UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2004-2005
UNIVERSITE DE NANTES
TROMPE AUDITIVE ET BAROTRAUMATISMES DE L'OREILLE MOYENNE
Par
JARASSIER Stéphanie
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. J. LE BORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Laboratoire :
Pr. O. ARMSTRONG
Dr. O. BARON
Pr. C. BEAUVILLAIN
Dr F. CAILLON
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Dr J. DELECRIN
Dr. H. DESAL
Pr. B. DUPAS
Dr E. FRAMPAS
Dr A. HAMEL
Pr. Y. HELOURY
Dr M.D. LECLAIR
Pr. P.A. LEHUR
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
Dr VALETTE
S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique
1
REMERCIEMENTS SINCERES
A Monsieur le Professeur ROBERT pour m'avoir confié ce travail et accepté de le diriger.
A Messieurs Stéphane LAGIER et Yvan BLIN pour leurs conseils, leur aide, leur bonne
humeur, leur gentillesse, …
Au service d'ORL de l'hôpital Gatien de Clocheville à Tours.
Au service d'ORL du CHU Hôtel Dieu de Nantes
Au Docteur SIMON, du service d'ORL du CHU Hôtel Dieu de Nantes pour son aide.
A Sébastien pour ses encouragements…
A David pour ses précieux conseils.
A Gabi pour ses conseils avisés et pour tous ces moments d'amitié partagés.
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SOMMAIRE
INTRODUCTION
I-MORPHOGENESE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DE LA TROMPE AUDITIVE
1- Morphogénèse de la trompe auditive
A- Organogénèse
B- Anatomie périnatale
2- Anatomie descriptive de la trompe auditive
A- Généralités
B- Le protympanum
C- L'isthme tubaire
D- La trompe fibro-cartilagineuse
a- La pièce cartilagineuse
b- Les structures fibro-conjonctives et aponévrotiques
α- Les fibres élastiques
β- Les aponévroses annexées à l'appareil musculaire
γ- Les éléments fibreux de fixité tubaire
E- L'ostium pharyngien de la trompe auditive
a- La lèvre postérieure ou pilier postérieur
b- La lèvre antérieure ou pilier antérieur
c- La berge inférieure de l'ostium
F- La lumière tubaire
a- Le segment pharyngé
b- Le segment moyen
c- Le segment pré- isthmique
d-le segment isthmique
e- Le segment post- isthmique
f- Le segment pré-tympanique
G- L'appareil musculaire péritubaire
a- le Muscle Tenseur du Voile du Palais
b- le Muscle Elévateur du Voile du Palais
H- Innervation
a- Innervation motrice
b- Innervation sensitive
c- Innervation végétative
I- Vascularisation
a- Vascularisation artérielle
b- Vascularisation veineuse
c- Vascularisation lymphatique
3- Physiologie de la trompe auditive
A- Drainage
a- La muqueuse
b- Le tissu graisseux d'Ostman
c- Les villosités
B- Protection immunitaire
C- Protection mécanique
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D- Equipression
a- Ouverture de la trompe auditive
b- Fermeture de la trompe auditive
c- Fonctionnement
α- Dépression intratympanique
β- Surpression intratympanique
4- Exploration de la trompe auditive
A- L'évaluation clinique
B- L'endoscopie
C- La tympanométrie
D- La méthode du caisson
E- La sonotubométrie
F- La tubanométrie
G- L'imagerie
H- L'étude électro-myographique des muscles intervenant dans le fonctionnement de
la trompe auditive
II- MATERIEL ET METHODES
1- Matériel utilisé
2- Méthodes de dissections
III- RESULTATS
1- Première dissection
2- Deuxième dissection
IV- LES BAROTRAUMATISMES
1- Phénomènes de pression
2- Atteintes de l'oreille moyenne suite à des accidents de pression
A- Etiopathogénie
a- Le sens de variation de la pression
b- La vitesse de cette variation
c- La composition du mélange gazeux respiré
d- Causes en rapport à la trompe auditive et le conduit auditif externe
B- Signes cliniques
3- Conduite à tenir
A- Traitement préventif
B- Traitement curatif
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES ILLUSTRATIONS ET TABLEAUX
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INTRODUCTION
La trompe auditive, appelée trompe d'Eustache dans l'ancienne nomenclature, relie
l'oreille moyenne aux voies aériennes supérieures, son fonctionnement actif complexe est
indispensable à la physiologie de l'audition.
Figure 1:Coupe schématique coronale du système auditif d'après Bonfis (1 )
Le but de ce travail était d'étudier la morphologie de la trompe auditive ainsi que la région
à laquelle elle appartient.
Nous traiterons dans un premier temps, des données acquises morphogénétiques,
anatomiques et physiologiques concernant la trompe auditive.
Dans un second temps, nous présenterons les dissections que nous avons effectuées au
laboratoire d'anatomie de la faculté de médecine de Nantes.
Puis nous aborderons pour finir, le thème des barotraumatismes de l'oreille moyenne, avec
leurs causes, leurs signes cliniques et les moyens qui existent pour les prévenir.
5
I- MORPHOGENESE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DE LA
TROMPE AUDITIVE
1- Morphogenèse de la trompe auditive (4) (6)
A- Organogenèse
La trompe auditive dérive de la 1ère poche ento-branchiale.
Au 22ème jour in utero, on peut observer de chaque coté de la bouche primitive cinq arcs
branchiaux. Chacun de ces arcs est tapissé à l'extérieur par de l'ectoderme, et à l'intérieur
d'endoderme. Entre ces deux tissus se trouve du mésenchyme –provenant du mésoderme
latéral, des somites et des crêtes neurales-, lequel contient une ébauche cartilagineuse, une
artère provenant des arches aortiques, un nerf appartenant aux nerfs crâniens.
Le premier arc est centré sur le cartilage de Meckel qui donnera dans sa portion extérieure le
marteau et l'enclume. La mandibule et les muscles de la mastication se forment à partir du
premier arc. Il est vascularisé par le premier arc aortique, et innervé par la branche maxillaire
du nerf trijumeau.
Figure 2 Plancher pharyngien au 22ème jour in utero d'après Langman (4 )
Au 28ème jour, la première fente ecto-branchiale se creuse et sera à l'origine du méat
acoustique externe. La première poche ento-branchiale s'invagine vers la première poche ectobranchiale, s'allonge et constitue le récessus tubo-tympanique primitif de Kolliker à l'origine
de la trompe auditive et des cavités tympano-mastoïdiennes. Cette première poche entobranchiale est particulière car elle est la seule à former une cavité et la seule à rester en
connection avec la poche ecto-branchiale correspondante.
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Figure 3 Plancher pharyngien au 28ème jour d'après Langman (4 )
A la 5ème semaine, les osselets entrent en contact avec l'entoderme du récessus tubotympanique
Figure 4 Processus de pneumatisation de l'oreille moyenne d'après Martin (4 )
A : 28ème jour in utero; B : 32ème jour in utero; C : fin de la 5ème semaine in utero
1: vésicule otique; 2: recessus tympanique (1ère poche ento-branchiale); 3: conduit auditif externe (1ère poche
ecto-branchiale); 4 : condensation des osselets; 5 : nerf facial
A la 8ème semaine, une lumière tubaire cylindrique est identifiable, elle a une section ovalaire
et aucune distinction cartilagineuse ou osseuse ne peut se faire. La limite cellulaire de la
lumière est lisse et sans différenciation notable.
Entre la 10ème et la 12ème semaine, l'épithélium tubaire se différencie en colonnes cellulaires
basses non ciliées, le cartilage tubaire n'est pas visible. Le muscle tenseur du voile du palais,
le muscle élévateur du voile et les muscles ptérygoïdiens médiaux sont présents. Les muscles
tenseur du voile et ptérygoïdien médial sont au contact l'un de l'autre et peuvent parfois
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échanger quelques fibres. En revanche le muscle tenseur du tympan n'est pas encore
différencié.
