à celle des vortex d'Abrikosov évoqués plus loin) est un modèle local, au sens ci-dessus,
à cette échelle-là, ou à échelle plus grande. (L'emploi du mot "local" en relation avec
le modèle de Bean, à partir d'ici, devra être entendu en ce sens.) Il se caractérise par
l'existence d'une "densité de courant critique" jc, fonction éventuellement de la températ-
ure et de l'induction magnétique locale (au sens qu'on vient de voir), ou même de l'état
de contraintes [25], [60, p. 187]), censée s'établir dans le supraconducteur dès que le
champ électrique1 s'écarte de 0, si peu que ce soit [9] (ou même, s'il a été non nul
dans le passé [21, p. 26], [28]). La première proposition de Bean en ce sens [8] a été
diversement précisée ou modifiée par la suite [45, 49, 68, 72, ...]. Cette classe de
modèles semble la plus populaire pour les études concrètes de dispositifs supra-
conducteurs [20, 21, 24, 37, 47... ].
Le propos de cet article est donc d'examiner la possibilité d'incorporer chacun de
ces deux modèles à un code de calcul par éléments finis. En fait, comme on va le voir,
on peut proposer un modèle unique, contenant à la fois celui de London et celui de
Bean, et faire ainsi d'une pierre deux coups, un simple ajustement de paramètre permettant
de choisir l'un ou l'autre. Ce modèle mathématique (l'équation (9) ci-dessous) s'applique
en principe à toute une classe de modèles de courant critique, au-delà de celui de
Bean, se prête à l'approximation numérique par des techniques connues et maîtrisées
(éléments d'arêtes, schéma non-linéaire de Crank–Nicolson), et constitue une
généralisation "vectorielle", en un sens que l'on verra, du "problème de Stefan", prototype
des problèmes à frontières libres.
Voyons maintenant où est la difficulté. Elle n'est ni d'ordre physique, ni d'ordre
mathématique, mais réside dans l'interprétation même des modèles de courant critique
proposés dans la littérature. Leur forme mathématique laisse régulièrement à désirer,
surtout si l'on a en vue des calculs en dimension 3. Prenons par exemple la version
suivante du modèle, très commune : "à température locale θ inférieure à un seuil
critique θ0, la densité de courant est égale à une certaine valeur critique". Ceci se
traduit mathématiquement par la loi
(5) |j(x)| = jc si θ(x) < θc,
où θ est la température et où la densité critique jc peut être fonction du champ local.
Elle ne peut pas prétendre se substituer à la loi d'Ohm (4), car ce faisant on remplacerait
trois équations par une. Le modèle (5) n'est utilisable tel quel — et il est alors effectivement
utilisé [20, 32] — que lorsqu'on connaît à l'avance la direction des courants, soit à
cause d'une symétrie de translation ou de rotation, soit du fait de la structure fine des
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1 Du fait de la loi de Faraday, il revient au même de dire (comme dans [72]): dès que l'induction
locale b change, si peu que ce soit.
supraconducteurs : paquets de fils torsadés, fils immergés et étirés dans une matrice de