La finalité du complexe d`OEdipe

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Sujet : Devoir n°1
« Quelle est à votre avis la finalité du complexe d'OEdipe, et quelles sont selon
vous, les conséquences d'un complexe d'OEdipe inachevé ? »
La fonction parentale est essentielle au développement de l'enfant et à son avenir de
Sujet. L'enfant a besoin de se lier puis de s'identifier à une figure parentale, dans
laquelle il puisse avoir confiance et avec laquelle il se sente en sécurité, afin de lui
permettre l'individuation avec un minimum d'angoisse de séparation et de culpabilité.
Ce processus est long (dès la naissance, voire même in utero) et passe par
différents stades au cours desquels l'enfant va vivre des phases de plaisir, de
constructions relationnelles, de frustrations, d'angoisses … .
C'est au cours de cette histoire personnelle que le Moi de l'enfant va peu à peu se
construire. Parmi ces différents stades, il en est un qui est un point essentiel du
développement de l'enfant et de la sexualité infantile : le Complexe d'OEdipe. Par
l'expérience du Complexe d'OEdipe, le petit garçon et la petite fille découvrent
l'existence de deux identités sexuelles. Ils apprennent aussi que leurs désirs ne
peuvent pas se manifester librement, ni se réaliser pleinement.
Or, toute vie psychique et sociale équilibrée nécessite la maîtrise de ses pulsions,
l'acceptation des interdits et des frustrations qui en découlent. L'exposé qui suit a
pour objectif de présenter quelle est la finalité du Complexe d'OEdipe et quelles
peuvent être les conséquences d'un OEdipe inachevé. Dans un premier temps, le
Complexe d'OEdipe sera abordé dans sa « normalité », puis dans un second temps
les problèmes liés à un complexe mal vécu seront développés.
Le complexe d'OEdipe.
Le processus.
Il fait partie intégrante du développement de la sexualité humaine, il apparaît selon
Freud au cours de la phase phallique c'est-à-dire entre environ 3 et 5 (7 ans).
Mélanie Klein, le fait apparaître plus tôt dès le stade oral. Ce qui est certain, c'est que
le complexe d'OEdipe est conditionné par l'histoire de l'enfant, il n'est pas isolé de
celle-ci. C'est-à-dire que les stades préalables conditionnent la façon dont l'enfant va
vivre et surtout sortir de l'OEdipe.
Selon moi, la finalité du complexe dOedipe doit permettre à l'enfant de voir émerger
ses pulsions sexuelles au travers de fantasmes qui l'agitent, mais qui sont le fruit de
son imagination. Les fantasmes de l'enfant sont les siens et les siens propres, car
l'OEdipe est une production inconsciente du psychisme. De ce fait, l'entourage de
l'enfant peut le percevoir, le ressentir ou plutôt le pressentir, parfois, il passe même
inaperçu.
Le complexe d'OEdipe, sous la poussée hormonale, doit permettre à l'enfant de
ressentir de l'attachement érotique pour le parent du sexe opposé et de l’hostilité
pour le parent de même sexe. Le complexe d'Oedipe permet à l'enfant de prendre
conscience qu'il vit au sein d'une triangulation : lui – mère – père, alors
qu'auparavant, il pensait vivre « en couple » : lui – mère. Pour l'enfant, rompre le
couple parental devient alors son objectif, afin de se rapprocher le plus possible du
parent désiré.
Ce complexe, selon Freud, constitue une étape normale dans la croissance
psychologique de l’enfant, il n’a rien de pathologique. C’est sa non-résolution qui
peut le devenir.
Freud l’a appelé complexe d’OEdipe par référence à la mythologie grecque :
« Fils de Laïos, roi de Thèbes, et de Jocaste, OEdipe est éloigné du palais paternel
dès qu’un oracle apprend à ses parents qu’il tuera son père et épousera sa mère.
Fuyant sa patrie pour échapper à la prédiction, il se querelle un jour avec un vieillard
inconnu qu’il tue. C’était Laïos, son père. Arrivé à Thèbes, il sait répondre aux
énigmes du Sphinx, terreur de la ville. En témoignage de gratitude, les habitants de
Thèbes proclament OEdipe roi et Jocaste, sa mère, devient sa femme. Dans la
tragédie de Sophocle, intitulée OEdipe roi, Jocaste se pend et OEdipe, fou de
douleur, se crève les yeux et part errer sur les routes. Il a donc commis un parricide
et l’inceste.»
A mon avis, le complexe d'OEdipe est le moment décisif où culmine la sexualité
infantile et où se décide l’avenir de la sexualité et de la personnalité de l’adulte.
Il permet à l'enfant de se distinguer progressivement de sa mère, de sortir de la
relation fusionnelle qu'il entretient avec elle. La mère doit être en mesure d'accepter
que son enfant acquiert son indépendance et finisse par se séparer d'elle. Mais, le
plus souvent le père doit l'aider dans cette démarche, il doit assurer une régulation
de la distance entre la mère et l'enfant et ainsi contribuer à l'évolution de l'enfant vers
l'autonomie.
En 1937, Freud a défini la fonction classique du père qui est de protéger l'enfant de
l'inceste en s'interposant par la parole entre lui et la mère, l'inscrivant du même coup
dans la différence des sexes et des générations. Ainsi, le passage de la relation
duelle à la triangulation oedipienne marque la véritable entrée en jeu du père.
Pendant la phase phallique, entre 3 et 5 ans environ, l'enfant éprouve à l'égard de
ses parents des sentiments ambivalents (amoureux et hostiles) : amour pour le
parent de sexe opposé et désir de mort pour le parent du même sexe. Ces
sentiments sont un point essentiel du développement de l'enfant et de sa sexualité.
La structure du complexe d'OEdipe varie selon qu'il s'agisse du garçon ou de la fille,
cette différence provient de leurs rapports respectifs à l'égard du complexe de
castration, ce dernier met fin au complexe d'OEdipe chez le garçon, tandis que chez
la fille, au contraire, il lui ouvre la voie.
Le complexe d'OEdipe chez le garçon.
Freud s'est davantage intéressé à la question de l'OEdipe chez le garçon, laissant un
peu de côté la question relative à la fille. Mais, les recherches de Mélanie Klein sur le
sujet firent énormément avancer les questions liées à la sexualité féminine. En 1945,
Mélanie Klein réaffirme « l'hypothèse selon laquelle les deux sexes ont une
connaissance innée inconsciente de l'existence du pénis, comme de l'existence du
vagin ».
Pour Freud, le petit garçon désire sa mère sur le plan sexuel et hait son père, il le
voit comme le rival qui lui barre le chemin vers l'objet de son désir. L'enfant se rend
compte que le père est un frein, un véritable obstacle à ses désirs sexuels envers la
mère. L'identification au père prend alors une couleur hostile qui tourne au désir de
vouloir écarter le père, afin de prendre sa place auprès de la mère. Dès lors la
relation au père est ambivalente : le père occupe à la fois une position de modèle,
mais également celle de rival. Dans cette situation, nous pensons que le père doit
tenir un rôle dans la norme, afin de permettre à son fils d'acquérir confiance en lui, ce
qui lui donnera les armes nécessaires aux relations sociales futures.
