Agriculture tunisienne et Aleca Défis, enjeux et opportunités Leith Ben Becher Conférence-Débat du Cercle Khereddine. Tunis 23/1/2016 Quelques repères.. l Rôle important de l’agriculture dans l’économie nationale: ü croissance soutenue de la production dépassant les 3% durant les 20 dernières années (>croissance de la population~ 1.8%), ü contribution au PIB national (11%), ü occupe 18 % de la main d'œuvre nationale, ü Contribue à 8 % dans les exportations de biens, l 516 mille exploitations pour une SAU de 5,4 M Ha (10.2 Ha / Exp): Atomisation et Faibles tenures foncières Quelques repères Pourtant.. Recul de la part de l’agriculture des investissements publics: 10% Faible accès au crédit des agriculteurs: 7% Faible taux des risques agricoles assurés: 3% Une agriculure à la croisée des chemins L’agriculture est plus que jamais face à une difficile équation; augmenter la production face à une double contrainte ; Libéralisation des échanges et volatilité des prix Fragilité des RN et notamment l’eau et le sol, dans un contexte de risques climatique (CC). Nécessité de se trouver de nouvelles voies Des nombreux défis Endogènes Forte variabilité interannuelle/ Circuits de distribution peu organisés Pression sur les ressources: érosion; rareté de l’eau Faible intégration des filières Absence de politique publique et faible soutien aux producteurs Exogènes Libéralisation des échanges et volatilité des prix Absence d’intégration maghrébine Changement climatique Pour un nouveau paradigme Produire autrement et durablement Enjeux globaux 7 Milliards 9 Milliards Aujourd’hui 2050 Produire durablement, pour nourrir les hommes Raisonner l’agriculture, pour préserver les ressources Réduire les inégalités génératrices d’injustices et de tensions L’agriculture et l’alimentation; enjeux stratégiques La révolution de 2011 n’est pas une émeute de la faim qui aurait réussi. Les dirigeants arabes ont chèrement payé leur autisme à la suite de la crise alimentaire de 2008 et des mouvements sociaux qui s’en sont suivis. Dérégulation, absence de politiques publiques efficaces et corruption ont aggravé la dépendance économique de nos pays et creusé les écarts sociaux.. A-t-on tiré les leçons ? Pour nous, ces sont des enjeux vitaux Enjeu alimentaire u Repenser notre modèle de développement agricole, trop dispendieux et pas assez efficace u Sécuriser nos approvisionnements Enjeu du développement durable u Préserver les R N : Eau et sol Défis majeurs u Améliorer le revenu des agriculteurs (Equité) u Renforcer les capacités des OP et structurer les filières L’enjeu alimentaire Malgré des acquis, nous sommes loin d’avoir stabilisé notre production en grandes cultures, en oléiculture et en productions animales, de façon à sécuriser le revenu des agriculteurs et à garantir une sécurité alimentaire durable. L’enjeu de la durabilité Les techniques basées sur une mécanisation importante, l’utilisation systématique des pesticides, la surexploitation des terres, ne nous ont pas apporté une réelle autosuffisance dans les productions pourtant déclarées stratégiques, comme les céréales, la viande, et même le lait fortement dépendant des importations (maïs et de soja) Concilier l’économique, l’environnemental et le social Des agriculteurs ont ouvert la voie Certains ont entamé la démarche vers une agriculture productive mais respectueuse des ressources, à travers l’agriculture de conservation èSéquestration de carbone D’autres se sont regroupés, pour mettre en commun les moyens de production et/ou valoriser des produits, à travers des Groupements de développements agricoles et des Coopératives è Filières qualité (viande, produits ovins, viticulture..) D’autres enfin, ont investi le champs du BIO Le changement de cap doit être soutenu ü Si le besoin de changement est largement ressenti, ü Si certains ont « une capacité » de prise de risque, ü Si quelques uns ont franchi le cap.. Le changement est difficile et Un accompagnement est nécessaire POLITIQUE PUBLIQUE ? L’ALECA: catalyseur ou révélateur de nos carences? Sans vision prospective et sans outils quantitatifs (la dernière enquête date de 2005) Sans diagnostic partagé, Sans politique agricole concertée, Nous risquons : De compromettre les capacités de résilence de nos agriculteurs/agricultures (systèmes de productions) D’aggraver un dualisme agraire: Agriculture extravertie / Agriculture de subsistance L’ALECA: Qu’est-ce? L'ALECA : objectif majeur du Partenariat Privilégié (Novembre 2012) Instrument d'intégration de l'économie de la Tunisie dans le marché intérieur