de nouveaux axes de réflexion [lo] et des modifications de programmes [9]qui ont pour but d’augmenter les possibilités d’éducation des jeunes en matière d’environnement dans les écoles mêmes ainsi que dans des parcs et sites sauvages. La plupart des règlements relatifs aux constructions scolaires sont muets quant aux impératifs auxquels devrait répondre, sur le plan de I’environnement, l’implantation des établissements scolaires. C’est pourquoi la plupart des écoles sont situées en des endroits mornes et sans vie, qui sont de vrais déserts du point de vue écologique et fort peu esthétiques. ( (Les écoles sont souvent construites sur des terrains plats et nus, parce qu’on estime que ces terrains sont plus faciles et moins coûteux à aménager. Les arbres,quand il y en a,sont faits pour être abattus, l’eaupour être évacuée; les arbres et les étangs gênent; ils ne valorisent pas le site... N Tandis qu’il améliorait son intelligence technique, le citadin perdait cet attachement profond à la nature qu’il avait eu jadis, uniquement par absence de contact physique avec elle; or cette relation personnelle avec la nature est nécessaire; elle est même essentielle si nous voulons gérer notre environnement pour le bien de l’homme... ) ) I1 faut inculquer à nos enfants un plus grand intérêt pour notre environnement; il faut que nous leur apprenions à en prendre davantage conscience, à mieux le comprendre et à mieux le respecter.A ce propos, nous devrions continuer ci enseigner en salle de classe ce qui s’y apprend le mieux et enseigner ci I’estirieur ce qui .s’apprendle mieux hors de ka clus,se. ) ) Pour passer de l’exploitation minimale du site A son exploitation maximale, il faut que I’adminis62 tration scolaire change sa façon de voir. II faut en un mot qu’ellc se persuade que le .site scolaire n’a pas besoin de nous; mais que c’est nous qui au on^ besoin de lui [lo,p. 1-61.)) Lorsque le site a été bien choisi, les classes en plein air peuvent être le prolongement direct des classes traditionnelles pour l’application de nouveaux programmes et de nouvelles méthodes d’enseignement en ce qui concerne les sciences de la terre, la physique, la botanique, la préservation de l’environnement et les ressources naturelles. L’argument économique peut venir s’ajouter à l’argument idéologique et pratique. Une large étude comparative sur des zones résidentielles proches de sites scolaires dépourvues de parcs et des zones industrielles situées, elles aussi,près de sites scolaires mais dotés de parcs a montré que toutes les dépenses engagées pour l’aménagement d’un parc pouvaient être amorties en dix ans grâce à l’augmentation de l’impôtfoncier résultant de la valorisation du terrainl. Bien que ce phénomène vaut surtout pour les pays où le financement des écoles est assuré par l’impôt foncier local, le principe est certainement valable ailleurs. On trouve également peu d’exemples d’une coordination systématique des ressources humaines de la communauté avec les activités du système éducatif dans les pays industrialisés, alors qu’une telle coordination présente des avantages aussi bien pour les membres de la communauté qui, sans elle, pourraient se sentir inutiles que pour ceux des élèves qui ont besoin d’être suivis individuellement. De plus, elle donne aux uns et aux autres l’occasion d’acquérir de nouvelles connaissances. Mais les systèmes éducatifs qui se sont orientés dans cette voie sont peu nombreux. Le père et la mère de famille qui participent à des programmes d’activités récréatives sont en fait l’exception. Les rares exemples qu’on rencontre semblent néanmoins assez heureux pour justifier un nouvel effort dans ce sens. Ici et là (République fédérale d’Allemagne,Suède,Royaume-Uni), on a recours à des services de paraprofessionnels pour seconder les enseignants. I1 suffit d’une seule personne, avec un bureau, un téléphone et un modeste budget pour les frais de communication, pour mettre en rapport ceux qui ont besoin d’apprendre et ceux qui peuvent 1. Karl W. Grube, ( (T h e economic influence of elementary school sites on residential property tax revenue in selected urban neighbourhoods », University of Michigan, 1973 (thèse inédite). (Cen’est probablement pas par hasard que cette étude a été réalisée à A n n Arbor, c’est-à-direla ville où a été menée l’enquête mentionnée plus haut.) Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services enseigner, et cette personne permettra à elle seule, comme le montrent les expériences d’«échanges de connaissances N réalisées à East Malvern,Hobart,et à West End,Greensborough [9](Australie) de doubler ou de tripler le nombre des options dont disposera non seulement l’école, mais aussi l’ensemble de la communauté en matière d’éducation. Le programme d’Ann Arbor pour le troisième âge, qui propose des cours à des grands-parents et à d’autres personnes et qui dispense une formation spécialisée sous forme de cours particuliers ou par petits groupes, est une initiative très peu coûteuse et intéressante sur le plan éducatif [8]. Lier l’éducationau travail La déception causée par l’inadéquationdes programmes scolaires a été en partie à l’origine du rapprochement qui s’est opéré entre l’enseignement et le travail. C’est dans des pays socialistes (République démocratique allemande,Yougoslavie) que ce rapprochement a été poussé le plus loin. Dans d’autres pays (.République fédérale d’Allemagne, Royaume-Uni), on observe une tendance de plus en plus nette à faire du travail une partie intégrante des programmes scolaires. En République fédérale d’Allemagne, les établissements secondaires de type nouveau sont dotés d’ateliers perfectionnés qui ont été construits en étroite coopération avec les milieux industriels de la région. Bien que ces programmes soient conçus pour reproduire fidèlement des situations réelles englobant les diverses étapes de la fabrication et de la commercialisation d’un produit,ce dernier n’est généralement pas vendu; il ne sert pas à subvenir aux besoins financiers des élèves ni ne constitue une source de revenu pour l’établissement.Dans ce pays,comme au Royaume-Uni et ailleurs, l’école est pratiquement paralysée par l’action des syndicats, les lois et les règlements ainsi que les pressions d’autres groupes commerciaux. Les contacts qu’ont les élèves avec la vie active tendent donc à se limiter à un très petit nombre de cours {{qui constituent des ‘passerelles’ ou des ouvertures sur cette vie active et auxquels s’ajoute,de temps à autre,la visite d’uneusine ou d’un supermarché ) )[il]. Une autre approche est à l’étude au Danemark. L’école de Tvind, qui est une école-atelier d’un type très perfectionné, s’inspire du principe selon lequel il faut élargir les bases de l’enseignementà une époque où l’on aboutit, en privilégiant le savoir purement intellectuel, à faire de plus en plus de chômeurs diplômés.En plus de leurs cours ordinaires, les élèves des classes terminales s’adonnent à de nombreuses activités pratiques; ils bâtissent eux-mêmes leur école et leur ferme, produisent leur propre nourriture dans les champs de l’école et construisent actuellement un moulin à vent qui sera le plus grand du monde et qui servira de source d’énergie expérimentale. Grâce à leur imprimerie,ils soutiennent l’action des groupes de la communauté,en imprimant pour eux des affiches et des brochures, et ils produisent des documents pédagogiques pour leur propre école et d’autres écoles du pays. Ils remettent en état des autobus réformés et s’en servent pour faire des voyages d’étude à l’étranger, qui leur permettent de rassembler des informations de première main sur d’autres cultures, d’autres systèmes politiques et d’autres méthodes de production [12]. La place de l’enseignenrentoficiel Dans les écoles communautairesdespays industrialisés, les éléments de base des programmes d’enseignement traditionnels - comme la lecture, I’kriture et le calcul - occupent toujours une place importante. En fait,leur programme est, pour une large part, très semblable à celui des autres écoles en ce sens qu’on fait faire aux élèves beaucoup de lecture, d’écriture et d’arithmétique, qu’on leur demande de créer de leurs mains des choses utiles et esthétiques,et d’étudier leur environnement physique et social. Se pose alors la question de savoir comment ces activités se concilient avec l’effort visant à ce que cet enseignement soit bien adapté à la finalité de ces écoles et aux autres activités qui s’inscriventdans un programme d’études à vocation communautaire. On a fait remarquer qu’une trop grande ( (adéquation B risque en fait d’interdire l’accès d’un plus grand nombre à la culture et d’êtreune cause de ségrégation sociale. ( (On peut dire qu’en Europe,c’estdans les conseils d’administration des grandes firmes internationales et à la CEE que se prennent les décisions qui engagent véritablement l’avenir de nos grands centres urbains. Les écoles véritablement soucieuses de jouer leur rôle dans la transformation de la société pourraient envisager de préparer leurs élèves à participer un jour à ces délibérations. U n projet scolaire dont le seul but est de restaurer un ou deux pâtés de maisons ne changera pas grand-choseà l’ordre social. ) )O n n’insiste presque jamais sur le fait que les écoles ne sont pas coupées de la réalité. Ce sont après tout des endroits où les êtres humains -enseignants et 63 Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services élèves -vivent, où ils passent une grande partie de leur temps, où ils sont mus par l’ambition, l’espoir, la crainte. De plus, contrairement it ce que l’on dit souvent,les enseignants ne sont pas isolés du monde. Ils n’appartiennent pas à une espèce d’ordre monastique étrange,‘coupédes réalités de la vie’. Les élèves y apportent aussi avec eux leur propre réalité [13]. )) Sur le plan des équipements,l’essentiel des autres activités éducatives suppose que l’école,et en particulier l’école primaire, doit dans une certaine mesure conserver son propre << territoire ». Dans la plupart des cas, les domaines attribués aux différents groupes d’âge refléteront les besoins de chacun d’euxen matière d’éducation.I1 est par ailleurs important de ménager des possibilités d’osmose entre ces domaines chaque fois que ces groupes d’âge se côtoient ou sont installés sous le même toit. Des groupes constitués sur les lieux où ils exercent leurs activités créent eux-mêmes leurs propres unités sociales et éducatives qui sont de dimensions relativement modestes à l’intérieur de centres plus larges tandis que les petites écoles peuvent rechercher audehors les équipements spécialisés dont elles ont besoin. On peut observer un certain nombre de tendances qui montrent que l’enseignement officiel s’écarte des schémas traditionnels pour se donner davantage un caractère communautaire:la convergence entre les programmes des dernières années et ceux de I’éducation postscolaire ou de l’éducationdes adultes ouvre de nouvelles possibilités de partage du personnel, des locaux et des équipements; en s’attachant moins à l’uniformité des méthodes d’enseignement,on laisse aux enseignants plus de liberté pour choisir leurs matériels d’enseignement en fonction des situations qui se présentent à eux; au lieu de s’en tenir ides programmes tout préparés,il est fait appel à l’initiative et à l’intelligence de l’élève qui fixe lui-même ses propres objectifs d’éducation,ce qui a pour effet de resserrer les liens à l’intérieur de la communauté;il apparaît de plus en plus clairement que l’élaboration des objectifs éducatifs n’est pas seulement l’affaire des éducateurs et des spécialistes,mais aussi celle de la société tout entière; et, à mesure que se modifient les impératifs du marché de l’emploi et que s’accentue le besoin d’un enseignement non professionnel, la notion de l’éducation en tant qu’épisode de durée déterminée et d’expérience faite une fois pour toutes perd de plus en plus de terrain. L’école et l’établissement qui dispense un enseignement postscolaire deviennent des lieux où les adultes reviennent durant la journée ou le soir pour y suivre dcs cours de perfectionnement. 64 Les zones rurales des pays en développement :du programme d’étude communautaire au développement O n peut considérer l’introduction de nouvelles activités et de nouveaux programmes et la coordination des services dans les zones rurales des pays en développement comme une succession d’objectifs auxquels visent les efforts faits, d’une part, pour que l’éducation réponde davantage aux besoins du plus grand nombre et, d’autre part, pour que l’école,en coordination avec les autres services essentiels, devienne elle-même un instrument du développement socio-économique. Ces deux actions sontévidemmentinterdépendantes, car la communauté qui participe à la construction d’unenouvelle école contribue à résoudre le problème que pose le manque d’équipement et, dans le même temps, elle déclenche un processus d’éducation,qui est utile pour la réalisation tant d’autres objectifs et d’autres projets en général que de projets de construction en particulier. D e plus,en donnant à la communauté une plus grande confiance en elle-même, cette participation peut susciter d’autres efforts de coopération qui contribueront largement au développement socio-économiquede la région. Pour évaluer l’adéquation des activités et des programmes éducatifs dans les pays en développement, il faut donc se demander d’abord et avant tout dans quelle mesure ils peuvent amener une plus large fraction de la population à participer à l’effort de développement. Cela exclut que l’on se consacre uniquement à la poursuite d’objectifs économiques étroitement définis (qui consisteraient, par exemple, à voir dans la formation spécialisée la seule solution) et que l’on continue de fermer les yeux sur les insuffisances de l’éducation traditionnelle. N Dans la plupart des systèmes d’éducation, les niveaux inférieurs se trouvent dans l’obligation d’adapter leurs programmes de façon que ceux qu’ils auront formés puissent répondre aux conditions requises pour être admis aux niveaux supérieurs. Ces systèmes profitent donc vraiment, dans la quasitotalité des cas,non pas it la masse pour qui les études se limitent à quelques années mais seulement à la minorité qui reçoit une éducation postsecondaire [14].» Un tel état de choses est particulièrement déplorable dans les zones rurales où le système d’éducation officiel, tel qu’il est appliqué, cst pire qu’inutile: en fait,il prive encore plus la grande masse de la population des moyens d’améliorersa situation et l’on peut Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services considérer qu’il est une des principales causes de la désertion des campagnes. C’est ce qui a conduit, ces dernières années, la plupart des pays en développement à réorienter leurs activités,leurs programmes et leurs services d’éducation dans trois directions afin de répondre progressivement aux nécessités du développement: en premier lieu,un programme d’éducationd’inspiration communautaire donne aux enfants la possibilité d’acquérir une connaissance solide de leur localité et de ses possibilités écologiques,et leur inculque des principes et des valeurs qui sontjugés essentiels pour la communauté en question.En deuxièmelieu,l’écoleexploite les possibilités de lier l’éducation au travail au sein de la communauté. En troisième lieu, en tant que service communautaire, on demande à l’école de trouver des solutions aux problèmes qui se posent à la communauté. U n programme d’inspiration communuutaire Pour donner aux élèves de solides connaissances sur la situation géographique de leur communauté, sur sa structure sociale, politique et culturelle, sur son économie et ses activités de production,il faut doter l’école d’un minimum de matériel de base et lui assigner des projets spécifiques. Cette mise au point, à l’échelon local,de projets, de matériel et d’auxiliaires pédagogiques peut se faire assez simplement de plusieurs façons. En Chine, on sait que, dès leur plus jeune âge,les élèves participent à des enquêtes et à des débats sur leur communauté. Pour simples qu’ils soient, ces enquêtes et ces débats peuvent être un bon moyen de sensibiliser la jeunesse aux ressourceset aux problèmes de sa région. Au Honduras,des projets concrets réalisés dans le cadre de l’école servent soit les intérêts de la communauté (par exemple, l’embellissement du village, la plantation d’arbres, la construction et l’entretien de routes), soit ceux d’entreprises familiales individuelles ou coopératives (porcheries, ruchers, projets d’horticulture). U n procédé utilisé en Indonésie consiste à rattacher les efforts d’éducationet de formation à l’ensemble du potentiel écologique d’unesous-région.Cette approche ( (écosystémique >) est comparable à celle du développement régional intégré,en ce sens qu’il est fait appel ii toutes les ressources - humaines, naturelles et technologiques - pour établir les programmes d’éducation et de formation. Et ces programmes, i leur tour, aident à mettre au point le plan de développement de l’écosystème. De façon plus structurée, on pourrait concevoir la création de centres d’élaboration de programmes à des échelons intermédiaires (province, région), qui produiraient des matériels adaptés à différents contextes locaux et correspondant aux stades successifs d’une structure éducative globale. Les participants à un séminaire qui s’est tenu à Tagaytay (Philippines) en 1974 ont été d’accord pour estimer: ((... qu’il faudrait s’intéresser en priorité à la création d’auxiliaires pédagogiques indigènes qui seraient peu coûteux, allant des panneaux muraux à des matériels simples, fabriqués sur place ou des médias populaires,tels que les théâtres de marionnettes. I1 est absolument essentiel de cultiver dans les zones rurales l’art de l’improvisationen utilisant les moyens du bord [15]. >) L’utilisationdes ressources locales à des fins éducatives est indispensablenon seulement pour que I’enseignement soit mieux adapté,mais aussi parce que,dans les pays en développement, le nombre des personnes qui veulent accéder à l’instruction s’accroît à un rythme tel que les pouvoirs publics éprouvent les plus grandes difficultés à construire les nouveaux équipements nécessaires et à recruter un nombre suffisant d’enseignants. O n peut donc, en recourant de façon judicieuse à ces solutions de remplacement, éviter que le fossé ne se creuse entre le savoir livresque et la réalité locale, faire en sorte que l’enseignement soit mieux adapté aux modes de vie locaux et amener un plus grand nombre de gens à participer. Inculquer des normes et des valeurs positives est une entreprise plus difficile: elle implique, en effet, qu’on s’attaque résolument aux canons de la technologie, qui pénètrent jusque dans les villages les plus reculés grâce aux films, à la radio, aux gadgets fabriqués en série et à la fréquentation par les ruraux des centres urbains. Dans les régions importantes du monde (en Afrique, en Asie, en Amérique latine), des efforts particuliers sont faits pour souligner l’importance des valeurs rurales,de la vie rurale et du développement rural. En Afrique, ces efforts s’expriment par des programmes d’«autosuffisancenationale ))et en Amérique latine, par ce qu’on appelle la conscienciacihn. Dans chaque cas, cela signifie qu’on oriente l’action vers la défense de ces valeurs, qu’on met l’accent sur l’esprit de coopération,sur le civisme, et qu’on développe dans la population rurale le sentiment de participer à la vie de la nation. L’éducation à mi-tempset le recyclage périodique qui se pratiquent de plus en plus peuvent être considérés comme un moyen supplémentaire de renforcer la vocation communautaire du processus éducatif. 65 Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services L’kducation à mi-temps n’a pas seulement pour avantage de rendre moins sensible le manque d’équipements; elle ouvre aussi de nouvelles perspectives aux adultes et à ceux qui ont quitté l’école en cours de scolarité en même temps qu’elle offre aux jeunes la possibilité d’être moins coupés de leur communauté. Elle peut servir à atténuer chez eux l’impression de contrainte (notamment chezles plus âgés qui manquent de motivation pour l’étude); elle devrait être conçue de manière à porter sur les sujets qui peuvent se décomposer en petites unités d’étude distinctes, surtout dans les cas où la fréquentation risque de n’être que sporadique. Qu’ils’agisse d’un enseignement en alternance (les périodes d’études à plein temps alternant avec les périodes de travail à plein temps) ou d’un enseignement continu (avec trois heures de cours au lieu de six), les enfants et les adultes peuvent continuer de se livrer à des activités domestiques ou productives qui leur assurent éventuellement une indépendance financière et permet une meilleure intégration de la théorie et de la pratique. Lier l’éducation à la production Face au chômage croissant des jeunes à la sortie de l’école,qui donne un surcroît de valeur à ce que font les individus et les collectivités pour encourager l’auto-assistanceet le travail indépendant, l’établissement de liens entre l’éducation et la production peut être considéré comme un pas important vers la solution des grands problèmes des zones rurales.L’établissement de ces liens dépend cependant de plusieurs conditions préalables, et l’une des questions à se poser est celle de la place qu’occupel’examendans le système scolaire traditionnel. Sinclair fait remarquer que l’importance accordée aux examens par le passé a eu pour résultat de rompre les liens entre l’éducation,d’unepart,et le travail et les programmes d’études communautaires, d’autre part (en Inde, au Nigéria et au Kenya) [16]. Kinahan,en revanche,montre que ces deux aspects peuvent coexister, ainsi qu’il a pu le constater luimême à l’écoled’AsraHawariat (Éthiopie) où I’importance des examens, dans l’esprit des élèves, est toute aussi grande que chez les élèves des autres écoles, le succès aux examens représentant pour eux le seul espoir d’améliorer de façon très tangible leurs conditions d’existence. Mais le fait qu’un rapport existe entre, d’une part, l’intérêt que les élèves portent aux examens et leur réussite scolaire,et le développement de la communauté et le travail pratique, d’autre part, eur permet de placer cette réussite scolaire dans sa 66 vraie perspective et autorise aussi une coexistence féconde de ces deux attitudes [17]. D e même,au cours d’un séminaire qui s’est tenu en Asie, des spécialistes ont examiné en quoi la délivrance de diplômes pourrait renforcer l’attrait des programmes extrascolaires; ils ont constaté que les diplômes peuvent en fait contribuer à donner à ceux qui les ont obtenus une impression de réussite et un sentiment de satisfaction dans la mesure où ils attesteront leur stabilité et leur persévérance quand le moment viendra pour eux de se mettre à la recherche d’un emploi ou d’obtenir de la considération; en fin de compte, les diplômes constituent un lien entre le régime scolaire formel et l’éducation non formelle, en particulier dans le cas des programmes sanctionnés par une équivalence de diplôme scolaire [151. Moins pour des raisons d’idéologie que pour des raisons pratiques, la séparation entre l’étude et le travail semble encore plus anormale lorsque l’on passe de la ville à la campagne. Dans les zones rurales non seulement il faut que l’éducationet la production coexistent plus étroitement dans le cadre d’uneinterdépendanceréciproque,mais la production peut aussi contribuer largement à faire vivre les écoles et à assurer l’indépendancematérielle de leurs élèves. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’écoles des pays en développement possèdent de petites entreprises de production financièrement autonome, appliquant ainsi le principe earn while you learn (gagner sa vie tout en fréquentant l’école) [fig. 121. Ce principe fut lancé dans le sous-continent indien par Gandhi, qui voulait qu’un enseignement ) fût dispensé aux écoliers qu’il appelait ((littéraire ) des villages en même temps qu’un enseignement scientifique et l’apprentissagede l’artisanat rural. Le travail artisanal,principalement la filature et le tissage, le travail du bois, le travail des métaux et les travaux agricoles dans les fermes-écoles,devait servir à couvrir les dépenses d’éducation et à libérer des fonds pour l’expansion rapide de l’enseignement primaire. ( (... Gandhi voyait dans l’autonomiefinancière des écoles rurales la pierre de touche de l’enseignement élémentaire car,après sept années d’études,les jeunes devraient pouvoir quitter l’école pour gagner un salaire. Ainsi transmettait-on la connaissance en même temps qu’on extirpait le chômage à sa racine [16,p. 641.)) L’idée fut abandonnée quelques années plus tard (1963-1964)au profit d’un programme traditionnel complété par des projets visant ii développer l’expériencedu travail pratique et des services sociaux. La liaison entre le travail et l’éducation qu’on trouve dans les programmes de la ({révolution verte )) Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services aux Philippines,les expériences associant l’éducation à la production pour les étudiants du Bangladesh, les programmes visant à faire de la pratique du développement rural une partie intégrante de I’enseignement universitaire en Indonésie et au Népal, l’introduction de cours préprofessionnels dans I’enseignement officiel à Sri Lanka et la ((professionnalisation n de l’enseignement général en Inde montrent bien à quel point sont diverses les approches utilisées aujourd’hui dans les pays asiatiques pour introduire le travail dans les programmes d’éducation [18]. En Afrique, des travaux sous contrat dans l’agriculture et dans d’autres secteurs d’activité permettent de couvrir en partie les frais de la scolarisation et des programmes d’éducation spécialisés.Dans leur étude sur un pays d’Afriquecentrale,Bergmann et Bude ont constaté que les structures traditionnelles ciu travail et le degré de développement du pays déterminent la nature des liens entre l’écoleet le travail productif II semble toutefois que l’utilisation de techniques agricoles modernes, qui constitue un autre objectif de la participation des écoles à des tâches agricoles SOUS contrat ?, soit fonction non seulement de certains caractères de la ferme-école,mais aussi et surtout du produit de la vente des récoltes,des types d’occupation et d’utilisation des sols et de la gamme d’activités économiques existant à côté des activités agricoles [19]. I1 est donc important d’intégrer les expériences de travail dans les programmes d’études, de faire en sorte que les écoliers discutent des différentes méthodes utilisées,des différences de rendements qui en résultent et des effets obtenus par les différents modes de travail collectif et individuel. L’école deviendra ainsi un centre d’information pour la communauté et les parents accepteront plus facilement que leurs enfants travaillentpour l’écoleau lieu de travailler chez eux. En Afrique, il existe une tendance très nette à établir des liens entre l’éducation et le travail par le moyen de centres de formation polyvalents. Contrairement aux modèles antérieurs -élaborés et mis en œuvre dans les années soixante -ces centres ne sont pas conçus pour les élèves qui quittent l’écoleprimaire et cherchent à s’employerdans un secteur traditionnel, mais pour le «noyau dur» des sans-travail,jeunes ou âgés analphabètes pour la plupart [Il, p. 191.Partant du principe que l’acquisition de qualifications n’exige pas au départ que le degré d’alphabétisation soit le même pour tous, on attend de ces centres qu’ils regroupent finalement tout un ensemble de métiers artisanaux pratiqués en milieu rural.Ainsi,l’Éthiopie, le Kenya,le Lesotho,le Malawi,le Rwanda, la Sierra Leone, le Soudan et la République-Unie de Tanzanie ont lancé de vastes programmes dont ils espèrent qu’ils contribueront au développement local et national. FIG. 12.École élémentaire de Morong,Rizal (Philippines): fabrication artisanale d’objets pour la vente [Photo: H.Noguchi]. Lier l’éducstion à la production en choisissant, par cooptation, des artisans du village est, depuis longtemps,pratique courante dans certaines régions du monde; dans d’autres, c’est une innovation récente. O n en trouve un exemple au Honduras,où le proyecto extra: escokur (projet extrascolaire) ne concerne pas seulement les problèmes d’éducation que rencontrent normalement les enfants ayant accompli plus de trois années de scolaritétraditionnelle;il leur offre aussi des stages d’apprentissage chez des charpentiers, des cordonniers ou des commerçants locaux. Ces stages durent de cinq à quinze jours,parfois plus longtemps, 1. Quand les possibilités d’accès aux services essentiels s’améliorent, le nombre des travaux SOUS contrat augmente jusqu’à un certain point, puis va en décroissant pour devenir très faible dans les communautés urbaines. Les écoles des communautés isolées, reculées et marginales exécutent des travaux sous contrat liés à des problèmes de transport. Les écoles des zones reculées se consacrent principalement à l’entretien des exploitations agricoles tandis que les travaux de moissonnage sont ie plus fréquents dans les villages facilement accessibles (op. cif. [19]). 2. Outre la facilité d’accès aux services essentiels et I’irnportance de l’école,le facteur le plus important qui joue en faveur des travaux sous contrat pour les écoles réside dans la tradition du travail collectif dans l’agriculture(le travail njangi). 67 Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services selon les qualifications humaines et techniques que doit acquérir l’apprenti.Ce sont les objectifs fixés en commun entre l’artisan et l’élève, et non pas un programme établi à l’avance, qui déterminent le rythme de l’apprentissage[20]. Ce programme s’applique k tous les niveaux d’enseignement: (< II est probable qu’à la suite des travaux de sa Commission des réformes, le Soudan optera pour un modèle de type local d’acquisition de qualifications à l’école primaire. D e même, dans d’autres pays comme l’Éthiopie,où il a été prévu de confier une partie des tâches d’enseignement aux artisans locaux,se dessine de plus en plus nettement la tendance à une localisation des activités pratiques. C’est à Ceylan qu.’apparaitpeut-être avec le plus de netteté la différence entre les nouveaux et les anciens modes de professionnalisation; dans ce pays, sont venues s’ajouter à l’ensemble des spécialités préprofessionnelles initialement prévues (c’est-à-dire, inéluctablement le travail du bois et des métaux, la maçonnerie, la mécanique automobile, etc.) pas moins de quatre-vingts autres disciplines préprofessionnelles, pratiquement tous les différents types d’artisanat de l’île ayant été inclus, par cooptation, dans le programme et étant devenus autant d’options possibles. Cette opération répond au désir de supprimer les barrières traditionnelles, qui, en matière d’enseignement, séparent le scolaire du communautaire [li, p. 171.) ) O n peut considérer qu’une étape supplémentaire a été franchie en Afrique en faisant de l’écoleun moyen de développer et d’améliorer la technologie rurale non seulement pour donner à la jeunesse des écoles quelques notions de base en matière d’artisanat,mais aussi pour encourager chez elle l’esprit d’innovation au niveau de la technique intermédiaire. Les activités visant i améliorer les techniques de production et de commercialisation dans les métiers traditionnels permettent de rattacher la scolarité au développement de la Communauté et au mode de vie traditionnel. L’un des problèmes critiques est de savoir si l’on peut amener suffisamment de gens qualifiés et expérimentés à intensifier leurs efforts au profit de la communauté. Les écoles-ateliers s’efforcent d’acquérir assez de terrain et d’équipements de production pour devenir des entités très largement autonomes sur le plan financier et organique.En général,les élèves partagent leur journée entre l’école et une activité productive. C o m m e le montre l’exemplede I’e,icue/u,seconduria hasicu en el cunipo, à Cuba,il n’est pas nécessaire que les écoles-ateliers soient liées à une communauté locale. Cependant, si des programmes de production 68 sont mis en œuvre pour répondre aux besoins du ( (développemcnt communautaire D, ils tendent i Ctre intégrés aux activités de centres scolaires et comniunautaires de plus grande envergure. Que les centres scolaires communautaires et de production soient des cas isolés (Maroc, Éthiopie, Indonésie) ou qu’ils s’inscriventdans un plan national (Mexique, Panama, République-Unie de Tanzanie), ils tendent généralement i être des entreprises assez prospères. Ainsi, au centre scolaire et communautaire de Mascota,dans la partie septentrionale du Mexique, les ateliers d’industries rurales ont été regroupés en unecoopérative de traitement des produits alimentaires, qui fonctionne avec la participation de la communauté. Dans des ateliers polyvalents, on apprend aux élèves l’essentiel de ce qu’il faut savoir pour faire fonctionner et entretenir les machines utilisées pour le travail du bois d’ceuvre et d’autres produits du bois.Une scierie communautaire,gérée sous forme de coopérative,jouxte le secteur technique de ce centre et sert d’équipement de base pour l’enseignement:011 y travaille le bois provenant des forêts communales. Le centre joue un rôle actif dans le développement de la région. I1 a déjà favorisé l’installation de deux nouvelles entreprises à Mascota: une usine de traitement et de conditionnement de produits alimentaires et une fabrique de jouets.Les emplois sont attribués en priorité aux diplômés de ce centre, où ils ont acquis leur technicité. A Panama, où la réforme touche environ 50% des écoles rurales, I’escuelu de produccion (écoleatelier) organise des activités éducatives et des activités de production: les premières sont fondées sur un programme adapté à la réalité locale (économique, sociale,ethnique, culturelle,etc.) qui fait de l’activité de production un ((centre )) d’intérêt. L’activité de production dépend naturellement de Is nature du sol sur lequel vit la communauté. Cette activité est constamment soutenue par le processus éducatif qui l’accompagne [21,p. 61. Après trois ans d’existence, 1 ’école-atelierpanaméenne est largement autonome sur le plan financier, si 1,01excepte 1 le fait que les enseignants sont fournis et rémunérés par le gouvernement.Elle est gérée par la 1. Maintenant Sri Lanka. 