L’optimisme et l’entrain
Par Vénérable maître Hsing Yun, fondateur de Fo Guang Shan
On trouve dans le monde bon nombre
d’êtres sensibles. Ils présentent des
caractères différents dont la nonchalance et
la vivacité. Les indolents saisis par la
mollesse se forment une opinion
avantageuse d’eux-mêmes sans accorder
aucun sens à l’existence. En en voulant à la
terre entière, ils se créent l’inquiétude, la
tristesse, la souffrance, et le dépit.
L’indignation et l’insatisfaction les inclinent
à croire qu’être vivant, c’est de subir
l’affliction. Face à ces gens-là, nous ne
pourrions pas ne pas éprouver de la pitié et
du regret. Toutefois, les optimistes et
progressistes se dotent d’une attitude
positive envers la vie. En vivant dans
l’espérance et en donnant sans cesse du
dynamisme à leur vie, ils savent tolérer et
lâcher-prise, considèrent que toutes les
autres personnes contribuent à leur bon
karma : ces gens-là sont imprégnés de
félicités de la vie et irradient leur joie à
autrui.
Au lieu de nous plaindre de la manière
dont les autres se comportent envers nous,
nous devrions en premier lieu nous
interroger sur notre propre caractère. Si tu
es optimiste, diligent et courageux, et que tu
aimes ton travail, tu découvriras tout
naturellement le sens de la vie. Dans le cas
contraire, enfermé dans le pessimisme et
touché par la dépression, comment
pourrais-tu savoir où te situer parmi la
« foule humaine » ?
L’optimisme et l’entrain s’incarnent
chez Confucius qui, « dans son ardeur
d’apprendre, en oublie de manger et qui,
dans son bonheur de toucher à la Voie, en
oublie ses soucis, au point de ne pas
ressentir l’approche de la vieillesse » ;
Bhadrika se contente de sa vie avec un
simple refuge de montagne, un bol
d’aumône et une robe monastique ; Clinton,
le Président sortant des Etats Unis, se
projette déjà dans l’avenir. Selon un film
documentaire qui présente sa vie
quotidienne, il passe lui-même le balai, fait
la lessive, lave sa voiture, et nettoie le
parquet : c’est un homme d’ouverture qui
sait alterner dans sa vie l’élancement et le
lâcher-prise. Son optimisme lui apporte
l’aisance et la désinvolture qui le poussent à
planifier une nouvelle vie.
L’optimisme n’équivaut pas
simplement à en tirer le plaisir pour soi-
même, mais à rester altruiste. Les
optimistes évitent de se fâcher pour un rien.
Un maître zen des dynasties des Jing a
dit : «si je cultive des chrysanthèmes, ce
n’est pas pour récolter la colère ». Baigné
lui-même dans l’allégresse, il a également
apporté aux gens qui l’entouraient une sorte
de douceur et de clémence, comme celles
de la brise printanière. Les optimistes
reconnaissent ne pas arriver à la cheville
des plus grands hommes mais se félicitent
quand même d’être au-dessus des plus
incapables, à l’opposé des pessimistes qui
se donnent toujours la peine de se comparer
aux plus talentueux et de regretter leur
manque de compétitivité. L’optimisme,
c’est le phare qui illumine l’avenir
prometteur ; le pessimisme, c’est les
stupéfiants qui empoisonnent l’esprit.
L’optimisme nous fait découvrir la nature
positive de l’existence, nous la fait vivre
dans l’espoir et la confiance.
Janvier 2016 - Le Siè cle de Fo Guang