A la 15ème semaine, l'épithélium tubaire juxta-pharyngien présente une structure en colonnes
pseudo-stratifiées, ciliées, avec des glandes sous-épithéliales. Le muscle tenseur du voile
augmente en taille et se recouvre d'un épimysium et d'un périmysium qui le distinguent du
ptérygoïdien médial latéralement. Le muscle tenseur du tympan est visible dans son canal non
ossifié au dessus de la lumière tubaire; il existe une continuité entre le muscle tenseur du voile
et le muscle tenseur du tympan. Entre la lumière tubaire et la base du crâne, une zone de
condensation se forme, et évoque l'apparition d'une nappe cartilagineuse.
A la 20ème semaine, toutes les structures tubaires de l'adulte sont visibles. L'os pétreux n'est
ossifié que sur le versant médial de la lumière tubaire. Le cartilage se développe surtout sur la
partie latérale et vers le haut, il prend la forme du cartilage adulte en crochet. La croissance du
cartilage se fait à partir du rhinopharynx vers l'arrière.
Au 9ème mois, la cavité tubo-tympanique se poursuit dans la portion mastoïdienne de l'os
temporal constituant l'antre.
De la 28ème semaine à la 36ème semaine, le cartilage tubaire est bien différencié des autres
tissus de voisinage. La lumière tubaire augmente en longueur et en hauteur durant toute la
période fœtale: de la 8ème à la 36ème semaine, la longueur de la trompe auditive est multipliée
par 12.
Le développement non synchrone des muscles péri-tubaires d'une part et les structures ostéocartilagineuses de la trompe d'autre part pourrait expliquer, en partie, les altérations
fonctionnelles de la trompe auditive dans les fentes palatines.
B- Anatomie périnatale
La longueur moyenne de la trompe auditive du jeune enfant est de 18 mm environ, soit 2 fois
plus petite que celle d'un adulte. La hauteur pharyngienne est également à mi-hauteur de celle
de l'adulte, mais sa largeur est identique. De part une position plus bas située de l'ostium
pharyngé sur la voûte naso-pharyngée, ainsi que sa brièveté de longueur, la trompe auditive
de l'enfant est plus exposé aux reflux des sécrétions nasopharyngées.
La lumière tubaire croît avec l'âge surtout dans la portion cartilagineuse moyenne.
La structure du cartilage tubaire varie avec l'âge. La matrice cartilagineuse est toujours
avasculaire, parsemée de chondrocytes, et enveloppée d'un périchondre sur lequel s'insèrent
les muscles et les aponévroses. Chez l'enfant et le nouveau- né, les chondrocytes, d'origine
intersticielle et périchondrale, forment une population de densité inégale au sein d'une matrice
riche en fibres élastiques. Les cellules s'enfoncent en groupes isogéniques, qu'entoure une fine
lame de chondrine densifiée, dessinant des logettes. Chez l'adulte jeune, la production de
substance fondamentale réduit la densité cellulaire, les fibres se raréfient, et avec l'âge, la
chondrine peut se calcifier.
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2- Anatomie descriptive de la trompe auditive (5) (6)
A- Généralités
La trompe auditive comprend deux structures :
• l'une osseuse: le récessus antérieur de la caisse du tympan
• l'autre fibro- cartilagineuse ou trompe cartilagineuse
L'origine de la trompe auditive correspond à l'orifice tympanique du protympanum, récessus
antérieur de la caisse du tympan, elle est tapissée comme la caisse du tympan de la même
muqueuse, et est creusée dans l'épaisseur de l'os temporal dans sa partie pétreuse.
Le trajet de la partie osseuse ou protympanum, est court, pyriforme à base postérieure, fixe et
rétréci au niveau de l'isthme tubaire. Il s'élargit ensuite au niveau de la portion fibrocartilagineuse, mobile, oblique en bas, en dedans et en avant.
Sa terminaison se fait au niveau de l'ostium pharyngien, situé sur la paroi latérale du
rhinopharynx, simple fente lorsque le pharynx est au repos, triangulaire ou elliptique lorsque
le pharynx est en mouvement.
Sa longueur totale varie de 32 à 44 mm .
La forme de la trompe auditive réalise un sablier fait de deux cônes inégaux, l'un petit et
postérieur, fixe et osseux. L'autre plus allongé et mobile, fibro- cartilagineux. Ils sont réunis
tous les deux par leur extrémité rétrécie: l'isthme tubaire. La forme est surtout donnée par la
charpente cartilagineuse qui peut prendre toutes les morphologies intermédiaires entre une
structure droite et large de type infantile, et une structure plus angulée et plus incurvée de type
adulte.
La direction générale de la trompe auditive chez l'adulte à partir du protympanum est orientée
en bas, en avant et en dedans; par rapport au plan sagittal, elle réalise un angle de 130 à 140°;
par rapport au plan horizontal, elle fait un angle de 30 à 45°,. Le protympanum et la trompe
fibro- cartilagineuse peuvent être dans le même axe ou décrire un angle de 160° soit vers le
haut soit vers le bas.
B- Le protympanum
Il présente 4 parois et 2 orifices.
Paroi supérieure:dans le prolongement du tegmen tympani, doublé à ce niveau du canal du
muscle tenseur du tympan.
Paroi médiale: correspond à la cloison cortico-tubaire du canal carotidien, séparant l'artère
carotide interne du protympanum. Cette paroi est perforée du canal carotico- tympanique et de
petits orifices veinulaires anastomotiques.
Paroi latérale: elle correspond en haut au prolongement inférieur du tegmen tympani, en bas
au processus tubaire de l'os tympanal.
Paroi inférieure: dans la continuité de l'hypotympanum, elle répond au canal carotidien dans
sa portion verticale.
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Orifice postérieur: il est large, il passe par un plan joignant la paroi antérieur du méat
acoustique externe et le premier tour de spire du limaçon de l'oreille interne.
Orifice antérieur: très étroit, il est soit arrondi, soit fusiforme et correspond à l'isthme tubaire
et à l'insertion de la structure cartilagineuse, il est surplombé par le canal du muscle tenseur
du tympan.
C- L'isthme tubaire
C'est la partie la plus étroite de la trompe auditive, c'est une zone sans limites franches où
s'intercale du tissu osseux dans du tissu cartilagineux. Il représente un goulet d'étranglement
de 2 mm de hauteur et d'1 mm de large entre le canal carotidien médialement, l'articulation
temporo-mandibulaire latéralement, et le canal du muscle tenseur du tympan en haut.
D- La trompe fibro-cartilagineuse
Elle est longue de 20 à 24 mm et s'étend de l'isthme à l'orifice pharyngien.
a- La pièce cartilagineuse
Elle est formée d'un cartilage principal et de petits cartilages accessoires.
Le cartilage principal a la forme d'un triangle à sommet postérieur, enroulé en tuile, à
concavité inférieure. La paroi médiale descend plus bas que la paroi latérale. La base du
cartilage fait sailli sous la muqueuse rhino-pharyngée latérale marquant ainsi l'ostium
pharyngien de la trompe auditive.
En coupe frontale, le cartilage principal apparaît au niveau de la région isthmique comme une
plaque d'épaisseur variable entre le canal du muscle du marteau en haut, la lumière tubaire en
bas. Dans la partie moyenne, le cartilage présente une concavité inféro- latérale.
Les cartilages accessoires sont de petites pièces cartilagineuses qui prolongent le cartilage
principal au niveau des lames latérale et médiale, ils sont indépendants du cartilage principal.
b- Les structures fibro-conjonctives et aponévrotiques
α- Les fibres élastiques
Elles sont organisées en trois couches autour de la lumière tubaire dans la concavité de la
lame cartilagineuse principale:
• Une couche interne: au contact de la lame basale de l'épithélium tubaire.
• Une couche intermédiaire: attache la couche interne à la couche périphérique par un
réseau élastique à larges mailles.
• Une couche périphérique:se confond avec le périchondre de la concavité, se poursuit
en s'unissant en bas à l'aponévrose du muscle élévateur du voile et latéralement à
l'aponévrose du muscle tenseur du voile, formant à ce niveau le fascia salpingopharyngien de Tröltsch.
