Sujet : Devoir n°1 « Quelle est à votre avis la finalité du complexe d'OEdipe, et quelles sont selon vous, les conséquences d'un complexe d'OEdipe inachevé ? » La fonction parentale est essentielle au développement de l'enfant et à son avenir de Sujet. L'enfant a besoin de se lier puis de s'identifier à une figure parentale, dans laquelle il puisse avoir confiance et avec laquelle il se sente en sécurité, afin de lui permettre l'individuation avec un minimum d'angoisse de séparation et de culpabilité. Ce processus est long (dès la naissance, voire même in utero) et passe par différents stades au cours desquels l'enfant va vivre des phases de plaisir, de constructions relationnelles, de frustrations, d'angoisses … . C'est au cours de cette histoire personnelle que le Moi de l'enfant va peu à peu se construire. Parmi ces différents stades, il en est un qui est un point essentiel du développement de l'enfant et de la sexualité infantile : le Complexe d'OEdipe. Par l'expérience du Complexe d'OEdipe, le petit garçon et la petite fille découvrent l'existence de deux identités sexuelles. Ils apprennent aussi que leurs désirs ne peuvent pas se manifester librement, ni se réaliser pleinement. Or, toute vie psychique et sociale équilibrée nécessite la maîtrise de ses pulsions, l'acceptation des interdits et des frustrations qui en découlent. L'exposé qui suit a pour objectif de présenter quelle est la finalité du Complexe d'OEdipe et quelles peuvent être les conséquences d'un OEdipe inachevé. Dans un premier temps, le Complexe d'OEdipe sera abordé dans sa « normalité », puis dans un second temps les problèmes liés à un complexe mal vécu seront développés. Le complexe d'OEdipe. Le processus. Il fait partie intégrante du développement de la sexualité humaine, il apparaît selon Freud au cours de la phase phallique c'est-à-dire entre environ 3 et 5 (7 ans). Mélanie Klein, le fait apparaître plus tôt dès le stade oral. Ce qui est certain, c'est que le complexe d'OEdipe est conditionné par l'histoire de l'enfant, il n'est pas isolé de celle-ci. C'est-à-dire que les stades préalables conditionnent la façon dont l'enfant va vivre et surtout sortir de l'OEdipe. Selon moi, la finalité du complexe dOedipe doit permettre à l'enfant de voir émerger ses pulsions sexuelles au travers de fantasmes qui l'agitent, mais qui sont le fruit de son imagination. Les fantasmes de l'enfant sont les siens et les siens propres, car l'OEdipe est une production inconsciente du psychisme. De ce fait, l'entourage de l'enfant peut le percevoir, le ressentir ou plutôt le pressentir, parfois, il passe même inaperçu. Le complexe d'OEdipe, sous la poussée hormonale, doit permettre à l'enfant de ressentir de l'attachement érotique pour le parent du sexe opposé et de l’hostilité pour le parent de même sexe. Le complexe d'Oedipe permet à l'enfant de prendre conscience qu'il vit au sein d'une triangulation : lui – mère – père, alors qu'auparavant, il pensait vivre « en couple » : lui – mère. Pour l'enfant, rompre le couple parental devient alors son objectif, afin de se rapprocher le plus possible du parent désiré. Ce complexe, selon Freud, constitue une étape normale dans la croissance psychologique de l’enfant, il n’a rien de pathologique. C’est sa non-résolution qui peut le devenir. Freud l’a appelé complexe d’OEdipe par référence à la mythologie grecque : « Fils de Laïos, roi de Thèbes, et de Jocaste, OEdipe est éloigné du palais paternel dès qu’un oracle apprend à ses parents qu’il tuera son père et épousera sa mère. Fuyant sa patrie pour échapper à la prédiction, il se querelle un jour avec un vieillard inconnu qu’il tue. C’était Laïos, son père. Arrivé à Thèbes, il sait répondre aux énigmes du Sphinx, terreur de la ville. En témoignage de gratitude, les habitants de Thèbes proclament OEdipe roi et Jocaste, sa mère, devient sa femme. Dans la tragédie de Sophocle, intitulée OEdipe roi, Jocaste se pend et OEdipe, fou de douleur, se crève les yeux et part errer sur les routes. Il a donc commis un parricide et l’inceste.» A mon avis, le complexe d'OEdipe est le moment décisif où culmine la sexualité infantile et où se décide l’avenir de la sexualité et de la personnalité de l’adulte. Il permet à l'enfant de se distinguer progressivement de sa mère, de sortir de la relation fusionnelle qu'il entretient avec elle. La mère doit être en mesure d'accepter que son enfant acquiert son indépendance et finisse par se séparer d'elle. Mais, le plus souvent le père doit l'aider dans cette démarche, il doit assurer une régulation de la distance entre la mère et l'enfant et ainsi contribuer à l'évolution de l'enfant vers l'autonomie. En 1937, Freud a défini la fonction classique du père qui est de protéger l'enfant de l'inceste en s'interposant par la parole entre lui et la mère, l'inscrivant du même coup dans la différence des sexes et des générations. Ainsi, le passage de la relation duelle à la triangulation oedipienne marque la véritable entrée en jeu du père. Pendant la phase phallique, entre 3 et 5 ans environ, l'enfant éprouve à l'égard de ses parents des sentiments ambivalents (amoureux et hostiles) : amour pour le parent de sexe opposé et désir de mort pour le parent du même sexe. Ces sentiments sont un point essentiel du développement de l'enfant et de sa sexualité. La structure du complexe d'OEdipe varie selon qu'il s'agisse du garçon ou de la fille, cette différence provient de leurs rapports respectifs à l'égard du complexe de castration, ce dernier met fin au complexe d'OEdipe chez le garçon, tandis que chez la fille, au contraire, il lui ouvre la voie. Le complexe d'OEdipe chez le garçon. Freud s'est davantage intéressé à la question de l'OEdipe chez le garçon, laissant un peu de côté la question relative à la fille. Mais, les recherches de Mélanie Klein sur le sujet firent énormément avancer les questions liées à la sexualité féminine. En 1945, Mélanie Klein réaffirme « l'hypothèse selon laquelle les deux sexes ont une connaissance innée inconsciente de l'existence du pénis, comme de l'existence du vagin ». Pour Freud, le petit garçon désire sa mère sur le plan sexuel et hait son père, il le voit comme le rival qui lui barre le chemin vers l'objet de son désir. L'enfant se rend compte que le père est un frein, un véritable obstacle à ses désirs sexuels envers la mère. L'identification au père prend alors une couleur hostile qui tourne au désir de vouloir écarter le père, afin de prendre sa place auprès de la mère. Dès lors la relation au père est ambivalente : le père occupe à la fois une position de modèle, mais également celle de rival. Dans cette situation, nous pensons que le père doit tenir un rôle dans la norme, afin de permettre à son fils