Lafragmentation du paysage, produit complexe des
interactions entre l’homme et son environnement,
est l’une des plus sérieuses menaces pesant sur la bio-
diversité. L’appréciation des impacts ne doit pas se limi-
ter aux espèces et espaces naturels protégés. Une
attention particulière doit être accordée à la nature « ordi-
naire » qui fait le lien entre les espaces remarquables.
La fragmentation n’est évidemment pas un phénomène
nouveau. Mais ce qui est inquiétant aujourd’hui, c’est à
la fois l’échelle et la vitesse à laquelle s’opère cette
fragmentation et la puissance des facteurs socio-écono-
miques qui l’encouragent. La protection des seuls
espèces et espaces protégés est insuffisante pour
enrayer l’érosion de la biodiversité. Ainsi, une bonne
étude d’impact, c’est également un outil de génie
écologique qui doit anticiper les effets possibles sur
une zone plus étendue que celle du projet lui-même
afin de préserver les corridors biologiques situés en
milieu ordinaire et qui relient entre eux les espaces
remarquables.
De plus, la diversité biologique produit de la richesse et
représente un gigantesque réservoir de ressources
utilisables dans les domaines pharmaceutiques, cosmé-
tiques et agroalimentaires. Elle a une valeur économique
avérée en assurant à la société un certain nombre de
services (stabilité climatique, épuration de l’eau, préven-
tion contre l’érosion, pollinisation, lutte biologique, régu-
lation d’espèces de ravageurs…). La biodiversité peut
servir d’assurance contre un changement brutal de notre
environnement en stabilisant le fonctionnement d’en-
semble des écosystèmes. En préservant le patrimoine
naturel, l’espèce humaine assure sa survie à long terme.
Pour beaucoup, la conservation évoque les moyens de
protéger l’équilibre naturel contre les dangers qui mena-
cent de le rompre, à commencer par l’action de l’homme.
Les écologues savent aujourd’hui que des écosystèmes
entiers doivent leur aspect et leur étendue géographique
à des actions répétées de l’homme comme le feu ou le
pâturage. La conservation de la biodiversité et les acti-
vités humaines ne sont pas antinomiques à condition
que l’on ne fasse pas l’économie de bonnes études
d’impact. L’étude d’impact est ainsi un outil d’aide à
la décision qui permet de concilier aménagement du
territoire et préservation des milieux. Elle contribue
donc au développement durable.
Ce document se place dans cette perspective. Il ne
contient pas de «recettes» mais des propositions pour
aboutir à des projets respectueux des milieux et des
espèces.
Le directeur régional de l'environnement de Midi-Pyrénées
Philippe Sénégas
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PREFACE