Introduction
Au terme de ces trois années passées dans une école de formation à la profession de
comédienne, voilà qu’il est déjà temps de rédiger un mémoire.
Consciente de la pluralité et de la diversité des écrits traitant aussi bien de « l’art du
théâtre » que de « la pratique actorielle », il m’a semblé important de partir d’une
interrogation directement liée à mon parcours d’actrice. Cela me permettrait de faire
naturellement le lien entre mes différentes lectures et mon ressenti sur scène.
Depuis mon entrée à la Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande, j’ai maintes fois
rencontré sur le plateau une difficulté à m’extraire de ma réalité d’actrice, (notion que je
définirai laconiquement pour le moment par mon corps, ma voix, mon vécu) alors
même que nous avions l’occasion de nous confronter à une assez large palette de
personnages. Je considérais ces ! réalités physique et psychique !, inhérentes à la
personne de chaque acteur, comme les uniques outils auxquels ces derniers pouvaient
recourir afin de construire des personnages qui répondent aux attentes !légitimes! des
spectateurs. Ma volonté de comprendre pour ensuite dépasser l’obstacle auquel je me
sentais confrontée m’a amenée à circonscrire mon champ d’investigation théorique, puis
à énoncer ma problématique de la façon suivante : « La conscience du cadre fictionnel
de la représentation permet-elle à l’acteur de se détacher de sa propre réalité pour mieux
construire celle du personnage ? ».
D’un va-et-vient entre mes impressions sur scène et les écrits et théories qui s’y
rapportent sont nés des éléments de réponse à mon questionnement initial. Au moment
où j’entame la rédaction de ce mémoire, j’ai conscience que mon rapport à ma difficulté
a évolué, ces trois années de formation m’ont aidée à acquérir des éléments de
compréhension. Je considère donc ce travail de diplôme à la fois comme l’opportunité
de mener une recherche autour d’un sujet qui me touche et m’interpelle, dans mon
apprentissage du métier de comédienne, mais également comme une sorte de bilan au
terme d’un cycle d’expériences, de rencontres et de riches collaborations.
Les notions de réalité et de fiction, qui constituent le noyau de ma problématique, m’ont
permis de questionner et de reconsidérer les rapports possibles entre acteur et
personnage, ainsi que d’envisager l’exercice du jeu sous un angle nouveau. En effet,
l’acteur qui chercherait délibérément à s’affranchir de ses réalités, s’il prend le risque de