H2. Evaluation-type. Les exclus de la citoyenneté à Athènes et à Rome dans l'Antiquité Objectif. Organiser ses connaissances pour rédiger un devoir argumenté et structuré. Enoncé du sujet Les exclus de la citoyenneté à Athènes et à Rome dans l’Antiquité. Rédiger l'introduction et le développement en vous appuyant sur les conseils ci-joints. 1. Méthodes et conseils Les conseils : • ne pas sauter de lignes entre les différentes étapes de l'introduction (rédiger un paragraphe compact d'une quinzaine de lignes) • ne jamais recourir à la facilité en employant l'abréviation "etc" (pour et caetera) ou le signe de ponctuation "..." • ne jamais employer le futur simple pour évoquer des faits révolus Une introduction comprend 5 principales étapes : 1. Accroche pour présenter le sujet 2. Définition des termes du sujet 3. Présentation du contexte historique. 4. Identification d'un problème 5. Annonce du plan Pour le développement, je dois hiérarchiser mes connaissances Je fais un plan en dégageant parties et sous-parties : 1. Identifier les groupes sociaux exclus de la citoyenneté à Athènes et à Rome • catégories de personnes exclues à Athènes • catégories de personnes exclues à Rome 2. Insister sur l'évolution opposée de cet accès à la citoyenneté à Athènes et à Rome • une fermeture de la communauté politique à Athènes • une ouverture de plus en plus importante de l'accès à la citoyenneté à Rome Pour la présentation, je dois adopter la technique "Une idée = un paragraphe". Le plan ne doit pas apparaître sous la forme de titre mais sous une forme rédigée. • titres de partie • titres de sous-partie 2. Proposition de corrigé [Accroche] Au temps de la démocratie athénienne (-507 à -322) et de l’empire romain (-14 à 476 de notre ère), la majorité des habitants est exclue de l’exercice du pouvoir. [Définition] Les exclus ne jouissent pas des droits et devoirs du citoyen : ils n’appartiennent pas à la communauté politique. Femmes et enfants, esclaves et étrangers n’ont pas de place dans les institutions politiques athéniennes et romaines. [Contexte] Ces deux espaces politiques d’Athènes et de Rome, une cité-Etat et un empire, sont pourtant très différents l’un de l’autre. [Problématique] Comment expliquer un si grand nombre d’exclus au sein de régimes tenus pour avoir fondé la notion de citoyenneté ? [Annonce du plan] Nous commencerons par présenter les groupes sociaux exclus de la citoyenneté ; nous insisterons ensuite sur l’évolution de ces catégories à Athènes et à Rome. 1. A Athènes comme à Rome, de nombreux groupes sociaux sont exclus de la citoyenneté. A. A Athènes nous distinguons trois groupes d'exclus. Les premiers appartiennent à la communauté civique mais sont exclus de la communauté politique : ce sont les femmes et les enfants, filles et fils de citoyens. De condition libre, femmes et enfants sont mineurs sur le plan juridique et privés de droits politiques. Les femmes n’ont pas le droit de posséder la terre, ni de transmettre un patrimoine ou d’intenter une action en justice. Elles sont cantonnées à des tâches domestiques, dans un espace réservé de leur maison : le gynécée. Signe de leur appartenance à la communauté civique, elles sont associées aux processions et fêtes religieuses. Les seconds sont libres, habitent sur le territoire de l’Attique mais sont étrangers. Athènes leur refuse l’accès à l’Ecclesia Ecclesia (Assemblée du peuple, composée des citoyens âgés de plus de 20 ans. Elle vote les lois, désigne certains magistrats, décide de la guerre ou de la paix.), paix.) l’assemblée du peuple, mais leur donne des garanties : ils sont en effet essentiels au commerce. Ils peuvent se défendre en justice ou intenter un procès. Ils sont exclus de la propriété foncière et ne peuvent pas épouser une fille de citoyen. Enfin ils doivent verser à la cité un impôt, le metoikion. metoikion Enfin, considérés comme des instruments animés, selon Aristote, les esclaves ne jouissent d’aucun droit et sont dans la dépendance totale de leur maître. Au total, sur près de 300 000 habitants de l’Attique, 40 000 sont citoyens vers -400 ; 110 000 sont des femmes et enfants ; 40 000 sont métèques et 110 000 sont