Dans le complexe oedipien, les désirs du petit garçon, ne peuvent pas se réaliser à
cause des interdits oralisés par son père : «Tu ne peux pas coucher avec ta mère ».
Le garçon va alors se trouver dans une situation narcissique difficile : « Soit, je garde
ma mère, soit je garde mon pénis », si les interdits du père ont correctement été
formulés et entendus par le garçon, sa réponse sera : « Je dois conserver mon pénis
et abandonner mon désir pour ma mère » (angoisse de castration).
Ainsi, chez le garçon, le complexe d'OEdipe est « détruit » par le complexe de
castration, c'est-à-dire, lorsque l'enfant admet l'existence d'une castration possible. Il
se détourne dès lors de la mère en tant qu'objet de désir pour s'identifier au père, ce
renforcement des liens avec le père va alors consolider sa masculinité. Ainsi, on
constate que le complexe d'OEdipe, par l'angoisse de castration permet au petit
garçon de se détourner de sa mère, en ce qui concerne le désir sexuel, c'est-à-dire
l'inceste. Il lui permet également de comprendre que le parricide est puni.
Le complexe d'OEdipe chez la fille.
Le complexe d'OEdipe chez la fille possède une « préhistoire » différente de celle du
garçon, et donc une structure différente. En effet, la petite fille a, comme le garçon, la
mère comme premier objet d'amour et, pour pouvoir orienter son désir vers le père, il
faut d'adord qu'elle parvienne à se détourner, se détacher de sa mère ; de ce fait, le
processus qui mène au complexe d'OEdipe est, selon nous, nécessairement plus
long et plus ardu.
Ce processus débute lorsque la fillette, constate des différences sur le plan
anatomique entre elle et le garçon. Elle remarque notamment son absence de pénis
et se considère alors comme «castrée » et contrairement au garçon qui résout son
OEdipe avec son entrée dans le complexe de castration, la fille entre dans le
complexe d'OEdipe par le complexe de castration.
C'est sous l'influence de l'envie du pénis que la fille se détache de la mère, car elle
lui en veut de l'avoir mise au monde en la privant de pénis. Ce manque va se
concrétiser par le désir d'avoir un enfant du père : la fille prend alors le père comme
objet d'amour, dès lors, elle s'identifie à la mère et cherche à la remplacer auprès du
père, allant jusqu'à la haïr et à souhaiter sa mort. A ce sujet, Mélanie Klein écrit : « Le
désir féminin d'intérioriser le pénis paternel et de recevoir un enfant de son père
précède invariablement le désir de posséder un pénis à elle. » Pour Mélanie Klein,
« L'invisibilité et l'incertitude concernant ses organes internes et donc cachés sont la
sources de la 'situation d'angoisse fondamentale de la fille'. Cette angoisse de la fille
est analogue à l'angoisse de castration du garçon ».
Freud considère que les motifs de la « résolution » du complexe d'OEdipe chez la
fille ne sont pas clairs : « Le motif de la destruction du complexe d'OEdipe chez la
fille nous échappe. La castration a déjà produit son effet qui a consisté à la
contraindre à la situation oedipienne. Le complexe d'OEdipe (…) peut être
abandonné lentement, être liquidé par refoulement, ses effets peuvent être
longuement différés dans la vie mentale normale de la femme ».
Ainsi, si l'OEdipe chez le garçon se termine de façon abrupte avec le complexe de
castration, chez la fille, on constate que la fin de l'OEdipe peut prendre des années
« c'est une longue agonie progressive, qui ne se fait pas dans un moment soudain
mais peut prendre toute une vie. On pourrait dire que la fin de l'OEdipe féminin est
aussi long que le devenir d'une femme ». Ainsi, à mon avis, les bouleversements
hormonaux que subissent sans cesse la fille, puis la femme (menstruations,
grossesses, pré-ménopause, ménopause) sont sans doute liés au fait qu'elles se
crééent tout le temps.
La fonction du père.
La « dépose » de l'interdit.
Dans la problématique oedipienne, le père tient le rôle d'agent de l'interdiction, c'està-dire celui qui interdit le rêve de la possession exclusive de la mère. En outre, il me
semble que l'enfant est en attente de l'autorité du père, il attend de lui qu'il pose des
limites et ce afin de se sentir en sécurité. Cette sécurité pose un cadre protecteur qui
va permettre à l'enfant de se construire dans un rapport affectif correct.
De plus, on ne peut pas négliger le fait que l'autorité exercée par le père dépend des
relations qui existent entre les deux parents. Or, je pense qu'une relation parentale
harmonieuse est garante d'une bonne finalité du complexe d'OEdipe qui participera à
la construction de sa personnalité.
On constate également que c'est par l'interdit que le père offre à l'enfant la possibilité
de s'identifier aux imagos parentaux. Ainsi, dans le cadre du complexe d'OEdipe,
l'identification s'inscrit dans l'imitation du père pour le petit garçon et inversement
chez la fillette. En résumé, l'identification, me semble signifier avant tout, l'idée qu'il
n'y a pas de construction identitaire possible sans tentative pour l'enfant d'assimiler
un aspect, une propriété, un attribut du père ou de la mère.
Il apparaît que l'identification induit chez l'enfant l'idéalisation des parents et par là
même la formation des instances idéales, à savoir : le Surmoi et l'Idéal du Moi.
L'Idéal du Moi correspond au modèle auquel l'enfant cherche à se conformer, il est
au même titre que le Surmoi « l'héritier du complexe d'OEdipe ».
Ainsi, à mon avis, la constitution du Surmoi et de l'Idéal du Moi dépendent, dans les
deux sexes, du « dépôt » dans la conscience de l'enfant des règles morales et c'est
le père qui aux yeux de l'enfant incarne les interdits, les lois, les obligations, les
ordres, la transmission (des normes morales, des savoirs familiaux, …).
Le Surmoi et l'Idéal du Moi.
Le Surmoi est une structure développée à partir du Moi, par intériorisation des
interdits et des exigences parentales que l'enfant rencontre au cours de son
développement et notamment au cours de la résolution du complexe d'OEdipe. Le
Surmoi est structuré par ce complexe, il permet à l'enfant de s'inscrire dans les
interdictions, les normes et les idéaux et de distinguer le « bien » du « mal ».
Notamment ce qui est socialement accepté de ce qui ne l'est pas. Aux règles
parentales, que j'ai préalablement évoquées, viennent s'ajouter : la morale,
l'éducation, la culture, voire la religion, c'est- à dire un système qui permet à l'individu
de se juger et de juger les autres. Le surmoi doit conduire l'individu à l'autonomie, il
incarne la conscience morale qui résulte des valeurs sociales et culturelles de la
famille, mais aussi du groupe social dans lequel l'enfant évolue.