2. Ce k r m e n’est plus utilisé ofiçiellement: toutes les e.rcue/o.s de produccion sont offcicllement devenues des centros de eclucucih bhica generul (eeiitrcs d’enseignement général de base). Néanmoins, dans le présent ouvrage, nous utiliserons cette expression pour désigner les établissements présentant les caractéristiqucs spécifiqucs décrites par Lourié (up. cif. [21]). Possibilités et moyens de combiner activitks, programmes et services communauté, dont elle devient le centre et le foyer de développement. Panama, le Mexique et la République-Unie de Tanzanie offrent de bons exemples des liens qui peuvent s’établirentre l’éducationet le travail,grâce auxquels l’acquisition de qualifications professionnelles assure l’obtentiond’un travail el ouvre de nouvelles perspectives d’emploi de préférence au sein de la communauté rurale elle-même ou dans les hameaux environnants. Les activités des centres scolaires et de production doivent être conçues de manière à répondre aux besoins locaux,régionaux et nationaux et à renforcer l’initiative individuelle, la réflexion en commun et l’esprit d’indépendance, ce qui évitera un nouvel exode de la main-d’ceuvre qualifiée et semi-qualifiée vers les villes, avec la désintégration sociale qui en résulte. C o m m e n t trouver des solutions aux problèmes comlriunautaires Les insuffisances etjou les disparités qui existent quant à l’accès aux emplois sociaux et productifs, ainsi qu’à leur nombre et à leur diversité sont l’expression tangible du fossé de plus en plus large qui se creuse entre les zones riches et les zones pauvres des pays en développement. Une plus grande justice sociale et une amélioration de la qualité de la vie rurale ne pourront être réalisées qu’au prix d’une meilleure organisation et une meilleure répartition des ressources et d’une plus grande facilité d’accès aux services et aux équipements. Différentes études montrent que les disparités quant aux possibilités de scolarisation,particulièrement sur le plan des facilités matérielles d’accès aux équipements éducatifs, correspondent à celles qui existent dans la manière dont l’éducation et les autres services sociaux sont ouverts au public comme pour ce qui est du niveau du revenu par habitant et des facteurs historiques du développement (topographie et différences socio-économiques)[22]. Ces conclusions importantes montrent que les disparités régionales doivent être prises en considération dans toute politique globale de l’éducation si l’on veut essayer d’égaliser les possibilités d’accès aux équipements et donner à chaque individu et à chaque communauté les mêmes possibilités de développement. ( (Les planificateurs de l’éducation se sont peu préoccupés,par le passé,des problèmes d’implantation et de répartition des écoles primaires. S’ils veulent aller réellement dans le sens de l’égalité et de I’efficacité, ils doivent reconnaître les rapports qui existent entre l’implantationet la répartition des équipements scolaires, d’une part, et la possibilité pour tous les élèves, sans exception, d’y avoir accès et de pouvoir y rester,d’autre part [22].D Avec une population disséminée dans des hameaux et des villages,il est impossible d’arriver à des concentrations humaines suffisantes pour constituer des marchés réguliers en vue de stimuler une productivité agricole plus forte ou assurer le fonctionnement d’une unité complète d’enseignement primaire. Partant de diverses études [23,241, le tableau 4 indique,selon des fourchettestrès larges (qui reflètentles incertitudes et la diversité inhérentes aux situations rurales), les services essentiels pouvant être mis à la disposition de la population en matière d’enseignement primaire, secondaire et ultérieur. La facilité d’accès aux services essentiels en milieu rural se rattache à des schémas de répartition spatiale totalement différents de ceux qu’on rencontre dans les villes. Pour surmonter les problèmes de dispersion, on peut envisager diverses approches. La gamme des efforts qui sont faits actuellement, allant de ceux qui sont socialement le moins perturbants (en ce qu’ils imposent le moins de déplacements aux habitants) à ceux qui le sont le plus, se présente comme suit: Création d’unitésmobiles d’enseignement(laboratoires spécialisés pour les écoles primaires locales en Inde, équipes d’enseignants accompagnant les tribus nomades en Chine); Utilisation de la technologie moderne (émissions de radio et de télévision en Inde, en Indonésie, en Iran, au Mexique, au Pérou et en Côte-d’Ivoire); Mise à la disposition du public d’une hiérarchie de services, qui permet de concentrer des services spécialisés en un point central accessible à pied ou par d’autres moyens comme en Amérique latine, par exemple, où la plupart des projets éducatifs reposent sur le principe de la ((nucléarisation >) (fig. 13, 14); Désignation plus ou moins autoritaire de centres de développement et réinstallation des populations dispersées (Chine, Panama, République-Unie de Tanzanie). Cette dernière méthode pour mettre à la disposition de la population les services de base reflète l’optique tantôt plus rationnelle, tantôt plus fonctionnelle, qui caractérise l’organisation spatiale dans les pays développés. ( (L’histoire a montré que la clé du développement économique des sociétés industrielles a résidé dans la relation existant entre les centres urbains et les campagnes, et dans l’apparition d’un type d’organisation spatiale où des endroits commodément situés en un 69 Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services TABLEAU 4. Éléments d’un réseau de services fondamentaux dans les zones rurales Équipements éducatifs Équipements sociaux, culturels Équipements sanitaires Équipements publics Équipements privés Équipements commerciaux Infrastructure technologique Équipements productifs et de loisirs Z o n e d’influence de l’école primaire (village de 2 O00 à 5 O00 habitants) École Centre Maternité primaire communau- Dispensaire taire local Équipements d’enseigne- Équipements ment proreligieux fessionnel Crèche locale Poste de Habitations police et champs Bâtiments privés administratifs Aires de stockage Aires de stockage du ravitaillement fourni par l’État Débouchés Routes reliant Installations les fermes pour traiter, pour la production au bourg trier, peser et agricole Canaux et emballer les (coopérative) fossés produits Marchés d’irrigation agricoles périodiques Pompe d’eau Agriculture potable, puits Pêche et citernes Sylviculture Électrification Atelier d’artisanat rurale Route d’accès utilisable par tous les temps Arrêt pour les autobus desservant la région Décharge publique Z o n e d’influence de l’école secondaire (bourg de 5 O00 à 10 O00 habitants) École Grand Petit Bâtiments secondaire centre hôpital et administraÉcoles communau- polyclinique tifs de la de formation, taire commune et profession- Equipements du district nelle culturels Succursale d’une banque ou religieux de développement régional Services chargés de la mise en œuvre du projet de développement rural Commissariat de police Bureau des postes et télécommunications Entrepôt pour le ravitaillement fourni par l’État Caserne des pompiers 70 Marché permanent Bureau régional de contrôle de la vente des produits agricoles Débouchés de la coopérative agricole Routes utilisa- Entrepôts et bles par tous installations les temps et pour le routes traitement principales des produits Rues pavées alimentaires Électricité Services Eau courante de réparation Réseaux d’égouts et d’entretien Dépôt d’autobus du matériel Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services TABLEAU 4 (suite) Équipements éducatifs Équipements sociaux, culturels et de loisirs Équipements sanitaires Équipements publics Équipements privés Équipements commerciaux infrastructure technologique Equipernents productifs Z o n e d’influencede l’éducationpostscolaire (ville moyenne de 20 O00 ù 25 O00 habitants) Écoles de Équipements Hôpital commerce publics général spécialisées de loisirs Université régiona1e Bâtiments administratifs nationaux, provinciaux et municipaux Institutions financières Siège de l’administration responsable du développemrnt régional Bureau central des postes et télécommunications Services chargés de la lutte contre l’incendie et de la sécurité publique Centre de répartition du ravitaillement fourni par l’État point central, notamment les bourgs, ont stimulé la commercialisation des produits agricoles et facilité l’échangedes biens et des services )) La situation des pays en développement, qui est la résultante de traditions culturelles et de données historiques particulières, est plus diverse et exige des stratégies plus souples en matière de développement. Lorsqu’on réussit à convaincre les habitants des régions rurales qu’il est de leur propre intérêt et de celui de leur communauté de se réinstaller ailleurs,il se peut que la perspective de disposer d’une école soit l’un des arguments majeurs qui emporte leur décision. Le niveau de développement et l’accès aux services essentiels sont les éléments moteurs de la participation de la communauté. Selon Bergmann et Bude: G Les écoles primaires où toutes les classes sont représentées participent plus souvent et plus largement aux activités communau- Marchés permanents et périodiquer Entrepots et aires de stockage Grand axe Zone industrielle routier Traitement des matières Terrain d’aviation premières Centre principal industrielles et de transports industrie Centrale alimentaire électrique Station régionale d’expérimmtation agricole Services cpntraux de réparation et d’entretien Centre régional de recherche technologique taires que celles qui ne regroupent que de petites classes, ce qui est normal, étant donné la différence d’âge des élèves. Le fait pour une école primaire de n’être composée que de grandes classes,celui d’avoir facilementaccès aux services essentiels et de comporter un nombre croissant de filières favorisent sa participation au travail communautaire et à ses réalisations concrètes.I1 existe cependant,sur le plan du nombre de filières et de la facilité d’accès,un seuil maximal au1. C o m m e le fait remarquer G w e n Bell, en introduction au no 257 d’Ekistics, d’avril 1977, l’argument de E.A.J.Johnson, présenté dans son ouvrage The organization of space in developing countries (Cambridge,Harvard University Press, 1970), p. 29, et cité par le Ministère rwandais de l’éducation (Ateliers scolaires au Rwanda, contrat de nationale, dans ( gré à gré, marché à conclure », ébauche de contrat entre le Ministere de l’éducation et la communauté locale, p. 185, a été repris par divers auteurs dont Walter Christaller et C.A.Doxiades. 71 . . ..:. .................................. . . . . . . . . ....................... ...... . . . . . :: . .:. 1 I I U 1 '.. . . . . . . . . ~ . . . . . . 0.. Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services , O , .... ..... .................... 72 0 O N - - O O F 8 N I E O c c Q C .al -m 4 a 9 h al C N d h Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services 73 Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services delà duquel la participation de l’école diminue. Ainsi,les prestations des très grandes écoles ayant très facilement accès à tous les services et situées, par conséquent,dans les secteurs les plus urbanisés sont inférieures à celles des écoles plus petites qui sc trouvent dans des communautés moins bien desservies. Dans les villes, l’école n’est pas aussi indispensable à l’activité communautaire que dans les zones à demi urbanisées et dans les zones rurales pour les diverses raisons suivantes: ces villes tout d’abord disposent de services spécialisés (santé, vulgarisation agricole, travaux publics); ensuite l’intérêtpour l’agricultureest moins prononcé et, partout, la ferme-écolen’y jouit pas de la même popularité; enfin, les parents, se trouvant plus proches du marché du travail, s’intéressent davantage aux matières sur lesquelles porteront le certificat de fin d’études primaires et l’examen national d’entrée à l’école secondaire [IS, p. 1361.) ) La coordination des services dépend aussi de l’importance de la communauté. Une concentration de population rurale de 2000 ii 5000 personnes, stade à partir duquel il est possible de mettre sur pied une école primaire, constitue une base valable pour la coordination des services.A ce niveau de population, l’intégration organique et éventuellement matérielle des différents services et des ressources communautaires pour le développement de l’éducation et de la communauté paraît devoir présenter de très grands avantages. La liste des équipements et des ressources que l’on peut trouver dans la plupart des villages et qui peuvent être utilisées pour des activités éducatives est la suivante: Habitations et champs privés : formation en économie domestique,formationagricole(travailsouscontrat). Ateliers d’artisanat:cours de menuiserie, de cordonnerie, de couture. Dispensaire : initiation à l’hygiène et aux soins médicaux. Bâtiments administratifs: formation au travail de bureau, à la formation publique. Crèche :puériculture. Étangs, terrains, forêts privés ou communaux : sciences naturelles. Boutiques et marchés, coopérative de vente: techniques d’achat et de vente, analyses économiques et de la production. Projets d’infrastructure communale: techniques de construction routière,irrigation et forage des puits. Le tableau 5 présente la liste des partenaires avec lesquels il est possible de coordonner des activités. Le programme d’études à vocation communautaire décrit ci-dessuspeut être appliquC de nombreuses façons, dans n’importe quel type d’écolel. 74 il semble cependant que la création d’un centre scolaire et communautaire2, qui serait réellement situé au centre à la fois géographique et spirituel de la communauté, favoriserait la mise en œuvre de nouvclles activités,de nouveaux programmes et de nouveaux services, de quatre autres façons. En premier lieu, il remplacerait l’école primaire traditionnelle et fonctionnerait comme une école à certains moments de la journée,en dispensant un enseignement qui serait non seulement bien adapté (et non académique), mais aussi conçu pour toutes les tranches d’âge de la population et pour tous les besoins particuliers (notamment pour les femmes, les orphelins et les personnes âgées). En deuxième lieu, il fonctionnerait comme un centre et un service de vulgarisation et de formation en agriculture, en matière d’hygiène,de techniques industrielles et d’économie domestique (tableau 5). En troisième lieu,il donnerait accès à un dispensaire, à des ateliers d’artisanat, à des marchés et à des services administratifs situés clans son voisinage. Enfin, il serait un lieu de réunion et un point focal,où les membres de la communauté viendraient se retrouver entre amis, fêter des événements nationaux, locaux ou privés, participer à des clubs, lire les journaux ou des livres, écouter des enregistrements et la radio ou suivre des émissions de télévision. En d’autres termes, le centre communautaire devrait ( (définir des valeurs culturelles et constituer un cadreoù il n’y auraitplus de séparationentre éducation et loisirs. Son programme devrait être équilibré de manière que les activités de chaque partie prenante (éducation, agriculture, santé et autorités locales) se renforceraient mutuellement D [25,p. 21. O n retrouve cette idée dans toutes les grandes régions. En Amérique latine,par exemple, les centres scolaires communautaires sont au cœur du concept de nucléarisation, qui constitue le commun dénominateur pour résoudre les problèmes posés par l’isolement paralysant des communautés rurales. ( (Initialement, le système avait une portée assez limitée. A la base,le plan consistait,sans plus, à créer des liens entre les écoles d’un district plus ou moins homogène et à en prendre une à la fois comme modèle I. A propos de l’utilisation des locaux scolairespar des groupes communautaires [op. cif., 191, Bergmann et Bude écrivent que moins il existe d’équipementspublics,plus les membres d’unecommunauté comptent sur les équipements scolaires. A côté d’activités de loisirs plus nombreuses, nous trouvons donc des réunions de toutes sortes telles que réunions dc partis politiques,de conseils municipaux et d’organismes de crédit ainsi que celles de caractère religieux,etc. 2. Le terme ((centre ))ne désigne pas forcément un bâtiment d’un seul tenant,mais une structure ou réseau organisé, qui sera décrite au chapitre suivant. Possibilités et moyens de combiner activitk, programmes et services et comme centre de coordination pour la mise en commun des expériences et des ressources. Pour le reste, les maîtres étaient simplement invités à établir des rapports avec la population locale en lui offrant conseils et services dans la mesure de leurs moyens [26]. Depuis son lancement en 1931,année où un instituteur de la campagne bolivienne mit sur pied le premier noyau de centre communautaire avec la coopération de plusieurs communautés [27],le système s’est étendu, modifié et perfectionné dans de nombreux autres endroits. Dans la plupart des cas,l’école centrale a très largement dépassé son rôle de centre de coordination en matière d’échange d’expérience et d’équipements pour devenir un centre communautaire conçu et généralement construit avec la participation de la communauté en vue de remplir différentes fonctions,et souvent associé à un grand mouvement de coopération (Mexique, Panama, Pérou). a Quand les premiers Nucleos escolares campesinos furentimplantés dans le Puno,district particulièrement déshérité de la Sierra péruvienne, l’école centrale du réseau fut équipée de manière à offrir,en plus de son programme traditionnel, un programme d’alphabétisation à caractère extrêmement pratique, couvrant des disciplines telles que la santé, l’agriculture et l’élevage.Les ateliers, les champs et les abris pour le bétail qui dépendaient de chaque école centrale étaient ouverts à tous,sans obligation pour quiconque de participer au programme d’alphabétisation ou d’éducation des adultes; les outils et instruments aratoires étaient prêtés à quiconque en avait besoin dans la communauté; tout était mis en œuvre pour inciter la population du district à se servir de l’école comme lieu de réunion sociale et culturelle. Pour la première fois, un effort réel était fait pour faire entrer l’école dans la vie de la population indienne, pour détruire chez celle-cil’idée que l’école était une vague et lointaine institution,étrangère à ses intérêts et à ses besoins quotidiens et ne s’en préoccupant nullement. La réaction des Indiens, l’enthousiasme qu’ils mirent à fournir la terre, à construire des bâtiments, à faire des récoltes, démontrèrent à l’envi que le système était une réussite totale [26,p. 28 et 291. D En général, la transformation de l’école en un centre communautaireet en un foyer de développement des zones rurales semble être fonction de trois facteurs. Elle dépend de la mesure où, en premier lieu, les activités, les programmes et les services répondent aux besoins les plus immédiats et les plus pressants de TABLEAU 5. Rapports entre les équipements et les activités communautaires Équipements Estimations et améliorations possibles Activités communautaires Possibilités de rangement supplémen- Éducation des adultes (programmes d’alphabétisation,d’économie domestique,cours de couture) taires; classes plus grandes; liaisons avec l’extérieur; meubles transfor- Éducation sanitaire (planning familial, nutrition, secourisme, hygiène personnelle et collective) mables Formation morale (apprentissage des valeurs fondamentales, efforts personnels, esprit de coopération, civisme et solidarité nationale) Initiation à l’organisation et à la gestion coopératives pour le développement familial et communautaire, à l’organisation et au fonctionnement des comités, aux fonctions de direction Formation culturelle (connaissance et pratique des instruments de musique,héritage artistiqueet folklorique) Possibilités de rangement supplémen- Initiation aux techniques industrielles (fabrication et entretien du Ateliers matériel agricole, travail du bois et des métaux, techniques de taires;équipements plus grands;maconstruction,réparations des postes de radio et des bicyclettes, tériel plus perfectionné entretien des tracteurs) Sallessupplémentaires pour les clubs Centre d’information,clubs de radio et de télévision, salles de Bibliothèque lecture de journaux et de livres Initiation aux techniques agricoles (élevage, récoltes vivrières, Champs expérimenexploitation du soi, pêche, exploitation des forêts, irrigation) taux,étangs,abris Nouvelles techniques de construction (briques, charpentes, fonpour le bétail, chantiers de dations, égouts simples,fours,etc. construction Réunions de la communauté ou de comités spécialisés,groupes de Salle des fêtes Cuisines plus grandes théâtre et groupes musicaux, fêtes,films,banquets Terrains de sports Programmes et compétitionssportives;grandes réunions;cinéma, fêtes et danses en plein air Salles de classe 75 Possibilités et moyens de combiner aciivitk, programmes et services la population souffrant de pénurie en matière d’eau, de routes et de ponts comme de l’insuffisance des services de vulgarisation agricole, des débouchés pour la production, des crédits, des équipements sanitaires ou des garderies d’enfants;en deuxième lieu, les intéressés (paysans, agriculteurs, ouvriers d’usine, commerçants,personnel sanitaire, etc.) ont participé au projet et voient dans le centre quelque chose qui leur appartient et sert leurs intérêts; et, en troisième lieu,les programmes d’enseignementproprement dits s’inscriventdans une perspective plus large du développement qui comprend généralement l’amélioration, selon l’ordre d’importance généralement admis, de l’infrastructure,des possibilités d’emploi,de l’hygiène, de l’éducation et de l’administration [19,p. 15, 28, 29, 30, 311. Vers une meilleure utilisation de toutes les ressources communautaires D e toute évidence, les différents types d’activités,de programmes et de services qui ont été mis en œuvre dans les zones urbanisées des pays industrialisés et dans les zones rurales des pays en développement ne répondent pas aux mêmes objectifs. Différences entre pays industrialisés et pays en développement Dans les pays industrialisés,les possibilités d’appliquer des programmes coordonnés semblent considérables, mais leur exécution se trouve gênée par une longue tradition de spécialisation toujours plus poussée. Les zones rurales des pays en développement souffrent de l’absence de services de base, qu’il est difficile de mettre à la disposition des habitants en quantité suffisante. Bien que, dans un cas comme dans l’autre, les critères ci’« accessibilité )) et de ((compatibilité ) ) soient également valables sur le plan de la coordination,ils demandent cependant 2 être envisagés dans des contextes radicalement différents de répartition spatiale des équipements et de besoins communautaires réels ou ressentis. Dans les pays industrialisés, ceux-cise situent au niveau des loisirs et des divertissements,et l’incitation& la coordination naît souvent de la compatibilité d’intérêts entre l’éducation et les loisirs,laquelle repose sur la surabondance d’équipements dans le secteur éducatif et sur leur pénurie dans le secteur des loisirs. Dans les pays en développement, en revanche, cettc coordination naît souvent au premier chef de l’absence de services de base, d’infra16 structure technique et sociale jointe & de meilleures possibililés d’cmploi et dc moyens de production. Tandis que les pays industrialisés ont tendance i prolonger le processus éducatif en partie pour réduire la période productive de la vie en raison du rétrécissement des débouchés,les pays en développement ont tendance,en revanche,à le réduire au strict minimum nécessaire pour les communautés rurales. Dans les deux cas,il faut tenir compte des besoins des différents groupes d’âge; il serait absurde, par exemple, d’attendre d’enfants qu’ils comprennent les activités communautaires destinées à des adultes et qu’ilsy participent. Étant donné, cependant,qu’on recourt de plus en plus souvent, dans les pays en développement, à l’éducation à mi-temps, qui amène des élèves plus âgés à se trouver engagés à différents stades de I’éducation,il faut éviter d’instaurer des règles strictes qui rattacheraient chaque classe à telle ou telle activité éducative ou communautaire particulière. Dans ces pays, contrairement à ce qui se passe dans les pays industrialisés, l’analphabétisme des adultes reste un problème majeur. I1 se peut donc que les programmes d’alphabétisation s’adressent à la fois aux jeunes et aux personnes plus âgées et que d’autres activités communautaires ne concernent que tel ou tel groupe d’âge. Dans les pays industrialisés, des problèmes du même ordre se posent à propos de l’intégration des populations scolaires et extrascolaires (davantage, toutefois, au niveau du secondaire qu’à celui du primaire), mais on peut les ignorer aussi longtemps que ces pays sont prospères ei que les décisions y sont prises au niveau sectoriel.On trouve quelques exceptions notables en France et aux États-Unis,où les adultes peuvent, dans certains cas, se joindre aux élèves du secondaire et se présenter aux mêmes examens qu’eux. O n a fait remarquer que la terminologie utilisée pour l’éducation dans les pays en développement est souvent trompeuse,pour être très proche de celle des pays industrialisés: ((Ainsi, on dit souvent, dans un cas comme dans l’autre,que l’éducation communautaire s’inscrit dans le cadre d’un système naissant d’éducationpermanente,ce qui masque un faitévident, à savoir que, dans les pays européens, on est pleinement fondé à parler d’éducation permanente lorsque 30% à 50% des membres d’un groupe d’âge donné poursuivent, de leur plein gré,sous une forme ou sous une autre,des études qui se situent au-delàde ce que requicrt la scolarité obligatoire; mais il cst difficile d’appliquer ce terme au tiers monde, sans en changer fondamentalement le scns [il, p. 71.)) Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services De même,le fait de lier l’éducationà la production a des implications beaucoup plus profondes dans les pays en développement et se rattachent beaucoup plus à des questions de survie qu’à de simples questions d’adaptation aux circonstances. Bien que, dans les deux cas, les liens entre I’éducation et le travail puissent être considérés comme un moyen de familiariser les jeunes avec les réalités du travail manuel, le contact avec la vie active pour les élèves de dernière année des pays industrialisés tend à se limiter à un petit nombre de cours préparatoires avec, à l’occasion,des visites d’usines et de supermarchés; en revanche,pour de nombreux enfants des pays en développement qui travaillent plusieurs heures à la maison,le fait d’œuvrer dans les unités de production de l’école pourrait revenir à ((chaque jour travailler deux fois plutôt qu’une)) [il, p. 511. Dans les pays industrialisés, l’éducation permanente nécessite une nouvelle approche architecturale pour rendre les écoles plus attrayantes et plus confortables. Les équipements de production, en effet, se trouvent souvent dans des ateliers spécialisés exclusivementréservés aux élèves; dans les pays en développement, en revanche, les programmes d’éducation et de travail des adultes sont,très souvent,mis en œuvre sans que de nouveaux équipements soient nécessaires, hormis quelques aménagements rudimentaires. Afin de mieux s’informer des nouveaux programmes éducatifs à l’usage des communautés dans divers pays d’Asie, le Bureau régional de l’Unesco pour l’éducation en Asie a envoyé, en 1975, une mission en Indonésie,aux Philippineset en République de Corée qui est parvenue aux deux conclusions suivantes. ( (Premièrement, le développement des activités éducatives et communautaires ne nécessitera pas forcément de nouveaux bâtiments. L’agriculture occupe 80% des populations d’Asie et le champ est donc le lieu où l’on apprend. Deuxièmement, là où des bâtiments sont nécessaires,on peut rarement savoir à l’avance à quels besoins fonctionnels ils doivent répondre.I1 faut donc veiller à ce que les installations mises à la disposition de I ’éducation traditionnelle soient d’une conception assez souple et assez facilement adaptables pour pouvoir être utilisées au besoin par la communauté [18].) ) Bien que l’utilisation des équipements scolaires par les communautés et l’intégrationde divers services sociaux dans le cadre de l’école soient des préoccupations importantes dans les pays industrialisés,l’utilisation des ressources communautaires à des fins éducatives revêt une importance tout aussi grande, sinon plus grande, dans les pays en développement. Dans ces pays, le sort des populations est étroitement lié à l’action communautaire et tout effort de développement relève tant du domaine communautaire que de celui de l’éducation.D e même que l’utilisation communautaire des ressources répond pour eux à une nécessité urgente, de même faut-il recréer, dans les pays industrialisés,le sens de la communauté, de ce qu’elle représente et peut fournir comme possibilités. Points communs Au-delà de ces différences fondamentales, il existe cependant quelques points communs. Dans les pays tant industrialisés qu’en développement, les programmes les plus évolués constituent, en fait, une sorte de stratégie politique qui vise à rendre une communauté rurale ou urbaine généralement déshéritée consciente de l’urgente nécessité de devenir autosuffisante(on rencontre des modèles de ce type aux États-Unis,au Panama, en RépubliqueUnie de Tanzanie et au Royaume-Uni). La tendance générale est d’admettreet de prendre en considération le fait que, même sans un recours déterminé aux ressources communautaires,une grande partie des connaissances s’acquierten dehors de l’école. II faut donc corriger la tendance qui consiste à confondre l’éducationet l’école,pour que le mot ( (éducation ) ) devienne réellement synonyme d’« acquisition de connaissances ) )[33]. Les ressources communautaires sont utilisées de plus en plus consciemment et de plus en plus délibérément pour accroître les possibilités d’acquisition de connaissances. Les ressources ne sont pas en soi très importantes mais c’estl’utilisationqui en est faite qui leur donne leur véritable importance. Dans certains pays (États-Unis et Royaume-Uni), le terme t( éducation communautaire>) désigne aussi bien les activités éducatives structurées et non structurées que les associations entre l’éducationet d’autres services sociaux [34]. La séparation entre éducation et travail n’est plus acceptable;la tendance qui consiste à associer l’école aux activités de production se manifeste sur une grande échelle, bien qu’à des degrés divers. Ensemble des objectifs à long terme Les objectifs ressortant des concepts nouvellement définis pour les programmes et les équipements d’éducation communautaire sont les suivants: satisfaire les besoins socio-économiquesde chaque individu et de chaque groupe social; transformer les écoles locales en centres d’acquisitionde connaissances pour 77 Possibilités et moyens de combiner activités, programmes et services tous les groupes d’âge;faire en sorte que les situations d’apprentissage soient en prise sur la vie réelle; améliorer ct développer l’économieet les conditions de vie; susciter et développer une coopération entre les communautés locales et régionalcs et la communauté nationale; encourager l’utilisation des ressources locales à des fins éducatives et aider les communautés locales k acquérir leur autonomie. Dans cette optique, il y a convergence entre I’éducation en tant qu’«investissement social )) et l’édu- cation en tant que (< consommation sociaic ). En outre, les distinctions entre l’acquisition des connaissances et leur application,entre l’éducation et la production et entre l’éducation traditionnelle et l’éducation non traditionnelle s’estompent.Contrairement à ce qui se passe dans le système scolaire traditionnel,l’éducation pourrait se dérouler en tous lieux, pendant toute l’année et du matin jusqu’au soir. Mais cela ne signifie pas pour autant que les concepts de l’éducation de base doivent disparaltre. Références 1. UNITEDKINGDOM. DEPARTMENT OF EDUCATION AND SCIENCE.Architects and Building Branch. School and community-2.Desinn Note. No. 14.Stanmore,Middlesex, 17. KINAHAN. Op. cit., p. 184. 18. VICKERY.Op.cit., p. 3. 19. BERGMANN et BUDE. Op.cit.,p. 141. 20. Entretien avec Cristobal Rodriguez, coordonnateur géné1976. BILDUNGSFORSCHUNG-ARBEITS-ral de la réforme éducative et chargé de la direction du 2. INSTITUT Ç Ü R REGIONALE Bureau de planification générale,Ministère de l’éducation. GRUPPE FÜR STANDORTFORSCHUNG, op. cil. 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SINCLAIR. - 78 Bâtiments et autres équipements Les équipements :point d’intervention et catalyseur de la coordination Les bâtiments ne sont certes ni les seuls ni même les plus importants éléments pris en considération dans les programmes de coordination,mais c’est souvent à leur propos que la coordination intervient pour la première fois puisqu’ils permettent de traduire l’objectif visé, c’est-à-direun rapprochement entre l’école et la population, en une réaliié tangible. Il faut,pour choisir tel ou tel type de bâtiment,que des engagements soient pris et que des associations se nouent. Si, au départ, les gens imposent à c leur D bâtiment la forme qui correspond à leurs comportementset aux relations qu’ilsont entre eux,il peut se faire,par la suite,que ce soit le bâtiment qui,dans une certaine mesure,façonne leur psychologie.Avec la mise en euvre de l’éducation permanente, de l’enseignement à temps partiel ainsi que d’activitéset de programmes éducatifs plus spécialisés et plus individualisés, et avec l’ouverture de l’école aux activités communautaires, les impératifs d’espace ont radicalement changé. O n peut distinguer nettement deux tendances opposées:d’uncôté,l’apparition de nouvelles utilisations de l’école,qu’on rencontre le plus souvent dans les pays industrialisés et, de l’autre, l’exploitation de ressources éducatives et communautaires extérieures à l’école,situation la plus fréquente dans les pays en développement. Dans le premier cas, on voit généralement augmenter les besoins d’espace et les coûts de la construction; dans le second, ces besoins et ces coûts diminuent ou restent inchangés (selon le nombre et l’intensité des activités extrascolaires). I1 existe une troisième possibilité, dont le passé récent nous offre des exemples, qui est un compromis entre les deux autres et qui, par conséquent, équilibre les besoins d’espace. Aujourd’hui, dans les pays industrialisés comme dans les pays en développement, le principe généralement admis est celui du réseau qui combine la construction d’équipements intégrés neufs avec le réemploi des équipements existants et des ressources disponibles dans la localité. Bien que la mise en place d’installations communautaires n’ait pas nécessairement une relation avec le fait scolaire,les écoles peuvent souvent être conçues et organisées de manière à desservir un public plus large et i créer,en attirant à elles des groupes et des associations d’utilisateurs nouveaux, un potentiel de coopération. I1 dépendra de tout un ensemble de facteurs, allant de la participation des usagers aux questions de financement, aux structures administratives et à la mentalité de leur personnel, que ces écoles deviennent le catalyseur qui permettra à ce potentiel de se libérer et qu’elles apparaissent comme une ( (entité nouvelle ) ) supérieure à la somme de ses composantes. Les zones urbaines dans les pays industrialisés:de l’opération ponctuelle au schéma à l’échelle urbaine Dans les pays industrialisés, le fait de coordonner les équipements éducatifs et communautaires a répondu dans la plupart des cas au désir d’améliorer et de rénover des quartiers urbains matériellement et socialement dégradés, et de créer un point de rencontre pour la vie communautaire dans les ensembles anciens et nouveaux. L’évolution de ces dix dernières années fait apparaître une nette tendance à l’abandon des opérations ponctuelles au profit du schéma d’urbanisme à l’échelond’une ville. Nous avons analysé, dans le premier chapitre, les raisons socio-économiques et pédagogiques profondes qui ont conduit à édifier dans un but précis de grands équipements neufs dans la plupart des pays industrialisés durant les années soixante-dix. L’une des opérations les plus frappantes par la taille et par la démesure des espoirs qui l’accompagnaient est celle des grandes écoles secondaires de 79 Bâtiments et autres équipements / ............. FIG.15. Les écoles secondaires centrales de Pittsburgh. L'une des premières opérations globales d'intégration d'équipements éducatifs et communautaires.Le parti adopté pour la conception des écoles centrales de Pittsburgh était le suivant:réunir plusieurs groupes de populations urbaines, normalement séparées par des barrières artificielles ou naturelles (voies ferrées,routes, vallées, etc.) en un nouveau noyau urbain dont l'un des éléments essentiels serait les équipements éducatifs. Tous les secteurs urbains figurent sur le plan. Source: Urban Design Associates,Pittsburgh,Pa. ............. ........ -. Éducation physique ........... ',: .j ......... .O0 .................. - -i Auditoriums : .......... FIG.16.Les écoles secondaires centrales de Pittsburgh.L'école devait devenir un centre mettant ses capacités d'accueil et d'oricnplusieurs raisons,dont l'absence d'un instrument efficace de coorditation au service de l'éducation. Mais IC plan a échoué POLII' nation et la non-participationde la coininunauté au travail dc planification.Suurce: Urban Design Associates,Pittsburgh,Pa. 80 Bâtiments et autres équipements Pittsburgh,conçue vers 1965 comme un vaste instrument social de lutte contre le déclin de la ville. il était prévu de remplacer 20 anciennes écoles de quartier par 5 écoles secondaires (à l’intention de 5 O00 à 6 O00 élèves) comprenant d’importantes installationsà usage communautaire afin de supprimer plusieurs noyaux urbains anciens et d’en créer de nouveaux (fig. 15 et 16). U n participant au séminaire que l’Union internationale des architectes a tenu en 1970 sur le rôle social de l’école a estimé que ce plan représentait un prototype de ce qui pourrait être fait dans une nouvelle ère des constructions scolaires,c’est-à-direun ((parc éducatif D. ((Ceplan répond aux problèmes de la pauvreté et du chômage en offrant de nouvelles occasions à tous, jeunes et vieux, de s’instruireet de gagner leur vie... n Symbole dramatique de la beauté et de la richesse de l’enseignement, il est susceptible d’endiguer l’évasion des Blancs de la ville, et même d’y rappeler les familles favorisées en raison de la valeur intrinsèque d’une éducation meilleure et plus réaliste qu’il n’est possible d’en trouver dans de petites communautés fermées,quel que soit le prix qu’on y met. ) ) Par sa seule présence, il élimine les taudis et stimule la construction d’habitationsneuves et variées, publiques et privées... n I1 apporte une réalité, un sens et un nouvel amour-propre aux jeunes aliénés de la société qui trouvent une vie adaptée à leurs problèmes dans un nouvel environnement éducatif... D Enfin il offrira un fondement rationnel à la réunion des éléments de la communauté actuellement séparés. Sa taille lui permet d’atteindre des groupes (raciaux, économiques et religieux) auparavant isolés et qui n’avaient pas d’autre choix que l’école la plus proche. Les efforts artificiels et maladroits qui cherchaient jusque-là désespérément à réunir les races ne seront plus nécessaires [l]. )) Le projet de grandes écoles secondaires à Pittsburgh n’a jamais pu ((décoller D parce que les communautés qui étaient mises en jeu (mais ne se sentaient pas concernées) s’y sont fermement opposées [2]. Elles préféraient de toute évidence leurs ((groupes raciaux, économiques et religieux D et l’école la plus proche. Par la suite, les opérations d’Atlanta, d’Arlington, de Baltimore et de Pontiac, poursuivant les mêmes buts, mais sur une moindre échelle, et faisant participer la communauté,ont mieux réussi à intégrer, du moins en partie, les races et les classes sociales (Arlington, Pontiac) ou à susciter des mesures suffisantes pour faire faire un grand pas en avant à la rénovation du ghetto noir (Atlanta, Baltimore). La conception d’ensembles importants rassemblant toutes les activités n’est pas un phénomène isolé; elle est caractéristique du rôle nouveau des architectes qui se considèrent comme les pionniers d’un nouvel ordre social. ((Les architectes qui dessineront les écoles de l’avenir devront résoudre la question suivante: comment faire des écoles plus grandes et plus humaines à une époque de centralisation croissante? I1 leur faudra trouver des moyens nouveaux pour rendre l’éducation plus accessible..., l’importance sociale des écoles devant croître en conséquence.A mesure que le nombre d’heures et d’années consacrées à l’éducation augmentera, le rôle du bâtiment scolaire devra changer tout comme le rôle de l’écolea changé. A l’école,les changements en matière de mentalités, de méthodes pédagogiques,de groupes d’âge desservis, d’horaires et de périodes d’utilisation exigent cle nouvelles façons d’aborder l’architecture et la constrirction afn de répondre, desrpoints de cue tant quantitatif que qualitatif, aux bes0in.s de la sociité. Aucune nation, qu’elle soit sous-développée ou développée, ne peut payer le prix de la médiocrité ... [3] l... )) Avec le recul du temps, ces propos semblent non seulement beaucoup trop ambitieux, mais également erronés dans la mesure où ils confondent centralisation et progrès. Les grands centres qui ont été par la suite construits en République fédérale d’Allemagne, en Australie, en France, au Royaume-Uni et en Suède n’ont pas seulement posé des problèmes d’organisation majeurs, ils ont créé des barrières matérielles et d’énormes ghettos monoculturels incapables de faire face aux besoins (tant quantitatifs que qualitatifs), de la société; ils n’ont également pas été en mesure de s’adapter à l’évolution des besoins et des effectifs scolaires. La plupart des grands centres ont aujourd’hui (ou auront dans un avenir proche) de grandes difficultés, principalement en raison des réductions simultanées de personnel et de crédits de programme et de fonctionnement, à trouver des destinations nouvelles pour leurs espaces inutilisés. Les conséquences cle lu coordination lorsque les questions de diniension et d’échelleentrent en jeu En matière d’organisation des équipements, on peut distinguer deux phases. Dans les années soixante et au début des annérs soixante-dix,l’intégration matérielle des services dans les grands centres neufs a conduit à une énorme hypertrophie des bâtiments; puis, on s’est mis,au début des années soixante-dix,à repenser 1. Les italiques sont le fait de l’auteur du présent ouvrage. 