Au Danemark, le gouvernement est très impliqué dans la mise en place de
projets stratégiques spéciaux qui organisent un continuum des soins, de la
prévention au curatif. Ces derniers portent sur le cancer, la lutte contre les
maladies cardio-vasculaires, les allergies, le diabète, l’ostéoporose. Le
ministère de l’Intérieur et de la Santé a aussi initié récemment un pro-
gramme de recherche sur les offres alternatives de traitement. Il est assisté
dans sa tâche par des organismes et agences qui jouissent d’une grande
indépendance et ont des fonctions exécutives, de conseil et de contrôle. Le
Conseil national de santé, essentiellement composé de professionnels de
santé, coordonne l’offre de soins et établit des directives de planification.
La Suède a beaucoup développé le rôle de l’expertise dans la détermination
des politiques de santé. La préparation des documents stratégiques présen-
tés au Parlement s’accompagne de la mise en place, pour une durée d’un an
ou deux, d’une commission ad hoc dont les objectifs sont spécifiés dans un
document émanant du ministère de la Santé et des Affaires sociales. Ces
commissions sont souvent constituées de membres du Parlement apparte-
nant à la majorité et à l’opposition, de représentants des syndicats et d’orga-
nisations concernées par le problème ainsi que d’experts et de membres de
l’administration. Elles ne comptent généralement qu’une dizaine de mem-
bres. Elles jouissent d’une grande liberté pour poursuivre leurs investiga-
tions. Lorsqu’il n’y a pas unanimité sur les propositions, le rapport final
peut inclure un certain nombre d’alternatives. Ces commissions ont une
grande influence y compris au niveau local.
Les autorités locales jouent un rôle majeur aussi bien dans l’organisation et
la gestion du système de santé que dans son financement ; plus de 80 % des
dépenses de santé au Danemark, 67 % en Suède et 43 % en Finlande sont
financées via la fiscalité locale.
En Suède, les vingt et un comtés doivent fournir l’ensemble des soins à une
population qui varie de 133 000 à 1,8 million de personnes. Ils lèvent direc-
tement les impôts affectés à la santé et les dépenses de santé représentent
85 % de leur budget. À côté de la gestion des soins primaires, les comtés
dirigent les structures hospitalières et autorisent l’installation de praticiens
privés. La réforme Ädel de 1992 a, en outre, donné aux municipalités la res-
ponsabilité de certains soins à dominante sociale : soins aux personnes
âgées, aux personnes handicapées et depuis 1995, soins de longue durée
aux malades mentaux.
Au Danemark, les quatorze comtés, dont la population varie de 46 000 à
600 000 personnes, consacrent près de 75 % de leur budget à la gestion des
services de santé. Ils sont propriétaires des structures hospitalières et autori-
sent l’installation des médecins généralistes. Les comtés s’engagent lors
des négociations budgétaires avec le gouvernement central sur des objectifs
économiques précis comme le taux de croissance des dépenses de santé 1.
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Les systèmes de santé nationaux du nord de l’Europe et l’influence des modèles libéraux
durant la crise des années quatre-vingt-dix
1Cf. Vrangbaek K. & Christiansen T., (2002).