Le Surmoi est une instance psychique qui signale à l'enfant si son agissement est
correct ou pas. Une fois que le Surmoi est instauré, le refoulement est totalement
opérant, c'est-à-dire que c'est le Surmoi qui va « décider » des éléments à refouler
ou pas.
Le Surmoi doit permettre à l'enfant de s'élever sur la base de cette conscience
morale, c'est l'Idéal du Moi : l'enfant intériorise le modèle à suivre, il a intégré et a
accepté les interdits, bien que, selon nous, cette prise de conscience ne se soit pas
déroulée sans douleur, puisqu'il s'est agi d'un renoncement. On peut imaginer l'Idéal
du Moi à la manière d'un personnage idéal auquel l'enfant aimerait ressembler, afin
de satisfaire pleinement son Surmoi. L'idéalisation, et notamment l'idéalisation des
parents est essentielle au maintien des relations parents/enfant, des sentiments de
sécurité et de protection, de l'amour parental. Les parents sont perçus sur un plan
idéal : « Mon papa est le plus fort », « Ma maman est la plus belle ».
Ainsi, plus l'écart entre le comportement de l'enfant (le Moi) et l'Idéal du moi est
important, plus le mal-être de l'individu sera important et inversement. De ce fait, à
chaque instant, l'enfant doit « lutter » afin d'être le plus possible en accord avec les
exigences de son Idéal du Moi. Ainsi, il semblerait que le Surmoi correspond au
domaine de l'interdiction et du jugement, tandis que l'Idéal du Moi correspond
davantage au domaine des aspirations, des valeurs et des objectifs idéalisés.
Ces deux instances sont intimement liées à la finalité du complexe d'OEdipe, elles
sont contemporaines du déclin de l'OEdipe. En outre, l'instauration de ces instances
idéales amène l'enfant à délaisser le Moi idéal, qui correspond au narcissisme
primaire que l'enfant doit laisser derrière lui au moment de l'OEdipe au profit du
narcissisme secondaire lié à l'Idéal du Moi. L'Idéal du Moi se construit grâce aux
interdits et aux exigences extérieures (notamment des parents) au moment de
l'OEdipe.
Vers la résolution du complexe d'OEdipe.
De 5 à 8 ans, l'enfant continue son évolution naturelle qui le conduit à la prise de
conscience de la réalité au détriment de l'illusion. Cette prise de conscience ne se
fait pas sans douleur, ni contrainte. Car l'enfant doit accepter qu'il ne peut pas obtenir
tout se qu'il désire, c'est ce que l'on appelle « l'âge de raison » (environ 7 ans). Ainsi,
on comprend, que cette période est également une période de construction où
l'enfant doit souffrir pour mettre en place un Moi solide. La pensée magique du petit
enfant est peu à peu remplacée par une logique concrète.
Toute l'énergie pulsionnelle de l'OEdipe est dans la période de latence (entre 7 et 12
ans environ) mise au service des acquisitions intellectuelles. C'est parce que l'enfant
a passé le cap de l'OEdipe et assimilé la loi sociale qu'il va avoir tendance à refouler
ses pulsions sexuelles inacceptables et ses fantasmes pour s'adapter à la réalité. Le
complexe d'OEdipe a permis la mise en place du Surmoi, c'est-à-dire un instance
psychique qui indique à l'enfant que ce qu'il fait est bien ou mal.
Le refoulement.
Dès que le Surmoi est en place, il permet le refoulement, c'est le Surmoi qui en
quelque sorte va générer ce qui doit être ou non refoulé. C'est le premier moment
depuis la naissance que le Surmoi est totalement opérant. La période de latence est
le moment où le refoulement est le plus fort. L'augmentation du refoulement et la
déviation de la pulsion vers des objectifs non sexuels permet à l'enfant de
développer sa curiosité intellectuelle, de s'ouvrir aux autres et à la vie sociale.
L'enfant continue à aimer ses parents mais de façon tendre et non comme des objets
de désir ; mais en plus de ses parents, il se tourne vers d'autres personnes pour
lesquelles il va également éprouver des sentiments d'amitié. Le refoulement des
pulsions sexuelles inacceptables et des fantasmes va permettre à l'enfant de
s'adapter à la réalité. L'enfant devient capable de conscientiser la réalité au détriment
des fantasmes et de l'illusion, cela l'aide à se construire un Moi solide.
La sublimation.
On peut noter, que c'est au cours de la période de latence que s'établit solidement la
différence des sexes ; le petit garçon est très fier de son pénis qu'il sur-investit
narcissiquement, tandis que la petite fille se valorise par des matières intellectuelles :
lecture, art, danse, etc. Les deux sexes ont conscience de leurs atouts respectifs : la
force physique pour le garçon, la maturité intellectuelle pour la fille.
Entre 8 et 10 ans, les enfants éprouvent de la satisfaction personnelle ; apprendre à
l'école, la performance sportive, avoir des amis est vécu comme une réussite
personnelle d'autonomie. Au cours de cette période la pulsion sexuelle est dans sa
quasi totalité mise au service du renforcement du moi et de la construction du
surmoi. L'enfant sublime ses pulsions de la petite enfance afin de renforcer son
Surmoi. Face à ses pulsions, l'individu utilise le mécanisme de la sublimation qui
évite toute culpabilité. Au contraire, elle permet l'épanouissement, le développement
social, et favorise l'adaptation. Dans la sublimation, le complexe d'OEdipe doit être
résolu, c'est-à-dire qu'il ne doit plus subsister de conflit interne de type
désir/angoisse.
Pour introduire le narcissisme (1914), Freud pose catégoriquement que
« L’idéalisation est un processus qui concerne l’objet et par lequel celui-ci est agrandi
et exalté psychiquement sans que sa nature soit changée. » Il poursuit : «Ainsi, pour
autant que sublimation désigne un processus qui concerne la pulsion et idéalisation
un processus qui concerne l’objet, on doit maintenir les deux concepts séparés l’un
de l’autre. » Et de conclure : « La formation d’idéal augmente, comme nous l’avons
vu, les exigences du moi, et c’est elle qui agit le plus fortement en faveur du
refoulement ; la sublimation représente l’issue qui permet de satisfaire à ces
exigences sans amener le refoulement. »
L'importance du rôle parental.
Les normes, les devoirs, les cadres, …, l'enfant les hérite de ses parents. Ce sont
donc les images parentales qui sont en jeu, ces images que l'enfant construit en
transformant ce qu'il projette de la réalité parentale sur « son écran intérieur », en
glanant ici et là ce qui correspond à ses fantasmes, à l'interprétation de ce qu'il a
perçu en fonction de ses moyens cognitifs et des états affectifs qui accompagnent sa
perception.
Je pense que les parents ont un rôle primordial à jouer dans la finalité du complexe
d'OEdipe, comme éléments essentiels dans le développement normal et la
maturation psychoaffective de l'enfant. Par leur présence, ils apportent la sécurité, la
tendresse, les soins, la confiance, bref, ils sont le cadre dans lequel évolue l'enfant.