d'acquérir confiance en lui, ce qui lui donnera les armes nécessaires aux relations sociales futures. Dans le complexe oedipien, les désirs du petit garçon, ne peuvent pas se réaliser à cause des interdits oralisés par son père : «Tu ne peux pas coucher avec ta mère ». Le garçon va alors se trouver dans une situation narcissique difficile : « Soit, je garde ma mère, soit je garde mon pénis », si les interdits du père ont correctement été formulés et entendus par le garçon, sa réponse sera : « Je dois conserver mon pénis et abandonner mon désir pour ma mère » (angoisse de castration). Ainsi, chez le garçon, le complexe d'OEdipe est « détruit » par le complexe de castration, c'est-à-dire, lorsque l'enfant admet l'existence d'une castration possible. Il se détourne dès lors de la mère en tant qu'objet de désir pour s'identifier au père, ce renforcement des liens avec le père va alors consolider sa masculinité. Ainsi, on constate que le complexe d'OEdipe, par l'angoisse de castration permet au petit garçon de se détourner de sa mère, en ce qui concerne le désir sexuel, c'est-à-dire l'inceste. Il lui permet également de comprendre que le parricide est puni. Le complexe d'OEdipe chez la fille. Le complexe d'OEdipe chez la fille possède une « préhistoire » différente de celle du garçon, et donc une structure différente. En effet, la petite fille a, comme le garçon, la mère comme premier objet d'amour et, pour pouvoir orienter son désir vers le père, il faut d'adord qu'elle parvienne à se détourner, se détacher de sa mère ; de ce fait, le processus qui mène au complexe d'OEdipe est, selon nous, nécessairement plus long et plus ardu. Ce processus débute lorsque la fillette, constate des différences sur le plan anatomique entre elle et le garçon. Elle remarque notamment son absence de pénis et se considère alors comme «castrée » et contrairement au garçon qui résout son OEdipe avec son entrée dans le complexe de castration, la fille entre dans le complexe d'OEdipe par le complexe de castration. C'est sous l'influence de l'envie du pénis que la fille se détache de la mère, car elle lui en veut de l'avoir mise au monde en la privant de pénis. Ce manque va se concrétiser par le désir d'avoir un enfant du père : la fille prend alors le père comme objet d'amour, dès lors, elle s'identifie à la mère et cherche à la remplacer auprès du père, allant jusqu'à la haïr et à souhaiter sa mort. A ce sujet, Mélanie Klein écrit : « Le désir féminin d'intérioriser le pénis paternel et de recevoir un enfant de son père précède invariablement le désir de posséder un pénis à elle. » Pour Mélanie Klein, « L'invisibilité et l'incertitude concernant ses organes internes et donc cachés sont la sources de la 'situation d'angoisse fondamentale de la fille'. Cette angoisse de la fille est analogue à l'angoisse de castration du garçon ». Freud considère que les motifs de la « résolution » du complexe d'OEdipe chez la fille ne sont pas clairs : « Le motif de la destruction du complexe d'OEdipe chez la fille nous échappe. La castration a déjà produit son effet qui a consisté à la contraindre à la situation oedipienne. Le complexe d'OEdipe (…) peut être abandonné lentement, être liquidé par refoulement, ses effets peuvent être longuement différés dans la vie mentale normale de la femme ». Ainsi, si l'OEdipe chez le garçon se termine de façon abrupte avec le complexe de castration, chez la fille, on constate que la fin de l'OEdipe peut prendre des années « c'est une longue agonie progressive, qui ne se fait pas dans un moment soudain mais peut prendre toute une vie. On pourrait dire que la fin de l'OEdipe féminin est aussi long que le devenir d'une femme ». Ainsi, à mon avis, les bouleversements hormonaux que subissent sans cesse la fille, puis la femme (menstruations, grossesses, pré-ménopause, ménopause) sont sans doute liés au fait qu'elles se crééent tout le temps. La fonction du père. La « dépose » de l'interdit. Dans la problématique oedipienne, le père tient le rôle d'agent de l'interdiction, c'està-dire celui qui interdit le rêve de la possession exclusive de la mère. En outre, il me semble que l'enfant est en attente de l'autorité du père, il attend de lui qu'il pose des limites et ce afin de se sentir en sécurité. Cette sécurité pose un cadre protecteur qui va permettre à l'enfant de se construire dans un rapport affectif correct. De plus, on ne peut pas négliger le fait que l'autorité exercée par le père dépend des relations qui existent entre les deux parents. Or, je pense qu'une relation parentale harmonieuse est garante d'une bonne finalité du complexe d'OEdipe qui participera à la construction de sa personnalité. On constate également que c'est par l'interdit que le père offre à l'enfant la possibilité de s'identifier aux imagos parentaux. Ainsi, dans le cadre du complexe d'OEdipe, l'identification s'inscrit dans l'imitation du père pour le petit garçon et inversement chez la fillette. En résumé, l'identification, me semble signifier avant tout, l'idée qu'il n'y a pas de construction identitaire possible sans tentative pour l'enfant d'assimiler un aspect, une propriété, un attribut du père ou de la mère. Il apparaît que l'identification induit chez l'enfant l'idéalisation des parents et par là même la formation des instances idéales, à savoir : le Surmoi et l'Idéal du Moi. L'Idéal du Moi correspond au modèle auquel l'enfant cherche à se conformer, il est au même titre que le Surmoi « l'héritier du complexe d'OEdipe ». Ainsi, à mon avis, la constitution du Surmoi et de l'Idéal du Moi dépendent, dans les deux sexes, du « dépôt » dans la conscience de l'enfant des règles morales et c'est le père qui aux yeux de l'enfant incarne les interdits, les lois, les obligations, les ordres, la transmission (des normes morales, des savoirs familiaux, …). Le Surmoi et l'Idéal du Moi. Le Surmoi est une structure développée à partir du Moi, par intériorisation des interdits et des exigences parentales que l'enfant rencontre au cours de son développement et notamment au cours de la résolution du complexe d'OEdipe. Le Surmoi est structuré par ce complexe, il permet à l'enfant de s'inscrire dans les interdictions, les normes et les idéaux et de distinguer le « bien » du « mal ». Notamment ce qui est socialement accepté de ce qui ne l'est pas. Aux règles parentales, que j'ai préalablement évoquées, viennent s'ajouter : la morale, l'éducation, la culture, voire la religion, c'est- à dire un système qui permet à l'individu de se juger et de juger les autres. Le surmoi doit conduire l'individu à l'autonomie, il incarne la conscience morale qui résulte des valeurs sociales et culturelles de la famille, mais aussi du groupe social dans lequel l'enfant