Groupe d’Amitié Islamo Chrétienne (GAIC-CM)-Association de Bienfaisance (ABCM)
Châtenay-Malabry
22 mai 2016
Interventions concluant la rencontre « Et ma diginité ? »
Dans un hadith unanimement authentique, le prophète de l’islam a
précisé trois droits « sacrés » : « Le droit de vie, le droit d’accéder à la propriété et le
droit à la dignité ». Ces trois droits sont qualifiés d’immuables et inviolables selon
la doctrine islamique. Il s’agit de droits importants pour toute l’humanité. Or, on se
rappelle bien que l’humanité a souffert des régimes portant atteinte à la dignité tout
comme elle a souffert de la négation du droit de propriété à un moment donné, avec
par exemple les communistes et d’autres mouvements politiques et dans certains
pays dictatoriaux où l’on enlève à l’être humain le droit d’avoir une propriété privée
et on lui retrie le droit à une dignité pleine et entière.
Il convient donc pour nous de rappeler l’apport de l’islam en matière de
dignité et ses corollaires dont le droit d’accéder à la propriété tant pour les hommes
que pour les femmes. Par exemple, au moment où l’islam est venu, la femme n’avait
même pas le droit d’avoir une propriété. Maintenant dans le monde occidental, on
ne connait pas ce qu’a apporté l’islam à la femme, on oublie souvent cela, la femme
chez les Arabes avant l’islam n’avait même pas droit d’avoir une propriété, elle était
considérée comme un objet et non pas comme sujet à part entière. L’islam est venu
restaurer la dignité et renforcer le droit de propriété pour l’homme et pour la
femme. Ainsi, maintenant, même en cas de mariage, la femme musulmane a le droit
de garder son nom de famille et sa propriété privée indépendamment de son mari.
Tous ces éléments du droit sont naturellement liés. Le droit de vie, le droit de
propriété et le droit à la dignité. Ce sont des principes complémentaires. Ils
constituent ensemble ce que j’appelle le triangle de sacralité humaine en islam.
Au début de mes propos j’ai cité un hadith de la tradition prophétique. Celle-
ci constitue avec le Coran les deux principales sources de la doctrine islamique.
Quand on revient aux textes du Coran, on constate que la dignité de l’être humain
est hautement considérée et reconnue comme droit ferme et irrévocable. Cela on le
partage avec la religion chrétienne et les grandes philosophies humaines, mais mon
rôle est de rappeler ce qui existe dans les textes islamiques. Dans le Coran, l’être
humain est perçu comme Moustakhlaf ou un vicaire, ce qui est une sorte de
métaphore symbolique pour renforcer l’importance de l’être humain auprès de Dieu.
Le terme Moustakhlaf signifie que l’homme est un lieutenant de Dieu, lieutenant de
Dieu sur terre ce qui laisse entendre qu’il y a une honorification et une
responsabilisation. Il est honoré par ce dépôt divin. Dieu lui a accordé cette
possibilité de changer l’environnement et d’être garant d’une large responsabilité
notamment au niveau social et sociétal. Comme le dit Ibn Khaldoun, grand
philosophe de l’islam, « l’être humain est un animal social », donc cette dimension
sociale aussi a un lien direct avec le devoir de renforcer la dignité humaine, de
connaitre nos droits et les droits des autres sur nous. Il ne suffit pas de dire que la
dignité est un droit sacré mais aussi il faut la reconnaitre comme étant un devoir et
comme étant une cause individuelle et collective.
Je tiens à appuyer fortement ces deux dimensions, la dignité est certes un
droit humain et un devoir de chacun vis à vis de l’autre mais aussi une cause à
partager parce que si la dignité est bafouée quelque part dans le monde, cela finit
par influencer d’autres contrées par effet de contagion…etc. Je voudrais revenir sur
un texte du Coran qui dit ceci : « Quiconque tuerait une personne non coupable d'un
meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et
quiconque lui fait don de la Vie, c'est comme s'il faisait don de la Vie à tous les
hommes.».Cf. Verset n°32 de la sourate n°5. Pour moi, ce verset évoque une
dimension pertinemment liée à la notion de dignité au sens large. L’esprit de