esclaves. B. A Rome, les catégories d’exclus sont similaires à celles d'Athènes, avec de fortes nuances. Mais il convient de préciser de suite que la citoyenneté confère surtout des droits civils (contracter un mariage légal, vendre acheter des terres) et une protection juridique (tout citoyen romain peut faire appel au jugement de l’empereur s’il conteste sa condamnation par un magistrat). Les femmes passent de la tutelle de leur père à celle de leur mari. Elles ne sont pas confinées dans le gynécée, peuvent hériter et ont droit aux éloges funèbres. Les esclaves sont très nombreux et leur condition sociale fort variable. Contrairement aux usages grecs, les affranchis accèdent à la citoyenneté. Enfin, la très grande majorité des habitants de l’empire romain appartient à des territoires, cités et royaumes, conquis par Rome : ces habitants sont donc ses sujets, à l’exception de quelques notables locaux, qui font carrière à Rome et obtiennent la citoyenneté. Tous ces habitants de l’empire ont un statut de pérégrins. 2. Si les catégories d’exclus paraissent semblables dans leurs grandes lignes, l’évolution de leur place dans les institutions politiques est diamétralement opposée, de la cité Etat d’Athènes à l’empire romain. A. A Athènes, les institutions démocratiques se durcissent à l’égard de ces exclus. Au sein de la communauté politique, les réformes de Clisthène en -508 entérinent l’égalité parfaite entre citoyens : tous les hommes libres peuvent participer à l’Ecclesia Ecclesia, Ecclesia l’assemblée qui vote les lois ; et chacun est susceptible d’être tiré au sort pour siéger au conseil du peuple, la Boulé. kratein) demos). Boulé La démocratie signifie bien le pouvoir (kratein kratein au peuple (demos demos Mais il est désormais de plus en plus difficile d’entrer dans cette communauté civique. En -451, un décret de Périclès limite la citoyenneté aux hommes libres, nés d’un mariage légitime entre un citoyen et une fille de citoyen. Non seulement le nombre de citoyens chute de 60 000 au Ve siècle à 30 000 au IVe siècle. Mais en outre, les citoyens ne représentent que le huitième des habitants de l’Attique, le territoire de la Cité-Etat d’Athènes. B. Dans l’empire romain, on constate le phénomène inverse. Avec les Tables claudiennes, claudiennes discours de l’empereur Claude gravé dans le bronze, nous apprenons l’admission de notables gaulois au Sénat de Rome, en 48 de notre ère. Claude leur confère le droit d’accéder aux magistratures romaines contre l’avis du Sénat et marque ainsi une étape essentielle dans l’intégration des élites de l’Empire à la citoyenneté romaine. Mesure de plus grande ampleur encore : en 212, l’empereur Caracalla prend la décision d’étendre la citoyenneté à tous les hommes libres de l’empire, les pérégrins. La très grande majorité des citoyens romains ne sont plus d’origine romaine. Dans l’Empire, on ne connaît la part de la population citoyenne que pour l’époque de Claude (41-54) : 6 millions, soit moins du dixième de la population totale. Cette proportion alla en augmentant avec l’affranchissement des esclaves de citoyens, le service militaire, l’octroi de la cité par faveur impériale et par l’essor du droit latin qui gagna la majeure partie de l’ouest de l’Empire. Proposition de conclusion A Athènes et à Rome, la communauté politique n'a pas la même définition. Dans la Cité-Etat d'Athènes, le citoyen est très étroitement associé à l'exercice du pouvoir alors que c'est loin d'être le cas à Rome. Cela contribue à expliquer les évolutions opposées de l'accès à la citoyenneté à Athènes et à Rome. Dans le premier cas, il devient toujours plus difficile de conserver le privilège de la citoyenneté : le nombre même des citoyens est divisé par deux en un siècle, jusqu'à la chute d'Athènes en -322. Dans le second cas, les droits politiques attachés à la citoyenneté sont disjoints du gouvernement de l'empire et l'accès à la citoyenneté devient toujours plus large. A Athènes, le nombre des exclus va croissant. A Rome, tous les hommes libres sont appelés après 212 à porter le titre de citoyens de Rome : c'est la force de l'empire que de favoriser le syncrétisme culturel et religieux.