81 I Centre d e découverte de l'usine Intérieur de l'usine __ . _ ~ i P 1 I i Plan urbanistique d u réseau d e découverte de Lowell i--. ~~~~~ ..~_______ - . . . . F Canal Barrage Réseau des espaces ouverts . ..A /7/1 /? ...* /? itiniirairr2 d u réseau di: découverte développement hiirniri Principal iieu culturel urbain c-.--, O Lieu secondair!: e Éde l?ciii!lli!: 400 m FIG.17. Plan urbanistiquc du réscau de découverte dc l~owcll. Modèle opérationnel du canal il Bâtiments et autres équipements FIG.18. Centre Abraham Moss, Manchester (Royaume-Uni). 1. Centre de loisirs en salle. 2. Cuisine et restaurant. 3. Théâtre. 4.Musique. 5. Art dramatique.6.Centre d’éducation des adultes - bureaux,salles d’études. 7.Lettres administration. 8.Bibliothèque.9.Aile des jeunes - activités artistiques et manuelles. 10.Ingénierie. 11. Sciences et mathématiques. 12.École de base pour élèves de 13-15ans. 13.Économie rurale.14.École élémentaire de base. 15. Foyer pour personnes âgées et handicapées. 16.Foyer du personnel. 17. Gardien. 18. Logements. 19.Aire de jeu sur sol dur. 20. Tennis. 21. Aire de jeu sur sol stabilisé. 22. Terrains de sport. 23. Parking.Source: [op.cit., 51. - entièrement les possibilités et les avantages que présenterait une coordination,sur le plan de l’organisation, des infrastructures existantes et parfois même des nouvelles,et l’on est arrivé soit à en restreindre comparativement les dimensions, soit à les modifier légèrement. O n mesure l’ampleur de cette réflexion lorsque l’on compare divers plans établis durant ces périodes: aux États-Unis,en l’espace d’une décennie, les plans d’équipements,totalement intégrés,faits pour recevoir 5 O00 élèves, ont fait place à des systèmes réticulaires formés d’unités pédagogiques d’une capacité de 150 à 200 élèves [4](fig. 17). Cette tendance est illustrée par les exemples suivants. Au Royaume-Uni, le Centre Abraham Moss (fig. 18) [5], étudié entre 1967 et 1971, abrite une école qui compte près de 3 O00 élèves et d’importantes installations à usage communautaire,alors que le plan pour la rénovation de Crewe (fig. 19) [6], publié pour la première fois en 1975, fait appel à l’infrastructure existante et à de petites unités pédagogiques regroupées en réseau. Les études d’écoles communautaires en République fédérale d’Allemagne [7] et les exemples de Suède [8] et d’Australie 191 montrent qu’on s’achemine visiblement partout vers des unités plus petites. Cette tendance en faveur de l’adoption de parties éclatées n’est pas une simple réponse aux transformations économiques et démographiques, à I’amenuisement des crédits publics et à la diminution des effectifs scolaires. Elle résulte aussi des expériences de construction de grands établissements à vocation particulière. Rose Bergouignan conclut, dans son étude nationale sur les équipements intégrés en France:(< L’hypothèse qui a guidé le rapprochement des équipements scolaires et socio-culturels est que la potentialité d’animation que chacun d’eux recèle est accrue et démultipliée par leur regroupement pour constituer un pôle fort d’animation, à la manière en quelque sorte des centres villes traditionnels où l’on trouve cafés, commerces, équipements de loisirs. Ce qu’on oublie de dire, et l’expérience le démontre, c’est que les équipements scolaires et socio-éducatifs (publics) ne sont pas ‘animants’au sens où un commerce, un cinéma, un café (privés) peuvent l’être. Certes, ces équipements publics socio-culturels,éducatifs,peuvent connaître une fréquentation intense, prouvée par certaines enquêtes de fréquentation, mais il est illusoire de penser que le regroupement d’équipements collectifs publics puisse remplacer la conjonction de facteursfavorables à une vie urbaine animée.Au surplus 83 Bâtiments et autres équipements comme le montrent certaines expérienccs, il semble que le regroupement d’équipements,au lieu de renForcer l’animation, suscite des effets contraires et crée un véritable ghetto culturel el socio-éducatif, coupé des logements, des lieux de travail et de l’ensemble du tissu urbain [lo].>) Apparemment, les unités plus petites offrent les avantages suivants : elles peuvent s’adapter avec plus de souplesse à l’évolutiondes besoins et des exigences; elles sont plus accessibles à tous les groupes d’âge; elles imposent moins de barrières institutionnelles et psychologiques ; elles offrent des possibilités de réem- ploi des bâtiments existants et de réduction des coûts de construction; elles sont d’un fonctionnement et d’un entretien plus économiques (éclairage et ventilation naturels); elles posent moins de problèmes d’organisation aux administrateurs, aux enseignants et aux élèves; elles s’adaptent plus facilement aux dimensions historiques ou contemporaines des structures urbaines; enfin, elles permettent d’alléger les processus de planification et de participation. C’est la direction prise pour coordonner et intégrer en fonction de la dimension et de l’échelle des bâtiments et équipements qui revêt une importance 13 14 15 FIG.19.Propositions pour Ludford Street,Crewe (Royaume-Uni). 1. École secondaire de 1”‘ cycle (11-13 ans) de Ludford Street. 2.Centre social. 3. Voie piétonnière. 4.Centre A:locaux d’cnseignementgénéral utilisés IC soir par les adulles. 5. Centre familial, foycr,crèche, snack bar, aire dc jeu pour les tout-petits.6.Espace vert. 7.Centre 13: locaux d’enseignement général,de travaux manuels et d’activitésscientifiques.8.Centre C:locaux d’enseignementgénéral,d’activitésmusicales et d’art dramatique.9.Atelici d’art dramatique,salle dc rbcitals,cinéma,expositions,pctits restaurants, boutique. 10.Théâtre. 11. Marché. 12.Réaménagement du centre ville. 13. Nouvelle école de Beech Street. 14.Tcrrain de sports. 15. Garderie. Soitrce: Building Branch,Department of Education and Science,Elizabeth House, London, 1975. 84 Bâtiments et autres équipements fondamentale. La figure 20 tente de présenter différents types d’organisation des espaces permettant une intégration des services dans de nouveaux ensembles et leur coordination dans les zones urbaines existantes. C’est dans les pays industrialisés qu’on rencontre le plus fréquemment ces types d’organisation des espaces, mais ils pourraient parfois être utilisés dans les pays en développement,comme nous le montrerons dans la prochaine section. Pour ce qui est de l’intégrationdes services dans les grands équipements neufs, on a le choix entre trois .... . . .. ,. ; I : ;.. ..... , . . E . : .; ............... . ..... .’ ....... .... C.’..C :. .... :.. ! . c .: :.. ...... .., ’: . R ’ .............. . : ...... . . . . . . . .... ... ... ...... .. FIG.20. Organisation des espaces. E = Éducation; R = Activités récréatives; S = Services sociaux; H = Services de santé; P = Services publics; C = Équipements commerciaux; I = Industrie. . ’.. ........ .. .. : ,: ....... :. R grands partis architecturaux.L’intégrationdes services, lorsqu’ils’agit de grands équipements construits dans une optique précise,se pratique partout dans le monde, mais, en matière de centres socio-éducatifsintégrés, on a abouti 2 une sorte d’expression architecturale internationale. Les systèmes à noyau central (fig. 20) regroupent généralement les divers locaux spécialisés et les services autour d’un hall central, d’un forum ou d’un centre éducatif, ouvert sur plusieurs niveaux ou étages afin de les relier. L’avantage de ce parti tient à ce i. ....... .. . ’.. E j . : p,: ............. ........ Structure traditionnelle de la distribution des services . . ..S.. .’ c sI .. H ,111 _ ; ’ . . . . . . . . . . . y. . . . IC E ..._. . ’ , I .. ............ p,,‘......... ..- E .. ,‘ ’ ,,’ . . , . p . i; . E -_ . ‘--. .......... .. S Hl I I R P SI .’ 1 . Systiime réticulaire Systéme linéaire Système à noyau central - Intégration des services dans les nouveaux ensembles ( Possibilités d’extension) (--- Lien organisationnel) . .... . ...... ..... . . ....... U tilisalion des ressources de la communauté p ;:-- ............. ........ ...... Écoies ”décioisonnées” Système réticulaire Coordination des services dans les zones urbaines existantes (----Direction de la coordination) (----Lienorganisationnel) 85 Bâtiments et autres équipements qu’il facilite le contrôle et l’orientation. Considérer globalement 1’Ccole comme une entité n’est toutefois possible qu’avec des unités de dimensions relativement réduites. Les grands centres comportent presque toujours d’importants espaces éclairés à la lumière artificielle et climatisés, et il se pose des problèmes si l’on édifie des extensions nouvelles ou si la mise en œuvre doit s’effectuer par tranche. Lorsque le hall central s’ouvre sur les zones de circulation environnantes,il peut donner lieu à des problèmes acoustiques s’il est utilisé comme lieu de réunion ou comme amphithéâtre. D u point de vue architectural, les systèmes à noyau central conduisent souvent à adopter des solutions symétriques d’une relative rigidité à laquelle l’introduction d’un demi-niveau peut en partie remédier.U n autre inconvénient de ce type d’écoleest d’offrir peu de possibilités d’intégration urbaine, ce qui peut faire gravement tort à l’ententeentre l’école et la communauté, et à l’image que l’école donne d’elle-même. Le projet (non réalisé) donné en exemple àlafigure 21 a et b est celui d’un centre éducatif et communautaire qui devait être implanté dans une importante zone résidentielle près de Zwickau (République démocratique allemande). Dans le plan de Pontiac [2](fig.22 et 23), un noyau central s’ouvre sur une voie piétonnière centrale reliant le quartier résidentiel au quartier administratif central.Au niveau inférieur,les espaces d’ensei(rues scolaires ) )rayonnent du centre gnement et les { vers l’extérieur où se trouvent des zones d’enseignement plus tranquilles. Pour résoudre le problème de l’intégration à la ville d’un ensemble d’une telle dimension, les architectes du centre ont pris le parti d’adopter la même hauteur que les immeubles résidentiels pour rejoindre, en suivant progressivement la pente du terrain, le profil des immeubles administratifs plus élevés. Le centre abrite 1 200 élèves et est utilisé de diverses manières par la population Pl. Les systèmes linéaires (immeubles en bande) ont l’avantage de satisfaire la plupart des exigences nouvelles formulées à l’égard des grands centres scolaires et des écoles communautaires: orientation simple et accès facile à toutes les différentes activités; souplesse de réalisation dans le temps, d’agrandissement intbrieur et extérieur (micro et inacrocroissance). Mais la bande de bâtiments s’arrête souvent de façon brusque, ce qui peut empêcher l’intégration de l’ensemble à la ville. Parfois, les zones d’enseignement non spécialisé sont regroupées à la limite extérieure et créent une 86 façade non rectiligne ou une cour intérieure de type patio. Le Centre culturel de Sollentuna (Suède), qui n’a pas été réalisé,est un autre exemple de ce type de projet (fig. 24 a et b). Le plan du Centre socio-éducatif de Mümmelmannsberg (fig.25) relie le nouveau centre commercial à un espace vert à vocation sportive et récréative. Deux rues se croisant à angle droit conduisent au centre. Celui-ciest conçu pour accueillir un maximum de 3 500 élèves. Les équipements communautaires, le centre de jeunes, la bibliothèque publique, les équipements de loisirs et un jardin d’enfants sont situés près du point d’accès des deux cheminements piétonniers publics. Les systèmes réticulaires s’articulentsouvent autour de patios, ce qui limite le nombre de niveaux des bâtiments.C’estcette disposition qui offreles meilleures possibilités d’adaptation, le plus de souplesse et d’ouverture, ainsi que le fonctionnement le moins rigide. Elle permet l’adjonction de nouveaux corps de bâtiments ou la démolition d’éléments anciens, sans nuire aucunement à la cohérence spatiale. Ces systèmes présentent cependant deux inconvénients sérieux, à savoir, la longueur du réseau de circulation, et la difficulté de l’orientation et de la différenciation. Le projet (non réalisé) présenté à la figure 26 est celui d’un prototype de centre socio-éducatif en URSS. U n exemple de projet réalisé est celui du Centre Abraham Moss de Manchester (fig. 18) dont la capacité d’accueil est de 3 O00 élèves. Les espaces extérieurs environnants sont soit des zones de circulation automobile ou piétonnière ouvertes au public, soit des cours privées closes. Les dimensions des cours intérieures sont variables : petits espaces rassurants pour les jeunes enfants ou grandes cours de travaux pratiques, jouxtant des ateliers. Les possibilités de variantes à partir de ces trois modèles de base sont évidemment nombreuses (systèmes en ligne courbe ou en angle, systèmes réticulaires à noyau central (fig. 27), etc.) Les avantages et les inconvénients de chacune des solutions doivent être étudiés en fonction du site et de la structure urbaine avoisinante. L’expérience semble indiquer toutefois que les architectes, les planificateurs, les administrateurs et les enseignants s’accordent généralement à penser que les grands centres spécialement construits pour servir de centres socio-éducatifs (quel que soit le parti adopté) ne correspondent pas suffisamment bien à leur vocation d’équipement ouvert à la population. Bâtiments et autres équipements 1 . Unité centrale 2. G r a n d e 9118 polyvalente restaurant 3. Uniré sportive 4. Centre d e loisir et communautaire 5. Jardin scolaire 6. S c è n e d e plein air 7. Garage - FIG.21 a et h. Ccnlre éducatif et communautaire de Zwickau (République démocratique allsmandc). Sorwce: [op. cif., 31. 87 Bâtiments et autres équipements Biblio munic FIG.22.Centre d’accueil et d’orientationDana Whitmer, Pontiac (Michiganj: plan de situation.Source: Urban Design Associales, Pittsburgh, Pa. 38 Bâtiments et autres équipements Centre d’éducation Gymnase Vestiaires publics Orientation des parents: Ensemble i Réfectoire des enseignants Restaurant ouvert au public Cafété;ia Mairie 1 Thédtre Rue piétonnière FIG. 23. Centre d’accueil et d’organisation Dana Whitmor, Pontiac, Michigan : maquette et principales fonctions. Source: Urban Design Associates,Pittsburgh,Pa. 89 Bâtiments et autres équipements . ai 4- 7 ai 8 a, a U M 3 M U c U V U .O - -0 -w 8? U 7 Y -a, al 3 5 ,ai U O . n m rn W .L - U O U c U - 1 O -I .-O> rn > I- a w a m (L V w .L - E c t Y . ) .U - 7 al O U -Lu ai - O> . -W W F c lu a, m LLI 90 91 N Bâtiments et autres Cquipements Bâtiments et autres équiprments .... FIG.26 a, h. Prototype de centre socio-éducatif(URSS).U) Plan du lez-de-chausséc;6)Prcrnier Ctagc du hiiliment central.Sor/i.ce: [op.ci/.,31. 92 Bâtiments et autres équipements Bâtiments et autres équipements FIG. 28.Utilisation des ressources communautaires pour l’éducation. L’avenue Benjamin-Franklin, à Philadelphie, Pa., le long de laquelle se trouvent l’hôtel de ville, des musées, des bibliothèques et des bureaux qui servent d’espaces d’enseignemenl pour le programme Parkway.Les possibilités d’accès ii des lieux et à des matériels que la communauté a données aux élèves dans IC cadre dc ce programme sont uniques au monde et n’auraient été à la portée d’aucun budget scolaire. Source: [op.cit., 12, p. 731. Les problèmes de coordination des services se posent différerninent quand on réemploie des structures urbaines existantes au lieu de construire de nouveaux centres. L’un des moyens de résoudre le plus radicalement la question des batiments est de recourir presque exclusivement aux ressources qu’offre la commu94 nauté en matière d’éducation. Pour 1’« école sans mur D, le ((Programme Parkway >) ou les ((échanges de connaissances », on peut utiliser des bâtiments scolaires abritant le strict minimum d’éléments folictioiinels clés:bureaux administratifs,zones d’échange et de communication, quelques classes, une bibliothèque et une mediathèque [Il] .Lerecours 5 cet autre système d’enseignement suppose, toutefois, qu’il existe un large éventail de possibilités d’enseignement sous-employées,une volonté de coopérer de la part des organismes privés et publics et des élèves possédant une certaine maturité du point de vue de l’âge, de l’indépendance et de la motivation. Ce modèle s’estimplanté comme nouveau système d’éducation en Australie, au Royaume-Uni et aux États-Unis d’Amérique,où les ((systèmes d’unités de valeur )) permettent d’utiliser beaucoup plus souplement que les systèmes d’examens de fin d’études contrôlabIes et comparables (France, RépubIique fédérale d’Allemagne) les possibilités d’études extrêmement variées que recèlent les zones urbaines. E n dépit des possibilités de choix plus grandes qu’il offre, le recours aux ressources de la communauté pour l’enseignement est le système qui exige le moins d’investissements et d’espace et il ne se trouve limité que par l’épuisementou l’insuffisancedes ressources. Les véritables obstacles à une généralisation de ce systèmedans les régimes les plus centralisés,en dehors des questions de transport, de localisation el:d’accès qui sont loin d’être négligeables,tiennent aux procédures de décision sectorielles, aux lois et régleinentations, aux obligttions statutaires des établissements scolaires,aux réglementations en matière d’assurance et aux accords conventionnels avec les syndicats. Dans le cadre du Progranirne Benjaniin Franklin Parkway (fig.281, la moitié des matières inscrites au programme sont enseignées par des spécialistes des organisations communautaires: ((D e s architectes initient nos élèves à l’architecture,des membres du personnel hospitalier les forment en vue des carrières médicales, des hommes d’affaires les préparent à des postes d’employés de bureau ou a des postes de direction. Des cours concernant les beaux-arts sont organisés dans les locaux de l’Art Museum de Philadelphie. Nous avons des élèves de seize ans qui étudient les pratiques administratives à l’hôtel de ville, le droit auprès d’attorneys (qui cumulent les fonctions de notaire et d’avoué), la cuisine dans des restaurants. U n jeune qui veut s’initierà la mécanique automobile peut faire son apprentissage dans un garage de la ville;de même, celui qui souhaitc apprendre l’anthropologie peut suivre des cours dans l’unc dcs cinq Bâtiments et autres équipements grandes universités locales. U n élève ayant fait des études avancées de chimie pourrait effectuer des recherches dans une usine de produits pharmaceutiques de la ville. Les ressources de Philadelphie sont telles qu’aujourd’hui,nous offrons environ trois cents possibilités de ce genre aux 540 élèves inscrits à nos cours, ce qui permet à chacun d’eux d’individualiser entièrement ses études)) [12,p. 851. L’((école décloisonnée N (fig. 29)est de plus en plus populaire et a toutes les chances de devenir le modèle de l’avenir.Tirant les conclusions du phénomène de la désertion scolaire, de la diminution du nombre des élèves et de l’évolution de la démographie (voir le premier chapitre), elle répond aux besoins croissants d’espace de divers organismes, groupes d’usagers et services sociaux en leur ouvrant les locaux scolaires. En même temps,ce modèle répond,à certains égards, au ((désir d’unemeilleure insertion de l’enseignement) ) en faisantappel aux ressources qu’offrela communauté. D’une certaine manière,il offre tous les avantages des modèles précédents en en évitant les inconvénients. I1 n’est généralement pas suffisamment ample pour devenir aussi rigide et difficile à organiser que les grands équipements neufs; il n’épuise ni ne dépasse les ressources existantes et il augmente les possibilités de choix en matière d’études tout en apportant un soutien à d’autres services sociaux qui, en retour, fournissent des assises plus solides à l’éducation. C’est une coordination de ce type qui est proposée en Grèce (fig.29) où,dans le cadre de la rénovation des quartiers historiques de la ville d’Hermopolis,il est envisagé de favoriser l’instauration de nouvelles relations entre les unités culturelles (théâtres, bibliothèques), les institutions publiques et les associations professionnelles. ( (Le développement et la coordination des équipements éducatifs et leur installation dans les édifices intéressants de la ville constituent un objectif plus vaste. Si la communauté peut se rajeunir d’elle-même, grâce au progrès intellectuel et culturel de ses membres, le patrimoine architectural d’Hermopolis se trouvera encore valorisé [13, p. 781.B O n trouve d’autres exemples d’équipements de ce type aux États-Unis.C’est ainsi que i’écoie secondaire d ’ A m Arbor (Michigan), installée dans une ancienne école primaire, offre des services de protection infantile et d’éducation communautaire tout en faisant appel aux équipements éducatifs, sociaux et commerciaux de la ville [14]. Le système réticulaire (fig. 20) est le système le plus moderne employé pour relier les ressources existantes aux installations nouvelles. Tandis que les bâtiments anciens seront pour la plupart utilisés conformémentà leur vocation d’origine,les bâtiments nouveaux ou profondément rénovés pourront être conçus dans une perspective plus actuelle de polyvalence, en tenant compte de l’évolution des besoins des usagers. De même que pour l’école décloisonnée, on tire parti ici des avantages qu’offre la coordination tout en évitant les inconvénients qui pourraient découler de décisions ne tenant compte que d’un seul aspect des choses et conduisant à une forte centralisation des équipements ou, à l’inverse, à un épuisement des ressources. D e surcroît, on crée ainsi des liens nouveaux non seulement entre les équipements scolaires et communautaires, mais aussi entre les équipements communautaires eux-mêmes,amplifiant de ce fait les possibilités de coordination dans les domaines extrascolaires, ce qui profite indirectement aussi à l’enseignement. Une proposition qui a fait naître un grand enthousiasme pour ce type de plan est celle du Lowell Discovery Network réseau (de découverte de Lowell) (fig. 17) au Massachusetts,qui envisage de transformer une ancienne ville industrielle en un immense centre d’épanouissement de l’homme. Les urbanistes prévoient de relier par une série de cheminements les lieux d’activités formelles ou libres couverts et à ciel ouvert.Une ancienne usine sera transformée en centre d’enseignement, en ateliers et en laboratoires qui assureront la liaison entre les industries anciennes et les industries nouvelles de Lowell. Les églises, les lieux historiques, le dépôt du chemin de fer et même une ancienne prison seront utilisés pour l’instruction de tous les habitants ( (depuis l’enseignement de la protection maternelle et infantile jusqu’aux études universitaires de haut niveau)) [15]. Une deuxième proposition à laquelle il pourrait être donné suite dans un proche avenir est le projet de Crewe (Royaume-Uni). Dans les <{ Propositions pour Ludford Street D (fig. 19) il est prévu de réaménager entièrement une école (construite en 1930) pour qu’elle puisse accueillir 250 élèves et abriter des équipements communautaires locaux destinés aux jeunes mères, aux enfants d’âge préscolaire, aux jeunes et aux personnes âgées. Le site et celui d’une école primaire voisine seront remodelés et intégrés aux espaces libres disponibles dans la ville, et à l’habitatenvironnant. N A u fur et à mesure que les fonds seront disponibles, les installationsprovisoires actuelles seront remplacées successivement par une série de trois nouveaux bâtiments, envisagés comme un aménagement de I’environnement associé aux logements existants et au nouveau développement commercial du centre-ville. Chacun de ces nouveaux bâtiments comprendra, des 95 Bâtiments et autres équipements FIG.29. L’école ((décloisonnée >). Liens proposés entre l’école et les autres établissements socio-culturels i~ Hermopolis (Grèce). 2. Club - Bibliothèque municipale. 3. Théâtre. 4. Préfecture. 8. Club nautique. 9.Stademunicipal. 11. Écolecommerciale secondaire. 12. École secondaire de garçons. 13. École secondaire générale et technique de filles. 15. Bourse d u travail. 17. Centre éducatif en projet. Source: Unesco, Les bâtiments à w a g e scvlaire et communautaire: cinq études de cas. (Études et documents d’éducation, no 26, Paris, 1977, p. 78.) équipements qui permettront une utilisation plus étendue et commune des installations scolaires par la communauté. La répartition par centre des installations destinées à l’enseignement est conçue de façon à fournir des centres d’activités mixtes. Chaque centre sera équipé de façon à pouvoir être approprié à toute une série d’activités,de disciplines et de types d’espacc. Cela devrait permettre aux élèves de passer de longs laps de temps dans des centres individuels et de réduire ainsi la circulation entre les centres. Cela 96 offrira d’autre part l’avantage de permettre aux élèves dc se mêler les uns aux autres et de mêler les diverses disciplines et de donner une grande souplesse à l’usagefutur des centres)) [16]. Un système réticulaire à l’échelon d’une ville entière liant entre elles les ressources éducatives et celles de la communauté a été proposé pour deux villes des États-Unis:Ann Arbor,Michigan [17]et Hartford: Connecticut [IS]. Ici la tendance à préférer à la coordination des éléments matériels une coordination au niveau de l’organisation apparaît encore plus clairement. Bien qu’aucunde ces deux plans n’ait été entièrement réalisé, les projets d’équipements éducatifs, qu’il s’agisse de constructions neuves ou réemployées ou d’adjonctions, ont 6té grandement influencés tant au niveau de la conception qu’à celui de la construction, par l’existence d’un processus qui visait à coordonner l’ensemble des ressources urbaines. A Ann Arbor,le schéma directeur est radicalement différent de tout ce qu’on connaissait. Il ne s’agit nullement de définir dans le détail des implantations de population et d’immeubles,mais de mettre en place une infrastructure capable de s’adapterau changement et de suppléer à l’absence de prévisions précises. Cette infrastructure est considérée comme un réseau reliant plusieurs mini-systèmes qui font partie d’un système général (fig. 30). Le Board of Education est considéré comme un organisme de service qui, avec les autres organismes de service et les administrations locales, dessert les divers éléments du réseau. ((Le système scolaire n’est pas envisagé comme une juxtaposition d’établissements distincts mais comme une structure unique, aux dimensions du district, d’équipements et de programmes liés entre eux. D Les équipements locaux sont considérés comme des éléments d’uneinfrastructure matérielle et humaine qui est en relation dans le temps, dans l’espace et du point de vue des ressources avec chzque école et avec les programmes de celle-ci. ) )La vitalité de ces équipements locaux n’est qu’en partie matérielle;elle est aussi humaine et elle s’appuie donc sur une infrastructure de ressources humaines, c’est-à-direcomposée d’habitants spécialisés dans tel ou tel domaine, de parents, d’enseignants et d’élèves. >) Dans bien des cas, les équipements locaux sont, comme les écoles, propriétés d’organismes municipaux ou régionaux;c’est pourquoi le système scolaire conçu comme un réseau régional se trouve relié i d’autres organismes également conçus comme des réseaux [17,p. 541.>) Bâtiments et autres équipements : I Ii I I l i i‘ --A l j i ii j, 1 FIG.30. Mini-systèmes au sein du réseau éducatif à l’échelon de la ville d’Ann Arbor (Michigan). Source: Urban Design Associates, Pittsburgh, Pa. 97 Bâtiments et autres équipements .. . ........ . . FIG.31. Le centrc du quartier Mack k A n n Arbor,Micliigan:plan dc situation. 1. Extension k double usage scolaire et communaiitaire. 2. Bâtiment existant, essentiellement k usage communautaire et social. 3. Nouveau ccntre récréatif. S o ~ ~ r c eUrban : Design Associates, Pittsburgh,Pa. 98 Bâtiments et autres équipements Ainsi, la piscine qui jouxte le Centre du quartier Mack et qui est le résultat d’une coordination polyvalente des points de vue financier et de I’organisation (fig. 31) ne dessert pas seulement le voisinage immédiat, mais aussi toute la ville d’Ann Arbor. La volonté d’envisager la planification comme un processus est également une caractéristique du plan de Hardford, pour lequel l’acquisition des connaissances est considérée comme un effort collectif à l’échelon de la commuiiauté auquel participent des gens de tous âges et de toutes qualifications, aussi bien en tant qu’élèves qu’en tant qu’enseignants,et l’école comme ( (le pôle d’activité de chaque quartier et de chaque communauté >) [18]. Bien qu’on ne puisse pas dire que l’opération à l’échelle d’une ville tout entière soit,dans tous les cas, le résultat direct de projets antérieurs (l’opérationpour le grand Hartford, par exemple, a démarré en même temps que la construction de certains des grands centres d’Atlanta, d’Arlington,de Baltimore et de Pontiac), il est indéniable que les grands projets intégrés plus anciens ont profondément influencé les processus d’élaboration et de coordination adoptés plus tard pour d’autres programme?. Ainsi, les formules employées à Ann Arbor et à Gananda ont résulté directement de l’expérience de Pontiac [19]. Les propositions de Crewe émanent en partie du groupe qui avait déjà été pris comme consultant pour le Centre Abraham Moss de Manchester [16]. Le réemploi à BerlinOuest de bâtiments existants pour abriter de nouveaux centres d’enseignement secondaire reprend les expériences faites dans treize centres scolaires moyens ouverts à la communauté [7].Toutefois, on ne trouve nulle part d’exempled’utilisationdélibérée de modèles de recherche plus anciens (en ce qui concerne, par exemple,l’influencede l’intégrationdes locaux sur les rapports entre les divers partenaires). C e fait vaut particulièrement d’être noté si l’on songe à I’importance des crédits publics qui ont été consacrés à ces équipements, à l’intérêt permanent qui se manifeste pour la coordination organisationnelle et matérielle (encore qu’àune échelle différente) et au remarquable succès de quelques-uns(au demeurant peu nombreux) des modèles plus anciens. Spéctficationsde progrumtne concernant les constructions et uvutituges découlant des &@?rents types d’ussociation C’est dans une certaine mesure que nous avons posé, dans le chapitre précédent, les questions intéressant les différents types d’association envisageables et les possibilités qu’elles recèlent et que nous y avons répondu. Dans le présent chapitre, nous analyserons plus en détail les incidences de quatre types d’association sur l’urbanismeet la conception architecturale. C’est la volonté d’intégration des écoles et des services sociaux qui est Sans doute le caractère marquant de la plupart des formules ( (novatrices ) ) d’association de ces dix dernières années. Nous avons traité dans les chapitres précédents de ce qu’on attend sur le plan éducatif et socio-économiquede la coordination et de l’intégration matérielle des services et analysé les types de services qui existent ou qu’il est possible de mettre en place aux différents niveaux de population. Nous n’étudierons donc ici que quelques points intéressant la localisation, les moyens d’accès et la proximité des divers groupes de participants. En premier lieu, qu’il s’agisse d’installations neuves ou rénovées, grandes ou petites, on a généralement tendance à situer les zones communales entièrement (ou le plus possible) au rez-de-chausséeprès de l’entrée ou à les regrouper verticalement autour d’un hall ou d’une cage d’escalier.En second lieu, les voies de circulation visent souvent à être des liens tangibles entre les activités scolaires et communautaires, à permettre une continuité de contact, à être un moyen plus animé et attrayant d’orientation et de rapport. Enfin, selon le type de service, une relation étroite peut représenter un avantage mutuel alors que, dans certains cas, elle peut être peu souhaitable ou même fâcheuse.II paraît donc juste de séparer, par exemple, les services sociaux ((durs ) ) (services de libération conditionnelle, agence pour l’emploi) du bâtiment scolaire principal (ainsi, à l’école secondaire de la communauté de Paul Laurence Dunbar, ces bureaux occupent au rez-de-chausséeun espace relativement séparé du reste de l’école) [il]. L’intégration matérielle et la coordination des écoles,des parcs et des installations de loisirs est l’une des combinaisons les plus courantes, étant donné la compatibilité des intérêts et des emplois qui ont permis aux administrations compétentes respectives, dans bien des cas, de nouer de longue date entre elles des liens étroits. L’utilisation des espaces scolaires, des classes et des installations sportives à des fins récréatives ainsi que des parcs et des sites sauvages à des fins éducatives est une pratique éducative normale dans la plupart des pays industrialisés. I1 serait néanmoins urgent d’améliorerle nombre et la qualité de ces liens. Quelques-unsdes principes énoncés pour l’édification de sites scolaires à proximité des parcs urbains de manière qu’ils servent de salles de classe pour l’éducation relative à l’environnement à Ann Arbor, Michigan (fig. 32) pourraient être l’amorce d’une 99 Bâtiments et autres équipements - __~__ S e fondre avec les zones naturelles --Zone-tampon-c Pas d e zone de jeu actif _ - Z o n e de récréation active proche de i'éciie - - ~ . Prhrver, dans la ~ mesure~d u porrible, IK. arbres existants ~ ~ ~ Laboratoire de plein air ----A*!. _ -____--- g; .~ ...................... >.- en prévoyant u n e large zone d'absorption entre l'école et IC marais I Z o n e d'absorption des eaux d e ruissellement Habitat d e maraidétang . . . . . . . . . . . . . . . . Suivre les courbes rie niveau I _______I _-_______ C---L--_ ,Tûâti ment i scolaire inscrit dans ie relief exisiant Terrains . . . . . . . . . . . . . . . inscription au niveau le plus bas d u site , Inscrire le plan de masse danr la topographie Espaces constamment dans l'ombre, \-;%ouvent froids .< et humides - LK petites cours deviennent souvent der espaces inutiles et laids lorsqu'elles ne sont pas bien consuB. entretenues et utilisées Élément visuel dominant . . , . . I ... E n raison d e leurs dimensions. IK g y m n a m et IK auditoriums risquent d'écraser les batiments et équipements environnants Logements ---L-,-! . I I .,. Unité de plus faibles dimensions permettant a I'environnamcni naturel dc prddaminer Influence de I'khelle IJrie Lertaine partie . . ... .... dii ti6iirnml peu1 Aire koriér <lusiie principal CT iirlaptéc il la L confiquraiion du terrain,compte tenu da ion r;chelle st de % fonçlion FJG.32. Principes pour la conception dc bhtiments scolaires intégrés i I'cnvironncmcnt. Sorrrw: [op.ci/.,201. 100 - Bâtiments et autres équipements réflexion nouvelle sur la mise en place d’un équilibre plus harmonieux entre l’environnement naturel et le cadre bâti. Ce qui suit est probablement vrai de la plupart des sites scolaires: ( (O n ne s’estpas assez attaché à utiliser le cadre naturel pour donner l’idée du jeu créateur. Les possibilités d’activités ludiques sur une colline très boisée sont trop nombreuses pour qu’on les énumère et chaque vague successive d’élèvesy découvre souvent chaque jour des possibilités nouvelles. Il y a par conséquent lieu d’éviter le syndrome du jeu structuré imposé alors que tant d’occasions faisant davantage appel à l’imagination et à la créativité peuvent être expérimentées sur un site que la nature a enrichi [20].D Outre le fait qu’on fournit ainsi d’excellents lieux d’enseignement de plein air pour les sciences de la terre, les sciences physiques, les sciences botaniques et la conservation des ressources naturelles, les avantages financiers (meilleur rendement de l’impôt)[21]et ceux qu’entraîne,sur le plan social,la création d’une ressource communautaire de grande valeur utilisable toute l’année devraient rendre cette liaison presque obligatoire. Les équipements sportifs couverts et les installations de loisirs utilisés par l’écoleet par la population font partie des éléments à inscrire en priorité sur la liste des espaces partagés. Bien qu’il soit relativement simple d’en fixer le calendrier d’utilisation,puisqu’en périodes de pointe d’«ouverture au public », les demandes d’utilisation par l’école seront généralement peu nombreuses, une utilisation plus forte et plus irrégulière peut créer des problèmes, surtout en ce qui concerne les installations annexes telles que les dépôts et les vestiaires. Ainsi, l’intégrationmatérielle de l’école à l’habitat dans les zones résidentielles de faible densité se limite presque exclusivement aux écoles primaires (fig. 33) et ce n’est que dans les ensembles à plus forte densité que cette intégration peut porter sur les écoles primaires et secondaires (fig. 34). Le Collège d’enseignement général (école secondaire du premier cycle) d’Évry (France) est difficilement reconnaissable en tant que tel. O n trouve au rez-de-chausséede l’édifice scolaire des espaces ouverts à la population. D e s équipements polyvalents ont été intégrés au complexe. Des locaux d’activités artistiques et manuelles, des équipements sportifs ainsi que des laboratoires de sciences spécialisées sont situés près des équipements communautaires et sont conçus de manière à pouvoir être ouverts après les heures de classe et fermés séparément, ce qui permet un plus large choix d’activitésde loisirs (fig. 34). FIG.33. Intégration d’une école primaire à un ensemble de logements. Source: Upplands Vasby K o m m u n , (< Integrerade Service anlaggningar i Upplands Vasby ». Brochure établie par le Colloque OCDE K Collectivités équipements D, Suède, septembre 1976 [op.cif., 221. - FIG.34.Intégration d’équipements éducatifs à des ensembles résidentiels de forte densité dans la ville nouvelle d’Évry (France): intégration d’une école primaire et d’un complexe sportif dans un ensemble d’habitation. 101 Bâtiments et autres équipements Fro.35. Centre scolaire et de district de t’Kari-egat,Eindhoven (Pays-Bas):U) partilions intéressantesentre le passage et le café; h) espace ouvert au public avec éclairage par verrièrc; c) entrée du public: i droite, bar el salle de réunion;k gauche,activités sociales et loge du gardicn. ,Sorrvce: Van Klingerçn Architekten Werkgcmecnschap, Brochure du Ccntrc scolaire et de district de t’Karrcgat,Eindhoven (Pays-Bas),non datéc. 