Introduction Sociologie et évaluation : relations réciproques

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Ce numéro des Cahiers de CoST fait suite
à un séminaire organisé à l’université
François Rabelais en janvier 2014.
Cee journée d’étude réunissait des
sociologues à la fois chercheurs et, à divers
tres, (ex)évaluateurs. Deux raisons ont
présidé au choix du thème : l’existence d’un
axe « acon publique et territoire » au sein
de l’équipe CoST, qui s’intéresse à l’analyse
de l’acon publique, praque qui voisine
avec l’évaluaon, comme le souligne Patrice
Duran (2010) ; celle d’un parcours de master
centré sur l’évaluaon et la parcipaon des
citoyens à la décision publique (parcours
intulé « Analyse de l’acon publique,
évaluaon et parcipaon » au sein du
master « villes, sociétés, territoires »).
Ce séminaire visait à mere en débat la
recherche sur et la praque de l’évaluaon.
Pour intuler cee journée et la présente
publicaon, nous aurions pu paraphraser le
tre du livre de Michel Amiot, Contre l’État,
les sociologues, tant notre quesonnement
se rapproche du sien : la sociologie, comme
d’autres sciences sociales, porte un regard
crique sur l’évaluaon tout en entretenant
avec elle certaines proximités (1986). Cest
ce paradoxe que nous avons voulu réexplorer
en meant en regard diérentes expériences
et points de vue. La confrontaon entre
praques et regards criques sur l’évaluaon
était un enjeu d’autant plus central que le
séminaire s’adressait à la fois à des chercheurs
et à des étudiants de master. Il s’agissait donc
de produire une réexivité sur cee ore
de formaon et de débare de son objet
avec ceux auxquels elle s’adresse. Ce qui
impliquait de mere en regard la praque
actuelle de l’évaluaon et le contexte dans
lequel elle s’inscrit, marqué par les logiques
de maximisaon des performances et de
raonalisaon des dépenses publiques. Mais
sans s’interdire de rééchir à l’apport de
la sociologie, même dans ce contexte, à la
formaon des professionnels de l’évaluaon.
Les publicaons sur la queson ne
manquent pas, dont on relèvera la dominante
crique, sans ignorer les diérences de point
de vue qu’elles expriment, percepbles dans
une nuance de vocabulaire : tandis que
certains parlent de l’évaluaon au singulier,
d’autres s’intéressent aux praques de
l’évaluaon, pour en souligner la diversité.
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Professeure, Université François-Rabelais, Tours
UMR 7324 CITERES-CoST, CNRS-Université François Rabelais
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
Lévaluaon peut être envisagée comme
une « théorie de forme idéologique qui
progresse en s’étendant à tous les domaines
d’acvité ». Cest ainsi que George Balandier
la dénit en 2010, dans l’avant-propos du
dernier volume des Cahiers internaonaux
de sociologie, qu’il avait choisi de consacrer
à ce thème. Pour lui, « le tout évaluer et le
tout marchandise ne font qu’un, normes
d’évaluaon et valeurs économiques sont
liées et mutuellement converbles »
(2010 : 26). Danilo Martucelli, qui signe l’un
des arcles de ce numéro, se place dans la
même perspecve et envisage l’évaluaon
comme une « nouvelle philosophie de
gouvernement », devant faire l’objet d’un
« indispensable travail de crique ». Pour
lui l’évaluaon radicalise le processus de
raonalisaon de nos sociétés tout en lui
donnant une autre forme. Cee volonté
croissante de contrôle s’exercerait non pas a
priori mais a posteriori ou, plus exactement,
au travers de la recherche d’une « réacvité
constante des organisaons » (idem : 46).
Michel Chauvière se situe dans une
perspecve analogue lorsqu’il écrit, à propos
des nouvelles formes d’évaluaon qui se
généralisent dans le champ de l’intervenon
sociale : « Tellement saturée d’ulitarisme,
la néoévaluaon crée une illusion sur la
réalité des praques et leur signicaon. Elle
clôt à bon prix ce qui devrait rester ouvert à
l’incertude de la pensée » (2011, p. 230).
Pour ces auteurs, l’expansion de l’évaluaon
repose sur des croyances qu’il s’agit de
déjouer. Et la diversité des praques qui se
placent sous ce terme n’est qu’apparente
puisque l’évaluaon est une « hydre à
plusieurs têtes » (Martucelli, op. cit. : 50).
Ce point de vue est diérent de celui de
Sandrine Garcia et Sabine Montagne dans
l’introducon du numéro que les Actes de la
recherche en science sociale ont consacré au
sujet en 2011 : « Les praques d’évaluaon
doivent être analysées en référence aux
situaons réelles dans lesquelles elles sont
mises en œuvre. Selon les cas, elles peuvent
aussi bien constuer un disposif de contrôle
et de mise en concurrence des individus
au travail qu’un oul de connaissance de la
réalité sociale et des eets des poliques
publiques ou des praques professionnelles.