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β- Les aponévroses annexées à l'appareil musculaire
C'est un ensemble fibro-conjonctif annexé aux muscles constricteur du pharynx, élévateur du
voile et tenseur du voile.
Le bord supérieur du constricteur supérieur du pharynx s'arrête en dessous de l'appareil
musculaire tubaire. Il est tapissé de deux feuillets aponévrotiques:
le feuillet intra- pharyngé médialement
le feuillet péripharyngé latéralement
Ces deux feuillets se poursuivent en haut et enveloppent les muscles tenseur du voile et
élévateur du voile. Ces aponévroses ont des insertions sur la base du crâne et sur le cartilage
principal de la trompe.
Ainsi, ils donnent naissance à trois fascia:
le fascia de weber Liel
le fascia de Trötsch
le fascia pharyngo- basilaire
γ- Les éléments fibreux de fixité tubaire
La trompe auditive cartilagineuse est amarrée par sa face supérieure et par ses deux
extrémités. Au niveau de la convexité du crochet cartilagineux s'insère un trousseau de fibres
fixées dans le fond de la fissure sphéno-pétreuse, c'est le ligament tubaire supérieur de
Proctor. L'extrémité postérieure est fixée par l'incarcération de l'isthme tubaire. L'extrémité
antérieure s'appuie sur la partie supérieure de l'aile médiale du processus ptérygoïde,
imprimant l'échancrure tubaire.
E- L'ostium pharyngien de la trompe auditive
C'est un orifice en saillie sur la paroi latérale du rhyno- pharynx, mobile et dilatable, orienté
en bas, en avant et en dedans. Il mesure 8 à 9 mm de haut pour 4 à 5 mm de large.
Au repos l'ostium apparaît comme une fente triangulaire à base inférieure. En ouverture, lors
d'un mouvement de déglutition, il s'élargit: la berge postérieure la plus saillante est refoulée
en arrière alors que la lèvre antérieure reste immobile. En fermeture, l'ostium est collabé, il
prend l'aspect d'une fente verticale dont les deux berges saillantes entrent en contact par
rapprochement de la berge postérieure.
a- La lèvre postérieure ou pilier postérieur
Elle constitue le torus tubaire, seule partie mobile de l'ostium en ouverture. Cette saillie
cartilagineuse est doublée d'une épaisse muqueuse, riche en glandes et en tissu lymphoïde, se
prolongeant dans la lumière tubaire et formant l'inconstante amygdale de Gerlach. La lèvre
postérieure se prolonge vers le bas par le pli salpingo-pharyngien de Zaufal. En arrière de la
lèvre postérieure se situe la fossette de Rosenmüller, proche de l'artère carotide interne.
Il arrive que cette fossette soit comblée par du tissu adénoïdien.
b- La lèvre antérieure ou pilier antérieur
Elle est moins marquée, elle est verticale et fixe. Elle se prolonge vers le bas par le pli
salpingo-palatin de Tortual et en avant par le pli salpingo-nasal de Kostanecki. Entre ces deux
plis se situe la partie antérieure du muscle tenseur du voile.
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c- La berge inférieure de l'ostium
Elle est marquée par le relief du muscle élévateur du voile, correspondant au torus du de
l'élévateur.
F- La lumière tubaire
D'après J Sadé (1987), la lumière de la trompe auditive peut être divisée en 6 régions
possédant chacune des formes et des caractéristiques anatomiques propres.
Figure 5 Aspects schématiques de la lumière tubaire d'après Martin (6 )
A : trompe cartilagineuse basse; B : trompe cartilagineuse haute; C : région tubaire pré-isthmique
a- Le segment pharyngé
Il est long de 9 mm chez l'adulte, s'ouvre sur le rhino-pharynx et présente une lumière à
concavité latérale semi-lunaire. L'épithélium est de type respiratoire cilié, pseudo-stratifié,
avec un chorion sous-jacent riche en glandes.
b- Le segment moyen
Il fait suite au segment pharyngien, il est long de 8 mm chez l'adulte. La lumière est presque
verticale ou incurvée, tapissée par un épithélium respiratoire. Les glandes sont présentes
uniquement dans la médiale du chorion, elles sont remplacées latéralement par du tissu
adipeux: le corps graisseux de Ostman. Celui-ci a une forme triangulaire à base inférieure, il
se situe entre en avant le muscle tenseur du voile et en arrière la lumière de la trompe
s'accroît avec l'âge, il pourrait jouer un rôle de tampon limitant l'ouverture tubaire.
c- Le segment pré- isthmique
Il mesure 4 mm chez l'adulte, la lumière a une forme de lentille biconvexe, ovalaire. Il n'y a
plus de glandes dans le chorion, la graisse est remplacée par du tissu conjonctif lâche.
d- Le segment isthmique
Il mesure 4 mm de long sur 1 à 2 mm de haut. C'est la zone la plus étroite de la lumière
tubaire, arrondie ou ovalaire. C'est un segment fixe contrairement au trois précédents.
L'épithélium est de type respiratoire cilié.
12
e- Le segment post- isthmique
Il mesure 3.5 mm et présente une lumière triangulaire à base supérieure. L'épithélium
respiratoire avec un chorion conjonctif très fin tapisse ce canal intra-pétreux.
f- Le segment pré-tympanique
Il s'agit de la partie la plus antérieure du protympanum. La lumière tubaire est rectangulaire.
G- L'appareil musculaire péritubaire
Il est constitué de deux muscles:
Le muscle tenseur du voile du palais (MTVP), pré-tubaire
Le muscle élévateur du voile du palais (MEVP), post et infra-tubaire
Selon Faraboeuf, ils forment une boutonnière dans laquelle se place la trompe auditive fibrocartilagineuse
a- Le MTVP
Il est divisé en deux parties anatomo-fonctionnelles différentes:
Une latérale ou superficielle, elle n'a pas de relation directe avec la trompe
cartilagineuse, sa fonction essentielle est la tension du voile du palais.
Une médiale ou profonde, elle s'insère sur la face latérale et supérieure du crochet
cartilagineux de la trompe auditive. Ce muscle se termine par un tendon grèle sur
l'hamulus.
b- Le MEVP
Il a une double origine: sur la base du crâne et sur le cartilage tubaire. Son origine osseuse est
située sur l'os temporal pétreux en avant de l'orifice du canal carotidien et de l'apophyse
tubaire de l'os tympanal. Dans son tiers postérieur, il s'insère sur la lame médiale du cartilage
tubaire et quelques fibres sont amarrées à l'isthme tubaire. Dans les 2/3 antérieurs, le MEVP
n'a pas de relation directe avec la trompe auditive, il est séparé d'elle par des formations
graisseuse et élastiques. Le corps musculaire arrondi de ce muscle descend parallèlement à la
trompe auditive, formant ainsi le plancher de la lumière tubaire. Il se termine en s'insérant à la
face dorsale du voile du palais.
A côté de ces deux muscles, d'autres muscles existent mais ont un rôle moindre:
Le muscle constricteur supérieur du pharynx
Le faisceau salpingo-pharyngien du muscle palato-pharyngien
H- Innervation
a- Innervation motrice
Le MTVP est innervé par le nerf mandibulaire (V3). Le MEVP est innervé par le plexus
pharyngien faisant intervenir le nerf glosso-pharyngien (IX), le nerf vague (X) et le nerf
accessoire (XI).
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b- Innervation sensitive
Le versant antérieur de l'ostium pharyngé est innervé par une collatérale du nerf du MTVP. Le
versant postérieur et la fossette de Rosemüller sont innervés par le plexus pharyngien (IX, X,
XI).
Le protympanum et la partie postérieure de la trompe fibro-cartilagineuse ont une innervation
sensitive due au plexus tympanique (IX), faisant intervenir le nerf d'Arnold (pour la partie
postérieure de la trompe fibro-cartilagineuse) et le nerf de Jacobson pour le protympanum. La
partie antérieur de la trompe fibro-cartilagineuse est sous la dépendance sensitive du plexus
pharyngien (IX, X, XI).
