CAMEROUN
2016
www.africaneconomicoutlook.org
Richard Antonin DOFFONSOU / r.doffonsou@afdb.org
Corneille AGOSSOU / corneille.agossou@undp.org
Cameroun
Cameroun
2Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2016
CAMEROUN
• LeCamerounaenregistréunecroissancealertede5.7%en2015,tiréeprincipalement
parlesecteursecondaire.
• Danslecontexteactueldebaissedescourspétroliers,lepaysdoitrationnaliserles
investissementspublicsetaméliorerlefcacitédesesdépenses.
• L’urbanisationaeuunimpactpositifsurlaréductiondelapauvreté,maisdespolitiques
plusvolontaristessontnécessairespouratténuerlesinégalitésetlesdéséquilibres.
Vue d’ensemble
Léconomie camerounaise, moteur de la Communauté économique et monétaire des États
de l’Afrique centrale (CEMAC), a continué en 2015 à faire preuve de résilience dans un contexte
économique mondial peu favorable (stagnation dans les pays de l’OCDE, décélération de la
croissance en Chine et dans plusieurs pays émergents, baisse des cours du pétrole et des
recettes d’exportations du pays). La région, de son côté, est confrontée à la persistance de poches
d’insécurité aux frontières du nord et de l’est, du fait de la menace du groupe Boko Haram et
de la crise en République centrafricaine (RCA). La croissance camerounaise s’est consolidée en
2015 au rythme de 5.7 %, tie principalement par le secteur secondaire qui a crû de 8.4 %. Le
secteur tertiaire a connu une croissance de 5 %, et le secteur primaire de 4.9 %. La production de
pétrole, dont le pays est un exportateur net, a connu une hausse exceptionnelle de 28.3 % avec la
mise en exploitation de nouveaux champs. Le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP) s’est
également accru, au rythme de 7.3 %.
La politique budgétaire a conservé un caractère modérément expansionniste en phase avec la
poursuite des grands projets d’infrastructures. La loi de finances 2015, à l’instar de celles de 2013
et 2014, a été élaborée et mise en œuvre selon la méthode des budgets-programmes. La politique
monétaire a visé de son côté à stabiliser les prix et le taux de change effectif réel, en évitant tout
effet d’éviction de l’investissement privé par les dépenses publiques. L’inflation s’est montée à
2.7 % en 2015, en hausse de 0.8 point, en raison de la hausse des prix des carburants à la pompe,
elle-même consécutive à la réduction de 40 % des subventions aux produits pétroliers opérée en
juillet 2014. L’inflation reste cependant en deçà du seuil de convergence fixé à 3 % en zone CEMAC.
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32 Perspectives économiques en Afrique
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Graphique 1. TauxdecroissanceduPIBréel
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2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015(e) 2016(p)2017(p)
Taux de croissance du PIB réel (%) Afrique Centrale Afrique (%)
%
Source: BAfD, Département Statistique PEA. Estimations (e) ; pvisions (p).
Tableau 1. Indicateursmacroéconomiques
2014 2015(e) 2016(p) 2017(p)
Croissance du PIB réel 5.9 5.7 5.3 5.1
Croissance du PIB réel par habitant 3.4 3.2 2.8 2.6
Inflation 1.9 2.7 2.2 2.1
Solde budtaire (% PIB) -3.9 -5.3 -5.7 -4.9
Compte courant (% PIB) -15.2 -14.0 -14.6 -15.0
Source : Dones des administrations nationales; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).
Développement récents et perspectives
Léconomie camerounaise représente plus de 40 % du PIB de la CEMAC en termes de productions
(agricole, industrielle et services). Elle a continué en 2015 de faire preuve de résilience dans un
contexte économique mondial de stagnation marqué par la faiblesse de la reprise dans les pays
de l’OCDE et par la décélération de la croissance en Chine et dans plusieurs pays émergents.
Lenvironnement régional n’est guère plus favorable en raison de la persistance de poches
d’insécurité aux frontières nord et est du pays, avec la menace du groupe Boko Haram et la crise
en République centrafricaine (RCA). La croissance s’est néanmoins consolidée en 2015 au rythme
de 5.7%, tie par la hausse substantielle de la production pétrolière et de l’exploitation forestière.