évolue. Le Surmoi est une instance psychique qui signale à l'enfant si son agissement est correct ou pas. Une fois que le Surmoi est instauré, le refoulement est totalement opérant, c'est-à-dire que c'est le Surmoi qui va « décider » des éléments à refouler ou pas. Le Surmoi doit permettre à l'enfant de s'élever sur la base de cette conscience morale, c'est l'Idéal du Moi : l'enfant intériorise le modèle à suivre, il a intégré et a accepté les interdits, bien que, selon nous, cette prise de conscience ne se soit pas déroulée sans douleur, puisqu'il s'est agi d'un renoncement. On peut imaginer l'Idéal du Moi à la manière d'un personnage idéal auquel l'enfant aimerait ressembler, afin de satisfaire pleinement son Surmoi. L'idéalisation, et notamment l'idéalisation des parents est essentielle au maintien des relations parents/enfant, des sentiments de sécurité et de protection, de l'amour parental. Les parents sont perçus sur un plan idéal : « Mon papa est le plus fort », « Ma maman est la plus belle ». Ainsi, plus l'écart entre le comportement de l'enfant (le Moi) et l'Idéal du moi est important, plus le mal-être de l'individu sera important et inversement. De ce fait, à chaque instant, l'enfant doit « lutter » afin d'être le plus possible en accord avec les exigences de son Idéal du Moi. Ainsi, il semblerait que le Surmoi correspond au domaine de l'interdiction et du jugement, tandis que l'Idéal du Moi correspond davantage au domaine des aspirations, des valeurs et des objectifs idéalisés. Ces deux instances sont intimement liées à la finalité du complexe d'OEdipe, elles sont contemporaines du déclin de l'OEdipe. En outre, l'instauration de ces instances idéales amène l'enfant à délaisser le Moi idéal, qui correspond au narcissisme primaire que l'enfant doit laisser derrière lui au moment de l'OEdipe au profit du narcissisme secondaire lié à l'Idéal du Moi. L'Idéal du Moi se construit grâce aux interdits et aux exigences extérieures (notamment des parents) au moment de l'OEdipe. Vers la résolution du complexe d'OEdipe. De 5 à 8 ans, l'enfant continue son évolution naturelle qui le conduit à la prise de conscience de la réalité au détriment de l'illusion. Cette prise de conscience ne se fait pas sans douleur, ni contrainte. Car l'enfant doit accepter qu'il ne peut pas obtenir tout se qu'il désire, c'est ce que l'on appelle « l'âge de raison » (environ 7 ans). Ainsi, on comprend, que cette période est également une période de construction où l'enfant doit souffrir pour mettre en place un Moi solide. La pensée magique du petit enfant est peu à peu remplacée par une logique concrète. Toute l'énergie pulsionnelle de l'OEdipe est dans la période de latence (entre 7 et 12 ans environ) mise au service des acquisitions intellectuelles. C'est parce que l'enfant a passé le cap de l'OEdipe et assimilé la loi sociale qu'il va avoir tendance à refouler ses pulsions sexuelles inacceptables et ses fantasmes pour s'adapter à la réalité. Le complexe d'OEdipe a permis la mise en place du Surmoi, c'est-à-dire un instance psychique qui indique à l'enfant que ce qu'il fait est bien ou mal. Le refoulement. Dès que le Surmoi est en place, il permet le refoulement, c'est le Surmoi qui en quelque sorte va générer ce qui doit être ou non refoulé. C'est le premier moment depuis la naissance que le Surmoi est totalement opérant. La période de latence est le moment où le refoulement est le plus fort. L'augmentation du refoulement et la déviation de la pulsion vers des objectifs non sexuels permet à l'enfant de développer sa curiosité intellectuelle, de s'ouvrir aux autres et à la vie sociale. L'enfant continue à aimer ses parents mais de façon tendre et non comme des objets de désir ; mais en plus de ses parents, il se tourne vers d'autres personnes pour lesquelles il va également éprouver des sentiments d'amitié. Le refoulement des pulsions sexuelles inacceptables et des fantasmes va permettre à l'enfant de s'adapter à la réalité. L'enfant devient capable de conscientiser la réalité au détriment des fantasmes et de l'illusion, cela l'aide à se construire un Moi solide. La sublimation. On peut noter, que c'est au cours de la période de latence que s'établit solidement la différence des sexes ; le petit garçon est très fier de son pénis qu'il sur-investit narcissiquement, tandis que la petite fille se valorise par des matières intellectuelles : lecture, art, danse, etc. Les deux sexes ont conscience de leurs atouts respectifs : la force physique pour le garçon, la maturité intellectuelle pour la fille. Entre 8 et 10 ans, les enfants éprouvent de la satisfaction personnelle ; apprendre à l'école, la performance sportive, avoir des amis est vécu comme une réussite personnelle d'autonomie. Au cours de cette période la pulsion sexuelle est dans sa quasi totalité mise au service du renforcement du moi et de la construction du surmoi. L'enfant sublime ses pulsions de la petite enfance afin de renforcer son Surmoi. Face à ses pulsions, l'individu utilise le mécanisme de la sublimation qui évite toute culpabilité. Au contraire, elle permet l'épanouissement, le développement social, et favorise l'adaptation. Dans la sublimation, le complexe d'OEdipe doit être résolu, c'est-à-dire qu'il ne doit plus subsister de conflit interne de type désir/angoisse. Pour introduire le narcissisme (1914), Freud pose catégoriquement que « L’idéalisation est un processus qui concerne l’objet et par lequel celui-ci est agrandi et exalté psychiquement sans que sa nature soit changée. » Il poursuit : «Ainsi, pour autant que sublimation désigne un processus qui concerne la pulsion et idéalisation un processus qui concerne l’objet, on doit maintenir les deux concepts séparés l’un de l’autre. » Et de conclure : « La formation d’idéal augmente, comme nous l’avons vu, les exigences du moi, et c’est elle qui agit le plus fortement en faveur du refoulement ; la sublimation représente l’issue qui permet de satisfaire à ces exigences sans amener le refoulement. » L'importance du rôle parental. Les normes, les devoirs, les cadres, …, l'enfant les hérite de ses parents. Ce sont donc les images parentales qui sont en jeu, ces images que l'enfant construit en transformant ce qu'il projette de la réalité parentale sur « son écran intérieur », en glanant ici et là ce qui correspond à ses fantasmes, à l'interprétation de ce qu'il a perçu en fonction de ses moyens cognitifs et des états affectifs qui accompagnent sa perception. Je pense que les parents ont un rôle primordial à jouer dans la finalité du complexe d'OEdipe, comme éléments essentiels dans le développement normal et la maturation psychoaffective de l'enfant. Par leur présence, ils apportent la sécurité, la tendresse, les