CHAPITRE INTRODUCTION
(Petite introduction à compléter)
1. Contexte macroéconomique et emploi
1. Prospérité économique des années quatre-vingt
La fin des années quatre-vingt marque le début d’une période de forte croissance de l’économie
thaïlandaise, accompagnée d’une part par la mise en place des stratégies politiques internes favorables
et d’autre part par l’expansion de l’économie mondiale durant cette période. La transformation de
l’économie traditionnelle vers l’économie industrielle se déroule par l’acceptation progressive de
l’ouverture économique vers l’extérieur et par l’incitation à l’investissement.
A. De la substitution aux importations à l’orientation aux importations
Tout comme les autres pays en développement, la structure de l’économie est qualifié dualiste
par laquelle le système de production s’opère dans deux secteurs, à savoir le secteur traditionnel,
essentiellement rural, et le secteur industriel situé principalement dans le milieu urbain. Durant des
années soixante, la production agricole contribue en moyenne près de 40 pour cent du PIB, et plus de
80 pour cent de la population s’est engagée dans l’agriculture. Le riz est le produit principal, suivi de
l’étain, du caoutchouc, des kénafs et du maïs. La part de la production industrielle dans le PIB reste
largement loin derrière celle de l’agriculture. L’industrialisation progressive s’inscrit dans le plan
national du développement économique et social. Ainsi, ce dernier, créé en 1961, met l’accent sur la
stratégie des industries de substitution aux importations dont l’initiative est, en particulier, de viser à
contrôler les flux des échanges internationaux en adoptant le système économique « protectionniste »
qu’ont connu la plupart des pays industrialisés durant les années soixante et soixante-dix. Le
programme d’action consiste en l’application d’une tarification douanière et des contrôles stricts des
importations afin de protéger les industries de naissance. Or, le bilan du déroulement est globalement
médiocre par rapport aux autres pays de la même zone. En fait, durant ces années, le taux de
croissance du PIB réel per capita n’étai que de l’ordre de 4,8 pour cent, restant inférieur à celui du
Corée, de Singapour et de Taiwan, mais supérieur à celui de la Malaisie, de l’Indonésie et des
Philippines [Richter (2006) p. 8]. Par conséquent, l’histoire économique de la Thaïlande tourne sa
page, suite au changement radical des politiques du développement. Les responsables politiques
réalisent que le protectionnisme élevé essentiellement au plan de substitution aux importations
durant les années soixante-dix a été néfaste à l’économie [Wisarn (2002) p. 5]. En fait, l’événement
déclencheur provient essentiellement du deuxième choc pétrolier qui provoque une dévaluation du
Baht, monnaie nationale. Ceci contribue ensuite à augmenter la valeur des produits importés et à
hausser le coût de production. Le changement de régime est alors plus que nécessaire. Ainsi, la
démarche d’ouverture économique et commerciale est apportée au troisième plan national (1972-
1976). Il s’agit d’une première préparation au grand déploiement des moyens d’investissements afin
de répondre aux programmes de l’orientation à l’exportation et à la création des industries intensives
en main d’œuvre. En étant pleinement en concurrence avec d’autres pays voisins en matière
d’exportation et d’incitation aux investissements étrangers, le cinquième plan national (1982-1986)
s’appuie nécessairement sur la restructuration et l’amélioration de l’efficacité et de la compétitivité
internationale. Soulignons qu’une série de politiques industrielles et un ensemble de programmes
relatifs au développement des ressources humaines ont été prioritairement mobilisés pour assurer les
besoins nécessaires à la production. Ainsi le sixième et le septième plans (1987-1991 et 1992-1996)
ont été conçus dans le même ordre d’idée. L’effort doit être désormais porté afin d’améliorer des
politiques favorables à la création des industries nouvelles exportatrices, centrées sur l’utilisation
intensive en capital et en technologie.
B. Période de croissance économique des années quatre-vingt
En Thaïlande, la stabilité de l’environnement macroéconomique conduite par l’initiative des
gouvernements et l’expansion de l’économie mondiale durant les années quatre-vingt contribue à la
croissance économique sans précédent.
