Le rôle de l’océan sur le changement climatique : éléments de synthèse
Ifremer - Novembre 2009
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et les cimenteries, la part absorbée par l’océan soit passée de 42 % entre 1750 et
1994, à 37 % entre 1980 et 2005. Ce puits de carbone océanique a causé une
diminution du pH de l’océan de 0.1 depuis 1750 et la tendance actuelle est à une
diminution de 0.02 par décennie. Les observations montrent aussi une diminution
de la teneur en oxygène dans la thermocline de la plupart des bassins océaniques
entre le début des années 1970 et la fin des années 1990. Cette variation pourrait
être reliée à ralentissement de la circulation et du renouvellement des masses d’eau.
• entre 1961 et 2003, le niveau de la mer a augmenté en moyenne de 1.3 à 2.3 mm
par an, suite à la dilation des océans sous l’effet du réchauffement et de la fonte des
glaces continentales. Cette élévation présente de forts contrastes régionaux et des
variations considérables à échelle décennale. La contribution de la dilatation liée à
l’accroissement de la température est estimée à 0.3 à 0.5 mm par an.
• les données satellitaires indiquent une diminution de 2.7 % par décennie (avec une
incertitude de 0.6 %) de la couverture de glace en moyenne annuelle pour l’océan
arctique depuis 1978.
2. Par le passé, l’océan a également été à l’origine de changements abrupts du climat dans la
région Atlantique Nord en particulier lors du dernier maximum glaciaire, via la variabilité de la
cellule méridienne de retournement, appelée aussi circulation thermohaline. L’océan dans ses
composantes physiques et bio-géochimiques a également joué un rôle prépondérant dans
l’amplification du forçage orbital dans les transitions glaciaire – interglaciaire.
Par la cascade d’événements favorisant la fonte de la banquise et du permafrost, y compris en mer,
l’« amplification arctique » est caractérisée par l’enclenchement d’un cercle vicieux
(l’intensification du dégazage de méthane, puissant gaz à effet de serre, elle-
le réchauffement
climatique). Le GIEC a montré que l’environnement de l’Arctique est
particulièrement vulnérable aux conséquences globales des activités humaines.
Le dégagement de méthane à partir d'hydrates de gaz
a été proposé comme une hypothèse de
processus causal clé du changement climatique. Des recherches pluridisciplinaires récentes sur le
plateau et la pente ouest Svalbard (entre 78° et 80°N dans l'ou
est du détroit de Fram, aux portes de
l’Arctique) ont conduit à la découverte de plus de 250 panaches de bulles de gaz méthane sur les
fonds marins à limite de stabilité des hydrates de gaz (actuellement à ~ 396 m d'eau). Ces panaches
sont interprétés comme étant directement alimentés par dissociation des hydrates.
L’Arctique devient donc un champ privilégié pour l’observation de l’évolution et des effets des
changements environnementaux. L’implantation d’observatoires fonds de mer
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indispensable pour le suivi et l’estimation du
dégagement de méthane dans cette zone. Le déploiement
d’un observatoire permettrait non seulement d’y surveiller le réchauffement des eaux (0,03°C par en
moyenne sur 30 ans), mais aussi d’étudier l’impact du réchauf
fement climatique dans la zone de
stabilité thermodynamique de l'hydrate de méthane. Le réseau d’excellence européen ESONET
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contribue dans le cadre de la démonstration AOEM à la mise en place d’un tel observatoire permanent.
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Les observatoires fonds de mer sont comparables à des laboratoires placés au fond des océans. Equipés d’un
ensemble d’instruments de mesure, ils sont capables d’enregistrer différents types de données servant à comprendre
les phénomènes océaniques. Placés sur les sites sensibles de la planète comme les zones de formation des eaux
profondes, les zones sismiques ou hydrothermales, ces instruments pluridisciplinaires permettront de surveiller la mer
en temps réel, d'évaluer ou prévenir les risques naturels (liés aux séismes, instabilités des pentes et tsunamis), d’assurer
le suivi à long terme des évolutions climatiques et de l’impact des changements globaux sur le milieu marin, en
particulier sur les écosystèmes et la biodiversité.
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« European Sea Observatory Network of Excellence ». Lancé en mars 2007 pour une durée de 4 ans, ESONET est
coordonné par l’Ifremer dans le cadre du 6ème Programme Cadre de Recherche et Développement (PCRD).