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Air Pur - N°78 - 2010
aux personnels des organismes à faire de la pédagogie vis-à-
vis des locataires » Francis Déplace, directeur de Delphis (Le
Moniteur, mai 2010).
Former le personnel de gestion et informer les locataires
s’avèrent nécessaires. Certains organismes expérimentent
l’individualisation des factures assortie d’un télérelevage des
compteurs qui permet un meilleur contrôle des consommations ;
d’autres organisent des réunions d’information ou distribuent
des plaquettes sur les usages adaptés. Les bailleurs sociaux,
tout comme les collectivités territoriales, cherchent à mieux
informer les ménages sur la façon de réaliser des économies
d’énergie et d’éviter les impayés de loyer ou d’énergie.
III-UNE FAIBLE FREQUENTATION
DES REUNIONS D’INFORMATION PAR
MANQUE D’INTERET ?
Dans les faits, il semble que peu de ménages se rendent
volontairement aux réunions et aux ateliers d’information.
La plupart des ménages interviewés dans le cadre de nos
enquêtes déclarent qu’il suffit d’un peu de bon sens pour ne
pas gaspiller. «
Celui qui est logique, il le sait. Quand on quitte
une pièce, on éteint la lumière … Tout ça, on le sait
» déclare
un ménage qui adopte au quotidien des comportements de
restriction.
L’analyse des résultats de deux enquêtes menées auprès
de ménages en précarité énergétique le confirment. Sur
40 ménages repérés(2) (Devalière, 2010(3)), aucun ne s'est rendu
à ces réunions faute d’information (pour 57,5 % de l’échantillon)
ou par sentiment d’inutilité (30 %).
Sur les 75 ménages interviewés dans le cadre d’une autre
enquête, menée à Bourges et dans son agglomération, seuls deux
ménages sur dix se sont rendus à une réunion d’information.
Dans l’ensemble, ces personnes se sentent suffisamment
informées sur la manière de réduire leurs factures et estiment
que, malgré la mise en place d’un système D, elles ne peuvent
rien faire contre l’inconfort thermique de leur logement.
Ainsi, malgré l’intérêt que présentent ces lieux de diffusion
et de savoir sur les sources d’économies réalisables, on
constate une faible fréquentation qui est corroborée par une
méconnaissance des lieux ressources comme les Espaces Info
Energie, et un désintérêt voire un certain « rejet » des messages
liés aux économies d’énergie auprès de ménages qui ont le
sentiment d’adopter depuis toujours des gestes économes. Ces
messages semblent être vécus comme une forme d’injonction
dans leur sphère domestique. Ils estiment que leur précarité
énergétique est davantage liée à leur situation économique
et à leur habitat plutôt qu’à leurs comportements.
IV-DES TRAJECTOIRES ET DES PARCOURS
A PRENDRE EN COMPTE
Même s’il peut exister, de façon très minoritaire, un recours au
« suréquipement » vécu comme une certaine compensation au
mal vivre, l’enquête précédemment citée (Nord-Pas de Calais,
Indre et Loire) nous enseigne que les impayés d’énergie sont
principalement la conséquence d’une baisse des ressources
liée à une rupture dans une trajectoire de vie, familiale ou
professionnelle. Cette situation est aggravée par un logement
mal isolé, ou dont l’équipement de chauffage est défaillant, ou
encore par des dépenses croissantes en carburant générées
par de nombreux déplacements liées à une installation en
zone périphérique.
Il s’agit pour la plupart, de ménages qui adoptent déjà des
comportements de restriction et qui supportent mal d’avoir
à intégrer des contraintes supplémentaires dans un univers
de possibles déjà très limité.
V-UNE RESPONSABILITE
PARTAGEE PAR TOUS
La multiplication des ateliers d’information et de sensibilisation
ne doit pas masquer la responsabilité des décideurs politiques,
des bailleurs sociaux et privés sur l’état du bâtiment qui est un
des principaux facteurs de précarisation énergétique.
Au regard des données de l’enquête Nationale Logement 2006,
sur 100 ménages qui déclarent avoir eu froid dans leur logement
pendant 48 heures au cours de l’hiver dernier, 41 % imputent
cet inconfort thermique à une mauvaise isolation et 33 % à
une installation de chauffage insuffisante (39 % invoquent les
deux raisons). En effet 48 % des logements occupés par ces
ménages ont des fenêtres en mauvais état (contre 28,6 % en
moyenne nationale), 38.3 % déclarent de l’humidité (contre
20.4 % des Français), 30,3 % déplorent une électricité non
encastrée (contre 19.4 %)… L’ensemble des indicateurs de la
santé du bâtiment des ménages qui déclarent avoir eu froid
chez eux confirme les déclarations d’inconfort thermique des
ménages et la nécessité d’adapter des aides financières aux
situations contrastées.
VI-INFORMER ET INTERVENIR
Les économies d’énergie sont en effet la résultante de plusieurs
facteurs, liant le bâti, la situation du ménage, la technique aux
comportements, et c’est la pertinence de leur articulation et
l’adaptation de l’argumentaire explicatif qui peuvent conditionner
l’effectivité de ces économies.
Ainsi, la communication sur les économies d’énergie, comme
sur les avantages des tarifs sociaux de l’énergie, doit être plus
adaptée et mieux diffusée.
Les témoignages recueillis ont montré combien il importe
d’éviter dans les campagnes d’information et de sensibilisation