Ce cadre forme, selon nous, une base solide à la formation de la personnalité
infantile.
Les deux figures parentales, bien qu'ayant chacune un rôle différent à jouer, mais
complémentaire, doivent permettre à l'enfant de vivre sans trop d'angoisse les
épreuves du complexe d'OEdipe. L'enfant se sentant entouré, guidé, encadré par
son père et sa mère va prendre confiance en lui, car un enfant seul ne peut rien.
Le complexe d'OEdipe est un rapport de force affectif et sexuel au sein d'une famille,
dont l'enfant est à la fois sujet et enjeu. Il revient donc aux parents d'accompagner
l'enfant vers la sortie de l'OEdipe. Le rôle que chacun doit tenir, au bon moment, doit
permettre à l'enfant de développer sa personnalité à part entière.
Ainsi, pour se sentir « bon », un enfant a besoin de lire sur le visage d'un parent le
plaisir, la tendresse, l'émerveillement et la fierté. Mais cela n'est pas toujours le cas, il
est des familles où cela n'existe pas, et ce pour diverses raisons : père trop
autoritaire, mère malade, père absent, parents trop laxistes, etc. Tous ces exemples
peuvent être à l'origine d'un complexe d'OEdipe inachevé.
Les conséquences d'un complexe d'OEdipe inachevé.
Quels peuvent en être les signes ?
Au sortir du complexe d'Oedipe, l'enfant entre dans la phase de latence, période
d'accalmie des pulsions, période de récupération après les « bouleversements » de
l'OEdipe. Dans un premier temps, la période est marquée par l'oubli des pulsions
sexuelles, et dans un second temps par le besoin de se valoriser par l'apprentissage.
La phase de latence est également appelée « grande enfance », elle a la particularité
de voir l'augmentation du refoulement de la pulsion et la déviation de celle-ci vers
des buts non sexuels. Cela est vrai pour un enfant dont la finalité du Complexe
d'OEdipe s'est bien déroulée, mais quelles peuvent être les conséquences pour un
individu qui a mal vécu ce complexe ?
Pour l'enfant qui n'a pas reçu d'interdit au cours de la période oedipienne, les
pulsions sexuelles sont acceptables et sont vécues comme une source de plaisir.
L'enfant ne ressent aucune culpabilité : la masturbation peut se pratiquer. De ce fait,
l'enfant se tourne vers lui-même et non vers le monde extérieur. Au lieu d'user de ses
pulsions pour élaborer son Moi et son Surmoi, l'enfant s'autorise le passage à l'acte,
il ne ressent ni dégoût, ni pudeur : il peut être voyeur ou exhibitionniste. Dans ces
circonstances, l'enfant n'use pas du refoulement étant donné que ses pulsions
sexuelles lui semblent acceptables, et ses fantasmes conformes à la réalité (la
sienne).
L'enfant qui n'a pas pu intégrer ou accepter les interdits oedipiens ne parvient pas à
conscientiser la réalité et peut continuer à vivre dans l'illusion de ses fantasmes. De
ce fait, son Moi est faible et les instances psychiques sont déséquilibrées. L'enfant se
retrouve dans l'incapacité de sublimer ses pulsions de la petite enfance afin d'étayer
son Surmoi.
Pour un enfant dont le mécanisme identificatoire s'est mal passé, à cause d'un
parent hors norme : père violent, mère trop fusionnelle, la situation devient insécure.
Or, pour que le Surmoi puisse se construire, il apparaît essentiel que l'identification
au parent du même sexe soit bonne et que la situation affective et familiale soit
sécurisante.
L'identification est un mécanisme de défense qui permet à l'enfant de sortir de la
deuxième blessure narcissique, elle est essentielle à la construction de l'individu et
lui permet de conserver des liens affectifs avec ses parents. Si le mécanisme
identificatoire est insuffisant, on voit alors se développer un déséquilibre entre les
investissements narcissiques et objectaux. La blessure narcissique ne se refermera
pas.
Le passage à la phase suivante, la période de latence, se fera dans de mauvaises
conditions et la période sera mal vécue. Par exemple, l'enfant ne cherchera pas à
développer et à mettre ses atouts en avant : la force physique pour un garçon, la
maturité intellectuelle pour une fille. Le surinvestissement narcissique ne se fera pas.
L'enfant ne ressentira pas particulièrement de satisfaction de lui, au contraire, il
pourra même ressentir un sentiment d'infériorité. De ce fait, l'enfant va percevoir qu'il
n'est pas à la hauteur de ce que son entourage attend de lui (l'idéal des parents).
L'individu souffre et manque de confiance en lui, il a besoin d'être valorisé,
encouragé et surtout qu'on ne le compare pas sans cesse aux autres. Mais au lieu
de cela, le peu d'intérêt des parents vis-à-vis de l'enfant risque de le dévaloriser
encore. C'est sur ce terrain défavorable à l'enfant que va pouvoir se développer la
névrose infantile, ainsi que d'autres pathologies témoins du mal-être, voire de la
souffrance de l'enfant.
Les signes de la souffrance infantile.
L'énurésie :
C'est la miction inconsciente, sans liaisons directes avec le fonctionnement de
l'appareil urinaire, et qui persiste ou réapparaît à l'âge de 4 ans. C'est un symptôme
toutefois banal : 75 % des enfants sont des énurétiques primaires (sans avoir jamais
été propres), dont 65% la nuit, 32% diurnes et nocturnes et seulement 3% diurnes. A
quatre ans, il y a 60% d'énurétiques, à dix ans il y en a 20% tandis qu'à quatorze
ans, il n'en restent que 10%.
Cette pathologie est plus fréquente chez les garçons et a des origines
psychologiques : l'urine est souvent assimilée au sperme et le garçon urine la nuit,
afin d'avoir à éviter de manipuler son sexe. Il lutte ainsi contre l'érection et fait
pendant la nuit ce qu'il se refuse de faire consciemment la journée. L'énurésie n'est
jamais un symptôme isolé, très souvent il est accompagné d'instabilité, de tics, de
bégaiement. Tous ces facteurs provoquent une anxiété, une régression et/ou une
agressivité chez l'enfant qui s'oppose en devenant énurétique, amenant ainsi le
rapprochement avec la mère, et des bénéfices de type masochistes utiliser par
l'enfant pour se déculpabiliser. Le caractère de cet enfant sera souvent timide,
émotif, ou au contraire têtu et grincheux.
L'encoprésie :
C'est l'élimination inconsciente des selles pendant le sommeil, dans le même
contexte psychologique que pour l'énurésie. Ce sera néanmoins un symptôme plus
grave, plus régressif et plus agressif. Ces enfants ont le sentiment d'être abandonné
par leur famille. Le complexe d'OEdipe a très mal été vécu et est donc inachevé, de
ce fait l'enfant l'enfant régresse au stade anal afin de conserver ses parents pour lui.