Au total, le IX joue un rôle prédominant dans l'innervation sensitive de la trompe auditive.
c- Innervation végétative
Le MTVP est sous la dépendance du ganglion otique annexé au V3.
Le MEVP est sous la dépendance du ganglion ptérygo-palatin annexé au V2 (nerf du canal
ptérygoïdien ou nerf vidien).
La muqueuse tubaire dépend d'une innervation végétative complexe:
le nerf pharyngien de Bock (collatéral du nerf ptérygo-palatin V2),
la branche muqueuse du nerf du muscle MTVP transitant par le ganglion otique,
les nerfs pétreux,
le nerf de Jacobson (IX),
le plexus sympathique péri-carotidien (nerf carotico-tympanique)
I- Vascularisation
a- Vascularisation artérielle
Elle dépend de trois pédicules vasculaires:
L'artère pharyngienne ascendante qui donnera l'artère tubaire inférieure destinée à la
paroi inférieure de la trompe auditive et des rameaux musculaires pour le MTVP et le
MEVP.
L'artère palatine ascendante qui donnera notamment l'artère tubaire supérieure pour
la paroi supérieure de la trompe cartilagineuse et des rameaux musculaires pour le
MTVP et le MEVP.
L'artère maxillaire participe à la vascularisation tubaire par de petites collatérales
issues de l'artère méningée moyenne pour la paroi inféro-latérale de la trompe, mais
aussi par l'artère vidienne pour la paroi supéro-latérale.
b- Vascularisation veineuse
Elle prend naissance au niveau d'un plexus tubaire sous muqueux dont le drainage se fait
essentiellement vers le plexus veineux ptérygoïdien, plus accessoirement vers les veines
carotico-tympaniques et le plexus veineux péricarotidien.
c- Vascularisation lymphatique
Au niveau de la trompe osseuse, le système lymphatique est quasi- inexistant voire inexistant
contrairement à la région cartilagineuse surtout au niveau de l'ostium.
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Le plexus lymphatique tubaire, à proprement dit, sous muqueux dépend de l'épaisseur de la
muqueuse et de l'abondance des éléments lymphoïdes du chorion. Les troncs collecteurs
aboutissent:
Aux nœuds rétro pharyngiens
Aux nœuds lymphatiques cervicaux profonds supérieurs
Aux nœuds parotidiens accessoirement
3- Physiologie de la trompe auditive
La trompe auditive a trois fonctions:
Une fonction de drainage
Une fonction de protection immunitaire et mécanique
Une fonction d'équipression
A- Drainage (6)
La fonction de drainage de la trompe auditive permet l'élimination des sécrétions normales ou
pathologiques de toutes les structures de l'oreille moyenne vers le cavum.
Cependant, la fonction de drainage ne peut être isolée du rôle de ventilation de la trompe
auditive. Ces deux fonctions ne se font pas au même endroit dans la trompe, il faut distinguer
deux zones:
La région du toit qui est plus impliquée dans la fonction ventilatoire
Le plancher, qui lui est plus impliqué dans la fonction de drainage.
Figure 6 coupe sagittale schématique de la trompe auditive dans sa partie cartilagineuse moyenne d'après
Martin (6 )
T : toit; P : plancher; c: cartilage; MM : mur médian; ML : mur latéral; TGO: tissu graisseux d'Ostman; TVP
: tenseur du voile du palais
La fonction de drainage est assurée par différents éléments anatomiques:
La muqueuse
Le tissu graisseux
Les villosités
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a- La muqueuse
La muqueuse tubaire a un épithélium cilié de type respiratoire et contient des cellules
caliciformes dont la sécrétion devra être évacuée par les cils des cellules ciliées.
L'épithélium cilié est très présent au niveau du plancher et diminue à mesure que l'on remonte
vers le toit. L'extrémité des cils vibratiles entre en contact, au cours de la phase active de leurs
battements, avec la couche visco-élastique des sécrétions.
Du fait de son action de transport vers l'orifice pharyngé, la fonction muco-ciliaire induit le
développement d'une pression négative dans l'oreille moyenne.
Chez l'adulte, à l'état physiologique, la densité de cellules caliciformes diminue quand on
s'éloigne de l'orifice pharyngé. Le mucus qu'elles fabriquent (ou phase gel) est composé d'eau,
de solutés de bas poids moléculaire, et d'un réseau de polymères formés de glycoprotéines de
haut poids moléculaire. De plus, par l'intermédiaire de la sécrétion de substances
glycoconjuguées, le mucus participe à la défense de l'oreille moyenne.
Le liquide séreux péri-ciliaire (ou phase sol) est produit par des cellules sécrétrices. Il possède
une faible viscosité, c'est à son niveau que se déroule le battement de retour des cils au cours
duquel ils se replient sur eux même.
Le surfactant, produit par les cellules non ciliées de la portion cartilagineuse du toit, est
constitué de phospholipides saturés, de protéines et de mucopolysaccharides. Le rôle du
surfactant n'est pas tout à fait connu. Au niveau des alvéoles pulmonaires, le surfactant
améliore l'action des macrophages et facilite le transport muco ciliaire par sa présence à
l'interface sol-gel. Il pourrait améliorer l'ouverture tubaire et favoriser le transport muco
ciliaire en diminuant la tension de surface. Cependant, il semble exister des différences entre
ces deux organes.
b- Le tissu graisseux d'Ostman
Pour Aoki, son rôle est double:
Statique sur le tube, la graisse maintiendrait au repos la lumière collabée, favorisant la
fonction muco ciliaire
Dynamique lors de l'ouverture tubaire, il s'opposerait à l'ouverture de la partie basse,
protégeant la fonction muco ciliaire
c- Les villosités
Les villosités augmentent la surface de la muqueuse ciliée. Elles sont moins développées chez
l'enfant que chez l'adulte, ce qui pourrait expliquer la physiopathologie des affections liées au
dysfonctionnement tubaire.
La fonction muco ciliaire de la trompe auditive est assurée essentiellement par sa
portion interne pharyngée et la partie basse de sa lumière. Le mucus sécrété est
transporté en permanence vers l'orifice pharyngé. Le mucus et le liquide péri-ciliaire
contiennent des facteurs d'adhésion des éléments bactériens. La fonction muco ciliaire
réalise donc un système de défense, le surfactant interviendrait lui dans l'ouverture de
l'orifice pharyngé.
16
B- Protection immunitaire (6)
La trompe possède un système de défense immunitaire qui fait intervenir la médiation
humorale et la médiation cellulaire.
On retrouve de nombreuses cellules plasmatiques et des lymphocytes porteurs
d'immunoglobulines dans le tissu conjonctif sous-épithélial.
Les cellules les plus nombreuses sont les lymphocytes B à Ig G et les lymphocytes à Ig A, on
trouve quelques cellules à Ig M mais elles sont plus rares.
Les Ig A et Ig M sont produites sur place alors que les Ig G peuvent être un transsudat d'IgG
sériques. La sécrétion d'Ig A et d'Ig M se fait à travers l'épithélium tubaire intact.
Des macrophages sont retrouvés en petite quantité sous forme d'histiocytes dans le tissu
conjonctif tubo-tympanique normal. Au cours de phénomènes inflammatoires, le nombre de
macrophages tubo-tympaniques augmente. La plupart provient des monocytes sanguins,
quelques uns de la prolifération des histiocytes résidants du tissu conjonctif ou de la moelle
osseuse du temporal.
Des mastocytes sont présents au contact des vaisseaux et des filets nerveux du chorion tubotympanique. Ils produisent de l'histamine et plusieurs médiateurs. Les mastocytes induisent le
recrutement de polynucléaires et des phénomènes vasculo-exsudatifs à l'origine de la réponse
inflammatoire aiguë.
C- Protection mécanique (6)
Bluestone et Klein comparent la trompe auditive et les cavités de l'oreille moyenne à un
récipient dont le col allongé et étroit représente la trompe, la bouche : l'orifice pharyngé, et le
ventre : la cavité tympanique et les cellules mastoïdiennes. L'écoulement de fluide dans le col
dépend de la pression à chacune des extrémités, de sa longueur, de son diamètre et de la
viscosité du liquide.