Dans le secteur primaire, la croissance 2015 est estimée à 4.9 %, tirée par les branches
« sylviculture et exploitation forestière » et « élevage et pêche ». En 2016, le secteur devrait encore
croître de 4.5 %, malgré une décélération de la sylviculture. Lagriculture vivrière devrait en
effet bénéficier des efforts d’encadrement des agriculteurs et de la distribution d’équipements
et d’engrais. Les cultures de rente seraient pour leur part soutenues par les programmes
d’encadrement des producteurs et l’introduction de plants et semences à haut rendement, ainsi
que par des financements spécifiques de la filière coton. Les perspectives de l’élevage et de la pêche
sont également favorables, avec la mise en œuvre des projets agro-pastoraux du Plan national
d’urgence triennal (Planut), notamment l’installation d’entrepôts frigorifiques et l’aménagement
de 1 200 hectares de terres cultivables. Par ailleurs, l’exploitation programmée des réserves d’eau
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des barrages en cours de construction (Lom Pangar, Memve’ele et Mekin) devrait propulser la
production halieutique.
Dans le secteur secondaire, le dynamisme observé depuis 2012 s’est poursuivi en 2015, avec
une progression estimée à 8.4 % quexpliquent la hausse de la production pétrolière (+ 28.3 %) et
la relance du BTP (+ 7.3 %). Sur la période 2016-18, l’offre d’énergie devrait s’améliorer grâce à la
mise en exploitation progressive du barrage hydro-électrique de Lom Pangar et à la montée en
puissance de la centrale thermique à gaz de Kribi. La vigueur du BTP s’explique par la poursuite des
grands projets, mais aussi par la mise en œuvre du Planut et des chantiers relatifs à l’organisation
des Coupes d’Afrique des nations (CAN), féminine en 2016 et masculine en 2019. La CAN devrait
dynamiser les services marchands et financiers. Mais le repli prévu de la production pétrolière
(2.2 %) devrait ramener à 4.7 % en la croissance du secteur secondaire en 2016. Ce dernier nen
contribuera pas moins au PIB à hauteur de 6.1 % (prévision), grâce au déploiement des services
de télécommunications (passage aux standards 3G et 4G de la téléphonie mobile, réseau de fibre
optique) et à la vigueur du commerce, des services financiers et des activités immobilières.
Le secteur tertiaire a maintenu son dynamisme avec une hausse estimée à 5 % en 2015, en
phase avec la bonne tenue des secteurs primaire et secondaire. Mais l’insécurité dans les régions
septentrionales et orientales a freiné le tourisme et le secteur des transports.
La demande a connu une évolution contrastée. La contribution de la demande intérieure à
la croissance du PIB en 2015 a été de 4 %, dont 3.1 % provenant de la consommation finale. La
contribution de la demande extérieure, effet combiné des exportations et des importations, a été,
quant à elle marginale (0.7 %). La hausse des importations, notamment de biens d’équipements
destinés aux grands chantiers d’infrastructures, a en effet pesé négativement sur la demande
extérieure. Cette tendance induit un déficit structurel de la balance des paiements, qui devrait
être contenu à moyen terme sous l’effet des incitations à la diversification de l’économie et de la
baisse attendue des importations de biens d’équipement avec l’achèvement de plusieurs grands
chantiers d’infrastructures.
La consommation finale bénéficie de l’amélioration des revenus des ménages, en lien avec
la création d’emplois dans la fonction publique, dans les entreprises privées et publiques, et
dans les grands chantiers. En 2016 et 2017, la consommation finale devrait progresser de 4.9 %
en moyenne sur les deux exercices. Quant à l’investissement, sa contribution à la croissance
est estimée à 1.7 % en 2015, tiré par sa composante privée (1.5 %) avec la création de nouvelles
cimenteries et le renouvellement des outils de production de plusieurs entreprises. La croissance
de l’investissement devrait être encore plus vigoureuse en 2016 et 2017, de 10.4 % en moyenne,
avec l’accélération des travaux du plan d’urgence triennal et des chantiers liés aux CAN.
L’inflation a atteint 2.7 % en 2015 contre 1.9 % en 2014. Cette hausse est notamment imputable
à la réduction de 40 % des subventions sur les produits pétroliers opérée en juillet 2014. Le litre
d’essence était alors passé de 569 francs CFA (XAF) à 650 XAF, et le litre de gazole de 520 XAF
à 600 XAF. En 2016, l’inflation devrait être contenue en deçà de 3 %, le seuil de convergence de
la CEMAC, en raison des effets escomptés de la réduction des droits d’accises et de la baisse,
introduite le 1er janvier 2016, de 3.07 % sur le litre d’essence et de 4.16 % sur le litre de gazole.