soins, la confiance, bref, ils sont le cadre dans lequel évolue l'enfant. Ce cadre forme, selon nous, une base solide à la formation de la personnalité infantile. Les deux figures parentales, bien qu'ayant chacune un rôle différent à jouer, mais complémentaire, doivent permettre à l'enfant de vivre sans trop d'angoisse les épreuves du complexe d'OEdipe. L'enfant se sentant entouré, guidé, encadré par son père et sa mère va prendre confiance en lui, car un enfant seul ne peut rien. Le complexe d'OEdipe est un rapport de force affectif et sexuel au sein d'une famille, dont l'enfant est à la fois sujet et enjeu. Il revient donc aux parents d'accompagner l'enfant vers la sortie de l'OEdipe. Le rôle que chacun doit tenir, au bon moment, doit permettre à l'enfant de développer sa personnalité à part entière. Ainsi, pour se sentir « bon », un enfant a besoin de lire sur le visage d'un parent le plaisir, la tendresse, l'émerveillement et la fierté. Mais cela n'est pas toujours le cas, il est des familles où cela n'existe pas, et ce pour diverses raisons : père trop autoritaire, mère malade, père absent, parents trop laxistes, etc. Tous ces exemples peuvent être à l'origine d'un complexe d'OEdipe inachevé. Les conséquences d'un complexe d'OEdipe inachevé. Quels peuvent en être les signes ? Au sortir du complexe d'Oedipe, l'enfant entre dans la phase de latence, période d'accalmie des pulsions, période de récupération après les « bouleversements » de l'OEdipe. Dans un premier temps, la période est marquée par l'oubli des pulsions sexuelles, et dans un second temps par le besoin de se valoriser par l'apprentissage. La phase de latence est également appelée « grande enfance », elle a la particularité de voir l'augmentation du refoulement de la pulsion et la déviation de celle-ci vers des buts non sexuels. Cela est vrai pour un enfant dont la finalité du Complexe d'OEdipe s'est bien déroulée, mais quelles peuvent être les conséquences pour un individu qui a mal vécu ce complexe ? Pour l'enfant qui n'a pas reçu d'interdit au cours de la période oedipienne, les pulsions sexuelles sont acceptables et sont vécues comme une source de plaisir. L'enfant ne ressent aucune culpabilité : la masturbation peut se pratiquer. De ce fait, l'enfant se tourne vers lui-même et non vers le monde extérieur. Au lieu d'user de ses pulsions pour élaborer son Moi et son Surmoi, l'enfant s'autorise le passage à l'acte, il ne ressent ni dégoût, ni pudeur : il peut être voyeur ou exhibitionniste. Dans ces circonstances, l'enfant n'use pas du refoulement étant donné que ses pulsions sexuelles lui semblent acceptables, et ses fantasmes conformes à la réalité (la sienne). L'enfant qui n'a pas pu intégrer ou accepter les interdits oedipiens ne parvient pas à conscientiser la réalité et peut continuer à vivre dans l'illusion de ses fantasmes. De ce fait, son Moi est faible et les instances psychiques sont déséquilibrées. L'enfant se retrouve dans l'incapacité de sublimer ses pulsions de la petite enfance afin d'étayer son Surmoi. Pour un enfant dont le mécanisme identificatoire s'est mal passé, à cause d'un parent hors norme : père violent, mère trop fusionnelle, la situation devient insécure. Or, pour que le Surmoi puisse se construire, il apparaît essentiel que l'identification au parent du même sexe soit bonne et que la situation affective et familiale soit sécurisante. L'identification est un mécanisme de défense qui permet à l'enfant de sortir de la deuxième blessure narcissique, elle est essentielle à la construction de l'individu et lui permet de conserver des liens affectifs avec ses parents. Si le mécanisme identificatoire est insuffisant, on voit alors se développer un déséquilibre entre les investissements narcissiques et objectaux. La blessure narcissique ne se refermera pas. Le passage à la phase suivante, la période de latence, se fera dans de mauvaises conditions et la période sera mal vécue. Par exemple, l'enfant ne cherchera pas à développer et à mettre ses atouts en avant : la force physique pour un garçon, la maturité intellectuelle pour une fille. Le surinvestissement narcissique ne se fera pas. L'enfant ne ressentira pas particulièrement de satisfaction de lui, au contraire, il pourra même ressentir un sentiment d'infériorité. De ce fait, l'enfant va percevoir qu'il n'est pas à la hauteur de ce que son entourage attend de lui (l'idéal des parents). L'individu souffre et manque de confiance en lui, il a besoin d'être valorisé, encouragé et surtout qu'on ne le compare pas sans cesse aux autres. Mais au lieu de cela, le peu d'intérêt des parents vis-à-vis de l'enfant risque de le dévaloriser encore. C'est sur ce terrain défavorable à l'enfant que va pouvoir se développer la névrose infantile, ainsi que d'autres pathologies témoins du mal-être, voire de la souffrance de l'enfant. Les signes de la souffrance infantile. L'énurésie : C'est la miction inconsciente, sans liaisons directes avec le fonctionnement de l'appareil urinaire, et qui persiste ou réapparaît à l'âge de 4 ans. C'est un symptôme toutefois banal : 75 % des enfants sont des énurétiques primaires (sans avoir jamais été propres), dont 65% la nuit, 32% diurnes et nocturnes et seulement 3% diurnes. A quatre ans, il y a 60% d'énurétiques, à dix ans il y en a 20% tandis qu'à quatorze ans, il n'en restent que 10%. Cette pathologie est plus fréquente chez les garçons et a des origines psychologiques : l'urine est souvent assimilée au sperme et le garçon urine la nuit, afin d'avoir à éviter de manipuler son sexe. Il lutte ainsi contre l'érection et fait pendant la nuit ce qu'il se refuse de faire consciemment la journée. L'énurésie n'est jamais un symptôme isolé, très souvent il est accompagné d'instabilité, de tics, de bégaiement. Tous ces facteurs provoquent une anxiété, une régression et/ou une agressivité chez l'enfant qui s'oppose en devenant énurétique, amenant ainsi le rapprochement avec la mère, et des bénéfices de type masochistes utiliser par l'enfant pour se déculpabiliser. Le caractère de cet enfant sera souvent timide, émotif, ou au contraire têtu et grincheux. L'encoprésie : C'est l'élimination inconsciente des selles pendant le sommeil, dans le même contexte psychologique que pour l'énurésie. Ce sera néanmoins un symptôme plus grave, plus régressif et plus agressif. Ces enfants ont le sentiment d'être abandonné par leur famille. Le complexe d'OEdipe a très mal été vécu et est donc inachevé, de ce fait l'enfant l'enfant régresse au stade anal afin de conserver ses parents pour lui. On peut distinguer 3 personnalités : 1. Le « délinquant » : il s'agit de l'enfant qui fait des selles bien moulées et dures, avec un plaisir indéniable. Ces enfants s'expriment par l'agir. Il y a un double plaisir dans la rétention et dans l'agression. Ils expriment un comportement à caractère social : les parents sont soit trop laxistes, soit trop rigides ? Ces enfants sont dans le mode actif et recherche avant tout la transgression. 