On peut distinguer 3 personnalités :
1. Le « délinquant » : il s'agit de l'enfant qui fait des selles bien
moulées et dures, avec un plaisir indéniable. Ces enfants
s'expriment par l'agir. Il y a un double plaisir dans la rétention et
dans l'agression. Ils expriment un comportement à caractère social
: les parents sont soit trop laxistes, soit trop rigides ? Ces enfants
sont dans le mode actif et recherche avant tout la transgression.
2. Le « clochard » : ce sont des enfants passifs, anxieux, qui n'ont
aucune possibilité d'organisation par eux-mêmes. Leurs selles sont
molles. Ce sont des enfants qui cherchent à ce que leur mère
s'occupe d'eux : les change, les nettoie, etc.
3. Le « pervers » : il s'agit d'enfants qui tirent son plaisir de la
stimulation anale et de l'autosatisfaction. Ils prennent également du
plaisir à déféquer en public. Ces enfants ont un gros problème
Oedipien.
L'anorexie :
Les causes de l'anorexie de l'enfant sont multiples. Souvent, ce trouble du
comportement a pour origine un conflit avec les parents. L'insistance de ceux-ci peut
alors renforcer le refus de manger.
Nourrir son enfant, c'est la première tâche de la « bonne mère ». Devant son enfant
anorexique, la maman pense tout de suite aux pires maladies, l'anxiété l'envahit et
l'approche des repas devient un véritable calvaire. L'enfant refuse la nourriture sous
prétexte qu'elle est trop froide, trop chaude, qu'il y a trop de morceaux, des points de
couleur, etc. Il lui arrive de garder la nourriture à l'intérieur des joues et de la rejeter
d'un seul coup, il mâche excessivement, il rumine,...
L'enfant ressent l'anxiété de sa mère, et il va se jouer de celle-ci, en faisant de la
nourriture un véritable objet de chantage : « quand je refuse de manger, ma mère
passe du temps avec moi, elle s'inquiète pour moi et je suis important pour elle ».
Ainsi, la personnalité de la mère a une importance considérable. Selon moi, elle
devrait laisser le père ou une autre personne gérer les repas de l'enfant, car lorsque
ceux-ci sont donnés par une tierce personne (nourrice, grand-mère etc...), tout se
passe le mieux du monde !
L'anorexie de la période de latence est beaucoup moins grave que l'anorexie du
nourrisson, de l'adolescent et de l'adulte.
La névrose infantile.
Au cours de la structuration de la personnalité de l'enfant et de la construction de son
identité, on peut constater des manifestations gênantes, douloureuses, troublantes
pour l'enfant et/ou son entourage. Lorsque ces manifestations sont mobiles,
changeantes, elles peuvent être le signe d'une souffrance psychique transitoire.
Quand elles sont persistantes et plus intenses, elles peuvent être le signe d'une
organisation défectueuse de la personnalité qui est en train de se développer de
façon non harmonieuse.
Les symptômes.
La névrose peut être diagnostiquée à partir du moment où la souffrance est
inadéquate au conflit qui doit être dépassé.
La pathologie névrotique présente chez l'enfant des aspects variables, rendant floues
les limites entre "normalité" (inhérent à l'évolution habituelle vers une sexualité
adulte) et "anormalité" (notion de souffrance importante, et cristallisation du
comportement).
Au cours du complexe d'OEdipe, l'enfant souffre de carences affectives alors que le
Moi n'est pas assez développé, ce qui créé des situations de nature à empêcher son
développement harmonieux. Ces carences laissent parfois des fixations faisant
craindre de futurs conflits névrotiques. Si ces conflits se déclarent, ils peuvent ne
laisser aucune trace ou alors s'inscrire de manière pathologique en prémices d'une
névrose constituée.
Le Conflit névrotique est un conflit interne entre le ça, le Moi et le Surmoi. Le
développement psychologique ne le fera pas disparaître.
Si l'accession à une forme d'organisation névrotique est inévitable dans le
développement de l'enfant - on parle alors de « névrose infantile » -, certaines
structures inhibent complètement et empêchent l'évolution psychique - on parlera
cette fois de « névrose de l'enfant » -. La Névrose de l'enfant est une tentative
psychique pour faire entrer dans une seule structure tous les conflits névrotiques
précédents. Avant la période de latence, on parle de pré-névrose ou de prépsychose. Chez l'adolescent, l'après-coup et la ré-élaboration fantasmatique
permettent souvent la remise en place d'une organisation névrotique plus (ou mieux)
adaptée.
La névrose de l'enfant.
Il est difficile de distinguer les différentes névroses chez les enfants mais néanmoins
on remarquera des conduites pathologiques variables en fonction de la croissance et
des interactions avec l'environnement. Attention à ne pas confondre « névrose
infantile », organisatrice de la personnalité (c'est le conflit central lié au problème
oedipien et structurant l'individu) et « névrose de l'enfant », qui désigne véritablement
une pathologie.
Pour qu'il y ait névrose il faut qu'il y ait un ensemble de symptômes se maintenant
dans un cadre de développement satisfaisant. La névrose caractérisée se constitue
en deux temps, avec premièrement des manifestations névrotiques variées à la
période oedipienne, et deuxièmement éclosion de la névrose au cours de la puberté.
Durant la période de latence, on observera des manifestations du caractère, de
l'inhibition...
Au cours de la période oedipienne :
La névrose se manifeste par une symptomatologie phobique bruyante avec des
troubles du sommeil, des difficultés alimentaires, une grande instabilité, et parfois
l'apparition de rituels. Ce qui est important c'est de savoir si le développement de ces
troubles permettra le développement de la maturité, car un retour au stade prégénital est toujours possible. Dans la phobie en particulier on observe une régression
avec quelques traits obsessionnels.
Au cours de la période de latence :
Nous pouvons trouver deux types d'organisations, présentant soit un repli pulsionnel
avec une inhibition intellectuelle et un trouble discret du comportement, soit des
conduites obsessionnelles avec des symptômes obsessionnels rigides.
Chez l'enfant la névrose aura donc un aspect différent de chez l'adulte, et sa
symptomatologie évoluera en fonction du niveau de maturation.
La névrose se différencie de la psychose sur ces trois notions :
1. il y a la conscience de la morbidité des troubles,
2. il n'y a pas la perte du sens de la réalité,
3. il n'y a pas de confusion entre réalité extérieure et réalité
intérieure.
La façon dont l'enfant exprime sa souffrance interne est très différente de celle de
l'adulte. Les plaintes sont souvent centrées sur le corps, et sa souffrance s'exprimera
par un comportement « gênant » ou bien silencieux. Mais à la base de toute conduite
névrotique il y a d'abord l'angoisse et l'anxiété.
Angoisse et anxiété
L'anxiété est une sentiment pénible d'attente comme si l'individu craignait l'arrivée
d'un événement imprévu vécu comme désagréable. L'angoisse est une peur sans
objet, souvent accompagnée de manifestations somatiques. La peur est liée à un
objet ou à une situation précise qui a déjà été vécue, de façon réelle ou imaginaire.
