l’intégration a pour charge de faire franchir. S’instaure ainsi un double processus : d’un côté une
catégorisation discriminante de ce qui parait très/trop différent, de l’autre un renforcement du semblable
présumé capable de résorber les différences, d’assimiler4. On retrouve ici les conséquences d’une vision
républicaine5 pour qui la logique de la nation doit secondariser les différences [Rosanvallon, 19, p. 73-88].
Dans ce cadre de compréhension, l’intégration procède d’une centration sur l’individu le rendant l’unique
« porteur » d’une différence dans son rapport avec la société mais tout autant d’un postulat qui fait de la
société un tout homogène et stable auquel il convient de s’intégrer. Dans cette approche c’est l’individu qui
est porteur d’une différence à l’égard du plus grand nombre envisagé comme une totalité aux
caractéristiques stables et partagées. Et l’individu gagne en citoyenneté à mesure qu’il ingère les normes
sociales de ceux à qui il s’unit du fait qu’ils ont eux-mêmes ingérés ces normes. Celui qui veut s’intégrer a
un effort à faire ; la participation à la société qui accueille se mérite6.
4 « L’assimilation est le processus de transformation culturelle que subissent les groupes sociaux minoritaires, au contact du
groupe majoritaire. Le sens que prend globalement le terme aujourd’hui est l’adoption progressive des individus d’un groupe
minoritaire des traits culturels du groupe majoritaire qui les "accueille" jusqu’à la progressive disparition de tous traits culturels
initiaux ». Collectif Manouchian, 2012, Op. Cit.
5 Le Ministère « participe, en liaison avec les ministres intéressés, à la politique de la mémoire et à la promotion de la citoyenneté
et des principes et valeurs de la République », cf Décret du 31 mai 2007. Ajoutons que de cette vision républicaine découle des
politiques de la ville « volontaristes » obligeant à la mixité sociale, mais que ces politiques ont tendance à traiter des lieux plutôt
qu’à concevoir des manières de résoudre les problèmes des « cités », comme le montre bien Jacques Donzelot [2].
6 Voir les tests d’orthographe imposés pour évaluer la maitrise du français écrit.