La croissance est prévue à 5.3 % en 2016 et à 5.1 % en 2017, en légère décélération par rapport
aux années précédentes. Ce tassement étant imputable au recul du secteur pétrolier, le PIB non
pétrolier devrait croître de 5.7 %. Le secteur tertiaire devrait poursuivre son développement.
Lobjectif d’une croissance de 6 % inscrit dans le Document de stratégie pour la croissance et
l’emploi (DSCE 2010-20) ne serait donc pas atteint, mais il reste accessible à condition d’engager
des politiques publiques plus volontaristes.
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54 Perspectives économiques en Afrique
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Tableau 2. PIBparsecteur(enpourcentageduPIB)
2010 2014
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 23.9 22.5
Dont pêche 1.3 1.1
Activités extractives 4.5 4.8
Dont extraction de pétrole brut et de gaz naturel 4.4 4.5
Activités de fabrication 18.1 17.5
Production et distribution d'électrici, de gaz et d'eau 0.8 0.9
Construction 2.9 3.4
Commerce de gros et de détail; réparation de véhicules
automobiles et hôtels et restaurants 20.1 20.4
Dont hôtels et restaurants
Transports, entreposage et communications 10.1 10.9
Intermédiation financière, immobilier, locations et activités de
services aux entreprises 9.4 9.5
Administration publique et défense; sécurité sociale
obligatoire 8.8 8.8
Autres services 1.4 1.3
Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs 100.0 100.0
Source : Données des administrations nationales.
Politique macrconomique
Politiquebudgétaire
La loi de finances 2015, à l’instar de celles de 2013 et de 2014, a été élaborée et mise en
œuvre selon l’approche des budgets-programmes. Le contexte économique a été marqué par :
i) la consolidation de la croissance sur un sentier de 5 % à 6% ; ii) le début de la mise en œuvre
du Planut pour l’accélération de la croissance ; iii) l’intensification des menaces régionales et
de la lutte contre la secte Boko Haram ; et iv) la poursuite de la chute mondiale des cours du
pétrole. Pour mettre en œuvre le programme de grandes infrastructures, la politique budgétaire
a conservé son caractère modérément expansionniste.
Le budget 2015 s’est chiffré à 3 746.6 milliards XAF, en hausse de 13.1 % par rapport à 2014.
Les ressources prévues se composaient de 2 963.4 milliards XAF de ressources pétrolières et non
pétrolière (79.1 %) et de 783.2 milliards d’emprunts et dons (20.9 %). Le plafond des émissions de
titres publics a été relevé et porté de 320 à 900 milliards XAF par une ordonnance le 6 février 2015.
En autorisant l’émission d’une euro-obligation, cette ordonnance a permis de mobiliser
375 millions de dollars (USD). Selon les prévisions officielles, les recettes budgétaires globales
devaient s’élever fin 2015 à 3832.8 milliards XAF, en hausse de 2.3 par rapport au budget voté.
Les recettes pétrolières, au contraire, étaient estimées à 502.1 milliards XAF contre une prévision
de 751.2 milliards XAF, une baisse provoquée par la chute des cours pétroliers très en deçà de
l’hypothèse de 89.6 USD le baril retenue dans la loi de finances 2015. Cette contreperformance a
été largement compensée par le surplus escompté des recettes non pétrolières et par les recettes
exceptionnelles provenant de la vente de licences de téléphonie mobile 3G et 4G. La baisse des
cours du pétrole a eu par ailleurs un effet bénéfique sur le budget, en facilitant la suppression des
subventions à la Société nationale de rafnage (Sonara) après son retour à l’équilibre.
Lexécution budgétaire a été marquée par une hausse du budget d’investissement public (BIP),
portées à 1 150 milliards XAF en phase avec les objectifs du DSCE. Ces dépenses sont financées à
hauteur de 425 milliards XAF sur financements extérieurs (36.9 %), 650 milliards sur ressources
propres (56.5 %), et 75 milliards d’économies générées par les opérations de restructuration
(6.6 %). Une part substantielle du BIP (environ 47 %) a été consacrée aux infrastructures. Quant
aux dépenses de fonctionnement, chiffes à 1 615 milliards XAF, elles incluent 900 milliards XAF
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