Figure 7 Système de la trompe auditive d'après Bluestone et Klein (6 )
Cette comparaison permet d'expliquer, dans des conditions théoriques, les reflux de liquide du
nasopharynx dans l'oreille moyenne.
17
Tableau 1 Comparaison de la trompe auditive et d'un récipient au col étroit
Récipient au col étroit
Trompe auditive et cavités de l'oreille
moyenne
- Trompe béante
-
Un col large
-
Un col court
-
Trompe de l'enfant
-
Le facteur gravitaire
-
Décubitus dorsal
-
Perforation des parois du récipient
-
Paracenthèse
tympanique
-
Pression négative dans le récipient ou
pression positive au niveau de la
bouche
-
Mouchage, déglutition à narine
fermée, plongée sous marine ou
ascension en avion
ou
perforation
Cependant, il faut tenir compte de deux réalités anatomiques de la trompe auditive:
Elle est douée de propriétés élastiques, par exemple lors d'un changement
brusque de pression, la trompe peut se bloquer
Elle possède un revêtement muco-ciliaire
D- Equipression (5) (6)
La fonction d'équipression est assurée par un mécanisme qui fait intervenir toutes les cavités
de l'oreille moyenne:
La trompe auditive, par notamment son rôle de transfert des fluides
La caisse du tympan, lieu de la diffusion constante de gaz entre le revêtement
muqueux et les capillaires sanguins
Le système de pneumatisation des cavités mastoïdiennes
La trompe auditive va agir à la façon d'une valve, en ouvrant ou fermant son orifice pharyngé,
de façon à ce que la pression soit toujours la même de part et d'autre de la membrane
tympanique.
a- Ouverture de la trompe auditive
Il existe plusieurs théories sur le fonctionnement de l'ouverture de la trompe auditive.
- Pour Rich (1920) et Holborow (1962), la trompe auditive s'ouvre uniquement sous l'effet du
muscle tenseur du voile du palais.
- Pour Toynbee (1853), Polizer (1909), McMyn (1940), Zolner (1942), Aschan (1955), le
muscle élévateur du voile facilite l'action du tenseur, mais sa contraction isolée n'ouvre pas la
trompe auditive.
- Honjo (1988) décrit deux processus d'ouverture:
Contraction du tenseur du voile qui attire le cartilage tubaire en dehors
Contraction de l'élévateur du voile qui dilate l'orifice pharyngé
- Sando (1995) évoque une action combinée et complémentaire des muscles tenseur et
élévateur du voile pour ouvrir l'orifice pharyngé vers le haut:
Le tenseur du voile, formant un angle droit avec le cartilage tubaire, attire lors de sa
contraction la lame cartilagineuse latérale dans un plan inféro-latéral.
18
Le muscle élévateur attire la lame médiale vers le haut et en dedans.
Figure 8 Action des muscles tubaires et mécanisme d'ouverture de la trompe auditive selon Proctor ( 5 )
b- Fermeture de la trompe auditive
En position de repos, les parois de la trompe se collabent, délimitant ainsi une lumière
virtuelle. Cette fermeture passive est liée:
A l'élasticité et à la forme du cartilage
Aux tensions superficielles du revêtement muqueux
A la pression hydrostatique du système vasculaire, influencée par la position de la tête
et par la pression du milieu environnant.
c- Fonctionnement
Le passage de l'air se fait le plus souvent du nasopharynx vers l'oreille moyenne, et ceci dans
le sens du gradient de pression entre ces deux milieux.
α- Dépression intratympanique
La dépression intratympanique est liée:
Soit à la consommation permanente de l'air par la muqueuse du tympan
Soit à l'augmentation de la pression exotympanique (plongée)
Elle entraîne un passage d'air du cavum vers l'oreille moyenne.
La consommation d'oxygène par la muqueuse tympanique est compensée par un léger passage
d'air lors de la déglutition. Celle-ci, en dehors des repas a lieu 1 fois par minute, toutefois, à
l'état de veille, elle n'aboutit pas forcément à l'ouverture de la trompe auditive, seulement une
fois sur deux. A l'état de sommeil, la déglutition se fait toutes les 5 minutes.
19
L'augmentation de la pression atmosphérique entraîne :
une dépression rapide et importante dans les cavités de l'oreille moyenne
une surpression tissulaire gênant l'ouverture tubaire
β- Surpression intratympanique
La surpression tympanique est liée à une diminution de la pression atmosphérique (ascension
en avion), elle est régulée passivement (qu'à partir de 7.69 à 11.59 mm Hg) par un passage
d'air dans le sens oreille moyenne vers rhinopharynx.
Certains auteurs soulignent le fait que l'air passe du rhinopharynx à l'oreille moyenne en très
petite quantité.
En outre, la déglutition ne permet une ouverture de la trompe auditive que de 0.020 s, et, si
elle a lieu 1000 fois par jour, la durée totale de l'ouverture est de 4 min par jour. Le passage
aérien ne renouvelle alors qu'un volume d'air de 1 ml, soit 1/10 de la capacité volumique
totale de l'oreille moyenne.
De plus, il a été montré que qu'une obstruction massive de la trompe auditive n'entraînait pas
automatiquement une pression négative dans les cavités de l'oreille moyenne.
Ainsi, même si la trompe auditive a un rôle équipressif indiscutable, celui-ci est minime.
L'hypothèse la plus satisfaisante est celle des échanges gazeux entre les cavités de l'oreille
moyenne et les vaisseaux de la muqueuse.
4- Exploration de la trompe auditive (6)
La trompe auditive intervenant dans la genèse et l'évolution de nombreuses affections de
l'oreille moyenne, il s'avère important de pouvoir évaluer son fonctionnement. Pour cela nous
avons à notre disposition divers moyens :
L'évaluation clinique
L'endoscopie
La tympanométrie
La méthode du caisson
La sonotubométrie
La tubanométrie
L'imagerie
L'étude électro-myographique des muscles intervenant dans le fonctionnement de la
trompe auditive
A- L'évaluation clinique
L'approche clinique de la fonction tubaire comporte :
• L'analyse des signes fonctionnels (hypoacousie, autophonie, sensation de plénitude,
otalgie, acouphènes, vertiges)
20
•
•
Un examen clinique:
Examen otoscopique
Examen du rhinopharynx
Examen de la cavité buccale
L'étude des données fournies par des manœuvres spécifiques (elles permettent
d'apprécier le passage de l'air au travers de la trompe auditive dans le sens cavumoreille moyenne) :
Manœuvre de Valsalva
Manœuvre de Politzer
Manœuvre de Toynbee
B- L'endoscopie
L'endoscopie de l'orifice pharyngé se fait par fibroscopie avec un nasopharyngoscope. Il
permet d'apprécier l'ensemble du cavum. Parfois l'ouverture tubaire permet de voir toute la
trompe cartilagineuse. Une insufflation d'air conjointe à l'endoscopie permet d'observer la
dynamique tubaire et sa perméabilité.
L'endoscopie de la trompe auditive se fait sous anesthésie générale, soit par voie transmastoïdienne, soit par le conduit auditif externe lors de perforation du tympan, soit par
l'ostium tubaire. Elle nécessite l'utilisation de fibroscopes de diamètre très minime.
C- La tympanométrie
Elle explore la fonction tubaire
• Soit directement lorsque le tympan est perforé, par l'étude de la perméabilité de la
trompe auditive.
• Soit indirectement lorsque le tympan est normal, par la mesure des pressions
intratympaniques.
D- La méthode du caisson
La fonction équipressive de la trompe auditive fait appel aux possibilités qu'elle a d'équilibrer
un gradient de pression entre l'oreille moyenne et la pression atmosphérique. Ce gradient peut
être obtenu à l'aide d'un caisson.
E- La sonotubométrie
Il s'agit d'une vieille méthode qui consiste à mesurer la conduction d'un son au travers de la
trompe auditive. Un microphone est placé dans le conduit auditif externe, il enregistre les
variations d'amplitude d'un son émis dans les fosses nasales lors de l'ouverture de la trompe
auditive.