102 Bâiiments et autres équipements Dans I’UII et l’autre cas, des raisons de caractère social (plus grande proximité du domicile des parents et identification avec le quartier) aussi bien qu’économique (convertibilité à usage résidentiel, économie sur les coûts de la construction des sols,des plafonds et des fondations) ont beaucoup joué. I1 s’agissait, grâce à l’adoption de ce parti architectural,d’obtenir un ensemble résidentiel d’échelleplus humaine et plus diversifié. Dans une perspective plus ample,ces deux exemples s’inscrivent dans le courant de recherche d’un environnement d’une complexiti:mieux adaptée dans lequel les gens peuvent, s’ils le désirent, élargir le cadre de leurs intérêts et de leurs contacts sociaux. L’intégration matérielle des équipements scolaires et commerciaux est l’une des combinaisons les moins fréquentes et qui pose pîut-être le plus de problèmes en raison du caractère contradictoire des objectifs et des intérêts en jeu. O n constate pourtant que lorsque ces deux types d’équipements ont été réunis dans le même édifice (fig. 35, a-c) ou situés à proximité l’un de l’autre,il en a découlé un certain nombre d’avantages. L’école devient plus accessible et fait alors partie intégrante de la vie quotidienne de la population; les parents, les enseignants et les enfants se rencontrent plus fréquemment et il est plus facile de procéder à des échanges d’espaces(lorsque la population scolaire diminue ou s’accroît). En fait, l’école (notamment dans les nouveaux quartiers urbains) pourrait louer des espaces commerciaux sans prendre d’engagement sur la base de prévisions vagues jusqu’au moment où le développement du quartier permettrait d’en formuler de plus précises quant au volume de la population et à celui des besoins en matière d’éducation. En raison de la fréquentationassez élevée dont font l’objet les installations conlmerciales,il faut les situer à l’écartde l’écoleet leur prévoir un accès séparé. Les liens entre l’école et l’industrie n’existent généralement qu’au niveau des grandes classes. Déjà pratique courante dans les pays socialistes,cette liaison semble se développer depuis quelque temps dans des pays ayant d’autres régimes politiques: on en trouve un exemple en République fédérale d’Allemagne où, compte tenu des besoins en personnel des divers secteurs d’activités, on s’efforce actuellement de parvenir à des accords entre divers organismes (associations commerciales, artisanales, libérales, industrielles et syndicales) sur une réforme des pro grammes du deuxième cycle secondaire. Les pouvoirs publics ont intérêt à ce que l’industrie et ses organisations participent aux discussions relatives à la construction des équipements et à 1 ’éducation à ce niveau,mais le secteur privé marque quelque réticence à s’engager de façon permanente en la matière. Dans ce contexte, la question des équipements porte essentiellement sur la mise en place, en liaison avec l’école, à proximité immédiate de celle-ci ou faisant pleinement corps avec elle, d’ateliers qui seraient conçus, construits et pourvus en personnel par l’industrieprivée l. Parti architectural et considérations d’ordre fonctionnel Compte tenu du cadre de coopération mis en œuvre lors du travail de programmation entre les divers participants (voir deuxièmechapitre et fig.36) ainsi que des accords conclus en matière de propriété des locaux, d’administration et de fonctionnement,de financement et de besoins fonctionnels,c’est au concepteur qu’il appartient de traduire ces impératifs en solutions spatiales. Le processus de conception a essentiellementpour but d’aboutir à l’utilisation optimale des ressources disponibles, d’éliminer les contradictions entre les besoins et de satisfaire les préférencestout en respectant les contraintes de caractère économique, technique, juridique ou autre. Les éléments de bases utilisés lors du processus de conception résultent d’une identification des besoins. Jean Ader retienttrois façons d’identifier ces besoins. L’une d’elles consiste à partir d’un chiffre de population donné ou prévu généralement par les divers services responsables. Bien qu’il s’agisse d’une condition nécessaire pour la coordination et l’affectation des ressources, cette approche tend, dans une large mesure, à prédéterminer la solution,en prenant pour point de départ ce que les autorités considèrent nécessaire. O n peut dire de manière générale que les mesures prises de la sorte ne font pas exactement correspondre les besoins ( (réels ) )et ( (ressentis ) )de la communauté et qu’il faut, par conséquent, leur conserver assez de souplesse pour pouvoir procéder par la suite aux ajustements nécessaires, afin de tenir compte en particulier des besoins nouveaux et de ménager les possibilités de chevauchement qui se font souvent jour au cours du processus de coordination. 1. Aux États-Unis,le Gouvernement fédéral, responsable de la formation professionnelle, offre actuellement aux chambres patronales une subvention s’élevant à 80% des frais d’investissement afin de les inciter à faire des expéricnces pratiques dans diverses communautés. 2. Une analyse plus détaillée des différents modes d’établis(Programme sur la conssement des besoins figure dans: ( truction scolaire:essai de synthèse fondé sur une expérience internationale D. CoIleclivitd-É~juigement.r-Écalt.: I. Politiques et stratégies, par. 67-81,Paris, OCDE,1977. 103 Bâtiments et autres équipements ....... .. . . . F& ur;ion Publique .--L ~ . . . '... ... . . . ' .'Propmes ..... . 'Possibilités ,-. . . . .. , ' .: Réu"jLns-de.-- spéciale ....l'équipe ... ._ _ - - , :_..............,, :. ,I ... .. . .. . .. .. . .. . . . . . .. . . ...... --_-. .' ... . . . .... . ... ............ .... i Objectifs. ._.:' ................ . ..,.. ,' . , O .......... Formulation .... des diverses i solutions -!... .. . ................. punion @Qe de f du 9 ..............:!ICeD,. ' \ , ................. .. . . . .Choix de . ia.meiiieure : I .... ,;... , I Dossier de l'architecte ' : ,; 0 9 '.. ': 'solution . ... .... .. . ................. .., ..................... , . ' . '._ - /or, . ............... . . e . 'Perceptions individuelles ..-. ..* . Mise au point "..; de la meilleure j ..... solution ....... ":. 1 ....................... ! . ..... ...... ~ ; . . . . . ..................... . . . . . . Rassemblement .-; '.-. desdonnées .i .. . . . . . . . ! Constitution du comité directeur , I ;' *Définition --.. : des besoinsde --.__ la communauté * . Construction ou changement .. I . i Décisions de l'équipe spéciale ........ ....... .. . . . . .. ........... ................ , I .. . .... .. . ....... . . . . .. . . . , . . . . ... -.. ......... I .- .: . .. . ........... _.. .-_._. 0 . : ', , I \ Lancement des travaux FIG.36. Cycle de participation des usagers au processus de conception. L'autre façon, qui est la façon empirique ou scientifique, diffère de la première en ce qu'elle comprend des analyses plus précises et plus détaillées des demandes et des besoins concrets des usagers présents et futurs. La troisième, qui est l'approche participative, est un moyen de faire participer la population aux décisions intéressantla conception sous les diverses formes décrites au deuxième chapitre. Les figures 6 à 8, qui ont trait au processus de programmation utilise i Gananda, fournisscnt un exemple du type de processus structuré qui permet aux usagers de participer au travail de programmation I04 et de détermination des données fondamentales sur lesquelles reposera la conception. Les données dont il faut disposer pour le choix d'une conception se répartissent en six grandes catégories : a) types d'usagers, par exemple enfants, jeunes, adultes, personnes âgées, célibataires, petits groupes, grand groupes; b) types d'activités, par exemple lecture,écriture,discussion, théâtre,musique, sport, conférences, manifestations sociales; C) caractéristiques des lieux, par exemple leur longueur, leur largeur, leur hauteur, le fait qu'ils soient tranquilles,bruyants, ouverts,fermés, lumineux,sombres; Bâtiments et autres équipements 4 rapports fonctionnels entre les diverses destinations,par exemple écoles, centres de santé,protection infantile,programmes d’activitésde loisirs; e) emplois du temps, par exemple fréquence d’utilisation,matin, soirée,jour de semaine,week-end;f) autres contraintes, par exemple entreposage, chauffage, éclairage, accès et matériels. Afin d’arriver à une solution optimale qui tienne compte de tous les facteurs,le processus de conception doit être ouvert et cyclique, et procéder par étapes depuis les premières esquisses jusqu’aux détails techniques, avec de fréquentes séances de rétroinformation et de consultation entre tous les intéressés. C e processus est suffisamment lent pour permettre d’apporter des modifications au programme et au parti proposé avant qu’une solution définitive ne soit arrêtée pour le dossier d’appel d’offres (fig. 36). Des considérations particulières ont trait à la Donception des écoles ouvertes à la collectivité: il s’agit généralement d’adopter un parti suffisamment souple, permettant l’adaptation à des changements futurs en vue d’intégrer les équipements au tissu urbain et de tenir compte des besoins nouveaux nés de l’utilisation commune des espaces et des éléments connexes. Le type de processus de conception ouvert décrit plus haut ne constitue pas seulement la base des premières études ; c’est également une meilleure préparation à des changements ultérieurs. L’évolution des besoins, l’apparitionde demandes nouvelles et d’aspirations croissantes des usagers exigent une faculté d’adaptationrapide,tant en ce qui concerne les espaces que les modes d’organisation1.I1 est certain que des facteurs nouveaux apparaîtront; en fait, ils se manifestent souvent si rapidement qu’il faut apporter des modifications aux bâtiments avant même que ceux-ci ne soient achevés. I1 convient,à cet égard,de considérer les bâtiments moins comme le résultat définitif d’un ensemble d’activités déterminées que comme un élément dans un processus de changement et d’évolution qui se traduit par une modification des utilisations, des activités et des programmes à laquelle il doit lui-même se plier. 11 peut arriver que des espaces dont la destination était éducative soient alloués à des commerces ou transformés en logements ou que des services sociaux soient reconvertis en locaux scolaires ou administratifs. D’une certaine manière, cet impératif d’adaptabilité porte à croire qu’il n’est pas besoin d’accorder trop d’importance à la conception initiale et à la recherche d’une solution optimale puisqu’en fait, cette solution n’apparaît souvent que plus tard. C o m m e Oddie l’a signalé [22]: ((Heureusement, les difficultés qui se présentent, tant dans la conception initiale que dans les changements ultérieurs, sont atténuées de deux façons.En premier lieu,la rencontre entre les activités et les installations ne se situe pas au point d’intersection de deux lignes; la capacité qu’a l’être humain de s’adapter aux circonstances fait qu’elle ressemble plutôt à une tâche. En second lieu, on peut trouver suffisammentd’exemplesqui montrent que, si l’on cesse de pratiquer une activité,les installations qui l’accueillaient,ou même qui avaient été spécialement conçues pour elle, n’en deviennent pas inutilisables pour autant, mais peuvent toujours permettre d’autresactivités.D L’intégration à la ville des écoles communautaires implique une adaptation à l’échelle locale,une situation centrale et un accès facile aux transports publics, ainsi que l’ouverture de voies piétonnières pour obtenir un parcours ininterrompu de voies publiques et piétonnières. Ce dernier impératif procède de l’idéeselonlaquelleles voies piétonnières qui traversent le territoire scolaire et suivent les cheminements naturels offrent des occasions de contacts et d’interaction dont dépend souvent la fréquence de leur utilisation. L’avantage qu’offre une situation centrale et facile d’accès doit être jaugée en fonction des inconvénients que représentent sa rareté, son prix et ses moindres dimensions par rapport à une situation périphérique, où l’on peut disposer de plus d’espace pour les zones de loisirs et où les problèmes de bruit et de sécurité sont réduits au minimum. Pour être bien implantée ( (l’école doit probablement être située au cœur de la communauté qu’elle dessert ou, si cela est impossible, au moins en un point central et accessible par les transports publics [23]D. Le principe des espaces à destination commune peut certes s’appliquer à la plupart des éléments d’un équipement éducatif, mais il peut être préférable de prévoir des zones séparées auxquelles la population scolaire, d’une part, et la communauté, de l’autre, seront à même de s’identifier et qu’elles pourront considérer comme des espaces leur étant principalement, sinon exclusivement, réservés. Dans de nombreux cas, on a éprouvé une certaine crainte que l’intérêt des élèves n’ait à pâtir de la recherche d’un climat où le désir de se faire connaître et d’être ( (dans le vent ))prédominerait et où ils se verraient refuser la 1. Cette question est étudiée dans plusieurs publications, notamment dans Jean Ader, L’école ù options multiples. Incidences sur la constriiction, OCDE,Paris, 1975 et Pourvoir aux changements futurs. Adaptabilité et flexibilité dans la construction scolaire, OCDE,Paris,1976. 105 Bâtiments et autres équipements 1. Directrice 2. Mezzanine de la bibliothèque 3 et 5. Alvéoles d’étude (classe de 6e année) 4.Bibliothèque 6.Premier étage 7.Entrée de la bibliothèque des enfants 8. Salle de travail 9. Bibliothèque des enfants 10. Bibliothécaire 1 1 , Bibliothèque scolaire 12. Bibliothèque de prêt 13. Bibliotheque de référence 14.Accés couvert 15. Hall 16. Salle du personne! 17. Rez-de-chaussée 18.Bibliothécaire 19. Orientation professionnelle 20 et 21.Toilettes du personnel 6 7 ’17 @ 10 O 10 20 30pieds FIG.37. Utilisation commune de l’espace a Wyndham, Egremont (Royaume-Uni). Source: [op. d., 231. 106 protection et la tranquillité nécessaires à leur épanouissement. Tel est, en fait, rarement le cas. Selon une étude (voir aussi fig. 37): ((Tout en mettant fin 2 l’isolementde l’écolepar rapport au monde extérieur, Wyndham offre un environnement parfaitement rassurant et normal à ses éléves qui restent totalement ignorants des activités plus larges de l’école hormis celles auxquelles ils participent eux-mêmes. En revanche, les gens ne considèrent pas Wyndham comme une école. Ils disent: ‘Nousallons au Centre’ [23,p. 231.)) A l’école, l’appropriation de locaux particuliers peut se faire grâce au système des ( (maisons D [Il]. I1 pourra être nécessaire de prévoir des bureaux, des salles de réunions, des entrées et des dépôts à l’usage de la communauté. La figure 38 montre comment il est possible d’organiser des chevauchements de manière à garantir de six heures du matin à minuit une utilisation optimale des espaces des différents éléments d’un bâtiment à usage mixte (école et communauté). Certains types d’équipements, tels que les locaux sportifs, les locaux d’expression artistique et de travaux manuels ou les ateliers, doivent être regroupés en une même zone afin que leur utilisation soit souple et leur fonctionnement économique. Le pian doit donc permettre des déplacements Faciles et rapides d’une de ces zones à une autre. I1 faut donc, lorsqu’ilest possible de partager les espaces,le matériel ou le personnel,que ces zones soient contiguës. Les réfectoires sont très intéressants en tant qu’espaces polyvalents. Entre les repas,on peut y servir des collations ou y réunir de petits groupes de discussion. A ce point de vue, les petites salles dispersées sont préférables aux grands réfectoires centraux. Au Centre Abraham Moss, les réfectoires sont même d’ampleurassez réduite pour pouvoir servir à I’occasion à l’enseignement ou à d’autres usages [5]. Les détails et les éléments techniques doivent être prévus pour un haut degré d’utilisation et pour des groupes d’usagers nouveaux qui n’ont pas l’obligation d’assister A des cours et à des programmes dans des conditions identiques à celles des élèves: (< ... Les services offerts doivent être bien conçus et, a la fois, répondre aux exigences du moment et tenter de faire naître de nouveaux intérêts. Les problèmes de l’apathie et du vandalisme, auxquels les bâtiments publics semblent particulièrement en butte dans les villes, ne peuvent être surmontés par un esprit de condescendance missionnaire se traduisant par un environnement mesquin et médiocre. Pour que les équipements soient acceptés et respectés, il faut que les responsables de leur mise en place tiennent pleinement compte de I’imagc que les gens se font eux- Bâtiments et autres équipements mêmes de leurs besoins et qu’ils soient aussi capables, grâce à l’avis de professionnels,de faire en sorte que la population locale prenne plus largement et plus justement conscience de toutes les possibilités qui lui sont offertes. I1 faut aussi que la qualité des équipements qui doivent au moins soutenir la comparaison avec ce qui existe SUI’le marché traduise un sentiment de respect à l’égard de l’usager [24].N Certains éléments du complexe peuvent être conçus de manière à être utilisables et accessibles séparément à différents moments de la journée (fig. 38). Les zones d’activités sociales doivent être équipées de manière qu’on puisse y fumer,y vendre de la nourriture,etc., et disposer d’accès distincts commodes pour le public. I1 est souvent pratique de prévoir des espaces de travail individuel, des toilettes et des rangements séparés, ce qui facilite encore le partage des installations. Le concepteur ne doit pas oublier que les installations devront faire l’objet d’un taux d’utilisation accru mais dont l’intensité est imprévisible; elles seront en service durant un nombre d’heures beau- coup plus grand au cours de l’année et les gens qui en feront usage seront probablement moins surveillés. I1 faut d’autant plus, dans ces conditions, employer des matériaux plus durables, faciles à entretenir et à nettoyer ou peu coûteux à remplacer. Des parkings, des mains courantes, des rampes, des ascenseurs et autres équipements spéciaux doivent être prévus pour les personnes âgées et les handicapés. (< ... Veiller à ce que le matériel audio-visuelet les livres puissent facilement être emportés de la bibliothèque dans d’autres parties du bâtiment ou du réseau est essentiel si l’on veut tirer tous les avantages d’une utilisation partagée. Pour que la bibliothèque puisse réellement servir de médiathèque, il faut que l’on puisse transporter rapidement et facilement à l’aide de chariots des matériels d’enseignement rassemblés dans la bibliothèque vers d’autres points du centre [S,p. 121.>) 11 en va de même pour la distribution des aliments vers les petits réfectoires,les snack-barsou les cafétérias disséminés dans les locaux. 1. L’italique est le lait de l’auteur du présent ouvrage. Écoie A Écoie B Écoie c :lasses et aboratoires lactylographie Vusique Arts ménagers 16 h Arts plastiques Arts industriels Auditorium 4rts appliqués Salle de jeux :antine et foyer Srand gymnase A Grand gymnase B Petit gymnase A Petit gymnase B III -icoie potentielle Activité scolaire 1. FIG.38. École secondaire du premier cycle et centre communautaire Thomas Jefferson. Utilisation des espaces. Source: George Skiadaressis. c Educational facilities and the community, Metropolitan areas of Washington, D.C.and Baltimore, M.C.M d (Compte rendu de recherche, Unesco, 1975,p. 121,non publié.) 107 21 h Bâtiments et autres équipements Lu réutilisation des bûtiments exi,stunts Si,dans certains pays, les programmes novateurs sont presque toujours réalisés dans des édifices neufs construits dans une optique précise (République fédérale d’Allemagne,États-Unisd’Amérique,France, Suède), dans d’autres,la solution traditionnelle a été d’adapter des bâtiments anciens ou sous-utilisésà des fins nouvelles (Australie, Royaume-Uni). I1 est toutefois impossible de déterminer à quelle catégorie doivent appartenir les locaux dont l’utilisation serait la plus avantageuse pour des activités éducatives et communautaires.Le Swinburne Community College, qui est une annexe de la Swinburne Technical School, par exemple,c ... est installé dans une église anglicane qui est utilisée également par d’autres groupes... L’immeuble contigu est un ancien théâtre dont le hall sert de salle de sports. Dans l’immeuble suivant, occupé précédemment par une entreprise de pompes funèbres, se trouve une salle consacrée à l’enseignement des arts plastiques. Pour ses principaux équipements spécialisés,l’écolecherche à s’installer en dehors de son propre ensemble de bâtiments [25]D. Les écoles existantes ou des immeubles plus anciens qui ne peuvent plus servir à leur destination d’origine occupent souvent une situation centrale et constituent un point de départ idéal pour des installations socioéducatives. O n a ainsi transformé en écoles communautaires des immeubles de banques, des églises, des cinémas, des usines, des entreprises de pompes funèbres, des résidences privées, des gares, des mairies et des entrepôts. Parmi les nombreux exemples intéressants de transformation de ce genre,citons celui du Fairmount Theatre, un ancien cinéma du quartier du Bronx, à New York.Son balcon a été transformé en centre de sciences naturelles et d’étudedu patrimoine ethnique à usage scolaire et communautaire. L’idée d’organiser un espace qui ne soit pas une classe, sur différents niveaux, entrecoupé de petits amphithéâtres servant 2ux conférences et à des projections de diapositives, s’est traduite sur le plan architectural par la reconstitution de quartiers ethniques africain et portoricain, ainsi que d’environnementssous-marinset par la mise en place d’un planétarium. Parfois, des concepts nouveaux s’inscrivent facilement dans des structures existantes; tel est le cas de Salamanca Place, a Hobart (Australie) où des ateliers, des bureaux et d’autres services communautaires ont été regroupés autour d’unespace libre,sorte de grande place couverte, dans un ancien cntrepôt aux murs de grès construit dans le style du X V I I siècle ~ anglais [9]. I08 Dans d’autres cas,on peut avoir A effectuer des modifications majeures comme à Hermopolis (Grèce) [26] où il existe aussi un ( (autre désavantage fondamental: les possibilités d’aménagement de l’espace en vue d’utilisations nouvellcs sont limitées. C’est une question de structure; en effet, les murs de pierre et les planchers en bois ne permettent guère de transformations [26].) ) L’insuffisance de l’éclairement naturel et I’inipossibilité de modifier la disposition des pièces sont d’autres raisons pour lesquelles certains pians de conversion ont dû être abandonnés [25]. Lorsqu’ilfaut installer des écoles communautaires dans des immeubles existants qui sont généralement assez anciens, et dont les budgets de fonctionnement sont squelettiques, l’aménagement peut souvent se faire au coup par coup,de façon simple et provisoire. Les normes précises d’espace de plancher ou au sol par élève doivent alors être abandonnées ou revues de manière à permettre un ajustement acceptable a l’espace existant. Le fait que ce soit ces bâtiments réaménagés qui ont rendu possible les combinaisons d’activités les plus novatrices donnerait à penser que la meilleure façon de créer des écoles communautaires est de laisser l’utilisateur adapter les espaces à son usage plutôt que de demander a l’architecte de réaliser un stricte équilibre entre les besoins fonctionnels et les espaces disponibles. Les zones rurales dans les pays en développement :concevoir pour construire soi-même Dans les régions rurales des pays en développement, les solutions adoptées pour la conception et la construction des écoles rurales et des équipements communautaires sont très diverses. Tous les types de construction semblent possibles, le choix allant, sans solution de continuité,du modèle le plus avancé du point de vue des normes architecturales et des techniques de construction jusqu’à l’installation construite par la population locale sans apport ((professionnel>) au sens traditionnel du terme. U n grand nombre des principes qui ont été examinés dans la section précédente sont applicables à certains des programmes les plus importants et les plus complets des pays en développement. Toutefois, ceux qui concernent l’organisation des espaces (fig. 20), I’établissement des besoins ci le cycle de participation des usagers (fig. 36) ne sont applicables que dans les pays Bâtiments et autres équipements industrialisés. En Colombie, à Cuba, au Mexique, en République-Unie de Tanzanie et dans d’autres endroits, il existe des écoles communautaires et des centres de production qui ont une ampleur considérable et qui sont très élaborés du point de vue architectural (fig. 46 et 47). Compte tenu,toutefois,du nombre d’écoles nécessaires en milieu rural et des ressources dont on dispose dans la plupart des pays en développement,la construction d’équipements soulève une autre série de problèmes, à savoir ceux de la capacité de la communauté de participer à des projets qui impliqueront un effort personnel de sa part, du recours aux traditions et aux contributions locales,des prototypes de pians et des systèmes de construction, de la construction en tant que processus éducatif et des critères fonctionnels ainsi que ceux de communication et d’orientation. Construire en s’appuyantsur les traditions locules et avec des concours locaux II existe dans certains pays en développement une solide tradition de participation de la collectivité à la fourniture des terrains et bâtiments scolaires.Ainsi, en Afrique, selon El Jack [27],la participation active de la population à la construction des écolesest devenue la règle et les communautés ne supportent plus d’attendre pendant de longues périodes que l’action des pouvoirs publics se répercute jusqu’à elles. En participant à l’effort de construction, les membres de ces communautés deviennent des partenaires. En Afrique, le concours que l’on sollicite présentement des communautés locales procède de très anciennes traditions. Bergmann et Bude, dans l’étude qu’ils ont consacrée à un pays d’Afrique centrale, remarquent: ((Que les écoles soient administrées par les pouvoirs publics ou par des organismes bénévoles, il est toujours demandé à la communauté sur le territoire de laquelle cette école est implantée de participer aux coûts de l’éducation.La plupart du temps, cette contribution a servi à la construction de classes et à l’entretien de l’école. Dans 77% des écoles de l’échantillon, la population a commencé (18 %)ou achevé (59%) la construction d’une ou plusieurs classes au cours des deux dernières années. Les contributions pour l’entretienet les travaux de réparation des écoles prennent diverses formes: 75% des communautés ont fourni des contributions financières, 68% des prestations en main-d’œuvre, 44% des matériaux de construction importés et/ou locaux, 5% du mobilier scolaire et 9% d’autres types de contributions. I1 n’estpas rare que l’on demande aux parents, avant d’admettreleur enfant pour la première fois à l’école,d’apporter le banc sur lequel il s’assiéra. En outre, ils fournissent le plus souvent les outils agricoles les plus courants - le coupe-coupe et la houe. Les communautés dans lesquelles il existe une école primaire complète ont généralement tendance à limiter leurs contributions à des collectes d’argent. Plus la communauté compte de membres et plus son intégration politique et culturelle est précaire, plus le recours aux corvées est difficile.L’égalité des contributions est également plus malaisée à contrôler et à appliquer, et plus les groupes ayant leurs propres autorités élues seront différents sur le plan ethnique, plus ils se querelleront au sujet de ces contributions. C’est ce qui se produit dans un grand nombre de zones urbaines et semi-urbaines[28].)) Dans d’autres cas,toutefois,la participation de la population à la construction des écoles s’est ralentie à mesure que les programmes de construction scolaire de l’État progressaient : (< Autrefois à la campagne, la construction des écoles par les populations rurales était chose courante, mais avec l’indépendance,... les gouvernements, dans leur hâte à instaurer I’enseignement universel, ont pris en main la construction des établissements scolaires. Avec le recul, on peut dire qu’ils’agissaitsouvent,étant donné les ressources humaines et matérielles, d’une décision regrettable, qui eut pour conséquence de retarder l’exécution des programmes de construction [29].)) Aujourd’hui, amener les communautés rurales à participer à la construction de leurs propres écoles se révèle une entreprise difficile en Asie.La construction d’équipements éducatifs est soumise depuis trop longtemps aux normes et aux principes de conception définis par l’État. Bien qu’ilsoit largement admis que les programmes publics ne prévoyant pas de participation de la population à la détermination des plans intéressant I’éducation risquent d’échouer pour des raisons sociales autant qu’économiques, l’application de ce principe est, en fait, souvent lente à démarrer. Les efforts sont souvent mal orientés et aboutissent à la construction d’installations de qualité très inférieure à celle fixée par les pouvoirs publics, ce qui oblige parfois ces derniers à réinvestir des sommes considérables pour amener des écoles déjà construites au niveau de qualité requis et provoque la déception des communautés participantes. 11 est donc essentiel de prévoir, dès le départ,en matière de technique et de gestion,un encadrement adéquat qui viendra renforcer les efforts consentis par la population. Même dans les cas où les possibilités offertes par le secteur traditionnel de la construction sont progressivement admises et où il a été procédé à des inventaires 109 Bâtiments et autres équipements complets des techniques de construction traditionnclles, il advient que soit négligée l’aptitude de ce secteur à offrir des solutions sociales et économiques parce que la plupart des projets nationaux de développement continuent à s’inspirer de techniques de construction ( (modernes ) ) . Nimpuno fait observer que bien qu’en République-Unie de Tanzanie ( (la construction rurale ait presque toujours fait appel i des techniques traditionnelles et représente plus de 70% du total du volume construit dans le pays...,on ne s’efforcepas de développer et d’améliorer ce secteur important lorsqu’il s’agit des établissements d’éducation;au contraire,on veut complètement ignorer ce secteur. Dans le meilleur des cas, on l’accepte comme solution de deuxième ou de troisième catégorie uniquement lorsque l’emploi de la technologie occidentale revient trop cher [30,p. 1961.)) TI faut absolument utiliser les matériaux locaux lorsqu’on envisage de solliciter la participation de la population locale. O n entend ici par matériaux locaux tous matériaux disponibles, qu’il s’agisse de bois ou d’acier,de briques de terre ou briques cuites,de feuilles de palmier ou de tôle ondulée.Tout prouve que l’acceptation ou le rejet par la population d’un bâtiment socio-éducatifsera fonction de la façon dont il sera construit. ( (S i elle est construite avec des matériaux locaux, selon les techniques locales de construction et par la population elle-même,l’école sera bien accueillie par la communauté. II arrive que des centres communautaires en dur, mais imposés du dehors, restent inutilisés alors que d’autres,moins prétentieux, mais construits par les gens eux-mêmes seront utilisés à plein [31].>) L’essentiel, cependant, est de faire appel le plus possible aux ressources et aux compétences locales afin d’employer au mieux le peu d’argent disponible et de créer les conditions nécessaires pour que le bâtiment soit bien entretenu.I1 n’est pas rare que des matériaux et des techniques de construction d’origine locale soient employés parallèlement à des méthodes empruntées à d’autres pays. La construction à l’école deproductiondelaprovincede Veraguas (Panama) d’un dortoir pour les garçons en matériaux traditionnels (fig. 39) et du bureau du directeur en matériaux modernes est un exemple caractéristique en la matière. Dans d’autres cas, les techniques de construction traditionnelles sont mieux adaptées au climat que l’utilisation des produits modernes; au surplus, leur emploi a kgalement une nette incidence sur le marché du travail. Le Yémen est un exemple de pays où,pendant plus de 2 500 ans de civilisation urbaine ininterrompuc, I10 ont &té mis au point des modes de construction originaux qui ont atteint la plus hautc qualité. L’architecture paraît avoir été l’art le plus apprécié des Yéménites, même dans les villages les plus reculés [32]. FIG.39.Utilisation des matériaux de construction traditionnels et modernes dans une école centrale de production dans la province de Veraguas (Panama). Dortoir des garçons. Aujourd’hui,des écoles dites ((modernes >> (ossatures en béton armé, parpaings de ciment, portes et autres articles d’importation) sont construites grâce à l’assistance bilatérale étrangère. Force est de constater, lorsque l’on compare les solutions traditionnelles et modernes, non seulement la différence de qualité esthétique entre les deux types de construction,mais aussi la supériorité de la construction locale pour ce qui est de l’adaptation aux conditions climatiques, de la facilité d’entretien et de l’importance numérique de la main-d’œuvre qu’elle emploie: ((Par ignorance, manque d’imagination et mépris de la culture yéménite, ces architectes et ces ingénieurs ont construit des bâtiments complètement inadaptés au climat,au milieu culturelet aux conditions économiques de la République arabe du Yémen ... Les Yéménites ont mis un certain temps à se rendre compte qu’ils avaient été floués et qu’en fait, ces édifices voyants, aux couleurs trop vives et aux formes bizarres se fissuraient rapidement et perdaient vite leur peinture et leur revêtement de ciment. D’autre part, ces bâtiments neufs étaient froids en hiver et chauds en été. Qui plus est, cette mode aurait pu avoir un effet désastreux SUT l’économie.En décourageant les gens d’employer les méthodes de construction traditionnelles et les matériaux locaux, les partisans de cette architecture dite ((moderne ))étaient en fait Bâtiments et autres équipements en train de ravaler des ouvriers qualifiés au rang de simples manœuvres [32,annexe XII,p. 1 et 21.) ) Le Centre de développement rural de Natagaima (Colombie) illustre ce retour à la construction traditionnelle.Pour la première tranche,on avait fait appel à un mode de construction moderne.Ayant été admis qu’il serait trop coûteux d’appliquer les mêmes méthodes pour une extension de la première tranche, on a construit, au titre de la deuxième tranche du projet, des classes à l’aide de matériaux locaux el d’une technique de construction locale modifiée (fig.40 et 41).Une fois surmontée la méfiance suscitée par ce «pas en arrière)), les maîtres et les élèves ont trouvé les huttes individuelles au toit de chaume plus fraîches et plus agréables du point de vue de l’acoustique que les classes modernes en briques et tôles d’aluminium. De par leur forme circulaire,les classes permettaient aussi une disposition plus libre des chaises et des tables, ce qui facilitait l’emploi des méihodes d’enseignement moderne. En revanche, pour les ateliers et d’autres activités,les bâtiments de briques ont paru préférables. La Population a naturellement eu connaissance de cette expérience et, après avoir pris un peu de temps à se faire à l’idéeque les méthodes anciennes pouvaient, en fait,se révéler supérieuresaux nouvelles,un chantier expérimental a été ouvert sur le terrain de l’écolepour étudier la possibilité d’employer les méthodes de construction traditionnelles améliorées pour bâtir des logements. D e manière générale,l’industriede la construction traditionnelle semble efficace à maints égards. Elle sait fournir des abris correspondant aux conditions climatiques locales. Lorsqu’elle choisit de construire des murs en pisé, de briques de terre, ou de pierres équarries,des structures légères de bois ou de roseau, c’est généralement en fonction des matériaux disponibles et du climat. Certains types de constructions sont de très haute qualité;d’autrespourraient être améliorés,mais dans l’ensemble,l’éventail des solutions offertes est très large. C’est seulement en matière de toiture et d’installations sanitaires que les méthodes traditionnelles sont souvent défectueuses. Or ce sont les deux éJéments les plus coûteux. Combiner l’emploi de matériaux et de méthodes d’originelocale avec celui d’élémentsou de techniques modernes peut donc élargir et améliorer le champ des possibilités en matière de construction d’édifices scolaires et communautaires. Au Pérou,par exemple,a été mis au point un moyen d’allier les matériaux locaux et importés pour les constructions scolaires. Après l’assemblage sur place d’une ossature préfabriquée légère en acier, couverte d’un toit d’aluminium, la population s’est chargée de la construction des murs et des cloisons ainsi que des travaux de menuiserie [33]. FIG.40.Rctour aux modes de construction traditionnels au Centre de développement rural de Natagaima (Colombie): construction traditionnelle anicliorée. FIG. 41.L’environnement dans lequel on préfère maintenant enseigner. A u Bangladesh,on a enrobé le jute local de résines plastiques afin d’obtenir un panneau moins onéreux et plus stable pour le toit et les murs de l’école[34]. En Iran,on a constaté que la façon la plus rapide de créer des espaces scolaires était de faire appel à la maçonnerie traditionnelle. Maintenant que des portes et des fenêtres améliorées ainsi que des poutres à Bâtiments et autres équipements grande portée ont été mises au point, ce pays a pu construire des prototypes de bâtiments scolaires où les aires de circulation servent aussi pour des activités éducatives [34,p. 7 et 81. Pour les édifices publics des villages de la région de Dodoma (République-Uniede Tanzanie), on a obtenu des toits de grande portée en utilisant des charpentes traditionnelles et de la tôle d’acier.Les sols sont soit en terre battue, soit cimentés.I1 existe encore dans la région des.bâtiments de ce type ayant cinquante ans d’âge. Ce mode de construction présente un certain nombre d’avantages. I1 ne fait appel qu’à très peu de matériaux importés.I1 permet, en outre,d’obtenir des bâtiments relativement grands en recourant à l’effort de chacun - ce qui favorise manifestement l’identification de la population avec le bâtiment. Mais le plus important est le coût des bâtiments. Alors que les améliorations dont il a été fait état plus haut portent souvent le coût à un niveau proche de la limite des moyens financiers de la population, l’effort collectif en revanche réduit les frais de main-d’œuvre. Toutefois, le recours aux ressources locales s’accompagne d’un certain nombre d’inconvénients: souvent, il ne répond pas au désir de la collectivité de ((faire mieux ))pour leurs enfants.En milieu rural, les écoles primaires reflètent parfois trop visiblement les conditions d’extrême pauvreté locales pour constituer un symbole de progrès et de développement. I1 faut donc trouver un compromis entre une construction de type totalement étranger (ce qu’onrecherche le plus souvent pour les écoles secondaires) et les constructions de type local de moindre envergure. Inde Indonésie .....L . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ,.......... n u. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I_.-... I m I ran République démocratique populaire I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , lao Malaisie Népal Pakistan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Philippines Prototypes: plans et systèmes de construction O n peut se demander pour diverses raisons quelle est l’utilité des prototypes, en particulier lorsqu’il s’agit de centres scolaires et communautaires. Dans la plupart des pays en développement, le premier obstacle est l’absence d’un mécanisme qui permette de faire connaître ces plans types aux populations locales. De plus, ces pays souffrent d’une pénurie aiguë de main-d’axvre qualifiée capable de mettre en euvre et de surveiller une construction comportant des éléments d’origineétrangère.Enfin,les prototypes sont rarement à l’échelle du milieu environnant ou se marient difficilement avec les éléments locaux;il faut ajouter à cela que leur aspect extérieur est souvent neutre et inintéressant. Au total,la possibilité de voir s’établirdes relations dynamiques entre l’école et la population environnante s’en trouve grandement réduite. 112 ThaïI ande FIG. 42.Le ((paradoxe de l’uniformité »: plans d’écolesprimaires en Asie. Ces rapides esquisses (qui ne sont pas à l’échelle) représentent la vue en plan d’écoles primaires, généralement rurales, construites dans les pays énumérés. Le fait que les classes comprennent une rangée de cellules de mêmes dimensions dans un bâtiment unique tendrait à faire croire que le nombre d’enfantslogés dans chaque espace est le même, ce qui est rarement le cas, surtout en zone rurale. I1 serait facile de trouver des solutions architecturales qui éviteraient de gaspiller de l’argent en espaces inutiles. Source: Unesco, Bureau régional pour l’éducationen Asie. (< Educational building and facilitics in the Asian Region n, Bulletin d u Bureau régional de l’Unesco pour J’éducation cn Asie, no 17,juin 1976,p. 13. Bâtiments et autres équipements lai d) levage du toit. Source: [op.cit., 33, annexe p. 21 et 221. La meilleure preuve en est ce qu’on pourrait appeler le (< paradoxe de l’uniformité», à savoir qu’en dépit de la diversité des cultures, des climats et des matériaux de construction,ainsi que des types et des stades très différents de développement de l’éducation, l’image que donnent les édifices scolaires est celle d’une relative uniformité,uniformité que l’onretrouve dans presque tous les pays du monde, en ville comme à la campagne. La figure 42, résume une enquête relative à la région d’Asie où: ((Cette uniformité peut être attribuée à des circonstances diverses. ...Jusqu’àune époque récente,les matières ‘pratiques’ ne faisaient pas partie du programme;on considérait donc partout et depuis longtemps que la salle de classe était la base de l’enseignement... «Demême,iln’y a pas longtempsencore,le manque de spécialistes de la conception de bâtiments scolaires amenait à construire les écoles suivant le même pian type du fait que nombre des bâtiments à construire était beaucoup trop grand pour qu’il soit possible de dresser un plan particulier pour chacun [29,p. 18 à 201.>) O n a imaginé divers moyens pour résoudre ces problèmes. A u Pérou,par exemple,le problème de la communication a été résolu à l’aide de dessins en perspective indiquant, pour chaque étape principale du montage d’une structure préfabriquée, les divers types de travaux nécessaires (fig. 43 a-d). Ailleurs, on a remédié à l’absence d’ouvriers du bâtiment qualifiés en formant un certain nombre d’habitants dans des cours ou des centres régionaux pour qu’ils puissent, à leur retour au village,en former et surveiller d’autres [35]. L’établissement de prototypes de conception souple pouvant être modifiés en fonction des besoins locaux, en ce qui concerne tant le plan général que 113 Bâtiments et autres équipements Ciasse Préscoiaire 1 re 4“ 7e fie année (a) c O .c a . .- , c-’ 3 Répartition de 1 O0 élèves dans une école élémentaire de8salles , __-- --. i- ~ c O ._ c ‘ a ., ._ ._ e 3 r Cuisine Travaux Travaux manuels ménagers Annexe Repas Dépôt École élémentaire ex istante E l Bureau II ___FIG. 44.Mise au point d’un prototype (Libéria): U) pour être réellement valable,un environnementéducatif doit d’embléerépondre aux besoins du processus d’enseignementct viser au bicn-être dc ceux qui cherchent a apprendre... A l’heure actuelle, l‘affectif scolaire au Libéria est nettement plus important dans les petites classes;b) l’école élémentaire type construite au cours des quinze dernières années se compose d’une série de salles de classe,toutes de mêmes dimensions, affectées aux diverses annécs. Les sallcs des petites classes sont donc surpeuplées alors que celles des grandes classes sont insuffisamment utilisécs;c) IC programmc socioéducatif a été mis sur pied pour accroitre les possibilités offertes par l’écoleélémentaire dans Ics zones rurales.Un bjtiment scolaire a été conçu spécialement pour s’ajouter aux écoles élémentaires existantes de manière k permetlre que soient mis en muvre: un programme de repas scolaires; un programme de travaux manuels; un programme de travaux rnénagçrs; d) cette solution n e remédie en rien à l’utilisationinefficace des classes;elle ajoute au contraire des salles spéciales qui sont cllcç-inéincsiiisuflisaininent utilisées;e) solution de transition.Source: Ken Branch, PN UD,N Design guidelines for elementary school building )>, Monrovia, 1975 (projet de document). 114 Bâtiments et autres équipements I-I -I . - U Réserves Service des repas Zones d‘enaeignernenï polyvalent (nutrition,santé,travaux ruraux et manuelal 1 - . .. . . .. .. .. . . . . . . il ___ __ ___“.:; ........................... .. ...a... . .. .. .. i: .... .. ..: _ H. . . . . . . . . . . . . . . . .......... une unit@ ................. 0 Médiathèque Enseignement magistral Bureau .. __ .. ............. . ............ . .................. ....,. ~ . . . . . .. . i : . ._ .. U Enseignernent primaire . n m U n CI11 -- ____________ -3 ____________0 FIG.45. Plan modulaire d’école élémentaire (Libériaj.U n e unité = 185 m2(accueil de 100 élèves). Source: School Building Office, Ministry of Education, Libéria, avril 1976. 115 Bâtiments et autres équipements l’emploi des matériaux locaux pour les éléments non porteurs et les finitions,est une pratique que les pays tendent à accepter de plus en plus afin d’éviter le ( (paradoxe d’uniformité) )et l’aspectneutre des écoles normalisées. A u Libéria (fig. 44 a-e,45)’ on a dressé des plans simples qui peuvent être modifiés en fonction des matériaux employés et l’on a mis au point des formes et des dimensions diverses pour que certaines dimensions et normes minimales soient respectées.I1 s’ensuit que chaque école a une apparence différente alors que les matériaux de base utilisés sont les mêmes. A u Yémen, on a cherché à mettre au point un prototype de plan visant à créer un environnement où la protection des valeurs traditionnelles du mode de vie yéménite s’accompagnerait d’une amélioration des normes en matière d’hygiène, de nutrition, de protection infantile,etc. En République-Unie de Tanzanie et au Mali, les prototypes de plans de masse et de plans de bâtiments pour les écoles primaires prévoient la création d’espaces d’activitéscommunautaires (fig. 46 à 48). Dans les deux cas, on a eu recours à un plan non linéaire afin d’aboutir à un taux d’utilisation plus élevé des installations et à intégrer l’écoleà la communauté qu’elle dessert.Les COUJS séparant les salles de classe sont conçues de manière à pouvoir servir de scène de théâtre,de lieux de réunion à ciel ouvert ou pour la projection de films.Cette solution permet aussi de remettre en valeur les qualités des habitations traditionnelles et d’offrir des espaces d’enseignement à ciel ouvert, ventilés naturellement. Construire: un processus éducutif Lorsque l’oncrée des centres d’éducationet de développement communautaire,il est capital que la communauté participe au processus de conception et de construction. Les opérations de conception et d’édification du bâtiment lui-mêmepeuvent, dans de nombreux cas,être des éléments du processus éducatif. Cette idée a été expérimentée à l’occasion de programmes de construction de plus ou moins grande ampleur.La construction de 2 O00 écoles préfabriquées en zone rurale dans l’Uttar Pradesh (Inde) au COUJS d’une période de deux ans s’est largement jnspirée de ces idées et a permis de constater qu’il est possible, lorsqu’untel programme est bien mené, de construire en milieu rural des tcoles de façon économique à l’aide de techniques de construction modernes [29]. D e même,au Bangladesh, il est possible d’utiliser les plans établis à la demande de la University of Engineering and Technology pour d’importants 116 programmes de construction en zone rurale, programmes pour la réalisation desquels on escompte la participation de la communauté [29,p. 231. \ Terrdiiis agricoles ... ..- \.J Voie principale FIG.46. Prototype de centre d’éducation communautaire (République-Unie de Tanzanie) :plan de situation par rapport au village. Source: [op. cit. 351. Deux processus bien au point et prévoyant notamment l’évaluation critique des résultats de la participation populaire à la conception et à la construction de centres d’éducation communautaire (CEC)ont été mis en œuvre en Colombie et en République-Uniede Tanzanie.Les principes directeurs adoptés dès le début du programme dans le cadre de la politique de développement de la Tanzanie insistent sur la nécessité d’élaborerles plans en consultation avec la population et d’éviter le recours à des technologies étrangères en utilisant au maximum la main-d’œuvre et les matériaux locaux.Chaque CEC tanzanien ayant pour vocation d’intégrertous les services publics antérieurement séparés et de devenir l’élément principal du développement agricole el industriel local sert de trait d’union entre l’éducation et la production, entre la théorie et la pratique. ((L’idée de se servir des projets de construction dans les villages pour l’éducationdes adultes en vue de industrialisation du village paraissait ouvrir des perspectives intéressantes. Son application nécessitait que le projet de construction bénéficie d’investissements Bâtiments et autres équipements r- - * T'T'fi I . I . I . I . I . 1 I . . 19 I . # . 21 _ ._ _ _ 11 FIG.47.Plan et élévation d'un prototype de centre d'éducation communautaire (République-Uniede Tanzanie). 1. Classe.2.Dépôt. 3. W.C.4. Soins médicaux. 5. Bureau annexe. 6. Salle d'examen médical. 7.Pharmacie. 8. Citerne d'eau. 9.Réserve de livres. 10. Bureau. 11. Hall de réunion. 12. Atelier de maçonnerie. 13. Atelier - travail du métal. 14. Salle d'enseignement. 15. Forge. 16.Salle d'essayage. 17.Salle de coulure.18. Atelier travail du bois. 19.Buanderie.20.Bureau des infirmières/salled'enseignement. 21. Salle de jeux. 22. Cuisine. 23. Réfectoire/salle de jeu. 24. Cuisine de démonstration.25. Silos. 26. Boutique coopérative. 27. Moulin. 28. Abattoir. Source: [op.cif., 351. - 117 Bâtiments et autres équipements Zone dc travail O " L Diverses dispositions pour l'enseignement Projecteur - _~-----Disposition traditionneliedes sieges O . . 1 ---_ Atelier 0 1Rangement - . .. - . .... - . I . Fici.48. Prototype d e ccntrc d'ciiscigiiciiiei~tfondamental (Mali). S o i i r w : Unesco, Institut rbgioiial pour les construclions scolaires cn Afrique. Écolc~p o w I'eiiseiSii~iiieiitJundrri?ieti/al.Projet d'un prntniype p u r le Mali,Khartoum, REDIA, 1970. 118 Bâtiments et autres équipements éducatifs supplémentaires, mais permettait peut-être d’aboutir à une situation où les habitants se sentaient plus motivés et éprouvaient un sentiment plus fort d’identification à l’édifice.On a donc prévu de créer une équipe de construction mobile directement rattachée au Ministère de l’éducation nationale, en invoquant Ie manque de compétence de l’unité rurale de construction de la région.L’équipedevait être composée d’un ingénieur étranger et de 18 ouvriers spécialisés (8 maçons et 10 charpentiers). II a été décidé que 4 habitants de chaque village suivraient un stage de construction de trois mois au centre de formation rurale du district... D Dans la pratique, certains aspects de la participation populaire ont donné de bons résultats;d’autres aspects, en revanche, ne se sont pas matérialisés, 1 ’équipe de planification ayant été brusquement modifiée [36,p. 18 et 191.~ La phase de construction du CEC n’a pu être utilisée comme prévu aux fins de démonstration et de formation pour l’édification d’autres CEC en raison du manque de préparation logistique. Les ouvriers affectés à la fabrication des parpaings ne savaient pas pour quoi ils travaillaient. U n centre de formation rural a cependant servi à enseigner quelques techniques fondamentales de construction à un petit nombre de villageois qui ont ensuite été à même de surveiller certains aspects des constructions réalisées dans les villages et de former à leur tour d’autrespersonnes. Les questions techniques et les problèmes d’organisation ont fait l’objetde discussions dans les villages et la mobilisation de travailleurs moins qualifiés n’a pas été un échec total. O n rapporte qu’aprèsun retard de plusieurs mois, la production de dalles de sol en ciment s’est accélérée et qu’une équipe qualifiée de vingt-deux villageois, aidés par d’autres,a produil 40 O00 dalles en quatre mois. ((Bien que cinq chantiers seulement sur les huit prévus aient été ouverts,la première conclusion qu’on peut tirer de cette expérience est que la participation populaire aux travaux de construction est presque aussi élevée que celle qui a été envisagée.L’effetéducatif du travail de construction sera considérable puisque la formation de inzçons et de charpentiers de village a bien démarré. >) I1 n’y a jusqu’ici pas eu de participation k la conception.En fûit,les notables du village n’ontpas encore très bien compris le rôle vital de l’intégrationdes fonctions ainsi que des espaces dans le CEC [36,p. 201.)) y?,Cela amène à constater que l’aide d’experts extérieurs, indispensable au départ Pour l’administration du projet,la conception et la surveillance des travaux, peut être un facteur de perturbation pour la communauté. II faut définir,dès le départ,dans quelle mesure la population participera à la formulation et à I’exécution du programme. I1 est rare que les administrateurs, les fonctionnaires de l’État et les fournisseurs d’aide étrangère se rendent compte du très grand effort supplémentaire que doivent fournir les experts extérieurs lorsqu’ils’agitde projets faisant appel à la participation de la population et non pas de travaux sous contrat traditionnels. O n a aussi observé que le fait que l’architecte travaille sur des dessins et des plans joue contre une pleine participation du profane au processus de conception et de planification. << Les hautes instances responsables de la planification en Tanzanie ont des vues très ambitieuses sur le développement national mais ils sont en même temps conscients des réalités économiques du pays. H Au niveau le plus bas -c’est-à-direchez le paysan -les sentiments sont remarquablementles mêmes. Le paysan, qui doit tout payer de sa poche,y regarde à deux fois avant de faire une dépense improductive. L’administration n’a pas toujours la même attitude. Bien souvent,cette attitude tient au fait que les connaissances techniques et économiques très limitées des fonctionnaires peuvent conduire ceux-ci à des décisions moins économiques [36,p. 211.B FIG.49. Ecoie satellite de Taguales (Colombie), actuellement utilisée c o m m e centre communautaire de loisirs et café local. 119 Bâtiments et autres équipements C o m m e le villageois a une vue très pratique de ses besoins prioritaires, le remplacement des piquets de bois retenant des remplissages de terre par des parpaings de terre séchés au soleil s’est vite répandu dans Dodoma. La tôle a remplacé l’herbepour les toits et, ultérieurement,le ciment la terre battue pour les sois. Peu de politiques gouvernementales sont aussi explicites au sujet de la participation populaire que celle du gouvernement tanzanien. Si l’on ne peut pas dire qu’elle ait remporté un succès total,il est incontestable que les grands programmes pour lesquels le processus de construction est devenu un outil éducatif ont eu d’importants résultats sur le plan de I’orientation et de la gestion. <{ O n ne saurait trop insister s ur la nécessité d’améliorer les techniques locales et,partant,la productivité. La formation professionnelle dont s’accompagnent nos projets communautairespeut être conçue en fonction de cet impératif.I1 faut tenir compte du fait qu’un tel relèvement du niveau de compétence est une source de régénération, dans la mesure où, dans la communauté elle-même,on peut trouver les cadres qui prendront la responsabilité de former d’autres personnes. Une bonne porte où frapper est celle des artisans de village qui sont les cibles toutes désignées de nos programmes de formation et qui pourront ensuite former d’autrespersonnes [27,p. 41.) ) Le deuxième exemple, qui a trait à l’expérience menée à Taguales (Colombie), utilise encore davantage chacun des stadesde la constructionpour implanter tous les concepts théoriques liés aux connaissances pratiques. E n fait, l’enseignement fondamental s’est fait autour du projet de construction et la communauté a contribué à ce projet non seulement en y travaillant gratuitement, mais aussi en participant à la planification et à la prise de décision, à la détermination des besoins et des priorités, et à la définition du contenu du processus éducatifen fonctionde ses propres besoins. Ainsi,au premier stade des opérations de construction de l’école (marquage et creusement des fondations), la population s’est familiarisée avec les figures géométriques de base (lignes,angles,triangles,rectangles, carrés), la notion de surface et le système métrique. Les étapes suivantes ont correspondu aux opérations de nivellement du terrain, de construction des sols, des murs et de la toiture, de pose des fenêtres et des portes, de finition et de peinture. Les gens ont appris à établir un budget (additionner, soustraire, multiplier, diviser), à calculer des volumes, à préparer et à mélanger les différents ingrédients du ciment, à calculer les surfaces et le nombre de briques nécessaires pour obtenir des murs d’une certaine épaisseur, à déduire les surfaces des ouvertures et à déterminer I20 la quantité de peinture ou de ciment nécessaire pour les murs de l’école ou de leurs propres habitations. En plus des notions théoriques et pratiques liées aux opérations de construction proprement dites, l’instructeurleur a,chemin faisant,dispensé un enseignement en matière de langue,de géographie et d’histoire en liant ces disciplines à la vie quotidienne de leur communauté [37]. O n s’est attaché à faire en sorte que les gens fassent usage de leur propre jugement et expriment leurs propres idées au lieu d’accepter des vérités toutes faites. L’opérationa débouché sur la construction d’unenouvelle école et l’aménagement à proximité d’un centre communautaire dans la vieille école (fig. 53). Les travaux de construction et d’équipementont été effectués en un laps de temps relativement bref et avec une participation très active de la communauté. Ainsi les principaux objectifs qu’on s’était fixés i Taguales ont été atteints [37, 38, 39, 40,411;mais, comme on s’en est aperçu par la suite, un élément important a fait défaut,à savoir la mise en route d’un processus dynamique capable de se maintenir après le départ des principaux protagonistes (experts nationaux et internationaux); aprEs l’achèvement de l’école,la participation de la communauté s’est presque complètement arrêtée.Aucun projet nouveau n’aété entrepris depuis. Yolanda Sanguinetti [42],qui a participé au projet en qualité d’expert,a peut-être fourni l’une des meilleures explications de ce phénomène en faisant remarquer que 1’« attitude d’intérêtpour le projet ) )qui prédominait pendant la période où la participation était intense n’a pu être transformée en un engagement dynamique par la suite.Avec le recul du temps,elle en est arrivée à la conclusion qu’il aurait mieux valu procéder plus lentement en se préoccupant davantage de faire naitre une dynamique. Considérutionsfonctionnelles En plus des disparités en matière d’accès et d’implantation des équipements éducatifs et communautaires, il existe un deuxième obstacle à l’intégration des services de base, à savoir leur forte dispersion dans les communautés rurales d’une certaine importance. Le poste de police se trouve en un endroit,le dispensaire en un autre et l’école en un autre encore. Les équipements éducatifs,les services de santé publique et de sécurité, les églises, les bureaux administratifs, etc., sont des services séparés qui ne font pas équipe.Ce fait témoigne de l’absencehabituelle de coordination entre l’administration locale, la planification, les travaux publics et l’éducation. Bâtiments et autres équipements << En Afrique, c’est à leur origine que nombre d’écoles doivent d’être à l’écart de la population et cette séparation a renforcé leur position. L’histoire montre que les missionnaires qui ont fondé les écoles considéraient souvent que leur tâche était de délivrer les populations locales de leurs superstitions et de les civiliser.L’école était alors délibérément située à l’écart du village sur un terrain séparé;l’utilisation de la langue vernaculaire sur le territoire de l’école était souvent interdite, de même que les coutumes tribales et les danses [43]. )) Aujourd’hui encore, il est courant de séparer les établissements scolaires de la communauté. Les écoles secondaires,par exemple,sont souvent situées hors des villages ou entre plusieurs d’entre eux et enseignants et élèves se trouvent ainsi isolés du reste de la population. ((Dans certains endroits, il n’existe pas de véritable communauté: dans d’autres,l’école dessert plusieurs communautés. A u niveau postprimaire, un grand nombre d’institutions sont des internats,ce qui crée un obstacle supplémentaire à la liaison école/ communauté. Premièrement, les élèves viennent de très loin et leurs parents et famjlles sont donc physiquement éloignés d’eux et dans l’impossibilitéde leur rendre visite ou de s’associer d’aucune manière à la vie de l’école.A mesure que l’institutionse développe, il arrive qu’elle crée ses propres boutiques,dispensaire, poste et école primaire,et que ses liens avec la collectivité s’amenuisentde plus en plus [43]. )) En revanche,un bâtiment situé en un emplacement central ou, pour le moins, proche du centre géographique de la communauté a beaucoup plus de chances de devenir un centre communautaire pouvant être relié à d’autres institutions et ressources communautaires. Dans les nouveaux villages, ainsi qu’il ressort du prototype de plan pour la République-Unie de Tanzanie (fig.46 et 47),cet agencement n’est pas trop difficile à réaliser. Dans les villages existants,l’écolepourrait être implantée à la périphérie à condition de se trouver dans l’axede développement du village. Lorsqu’il s’agit d’écoles étroitement liées à la production agricole, il conviendrait de leur trouver un emplacement qui permette d’accéder facilement à la fois aux champs ou aux granges et au centre du village.Lorsque les ressources communautaires sont rares, il peut y avoir lieu, pour tirer le meilleur parti possible des espaces communs et des possibilités de communication,de les placer le long d’unevoie principale reliant le centre du village à l’écolede production. D’un point de vue fonctionnel, on peut étudier l’organisationdes espaces dans un centre communautaire en fonction de son ouverture plus ou moins large au public et de son atmosphère plus ou moins bruyante. Pour commencer, les espaces les plus fréquentés par le public (administration, installations polyvalentes) peuvent être regroupés au voisinage de l’entrée,alors que les espaces plus spécialisés ou privés (éducation, production, habitation) seront davantage repoussés vers la périphérie. I1 y a apparemment lieu de séparer les espaces bruyants des espaces plus calmes par une zone non bâtie qui fera tampon entre eux et qui constituera, de surcroît, une réserve pour des expansions futures ou l’intégrationultérieure de nouvelles activités (fig. 50). << En arrivant,on trouve d’abord les lieux à forte fréquentation comme les locaux administratifs,le hail de réunion et la coopérative. Les lieux où s’exercent les activités plus tranquilleset exigeantplus de réflexion sont séparés des lieux animés et bruyants dont certains,tels que les locaux scolaires,le dispensaire et les ateliers de travaux manuels et de travaux ménagers, doivent être desservis par des camions. D Les locaux scolaires se composent de six classes pouvant accueillir chacune 48 élèves. Quatre de ces classes se font face deux à deux, ce qui permet à un seul maître de surveiller deux classes en même temps lorsqu’il y a trop peu d’enseignants. ) )Le hall de réunion,espace essentiel,est une aire polyvalente couverte. Cet espace peut être subdivisé à l’aide d’écrans mobiles (nattes de paille) et servir ainsi simultanément de salle d’attente pour le dispensaire,de salie de lecture pour la bibliothèque et de salle à manger.Dans le cas de réunions ou de grandes assemblées, ces écrans peuvent être enlevés et la salle peut alors accueillir environ 300 personnes. La cour adjacente peut en contenir plusieurs centaines d’autres.Les locaux d’activités productives telles que les travaux ménagers et la garderie ont été rassemblés dans une partie spéciale du bâtiment. Cette solution peut paraître inhabituelle, mais on considère que,par exemple, certains travaux de couture peuvent être très productifs en même temps qu’éducatifset qu’ilen va de même de la menuiserie. D Afin de familiariser les enfants avec la technologie dès leur plus jeune âge,la garderie a été placée de telle sorte que les tout petits puissent s’émerveiller des diverses activités des ateliers [44].) ) On peut tirer des conclusions importantes à partir d’un certain nombre de plans (le plan tanzanien étant l’undes plus complets). D e manière générale,les espaces doivent être organisés de façon à pouvoir servir à toutes sortes d’activités,et au premier chef, à I’éducation des adultes et à des manifestations communautaires (festivals,prières, cérémonies). I1 est donc essentiel de prévoir un lieu de rencontre polyvalent suffi121 Bâtiments et autres équipements samment vaste pour accueillir le plus grand nombre de personnes possibles ou (si les conditions climatiques le permettent) pour pouvoir s’ouvrir sur des espaces à ciel ouvert. Pour les centres plus importants abritant des activités productrices ou des écoles secondaires,on semble s’orienter vers le plan réticulaire regroupant les locaux publics et administratifs et les dissociant des locaux scolaires ct/ou productifs. Bien que les questions d’orientation,de couleur et de détail doivent être laissées à la décision de chaque localité,il semble important de veiller à ce que l’environnement soit ouvert et accueillant. Communication et orientation Pour ce qui est de l’orientation de la programmation et de la construction des équipements scolaires et communautaires, l’intervention des pouvoirs publics peut se faire dans deux directions opposées. Dans certains pays, l’administration centrale laisse . ............... . aux collectivitbs locales toute liberté de construire leurs écoles et/ouleurs centres communautaires comme elles l’entendent (c’est ce qui se passe au Kenya, à Panama, aux Philippines et au Pérou). Dans ce cas, le coût du terrain et des ressources nécessaires pour la construction est en général entièrement 2 la charge de la collectivité, comme lorsqu’il s’agit d’opérations ponctuelles. Les figures 51 à 53 présentent trois plans de situation correspondant à des opérations qui ont pris de l’extension N naturellement >> à mesure que le besoin s’en faisait sentir. La démarche nationale dans ce cas consiste à prendre intégralement les choses en main ou à contribuer au développement agricole et socio-économique,ainsi qu’à la formation des maîtres, des coordonnateurs,des animateurs et autre personnel spécialisé, et/ou à fournir des ressources suffisantes pour les activités productrices (terres, matériel, semences, etc.). Ls question des équipements est manifestement l’une des conditions les moins importantes du développement; or les normes et règlements en la matière sont rares, voire inexistants. .... . ... .... .... .......... ......... Education { Production ’ ; . ..... . . . Silence Proprete ....... .. - ........ ; : . ,..z Locaux protégés i .. .. 1 : ;:. .......... Réunion Locaux exposés . : . Bruit ’:. Circulation Saleté j . . . . . . ... . .... ... .:..... ...“ . . ...... .. ; Administralion.! (al ’: Locaux -.. : à forte : ’.. fréquentation.: ................. ib) 1 7 1 ................. ................... ..................... .......................... Terrain desport j : .......... .......... École- ! sharnba : il_l :1 I .................. Hall de réuriion Centre coopératii . . . . . . . . id) Bureau FIG.50. Analyse fonctionncllc d u prototype de centre d’éducation coininunautaire Lanzünicii: a) les fonctions du centre; I>) les caractéristiqucsdcs foiictioiis;c) principales liaisons;d)organisation du plan. Source:[op.ci/.,441. I22 Bâtiments et autres équipements ... ..... ................. Entrée .. ,..._..._........ ~ carrières i I :I , >. I I :, II . . . . . .J Laboratoire photographique Jardin scolaire . I: : : : Classe d'hygiéne Dispensaire ..... L Ancien jardin scolaire ~ : . . . . . . . . . . . . . . . , ........:::. Entrée ;:;7:.+. .: :., I. .:I . 5 i i .i Logements Li.. I. .il.,.. .. . i .... : : . : : ....... ..... .=' ' : : . .: . i: ..... I . .. ./. \\i .....i s. . .-6 .... . i; U Terrain de sports ' FIG.51. Plan de situation d'écoles communautaires ayant pris de l'extension en fonction des besoins de la collectivité. 123 Bâtiments et autres équipements Certains autres pays essayent délibérément de mettre en place de nouveaux équipements afin d’étayer leurs stratégies de développement; c’est le cas notamment de la Colombie,de Cuba,de l’Inde,du Mexique et de la République-Uniede Tanzanie. Une grande partie des ressources affectées à la construction provient alors du gouvernement central (parfois avec l’aide d’organismes internationaux) et les plans émanent toujours des pouvoirs publics;néanmoins,le processus de programmation et de construction peut, au niveau local,être intégré au processus éducatif (fig. 54 et 55). Rien ne nous permet de dire quelle est la meilleure des deux attitudes,chacune ayant connu à la fois des succès et des échecs.La première semble préférable FIG.52. Opération a École secondaire de Malang N (Indonésie): plan de situation. Source: H.Noguchi K Joint school and community planning », Educational building digest no 10, p. 6, Bangkok, Unesco, Bureau régional pour l’éducation en Asie, 1977. Atelier de radio Impression d’ouverture et d e confort O 124 10 20 Bâtiments et autres équipements ' I I I ' I I . Vmtiairs Matériel agricole Batimsnt solaire Ancien bitimenr d B prduiti 1 I Admininration Terrains de jeux .r------- I I FIG.53. École secondaire d'agriculture et de sylviculture de Suwon, République de Corée: plan de situation. Source: David Vickery, (c C o m m u n i t y schools study: Report from regional units », établi pour le 6eW o r k s h o p of Educational Facilities Units de l'Unesco, Paris, 1975.(Annex of Mission to Indonesia, Philippines and Korea par H.Noguchi, p. 24.) 125 Bâtiments et autres équipements ............... 22 I .- I 1 e -. . . ............ . -. .a *O* -. . ....... GENERAL PLAN FIG.54.Centre d’agriculture,d’élevage et de technologie de Mascota, Jalisco (Mexique). Source: Carlos Zamarripa,(< The rural school:an educational system integrated to community development ) )(UIA, document présenté au Séminaire d’Athènes (Grèce), octobre 1976,p. D XV 9). du point de vue de la participation de la communauté au processus de développement et plus propre à susciter l’enthousiasmede la population,mais elle paraît échouer lorsque les pouvoirs publics tardent à fournir l’appui logistique, à savoir les maîtres et les moyens de productioii nécessaires. La deuxième attitude s’accompagne automatiquement d’un plus ample soutien de la part des pouvoirs publics,mais elle s’est révélée un échec sur le plan de la communication entre les services de l’État et la population locale. En outre, les administrations publiqucs ont voulu aller trop vite. C’est pourquoi on peut penser que le décalage résulte de l’absence de continuité entre celui qui a lancé le projet et la personne chargée d’y donncr suite et que les deux rôles peuvent être assumés soit par les pouvoirs publics,soit par l’utilisateur. 126 I1 ne fait pas de doute que la deuxième attitude tend à être plus coûteuse.Pas plus en Colombie,qu’en Inde, au Mexique ou en République-Uniede Tanzanie, il n’est possible d’implanter par tout le pays le prototype conçu à l’échelon centrai. JI est souvent même administrativement difficile à réaliser lorsqu’il faut y apporter d’urgence des modifications importantes. Une troisième solution a été envisagée, que l’on commence à expérimenter en divers endroits : à la participation et à la contribution de la population aux opérations de conception et de construction vient s’ajouter un appui des pouvoirs publics qui revêt la forme d’une assistance décentralisée à l’échelon régional. Cela signifie que,lorsqu’il peut être fait appel à la - Bâtiments et autres équipements population,l’orientationet la direction techniques n’en demeurent pas moins confiées à un organisme qualifié. E.J. Kama1 a montré que: ((...du fait qu’aucuneassistance n’a été donnée aux communautés aux premiers stades de leurs projets, leurs efforts ont abouti à un gaspillage considérable de leurs généreuses contributions. Tout doit donc être fait pour répondre rapidement à leurs besoins dans cet important secteur. La solution pourrait consister à fournir des administrateurs,des urbanistes,des architectes et des techniciens de la construction avertis et capables de fournir cette assistance en tant que participants aux projets et pleinement conscients de ce que signifie le fait de travailler avec des collectivités ruralesD [27,p. 41. Langley [45]pense que, puisqu’il est impossible de former suffisamment d’architectes pour qu’il y en . ; , ’ : ait un par village,il faudrait créer des unités régionales mobiles comptant des conseillers en matière de construction qui formeraient sur place des travailleurs de l’aménagementet qui pourraient intervenir aux stades décisifs de la construction (système qui serait analogue à celui de l’équipe médicale mobile). Ce type d’organisation décentralisée aurait d’énormes avantages par rapport à la simple liaison entre l’écheloncentral et l’échelonlocal: les délais de communication seraient considérablement abrégés; une approche pas à pas en matière de constructionpourrait être employée et, pour les opérations simples,il pourrait même devenir inutile de dessiner des plans; les difficultés se présentant au niveau local pourraient être résolues de façon plus individualisée; on pourrait expliquer le (< pourquoi N de telle ou telle disposition .... .. et du corps enseignant FIG.55. Propositions pour une école secondaire communautaire en Inde. 1. Hall d’entrée.2. Administration. 3. Service médical. 4. Classe. 5. Enseignement spécialisé.6.Laboratoire de travaux ménagers. 7.SaIIe d’activités de groupe. 8.Travaux artistiques et manuels. 9. Biologie: travaux pratiques. 9A. Jardin botanique. IO. Biologie: cours théoriques. 11. Salle de sciences. 12. Chimie: cours théoriques. 13. Chimie: travaux pratiques. 14. Physique: cours théoriques. 15. Physique: travaux pratiques. 16. Musée scientifique. 17. Formation pédagogique. 18. Foyer de jeunes. 19. Éducation des adultes. 20.Ateliers. 21. Centre de production. 22. Cour de réunion. 23. Bibliothèque. 24. Enseignement non formel. 25. Cour sur sol dur. 26.Pelouse entretenue. 27. Cour des (Community Schools in India H (UIA, document présenté au Séminaire sciences.28. Cour de sculpture.Source: R.D.Srivastava,( d’Athènes (Grèce), octobre 1976,p. D X 11). 