Si la déconstrucon de certains disposifs
d’évaluaon est essenelle, il ne paraît
pas pernent d’ignorer les préoccupaons
d’ecacité au mof qu’elles relèveraient de
logiques instrumentales et économicistes »
(Garcia, Montagne, 2011 : 5). Mais les
deux auteures n’en reconnaissent pas
moins : « Lévaluaon n’est pas séparable
d’un contexte économique et social qui
lui imprime sa signicaon et façonne ses
eets. » (idem : 9).
Le point de vue qu’on porte sur l’évaluaon
dépend fortement de la facee sous laquelle
le domaine de recherche dans lequel on se
situe nous amène à l’aborder : sociologie
du travail ou de l’acon publique ; analyse
d’un champ laminé par l’évaluaon (tel que
le social) ou d’un secteur relavement peu
évalué ; étude d’un secteur parculier ou
point de vue plus généralisant sur l’acon
ou le management publics en général. Les
spécialistes du travail sont spécialement
aenfs à la manière dont l’évaluaon
perturbe les régulaons autonomes des
groupes professionnels et « esquive le réel
du travail » (Dujarier, 2010 : 156) tandis que
les spécialistes des poliques publiques
envisagent l’évaluaon comme une des
dimensions habituelles des processus de
décision : une « séquence » qui précède la
terminaison d’une polique publique ou un
« geste quodien » pour ceux qui décident
ou observent (Meny, Thoenig, 1989 : 287).
Dans le domaine de l’intervenon et des
poliques sociales, l’évaluaon, ancienne
et parculièrement oensive, a fait l’objet
de nombreuses analyses criques, celles
de Michel Chauvière notamment. Dans
d’autres champs, celui des projets urbains
par exemple, l’acon publique se standardise
sous l’eet de formes parculières d’experse
(Cadiou, 2004) mais l’évaluaon, moins
instuonnalisée, n’y est pas l’objet d’une
aenon aussi forte. Elle y produit pourtant
des eets (Bourdin, 2010). Enn pour qui
s’intéresse aux mutaons de l’acon et des
instuons publiques, l’évaluaon apparaît
sans doute moins comme une « théorie de
forme idéologique » que comme l’un des
aspects les plus prégnants du New Public
Management ou comme une praque
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fortement inuencée par le fonconnement
des nouveaux marchés de l’experse, grands
producteurs de benchmarking et de best
pracces, bref, d’instruments de mesure
standardisés.
Fruit de tendances qui aectent
profondément nos sociétés, l’évaluaon
renvoie aussi à des réalités empiriques
mulformes : des praques structurées
par des instruments divers (Lascoumes,
Le Galès, 2004) que la sociologie se charge
d’étudier mais qui peuvent aussi requérir les
compétences de professionnels qu’elle aura
formés.


Si l’on pense que le sociologue peut (et
doit ?) se mêler d’évaluaon, former de
futurs évaluateurs, une diculté surgit,
qu’une pare de la liérature sociologique
sur le thème souligne. Renaud Epstein par
exemple : « Toute l’histoire de la polique
de la ville et de son évaluaon peut en
eet se lire sous l’angle du paradoxe, celui
d’une polique qui ne peut se concevoir
sans évaluaon, mais qui semble résister de
manière persistante à l’évaluaon » (2006 : 3).
L’impossibilité de mesurer strictement les
résultats d’une acon a été maintes fois mise
en évidence. Cela invalide-t-il le principe
même de l’évaluaon ? Pas totalement si l’on
en croit R. Epstein : paradoxalement, une part
des nombreuses évaluaons de la polique
de la ville n’a pas été inules. Elles ont servi
à palier les manques de l’appareil stasque
naonal en produisant des données
locales ; elles ont favorisé l’émergence et la
structuraon de scènes d’acon publique et
le débat sur ces poliques au niveau local.
Ce qui suggère que des modes d’évaluaon
diérents de ceux mis en œuvre auraient pu
répondre aux quesons que soulève cee
polique. Notamment celle des eets de la
discriminaon posive territoriale qui est à
son principe.