F- La tubanométrie
Le but de cette technique est de contrôler l'existence ou non d'un dysfonctionnement dans
l'ouverture tubaire. Elle utilise un aérosoliseur manosonique automatique®. Cet appareillage
permet d'appliquer au niveau du cavum une surpression d'intensité variable au moment de la
déglutition donc au moment de l'ouverture tubaire. Un système enregistre en même temps la
surpression au niveau du cavum et au niveau du conduit auditif externe (surpression entraînée
par le déplacement vers l'extérieur du tympan, lui-même déplacé par l'ouverture tubaire) pour
pouvoir évaluer la pression d'ouverture de la trompe auditive et, identifier et quantifier ainsi
l'éventuel dysfonctionnement tubaire.
21
G- L'imagerie
•
•
•
La radiologie standard
La tomodensitométrie
L'imagerie par résonance magnétique
H- L'étude électro-myographique des muscles intervenant dans le fonctionnement de la
trompe auditive
Cette technique n'est pas utilisée en clinique
22
II-
MATERIEL ET METHODES
1- Matériel utilisé
Instruments
-manche de bistouri n° 4 et lame n° 23
-manche de bistouri n°3 et lame n°15
-ciseaux à disséquer droits, à bout pointu
-ciseaux à disséquer courbes, à bouts ronds
-pince à disséquer standard, sans griffes
-curette à os
-fraise boule tungstène sur moteur
-fraise boule diamantée sur moteur
-rugine
-scies
Sujets
•
•
•
•
Une hémi tête droite de sujet féminin, formolée, d'âge inconnu pour la première dissection
Un sujet frais féminin, formolé par la suite pour la deuxième dissection, âgé de 86 ans et 5
mois.
Un sujet frais féminin, injecté au latex en artériel et en veineux puis formolé, âgé de 95
ans et 4 mois, pour la troisième dissection.
Un sujet frais féminin, injecté au latex en artériel puis formolé, âgé de 82 ans et 4 mois.
2-2- Méthodes de dissections
La trompe auditive a été abordée de différentes façons.
La première dissection visait à isoler la trompe auditive tant dans sa partie osseuse que dans
sa partie cartilagineuse.
La deuxième dissection a été réalisée après prélèvement de la tête qui a été maintenue par la
suite dans du formol. Ensuite, nous avons effectué un volet osseux en déposant la calvaria et
le cerveau afin d'arriver sur la base du crâne.
Puis nous avons réalisé une coupe passant par l'épine nasale antérieure, au dessus des
processus zygomatiques du maxillaire, laissant ainsi en place l'articulation maxillo-malaire, et
atteignant le niveau de la selle turcique, selon le schéma suivant:
23
Après résection des cornets nasaux inférieurs, nous avons obtenu une vue supérieure du
rhinopharynx.
Nous avons par la suite fait une coupe sagittale de sorte à obtenir deux hémi- têtes, sur
lesquelles nous avons finalement réalisé une coupe frontale passant par la paroi antérieure du
pharynx.
La troisième dissection a été réalisée après injection au latex des vaisseaux de la tête, par
l'artère carotide commune en artériel, et par la veine jugulaire interne en veineux.
Nous avons réalisé une coupe frontale passant au niveau de la paroi postérieure du foramen
magnum, le cerveau a été enlevé, ainsi que les vertèbres, puis la paroi postérieure du pharynx
a été incisée et disséquée de sorte que nous obtenions une vue postérieure du voile du palais et
des trompes auditives.
24
III- RESULTATS
1- Première dissection
Le but de cette première dissection était de mettre en évidence la trompe auditive dans sa
globalité, surtout dans sa portion osseuse.
L'abord de cette dissection a été réalisé par la face externe de l'hémi-tête.
Photographie n°1 : Vue inféro- latérale de la trompe auditive
Nous avons, dans un premier temps, récliné la peau, et disséqué les muscles masticateurs.
Dans un second temps, la mandibule et le processus zygomatique de l'os temporal ont été
déposés, et la partie pétreuse du temporal nettoyée.
Ainsi nous pouvons voir la paroi inférieure de la trompe auditive, qui répond à la suture
pétro-tympanale. Nous voyons également la paroi latérale constituée en haut du
prolongement inférieur du tegmen tympani du rocher et en bas du processus tubaire du
tympanal, lesquels sont séparés par la suture pétro-tympanale.
Le canal carotidien et l'artère carotide interne sont visibles dans leur portion verticale.
Dehors
Processus
zygomatique
sectionné
Haut
Caisse du
tympan
avec les
osselets
Cavité glénoïde
Fissure
pétrotympanale
Rocher
Trompe
fibrocartilagineuse
Artère
carotide
interne dans
le canal
carotidien
25
Photographie n°2 : Vue inféro- latérale de la trompe auditive après résection de sa paroi
latérale avec maintien de l'isthme
La paroi latérale du protympanum a été fraisée, mais l'isthme a été maintenu en place. La
partie supérieure de la paroi antérieure de la caisse tympanique peut être observée, le
protympanum s'y abouche par son orifice postérieur.
Nous pouvons également observer la paroi supérieure du protympanum qui répond au canal
du muscle tenseur du tympan.
La paroi inférieure de la trompe auditive poursuit la continuité de l'hypotympanum.
Dehors
Haut
Caisse du tympan
avec les osselets
Protympanum
Isthme tubaire
Canal du muscle
tenseur du tympan
Artère vidienne
Lame latérale sectionnée
Trompe fibrocartilagineuse
Lame médiale
26
Photographie n°3 : Vue antéro- latérale de la trompe auditive
Après fraisage de l'isthme et découpe du maxillaire, nous obtenons une vue de l'ensemble de
la trompe auditive.
Nous distinguons ainsi nettement les deux segments de la trompe auditive en forme de tronc
de cône s'opposant par leurs sommets. La trompe est oblique en dedans, en avant et en bas.
Le protympanum représente environ 1/3 de la trompe auditive et la trompe cartilagineuse 2/3.
Le canal carotidien est visible dans sa portion verticale, il remonte jusqu'à l'orifice
tympanique de la trompe, en arrière de celui-ci, où il réalise un coude, il est alors séparé de cet
orifice par une paroi mince. Puis son segment horizontal chemine de façon ascendante, en
regard de la paroi médiale du protympanum qui lui est descendant.
Haut
Dedans
Conduit
externe
Caisse du
tympan avec
osselets
Emplacement du
tympan
Trompe
fibrocartilagineuse
Processus
tubaire du
tympanal
Artère carotide
interne dans le
canal carotidien
27
2- Deuxième dissection
Les objectifs de cette dissection étaient de mettre en évidence :
• l'emplacement de l'ostium pharyngé dans le rhinopharynx
• la constitution de la trompe fibrocartilagineuse
• les muscles tubaires
Photographie n°4 : Vue supérieure du rhinopharynx
C'est après la coupe décrite dans les méthodes que nous avons obtenu une vue supérieure du
rhinopharynx.
Cette vue donne à voir, après résection des cornets la suture intermaxillaire, et les lames
horizontales des os palatins.
Nous pouvons noter la présence d'une tonsille pharyngienne qui descend jusque dans le
récessus pharyngien.
Arrière
Haut
Gauche
Lame
horizontale de
l'os palatin
Sphénoïde
(dorsum de la
selle réséqué)
Ostium pharyngé
Suture
intermaxillaire
Voile du
palais
28
Photographie n° 5 : Paroi latérale droite du cavum
La pièce a été coupée sagittalement.
Nous observons ainsi la paroi latérale du cavum avec l'orifice pharyngien de la trompe
auditive qui fait saillie dans la lumière du cavum, il regarde en dedans, en avant et en bas.
L'ostium est limité en avant par une lèvre courte, prolongée par, en bas : le pli salpingopalatin, en avant : par le pli salpingo- nasal.
En arrière, la lèvre est plus épaisse, soulevée par le torus tubaire cartilagineux, elle est
prolongée en bas par le pli salpingo- pharyngien.