127 Bâtiments et autres équipements (par exemple: Pourquoi un mur orienté à l’ouestdoit-il contenir un vide d’air?Parce que le bâtiment sera plus frais); les réglementations de construction pourraient être moins strictementrespectées; les déséquilibres que peut comporter un réseau (des grandes classes primaires trop éloignées ou des petites classes primaires coupées des autres ressources locales, par exemple) pourraient être résorbés; les matériaux locaux pourraient être transformés en matériaux de construction de meilleure qualité (par exemple,bois scié remplaçant les branches,le plâtre fabriqué sur place le ciment et les briques cuites les briques de terre), ce qui éviterait d’avoir à importer des matériaux; enfin,des coopératives d’achatspourraient être organisées à l’échelonde la région ou de la localité afin d’obtenir à un prix abordable les matériaux d’importationindispensables. En revanche,une unité centrale de planification et de recherche peut être nécessaire au niveau national pour les recherches fondamentales et la diffusion de l’information aux unités régionales et locales. Importance du bâtiment et du parti architectural pour l’établissement de rapports nouveaux entre l’école et la collectivité La part prise par les ( (équipements >) dans l’effort de coordination entre les programmes et les services a été par trop surestimée dans certains cas et sous-estimée dans d’autres. Dans les pays aussi bien industrialisés qu’en développement,c’est dans des bâtiments de qualité apparemment inférieure à la moyenne que sont intervenues certaines des solutions les meilleures, les plus inventives et les plus novatrices en matière de programmes et de services intégrés: dans ce qui avait été antérieurement une église,une banque et une entreprise de pompes funèbres comme pour le Swinburne Community College (Australie) ; dans un entrepôt désaffecté comme pour le SAND Project d’Hartford(Connecticut); dans des bâtiments simplement édifiés à la mode locale, comme pour les écoles de production de la province de Veraguas (Panama) ou les écoles secondaires des barrios (Philippines). Tous ces exemples prouvent amplement que l’essentiel,pour créer une école communautaire propre à avoir un impact considérable sur son environnement immédiat,c’est que la population soit motivée,conduite par une personnalité de premier plan ou soutenue par une politique intelligente des pouvoirs publics. En revanche,de nombreux programmes dont l’élé128 ment principal était la mise au point de partis architecturaux nouveaux et une planification globale se sont heurtés à des problèmes majeurs dès lors qu’il s’est agi d’assurerune participation permanente de la collcctivité;il en a été ainsi aussi bien de Mümmelmannsberg et de Steilshopp, Hambourg (République fédérale d’Allemagne), d’fstres (France) et des centres d’éducationcommunautaire (République-Uniede Tanzanie) que des Concentracionas de Desarrollo Rural (Colombie). Souvent,cette permanence apparaît difficile à réaliser parce que, en matière de conception, l’initiative émane des instances supérieures et que, même lorsque la collectivité prête, dans une certaine mesure, son concours,ce n’est pas ((sa D chose à elle. Le bâtiment doit toujours être considéré comme un élément important parmi d’autres facteurs clés de l’opération.Contrairement à ce qui se passe pour les écoles traditionnelles,la façon dont une école communautaire se crée et dont les responsabilités de sa construction sont assumées semble plus importante que les critères d’ordre purement architectural. Dans les pays en développement,il faut recourir à l’initiative,aux matériaux et aux techniques de construction locales chaque fois que cela est possible. I1 convient de veiller à ce que les avis et les contrôles extérieurs ne donnent lieu à aucune perturbation. La forme la plus acceptable d’aide des pouvoirs publics consiste à accorder un soutien en cas de besoin plutôt qu’àimposer des principes directeurs et des règlements. Une approche décentralisée (décrite plus haut) permettant de créer des services régionaux d’assistance pourrait être une solution de compromis qui permettrait d’éviter aussi bien le contrôle rigide de l’Étatqui tue l’initiative locale que des efforts de construction locaux inutiles ou de qualité inférieure. Dans les pays industrialisés,la question de savoir où doit s’arrêter l’intervention de l’État et où doit commencer l’initiativeet la participation locales ne se pose pas en des termes différents. Une prise en main totale du processus de construction par la population, qui pourrait être possible dans les pays en développement, est évidemment hors de question dans les pays industrialisés -sauf dans de rares cas [46].La construction est devenue une activité spécialisée qui nécessite,au moins lorsqu’ils’agit de bâtiments neufs de quelque importance,les services de professionnels tout au long d’un processus relativement compliqué allant des premières études à la mise en œuvre. Toutefois,l’influencedirecte des usagers sur la programmation et le choix du parti sont d’uneimportance capitale. (< Dans de nombreux pays et pour toutes sortes de projets,sont actuellement mises au point des méthodes qui libèrent à la fois les habitants et les administrations Bâtiments et autres équipements en les faisant intervenir dans des processus de conception dont les solutions sont ouvertes...I1 leur faut à la fois apprendre et désapprendre. Les fonctionnaires doivent apprendre à écouter et à savoir ce qu’il faut entendre. Ils doivent faire appel à leur imagination pour reformuler les programmes publics et même les textes de loi,afin que ceux-cicorrespondent à ce qu’ils viennent d’entendre. Les architectes doivent désapprendre les usages de la pratique moderne...ils doivent apprendre qu’ils ne peuvent pas se substituer aux citoyens. Ils sont eux-mêmesdes citoyens et, à ce titre, comme les autres,ils ont des talents particuliers à ajouter à l’ensembledes talents de tous pour contribuer à la solution des problèmes.Les citoyens doivent apprendre que leur cité est leur propre miroir; la forme de cette cité est le miroir de leur responsabilité et de leur fierté de citoyen, de leur sensibilité et de leurs aspirations. Rien ne sauraitse substitueràcelani le supprimer [47].N Cette façon d’aborderla planification et la conception diffère radicalement des procédures administratives normales. I1 est évident que le fonctionnement d’un bâtiment doit correspondre aux critères définis au départ. Mais lorsque ce sont des écoles qui servent de centres communautaires,la définition des critères ne doit pas être du ressort exclusif de l’administration.En effet, le résultat final,c’est-à-direl’utilisation des locaux,dépendra de la façon dont la population pourra s’identifierau bâtiment et retrouver dans sa conception ses espoirs et ses aspirations, et avoir le sentiment qu’elle a elle-mêmeaccompli quelque chose. I1 est hors de doute que les ((équipements N ont été l’un des points de départ essentiels de la coordination dans les pays industrialisés. Ce qui a,au premier chef, conduit à construire des bâtiments neufs et à utiliser les espaces excédentaires a été le fait qu’il fallait tirer meilleur parti des importants investissements en capital consacrés aux équipements et au matériel. C e n’est que maintenant,au vu des premières expériences,qu’on se rend compte qu’il n’estpas indispensable de disposer d’équipementsde grande envergure pour mettre en œuvre des programmes éducatifs et sociaux nouveaux, mais qu’au contraire, les espaces scolaires inutilisés, de même que les locaux industriels,commerciaux et privés désaffectés,peuvent mieux se prêter à ce type de programme dont le but est de libérer l’utilisateuren lui donnant les moyens de façonner son propre environnement. Pour que cette occasion soit saisie, il faut que les pouvoirs publics admettent qu’illeur suffit le plus souvent pour ce faire d’ouvrirla voie à l’effortpersonnel et autonome de la population afin que se trouvent libérées les immenses réserves de la créativité et de l’action populaires. C’est l’aide matérielle et intellectuelle internationale qui permet aux pays en développement de connaître l’expérience des pays industrialisés. Ainsi, on remarque une forte similitude entre l’école secondaire de la communauté de Paul Laurence Dunbar de Baltimore (l’un des centres les mieux intégrés des ÉtatsUnis d’Amérique) et le CEC tanzanien (sans doute,le modèle le plus au point existant dans les pays en développement). I1 y a, dans les deux cas,association des fonctions éducatives, récréatives, culturelles, sanitaires, politiques, administratives, gouvernementales, commerciales,productives et annexes. Certes,les types de construction et les dispositions sont très différents, mais il est possible de comparer,point par point, leurs modes d’organisation dans l’espace. O n trouve dans les deux cas un hall ou auditorium polyvalent, qui sert à des fins culturelles, récréatives,politiques et éducatives,et qui occupe une position centrale dans les locaux ouverts à la population, des bureaux administratifs pour établir la liaison étroite indispensable entre les représentants des pouvoirs publics et leurs administrés ; un restaurant (ou une brasserie) qui est un pôle d’attraction et qui vient ajouter son animation aux fêtes et réunions scolaires et communautaires; des zones d’enseignement qui servent aussi pour les programmes d’éducation des adultes et autres programmes d’enseignement en cours (dans les deux cas,ces locaux ont une orientation très visiblement éducative et sont, par conséquent,placés un peu à l’écart de la zone centrale ou de l’entrée); une halte-garderie qui permet aux femmes de la communauté de continuer leur travail en dépit de leur maternité et de suivre des cours pouvant leur ouvrir de meilleures perspectives d’emploi;une bibliothèque (ou médiathèque) utilisable à des fins éducatives et récréatives; des ateliers d’enseignementet de production,de réparation et de perfectionnement; des salles réservées aux professeurs et autres membres du personnel qu’ilspeuvent utiliser pour se réunir ou pour se reposer du travail quotidien avec la population et avec les élèves;un centre de santé comprenant des services de médecine préventive, de soins dentaires, de traitement médical général, de planning familial et de conseils diététiques; des commerces essentiels et, enfin, des réserves et des sanitaires. Nous avons procédé à cette énumération détaillée pour deux raisons :tout d’abord,cette liste montre que l’éventail des équipements communautaires de base peut être le même alors que les conditions culturelles, politiques et géographiques ainsi que le niveau de développement sont extrêmement différents.Elle pourrait constituer l’ébauche d’une liste ({internationale ) ) des éléments de liaison entre équipement scolaire et équipement communautaire, un ((menu D sur lequel 129 Bâtiments et autres équipements d’autrespourraient choisir en fonction de leurs propres priorités. II faut néanmoins confronter en même temps ces notions complexes à la réalité.I1 n’est nulle part possible aujourd’hui,ni aux États-Unis,ni en RépubliqueUnie de Tanzanie,ni dans aucun autre pays de réaliser ces centres socio-éducatifsglobaux à l’échelonnational, à l’échelon régional, ni même (dans le cas d’importantes zones urbaines) à l’échelled’unegrandeville. Le cas de Cartagena (Colombie), où des plans visant à la construction de sept nouveaux centres de quartier ont été abandonnés pour un programme d’action immédiate et l’ouverture rapide de services, paraît symptomatique de deux grandes tendances:une préférence pour les dimensions modestes et les réseaux plutôt que pour le gigantisme et une préférence pour les processus dynamiques plutôt que pour les opérations ponctuelles. Références 21. GRUBE. Op. cit. 22. ODDIE, Guy B. Action et organisation,rapport du Colloque de Stockholm, Suède, septembre 1976. Collectivité Équipements École: I,Politique et stratégie, par. 56.Paris, OCDE,1977. 23. UNITED KINGDOM. DEPARTMENT OF EDUCATION AND of the school, op. cit. SCIENCE. ARCHITECTS AND BUILDING BRANCH. The school and the community. Design note. N o 5, p. 35. Londres, 4. Educational Facilities Laboratories. Community school..., 1970. op. cit. 5. UNITED KINGDOM DEPARTMENT OF EDUCATION AND 24. UNITED KINGDOM. DEPARTMENT OF EDUCATION AND SCIENCE. ARCHITECTS AND BUILDING BRANCH,ABRAHAM SCIENCE. Design note. N o 5, p. 37. 25. SINNAMON. Équipements communautaires et éducatifs en Moss CENTRE, op. cit. 6. UNITED KINGDOM BUILDING BRANCHOF THE DEPARTMENT Australie...,op.cit., p. 33. 26. ZIVAS, Dionysis. L’équipement éducatif d’une île grecque: OF EDUCATION AND SCIENCE. OFFICERS OF CHESHIRE COUNTY COUNCIL, AND OFFICERS OF CREWE AND NANTaménagernent d’un bâtiment historique ancien aux fins d’activités scolaires et communautaires locales. Les bâtiWICH BOROUGH COUNCIL. Crewe: A study of school ments ù usage scolaire et communautaire: cinq études d e cas, building as a factor in revitalizing urban centres. (Document de travail pour une réunion tenue au Alsager College p. 63-82.Paris,Unesco,1977.(Études et documents d’éducation,no 26.) le 10 juillet 1975.) 7. KENNEDY et KENNEDY. Op. cit. 27. KAMAL, El Jack. Op. cif. 8. OCDE.Programme sur la construction scolaire.(< Rann28. BERGMANN et BUDE.Op. cit., p. 132. 29. UNESCO. BUREAURÉGIONAL POUR L’ÉDUCATION EN ASIE. bergen Centrum ». Collectivité - Équipements École: V, Suède. Paris,OCDE,1978. Educational building and facilities...,op. cif., p. 22. 9. SINNAMON.Équipements communautaires et éducatifs en 30. NIMPUNO. Design for community education..., op. cif., Australie: quelques exemples d’écoles communautaires, p. 196. 31. WEEKS. Op. cit., p. 20. suivis d’un projet pour un village aborigène isolé. Dans: 32. UNESCO FUNDS-IN-TRUST MISSLON. Op. cit. Unesco,Les bâtiments à usage scolaire et communautaire.. ., op. cit., p. 9-33. 33. PÉROU.MINISTÈREDE L’ÉDUCATION. Oficina Infraestructura Educativa, op. cit. 10.BERGOUIGNAN. Op. cit., par. 71. 11. SKIADARESSIS, Georges. Écoles communautaires en milieu 34. INSTITUT RÉGIONAL POUR LES CONSTRUCTIONSSCOLAIRES EN AFRIQUE. Nouveau tirage de la Lettre Rebia, nos 18 et 19, urbain aux États-Unis d’Amérique: exemples d’établisseptembre 1970. sements scolaires mis au service de la communauté tout entière. Les bûlimenis ù u,sage scolaire et communautaire: DE TANZANIE. MINIST~RB DE L’ÉDUCA35. RÉPUBLIQUE-UNIE cinq études de cas, p. I05 et suiv. Paris, Unesco, 1977. TION.Project Planning Section, op. cit. (Études et documents d’éducation,no26.) 36. NIMPUNO, KRISNO. Community development and popular 12. FINKELSTEIN et STRICK. O p . cit., p. 73. participation in Tanzania,p. 18-19.(Avant-projetde docuOp. eit., p. 70. 13. ZIVAS. ment établi pour la Conférence régionale sur l’habitat, 14.KENNEDY. From individualprojects... op.cil. juin 1975.) 15. SOUTHWORTHet SOUTHWORTH.op. tit. MINISTEREDE LTDUCATION NATIONALE.Concen37. COLOMBIE. traciones de Desarrollo Rural. Proyecto Col.72/033.Tra16. HACKER et RATTENBURY. O p . cil. 17. URBAN DESIGN ASSOCIATES. A .summary of recommendabajo Experimental Taguales..., op. cil. 38. SANGUINETTI VARGAS,Yolanda. Metodologia Aplicada lions..., op. cit. 18. AMERICAN CITY CORPORATION. The Greater Harfford Proen la Promoci6n Comunitaria dcl Trabajo Experimental cess. (Rapport établi par 1’American City Corporation, Taguales, Bogota, Colombie. Ministère de l’éducation nationale. Concentraciones de Desarrollo Rural. Janvier avril 1972.) 19. LEWIS, David. A community determines...,op. cil. 1976. 39. COLOMBIE. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE. Pro20. ANN ARBORSCHOOLS SITE DEVELOPMENT AND SELECTION ADVISORY COMMITTEE, op. cil. grama de Concentraciones de Desarrollo Rural. Proyecto 1. MARLAND, Sydney P. The urban school as a social force. The social role of the school. Union internationale des architectes. (Rapport d’un séminaire tenu à Vienne, Autriche,mai 1970.) 2. LEWIS, David.A community determines...,op. cif. 3. UNION INTERNATIONALE DES ARCHITECTES. The social role - I30 - - Bâtiments et autres équipements Col. 72/033.Jnforme Preliminar de Evaluation del Programa de Concentraciones de Desarrollo Rural. Bogota. Juillet 1976. 40. COLOMBIE. MINISTERE D E L’ÉDUCATION NATIONALE. Programa Nacional de Concentraciones de Desarrollo Rural. Circulaire, n0 28. 41. COLOMBIE. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE.Programa Nacional de Concentraciones de Desarrollo Rural. Proyecto Col. 72/033.Coordinacih e Integration de Servicios : su Aplicacion en las Concentracionesde Desarrollo Rural, Bogota. Octobre 1976. 42. Entretien avec Yolanda Sanguinetti Vargas à Bogota, Colombie,7 novembre 1976. 43. UNIVERSITÉ DE LONDRES. INSTITUTE OF EDUCATION. The practice of community education in Africa. King (dir. pub].), op. cil. (Document établi par le groupe de travail du Department of Education in Developing Countries.) 44. RÉPUBLIQUE-UNIE DE TANZANIE. Ministère de l’éducation nationale. Project Planning Section. Community Education Centres, p. 10. 45. ~ ~ t avec ~ philip ~ t~~~~l~~i ~ (expert~ du PNUD,sénéga1) à Athènes, Grèce, octobre 1976. 46. Entretien avec Hermann Hersberger à Amsterdam (PaysBas), le 8 mars 1977. Cet architecte,par exemple, a tenté, dans son pays, de laisser à un groupe d’usagers le soin de prendre toutes les décisions concernant la conception d’un groupe communautaire, ce qui a abouti au choix d’un système préfabriqué de troisième ordre qui ne correspondait pas aux besoins. 47. LEWIS, David. User participation in planning and design. Coordination of school and community facilities, p. 31. (OECDProgramme on Educational Building,Symposium, Skokloster,Suède,octobre 1976.) 131 Réalisation d’objectifscomplexes :financement, problèmes de personnel et administration De l’argumentation économique à l’action quotidienne Le fonctionnement des écoles communautaires est, à bien des égards,le reflet et le résultat de la façon dont ces écoles ont été créées. Par conséquent,bien que les questions de financement,de personnel et d’administration se posent à des moments différents selon les cas, leur analyse conduira inévitablement à une répétition de certaines conclusions contenues dans les chapitres précédents, que le lecteur voudra bien excuser. D’une façon générale, cependant, le présent chapitre s’efforcera d’examiner plus en détail certains aspects pratiques du fonctionnement d’opérations menées en commun. Sur le plan économique, il serait intéressant de vérifier si l’on a eu raison de penser qu’on réaliserait des économies en intégrant et en coordonnantles équipements, et de donner, si possible, des exemples plus concrets de telles économies. Pour ce qui est des idées avancées sur les plans éducatif et social, idées analysées dans les deux premiers chapitres, il pourrait être utile de déterminer dans quelle mesure leur application a modifié les besoins en personnel et les structures administratives.Ce complément d’analyse pourrait, en outre, être directement utile pour l’avenir. II faut,pour étudier ces questions,faire assez largement appel à l’évaluation;or l’évaluationest une tâche complexe. C’est ainsi que seules quelques-unes des rares analyses coût-bénéficevisant à mesurer les économies réalisées et la hausse des coûts des programmes coordonnés ont été publiées,en raison de la complexité des critères en jeu. Les premières questions qui se posent portent sur la nature des éléments à mesurer et 2 comparer: Quel est le coût des équipements par élève ou par usager adulte? Les espaces,les programmes ct les services doivent-ilsêtre ouverts aux principaux intéressés ou à l’ensemble de la population? Quel est exactement le rendement calculable des dépenses et 132 comment peut-on le comparer de manière valable à celui des dispositifs traditionnels? Le projet de rapport financier du Human Resources Centre illustre les difficultés rencontrées dans ce domaine;il y est fait état des subventions importantes accordées par les trois différents niveaux des pouvoirs publics et des économies remarquables réalisées en matière de dépenses d’investissement grâce à l’utilisation collective. Cependant, plus prosaïquement, il est constaté dans ce projet de rapport que le point fondamentalest celui des compensations,par exemple la question de savoir quel autre résultat la participation du système scolaire à la fourniture d’équipements communautaires aurait donné si elle avait été utilisée à des fins éducatives. Finalement,tout choix concernant les mesures à prendre doit rester subjectif,c’est-à-direfondé,en partie, sur une estimation personnelle de ce que la communauté est prête à dépenser globalement et, en partie, sur l’idée que les fonds consacrés aux équipements communautaires qui ne sont pas directement nécessaires ou utiles au programme éducatif des écoles ne réduisentpas (mais plutôt multiplient,dans le meilleur des cas) les fonds disponibles pour les constructions scolaires [l]. n Effectivement, tout dépend à quel point de vue l’observateurse place pour juger si ce sont les profits ou les coûts de l’utilisationcollective qui prédominent. D u strict point de vue financier,une école communautaire ne sera peut-êtreni moins coûteuse en investissements ou en dépenses de fonctionnement,ni une charge moins lourde pour la ville, l’établissement scolaire, l’administrationet les enseignants.Mais si l’onse place dans une perspective plus large,on ne peut guère quantifier les avantages qui en découlent sur le plan social. II est probable que toute forme de participation communautaire ((... accroîtra le fardeau du personnel scolaire,puisqu’il devra concilier les exigences des personnes venant de l’extérieur et les tensions internes. Mais le personnel y gagnera grâce à la plus grande envergure que prendra son travail et à la disparition Réalisation d’objectifs complexes d’un isolement qui le gênait peut-être autant qu’il le protégeait [2,p. 371 ». Ainsi non seulement les enseignants y gagneront, mais les citoyens en général acquerront une confiance nouvelle en leur pouvoir d’influer sur le cours des événements. Des perspectives de développement totalement inédites pourront s’ouvrir. Les individus pourront apprendre à se connaître alors qu’ils étaient jusque-là des étrangers les uns pour les autres. D e s structures d’action en commun pourront être mises en place et venir enrichir la vie quotidienne ainsi que les perspectives de progrès économique de la communauté. La concrétisation de cette orientation dépend non seulement d’une bonne planification et d’une mise en œuvre efficace mais plus encore de la gestion quotidienne des programmes, des services et des équipements. Dans les pays industrialisés comme dans les pays en développement, on a engagé des spécialistes d’un type nouveau et créé de nouvelles structures administratives pour faire face aux nouvelles tâches techniques et administratives qu’impliquentles projets coordonnés. Toutefois,l’ampleur de ce changement n’a pas été partout identique. Alors que dans les pays industrialisés,il s’est agi,semble-t-il, d’une question de degré sur les plans quantitatif et qualitatif -dans les pays en développement,on a assisté progressivement à un changement de nature. En effet, si, dans les nations industrialisées,un petit nombre d’institutions seulement ont modifié leurs programmes et leurs services pour participer à des opérations entreprises en commun, un assez grand nombre de pays en développement ont entièrement réorganisé leur réseau de services pour y faire intervenir la Coordination,ou sont sur le point de le faire.Alors que dans les pays industrialisés,les usagers peuvent d’ores et déjà participer à la gestion et à l’élaboration des politiques,il faudra, dans les pays en développement, opérer un véritable transfert de pouvoir du gouvernement central aux administrations intermédiaires et locales pour mener à bien des projets fondés sur l’effortpersonnel et l’autosuffisance. Réaliser des objectifs complexes suppose que l’on concilie quotidiennement des exigences contradictoires. I1 s’agit parfois d’un pur problème de détail, mais parfois aussi d’une question impliquant la mise en œuvre d’unestratégie complexe. Les pays industrialisés : changement de degré Augmentation des coûts et amdiaration des services Le meilleur argument utilisé au cours de la ((bataille pour la coordination ))a été de souligner qu’onpouvait faire des économies en utilisant au mieux les équipements et en partageant les locaux ainsi que les coûts d’entretien et de personnel. Les tenants de la coordination font observer que les établissements scolaires ne sont utilisés qu’une partie seulement du temps durant lequel ils pourraient l’être tandis que les maisons de jeunes, par exemple, ou d’autres équipements de loisirs sont en grande partie déserts pendant les heures de classe (fig.56 a et b). Pour leur part, les adversaires de la coordination soulignent que peu d’opérations coordonnées sont revenues meilleur marché que les services traditionnellement distincts. En fait,les deux camps ont raison dans la mesure où l’un parle des coûts d’investissement et l’autre des coûts de fonctionnement. Les économies réalisées à l’échelle nationale en matière de dépenses d’investissement sont importantes dans le cas des programmes coordonnés. C’est ce qui ressort d’une proposition établie à partir d’un calcul combinant les projections des dépenses à prévoir pour remédier aux insuffisances des Sports and Arts Councils du Royaume-Unipour la décennie 1971-1981avec les données d’un programme portant sur la construction de 78 écoles secondaires en 1971/72,extrapolées à 780 établissements en dix ans. La transformation de ces écoles en véritables centres de loisirs ne coûterait que 170 millions de livres sterling, alors que la construction séparée des mêmes équipements s’élèverait à 470 millions de livres. Ces 300 millions de livres de différence étalés sur dix ans correspondraient donc à une économie de 30 millions de livres par an. Mais, comme nous l’avons vu au troisième chapitre,ce principe ne peut pas s’appliquer dans tous les cas. Ainsi, par exemple, les services sociaux ont souvent besoin de tous leurs locaux comme, d’ailleurs, certains secteurs de l’enseignement. Toutefois, une vision unidimensionnelle, limitée aux avantages économiques, déforme la perspective dans laquelle les efforts de coordination doivent être considérés. En effet, la coordination n’a pas pour seul avantage de conduire à des économies financières,qui peuvent être importantes; elle se traduit par des améliorations sociales, toujours plus difficiles à mesurer. 133 Réalisation d'objectifs complexes Lundi Mardi 16-18 18-20 I I 12-14 I 18-20 I j\\ & 2 0 1 Ven. 14-16 16-18 18-20 208-10 10-12 I I I I I\ \ \ 16-181 1 8-10 I 10-12 I 12-14 I 14-16 I 16-18 I 18-20 2 0 1 Sam 1 18-201 Dim. 208-10 10-12 12-14 14-16 16-18 I I I I I I 18-201 20I I 1. Nettoyage: 15 h 40-17 h 40 2. Enseignement général : débutants (660élèves) 3. Enseignement général : niveau supérieur (660élèves) FIG.56 U et b. La comparaison des emplois du temps hebdomadaires d'une école et d'un centre de loisirs communautaire montre clairement que les deux établissements pourraient dans une large mesure partager les mêmes locaux. Source: Institut für Regionale Bildungsplanung Arheitsgruppe Standortforschung G m h H - Hanovre. CI) Emploi du temps hebdomadaire concernant l'utilisation dcs sallcs dans u n établissement scolaire(Schuizentrum Nord - Ncustadt a.Rbge). - Réalisation d'objectifs complexes Il I I Il' ilIllII 12-14 , - I lllllll !!N 12-14 14-16 16-18 I I I Il Ill' 1 l\\\\\IlN Go I llllli ~ Ven. 8-10 I 10-121 I I I Ill' 1\\\\\\1 - 12-14 14-16 16-18 18-201 Sam. 208-10 10-12 12-14 I 1 1 14-161 16-18] Dim. IlIIIll 111 I l I 3I i111i l IlIIll 8-10 10-12 12-14 14-16 20- I I h) Emploi du temps hebdomadaire concernant l'utilisation des salles dans un centre communautaire (Freizeitzentrurn Leinepark Neustadt a. Rbge. 3. 6. 10.W o c h e 1975). 135 - Rdalisation d’objectifs complexes Ainsi, Munn parle d’«une réduction notable du vandalisme dans les zones où des centres communautaires )et il attribue ce phénomène au fait ont été ouverts ) que ((les jeunes sont ainsi placés dans une situation d’adultes et ont alors le sentiment d’appartenir i une communauté)) [3]. U n raisonnement du même type a amené le Department of Public Facilities de Boston (qui gère le programme d’éducation communautaire) à persuader le bureau chargé de faire appliquer la loi sur la sûreté des voies publiques (Safe Streets Act) d’allouer en deux ans une somme de 500 O00 dollars pour le personnel des écoles communautaires,afin de lutter contre la délinquance. Le texte approuvant cette subventionstipule que... ( (la mise en place d’uneécole communautaire peut éviter aux jeunes la prison, en leur offrant des perspectives plus amusantes et plus satisfaisantes que la délinquance, des possibilités d’activités qui débouchent sur une formation socialement mieux acceptée,ce qui entraîne une réduction du pour)[4, p. 321. centage des jeunes ayant affaire à la justice ) C’est en étudiant les dispositions budgétaires et juridiques qu’il a prises qu’on voit le mieux si un gouvernement estime souhaitable de mettre en place des programmes et services coordonnés. Jusqu’à présent, le mode de financement le plus couramment utilisé a été l’allocationde crédits spéciaux pour la réalisation de projets pilotes ou expérimentaux En ce qui concerne la fourniture de services, la tendance à l’intégration paraît plus forte i Cuba, en République démocratique allemande et en Suède.Dans ces trois pays,un certain pourcentage du budget global prévu pour l’édification de zones résidentielles nouvelles est nécessairement affecté aux services 2. E n Australie [5] et en France [6],on a pris conscience du potentiel d’économiesque pourrait permettre la coordination et du fait que celle-ciserait plus facilement applicable au niveau local; ces pays ont donc récemment été conduits à accorder des subventions globales aux départements ou aux municipalités désireuses de financer des opérations coordonnées. Les Pays-Bas ont, à l’échelonnational [7],adopté une politique d’incitation financière (augmentation des subventions de l’État)et établi des principes directeurs pratiques concernant la mise en commun des ressources. A l’échelon local et à celui des projets, les économies se inesurentplus facilement.II est évident qu’une grande partie des avantages sociaux et éducatifs provenant de la coordination sont dus uniquement au meilleur emploi du personnel et des ressources locales qui résulte d’une organisation administrative plus intelligente. Aux États-Unis,on compte que, pour un district I36 scolaire,les frais supplémentaires - de personnel et autres - correspondant A l’organisation d’un programme de loisirs après la classe tout au long de l’année, représentent un accroissement de 6 à 8% des dépenses normales de fonctionnement. Cette augmentation est peut-être très faible par rapport à l’avantage social qui en découle, mais il faut bien que quelqu’un en assume la charge financière. O n dispose de très peu d’études comparées des coûts des systèmes intégrés,d’une part,et des systèmes distincts,d’autrepart. L’une d’ellesconcerne le Centre Abraham Moss (tableaux 6 et 7). Pour évaluer les effets de la coordination des équipements sur les coûts d’investissement,on est parti de principes simples qui ont systématiquementservi à évaluerles coûts A prévoir.Cesprincipes étaientles suivants: Toute économie était appréciée en terme de surface économisée,le rapport coût/surface étant fixé. Le montant de toute économie était chiffré sur la base du coût moyen par mètre carré de l’élémentintéressé. (< O n a constaté que les seules économies réelles étaient celles réalisées en surfaces bâties, grâce à leur utilisation commune par les usagers. Les autres économies possibles,telles que celles provenant d’un rapport surface des murs/surface de planchers peu élevé, ne pouvaient être envisagées que si les coûts étaient prévus dès le stade des esquisses et du devis estimatif. On trouvera un exemple institutionnel de cette façon de concevoir la coordination dans la loi sur les écoles communautaires du Department of Health,Education and Welfare des États-Unis. Ce texte est l’une des rares dispositions légales,dans le domaine de l’éducation communautaire,qui garantisse la prise en charge de 80% du coût d’un programme nouveau, de 65 % du coût d’extension ou d’amélioration d’un programme existant et de 45% du coût du maintien d’un programme ((dans les cas où un bâtiment public est utilisé c o m m e centre communautaire,administré en coliaboration avec d’autres groupes de la communauté... dans le but de fournir des services éducatifs,récréatifs,culturels et autres services communautaires... correspondant aux besoins,aux intérêts et aux préoccupationsde la communauté intéressée N. ( (Getting glue costs for community education D, Federal Focus, vol. 1, no 1, janvier 1976,p. 2. En Rcpublique démocratique allemande,par exemple, 20 des fonds sont destinés aux équipements éducatifs,culturels, sociaux, récréatifs, de santé, publics et commerciaux. D’où des possibilités accrues de mise en place d’un système de services utilisés conjointement,regroupés dans l’espace et coordonnés sur le plan de l’organisation,du type de l’ensemble implanté à Erfurth-Reid et Gorlitw Nord, par exemple: Helmut Trauzettel,op. cit.,p. D TIT 2. Entrent dans ces frais supplémenlaires,par cxemplc,la moitié du traitement du directeur de I’écolc communautaire,le tolal du traitemcnt d’un responsable des loisirs employ6 i plein temps pendant l’été et la rémunération des auxiliaires paraprofessionnels supplémentaires,ainsi que les frais de nettoyage, d’éleclricitk, de téléphone, d’équipement et autres frais divers. [op.cit., 111 Réalisation d’objectifs complexes TABLEAU 6. Comparaison économique : coûts d’investissementa Ensemble intégré f f Autre système (prix de 1969) Locaux École secondaire et terrain Collège d’enseignementpostscolaire Ensemble résidentiel Club de jeunes Centre sportif Bibliothèque de district Club de personnes âgées Boutiques Équipement de loisirs Services de consultants Mobilier et matériel 798 200 650 O00 21 700 16 300 388 900 98 300 18 300 14 300 10 O00 (prix de 1969) Locaux Ecole secondaire et terrain Collège d’enseignementpostscolaire 820 O00 673 O00 1493 000 2 016 O00 40 000 416 O00 Services de consultants Mobilier et matériel Livres 28 O00 362 O00 15 000 2 472 O00 1 898 O00 a. La différenceentre les montants de la colonne de droite et ceux de la colonne d e gauche relatifs i l’écoleet au collège est due aux économies réalisées sur les travaux extérieurs et sur le coût de constructionnet grace à l’utilisationcommune du terrain. Les services techniques normalement fournis par le Manchester City Architects’s Departmentn’apparaissentpas dans cette analyse comparée. TABLEAU 7. Comparaison économique: coûts annuels Ensemble intégré f Service de la dette Dépenses de fonctionnement École Collège Ensemble résidentiel Club de jeunes Centre sportif Bibliothèque de district Club de personnes âgées Boutiques (à but lucratif) Équipements de loisirs 243 900 148 800 102 500 2 500 1 000 40 800 27 O00 2 300 2 O00 1 O00 f Autre système (prix de 1969) (prix de 1969) Service de la dette Dépenses de fonctionnement École Collège Coût annuel net de l’ensembleintégré 55 O00 24 600 12 700 156 300 105 O00 450 400 Coûts annuels permanents: Bibliothèque du district de Crumpsall Bains de Cheetham 537 700 Moins les économies dues aux fermetures Établissement secondaire et centre d’éducation des adultes existants Bibliothèque du district de Crumpsall Bains de Cheetham 189 100 21 500 12 300 484 200 Moins les économies dues aux fermetures Établissement secondaire et centre d’éducation des adultes existants 55 O00 Coût annuel net de la création d’une nouvelle école et d’un nouveau collège et du maintien de la bibliothèque et des bains 445 400 429 200 Source: [op.cit., 81. 137 Réalisation d’objectifs complexes ) ) O n a escompté des économies de cette nature dans tous les cas d’utilisation commune de locaux et le montant total des économies à ce titre a été évalué à 36 O00 livres sterling,équivalant à 7,1% du coût des locaux utilisés séparément [8].) ) La comparaison des coûts annuels montre que l’ensemble intégré coûte 16 200 livres sterling de plus par an. Mais, étant donné que de nouveaux équipements sont ouverts au public,cette hausse de 4% semble justifiée l. Le calcul donne presque toujours le même résultat dans le cas d’opérations coordonnées, qu’il s’agisse de bâtiments ou d’ensembles centralisés, d’équipements neufs ou déjà existants. En premier lieu, des économies importantes sont réalisées dans le domaine des coûts d’investissementet de construction. En deuxième lieu, ces économies servent le plus souvent à construire des équipements supplémentairesou à améliorer les équipements ou le matériel existants,ce que chacune des parties prenantes dans l’opération n’aurait pu se permettre de faire seule. En troisième lieu, les nouveaux services et équipements entraînent une hausse des dépenses de fonctionnement et d’entretien.Enfin,ces hausses sejustifientpar le fait qu’elles sont faibles par rapport à l’amélioration des services fournis à l’usager. D e même que la planification,la programmation et la construction sont des processus continus,de même la détermination des coûts doit être envisagée selon différentes phases et comme un processus continu s’articulant avec les diverses phases de planification, de conception,de mise en œuvre et de fonctionnement. D e toute évidence, l’évaluation des coûts est d’autant plus difficile que le nombre des parties prenantes dans l’opération et des sources de financement est plus grand. Mais si l’on répartit le processus en sept phases (fig. 57), deux principes de chiffrage des coûts s’imposent. 1. II s’agirait notamment des éléments suivants: extension du service de bibliothèque, salle de sports et zones d’activité annexes, aires de jeu de plein air avec éclairage électrique, club de jeunes et club de personnes âgées. [op.cit., p. 81 Phase I : éval uation des besoins Phase I I : répartition des locaux Phase I I I : esquisses préliminaires Phase IV: conception Phase V : mise en œuvre Phase VI : tonctionneme Variables relatives aux décisions Principales catégories de locaux Zones et salles à usage particulier, situation, relations fonctionnelles Éléments du bâtiment, idée générale du type de construction Normes et critères détaillés (coûts investissernent par rapport à entretien) Contrôle des normes et des coûts Contrôle de l‘entretien Normes Nombre d’usagers (nombre de mètres carrés par usager) Surface nette pour différentes fonctions Surface brute, y compris les murs extérieurs Normes de qualité technique Mécanismes de controle des prix Frais d‘entretien Politiques cducatifs et sociaux Conception Prévisions Situation du marché extérieur Main-d’œuvre et matériaux démographiques Phases de planification II FIG.57. Les différentes phases de prévision des coûts d’investissement concernant les opérations coordonnées. 138 Réalisation d’objectifs complexes Tout d’abord,chaque phase nécessite un outil de mesure des coûts approprié;par exemple,si le nombre d’usagers et la surface moyenne brute par usager sont de peu d’utilité au stade de la conception du projet, en revanche ces deux éléments peuvent être un instrument de mesure parfaitement adéquat dans la phase d’évaluation des besoins et lors de la répartition des locaux. D e plus,il va sans dire que c’est au moment de la détermination des besoins et de la répartition des locaux que l’influence de la prévision des coûts sur le montant final des dépenses d’investissement,dans le cas d’opérations coordonnées, est la plus grande, l’effet du chiffrage des coûts perdant rapidement de son importance au cours de la phase de conception et de mise en œuvre. Or,dans le cas des opérations coordonnées, plus encore que dans celui des opérations traditionnelles,cette précision suppose qu’on consacre beaucoup de temps et d’argent à l’évaluation des besoins. Ce que n’indique pas la courbe (fig. 57), c’est la hausse des coûts qui intervient avec le temps en raison de l’inflation.Dans certains cas, ce phénomène peut être une bonne raison d’accélérerle processus de planification et de mise en œuvre. Les difficultés particulières que pose le chiffrage du coût des opérationscoordonnéesproviennent dans une mesure non négligeable de la diversité des sources de financement, qui ont chacune leurs propres priorités. I1 est donc capital de créer un organisme d’administration largement autonome pour exploiter au maxim u m les possibilités d’utilisation en commun des locaux. Des enseignants au role fondamental wiodiji’é des spécialistes de la coordinution ? 