Quand la tension est menaçante, l'angoisse se déclenche et les manifestations en
sont variables.
l'angoisse se manifeste par des cris et de l'agitation, par des caprices, des refus, de
l'hostilité envers la mère... On observera certaines fois des convulsions. Mais pour
remarquer l'angoisse, il faut que l'adulte la perçoive, et cela dépend donc de ses
capacités. L'évolution de cet état dépend beaucoup de l'entourage. La
compréhension du père, les liens du couple sont ici, une fois de plus, très importants.
Au niveau des troubles du sommeil, les angoisses d'endormissement traduisent la
sensibilité de l'enfant à la présence ou à l'absence de sa mère.
Dans la journée, l'enfant vit avec un sentiment d'appréhension qui se manifeste par
un état d'inquiétude quasi permanent. Il y aura des épisodes d'angoisse aiguë
déclenchés par des événements extérieurs (changement d'entourage, de classe,
déménagement...). Plus l'enfant est jeune, et plus l'aspect psychosomatiques sera
important (vomissements, céphalées, maux de ventre...). Seule la présence d'un
parent pourra calmer l'enfant dans ces moments de crise.
Vers 11 ou 12 ans, l'enfant extériorise son angoisse non pas en parlant mais en
agissant (colère, vol, fugue, conduite addictive...). Il n'y a pas extériorisation de
l'affect par la parole et devant de telles manifestations l'adulte devient anxieux, créant
une spirale relationnelle angoissante. Il faudrait au contraire que l'adulte contienne
son angoisse, afin de calmer l'enfant, et se montrer ferme et bienveillant, mais pour
les parents, avoir une telle réaction n'est pas simple.
On notera aussi, à l'entrée de l'adolescence des manifestations hypocondriaques
fréquentes. Plus l'enfant grandit et moins il exprimera son angoisse par le corps.
Toutefois, s'il continue à le faire (expression de l'angoisse à travers des symptômes
de fatigue, de douleurs...) cela signifie très souvent qu'il y a un contexte somatique
dans la famille, comme par exemple une attitude hypocondriaque des parents, de la
mère, ou un aspect culturel particulier transmis de manière privilégiée.
L'angoisse est soit une réponse (en tant que signal d'un danger), soit une donnée
constitutive qui émerge de l'individu. Nous pouvons dire que l'autonomie d'un enfant
ne se fait pas sans conflit et sans douleur. Mélanie Klein envisage le conflit dès la
naissance, entre le désir de vivre et le désir de mourir. L'angoisse par rapport au
Surmoi structure la névrose obsessionnelle ; l'angoisse de perte de l'amour de l'objet
structure l'hystérie ; l'angoisse de castration structure la névrose phobique.
Les conduites phobiques
La phobie est une crainte non justifiée d'un objet ou d'une situation dont la seule
confrontation est pour le sujet source d'une réaction intense d'angoisse. Il tend à
utiliser alors une stratégie défensive qui peut être la conduite d'évitement, l'utilisation
d'un objet contra-phobique, la technique de la fuite en avant...
Il est parfois difficile de distinguer la peur de la phobie. Vers 8 ans apparaît la peur de
la mort, avec des craintes hypocondriaques. La réponse de l'entourage jouera un
rôle déterminant, amenant l'enfant à dépasser sa peur. Autrement, la phobie s'installe
avec envahissement du Moi par une peur irraisonnée capable d'entraver ses
possibilités d'évolution. D'une manière générale, quand il y a eu « mentalisation », la
peur devient phobie. Chez l'enfant, la peur signifie l'existence d'un sentiment
d'individualité.
Il y a deux types de phobies :
Les phobies archaïques, avant 2 ou 3 ans, sont les angoisses les plus fréquentes,
avec la peur du visage étranger, témoignant de la reconnaissance du visage de la
mère et de la perception du manque, peur du noir... Il n'y a que la présence de la
mère qui puisse rassurer l'enfant car il n'a pas encore accès à la « mentalisation ».
Les phobies de la période oedipienne, de 2 ou 3 ans à 6 ou 7 ans. A partir de la
résolution (plus ou moins efficace) du conflit oedipien, l'élaboration symbolique a eu
lieu et de ce fait, la nature des situations phobiques n'en sera que plus vaste. On
observera plusieurs thèmes possibles, comme les animaux (souris, loups,
araignées...), les éléments naturels (éclairs, orages...), les paysages urbains (grues,
ruelles étroites...), les personnages (barbus...), les personnages mythiques
(fantômes, vampires...), les situations (le noir, le vide, la solitude, l'enfermement...),
les maladies, précurseurs obsessionnels (saleté, microbes...), le scolaire... etc.
L'évolution va en général vers une atténuation aux alentours de 7 ou 8 ans, ou même
vers leur disparition complète. Parfois certaines phobies se manifestent jusqu'à
l'adolescence et au delà. Quand elles se fixent, on peut dire que l'entourage y est
pour quelque chose, soit par une compréhension excessive du trouble de la part des
parents, soit par l'adoption de leur part de phobies. Les parents ne devraient pas
« entrée dans le jeu » des phobies, mais au contraire rationaliser au maximum et
expliquer, afin d'aider l'enfant à relativiser et à en sortir.
Les conduites obsessionnelles :
L'obsession est une idée qui assiège le patient, en l'occurrence l'enfant, avec un
sentiment de malaise anxieux dont il ne peut se défaire. L'enfant aura deux façons
de réagir, soit par le rituel qui est une compulsion à agir contre laquelle le sujet lutte
avec angoisse (c'est la "conduite agie"), soit par la « mentalisation » sous forme de
pensée ou d'idée obsédante. Notons que l'enfant présentera plus souvent des rituels
que des idées obsédantes et que les parents sont souvent eux-mêmes
obsessionnels.
Le rituel :
C'est un sentiment de contrainte qui est précédé d'une lutte interne anxieuse.
L'enfant se sent obligé de faire quelque chose en sachant que c'est idiot et inutile.
Les idées obsédantes n'apparaîtront que vers 12 ans. Notons également qu'après la
phobie l'enfant pourra se fixer sur la ritualisation pour neutraliser l'angoisse issue de
sa phobie.
Les idées obsédantes :
Elles sont très difficiles à repérer chez les enfants. L'obsession peut rester très
secrète et les symptômes ne ressortent que très peu dans la vie quotidienne. Il faut
qu'il y ait rupture de l'équilibre pour que l'angoisse apparaisse et que les parents
soient alertés. Néanmoins, on rencontrera les pensées obsédantes plus souvent
dans la pré-adolescence et à l'adolescence. Le plus souvent, elles se présentent
comme un sur-investissement obsessionnel de la pensée avec des doutes pouvant
porter sur l'existentialisme, la religion, le devenir... Ce sont des questions auxquelles
les adultes ne peuvent pas répondre ; ils ne peuvent donc pas intervenir pour
rassurer.