Est-ce à dire que la recherche sociologique
peut encore apporter sa contribuon à
l’acvité évaluave ? Cest sans doute une
gageure. Sur deux quesons notamment
elle n’a jamais cessé de faire l’objet
d’interpellaons qu’elle ne peut sans doute
pas tout à fait esquiver : celles qui concerne
la meilleure connaissance des processus
de décision publique, celles de leur
« accountability » ; celle de la connaissance
des eets voulus ou non voulus de l’acon
publique, de « ce qu’il advient de ce qui est
fait » (Duran, 2010 : 7). Comme le souligne
Patrice Duran, la sociologie dispose de
méthodes pour répondre à ces quesons,
qui sont aussi induites par l’ouverture au
débat public des processus de décision.
Mais une queson reste : le dét mérite-
t-il d’être relevé ? Peut-on tenir la double
posture évoquée plus haut : faire preuve
d’une vigilance crique absolue et en même
temps rééchir sur ce que pourrait être
une évaluaon ménageant une place à la
sociologie et à laquelle les jeunes sociologues
pourraient être formés. La crique nécessaire
de l’évaluaon telle qu’elle est (et non telle
qu’elle devrait être) n’incite-t-elle pas le
sociologue à se détourner de praques dans
lesquelles il risque de se dévoyer ? Mais la
queson doit elle être posée en ces termes ?
Lapplicaon de savoirs scienques à cee
praque est-elle si fondamentalement
spécique ? Le débat sur le rapport entre
sociologie et évaluaon n’est-il pas un nouvel
avatar du quesonnement sur le rapport
nécessaire et la tension entre « le savant et
le polique » ?
Ces quesons ont été au centre du
séminaire de janvier 2014. Dans le droit l
de ces échanges, ce numéro des Cahiers
de CoST les aborde de façon originale. Les
auteurs s’expriment moins en sociologues
de l’évaluaon (points de vue que certains
d’entre eux ont abondamment développé
dans d’autres publicaons) qu’en analystes
de leurs propres expériences de l’évaluaon.
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
Les points de vue des quatre auteurs
s’ancrent dans des expériences très diverses.
Invités à échir sur leur double posture,
ils ont joué le jeu. Partant d’expériences
hétérogènes, dans diérents champs d’acon
4
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publique, leurs points de vue convergent :
tous développent un regard crique moins
sur le principe même de l’évaluaon que sur
ce qu’elle est devenue (une « néoévaluaon »
suggère Michel Chauvière) ou sur ses
méthodes, perveres par les condions dans
lesquelles elle s’exerce.
Les quatre textes qui constuent ce
numéro expriment, à des degrés divers,
une désillusion. Ils apportent une réponse
à l’interrogaon formulée par Patrice
Duran : « Si l’évaluaon est souvent plus
un problème qu’une soluon, c’est tout
d’abord pour une raison simple, à savoir
qu’elle est une queson complexe car elle
constue un eort d’incorporaon des
procédures de recherche et d’analyse dans
une pragmaque de l’acon. » 1 (2010 : 9).
Mais, alors que Patrice Duran met en cause
l’insusante appropriaon de l’évaluaon
par la recherche, les contributeurs de ce
numéro soulignent plutôt le travail de mise à
distance de la connaissance et des méthodes
scienques opéré par l’évaluaon.
La polique de la ville est l’une des
poliques les plus évaluées. Comme d’autres
chercheurs, Chrisne Lelévrier y a apporté
sa contribuon. Avec d’autres, elle constate
aujourd’hui que les condions qui ont permis
cee collaboraon ont changé. Cela conduit
les spécialistes de cee polique à reprendre
à son égard une posture plus crique, mais
qui n’abolit pas toute collaboraon. Cee
coopéraon est bien moins intense en
France que dans d’autres pays, le Royaume-
Uni et l’Allemagne notamment. Ce qui amène
l’auteure à formuler cee queson : « Faut-
il […] renoncer à favoriser des disposifs de
rapprochement entre l’acon publique et la
recherche autour de l’évaluaon ? ». Elle y
répond de façon nuancée, en s’appuyant sur
ses propres travaux de recherche, portant
sur les eets de la rénovaon urbaine sur les
trajectoires résidenelles des populaons.
Son expérience de sociologue proche de
l’acon amène à penser que l’acon publique
est en mesure de se saisir de certains résultats
1 « Ce qui est une évidence dans le monde anglo-
saxon, l’est beaucoup moins chez nous pour une
raison simple, l’analyse des politiques publiques y
est d’installation récente et son appropriation par
les sciences sociales reste encore très partielle. »
p. 10
de recherche mais est aveugle à ceux qui
n’entrent pas dans sa propre logique.