Entre la fin des années soixante-dix et le début des années quatre-vingt, les vagues successives
de chocs pétroliers et la récession de l’économie mondiale ont dramatiquement provoqué une multiple
instabilité de l’économie thaïlandaise, signalée, entre autres, par un déficit important de la balance de
paiements et par une montée de la dette extérieure
1
. Sans attendre, le gouvernement thaïlandais a
demandé une aide financière auprès des institutions internationales, au premier rang desquelles le FMI
et la Banque Mondiale, qui ont ensuite imposé des réformes contraignantes du programme
d’ajustement structurel. Dans ce contexte, un ensemble de mesures conservatrices et restrictives, dont
le principal objectif est de dégager le surplus des recettes publiques, ont été mises en place à l’aide de
plusieurs instruments économiques tel que les contrôles fiscaux, les taux d’inflation, les taux de
change et les contrôles des prix agricoles et des produits énergétiques etc. Il faut dire que les politiques
macroéconomiques menées par les gouvernement thaïlandais durant cette période de récession ont
1
Le déficit de la balance de paiement et le service de la dette extérieur ont atteint de l’ordre de 7 % du PIB et de
18,7 % des exportations en 1980 [Wisarn (2002) p. 11], voir également Charoenseang, Manakit (2002) p. 599.
permis à la Thaïlande de profiter d’un environnement favorable de l’économie mondiale dès la
seconde moitié des années quatre-vingt. A cela, ajoute une hausse de la demande mondiale des
produits exportés, un déclin des taux d’intérêt et une diminution des prix du pétrole. Ainsi, vers la fin
des années quatre-vingt, la croissance du PIB réel est dépassée en moyenne de 9 pour cent
2
dont
l’impact de l’expansion économique sur le niveau de vie de la population était considérable. La
création de l’ensemble des infrastructures était nécessaire au futur développement économique et
social. Sussangkarn (1994) synthétise des facteurs fondamentaux permettant à la Thaïlande de réaliser
une telle croissance de manière suivante. En partie en raison des ajustements de taux de change, en
partie en raison du déclin des prix du pétrole en 1986, et en partie en raison de la transition des pays
d’Asie nouvellement industrialisés à des produits intensifs en main d’œuvre qualifiée et en
technologie, la croissance de l'économie thaïlandaise a accéléré de manière significative à partir
de1986. Elle a été principalement conduite par une forte hausse des exportations manufacturées
[Sussangkarn (1994) p. 589]. La Thaïlande est devenue l’un des pays exportateurs de produits
hautement technologiques dès la fin des années quatre-vingt, tel que les appareils électroménagers, les
pièces automobiles et d’autres produits divers issus des industries manufacturières.
C. De l’économie traditionnelle au processus d’industrialisation
Au début des années quatre-vingt, l’adoption des stratégies du développement basées sur
l’exportation et l’investissement de masse contribue à modifier la structure globale du marché du
travail et la composition de la répartition des revenus. Progressivement, la production industrielle
dépasse celle du secteur agricole tandis que les travailleurs agricoles ne diminuent pas au même
rythme. La part de la production agricole dans le PIB a diminué de 23,2 pour cent en 1980 à 11,3 pour
cent en 1997 tandis que celle de la production manufacturière a augmenté de 21,2 à 28,2 pour cent
[Nipon et Somkiat (2001) p. 1].
Ces épisodes de croissance ont marqué une nouvelle ère du « miracle asiatique » permise par
deux facteurs, à savoir une accumulation accrue du capital et du travail qui contribue à la croissance de
la productivité totale des facteurs (PTF), notamment dans le secteur manufacturier. En effet, l’étude de
Tinakorn et sussangkarn (1998) montre qu’entre 1978 et 1990, le taux de croissance en moyenne
annuelle, étant d’environ 7,6 pour cent, pourrait s’expliquer par les facteurs suivants: (i) à environ 26
pour cent par la réallocation de l’emploi; (ii) à environ 20 pour cent par la qualité de la main d’œuvre;
(iii) à environ 37 pour cent par le capital physique ; et (vi) à environ 1.2 pour cent par l'utilisation de la
terre. En fait, 84,2 pour cent de la croissance s’expliquent par toute la quantité du facteur de
production et les 15.8 pour cent restants sont attribués à toute productivité de facteur. En définitive, la
2
Le taux de croissance enregistrée a atteint l’ordre de 13,29 % en 1988, 12,19 % en 1989 et 11,17 % en 1990
[Charoenseang, Manakit (2002) p. 600].
prospérité économique de la fin des années quatre-vingt provient, très peu du progrès technique, mais
d’une importance d’accumulation du capital physique et d’une réallocation de la main d’œuvre
[Richter (2006) p. 7].
L’industrialisation croissante est menée par une transformation du type des produits agricoles
basés sur l’utilisation intensive des ressources naturelles aux produits manufacturés centrés sur les
moyens technologiques et la main d’œuvre intensive. La clef de son accélération est le soutien
d’investissement privé émanant des capitaux étrangers, mais très peu du secteur public. Ainsi, la
Thaïlande est classée parmi les dix pays dont l’investissement direct de l’étranger est le plus important
durant ces trois décennies [UNCTAD (1999)]. La majorité de grands projets d’investissement vont
dans la production industrielle à base technologique qui dépasse nettement celle des produits intensifs
en ressources naturelles et en capital. Toutefois, l’importance relative des capitaux investis ne donne
pas un privilège à la Thaïlande en termes de croissance économique. Pendant les années quatre-vingt-
dix, beaucoup des pays du Sud-est asiatique ont réalisé des taux de croissance économique semblables
à celui à la Thaïlande avec des taux d'investissement inférieurs. Ceci signifie qu’en Thaïlande, des
investissements sont moins productifs que dans des économies voisines. Par conséquent, elle exige un
taux d’investissement plus élevé afin de compenser une baisse du taux de croissance [Colaco (1998)].