2. Le « clochard » : ce sont des enfants passifs, anxieux, qui n'ont aucune possibilité d'organisation par eux-mêmes. Leurs selles sont molles. Ce sont des enfants qui cherchent à ce que leur mère s'occupe d'eux : les change, les nettoie, etc. 3. Le « pervers » : il s'agit d'enfants qui tirent son plaisir de la stimulation anale et de l'autosatisfaction. Ils prennent également du plaisir à déféquer en public. Ces enfants ont un gros problème Oedipien. L'anorexie : Les causes de l'anorexie de l'enfant sont multiples. Souvent, ce trouble du comportement a pour origine un conflit avec les parents. L'insistance de ceux-ci peut alors renforcer le refus de manger. Nourrir son enfant, c'est la première tâche de la « bonne mère ». Devant son enfant anorexique, la maman pense tout de suite aux pires maladies, l'anxiété l'envahit et l'approche des repas devient un véritable calvaire. L'enfant refuse la nourriture sous prétexte qu'elle est trop froide, trop chaude, qu'il y a trop de morceaux, des points de couleur, etc. Il lui arrive de garder la nourriture à l'intérieur des joues et de la rejeter d'un seul coup, il mâche excessivement, il rumine,... L'enfant ressent l'anxiété de sa mère, et il va se jouer de celle-ci, en faisant de la nourriture un véritable objet de chantage : « quand je refuse de manger, ma mère passe du temps avec moi, elle s'inquiète pour moi et je suis important pour elle ». Ainsi, la personnalité de la mère a une importance considérable. Selon moi, elle devrait laisser le père ou une autre personne gérer les repas de l'enfant, car lorsque ceux-ci sont donnés par une tierce personne (nourrice, grand-mère etc...), tout se passe le mieux du monde ! L'anorexie de la période de latence est beaucoup moins grave que l'anorexie du nourrisson, de l'adolescent et de l'adulte. La névrose infantile. Au cours de la structuration de la personnalité de l'enfant et de la construction de son identité, on peut constater des manifestations gênantes, douloureuses, troublantes pour l'enfant et/ou son entourage. Lorsque ces manifestations sont mobiles, changeantes, elles peuvent être le signe d'une souffrance psychique transitoire. Quand elles sont persistantes et plus intenses, elles peuvent être le signe d'une organisation défectueuse de la personnalité qui est en train de se développer de façon non harmonieuse. Les symptômes. La névrose peut être diagnostiquée à partir du moment où la souffrance est inadéquate au conflit qui doit être dépassé. La pathologie névrotique présente chez l'enfant des aspects variables, rendant floues les limites entre "normalité" (inhérent à l'évolution habituelle vers une sexualité adulte) et "anormalité" (notion de souffrance importante, et cristallisation du comportement). Au cours du complexe d'OEdipe, l'enfant souffre de carences affectives alors que le Moi n'est pas assez développé, ce qui créé des situations de nature à empêcher son développement harmonieux. Ces carences laissent parfois des fixations faisant craindre de futurs conflits névrotiques. Si ces conflits se déclarent, ils peuvent ne laisser aucune trace ou alors s'inscrire de manière pathologique en prémices d'une névrose constituée. Le Conflit névrotique est un conflit interne entre le ça, le Moi et le Surmoi. Le développement psychologique ne le fera pas disparaître. Si l'accession à une forme d'organisation névrotique est inévitable dans le développement de l'enfant - on parle alors de « névrose infantile » -, certaines structures inhibent complètement et empêchent l'évolution psychique - on parlera cette fois de « névrose de l'enfant » -. La Névrose de l'enfant est une tentative psychique pour faire entrer dans une seule structure tous les conflits névrotiques précédents. Avant la période de latence, on parle de pré-névrose ou de prépsychose. Chez l'adolescent, l'après-coup et la ré-élaboration fantasmatique permettent souvent la remise en place d'une organisation névrotique plus (ou mieux) adaptée. La névrose de l'enfant. Il est difficile de distinguer les différentes névroses chez les enfants mais néanmoins on remarquera des conduites pathologiques variables en fonction de la croissance et des interactions avec l'environnement. Attention à ne pas confondre « névrose infantile », organisatrice de la personnalité (c'est le conflit central lié au problème oedipien et structurant l'individu) et « névrose de l'enfant », qui désigne véritablement une pathologie. Pour qu'il y ait névrose il faut qu'il y ait un ensemble de symptômes se maintenant dans un cadre de développement satisfaisant. La névrose caractérisée se constitue en deux temps, avec premièrement des manifestations névrotiques variées à la période oedipienne, et deuxièmement éclosion de la névrose au cours de la puberté. Durant la période de latence, on observera des manifestations du caractère, de l'inhibition... Au cours de la période oedipienne : La névrose se manifeste par une symptomatologie phobique bruyante avec des troubles du sommeil, des difficultés alimentaires, une grande instabilité, et parfois l'apparition de rituels. Ce qui est important c'est de savoir si le développement de ces troubles permettra le développement de la maturité, car un retour au stade prégénital est toujours possible. Dans la phobie en particulier on observe une régression avec quelques traits obsessionnels. Au cours de la période de latence : Nous pouvons trouver deux types d'organisations, présentant soit un repli pulsionnel avec une inhibition intellectuelle et un trouble discret du comportement, soit des conduites obsessionnelles avec des symptômes obsessionnels rigides. Chez l'enfant la névrose aura donc un aspect différent de chez l'adulte, et sa symptomatologie évoluera en fonction du niveau de maturation. La névrose se différencie de la psychose sur ces trois notions : 1. il y a la conscience de la morbidité des troubles, 2. il n'y a pas la perte du sens de la réalité, 3. il n'y a pas de confusion entre réalité extérieure et réalité intérieure. La façon dont l'enfant exprime sa souffrance interne est très différente de celle de l'adulte. Les plaintes sont souvent centrées sur le corps, et sa souffrance s'exprimera par un comportement « gênant » ou bien silencieux. Mais à la base de toute conduite névrotique il y a d'abord l'angoisse et l'anxiété. Angoisse et anxiété L'anxiété est une sentiment pénible d'attente comme si l'individu craignait l'arrivée d'un événement imprévu vécu comme désagréable. L'angoisse