En bas, le MEVP fait saillie et soulève la muqueuse, c'est le torus de l'élévateur.
Haut
Arrière
Lumière tubaire
Sinus maxillaire
Fossette de Rosenmüller
Pli salpingo-nasal
Pli salpingo-palatin
Torus de l'élévateur
Torus tubaire
Voile du palais
Pli salpingo-pharyngien
29
Photographie n° 6 : Vue médiale de l'ostium de la trompe auditive et du MEVP gauche
Après résection de la muqueuse, nous voyons le cartilage tubaire composé de la lame latérale
et de la lame médiale.
La lame latérale est mince et étroite.
La lame médiale est de forme triangulaire, c'est elle qui constitue le torus tubaire, elle mesure
environs 20 mm.
Cette vue nous permet de voir l'insertion proximale du MEVP sur la face dorsale de
l'aponévrose palatine. Le MEVP se place sous la trompe cartilagineuse au niveau de l'ostium
pharyngien.
Haut
Avant
MEVP
Lame latérale
Voile du
palais
Lumière
tubaire
Luette
Lame
médiale
30
Photographie n° 7 : Vue postérieure du MEVP
Une coupe frontale de la pièce au niveau de la paroi antérieure du pharynx, nous donne à voir
le cheminement du MEVP, celui-ci passe en arrière de la trompe cartilagineuse, sur la berge
postérieure de la gouttière tubaire de l'os temporal.
Nous voyons de même le canal carotidien avec son coude et sa portion horizontale, et nous
apercevons la caisse du tympan qui se trouve en regard du coude du canal carotidien.
Sur l'apophyse styloïde s'insère l'un des muscles du voile : le muscle stylo- pharyngien qui se
termine sur l'aponévrose palatine.
Haut
Conduit auditif
externe
Dedans
Canal
carotidien
MEVP
Caisse du
tympan
Apophyse
styloïde
Voile du
palais
Muscle stylopharyngien
Luette
31
3- Troisième dissection
Le but de cette troisième dissection était d'obtenir:
• Une vue postérieure de l'emplacement des trompes auditives dans le
rhinopharynx
• Une vue des vaisseaux en rapport avec les trompes auditives
Photographie n° 8 : Vue postérieure du pharynx
Cette vue postérieure du pharynx nous permet d'observer les trois composants du pharynx:
Le rhinopharynx situé en arrière de la cavité nasale.
L'oropharynx situé en arrière de la cavité buccale, carrefour entre les voies respiratoire
et digestive.
L'hypopharynx situé en arrière du larynx
Nous voyons également la carotide commune qui se divise en carotide externe et en
carotide interne, ainsi que le sinus sigmoïde qui devient veine jugulaire interne après être
passé par le foramen jugulaire.
Haut
Lame
médiale du
cartilage
tubaire
Droite
Cornets
nasaux
moyen et <
Veine jugulaire
interne
Ostium
pharyngé
Voile du palais
Pli salpingopharyngien
Luette
Artère carotide
interne
Papille
circumvallée
du V lingual
Artère carotide
externe
Epiglotte
Racine de
la langue
Glotte
Artère
carotide
commune
Recessus
pyriforme
Pli aryépiglottique
Paroi antérieure
de l'oesophage
32
Photographie n° 9 : Vue postérieure du cartilage tubaire après résection de la muqueuse
Après résection de la muqueuse à droite, et fraisage de la paroi supérieure du canal carotidien,
nous observons la partie supérieure du cartilage tubaire en rapport avec le canal carotidien.
Au niveau musculaire, le muscle stylo- pharyngien, le muscle ptérygoïdien médial ainsi que le
MEVP sont visibles.
Haut
Droite
Canal carotidien
Artère carotide interne
Lame médiale de
la trompe auditive
Apophyse styloïde
Sillon du sinus
sigmoïde
Aponévrose palatine
Bord postérieur de la
branche montante
mandibulaire
Fibres du muscle
ptérygoïdien
médial
Artère maxillaire
sectionnée
Muscle stylo- pharyngien
33
IV- LES BAROTRAUMATISMES DE L'OREILLE MOYENNE
Nous avons vu plus haut que le rôle de la trompe auditive est minime dans l'équipression en
situation normale, cependant celui-ci est prépondérant dans les milieux de sur ou dépression
La survenue de barotraumatismes est donc, notamment, liée au processus d'ouverture et de
fermeture de la trompe auditive.
Les barotraumatismes apparaissent dès que la pression de part et d'autre du tympan n'est pas
la même. Une surpression au niveau de la caisse du tympan entraînera, si elle est très élevée,
une perforation du tympan en dehors; alors qu'une importante surpression au niveau du
conduit auditif externe produira une perforation du tympan en dedans.
Les phénomènes de surpression ou dépression exo- tympanique se rencontrent en altitude, en
plongée sous-marine, et en caisson hyperbarre.
Nous nous attacherons ici à décrire les phénomènes qui interviennent dans la survenue des
barotraumatismes de l'oreille moyenne uniquement dans le cadre d'une activité de plongée
sub- aquatique.
1- Phénomènes de pression (2) (3)
Pression hydrostatique : c'est la pression provoquée par un liquide. Elle est appelée aussi
pression relative. Elle est identique en tout point situé à une même profondeur. Sa valeur est
égale à la force exercée par le poids du liquide par unité de surface.
Pression absolue : c'est la pression subie par le plongeur. Il s'agit de la somme de la pression
hydrostatique et de la pression atmosphérique.
2- Atteintes de l'oreille moyenne suite à des accidents de pression
On appelle barotraumatisme auriculaire ou "otite barotraumatique" une atteinte aiguë de
l'oreille moyenne :
Elle est causée par la différence de pression entre l'air contenu dans la caisse du tympan et
l'atmosphère environnant, apparaissant au cours de variations de pression. Elle est caractérisée
par un malaise, une douleur, des bourdonnements et dans certains cas une surdité.
A- Etiopathogénie (3)
Trois facteurs interviennent dans la création d'un barotraumatisme:
Le sens de variation de la pression
La vitesse de cette variation
La composition du mélange gazeux respiré
a- Le sens de variation de la pression
Lors de la descente, l'hyperpression régnant dans le cavum a tendance à plaquer les parois de
la trompe fibro-cartilagineuse, l'ostium ne pourra alors s'ouvrir que par des manœuvres
réalisant une tension du voile du palais (manœuvre de Valsalva). Ainsi le passage d'air par
l'ostium rétablit l'équilibre de part et d'autre de la membrane tympanique.
34
Cependant, si le plongeur laisse s'établir une différence de pression de l'ordre de 60 à 120
millibars, il se produit un blocage de l'ostium: l'équilibration devient impossible, les muscles
péritubaires n'ayant plus la puissance nécessaire pour écarter les parois de la trompe auditive
cartilagineuse. Si la pression continue à augmenter, la dépression interne croît et le
barotraumatisme se constitue en fonction de l'élasticité du tympan.
Il se créera alors une congestion, une transsudation puis une rupture des vaisseaux et enfin
une rupture tympanique, quand la dépression atteint 400 à 700 millibars.
Lors de la remontée, la pression ambiante diminuant, la pression dans l'oreille moyenne
devient positive : le tympan bombe à l'extérieur. Dès que la surpression dépasse les 13
millibars, un mouvement passif de la trompe auditive laisse passer l'air vers le pharynx. Lors
de variations rapides, une faible surpression résiduelle peut s'observer; c'est pourquoi
l'équipression demande quelques déglutitions pour être réalisée complètement.
b- La vitesse de cette variation
La fréquence d'ouverture de l'ostium tubaire est proportionnelle à la vitesse du changement de
pression, mais inversement proportionnelle à la pression absolue.
c- La composition du mélange gazeux respiré
Nous avons vu plus haut que la muqueuse de l'oreille moyenne absorbe continuellement de
l'oxygène et de l'azote. En cas d'obstruction tubaire, cette absorption engendre une dépression
endo- tympanique et une dépression intra- tympanique, si celle- ci est trop importante le
barotraumatisme apparaît.
figure 9 : Mécanismes de variation de pression, d'après G. Poulet, R. Barincou
35
d- Causes en rapport avec la trompe auditive et le conduit auditif externe
Pour la trompe auditive:
Mouchage insuffisant.