de l'UE. L'ALECA se base sur le rapprochement de la législation tunisienne vers l'acquis communautaire. Permettra à terme aux produits tunisiens d'accéder plus facilement au marché européen de 500 millions des consommateurs Quels préalables à l’ALECA? Anticiper les risques: Etude d’impact Engager un programme ambitieux de mise à niveau : Appui au MANAGRI (en cours) Pilier 7 du Plan d’action 2013-2017 Définir une politique (concertée) agricole, alimentaire et rurale La mise à niveau: exigence préalable Au niveau des exploitations: Accompagner un processus de mise à niveau/aux normes: l’essentiel se jouera sur les barrières nontarifaires SPS Reconnaître le métier d’agriculteur: Statut Appuyer l’investissement agricole, sous bancarisé Développer l’assurance agricole et en élargir le champ Encourager l’installation des jeunes (50% de la population agricole a + 60 ans) et Améliorer la formation Définir une nouvelle gouvernance: Organiser les filières Renforcer les filières Chaines de valeur Accompagner un processus de mise à niveau des OP(Coop, GDA, mutuelles..) qui sont souvent le lien entre la production agricole et les IAA, Les OP concourent à un développement inclusif en milieu rural: mutualisation; valorisation et soutien aux « exclus » des circuits financiers Définir/Réviser le cadre légal pour les OP et les Interprofessions Définir une nouvelle gouvernance: Libérer les énergies Renforcer les organisations professionnelles agricoles Redéfinir les missions du service public en agriculture Interprofessions – Chambres d’agriculture Retour sur le Plan d’Action 2013-2017 (1) Appuyer la mise en place d'un programme pluriannuel de développement agricole et rural (ENPARD) ; Appuyer la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement agricole en cohérence avec les orientations en matière de sécurité alimentaire, de gestion durable des RN, de valorisation des exportations et d’adaptation aux changements climatiques Retour sur le Plan d’Action 2013-2017 (2) Renforcer la coopération et l’échange d’expertises en matière de politique agricole Appuyer le programme de mise à niveau agricole(exploitations agricoles, les institutions et structures d'appui à l'agriculture) Développer et consolider les organisations professionnelles ALECA: des opportunités à saisir Plus qu’un accord de libre échange; Un cadre de partenariat stratégique La PAC 2013 n’a pas pris en compte le sud de la Méditerranée, Enpard (2011): Importante initiative politique à dimension économique et sociale pour soutenir l’agriculture et la ruralité suite au « Printemps arabe » Faute d’appropriation politique; une occasion ratée ? Ce que peut nous apporter l’UE L’expérience/Expertise d’un leader agricole mondial, avec: Des agricultures diverses et des territoires ruraux préservés Une politique agricole, 1er poste budgétaire communautaire, qui a pu accompagner l’Elargissement Un tissu agricole dense et structuré (Recherche, OP, mutualisme, Interprofessions..) Une forte intégration des filières avec des IAA qui tirent vers le haut Améliorer nos échanges commerciaux Améliorer la pénétration de produits spécifiques (Dattes) ou de contre-saison (semences potagères, légumes frais) Développer des plateformes de co-production, notamment sur des produits « méditerranéens »; huile d’olive; blé dur.. Une culture et une diète à défendre Exportation de l’Huile d’olive Promouvoir un véritable partenariat stratégique Un partenariat stratégique qui accompagne une mutation de notre agriculture : Renforcer la Recherche-Développement Renforcer les capacités de nos organisations paysannes (formation, appui/conseil) Tirer avantage des expériences de l’intégration des diverses agricultures européennes et notamment de celles des PECO Appuyer l’implication des agriculteurs et des acteurs du monde agricole dans la définition des politiques publiques Pour une agriculture méditerranéenne Face au modèles triomphants de l’agro business, Face au enjeux géopolitiques qui menacent la région, Nord et Sud de la Méditerranée ont un devoir commun: Défendre des agricultures respectueuses des hommes et de de leur environnement; plus durables et plus équitables. Pour que ruralité ne rime plus avec pauvreté Conclusion La crise alimentaire de 2008 aura eu pour intérêt de démontrer que le libre échange et son auto-régulation supposée ne pouvait pas tout résoudre; L’avenir des nations était en partie lié à la capacités des territoires ruraux à continuer à produire pour nourrir une population de plus en plus nombreuse et exigeante MERCI DE VOTRE ATTENTION