est une peur sans objet, souvent accompagnée de manifestations somatiques. La peur est liée à un objet ou à une situation précise qui a déjà été vécue, de façon réelle ou imaginaire. Quand la tension est menaçante, l'angoisse se déclenche et les manifestations en sont variables. l'angoisse se manifeste par des cris et de l'agitation, par des caprices, des refus, de l'hostilité envers la mère... On observera certaines fois des convulsions. Mais pour remarquer l'angoisse, il faut que l'adulte la perçoive, et cela dépend donc de ses capacités. L'évolution de cet état dépend beaucoup de l'entourage. La compréhension du père, les liens du couple sont ici, une fois de plus, très importants. Au niveau des troubles du sommeil, les angoisses d'endormissement traduisent la sensibilité de l'enfant à la présence ou à l'absence de sa mère. Dans la journée, l'enfant vit avec un sentiment d'appréhension qui se manifeste par un état d'inquiétude quasi permanent. Il y aura des épisodes d'angoisse aiguë déclenchés par des événements extérieurs (changement d'entourage, de classe, déménagement...). Plus l'enfant est jeune, et plus l'aspect psychosomatiques sera important (vomissements, céphalées, maux de ventre...). Seule la présence d'un parent pourra calmer l'enfant dans ces moments de crise. Vers 11 ou 12 ans, l'enfant extériorise son angoisse non pas en parlant mais en agissant (colère, vol, fugue, conduite addictive...). Il n'y a pas extériorisation de l'affect par la parole et devant de telles manifestations l'adulte devient anxieux, créant une spirale relationnelle angoissante. Il faudrait au contraire que l'adulte contienne son angoisse, afin de calmer l'enfant, et se montrer ferme et bienveillant, mais pour les parents, avoir une telle réaction n'est pas simple. On notera aussi, à l'entrée de l'adolescence des manifestations hypocondriaques fréquentes. Plus l'enfant grandit et moins il exprimera son angoisse par le corps. Toutefois, s'il continue à le faire (expression de l'angoisse à travers des symptômes de fatigue, de douleurs...) cela signifie très souvent qu'il y a un contexte somatique dans la famille, comme par exemple une attitude hypocondriaque des parents, de la mère, ou un aspect culturel particulier transmis de manière privilégiée. L'angoisse est soit une réponse (en tant que signal d'un danger), soit une donnée constitutive qui émerge de l'individu. Nous pouvons dire que l'autonomie d'un enfant ne se fait pas sans conflit et sans douleur. Mélanie Klein envisage le conflit dès la naissance, entre le désir de vivre et le désir de mourir. L'angoisse par rapport au Surmoi structure la névrose obsessionnelle ; l'angoisse de perte de l'amour de l'objet structure l'hystérie ; l'angoisse de castration structure la névrose phobique. Les conduites phobiques La phobie est une crainte non justifiée d'un objet ou d'une situation dont la seule confrontation est pour le sujet source d'une réaction intense d'angoisse. Il tend à utiliser alors une stratégie défensive qui peut être la conduite d'évitement, l'utilisation d'un objet contra-phobique, la technique de la fuite en avant... Il est parfois difficile de distinguer la peur de la phobie. Vers 8 ans apparaît la peur de la mort, avec des craintes hypocondriaques. La réponse de l'entourage jouera un rôle déterminant, amenant l'enfant à dépasser sa peur. Autrement, la phobie s'installe avec envahissement du Moi par une peur irraisonnée capable d'entraver ses possibilités d'évolution. D'une manière générale, quand il y a eu « mentalisation », la peur devient phobie. Chez l'enfant, la peur signifie l'existence d'un sentiment d'individualité. Il y a deux types de phobies : Les phobies archaïques, avant 2 ou 3 ans, sont les angoisses les plus fréquentes, avec la peur du visage étranger, témoignant de la reconnaissance du visage de la mère et de la perception du manque, peur du noir... Il n'y a que la présence de la mère qui puisse rassurer l'enfant car il n'a pas encore accès à la « mentalisation ». Les phobies de la période oedipienne, de 2 ou 3 ans à 6 ou 7 ans. A partir de la résolution (plus ou moins efficace) du conflit oedipien, l'élaboration symbolique a eu lieu et de ce fait, la nature des situations phobiques n'en sera que plus vaste. On observera plusieurs thèmes possibles, comme les animaux (souris, loups, araignées...), les éléments naturels (éclairs, orages...), les paysages urbains (grues, ruelles étroites...), les personnages (barbus...), les personnages mythiques (fantômes, vampires...), les situations (le noir, le vide, la solitude, l'enfermement...), les maladies, précurseurs obsessionnels (saleté, microbes...), le scolaire... etc. L'évolution va en général vers une atténuation aux alentours de 7 ou 8 ans, ou même vers leur disparition complète. Parfois certaines phobies se manifestent jusqu'à l'adolescence et au delà. Quand elles se fixent, on peut dire que l'entourage y est pour quelque chose, soit par une compréhension excessive du trouble de la part des parents, soit par l'adoption de leur part de phobies. Les parents ne devraient pas « entrée dans le jeu » des phobies, mais au contraire rationaliser au maximum et expliquer, afin d'aider l'enfant à relativiser et à en sortir. Les conduites obsessionnelles : L'obsession est une idée qui assiège le patient, en l'occurrence l'enfant, avec un sentiment de malaise anxieux dont il ne peut se défaire. L'enfant aura deux façons de réagir, soit par le rituel qui est une compulsion à agir contre laquelle le sujet lutte avec angoisse (c'est la "conduite agie"), soit par la « mentalisation » sous forme de pensée ou d'idée obsédante. Notons que l'enfant présentera plus souvent des rituels que des idées obsédantes et que les parents sont souvent eux-mêmes obsessionnels. Le rituel : C'est un sentiment de contrainte qui est précédé d'une lutte interne anxieuse. L'enfant se sent obligé de faire quelque chose en sachant que c'est idiot et inutile. Les idées obsédantes n'apparaîtront que vers 12 ans. Notons également qu'après la phobie l'enfant pourra se fixer sur la ritualisation pour neutraliser l'angoisse issue de sa phobie. Les idées obsédantes : Elles sont très difficiles à repérer chez les enfants. L'obsession peut rester très secrète et les symptômes ne ressortent que très peu dans la vie quotidienne. Il faut qu'il y ait rupture de l'équilibre pour que l'angoisse apparaisse et que les parents soient alertés. Néanmoins, on rencontrera les pensées obsédantes plus souvent dans la pré-adolescence et à l'adolescence. Le plus souvent, elles se présentent comme un sur-investissement obsessionnel de la pensée avec des doutes pouvant porter sur l'existentialisme, la religion, le devenir... Ce sont des