Le premier stade des conduites obsessionnelles arrive au cours de la phase anale
avec l'accession à la propreté. L'attitude de l'entourage peut être source de fixation.
En arrivant à la phase oedipienne, certains rites peuvent servir à maîtriser l'angoisse,
notamment les rites d'endormissement : se faire border, raconter une histoire, ... Ce
sont des conduites courants à cet âge-là mais que les parents doivent prendre au
sérieux ; gronder l'enfant qui est demandeur de ce genre de rituel ou les bâcler ne
ferait que renforcer les angoisses et cela pourra avoir des conséquences plus tard.
Freud pensait que la névrose obsessionnelle vient du fait que la maturité du Moi est
en avance sur les besoins pulsionnels que le Moi réprouve, ce qui explique les
mécanismes de contrôle, d'isolation ou d'annulation rétro-active, que l'on retrouve
effectivement dans les mécanismes de défense du Moi. La période de latence est à
ce niveau une phase caractéristique puisqu'il y a une poussée du Moi alors que les
besoins pulsionnels sont plus discrets. C'est l'époque des collections, des
rangements, du sens de la propreté ou au contraire du fouillis, du refus de se laver.
Ces traits n'entravent en rien la maturation de l'individu mais il peut y avoir
néanmoins la greffe d'une fonction névrotique (sa fixation), ou l'utilisation de ces
conduites obsessionnelles dans l'ultime ressource de cohérence de l'individu. Sa
personnalité pourra à tout moment voler en éclats et seuls ces mécanismes de
défense (la sublimation notamment) l'empêcheront de tomber dans la psychose.
Les conduites hystériques.
Les symptômes des conduites hystériques se rencontrent rarement chez l'enfant de
moins de 10 ans. Jusqu'à 14 ans, il n'y a pas de prévalence de sexe, mais par la
suite la fréquence augmente chez la fille. Chez l'adolescent, la symptomatologie
hystérique est proche de celle de l'adulte.
Certains symptômes sont à distinguer de l'hystérie, comme la simulation par
exemple : l'enfant feint un mal de gorge pour ne pas aller à l'école, il simule
consciemment une faiblesse ou augmente une douleur pour obtenir un bénéfice
immédiat et évident. Il est parfois difficile de distinguer l'hystérie, car il peut aussi y
avoir apport de bénéfices secondaires.
La mythomanie est aussi à distinguer de l'hystérie infantile. Une fille pourra par
exemple se plaindre d'avoir subi des sévices sexuelles. C'est un phénomène qui
permet à l'enfant d'oraliser ses pulsions.
Les manifestations de l'hystérie pourront présenter parfois des phases aiguës qui se
manifesteront par des crises de tétanie, des fugues, du somnambulisme, une
amnésie d'identité, un dédoublement de la personnalité... Tous ces symptômes sont
dits hystériques par comparaison à la symptomatologie adulte, mais ils demeurent
très souvent anodins en ce qui concerne l'enfant. Notons que les symptômes
hystériques de conversion sont rares chez l'enfant et atteignent, quand ils existent,
l'appareil locomoteur ou les appareils sensoriels (mutisme, cécité...). La personnalité
hystérique infantile majorera le besoin d'être vu, d'être aimé, et amplifiera
l'égocentrisme... Ce sont des comportements néanmoins habituels chez tout enfant.
On peut dire en quelque sorte que l'hystérie infantile est l'inverse de l'obsession. Les
pulsions libidinales sont trop intenses face à un Moi incapable de faire face. Le corps
est alors saturé d'élans libidinaux. On remarque souvent une attention accrue de la
mère sur son enfant, et là est le principal bénéfice secondaire, sinon le seul.
L inhibition.
C'est un symptôme très courant, principalement dans le cadre scolaire et qui
s'exprimera socialement ou mentalement.
L'inhibition à trois niveau différent, elle concerne souvent un enfant calme, soumis,
trop sage mais qui gardera néanmoins un contact avec ses camarades dans le jeu ;
ou bien un enfant isolé qui ne joue pas, reste chez lui où qui se montre autoritaire et
dominateur ; enfin ce pourra être un enfant mutique dans et hors famille. L'inhibition
touchera alors l'aspect corporel et sera souvent confondue avec la timidité. Le corps
sera peu mobile, peu actif avec des mimiques pauvres et des maladresses
gestuelles.
Au niveau fantasmatique, on notera une inhibition à rêver, à imaginer, pouvant aller
jusqu'à la « niaiserie ». L'enfant joue peu, ou joue à des jeux très conformistes,
recopie des dessins, les rature beaucoup. L'écriture est tremblante, les activités
sont répétitives. Au niveau intellectuel on observera aussi de l'inhibition. Ce sera
souvent la gène à l'école qui fera consulter les parents. Les enfants sont alors en
retrait, avec une pseudo débilité. Ces enfants paraissent limités dans leurs
capacités à penser. L'enfant craint d'être interrogé et panique jusqu'à avoir un
trouble scolaire. Le niveau intellectuel est correct. L'échec arrive alors souvent dans
les classes secondaires.
L'inhibition est l'expression d'une limitation fonctionnelle du Moi dans le but d'éviter
un conflit avec le ça. Cela permet d'éviter, au moyen d'un compromis, la
confrontation avec les pulsions libidinales, vécues comme angoissantes. L'inhibition
est un refoulement massif et inconscient pour protéger un Moi trop fragile.
Pré-psychoses et psychoses de l'enfant.
Les psychotiques ne connaissent pas de période de latence, la dépendance de ces
enfants reste totale, chez eux la séparation d'avec les parents est intolérable et
provoque une forte frustration. Avec l'inhibition, on notera aussi une perte majeure
d'initiative, pouvant aller jusqu'à la dépression. Tout ce qui est nouveau provoque de
l'angoisse ou de la tristesse. L'enfant psychotique dispose de capacités
intellectuelles suffisantes, voire brillante, mais son inadaptation sociale le condamne
souvent à l'échec scolaire.
Ce sont des enfants qui rêvent, imaginent, pensent, mais on notera une certaine
dépersonnalisation. Normalement, l'enfant sait, quand il joue, que c'est pour « faire
semblant », mais l'enfant psychotique, lui, prête aux choses une vie fantasmatique. Il
explique le monde naturellement, magiquement, avant de pouvoir passer à une
explication scientifique. Chez ces enfants, on notera un décalage entre ce qui est
« normal » de croire, et ce qu'il croit vraiment. On notera en particulier son adhésion
à sa rêverie. L'enfant va de plus en plus subir son imaginaire, vécu comme réel, et
qui prendra vite une tournure angoissante.
Habituellement, l'enfant a besoin de jeux où il pourra exprimer sa toute-puissance,
comme les « Pokemon » ou les jeux de guerre. Mais, il doit aussi les dépasser pour
des jeux aux problématiques plus oedipiennes, comme la chasse au trésor, ou
papa/maman. L'enfant psychotique ne passera pas par ces étapes.