011 Dans les pays industrialisés -notre analyse nous l’a montré -toute une gamme de solutions ont été apportées à la question de savoir à quel personnel la direction des écoles communautaires devait être confiée, depuis les pays où les enseignants ajoutent à leur rôle traditionnel de nouveaux champs d’action (Australie, États-Unis,Royaume-Uni)jusqu’àceux où l’on confie ces tâches nouvelles à des spécialistes. Certains pays emploient ainsi des coordonnateurs communautaires, des animateurs, des moniteurs, des spécialistes des loisirs,des assistants sociaux et des conseillers pour la jeunesse, alors que le rôle traditionnel de l’enseignant reste au fond inchangé (République fédérale d’Allemagne, France, Suède). D’une manière générale, la coopération avec des N paraprofessionnels », les pa- rents,les élèves ou d’autreséléments de la communauté semble s’accroître. L’innovation éducative et sociale dans les écoles communautaires semble être le fait de membres de diverses professions qui se sensibilisent aux besoins d’autres groupes et acquièrent des aptitudes à la direction et à la communication.Afin de favoriser l’apparition de ce type de vocations,un système permanent de cours et de stages a été créé aux États-Unis,aux termes duquel des universités et des centres d’éducation communautaire organisent des cours soit de formation permanente, soit de préparation à un diplôme à l’intention des futurs coordonnateurs des écoles communautaires [9,IO]. L’action administrative: ses deux niveaux Sans structures administratives viables,une opération de coordination est rapidement vouée à l’échec.Or le cadre institutionnel doit aussi laisser suffisamment d’autonomiepour garantir un fonctionnementefficace et encourager l’innovation et l’expérimentation.L’excès comme l’absence totale d’obligations aboutit à l’abandon des programmes les mieux conçus et à la non-utilisation des espaces les mieux agencés: ((Les conflits dus à l’absence de bonnes dispositions administratives sont courants. Dans de nombreuses villes, des équipements communautaires restent inutilisés du fait qu’aucune gestion conjointe n’est prévue: des parcs ferment parce que aucun organisme municipal ne peut assumer seul la charge des investissements nécessaires pour les embellir; des gymnases restent déserts parce que aucune commission publique ne veut en assumer la responsabilité et des centres de loisirs cessent toute activité parce que aucun directeur n’a été nommé [il].) ) I1 semble évident -et c’est pourtant un fait souvent négligé - que plus les systèmes mixtes écoles/ communautés diffèrent des schémas traditionnels,plus il faut apporter de soin à la définition d’engagements fermes en ce qui concerne tant les questions budgétaires, les structures financières et de direction courantes,la création des modes de communication appropriés et la représentation directe des usagers au sein des structures de gestion. Qu’elle relève d’une municipalité dynamique qui modifie constamment ses stratégies à la lumière de l’expérience acquise (Saint-Fons, en France) [12],d’un groupe de travail mixte (Crewe, au Royaume-Uni) [13] ou d’un conseil communautaire (Dunbar,à Baltimore) [14],la gestion doit, dans sa structure,traduirel’optionfondamentalesur laquelle repose le projet, à savoir la volonté exprimée au niveau de laprogrammation et du financementde partager 139 Réalisation d’objectifs complexes ou d’utiliseren commun des équipements et serviccs. Pour des raisons pratiques,on peut distinguer deux niveaux d’administration: d’une part, les structures administratives qui définissent la politique et les grandes lignes du programme, et assurent la participation constante de toutes les parties au processus coordonné de prise des décisions et, d’autrepart,les structures de gestion courante des équipements ou réseaux d’équipements coordonnés (tableau 8). Bien que dans certains cas, ils se rejoignent et, à maints égards, s’interpénètrent, ces deux niveaux d’administration ont des tâches différentes: le premier peut être considéré comme une excroissance des processus de planification et de prise des décisions, et il devrait en théorie être structuré de maniire à pouvoir transformer les expériences de coordination réalisées lors de la phase de planification en une réalité plus permanente ; le second est 1 ’instrumentopérationnel du premier et s’occupe des aspects pratiques du partage des locaux,de l’organisationdes emplois du temps et de l’entretien(par exemple, en déterminant et en éliminant les périodes d’utilisationmaximale et minimale, en équilibrant les coûts par rapport aux services rendus, en fixant le montant des droits d’adhésion et en achetant du matériel en crédit-bail,en desservant diverses zones ou différents groupes d’âge et d’usagers, etc.). Pour bien fonctionner,les deux niveaux doivent jouir d’une certaine autonomie et être en contact permanent. Le choix d’un modèle de structures d’administration courante parmi tous ceux qui existent dépend en grande partie des schémas généraux de décision administrative de chaque pays. A cet égard,on notera de nouveau une différence marquée entre les pays anglo-saxons,dont les structures sont plus décentralisées,et les pays aux structures administrativescentralisées. Dans ces derniers, c’est généralement I’administration scolaire qui a le plus d’autorité dans les opérations coordonnées; lorsque tel n’est pas le cas, les structures administratives et autres sont complexes. Une étude réalisée pour le compte de l’État de Rhénanie du Nord-Westphalie (République fédérale d’Allemagne) indique clairement les difficultés qu’on rencontre lorsqu’on coordonne des structures administratives différentes. O n trouvera à la figure 58 un classement des services communautaires selon leur fonction sociale et leurs affinités avec le secteur éducatif, qui pourrait constituer le ( (modèle idéal ) )d’intégration administrative. La figure 59 présente un modèle détaillé des relations existantes et la figure 60les modes les plus courants d’articulation des services communautaires. Des modèles de conseils communautaires ont été élaborés pour permettre aux organismes responsables de divisions administratives différentes de surmonter les difficultés soulevées par la coopération. A Sturgis (Michigan), le conseil ne relève ni du système scolaire ni de l’administrationmunicipale. C’est un organisme à but non lucratif,composé de représentants de divers organismes publics et habilité à administrer les programmes,à engager du personnel,à rémunérer des services et à gérer les équipements publics [I I]. TABLEAU 8. Structures de gestion courante et structure administrative: buts et conflits Structures de gestion courante Buts Méthode Caractéristiques Conflits Structure administrative Créer les grandes lignes d’une politique souple de coor- Mettre en œuvre un système de répartition des locaux dination et d’adaptation constante ii l’évolution des et de recrutement du personnel des équipements besoins des usagers utilisés en commun répondant à la demande des usagers Fonder une commission composée des représentants de Nommer un responsable de l’administration coutoutes les parties intéressées:conseil communautaire, rante (proviseur,coordonnateur communautaire, comité mixte,conseil d’administration,etc. directeur,etc.) Volontariat,en grande partie non rémunéré Travail à plein temps ou à temps partiel et rémunéré Centralisation de la prise de décisions, cloisonnement Utilisation commune des espaces; différentes zones des structures administratives,différences sur le plan desservies et différents groupes d’usagers; orgades buts, des règlements,des sources de financement, nisation des emplois du temps (élimination des de l’institution de règles équitables en matière d’éva- périodes d’utilisation maximale et minimale); luation du coût par rapport aux services rendus,abcontrôle (application des règles et règlements); sencc de modcs de communication adéquats entre les entretien (nettoyage, responsabilité), réduction divers niveaux de prise de décisions des délais et réponse rapide aux demandes des usagers Réalisation d’objectifs complexes FIG.58. Équipements communautaires par secteurs sociaux desservis et selon leurs affinités avec l’établissement scolaire. 141 Réalisation d’objectifs complexes FIG.59. Équipements communautaires selon les fonctions administratives. 142 Réalisation d’objectifs complexes Centre de services sociaux Centre de santé U FIG.60.Possibilités d’articulation des équipements communautaires.Source: Institut für Regionale Bildungsforschung/Arbeitsgruppe für Standortforschung,G Voruntersuchung >) (document de travail, Hanovre, 1975,p. 17-19). 143 Réalisation d’objectifs complexes A l’inverse,le Conseil de la Communauté de PaulLaurent Dunbar à Baltimore (Maryland), élu à I’écheIon local (et qui est une émanation de l’ancienneassociation des parents et des enseignants) n’ajuridiquement aucun droit en matière d’administrationdu centre. Mais il a une influence importante sur le plan politique, s’intéresse vivement et participe à la vie de l’école secondaire [14](fig.61 et 62,tableau 9). Les divers organismes utilisant le centre ont leur propre budget et assument leurs propres frais de fonctionnement. Les crédits nécessaires pour couvrir les dépenses d’entretien, de réparation, de gardiennage, etc., découlant de l’utilisation des locaux scolaires à des fins communautaires proviennent d’un budget spécial de l’école communautaire. Tous les éléments du centre peuvent être utilisés par la population après les heures de classe ainsi que pendant la journée. A cette fin,le directeur des services de quartier de Dunbar collabore étroitement avec le directeur de l’école,dont l’adjoint est responsable de la coordination et de la répartition des locaux scolaires. Les équipements sont la propriété de la ville de Baltimore,qui loue les locaux aux principaux usagers. Ces derniers sont, d’une part, le conseil d’administration de l’école et, de l’autre,les divers organismes municipaux, de l’État et nationaux qui ont leur siège au rez-de-chausséedu bâtiment scolaire et sont responsables de leurs propres activités et programmes communautaires. C’est à un conseil d’administration comprenant des représentants de la communauté, des établissements scolaires et des organismes financiers qu’est confié le contrôle de tous les équipements utilisés en commun en Australie [15]. Les comités mixtes font une part égale à tous les services et organismes qui sont parties prenantes dans l’opérationde mise en place d’une école communautaire. Le Human Resources Development Centre du Comté de Hamilton (Tennessee), regroupe sur une superficie d’environ 650 kilomètres carrés plus de quarante organismes publics et privés. Les autorités du Comté se propose de transformer un jour le service de gestion et le conseil d’administrationen un nouvel TABLEAU 9. Fonctionnement et financement: programmes du centre de quartier de la communauté de Paul Laurence Dunbar en juin 1976 Nombre Programme desservies Bureau de la mairie Programme artistique et culturel Programme de loisirs à l’intentionde la population Bureau des services sociaux Garderie Centre de protection maternelleet infantiie de Dunbar Centre de formation de Harbor City Centre de protection maternelle et infantile de Harbor City Bureau de sécurité sociale Conseil des services urbains Bureau administratif du secteur sud-est de Harbor City Bureau de l’emploi Bureau d’aide juridique (secteur est) Bureau d’assistanceaux jeunes Centre de jeunesse Bureau des libérations conditionnelles ou surveillées Total Sourcc: Fonctionnement Financement de personnes Ville 16 21 5 376 20 O00 O O 78 55 15 4 O00 3 573 62 O 5 29 12 300 O O 19 15 13 65 862 4 272 O 55 7 21 6 5 500 500 2 O00 610 165 O ,O O 22 1 180 382 43 477 Skiadaressis,op. cit., p. D VITI 17. I44 État Gouvernt fédéral Ville État Gouvernt fédéral O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O Réalisation d’objectifs complexes organisme public.Le conseil sera composé de 14membres seulement. Les divers organismes intéressés y seront représentés à tour de rôle et ceux qui ne siégeront pas au conseil feront, dans l’intervalle,office de commission professionnelle consultative [I 1, p. 781. ............... Maire : . ...... . i , I ............. .:.. ;. Burca” ’ . . .......... ; .. .. : ’ d u maire ._ ’.. Département de ,:’ I’C-ducalion j . ’ ........... i .... ............. , ... . . . . . . . .. . . . . . . . I ’. I . Conril . communautaire . ................ ’ : i : . exécutiisdii :, gouvernement j fsdfrai et de, ,.; ’. .,,$tac , .: ...... . - :...: ,. Direcieirr du centre de quartier I ., ’ ...... : . ’ . I’diüblissemenr . scolaire . . .... . . . ......... .... Organismer d u ... g0””er”cyricnl : ’ . fWéral et de ; ..... l’€,a ..... ............... j : ; services :. communautairez .................... ....... .; koie ’ . . recondaire :’ .: ................ FIG. 61.Organigramme de l’écolesecondaire de la communauté de Paul Laurence Dunbar,Baltimore. Source: [op.cit., 141. Une commission administrative, présidée par le préfet de région, dirige le Centre éducatif et culture1 d’Istres (France). En sont membres les directeurs des quinze organismes qui composent le centre (organismes ayant chacun ses propres structures et ses méthodes de gestion); cette commission est le véritable moteur de la vie du centre. Les interrelations complexes entre les différents établissements du centre font l’objet de la figure 63. Les principes concernant l’administration courante des équipements coordonnés ne sont parfois définis qu’après conclusion de l’accord global sur les coûts d’investissement et immédiatement avant l’ouverture du centre. D e s décisions fort complexes doivent être prises,qu’il s’agissedu partage des dépenses d’entretien, de la répartition des tranches horaires d’utilisation des équipements ou de la protection contre le vol. II faut passer des accords de propriété et de copropriété, réglementer et tarifer les différentes utilisations et créer des groupes et des associations d’usagers. C’est la réglementation des horaires de travail des divers types de personnel -cadres et non cadres découlant des conventions collectives passées avec les syndicats qui s’opposele plus couramment à une pleine utilisation des locaux D’autre part, la complexité et la lenteur des formalités à remplir pour obtenir I’autorisation d’utiliser les espaces communautaires peuvent en interdire l’accès à certains groupes de population moins structurés. A u niveau du fonctionnement le plus quotidien, l’attitude des personnes qui répondent au téléphone, la facilité avec laquelle on laisse les gens entrer dans les locaux,la qualité des matériaux et les couleurs -autrement dit, les (< détails ) )-revêtent une importance capitale. I1 s’agitlà de problèmes simples et faciles à résoudre,mais auxquels il faut,en tout état de cause,apporter une solution. Les ensembles gérés par l’administration scolaire sont sans doute les plus nombreux. Les directeurs ou proviseurs de l’enseignement primaire ou secondaire jouent le rôle de coordonnateurs et d’arbitresà la fois pour la communauté et pour l’établissement scolaire. Ils peuvent être assistés d’un directeur ou coordonnateur adjoint pour les programmes communautaires. Mais dans l’ensemble,la coordination est une entreprise contrôlée (et parfois dirigée) par l’école. Le Cumberland Further Education Centre et les Cambridgeshire Village Cottages (Royaume-Uni)sont organisés selon ce principe [2,p. 81. I1 n’en va pas de même à Wyndham Egremont,où le directeur est membre de droit, sans droit de vote, d’un comité de gestion qui a la haute main sur les équipements utilisés en commun par l’école et la communauté. 1. 11 arrive, par exemple, qu’un logement à loyer peu élevé situé dans l’enceinte de l’école soit attribué au concierge, afin qu’il puisse être accessible et disponible en dehors des heures de cours,étant entendu qu’il sera rémunéré en conséquence; ou encore, pour prendre un exemple norvégien,le concierge peut étre considéré comme un membre important du personnel,à tel point qu’il participe à toutes les réunions du personnel et scolaires [op. cit., 161. Selon les constatations faites au Royaume-Uni,(< ... les modalités de gardiennage, habituellement fondées sur la taille de l’école, peuvent se révéler insuffisantes lorsque l’établissementest utilisé de manière intensivepar la c o m m u nauté. 11 ne s’agit pas simplement d’un problème de nettoyage; c’est aussi un problème de gestion, qui ne peut être souvent résolu que par l’emploi à plein temps de gardiens supplémentaires. Pourtant,malgré le surcroît de travail que cela peut représenter,de nombreux gardiens sont heureux d’assumer les responsabilités accrues qui leur sont données dans de tels centres et certains d’entre eux jouent un rôle clé dans leurs activitésN [op.cit., 2,p. 81. 145 Réalisation d’objectifs complexes Utilisation en proportion FIG.62. Utilisation des principaux espaces (en proportion). Sorwce: [up. cit., 14.j I1 est souvent utile que le personnel scolaire et celui des activités communautaires soient en relations étroites. Au Royaume-Uni,le directeur de l’éducation postscolaire fait partie du corps enseignant et n’est pas tt un envahisseur inconnu descendant chaque soir )[2, avec ses acolytes pour jeter le trouble et détruire ) p. 221.11peut aider ses collègues ainsi que recevoir leur aide, et il intervient fréquemment lors de l’acquisition de nouveaux éléments d’équipement:(< L’effet qu’ont les centres sur les écoles dont ils utilisent l’équipement n’estpas facile à mesurer car,d’une certaine manière, plus l’organisation d’un centre est efficace, moins l’écoleest à même d’enremarquer les effets...Bien que certains directeurs des études postscolaires estiment qu’enseigner dans un établissement scolaire alourdit encore l’importantecharge de travail qui est la leur,ils en reconnaissent les grands avantages dans la mesure où ce travail contribue a faire de l’école et du centre 146 un tout cohérent et leur permet d’établir le contact avec les grands élèves qui deviendront leurs ‘clients’au centre [2,p.231.D Les ensembles administrés par la population sont l’exception plutôt que la règle. Dans certains cas, en Suède (à Brickebacken,par exemple) une commission mixte des usagers supervise le fonctionnement quotidien du centre scolaire communautaire [16]; et dans d’autres cas,comme en Australie,des groupes de bénévoles se partagent la direction selon un principe coopératif [15,p. 301. Une autre solution consiste à faire intervenir un gérant de centre. Ainsi, l’école secondaire/Centre communautaire Thomas Jefferson d’Arlington (Virginie) est la propriété de deux secteurs administratifs différents (affaires scolaires et environnement) qui en assurent conjointement la gestion. L’administration de l’équipement a été confiée a Réalisation d’objectifs complexes ......... . Reriaurant : .,..... , / ‘ ,. , _-_ Liens rhciprwues __-_ ~eiationstrès fortes Relations régulières ~ _.._. -. -Relationsponctuelles 0 O Locaux Services Travail en commun FIG.63. Schéma figurantles interrelationsentre les divers établissements du Centre éducatif et culturel d’Istres(France). Soztrce: [op. cit. 181. une commission composée de trois membres -le proviseur, qui en est le président et qui a la responsabilité de la totalité du centre, le gérant du centre, qui est employé par le School Board et qui est responsable devant le proviseur, et le coordonnateur communautaire, qui est employé du Départment de I’environnement et qui est chargé de la programmation des activités communautaires. Le budget annuel,la coordination des programmes mixtes, la sécurité et l’entretienrelèvent de la responsabilité conjointe du gérant du centre et du coordonnateur communautaire [17]. Le principe des budgets mixtes a été utilisé en France et aux États-Unis afin d’éviter les procédures de financement trop compliquées.A u Centre éducatif et culturel (CEC)d’Istres,un intendant universitaire assure la gestion des établissements municipaux ou intercommunaux et des charges communes à tous les établissements.Pour le bâtiment d’accueill’intendant assume la fonction de syndic [18]. A Provo (Utah) et à Gulf Breeze (Floride), grâce aux budgets mixtes, les obstacles réglementaires qui s’opposentà la coopération d’organismesn’ayant normalement pas de rapports entre eux peuvent être tournés,en recrutant,par exemple,un coordonnateur pour l’établissement scolaire et communautaire,qui œuvre sur l’un et l’autre plan et en est le représentant juridique. II est habilité à gérer les finances des écoles publiques ainsi que celles des parcs et des lieux de loisirs dans le cadre d’un budget mixte [4,p. 771. 147 Réalisation d’objectifs complexes D’une manière générale,toute nouvelle conception doit tenir compte du fait que les traditions anciennes de fonctionnement et de prise de décisions sectorielles ne peuvent être éliminées d’un seul coup et une fois pour toutes. La souplesse et la continuité semblent être les deux facteurs essentiels de la réussite.Dans certains cas, les responsables à l’échelon local devront jouer le rôle d’animateurs qui encouragent,expliquent et lancent de nouvelles activités; dans d’autres, ils devront prendre des décisions bien arrêtées et les faire appliquer. 11 faut pour cela des structures organisationnelles suffisamment autonomes pour garantir un fonctionnement efficace et rapide et encourager l’innovation et l’expérimentation. La question de savoir s’il serait avantageux ou non de créer des structures institutionnelles indépendantes de celles des autres organismes éducatifs et sociaux déjà existants est importante et doit être posée et résolue,dans chaque cas particulier,à l’échelonlocal.L’une des conditions nécessaires à l’implantation d’équipements et de services intégrés ou coordonnés est une prise de position favorable de la part des administrations chargées des décisions aux niveaux national et régional. Les pays en développement : le changement, problème de nature et de degré Amélioration des services au inoindre coût Par opposition à ce qui se produit dans les pays industrialisés, l’amélioration des services grâce à des opérations de coordination dans les pays en développement ne peut être entreprise à grande échelle si elle nécessiteun financement complémentaire.Le problème des équipements et de l’ampleur à donner aux investissements est, par conséquent, de plus en plus important. Le resserrement des liens entre l’écoleet la communauté constitue une solution dans la mesure où il aboutit à des contributions en terrains, en maind’ccuvre et en matériaux, qui réduisent les dépenses d’investissement et d’exploitation. Mais, dans cette perspective,il n’estplus guère possible de prendre pour exemple les modèles les plus perfectionnés d’équipements coordonnés.Par exemple,les dépenses d’investissement nécessaires à l’extensiondu CEC tanzanien à l’ensembledu pays s’élèveraientà environ 350 millions de dollars des États-Unis [19],en plus des contributions importantes qui seraient apportées localement. Cela montre combien il est difficile d’envisager des 148 solutions de développement faisant appel à l’aide étrangère, car celle-ci ne peut être accordée qu’à un petit nombre de projets de démonstration. Même les projets ou procédés expérimentaux doivent donc donner des résultats transférables de façon économique, sans quoi ils sont condamnés à rester des exemples isolés,sans grand intérêt. Lorsqu’on cherche à savoir si les programmes et équipements analysés dans les précédents chapitres sont financièrement réalisables, on aboutit de façon remarquablement constante à préconiser deux orientations: d’une part, recourir aux matériaux locaux et à la contribution et l’effortpersonnel de la population pour la construction des écoles et des centres communautaires et, d’autre part, établir un lien entre le secteur de l’éducation et celui de la production afin d’assurer le financement des dépenses de fonctionnement [19,p. 2071. Cependant, il convient de ne pas sous-estimerles obstacles qui s’opposent à des solutions plus économiques. Outre la centralisation administrative et la formation traditionnelle des enseignants, l’existence d’une réglementation archaïque en matière de construction d’ensembles d’habitations à faible densité de population et la fonction de symbole social qui est celle de l’écolefont obstacle à l’innovation. Dans de nombreux cas, les procédures d’adjudication des travaux de construction interdisent toute participation de la communauté aux travaux du fait qu’elle ne répondrait pas aux normes établies. a ... Les règlements de construction sont précisés dans des manuels et des textes réglementaires publiés par les pouvoirs publics. En ce qui concerne les matériaux à utiliser, ces règlements prennent essentiellement en considération les zones urbaines.D e plus,ils ne tiennent pas compte dans l’ensemble du fait que le pays intéressé peut connaître des restrictions à I’importation de matériaux ou une pénurie de devises étrangères. La rigidité de ces règlements crée souvent de grandes tensions entre les fonctionnaires chargés de veiller à leur application et les entrepreneurs auxquels les travaux sont confiés,ce qui aboutit fréquemment à des retards inutiles [20].)) L’absencedes connaissances techniques nécessaires pour construire les bâtiments conçus par les architectes du Ministère de l’éducation peut rendre indispensable l’interventiond’un spécialiste de la construction, ce qui entraîne des dépenses que la communauté n’est pas forcément en mesure d’assumer. La gestion financière pose des problèmes aux associations de parents ou aux coopératives locales du fait de leur peu d’expérience et de I’incxistencede mécanismes de contrôle des dépenses. Réalisation d’objectifs complexes Lorsque les établissements scolaires sont construits avec une aide du gouvernement: ((... de nombreux concepteurs sont très déçus du manque d’entretien des bâtiments qu’ils constatent lorsqu’ilsles visitent quelque temps après l’achèvement des travaux.La réaction habituelle est de rendre les usagers responsables du mauvais état des lieux.Or cette situationtienten grande partie au caractère peu réaliste du projet au stade de sa conception: la responsabilité en incombe donc pour le moins tout autant au concepteur. Les crédits d’investissement et d’exploitation sont généralement votés séparément,et il est très rare que des sommes suffisantes soient allouées pour l’entretien des bâtiments ) ) [19,p. 1971. D’autrepart, l’absencede plans à long terme prévoyant que les équipements évolueront parallèlement avec les besoins de la communauté crée aussi des problèmes. Le mélange incohérent de bâtiments anciens et nouveaux, chacun de dimensions différentes et construit avec des matériaux et des techniques divers non seulement crée des difficultés en matière de gestion, de supervision et d’entretien, mais limite aussi les possibilités de coordination avec d’autres services et institutions. I1 est un autre problème politique d’importance pour les actions de coopération:la structureinadéquate du régime foncier, qui peut rendre vaine toute tentative de modernisation des techniques agricoles et de transformation de l’école en un centre de développement agricole. Dans les cas où l’initiative locale est une réalité depuis plusieurs années,on observe,en matière de formation de capital à l’échelonlocal,une tendance générale à délaisser le travail bénévole pour la collecte de fonds. A u Kenya, par exemple, selon John et Jean Anderson : c En dépit du système très perfectionné de recours à l’effortpersonnel et aux comités de développement, la tendance générale au sein des hararnbees a été de renoncer à faire participer la base à la réflexion,i la discussion et à la planification,et de laisser les comités être manipulés par des fonctionnaires considérant les efforts des harambees de façon objectivement assez identique à l’opinion qu’en avait le colonialisme. Les fonctionnaires de l’éducation, par exemple, ne négocient généralement pas avec les comités de I’enseignement secondaire la meilleure façon d’utiliser les ressources locales. Ils se contentent d’imposer des exigences, souvent en se basant sur des plans de construction périmés, limitant de ce fait tout espoir d’innovation et soulignantla nécessité de mobiliser des fonds. A notre connaissance, il n’est pas d’exemple qu’un architecte officiel ait étudié le problème de l’utilisation des matériaux locaux pour les écoles haranibees du Kenya. Certes, de nombreux comités ont réussi à réunir des fonds et sont,à juste titre, fiers de leurs écoles; certes, grâce au mouvement harumbee, le programme de construction d’écoles secondaires défini par le gouvernement a été accéléré et orienté vers la multiplication d’établissements plus petits et mieux insérés localement. Mais il est regrettable d’avoir à constater qu’en fait,ce mouvement est progressivement devenu une façon de collecter un impôt nouveau -peut-être un peu moins pénible à supporter.En conséquence,il a grandement perdu de son objet premier qui était de susciter de nouveaux modes de formation de capital, une utilisation novatrice de la technologie locale et une plus grande confiance de la population en sa capacité de réfléchir par elle-mêmeet, donc, de négocier intelligemment son avenir [21].D Parmi toute la gamme des options offertes pour résoudre ces problèmes, chaque pays doit choisir sa propre voie. Toutefois, des lignes générales se dégagent. En premier lieu,les solutions possibles en ce qui concerne les équipements sont étroitement liées aux stratégies générales du développement rural. Chaque fois que les traditions d’autosuffisance et d’aide mutuelles se trouvent intégrées à un système global de développement planifié, des possibilités d’améliorations importantes existent. Voici,par exemple,ce que prévoyait une nouvelle stratégie du développement rural adoptée à Panama : ( (L’organisation des campesinos (agriculteurs) en vue d’une action politique et économique conjointe;I’installation définitive de groupes de squatters pauvres sur des terrains privés, acquis par l’État soit par expropriation directe, soit en raison d’un non-paiement d’impôts;une affectation préférentielle des ressources de l’Étatet des services publics aux groupes de campesinos organisés pour pratiquer une agriculture collective; la fondation d’ensembles agro-industrielsappartenant à l’État,qui seraient progressivement transférés aux campesinos; enfin, l’octroi d’une priorité aux infrastructures rurales de type social présentant un intérêt direct pour les populations rurales pauvres,en particulier les équipements de santé et d’éducation [22].) ) Sans aucun crédit supplémentaire,la planification, coordonnée à l’échelon national, des programmes de développement a permis de transformer près de la moitié des écoles rurales en centres de production et d’activités communautaires. Le principe retenu étant celui de la nucléarisation, la solution adoptée en la matière est chaque fois différente;elle est entièrement mise en œuvre par la communauté intéressée,en s’inspirant des traditions locales et en recourant aux ressources et aux matériaux disponibles sur place.Sans 149 Réalisation d’objectifs complexes qu’un modèle soit imposé par les instances supérieures, les autres écoles appliquent les principes généraux du ciclo basico y general, après une période transitoire de consolidation et d’évaluation. En second lieu,étant donné l’obligation d’augmenter le nombre de salles de classe dans la plupart des pays en développement et le fait que l’effort personnel peut à la fois permettre une formation de capital et la création de liens personnels entre le projet et l’usager, favoriser l’intégration sociale et la coopération, il semble que le recours à l’effort personnel en matière de construction soit la seule stratégie réaliste à adopter pour améliorer notablement la situation dans les zones rurales (fig. 64). Les unités décentralisées d’assistance (proposées au quatrième chapitre) pourraient garantir un usage intelligent des ressources et une amélioration des techniques locales. Proches du village, elles auraient la possibilité d’évaluer les qualités particulières de chaque zone et d’éviter l’application de politiques uniformes et globales. FIG.64.Construction grâce a l’effortpcrsonnel en Chine. Nouvel ensemble scolaire en cours de construction par la brigade dc construction d u comité de rue, avec l’aide des enseignants et dcs élèvcs -Nankin, novcmbrc 1975. 