questions auxquelles les adultes ne peuvent pas répondre ; ils ne peuvent donc pas intervenir pour rassurer. Le premier stade des conduites obsessionnelles arrive au cours de la phase anale avec l'accession à la propreté. L'attitude de l'entourage peut être source de fixation. En arrivant à la phase oedipienne, certains rites peuvent servir à maîtriser l'angoisse, notamment les rites d'endormissement : se faire border, raconter une histoire, ... Ce sont des conduites courants à cet âge-là mais que les parents doivent prendre au sérieux ; gronder l'enfant qui est demandeur de ce genre de rituel ou les bâcler ne ferait que renforcer les angoisses et cela pourra avoir des conséquences plus tard. Freud pensait que la névrose obsessionnelle vient du fait que la maturité du Moi est en avance sur les besoins pulsionnels que le Moi réprouve, ce qui explique les mécanismes de contrôle, d'isolation ou d'annulation rétro-active, que l'on retrouve effectivement dans les mécanismes de défense du Moi. La période de latence est à ce niveau une phase caractéristique puisqu'il y a une poussée du Moi alors que les besoins pulsionnels sont plus discrets. C'est l'époque des collections, des rangements, du sens de la propreté ou au contraire du fouillis, du refus de se laver. Ces traits n'entravent en rien la maturation de l'individu mais il peut y avoir néanmoins la greffe d'une fonction névrotique (sa fixation), ou l'utilisation de ces conduites obsessionnelles dans l'ultime ressource de cohérence de l'individu. Sa personnalité pourra à tout moment voler en éclats et seuls ces mécanismes de défense (la sublimation notamment) l'empêcheront de tomber dans la psychose. Les conduites hystériques. Les symptômes des conduites hystériques se rencontrent rarement chez l'enfant de moins de 10 ans. Jusqu'à 14 ans, il n'y a pas de prévalence de sexe, mais par la suite la fréquence augmente chez la fille. Chez l'adolescent, la symptomatologie hystérique est proche de celle de l'adulte. Certains symptômes sont à distinguer de l'hystérie, comme la simulation par exemple : l'enfant feint un mal de gorge pour ne pas aller à l'école, il simule consciemment une faiblesse ou augmente une douleur pour obtenir un bénéfice immédiat et évident. Il est parfois difficile de distinguer l'hystérie, car il peut aussi y avoir apport de bénéfices secondaires. La mythomanie est aussi à distinguer de l'hystérie infantile. Une fille pourra par exemple se plaindre d'avoir subi des sévices sexuelles. C'est un phénomène qui permet à l'enfant d'oraliser ses pulsions. Les manifestations de l'hystérie pourront présenter parfois des phases aiguës qui se manifesteront par des crises de tétanie, des fugues, du somnambulisme, une amnésie d'identité, un dédoublement de la personnalité... Tous ces symptômes sont dits hystériques par comparaison à la symptomatologie adulte, mais ils demeurent très souvent anodins en ce qui concerne l'enfant. Notons que les symptômes hystériques de conversion sont rares chez l'enfant et atteignent, quand ils existent, l'appareil locomoteur ou les appareils sensoriels (mutisme, cécité...). La personnalité hystérique infantile majorera le besoin d'être vu, d'être aimé, et amplifiera l'égocentrisme... Ce sont des comportements néanmoins habituels chez tout enfant. On peut dire en quelque sorte que l'hystérie infantile est l'inverse de l'obsession. Les pulsions libidinales sont trop intenses face à un Moi incapable de faire face. Le corps est alors saturé d'élans libidinaux. On remarque souvent une attention accrue de la mère sur son enfant, et là est le principal bénéfice secondaire, sinon le seul. L inhibition. C'est un symptôme très courant, principalement dans le cadre scolaire et qui s'exprimera socialement ou mentalement. L'inhibition à trois niveau différent, elle concerne souvent un enfant calme, soumis, trop sage mais qui gardera néanmoins un contact avec ses camarades dans le jeu ; ou bien un enfant isolé qui ne joue pas, reste chez lui où qui se montre autoritaire et dominateur ; enfin ce pourra être un enfant mutique dans et hors famille. L'inhibition touchera alors l'aspect corporel et sera souvent confondue avec la timidité. Le corps sera peu mobile, peu actif avec des mimiques pauvres et des maladresses gestuelles. Au niveau fantasmatique, on notera une inhibition à rêver, à imaginer, pouvant aller jusqu'à la « niaiserie ». L'enfant joue peu, ou joue à des jeux très conformistes, recopie des dessins, les rature beaucoup. L'écriture est tremblante, les activités sont répétitives. Au niveau intellectuel on observera aussi de l'inhibition. Ce sera souvent la gène à l'école qui fera consulter les parents. Les enfants sont alors en retrait, avec une pseudo débilité. Ces enfants paraissent limités dans leurs capacités à penser. L'enfant craint d'être interrogé et panique jusqu'à avoir un trouble scolaire. Le niveau intellectuel est correct. L'échec arrive alors souvent dans les classes secondaires. L'inhibition est l'expression d'une limitation fonctionnelle du Moi dans le but d'éviter un conflit avec le ça. Cela permet d'éviter, au moyen d'un compromis, la confrontation avec les pulsions libidinales, vécues comme angoissantes. L'inhibition est un refoulement massif et inconscient pour protéger un Moi trop fragile. Pré-psychoses et psychoses de l'enfant. Les psychotiques ne connaissent pas de période de latence, la dépendance de ces enfants reste totale, chez eux la séparation d'avec les parents est intolérable et provoque une forte frustration. Avec l'inhibition, on notera aussi une perte majeure d'initiative, pouvant aller jusqu'à la dépression. Tout ce qui est nouveau provoque de l'angoisse ou de la tristesse. L'enfant psychotique dispose de capacités intellectuelles suffisantes, voire brillante, mais son inadaptation sociale le condamne souvent à l'échec scolaire. Ce sont des enfants qui rêvent, imaginent, pensent, mais on notera une certaine dépersonnalisation. Normalement, l'enfant sait, quand il joue, que c'est pour « faire semblant », mais l'enfant psychotique, lui, prête aux choses une vie fantasmatique. Il explique le monde naturellement, magiquement, avant de pouvoir passer à une explication scientifique. Chez ces enfants, on notera un décalage entre ce qui est « normal » de croire, et ce qu'il croit vraiment. On notera en particulier son adhésion à sa rêverie. L'enfant va de plus en plus subir son imaginaire, vécu comme réel, et qui prendra vite une tournure angoissante. Habituellement, l'enfant a besoin de jeux où il pourra exprimer sa toute-puissance, comme les « Pokemon » ou les jeux de guerre. Mais, il doit aussi les dépasser pour des jeux aux problématiques plus oedipiennes, comme la chasse au trésor, ou