Laurence Ould-Ferhat, à la fois chercheuse
et pracienne de l’évaluaon (notamment
des poliques économiques) dans des
collecvités territoriales, parle d’un « rendez-
vous manqué entre sociologie et évaluaon
au niveau local ». Ce raté ent notamment
aux manières de faire des consultants
qui se sont emparés de ce marché. Ils
développent des méthodes fondées sur le
mythe de la décision linéaire et raonnelle,
en toute méconnaissance de la liérature
sociologique qui l’a depuis longtemps mise en
pièce (Sfez, 1992). Même si une autre forme
d’évaluaon, fondée sur le « souci de soi »
naissant (selon l’expression de P. Bezès) des
administraons locales, débouche sur des
formes d’apprenssage collecf, des « freins
épistémologiques à une sociologie appliquée
à l’évaluaon des poliques publiques »
existent. Pour l’auteure, l’évaluaon met en
cause la transivité entre savoir scienque
et acon. Interrogaon fondamentale qui
montre encore une fois que la sociologie
apprend sur elle-même en s’intéressant à
l’évaluaon.
Comme la polique de la ville, à la
diérence d’autres champs d’acon aux
mains des administraons locales, le secteur
social et médico-social est, de longue date,
concerné par l’évaluaon. Le chercheur peut
donc y trouver un matériau parculièrement
riche et le bénéce du recul temporel.
Alain Thalineau et Michel Chauvière s’en
saisissent. Dans ce secteur l’évaluaon
s’applique notamment aux établissements et
services sociaux et médico-sociaux. Certains
des experts agréés pour eectuer les
évaluaons externes de ces établissements
revendiquaient la possibilité de choisir
librement leur cadre théorique. Alain
Thalineau, qui a travaillé avec l’un d’eux,
explore les condions de possibilité de cee
liberté, qui a eecvement permis de conférer
à l’évaluaon un fondement scienque.
Il montre que l’instuonnalisaon de
l’évaluaon les a fait disparaître. Sont en
cause non pas seulement les objecfs xés
par le cadre juridique mais la méthode qui
pousse à un consensualisme ignorant les
rapports de dominaon.
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Michel Chauvière a collaboré à
l’évaluaon de poliques sociales au sein de
la Mission recherche expérimentaon, au
ministère des Aaires sociales. Il y a praqué
une évaluaon relavement libre, « au risque
de la recherche ». Il constate lui aussi que
la marge de manœuvre du chercheur s’est
rétractée sous l’eet de la mutaon d’une
acon publique devenue plus technique et
court-termiste et de la professionnalisaon
de cee acvité. Lévaluaon change à
cause de la transformaon des organisaons
publiques et de l’avènement de ce nouveau
créneau de marché de l’experse. Pour cet
auteur, la transformaon de l’évaluaon
parcipe d’une évoluon plus profonde de
l’acon publique qui aecte profondément le
travail social « [les] savoir-faire de terrain, [les]
méers historiques et […] l’approche qualité
par la qualicaon de service public. » À cela
il répond par un programme de recherche
comprenant deux axes : « Analyser les
rapports sociaux d’évaluaon » et « les eets
de la densicaon normave ».
Ces textes contribuent à « désenchanter
l’évaluaon » (Thoenig). Ils alimentent aussi
la exion, toujours nécessaire, sur la
contribuon de la recherche scienque à
la décision polique et ses apories, dans le
sillage de Max Weber. Sur l’évaluaon, le
sociologue est sans doute contraint d’adopter
une posion schizophrénique : il n’est certes
pas contemplaf comme le constate Michel
Chauvière. Il lui sera sûrement arrivé de
regreer que l’acon publique ne enne pas
susamment compte de ses erreurs passées
(même s’il met à distance ses jugements
pour analyser lesdites « erreurs ») ou soit
trop inconséquente (même s’il sait combien
les eets d’une acon sont diciles à établir,
comme le rappelle Laurence Ould-Ferhat).
De l’intérêt pour la chose publique à la
tentaon de l’évaluaon il n’y a qu’un pas,
que beaucoup d’entre nous ont franchi ou
franchiront. En même temps, la praque
actuelle de l’évaluaon requiert une
extériorité crique.
Cee interrogaon sur le rapport entre
science et acon, liée à la réexion sur
les liens entre recherche et formaon
« professionnalisante », apparaît plus
essenelle que jamais à l’université. Elle est
aussi l’occasion de réarmer que la vocaon
de cee instuon est de former par la
recherche, qu’une vigilance scienque doit
s’exercer sur les contenus enseignés, que
les formaons ne sont pas pourvoyeuses
de recees professionnelles, ajustées aux
hypothéques aentes du marché de
l’emploi mais dotent les étudiants de moyens
pour construire les leurs. Le raisonnement
peut s’appliquer à l’évaluaon comme
à d’autres praques professionnelles :
l’exigence de professionnalisaon ne doit
pas faire régresser la vigilance crique.
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R., Jaeger M., Lévaluaon, enjeux
épistémologiques et sociaux, Dunod
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