150 En troisième lieu, il est indispensable d’envisager, dans le cadre des mesures de réduction des coûts,I’utilisation commune des équipements et du matériel, la rénovation et la réutilisation des équipements existants,inemployés ou de qualité inférieure aux normes. Le coût des équipements serait moindre aussi bien pour l’écoleque pour la communauté,et celles-cipourraient ainsi avoir accès à des espaces qui autrement n’existeraient pas. Aux Philippines,on a pu créer une ou deux classes supplémentaires de niveau secondaire en utilisant au maximum les équipements éducatifs des écoles élémentaires des barrios (villages). ( (O n a pour cela utilisé des salles,l’équipementet le matériel aux moments où les élèves des classes élémentaires ne s’en servaient pas. Par exemple, lorsque les élèves de quatrième année quittent leur salle de classe pour un cours de 40 minutes de travaux pratiques (dans le cas des garçons) et d’économiedomestique (dans le cas des filles), leur classe est utilisée pour donner un cours de mathématiques ou de sciences sociales aux élèves de première année. Pour la leçon suivante,c’estau tour des élèves de cinquième année de quitter leur classe, qui est occupée par les mêmes élèves de première année pour un cours de sciences ou d’anglais. Ce même principe est appliqué au matériel scientifique, aux outils d’atelier et de jardin,ainsi qu’à la cuisine et à l’ensemble des locaux servant aux cours d’économiedomestique,qui sont utilisés par les élèves du secondaire quand ils sont inoccupés [23].D D e la même manière, l’effort commun en vue de mettre en place et de partager l’infrastructuretechnique et sociale est souvent le premier pas économiquement possible dans le sens du développement rural. E n quatrième lieu,la liaison entre l’éducationet la production accroît considérablement les possibilités de couvrir les coûts d’investissementet d’exploitation ainsi que les dépenses d’éducation,et d’iniroduire un enseignement plus adapté 1 Dans les écoles secondaires des bciirios: G ... les élèves ont (dans le cadre de leur formation professionnelle) une activité rémunérée lek que l’élevage de porcs, de poulets, de bovins ou la culture de fruits et légumes dans l’enceinte de l’école et/ou chez eux, et ils utiliseiit le revenu qu’ils en tirent pour faire face aux ïrais de scolarité,2 la location des livres et autres dépenses scolaires. D e leur côté, les parents bénéficient, dans IC cadre de l’éducation permanente, de l’assistance d’agents de l’État chargés de la vulgarisation agricole,en vue d’augmenter la productivité de leurs lopins d e terre et exploitations.Ainsi, grâcc i J’amélioration dc la sélection des semences, du sarclage et de l’irrigation ainsi qu’à la transformation des ordures ménagères en compost et i l’utilisation de ce dernier, etc. les agricultcurs peuvcnt Réalisation d’objectifs complexes Le grand nombre d’activitésde ce type (élevages de porcs, travaux horticoles ou artisanaux) qui existent dans les écoles communautaires qui pourvoient à leur propre subsistance dans le monde entier (fig. 64,65 et 66) prouve l’énorme succès de cette idée. titatives : les enseignants sont censés assumer des responsabilités de chefs d’entrepriseet de dirigeants politiques,préparer les élèves à un emploi et contribuer à créer des possibilités d’emploi au sein de la communauté Parallèlement, il convient de trouver des moyens d’augmenter ie rapport enseignant/élèvesafin de le porter peut-êtrek 1 pour 300 [24]. D e toute évidence, la formation des enseignants doit aussi porter sur des domaines autres que les disciplines scolaires traditionnelles si l’on veut que ceux-ci deviennent des catalyseurs efficaces du développement rural. Diverses stratégies ont été proposées. Selon certains, il conviendrait que l’agriculture devienne une matière obligâtoire de la formation de tous les enseignants [25]. ! FIG.65 a et b. Activités horticoles socio-éducatives.a) Activités horticoles à Oued Akreuch (Maroc) [PizofotH.Bouchta]; b) A l’école primaire de Marong, à Rizal (Philippines) [PRofo: H.Noguchi]. L e s omnipraticiens du déoeloppement et les agents du changenient social Dans la plupart des pays en développement,les dépenses d’exploitationd’un établissement scolaire sont plus difficiles à couvrir que les dépenses d’investissement. Pour réduire le coût des salaires -qui absorbent souvent de 75 à 95%des ressources qui pvuvent être affectées à l’éducation-il est absolument indispensable de tirer parti des possibilités peu onéreuses d’enseignement qu’offre la communauté. A cet égard, le changement consiste à doser les transformatjons de nature et les transformations quan- FIG. 66.Produit fabriqué par une classe de menuiserie, où sont enseignées des techniques simples adaptées aux besoins locaux: ici une batteuse de mais [Photo: O.Obwa]. ... augmenter le rendement de leurs cultures de riz d’au moins cinq cavan~(un cavan équivaut à environ 25 litres -Ndt) à l’hectare.Le gain supplémentaire ainsi obtenu permettra de couvrir les frais d’une année d’études secondaires. D e cette manière,ce sont eux qui rémunerent les enseignants et assument les autres dépenses scolaires [op.cit., 23,p. VI11 31. >) 1. L a question de l’importance des salaires des enseignants et de l’inadaptation de leurs fonctions dans les pays en développement a fait s’ouvrir un domaine nouveau de rccherches et d’études. Dans ce contexte, seront seuls examinés quelques-uns des faits les plus significatifs - ou peut-êtrem ê m e les plus évidents -concernant la réduction du coût des enseignants,et le nouveau rôle du maître en m a tière de resserrement des liensentre l’écoleet lacommunauté. Réalisation d’objectifs complexes L’idée est de donner à l’enseignant de solides connaissances de base en agriculture,en secourisme,en hygiène et en obstétrique,de lui fournir des documents de vulgarisation agricole et de l’informerdes structures administratives du pays, en particulier aux niveaux du sous-districtet de la division (afin qu’ilpuisse aider la communauté villageoise à traiter avec l’adininistralion). Mais le rôle essentiel de l’enseignantreste fonda(Nous ne sommes pas partimentalement inchangé: ( sans de transformer l’enseignant en chef de village ou en ‘animateur’.Attendre de lui qu’il se comporte ainsi dans le cadre de sa profession serait non seulement le surcharger de travail,mais aussi créer des conflits avec le groupe des notables. Sachant que les membres de la communauté demandent effectivement son aide à I’enseignant,nous jugeons nécessaire de le préparer à cet aspect officieux de ses fonctions,en particulier lorsqu’il s’agit de régions isolées où le maître sera forcément,et presque tout le temps, le seul élément de l’extérieur vivant dans la communauté. Formés à ce rôle supplémentaire,qu’ils ne devraient jouer que de façon intermittente, les enseignants auront plus de poids auprès des habitants du village, car ils auront des qualités appréciées par la communauté 125, p. 1551. D Dans le même ordre d’idées,les besoins d’autres communautés pourront être liés plus particulièrement à l’éducation des femmes et des jeunes filles et à des cours de santé,d’hygiène,de nutrition, de préparation des aliments,de puériculture et de secourisme [26]. En Thaïlande, il est indiqué dans la proposition concernant le ((Développement des programmes de formation des enseignants des écoles communautaires) ) que le programme de formation existant ne permet pas la préparation de véritables professeurs d’écoles communautaires et suggère des modifications au niveau du contenu de l’enseignement et au moyen d’activitésorganisées complémentaires,pour ce qui est de la formation aussi bien préalable qu’en cours d’emploi. Les matières étudiées devraient être ((d’une part, les matières générales fondamentales,2 savoir les principes du développement communautaire,le fonctionnement des coopératives, la sociologie rurale, I ’économie, les sciences politiques, l’éducation en matière de population,la psychologie sociale,les études thaï, la vulgarisation agricole,les soinsmédicaux et la diététique,les fonctions de direction,les arts plastiques et la musique,les travaux manuels,I ’économiedomestique, I ’écologie,etc.,et, d’autre part, les disciplines professionnelles,c’est-à-direles principes régissant les écoles communautaires,l’éducation extrascolaire, la recherche éducative fondamentale,les innovations et la technologie éducatives,les études communautaires,la pratique de l’enseignement,les problèmes éducatifs des 152 communautés, l’orientation pédagogique, la vulgarisation éducative, la psychologie de l’éducation,etc.)) ~271. A l’inverse de ce courant d’idées,qui fait de l’enseignant un omnipraticien du développement en mettant l’accentsur cet aspect supplémentairede ses fonctions et en l’officialisant,l’autreécole de pensée affirme que les conceptions de l’enseignant sont peut-être déterminées de manière trop rigide par son activité proprement scolaire et qu’il serait donc incapable d’intervenir avec la souplesse, l’imagination et le sens de l’improvisationrequis par des activités extrascolaires [20,p. 161. Selon cette seconde école,il faut donc de nouveaux types d’animateursou d’« agents du changement N qui devraient être des gens ayant une activité en relation directe avec l’améliorationet I’évolutionprogressives de la communauté, et partant être recrutés parmi les artisans, les organisateurs et les autres gens de métier du lieu. Une autre raison de faire appel aux ressources locales est que,dans la majorité des pays en développement, les enseignants sont trop peu nombreux pour pourvoir tous les postes d’« agents du changement ))nécessaires dans les zones rurales, et que, d’autre part, il serait impossible de payer les traitements de véritables professionnels. Dans sa proposition relative à la création d’écoles et de centres de développement locaux, Bennett préconise que :( (... chaque centre emploie en tant qu”enseignants’ou ‘agentsdu changement’quatre ou cinq personnes dont les aptitudes requises seraient déterminées en fonction des problèmes prioritaires. Telle localité,par exemple, pourrait avoir besoin d’un travailleur agricole, d’un organisateur de coopératives, d’un conseiller en matière de nutrition et de santé,et d’un animateur de centre de planning familial; telle autre localité,en revanche,se doterait d’unvétérinaire, d’un assistant médical,de deux spécialistes de l’alphabétisation et d’un animateur de centre de planning familial.Même si ces personnes avaient le même titre, elles pourraient avoir des fonctions et des domaines d’intérêt différents du fait que leur formation serait autant que possible destinée à leur permettre de résoudre les problèmes prioritaires particuliers d’une localité bien précise. H Étant donné que, dans tout pays, il est généralement très dificilc de faire rester cn zone rurale les jeunes qui sortent de l’enseignement secondaire ou supérieur et que, s’ils le font, ce n’est pas par choix personnel (auquel cas,il est peu probable qu’ils soient motivés), la moitié au moins du personnel de chaque centre devrait être choisic parmi les mcmbres les plus Réalisation d’objectifs complexes progressistes de la communauté. Cela risquerait aussi d’encourager la communauté à participer plus intensément aux activités du centre que si tout le personnel venait de l’extérieur.Les personnes ainsi choisies recevraient une formation pratique d’un ou deux ans dans les domaines où les problèmes qui se posent sont les plus importants pour la localité en question [28].)) Bennett suggère aussi que la formation donnée aux ( (agents du changement) ) soit délibérément d’un niveau relativementpeu élevé (comme il a été indiqué plus haut à propos des promotores bilingues au Guatemala) afinde ne pas aggraver le décalage intellectuel entre les agents et les personnes qu’ils sont censés aider. Outre le fait que les salaires des agents pourraient être moins élevés que la normale, cela pourrait éviter qu’ils utilisent leur formation pour se faire une place parmi les élites dans le secteur moderne [28,p. 151. Selon une troisième école de pensée,le fait pour un enseignant d’avoir obtenu tous les titres pour faire partie d’uneprofession qui tend à I’honiogénCité(et oil les enseignants ayant moins de qualifications sont considérés comme des subalternes) perd rapidement de son importance. Le rôle fondamental de l’enseignant se transforme et devient celui d’un agent du Changement et du développement. Au total, les éducateurs titulaires d’un diplôme universitaire ne risquent guère de voir leur nombre diminuer,mais ils recevront le renfort d’un corps enseignant très diversifié, adapté aux besoins et ressources de la localité et ayant,par conséquent,un ((rendement ))plus élevé que celui du système traditionnel. Bizot a fait observer que ((les maîtres si mal formés autrefois,dont la mobilité et les perspectives de carrière étaient limitées sinon inexistantes,sont remplacés par des hommes et des femmes bien formés dont la fonction sociale est appréciée à sa véritable valeur par euxm ê m e s comme par la communauté, dont les possibilités de carrière sont multiples et qui jouissent de tous les avantages résultant d’échanges avec d’autres en)[29]. seignants ) O n pourrait dire que les trois conceptions analysées ci-dessus devraient être examinées en fonction des structures éducatives et des modes de participation de la communauté aux questions scolaires de chaque pays. Dans certains cas, la première conception (soutenue par Bergmann et Bude,notamment) peut paraître révolutionnaire;mais dans d’autres cas,le vécu peut être en avance sur la théorie, qui reste assez prudente visà-vis du changement.A u Honduras,par exemple,les maîtres formés ou non jouent le rôle d’agents du changement sans que les pouvoirs publics ne leur apportent ouvertement leur soutien. Ils prennent l’initiative de projets agricoles locaux et d’amélioration des villa- ges, et financent souvent les premiers investissements de leurs propres deniers (dans l’espoir de récupérer leur mise de fonds par la suite lors de la vente des produits). Tous les mois,les enseignants appartenant à un nucleo tiennent une réunion dans une école chaque fois différente,afin de discuter des projets et de leurs résultats, d’écouter les critiques de la communauté et de recevoir l’aide de celle-ci. En 1971,au Pérou, dix-huitenseignants,partisans des idées de Freire et d’Illich,ontcrééune école conimunautaire à Villa El Salvador,un bidonville de la périphérie de Lima. Les enseignants vivant au sein de la communauté,l’éducation est devenue pour cette dernière un instrument de développement intellectuel et pratique (fig. 67). FIG.67.Les enseignants,agents du changement. Centre communautaire de Villa El Salvador,Fe y Algria (Pérou): fabrication de marionnettes. Au Panama, l’une des retombées importantes de la création d’Escuelus de produccion a été l’apparition d’unnouveau type d’éducateur...qui devrait se démarquer de plus en plus de l’enseignement actuel dans la mesure où il sera capable de changer de ( (clientèle ) ) et de fonctions en passant de la salle de classe au secteur de la production [22,p. 201. Grâce à la collaboration d’autres enseignants, d’experts et de membres des communautés, des interactions autres que les rapports habituels enseignantsenseignés se produiront: ((... c’est l’adéquation de 153 Réalisation d’objectifs complexes ‘cequi est appris’au monde extérieur qui conditionne le programme. Avec l’aidede fonctionnairestravaillant pour d’autres ministères ou organismes d’État (agriculture, santé, développement communautaire, électricité, etc.), l’enseignant doit ‘composer’ un programme d’études et de travail qui corresponde aux besoins ressentis mais qui fasse aussi naître de nouveaux types d’attitudes et de comportements. Pour cela, on procédera à la fois à la mise en place d’activités productives et à une révision des programmes scolaires des neuf années, en limitant les matières d’études à trois domaines:les sciences,les lettres et la technologie. Ce dernier domaine pourra, selon les conditions locales, être orienté vers l’agriculture, l’industrie,le commerce, l’artisanat, le tourisme ou la pêche. JI constituera l’axe autour duquel s’articuleront les deux autres domaines [22,p. 81. D Que des agents soient formés spécialement, les maîtres actuels formés différemment ou les deux à la fois, le point essentiel est que l’attitude,l’activité et la formation des personnes s’occupant d’éducation rurale et de développement communautaire se différencient de plus en plus de celles des enseignants d’autrefois. I1 dépendra de leur compétence, de leur sens de l’invention et de leur motivation que l’école rurale fonctionne à l’avenir comme un centre de développement ou qu’elle reste un îlct pour quelques privilégiés. A l’inverse de ce qui se passe dans les pays industrialisés, où les enseignants innovent rarement et où le besoin de changement est moins pressant, les pays en développement se heurtent chaque jour aux insuffisances du système traditionnel. (la plupart des Huberman a fait observer que ( profils de personnalité,dans les pays d’Amérique du Nord et d’Europe,décrivent les enseignants comme timides et respectueux,manquant de hardiesse sur le plan social, soucieux de plaire, plus passifs et moins décidés à réussir que les personnes exerçant d’autres professions. O n a constaté que ce portrait est inexact dans de nombreux pays en voie de développement [30].) ) Structures administratives et uolonté de compter sur ses propres forces L’ampleur des structures administratives est étroitement fonction des besoins en la matière. Dans les petites agglomérations rurales,la ((structure administrative ) )de liaison étroite entre l’école et la communauté pourrait consister en une réunion informelle du chef du village, de l’enseignant et des parents, selon une fréquence déterminée par les besoins. Dans I54 les agglomérations plus importantes, il n’est généralement pas difficile de crker diverses commissions chargées des grandes questions: éducation, santé, protection sociale, culture, sécurité et production, par exemple. Mais leur efficacité est étroitement liée à leurs ressources et au pouvoir qu’elles ont d’influer sur le cours du développement local. Ce sont, par conséquent, les problèmes plus généraux en matière de prise de décisions, tels que ceux de la primauté entre l’autonomie locale et I’autoriténationale, entre la décentralisation et la centralisation,entre le changement complet et l’évolution progressiste qui sont les plus délicats. Tant que les innovations locales resteront des îlots de coordination dans l’océan national des écoles traditionnelles, les structures administratives seront façonnées par les principales personnalités locales. Les pouvoirs publics feront bien de s’assurer que ces changements locaux par rapport aux pratiques établies reçoivent le soutien administratif et financier nécessaire, car elles proposent parfois les solutions répondant le mieux aux besoins locaux ou sont des projets pilotes d’importance plus générale.Toutefois,la mise en œuvre d’un plan national global de liaison entre l’école et la communauté ne peut pas s’appuyer uniquement sur l’esprit d’avant-gardequi est à l’origine des micro-innovations. I1 semble que, pour combler le fossé entre la planification et la mise en œuvre, il faille un minimum de planification nationale et un maximum d’autonomie i l’échelon local. Apter a énuméré les trois facteurs qui lui paraissent déterminants pour passer du stade de l’idée à celui des premières phases de réalisation d’un projet:un ensemble précis de valeurs, de normes et de priorités pour établir la cohérence requise entre les structures institutionnelles locales et nationales ; un ensemble de fonctions sur lesquelles on s’appuie en tenant compte des contingences et des obligations mutuelles; enfin, le comportement et la motivation nécessaires pour l’accomplissement des tâches. Le modèle le plus proche de cet idéal est le modèle chinois. ( (Tous les aspects de l’organisation sociale sont définis sur le plan idéologique.Mais ce n’est pas tout. D e s fonctions sont attribuées aux différents rôles. Les normes de rendement sont raisonnables. La socialisation est un processus éducatif, faisant intervenir le groupe qui étudie les contradictions normatives, structurelles et de comportement,et recouvrant, en cas d’échec de cette méthode, à une certainc contrainte. I1 en résulte des comportements radicalement nouveaux. Dans I’ensemblc du pays, les coinmunes rurales ont fait un progrès énorme par rapport Réalisation d’objectifs complexes à l’état de dépendance et d’impuissance séculaires dans lequel se trouvait le paysan chinois [31]. ) ) Par rapport à la gamme des choix allant du changement progressif au changementradical,la RépiibliqueUnie de Tanzanie et Panama ont adopté une position intermédiaire et sont deux exemples intéressants de transformation idéologique inspirée par les instances supérieures et d’organisationcommunale et autonome à la base I. En République-Unie de Tanzanie,la participation populaire à la planification, à la conception et à la mise en œuvre du CEC faisait partie intégrante du programme. Mais le degré nécessaire et souhaitable de participation et d’autonomien’ajamais été établi avec précision. L’absence de priorités claires à cet égard, le recours à des experts extérieurs [32],l’utilisation de plans d’équipements conçus au sommet et, enfin, la structure hiérarchique de la pyramide de l’éducation nationale [33] et des organes de décision ont provoqué d’importants conflits en matière d’implantation et de gestion des centres. Ces difficultés sont abordées ouvertement,même dans les documents officiels : (< Tous les problèmes de planification sont tranchés par le Tanu, I’UWTet le comité de village. L’initiative semblait, à l’époque de notre visite, émaner essentiellement d’en haut: à savoir des autorités du district ou des fonctionnaires locaux. La communication entre les couches inférieures de la population et les dirigeants semble limitée, ce qui, entre autres choses, explique le choix par le village de priorités ne remettant pas en cause les principes établis et l’absence de participation vigoureuse aux activités collectives [34].) ) Au Panama,en revanche,les détails d’organisation ont été laissés à l’initiative de groupes locaux et l’autonomie locale a été nettement renforcée. Le ( (minimum ) ) national de planification a consisté essentiellement à établir des priorités de développement portant sur les questions de recherche et de planification intéressant la production agricole et industrielle dans chaque région ainsi qu’à créer les conditions requises pour une amélioration véritable et réaliste de la situation dans les zones rurales: nouvelle répartition des terres; fourniture du matériel et du personnel technique nécessaires, et la mise en place de services administratifs d’assistance aux échelons national et régional en vue de soutenir l’initiativeet l’autonomielocales. ((Chacune des 67 écoles a, naturellement, sa propre formule d’association des activités en classe et à l’extérieur,mais, dans l’ensemble,on peut dire que la réussite même de cette entreprise a conditionné le contenu et la qualité de la réforme éducative.La popu- lation vivant autour de l’écoleparticipe directement à son programme par le biais du Comité de Apoyo (comité de soutien), composé de représentants du territoire (corregimientos), du conseil communautaire, des parents, des enseignants, des élèves, des administrations locales, des autorités militaires et ecclésiastiques, etc. La communauté administre, finance et dirige l’école, en prenant conseil des représentants ) du Ministère de l’éducation [22,p. 81. ) De tous les pays industrialisés et en développement étudiés à ce point de vue, le Panama est probablement celui qui s’est le plus rapproché de l’établissement de ce qu’on a appelé ((un parapluie national servant de protection à l’action strictement locale ». Mais cette protection n’est qu’un des éléments nécessaires à la croissance.D e même que celle des plantes a besoin, de surcroît, d’eau et d’engrais, de m ê m e celle dont nous faisons état a nécessité l’apport d’autres éléments, à savoir une redistribution des terres et une mise à disposition du matériel nécessaire et d’unpersonnel dûment formé.Tant que ces éléments essentiels font défaut,tout plan national de développement coordonné ne peut être que du bricolage par rapport aux espoirs et aux aspirations des populations locales. En revanche, si ces éléments existent, l’organisation communautaire répond aux besoins de la communauté de manière organique et il se crée des structures de gestion correspondant aussi bien aux structures traditionnelles qu’aux exigences nouvelles : ( (... La nécessité pour la communauté de répondre aux exigences de l’école débouche sur la création d’entités nouvelles,telles que le comité de soutien de l’éducation ou la commission éducative du conseiI 1. Apter (op.cif.,31) fait observer qu’«... il y a très peud’exemples de réussite d’une stratégie reposant sur u n modèle mixte. Les kibboutz d’Jsraël en sont peut-être le plus proches. 11 est certain que ces derniers détiennent une sorte d e record de longévité, puisqu’ils ont survécu n o n seulement à la succession des dirigeants, mais aussi au passage des générations. L e ciment idéologique y reste assez solide, bien qu’il le soit peut-être moins que par le passé. U n e idéologie d’avant-garde mêlant le socialisme au nationalisme et concrétisée par u n principe de rôles égalitaires a donné lieu à un comportement communautaire de responsabilité mutuelle. Les normes ont été fortement intériorisées; la socialisation a été très réussie et de nouvelles fonctions sont venues se greffer sur les rôles déjà institutionnalisés.L’esprit pionnier a peut-être disparu aujourd’hui, mais il a été remplacé par la nécessité de survivre en tant que nation. En tout état d e cause, il est clair qu’en tant que m o d e de vie global, le kibboutz s’est révélé à la fois productif d u point de vue économique et satisfaisant pour beaucoup. C e qui manque, dans ce contexte, c’est un ensemble national de rôles qui se renforcent mutuellement. Et cet élément est peut-être c o n d a m n é à ne jamais exister si la société israélienne renforce ses aspects capitalistes, urbains et industriels ». 155 Réalisation d’objectifs complexes ........ ................. :- Direction régionale .. de l‘éducation : .I . . . . .......... .‘ Direction du noyau éducatif municipal . ‘. ..I .. -4 CONSECOM ) . ............ ’,. _ - : Service ’.. administratif Équipe d’animation i pédagogique _.: __ .‘ ....... ......... ....... ; , . : ....... ,~ Centres éducatifs ... Centre de base . (sous-centre) .’ I _ . ., . .......... .... : ............. :. ... ! ’.. Programmes extrascolaires ,: ‘ . , Comité éducatif :. .............. FIG.68.Organisation du Noyau éducatif municipal (Pérou). A U cœur du noyau, il y a le centro hase; celui-ci comprend,en plus de la direction du NEC,un conseil consultatif local en matière d’éducation,le Consejo Educativo Comunal ou CONSECOM, un service administratif et une équipe d’animation pédagogiquc.Le directeur du NEC est choisi sur une liste de candidats proposée par le CONSECOM.Sa mission essentielle est de stimuler la participation communale et d’aider à réaliser l’intégrationglobale qui est l’un des principaux buts de la nucléarisation. Dans ce contexte, il h i t noter l’importance primordiale que revêt IC droit qu’a IC CONSECOM de crécr dcs comités éducatifs (co»zire.r de accih educativa) qui représentent un pas de plus vers la décentralisation et la participation de la base. L’une des tâches fondamentales dc l’équiped’animation pédagogique (Equip0de Proinocibn Edudiva) est l’établissement d’une ((carte scolaire>) et d’un ( (diagnostic dc situation ) ), lesquels définissent les caractéristiques du noyau ct fournissent les données nécessaires 5 une analyse de la situation du moment. L’«cnquêtc de participation ))pour laquelle elk cst aidéc par divers représentants de la communauté sert non seulement 5 rassembler les données néccssaireç,mais également 5 ((sensibiliser>) la population. Source: [op.cit. 291. 156 Réalisation d’objectifs complexes communautaire. Dans le cas de Coclecito, ce phénomène a eu un effet multiplicateur puisque des commissions de santé et des commissions de production ont été créées par la suite. L’école pousse la communauté à établir des structures organiques à l’échelonlocal et, ainsi, à se lier progressivement aux structures nationales, en donnant naissance à un dialogue d’organisation à organisation, dans le cadre d’une communauté nationale institutionnalisée... ) )L’école ne se tourne plus vers le ministère pour accomplir sa ‘mission’. C’est à la communauté, dûment organisée, qu’il incombe de participer directement et activement, à l’échelon local comme à l’échelon national, à la définition de la vie scolaire (structures, fonctions, programme). Ce faisant, la communauté apprend à exercer les mêmes droits et à s’acquitter des mêmes obligations dans d’autres domaines, intégrant progressivement le ( ( projet scolaire )) local au projet national [22, p. 13 et 1 41.) ) En matière d’octroi de l’autonomienécessaire aux structures locales, les demi-mesures empêchent directement tout le plan national de devenir un facteur de développement véritablement dynamique [35]. Ainsi, Bizot a fait observer qu’au Pérou,l’insuffisance de la participation de la communauté et de la coopération du secteur éducatif avec les coopératives et entreprises locales aurait pu être évitée si les centres éducatifs et communautaires des zones rurales avaient joui d’une plus grande autonomie: ((Leurs programmes sont encore en grande partie dictés et contrôlés par la direction zonale, qui relève de la direction régionale, qui, à son tour, relève du Ministère de l’éducation,lequel, à Lima, est tout à fait à l’écart des problèmes et des besoins particuliers à chaque noyau. Les directeurs des NEC sont placés là uniquement pour voir ce qui doit être fait dans leurs secteurs, mais leur pouvoir de prendre des mesures effectives est limitépar des directives venues d’enhaut. Ce qui serait nécessaire, ce n’est pas simplement un encouragement théorique à l’imagination et à la souplesse mais de véritables stages qui, s’adressant à ceux qui sont engagés sur le terrain, développeraient en eux ces qualités [29,p. 601.>) Par ailleurs,il a été souligné que l’ouverture,dans les zones urbaines ou rurales du Pérou,de 819 Nucleos Educativos Communales (centres d’éducationcommunautaires) fonctionnant à plein rendement a représenté une décentralisation assez importante [29,p. 34; 361 (fig. 68). La question du soutien à apporter à la décentralisation est abordée différemment selon les idéologies politiques. La Yougoslavie nous fournit un exemple intéressant de dispositions constitutionnelles prévoyant l’autogestiondécentralisée : ((En vertu de la Constitution de la République fédérative socialiste de Yougoslavie et d’autres textes législatifs,l’écoleest une communauté indépendante autogérée de travailleurs dont l’activité est considérée comme d”un intérêt spécialpour la société’. L’organisation du travail et de la vie de l’école communautaire est tout entière fondée sur l’autogestion; ce ne sont pas seulement les membres du personnel et les élèves qui prennent part à son administration, mais également des représentants de la collectivité locale, ce qui confirme l’intérêt particulier du travail de l’école pour la société. ) ) Conformément au principe d’autogestion, les décisions relatives aux problèmes essentiels du fonctionnement de l’école sont prises directement par tout le personnel (la communauté de travail de l’école). Tous les membres du personnel sont responsables individuellement et collectivement des décisions prises par eux et ils ont l’obligation de s’y conformer. Les enseignants et le reste du personnel de l’école participent également à l’autogestion par l’intermédiaire de leurs représentants élus au Conseil de l’école [37,p. 321.D La possibilité de créer de nouvelles structures administratives ou d’utiliser celles qui existent pour la mise en œuvre des programmes de coordination dépend en grande partie, dans chaque pays, des structures nationales d’introduction des innovations. Dans certains cas,il peut être nécessaire de créer une nouvelle superstructure chargée d’assurer en permanence la coordination (c’est ce qui a été fait, par exemple, en Colombie et au Pérou); dans d’autrescas,les appareils administratifs existants se sont vu confier de nouvelles tâches et de nouveaux rôles (c’est le cas du Kenya, de l’Indonésie,du Honduras,du Mexique et du Panama). D’une manière générale, il semble préférable d’utiliser,dans la mesure du possible, les structures en place l. 1. En ce qui concerne le projet Kawangware, au Kenya, il a été proposé que ((... l’administration provinciale de Nairobi associe les divers organes relevant de son autorité a un effort c o m m u n pour la réalisation du projet de CCP et de réseau d’éducation communautaire.Ce projet repose sur la structure administrative existante, les tâches de gestion et d’exécution incombant au Comité local de développement ) ) (Bruce Creager,N U n centre communautaire polyvalent au Kenya: besoins et problèmes des communautés rurales en voie d’urbanisation pendant la période de transition )), Les bâtiments à usage scolaire et communautaire: cinq études de cas, p. 83-100,Paris, Unesco, 1978 (Études et documents d’éducation no 26). D e la m ê m e manière,lors d’un colloque sur (< la jeunesse 157 Réalisation d'objectifs complexes L'école communautaire FIG. 69.Affiches apposées sur les murs et les arbres pour mettre en relief le besoin d'analyse et de participation. FIG.70. Habitants de Barranco, cn compagnic d'un des animateurs, dans IC restaurant qu'ils tiennent s u r le inarché à côté d'unc afiiche piiblicitaire relative aux programmes d'éducation extrascolaire. FIG.71. Animation et promotion des possibilités de participation au Pérou: les techniques de la bande dessinée sont utilisées pour cxpliquer la nécessité de la participation populaire aux questions éducatives. i 58 Réalisation d’objectifs complexes Cependant, le cloisonnement des activités des divers ministères peut être tel qu’il soit impossible de traiter de tout dans le cadre du système existant. Afin d’éviter les doubles emplois et d’identifier les problèmes fondamentaux qui se posent aux zones rurales à l’échelon national, la création d’une superstructure nouvelle pourra se révéler nécessaire. Mais cette ((superstructure))ne devra pas obligatoirement être centralisée (ce qui pourrait rapidement en faire un monstre bureaucratique, aussi rigide que l’ancien système, dirigé par une élite urbaine et susceptible d’être influencé par les pressions du secteur moderne). I1 serait peut être infiniment préférable qu’elle soit décentralisée et remplisse une fonction de direction et d’orientation régionales, axée aussi étroitement que possible sur les besoins et les problèmes locaux.Cette superstructure ferait la liaison entre l’échelon central et l’échelonlocal et, à ce titre,elle pourrait être chargée de la diffusion du savoir technique, de la répartition de l’aide nationale et internationale, ainsi que de la formation et de la sélection des animateurs ou agents du changement locaux I. Parmi les problèmes pratiques que pose la coordination, quelques-uns des plus fréquemment cités sont ceux qui ont trait à l’animation et à la promotion, visant à faire participer les gens, en particulier ceux qui ont le plus besoin d’aide.Certains exemples qui nous viennent du Pérou (fig.69,70 et 71) montrent comment la bande dessinée et l’affiche ont été utilisées pour stimuler la participation. Étant donné l’énergie limitée du personnel, des élèves et du public en général,il peut être souvent plus sage de commencer par aider les gens à faire mieux ce qu’ils désirent immédiatement faire plutôt que de les pousser à accomplir ce qui leur est au plus haut point nécessaire mais qu’ils n’ont pas envie de faire. D’une manière générale, les principes suivants semblent être particulièrement appropriés en ce qui concerne les processus visant à ce qu’une communauté s’appuie sur ses propres forces: recours, dans toute la mesure possible, aux traditions locales en ce qui concerne la prise de décisions par le public et la mise en route d’un projet; participation, dès le départ, de la population locale à la réalisation des enquêtes sur la communauté et à l’établissen~entdes besoins et des priorités; choix des premières actions de telle manière que des relations de confiance parviennent très vite à s’établir entre l’administrationet les usagers; efforts particuliers pour que la communication demeure largement ouverte et que soient facilités les contacts avec les administrateurs; insistance sur la nécessité de liens étroits avec les structures de pouvoir locales, officielles et non officielles; enfin, création d’un cadre institutionnel et d’une série de comités représentant sans contestation possible tous les intéressés. Changer d’orientations et de responsabilités à mesure que s’accroît la complexité Les opérations de coordination ont été dictées, dans la plupart des cas,par l’espoir de trouver une solution plus économique aux problèmes d’équipement et de services qui se posaient dans des communautés urbaines et rurales de différentes parties du monde. En un peu plus d’une décennie, depuis le lancement des premiers grands programmes,les facteurs humains et sociaux ont acquis une importance plus grande. On pourrait aller jusqu’à dire que la coordination s’estlibérée de la nécessité de quantifier ses avantages. On en escompte des économies moins sur le pian financier ou du fait d’un rapprochement des divers organismes et d’une meilleure communication entre eux que du point de vue des coûts sociaux O n en attend une meilleure adéquation entre les besoins des usagers et les services. ( (L’éducation communautaire cherche à mettre une force constructrice à la place d’une force destructrice dans les zones défavorisées sur le plan social. L’énergie y existe; elle se manifeste de manière tragique par la violence, le vandalisme, le crime, les crises émotionnelles, etc. C’est une énergie qu’il faut rechargerpositivement et l’éducationpeut y contribuer. ... rurale et l’éducation extrascolaire ):, en Asie, il a été affirmé que, «pour faire participer davantage de jeunes des régions rurales à des activités éducatives extrascolaires,l’utilisation des organisations existantes et,au besoin,la transformation et le développement des systèmes existants,semblait préférable à la création de nouveaux appareils B Unesco, Bureau régional pour l’éducation en Asie, Rural Youth, op. cit., p. 15. 1. Des constatations semblables ont été faites en Afrique, en Amérique latine et en Asie: a Si dans chaque pays la structure de l’administration du secteur de l’éducation est généralement calquée sur celle de l’administration politique, il semble que, quelle que soit la forme de cette dernière, une certaine part de décentralisation ou de délégation du pouvoir administratif soit inévitable en matière d’équipement des zones rurales.Cela est particulièrement vrai dans les cas où il est expressément prévu que l’environnement interviendra dans l’enseignement... Dès lors qu’il en est ainsi, la participation des individus à leur propre éducation et à celle de leurs enfants est chose facile.>) Minda C.Sutaria, Felice M.Guiang et Ben V. Morales,Leurning centres for the Philippines, p. 186, Bangkok, Unesco, Bureau régional pour l’éducationen Asie, 1976.(BKB/76/RHRTH/695-550.) 159 Réalisation d’objectifs complexes I1 était normal, il y a un siècle, que l’instruction publique s’efforce surtout d’enseigner à lire, ii écrire et à compter. Mais aujourd’hui,ce sont les aptitudes sociales qui font défaut [38]. )) U n changement d’orientation s’est produit, avec le passage de la recherche de l’efficacité et des réalisations concrètes à une croissance progressive et plus organique, et, dans ce contexte, l’école communautaire acquiert des fonctions et un rôle plus importants. Devenue investissement social plutôt que financier, l’école qui était l’agent principal de la réussite ou de l’échec des individus est en train de devenir celui de la communauté. La participation des usagers à la prise de décision initiale et à la gestion courante en matière de projets coordonnés non seulement permet à ceux-cide mieux s’identifier à l’institution et de l’adapter à leurs besoins, mais aussi sert de processus d’apprentissage pour l’action communautaire.Par ailleurs,cette participation est l’une des façons de se démarquer le plus radicalement des pratiques établies. II faut veiller à ce que l’usagerparticipe en permanence à l’opération en raison de l’esprit bureaucratique des fonctionnaires de niveau intermédiaire. Qu’il puisse y avoir convergence de points de vue entre les administrateurs des échelons les plus élevés et les populations locales quant aux avantages de la coordination ne change rien au fait que c’est surtout au bureaucrate, à l’administrateur,à l’enseignant ou au directeur d’établissementscolaire qui participent à la gestion quotidienne des services et équipements coordonnés qu’incombe la lourde charge de concilier en permanence des impératifs contradictoires. Outre des connaissances techniques et administratives, cette responsabilité requiert un certain degré d’initiative et de motivation personnelles qui est rarement le fait des fonctionnaires des échelons intermédiaires. II ne faut donc pas s’étonner que, là où fait défaut une procédure normale de participation et de contrôle de l’usager,les pratiques établies de prise de décisions et de fonctionnementsectoriels aient tôt fait de reprendre le dessus et que les services et programmes les plus évolués soient voués à l’échec. D’une manière générale,on constate une tendance récente à une redistribution des pouvoirs (dans les limites définies ci-dessus) dont les aspects sont remarquablement semblables partout dans le monde Le pouvoir de décision de niveaux supérieurs s’affaiblit au profit de celui des niveaux intermédiaireset locaux; on voit croître le pouvoir de ces derniers, qui peuvent correspondre à des groupes culturellement et ethniquement homogènes, ainsi que l’autonomie et la confiance en soi des populations locales. Avec la complexité plus grande de la planification, de la mise en œuvre et du fonctionnement,il semble également raisonnable de transférer une partie des responsabilités. D e manière générale, on n’est plus capable de prévoir comment et où l’on trouvera l’argent pour financer les opérations coordonnées, quels types de structures matérielles et organisationnelles il faudra créer,qui les utilisera et qui les gérera. Les possibilités, d’une part, et les situations conflictuelles, de l’autre, semblent être en nombre égal au départ, et il faut accepter aussi bien l’échec que la réussite comme faisant partie intégrante de l’innovation. Quelles que soient la forme ou la structure que revêtiront les équipements éducatifs dans l’avenir, il semble que l’idée de mieux les articuler avec les besoins de la communauté -avec les autres services et équipements requis - se révélera de plus en plus propre à contribuer, dans les pays tant industrialisés qu’en développement,à faire évoluer l’éducationdans les directions recherchées. Références 1. EDUCATIONAL FACILITIES LABORATORIES. Pontiac H u m a n Resources ...,op. cit. 2. UNITED-KINGDOM. DEPARTMENT OF EDUCATION A N D SCIENCE.ARCHITECTS A N D BUILDING BRANCH. T h e school 6. Entretien avec Jean Ader (OCDE,Paris) à Paris le 25 février 1977. 7. PAYS-BAS. MINISTÈREDE L’ÉDUCATION ET DE LA SCIENCEET and the community, op. cit., p. 37. 3. M U N N , James M. 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