papa/maman. L'enfant psychotique ne passera pas par ces étapes. On constatera aussi un état de confusion onirique, où l'enfant ne sait plus où il en est. Le délire ne se retrouve qu'exceptionnellement avant la puberté. On observe par-contre des hallucinations (non structurées) au cours desquelles l'enfant nie la réalité, des fixations imaginaires, des prononciations de mots en aparté... L'enfant semble lointain, perplexe, et tient des propos interrogatifs que les réponses ne satisfont pas. Dans les jeux, on aura beaucoup de fantasmes de morcellement, de destruction, avec une forte symbolique corporelle. Mais ce sera un jeu où l'autre n'a pas sa place, car la communication est restrictive. L’adolescence : La dernière « chance » de résoudre les conflits oedipiens. Durant les premières années de vie, la pensée du petit enfant était magique. À la période de latence, il a acquis une logique concrète. Vers 12 ans, le jeune adolescent va pouvoir raisonner, déduire, formuler des hypothèses. C'est la période où il refait le monde de manière très créative mais hors de tout support réel et concret. Au niveau des répercussions comportementales on parle de fragilité intellectuelle, de volonté influençable, d’affirmation de soi par déstructuration et restructuration, de rupture avec le milieu familial et ses valeurs, de changement d‟objet d’amour, d’appel à l’idéal (aspirations élevées), de mécanismes d’identification, de conflit, de dépendance, de volonté d’indépendance, de vulnérabilité affective. Le jeune adolescent éprouve brutalement le besoin de rompre avec son enfance, avec ses désirs, ses idéaux, ses modèles d’identification, avec tout ce qui évoque son enfance. L’adolescent devra donc chercher de nouvelles sources d’intérêts et de plaisir. Il a aussi besoin de s’éloigner de ses parents même s’il s’agit d’une distance symbolique. C’est aussi un changement qui s’illustre par le mouvement psychologique de déception que l’adolescent éprouve à l’égard de ses parents et le besoin de chercher à l’extérieur du cercle familial ses sources nouvelles de satisfaction. Le jeune adolescent prend progressivement conscience de sa personnalité et de son identité. En partie, à cause de sa croissance soudaine, il est souvent maladroit, se trouve laid, gauche, mal à l’aise. Il renverse des verres, claque les portes avec force, … Le corps peut être la cible privilégiée de certaines atteintes, souvent résultat de conflits, de rebelles ou de difficultés d‟adaptation au monde adulte perçu comme étant trop encombrant. Les mécanismes de défense psychologiques sont encore très rudimentaires ou archaïques, et présentent des conduites régressives qui se manifestent par des comportements d’excès tels que boulimie, anorexie mentale, agressivité, et états névrotiques ou psychotiques. Ces défenses peuvent être considérées comme des inadaptations pathologiques, mais on oublie souvent la phase d’adaptation nécessaire par laquelle le jeune adolescent est obligé de passer. Il s’agit donc d’un ensemble de processus d’équilibration agissant sur la vie mentale de l’adolescent. L’adolescence représente une période de profonds bouleversements. C’est le temps d’une triple transformation d’ordre physiologique, psychique et psychologique. L'adolescence est la dernière « chance » d'aborder les conflits de l'enfance et de les résoudre de manière spontanée. Si ces mêmes conflits survenaient par la suite, ce serait du domaine de la pathologie. La personne s'y engluerait gravement. D'ailleurs, la plupart des pathologies adultes apparaissent à l'adolescence. La structure de la personnalité se fait durant les 5 premières années de la vie, mais on peut la remanier à l'adolescence le plus souvent tout seul, c'est-à-dire avec l'environnement immédiat. Sinon ça s'écroule à l'adolescence, on parle alors de « destructuration de la personnalité » et le futur adulte aura besoin d’une aide psychothérapique adaptée. Conclusion : Le complexe d’Oedipe a un rôle fondamental dans la structuration de la personnalité et une influence sur l’évolution de la vie affective, sexuelle, intellectuelle et sociale de l’enfant. Un « Œdipe » qui se passe bien est une des meilleures assurances pour un bon déroulement de l’enfance, de l’adolescence et de la vie adulte. Les problématiques qui proviennent des conflits mal résolus à ce stade phallique se fixent et entravent la vie de l’être humain par des conduites d’échecs ou des pathologies douloureuses qui ne concernent pas seulement la vie affective et sexuelle. Ces troubles, avec les manifestations d’angoisse, sont les conséquences d’un complexe d’OEdipe qui a été perturbé et s’est mal déroulé. Ainsi, les conséquences d'un OEdipe inachevé ne sont pas sans gravité pour la personne adulte. L'absence d'interdit, de contrainte, ouvre la voie à des pulsions sexuelles répréhensibles et à un fonctionnement social inadéquat. La construction d'un individu se fait sans cesse et ce qui a été vécu hier a des conséquences aujourd'hui, bonnes ou mauvaises. Mais plus que pour tout autre manifestation psychique du développement, le complexe dOEdipe a également une place privilégiée, car primordiale dans l’ensemble du développement libidinal. En effet, même si les stades précédents se sont « mal passés », qu’il reste encore des conflits au sujet de l’alimentation, du sommeil et de l’apprentissage de la propreté, un complexe dOEdipe qui se résout correctement peut être l’occasion d’une réussite future, puisqu’il rejoue sous une autre forme, la problématique de la séparation. Les parents font comprendre à l’enfant que sa vie est à l’extérieur... Bibliographie FREUD, S., (1915), « Métapsychologie », Champ classiques, Flammarion, 2012. FREUD, S., (1923),« Le moi et le ça », Petite Bibliothèque Payot, Paris, 2010. KLEIN, M., (1921-1945), « Le complexe d'OEdipe », Petite bibliothèque Payot, Paris, 2006. WINNICOTT, D.-W., (1948), « La réparation en fonction de la défense maternelle organisée contre la dépression » in De la pédiatrie à la psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, Paris, 1983, p. 59-65 Internet : Klein Mélanie, « Psychose et phase infantile dépressive ». Analyse de Mélanie KLEIN, dans « Contribution à la psychogenèse des états maniaco dépressifs ». Pour le site « Psychiatrie Infirmière ». PICHON Edouard, « Le rôle du complexe d'OEdipe dans le développement psychique de l'être humain ». Première conférence de « A l'aise dans la civilisation », in la Revue Française de Psychanalyse, Tome X, n°1, Denoël, 1938. Date de mise en ligne : dimanche 12 février 2012. TAP Pierre, « L'identification », in Annales de l'Université de Toulouse-Le Mirail. pp 72 à 100. VERHAEGHE Paul, « Le complexe d'OEdipe redéfini : hystérie et jalousie. pp. 28 à 33.