10 Techniques immunologiques
Selon leur origine, on distingue les antigènes
non immunogènes ou haptènes, les antigènes
propres à une espèce différente ou xéno-antigènes,
propres à des individus différents dans la même
espèce ou allo-antigènes, propres à un individu
donné ou auto-antigènes et les néo-antigènes, for-
més de novo par transformation de l'antigène origi-
nel ou issus de la combinaison de plusieurs
molécules. Les auto-antigènes peuvent être à l'ori-
gine de maladies auto-immunes lorsqu'ils sont
associés à un signal de danger.
Les antigènes et épitopes cryptiques ont pour parti-
cularité d'être inaccessibles aux récepteurs spécifiques
du système immunitaire parce qu'ils sont enfouis au
sein d'une molécule, d'une cellule ou d'un tissu.
Les super-antigènes présentent une structure
moléculaire créant une liaison non spécifique
entre des TCR (en dehors des régions de recon-
naissance ou CDR) et les molécules du CMH. Ils
conduisent ainsi à une réponse immunitaire dis-
proportionnée et secondairement à la mort des
cellules qui sont entrées en contact avec cette
molécule. Ce sont souvent des toxines produites
par des agents pathogènes qui sont considérées
comme des facteurs de virulence.
Les allergènes sont des antigènes de l'environ-
nement qui ne déclenchent normalement pas de
réaction inflammatoire, sauf chez des sujets aller-
giques ou atopiques où ils sont à l'origine de
manifestations cliniques.
Thermodynamique de la
réaction antigène–anticorps
Les caractéristiques physiques des réactions anti-
gène–anticorps sont très importantes à connaître
pour le développement de techniques qui les uti-
lisent car elles conditionnent de nombreux para-
mètres de l'expérimentation souhaitée.
Épitopes et paratopes engagent des interactions
non covalentes, instables et réversibles, de type liai-
sons de van der Waals, liaisons hydrophiles/hydro-
phobes, liaisons électrostatiques et liaisons
hydrogène. La somme de ces liaisons définit la force
d'interaction entre l'antigène et son récepteur.
L'affinité de l'anticorps est évaluée par une
constante d'affinité (Ka) qui s'exprime en L/mol
(L.mol−1). Ainsi, un anticorps de faible affinité
possède une constante proche de 10−4 L.mol−1 et
un anticorps de haute affinité, une Ka proche de
10−12 L.mol−1. Une autre façon d'exprimer l'affi-
nité d'un complexe épitope/paratope est de défi-
nir la concentration molaire permettant de saturer
50 % des récepteurs présents. On considère qu'une
faible affinité est de l'ordre de 10−4 mM et une
forte affinité de l'ordre de 10−9 mM. Cette affinité
dépend de la complémentarité entre l'épitope et le
paratope.
Les immunoglobulines portent au minimum
deux paratopes semblables, capables de reconnaître
les mêmes épitopes, si ceux-ci sont répétés au sein
du même antigène ou présents sur deux antigènes
proches. La valence antigénique correspond au
nombre de molécules d'un épitope donné pouvant
être reconnues simultanément par des anticorps
qui lui sont spécifiques. L'accès des paratopes aux
épitopes est par ailleurs contraint par la notion
d'encombrement stérique. La valence antigénique
est ainsi toujours inférieure ou égale au nombre
d'épitopes.
L'avidité représente la résultante des différentes
forces d'interaction engagées entre les anticorps et les
épitopes. La force d'interaction globale d'un anti-
corps avec sa cible dépend alors du nombre de para-
topes qu'il peut engager. Ainsi, une IgM,
pentamérique, qui peut engager ses dix paratopes lors
de l'interaction avec un antigène, a une force d'inter-
action (avidité) plus importante que celle d'une IgG
qui ne peut engager que deux paratopes identiques.
Qualité de l'antigène
et interactions
antigène–récepteur
Une modification infime de l'épitope peut avoir
des conséquences majeures sur la qualité des
récepteurs engagés, avec des retentissements par-
fois importants sur la qualité de la réponse immu-
nitaire qui en découle. Dans le cas des épitopes
peptidiques, on peut ainsi définir des motifs :
• agonistes, qui présentent une structure proche
ou dans lesquels le remplacement d'acides ami-
nés n'affecte en rien la qualité de la reconnais-
sance par le récepteur et la réponse immunitaire
qui en découle ;
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