Inflammation ou obstruction due à une infection voies aériennes supérieures
Mauvaise manœuvre d'équilibrage: la trompe peut se boucher à la descente à cause
d'une hémorragie sous- muqueuse, obstruer l'isthme et empêcher l’évacuation de l'air
intra-tympanique: la membrane est alors refoulée vers l'extérieur et peut se perforer.
Pour le conduit auditif externe:
Bouchon de cérumen, trop hydraté, il peut obturé complètement le conduit, et l'air
bloqué se dilatant à la remontée peut entraîner des lésions tympaniques de dehors en
dedans.
Obturation artificielle: cagoule trop plaquée sur le visage.
B- Signes cliniques
Plénitude auriculaire
Modification audition
Gêne
Douleur
Bourdonnement
Vertiges
Eclatement du tympan accompagné de nausée et surdité.
La progression du syndrome douloureux est en rapport avec la persistance ou l'arrêt de la
variation de pression.
Si dès la moindre difficulté d'équilibration, le plongeur s'arrête, la douleur disparaît
immédiatement et il peut effectuer les manœuvres pour réaliser l'équipression
Si par contre, il ne s'arrête pas, la douleur augmente et ne s'arrêtera que si une manœuvre est
mise en route pour ouvrir l'ostium tubaire.
3- Conduite à tenir
A- Traitement préventif (7) (8) (9)
Le plongeur doit consulter son médecin avant chaque saison de plongée, celui-ci doit
vérifier que le conduit auditif externe est libre et que le tympan est bien visible est
mobile lors d'une manœuvre de Valsalva
Ne pas plonger enrhumé
Dès l'immersion, le plongeur doit commencer à équilibrer ses oreilles, sans attendre
qu'une gène apparaisse
Les manœuvres d'équipression:
Déglutition :
C’est la méthode la plus simple. Elle consiste à simuler une déglutition.
Méthode de Vasalva
Consiste à simuler une expiration par le nez, nez pincé et bouche fermée. C'est la plus connue
car la plus efficace mais c'est aussi la plus dangereuse. Elle ne s'utilise qu'à la descente.
36
Méthode de Frenzel
Elle se pratique à la descente et consiste à amorcer une déglutition en ayant la langue plaquée
contre le palais, en prononçant le son " KE ". Cette méthode ne crée une hyper pression
qu’au-dessus de la glotte.
Méthode de Toynbee :
Elle se pratique à la remontée seulement si nécessaire. C'est l'inverse de la méthode de
Valsalva.
Béance Tubaire Volontaire (B.T.V.)
Peut se pratiquer à la descente ou à la remontée. Elle permet l'ouverture "passive" des trompes
d'Eustache. Il n'y a pas d'hyper pression. C'est de loin la meilleure mais aussi la plus difficile à
réaliser. Pour des questions de positionnement anatomique elle n'est pas réalisable par tous les
individus.
Le plongeur devra s'habituer à prendre conscience des contractions musculaires qui
permettent au voile du palais de s'orienter horizontalement. Cela s'étudiera en faisant des
manœuvres de Valsalva, des déglutitions, des manœuvres de Frenzel. Ce n'est donc qu'après
un certain travail que le plongeur verra ses efforts récompensés.
B- Traitement curatif (3)
Il doit répondre à trois objectifs:
Rétablir la perméabilité tubaire
Prévenir la surinfection
Calmer l'inflammation
Le traitement est différent suivant que le tympan est perforé ou non:
S'il n'est pas perforé, des désinfectant et des anti- inflammatoires locaux seront
prescrits
Si le tympan est perforé, il y a contre-indication formelle à l'emploi de gouttes
auriculaires.
Une tympanoplastie peut être proposée en cas d'absence de cicatrisation au bout d'un
mois, sur une oreille moyenne désinfectée et avec une trompe auditive perméable.
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CONCLUSION
Ce travail a permis d'observer la position des trompes auditives dans le rhinopharynx, et ce,
sous différentes vues.
Cependant il subsiste quelques zones d’ombre tel l'emplacement exact du muscle tenseur du
voile du palais que nous n'avons pu mettre en évidence.Une coupe frontale passant par les
tubérosités maxillaires, aurait certainement permis de localiser ce muscle.
En outre, les dissections n'ont pas permis de se rendre compte de la mobilité de l'ostium de la
trompe auditive.
Nous avons vu que des changements de pression importants pouvaient être à l'origine de
barotraumatismes de l'oreille moyenne. Cependant tout le corps peut être soumis à des
lésions barotraumatiques : aussi rencontre-t-on des accidents tel le placage du masque, la
colique du scaphandrier, la surpression pulmonaire, et au niveau de la sphère oro-faciale :
des barotraumatismes de l'oreille interne, des sinus et dentaires.
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BIBLIOGRAPHIE
1 Bonfils P., Chevallier J- M., Anatomie ORL 1998, EDITIONS FLAMMARION, p289.
2 Bonnin J- P., Grimaud C., Happey J- C., Strub J- M., La plongée sous - marine sportive
2ème édition1992, EDITIONS MASSON, p40-42.
3 Desmarescaux G., thèse : Les barotraumatismes de la sphère oro-faciale en plongée sousmarine, soutenue publiquement à Lille, le 09/12/1999, p35- p39.
4 Langman J., Sadler T- W., Embryologie médicale 6ème édition, 1996, EDITIONS
PRADEL, p340, 344.
5 Legent F., Perlemuter L., Vanderbrouk Cl., Cahiers d'Anatomie ORL, Cahier 2 : Fosses
Nasales et Pharynx, 4ème édition 1986,EDITIONS MASSON, p75-80.
6 Martin Ch., Magnan J., Bebear J- P., La trompe auditive (la trompe d'Eustache), Société
française d'oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale, 1996, EDITIONS
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Sites internet:
7 http://perso.wanadoo.fr/aresub/medecinesubaquatique/medecineplongee/accid/orint.htm
8
http://www.urgencyclopedie.info/index.php/Les_accidents_de_plong%E9e#Odontalgie_barot
raumatique
9 http://www.psdiving.com/fr/site/Livre/Theorie/theorie.php3?nom=oreilles_n2.htm
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Index des illustrations et tableaux
Figure 1 : Coupe schématique coronale du système auditif d'après Bonfis
Figure 2 : Plancher pharyngien au 22ème jour in utero d'après Langman
Figure 3 : Plancher pharyngien au 28ème jour d'après Langman
Figure 4 : Processus de pneumatisation de l'oreille moyenne d'après Martin
Figure 5 : Aspects schématiques de la lumière tubaire d'après Martin
Figure 6 : Coupe sagittale schématique de la trompe auditive dans sa partie cartilagineuse
moyenne d'après Martin
Figure 7 : Système de la trompe auditive d'après Bluestone et Klein
Figure 8 : Action des muscles tubaires et mécanisme d'ouverture de la trompe auditive selon
Proctor
figure 9 : Mécanismes de variation de pression, d'après G. Poulet, R. Barincou
Tableau 1 : Comparaison de la trompe auditive et d'un récipient au col étroit
Photographie n°1 : Vue inféro- latérale de la trompe auditive
Photographie n°2 : Vue inféro- latérale de la trompe auditive après résection de sa paroi
latérale avec maintien de l'isthme
Photographie n°3 : Vue antéro- latérale de la trompe auditive
Photographie n°4 : Vue supérieure du rhinopharynx
Photographie n° 5 : Paroi latérale droite du cavum
Photographie n° 6 : Vue médiale de l'ostium de la trompe auditive et du MEVP gauche
Photographie n° 7 : Vue postérieure du MEVP
Photographie n° 8 : Vue postérieure du pharynx
Photographie n° 9 : Vue postérieure du cartilage tubaire après résection de la muqueuse
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