Actes,
Congrès
intern.
Math.,
1970. Tome 2, p. 663
à
665.
NOMBRES DE
PISOT
ET ANALYSE HARMONIQUE
par Yves MEYER
1.
Notations.
On désigne par
L°°(R)
l'espace de Banach des fonctions
y
: R
->
C mesurables
et essentiellement bornées sur la droite réelle ;
||i/?||
= sup ess.
1^(01-
teR
Le spectre de
<p
est le support de la distribution
(p,
transformée de Fourier
de
\p
au sens des distributions.
Un
polynôme trigonométriqué
est une somme finie P(t)
^
ax&xv2iriXt
;
\eF
F est un ensemble fini de nombres réels et les
XEF
tels que
ax
=£
0 sont les
fréquences de P.
Soit 0 > 2 un nombre réel,
Ee
l'ensemble, du type Cantor, à rapport de dissec-
tion
I/o
;
Ee
est l'ensemble de toutes les sommes
X
eiç®~k>
k = 0 ou
1.
i
2.
Les nombres de Pisot et l'unicité.
Raphaël Salem a prouvé en
1955
que si 0 est un nombre de Pisot et
\p
un élé-
ment de
L°°(R)
dont le spectre est contenu dans
Ee,
alors on a l'implication
suivante lim
\p(t)
0
=
if ==
0 identiquement.
3.
Les nombres de Pisot et la synthèse harmonique.
Le théorème suivant permet de décrire complètement l'espace des éléments
<p
de
L°°(R)
dont le spectre est contenu dans
Ee
à l'aide du sous-espace des sommes
trigonométriques
finies dont les fréquences appartiennent à
Ed
; ceci lorsque 6
est un nombre de Pisot.
THEOREME
1. - Soit d > 2 un nombre de Pisot. A toute fonction
ipEL°°(R)
dont le spectre est contenu dans E on peut associer une suite
(^fc)fc>!
de sommes
trigonométriques finies ayant les propriétés suivantes
a) les fréquences de
\pk
appartiennent à E
b)
ipk
dépend linéairement de
y
c) il existe une constante C(6), ne dépendant que de
6,
telle que
HftlL<c(«)iML
664 Y.MEYER
D
9
(d)
<pk(t)
-
ip(t),
k
->
+
oo
uniformément
sur
tout
ensemble
compact
de
nombres
réels
t.
Le théorème 1 exprime de façon très précise que
EQ
est un ensemble de synthèse
harmonique lorsque 0 est un nombre de Pisot.
La preuve du théorème 1 s'étend sur les § 4, 5 et 6.
4.
Ensembles harmonieux dans un groupe abélien localement compact.
Soit G un groupe abélien localement compact,
Hom(G,T)
le groupe des
homomorphismes continus de G dans le groupe T des nombres complexes de
module
1.
Soit
Gd
le groupe G muni de la topologie discrete et
Horn
(Gd
, T)
le groupe des homomorphismes de
Gd
dans T. On a évidemment l'inclusion
Hom(G,T)CHom(Gd,T)
Une partie
h
de G est un ensemble
harmonieux
si pour tout e > 0 et tout
élément
xeHom(Gd,T),
on peut
associer
un élément x'
E
Horn
(G
,T) tel que
suplx(X)-x'(X)l<c
Exemples. Soit 0 > 1, A l'ensemble des puissances
6k,
k>
0, de 0 et G = R
Alors A est harmonieux si et seulement si 0 est un entier algébrique (soit n le
degré de 0) dont les conjugués
02,.
..,
0n,
autres que 0, ont une valeur absolue
inférieure ou égaie à i.
Soit 0 > 2, A l'ensemble de toutes les sommes finies
£
ek^k^
k
=
0
ou
1.
k
SsO
Alors A est un ensemble harmonieux si et seulement si 0 est un nombre de Pisot.
5.
Les ensembles harmonieux et l'approximation des fonctions bornées par des
fonctions presque périodiques.
THEOREME
2.
Soit G un groupe commutatif
localement
compact, A un en-
semble
harmonieux
de G et E un
ensemble
compact
dans
G.
Soit
V
le
groupe dual
de G. On peut trouver une partie finie F de E et une constante C avec les pro-
priétés
suivantes
: pour toute fonction
y
: F
->
C
continue et bornée sur
F,
dont
le spectre est contenu dans A + E, il existe une fonction presque périodique
\p
sur
T
dont le spectre est contenu dans A + F et telle que
(a)
HIML<CIML
(b)
l'application
y
->
\jj
est
linéaire
; on
posera
\jj
=
L(y)
(c)
\JJ(0)
=
</?(0)
[si G = T = R, on a, pour tout
tER
liKO-rtOI<C|/|
lp IL]
(d) pour tout
XEA,
si le spectre de
y
est
contenu
dans X + E,
celui
de
i//
est
contenu dans X + F.
La preuve de ce résultat est trop
longue
pour être reproduite ici
([
1
]).
NOMBRES
DE
PISOT
ET
ANALYSE HARMONIQUE
665
6. Fin de la preuve du théorème 1.
Soit 0 un nombre de Pisot supérieur à 2, E l'ensemble de toutes les sommes
oo
2J
€J
6~t,
e*
= 0,1 et A l'ensemble de toutes les sommes finies
2 e/ *K ej =
0,l.
Soit enfin
Ak
l'ensemble de toutes les sommes
2-t
€jd.
Alors, pour tout
k>\i6*E =
Ak+ECA+E.
Appelons
Tk
l'isométrie
de
L°°
(R) définie par
(7^)
(/)
=
\p(ßkt)
si
<p
E
L"
(R).
Si le spectre de
</>
est contenu dans E, celui de
Tk*p
est contenu dans
Ak
4- E
et l'on peut appliquer à
Tk\p
le théorème 2. Posons
</?fc
=
(T_k
<>
L
o
Tk)
(y).
Le spectre de
tpk
est contenu dans
6~k
Ak
4-
6~kF,
partie finie de E. On a
IWL
<
c
M.
et
|^(/)
-
^(01
<
c0-k
u|
M..
7. Compléments.
Par des méthodes analogues on peut "atomiser", par des procédés linéaires,
les distributions appartenant à divers espaces
"raisonnables"
de distributions sur R
ou sur des groupes abéliens localement compacts.
Citons un résultat précis. ([2])
Soit G un groupe localement compact commutatif et
metrisable.
Soit 1 < p < +
oo
et
CVp(G)
l'espace de Banach des convoluteurs S de
LP(G).
On peut trouver une
constante
O
0 et une suite
Gk,
k>
1,
de parties finies de G ayant les pro-
priétés suivantes : pour tout S dans
CVp(G)
il existe une suite
Sk
de mesures
telles que
(a)
Sk
est portée par
Gk
; S
-+
Sk
est une application linéaire
0>)HSk\\cvp<G)<C\\S\\CVpiG)
(c) pour tout / dans
LP(G),
Sk*f-+S*f
dans
LP(G).
BIBLIOGRAPHIE
[1]
MEYER
Y. Les nombres de Pisot et la synthèse harmonique. Ann. Sci. E. N. S.,
4e
série, t. 3, 1970, p. 235 à 246.
[2]
LOHOUé
N. Thèse. Faculté des Sciences d'Orsay.
Faculté des Sciences d'Orsay
Bâtiment 425
Département de Mathématique
91
- Orsay
France
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