On constatera aussi un état de confusion onirique, où l'enfant ne sait plus où il en
est. Le délire ne se retrouve qu'exceptionnellement avant la puberté. On observe
par-contre des hallucinations (non structurées) au cours desquelles l'enfant nie la
réalité, des fixations imaginaires, des prononciations de mots en aparté... L'enfant
semble lointain, perplexe, et tient des propos interrogatifs que les réponses ne
satisfont pas. Dans les jeux, on aura beaucoup de fantasmes de morcellement, de
destruction, avec une forte symbolique corporelle. Mais ce sera un jeu où l'autre n'a
pas sa place, car la communication est restrictive.
L’adolescence : La dernière « chance » de résoudre
les conflits oedipiens.
Durant les premières années de vie, la pensée du petit enfant était magique. À la
période de latence, il a acquis une logique concrète. Vers 12 ans, le jeune adolescent
va pouvoir raisonner, déduire, formuler des hypothèses. C'est la période où il refait le
monde de manière très créative mais hors de tout support réel et concret.
Au niveau des répercussions comportementales on parle de fragilité intellectuelle, de
volonté influençable, d’affirmation de soi par déstructuration et restructuration, de
rupture avec le milieu familial et ses valeurs, de changement d‟objet d’amour,
d’appel à l’idéal (aspirations élevées), de mécanismes d’identification, de conflit, de
dépendance, de volonté d’indépendance, de vulnérabilité affective. Le jeune
adolescent éprouve brutalement le besoin de rompre avec son enfance, avec ses
désirs, ses idéaux, ses modèles d’identification, avec tout ce qui évoque son
enfance. L’adolescent devra donc chercher de nouvelles sources d’intérêts et de
plaisir. Il a aussi besoin de s’éloigner de ses parents même s’il s’agit d’une distance
symbolique. C’est aussi un changement qui s’illustre par le mouvement
psychologique de déception que l’adolescent éprouve à l’égard de ses parents et le
besoin de chercher à l’extérieur du cercle familial ses sources nouvelles de
satisfaction.
Le jeune adolescent prend progressivement conscience de sa personnalité et de son
identité. En partie, à cause de sa croissance soudaine, il est souvent maladroit, se
trouve laid, gauche, mal à l’aise. Il renverse des verres, claque les portes avec force,
… Le corps peut être la cible privilégiée de certaines atteintes, souvent résultat de
conflits, de rebelles ou de difficultés d‟adaptation au monde adulte perçu comme
étant trop encombrant.
Les mécanismes de défense psychologiques sont encore très rudimentaires ou
archaïques, et présentent des conduites régressives qui se manifestent par des
comportements d’excès tels que boulimie, anorexie mentale, agressivité, et états
névrotiques ou psychotiques. Ces défenses peuvent être considérées comme des
inadaptations pathologiques, mais on oublie souvent la phase d’adaptation
nécessaire par laquelle le jeune adolescent est obligé de passer. Il s’agit donc d’un
ensemble de processus d’équilibration agissant sur la vie mentale de l’adolescent.
L’adolescence représente une période de profonds bouleversements. C’est le temps
d’une triple transformation d’ordre physiologique, psychique et psychologique.
L'adolescence est la dernière « chance » d'aborder les conflits de l'enfance et de les
résoudre de manière spontanée. Si ces mêmes conflits survenaient par la suite, ce
serait du domaine de la pathologie. La personne s'y engluerait gravement. D'ailleurs,
la plupart des pathologies adultes apparaissent à l'adolescence.
La structure de la personnalité se fait durant les 5 premières années de la vie, mais
on peut la remanier à l'adolescence le plus souvent tout seul, c'est-à-dire avec
l'environnement immédiat. Sinon ça s'écroule à l'adolescence, on parle alors de
« destructuration de la personnalité » et le futur adulte aura besoin d’une aide
psychothérapique adaptée.
Conclusion :
Le complexe d’Oedipe a un rôle fondamental dans la structuration de la personnalité
et une influence sur l’évolution de la vie affective, sexuelle, intellectuelle et sociale de
l’enfant. Un « Œdipe » qui se passe bien est une des meilleures assurances pour un
bon déroulement de l’enfance, de l’adolescence et de la vie adulte. Les
problématiques qui proviennent des conflits mal résolus à ce stade phallique se
fixent et entravent la vie de l’être humain par des conduites d’échecs ou des
pathologies douloureuses qui ne concernent pas seulement la vie affective et
sexuelle.
Ces troubles, avec les manifestations d’angoisse, sont les conséquences d’un
complexe d’OEdipe qui a été perturbé et s’est mal déroulé. Ainsi, les conséquences
d'un OEdipe inachevé ne sont pas sans gravité pour la personne adulte. L'absence
d'interdit, de contrainte, ouvre la voie à des pulsions sexuelles répréhensibles et à un
fonctionnement social inadéquat. La construction d'un individu se fait sans cesse et
ce qui a été vécu hier a des conséquences aujourd'hui, bonnes ou mauvaises.
Mais plus que pour tout autre manifestation psychique du développement, le
complexe dOEdipe a également une place privilégiée, car primordiale dans
l’ensemble du développement libidinal. En effet, même si les stades précédents se
sont « mal passés », qu’il reste encore des conflits au sujet de l’alimentation, du
sommeil et de l’apprentissage de la propreté, un complexe dOEdipe qui se résout
correctement peut être l’occasion d’une réussite future, puisqu’il rejoue sous une
autre forme, la problématique de la séparation. Les parents font comprendre à
l’enfant que sa vie est à l’extérieur...
Bibliographie
FREUD, S., (1915), « Métapsychologie », Champ classiques, Flammarion, 2012.
FREUD, S., (1923),« Le moi et le ça », Petite Bibliothèque Payot, Paris, 2010.
KLEIN, M., (1921-1945), « Le complexe d'OEdipe », Petite bibliothèque Payot, Paris,
2006.
WINNICOTT, D.-W., (1948), « La réparation en fonction de la défense maternelle
organisée contre la dépression » in De la pédiatrie à la psychanalyse, Petite
Bibliothèque Payot, Paris, 1983, p. 59-65
Internet :
Klein Mélanie, « Psychose et phase infantile dépressive ». Analyse de
Mélanie KLEIN, dans « Contribution à la psychogenèse des états maniaco dépressifs ». Pour le site « Psychiatrie Infirmière ».
PICHON Edouard, « Le rôle du complexe d'OEdipe dans le développement
psychique de l'être humain ». Première conférence de « A l'aise dans la civilisation »,
in la Revue Française de Psychanalyse, Tome X, n°1, Denoël, 1938. Date de mise
en ligne : dimanche 12 février 2012.
TAP Pierre, « L'identification », in Annales de l'Université de Toulouse-Le Mirail. pp
72 à 100.
VERHAEGHE Paul, « Le complexe d'OEdipe redéfini : hystérie et jalousie. pp. 28 à
33.
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