Ce désavantage comparatif peut être considéré comme une des causes de la crise économique et
financière de la fin des années quatre-vingt-dix puisqu’une baisse du niveau d’exportation dépend en
partie d’une faible productivité des investissements.
La croissance économique phénoménale ne dure que jusqu’au début des années quatre-vingt-
dix. De nombreux signes de récession, tels qu’une baisse consécutive de l’exportation et une montée
des dettes du secteur privé vers l’extérieur, se préparent à révéler la face cachée de l’économie
effervescente, fragilisée notamment par la dépendance des flux des capitaux étrangers et la mauvaise
gestion des politiques internes. En effet, pendant plusieurs années, les emprunts extérieurs ont été
largement contrôlés. En d’autres termes, les entrées des capitaux étrangers ont été strictement
réglementées par l’Etat. Or, dès le début des années quatre-vingt-dix, on assiste à une libéralisation du
marché financier instrumentalisée notamment par le Fond Monétaire International. Par conséquent,
face à l’environnement incertain et complexe relatif aux flux de capitaux étrangers sur lesquels
reposent l’ensemble des activités économiques, le marché financier s’effondre, ce qui entraîne
inévitablement une entrée en crise de l’économie à partir de juillet 1997.
2. Crise financière des années quatre-vingt-dix et ses conséquences
La crise économique et financière des années quatre-vingt-dix s’est tout d’abord manifestée
dans le secteur financier avant de s’étendre brusquement aux autres secteurs d’activité économique.
Les conséquences douloureuses de cet effondrement sont à la fois économiques et sociales.
A. Prémisses de la crise économique et financière
La fin de la prospérité est probablement due à l’application du modèle du développement
économique qualifié « hors norme » par certains économistes. Il est frappant de voir combien certains
pays tournent le dos à tous les dogmes. Au modèle autocentré, l'expérience asiatique oppose sa
focalisation sur les exportations. Contre la théorie standard, elle présente des excédents commerciaux
et budgétaires en pleine période de décollage économique. A l'orthodoxie libérale, elle répond par
l'interventionnisme des Etats, la relative fermeture aux importations de biens de consommation, le
contrôle vère des investissements étrangers et des marchés financiers. A tel point, selon certains,
que c'est pour avoir trahi cette orientation que l'Asie a subi la crise que l'on sait.» [Severino (2004) p.
2].
En réalité, les investisseurs et les économistes thaïlandais sont frappés en surprise par la crise
économique et financière de l’année 1997 qui se prépare silencieusement dans plusieurs directions. On
regroupe trois grandes causes de la crise : (i) Choc et développement exogène dans les marchés
internationaux des biens et services, (ii) mauvaise gestion de l’économie interne durant la période pré-
crise, (iii) instabilité intrinsèque dans les flux des capitaux de l’étranger. Commençons par ce dernier
facteur. En fait, les politiques du développement économique accompagnées de l’ouverture excessive
rendent l’économie thaïlandaise tributaire de l’extérieur, aussi bien en termes d’échanges
commerciaux qu’en matière de l’endettement vers le reste du monde. La demande domestique des
biens et services a considérablement diminué depuis le début des années quatre-vingt et l’épargne
domestique a été limitée par rapport à l’accroissement des investissements. Le recours aux sources
monétaires extérieures a été alors plus que nécessaire. Ainsi, durant la première moitié des années
quatre-vingt-dix, les banque commerciales et notamment la Banque de Bangkok « the Bangkok
International Banking Facility (BIBF) », libéralisée en 1993, ont progressivement importé des
capitaux étrangers dont la part relative aux autre institutions financières a été multipliée par dix en dix
ans. Ces entrées massives de capitaux
3
ne peuvent s’expliquer que par un différentiel entre les taux
d’intérêt domestiques et ceux de l’étranger : un niveau relativement élevé des taux d’intérêt
domestiques des emprunts par rapport aux taux d’intérêt de l’étranger [Krongkeaw (1999) p. 399]. En
pratique, ni les firmes ni les banques thaïlandaises n’ont eu assez d’expérience pour la gestion d’un tel
3
Par exemple, entre 1996 et 1997, les entrées des capitaux privés se sont élevées à environ 20% du PIB en
Thaïlande [Lee et Rhee (1999) p. 11].
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