L`aide aux personnes pourchassées et persécutées

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JANVIER 2008
IZ-Lettre 2008ter
25/01/08
16:45
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Cahier
pédagogique
Concours National
de la Résistance
et de la Déportation
Sujet de la session 2007-2008
L’aide aux personnes
persécutées
et pourchassées
en France pendant
la Seconde
Guerre mondiale :
une forme
de résistance
ider les personnes persécutées et pourchassées
constitue une forme de résistance que l’on peut
qualifier de non violente : la résistance civile, dont
les acteurs furent dans certains cas à leur tour
pourchassés, voire déportés ou exécutés.
« La résistance civile fut celle de la survie ; elle visait
à sauver ce qui pouvait l’être, sans attendre le renversement du rapport des forces militaires. Il s’agissait de faire
survivre des personnes pourchassées par les forces
de l’occupant et de la collaboration, de faire survivre
des valeurs et modes de vie profondément menacés
par le régime nazi. […] Il s’agit d’une démarche altruiste,
dangereuse, visant à dissimuler des personnes
recherchées afin de les soustraire à une fin tragique.
[…] La résistance civile apparaît comme complémentaire
à la résistance armée. […] A partir de 1943,
elle s’intègre de plus en plus dans des schémas d’actions
militaires ou paramilitaires. »
A
Jacques Sémelin, Résister sans armes face à Hitler.
La résistance civile en Europe (1939-1943).
A gauche :
Diane Popowski (p.10)
© Maison d’Izieu / coll. succession Sabine Zlatin
A droite :
Groupe de résistants
au Crêt de Chalam
autour de Paulette Mercier,
août 1944 (p.8)
(Inv. MHRD 1998.10.85,
Collection Musées des pays de l’Ain)
Le Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation
de l’Ain et du Haut-Jura analyse les aides apportées
aux résistants par le Service de Santé des maquis de
l’Ain et met en relief le rôle des Justes du département
de l’Ain.
Les documents réunis par la Maison d’Izieu mettent en
évidence la diversité de l’aide que la « colonie » a reçue
de la part à la fois d’individus isolés, ou d’organisations
structurées.
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D E S P R I N C I PA L E S M E S U R E S D ’ O P P R E S S I O N
1939 • 27 août : suspension des journaux communistes établissement de la censure
• 26 septembre : dissolution du Parti communiste français
1940 • juin : 1,6 million de soldats français prisonniers sont
transférés en Allemagne
• 22 juillet : loi de révision des naturalisations depuis 1927
• 30 juillet : épuration de l’administration française
• 2 août : le général De Gaulle est condamné à mort
par contumace
• 3 septembre : loi autorisant l’internement des individus
dangereux
• 27 septembre : première ordonnance du commandant
en chef allemand en zone occupée définissant les juifs
• 3 octobre : premier statut des juifs de Vichy
• 4 octobre : le maréchal Pétain promulgue une loi
autorisant l’internement des juifs étrangers sur décision
préfectorale dans des camps spéciaux
1941 • 29 mars : création du Commissariat général aux
questions juives
• 26 avril : nouvelle ordonnance allemande en zone
occupée concernant les juifs
• 14 mai : première rafle de juifs étrangers à Paris
• 2 juin : loi instaurant le recensement des juifs en France
• 22 juillet : loi de Vichy pour « éliminer toute influence
juive dans l’économie nationale »
• 13 août : ordonnance interdisant aux juifs de posséder
des postes de radio
• 20 août : deuxième rafle de juifs à Paris
• 22 août : ordonnance allemande dite « des otages »
• 24 août : loi instituant les tribunaux d’exception
contre les actions communistes
• 16 septembre : exécution de 10 otages par l’armée
allemande
• 7 décembre : le décret allemand « Nacht und Nebel »
(Nuit et Brouillard) ordonne la déportation pour tous
les ennemis du Reich et des forces d’occupation dans
les territoires occupés ; ils seront transférés en Allemagne
et disparaîtront dans le secret absolu
1942 • 20 janvier : ouverture de la Conférence de Wannsee
où sont mises au point les modalités de la « Solution
finale de la question juive »
• 19 février : ouverture du procès de Riom
• 27 mars : premier convoi de déportation de juifs à
destination d’Auschwitz
• 29 mai : ordonnance allemande sur le port de l’étoile
juive en zone occupée
• 16-17 juillet : rafle du Vel’ d’Hiv’
• 23-26 août : les juifs étrangers de la zone sud sont
livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy
• 25 août : les Alsaciens et Lorrains des territoires annexés
par le Reich doivent effectuer leur service militaire en
Allemagne
1943 • 30 janvier : création de la Milice
• 16 février : instauration du Service du Travail Obligatoire
(STO)
• février : premières déportations de Français à
Buchenwald
• 21 juin : arrestation de Jean Moulin à Caluire
2
(ALLEMANDES
ET FRANÇAISES)
• août : 86 personnes transférées d’Auschwitz sont
gazées au camp alsacien du Struthof
• 14 décembre : à Nantua, les Allemands arrêtent
et déportent 150 hommes en représailles
1944 • 10 janvier : Victor Basch, ancien président de
la Ligue des Droits de l’Homme, et son épouse
Hélène sont assassinés par des miliciens à Neyron
• 20 janvier : création de cours martiales expéditives
pour juger les « terroristes » (résistants)
• février : la ville de Belley est occupée par les Allemands
• 5, 6 et 7 février : actions de répression allemande sur
le plateau d’Hauteville et dans le Valromey (184
personnes arrêtées, 42 fusillées et 38 maisons incendiées)
• 19-21 février : 23 partisans FTP-MOI (main d’œuvre
immigrée) arrêtés en novembre 1943 sont exécutés
• 18-26 mars : les troupes allemandes et les miliciens
anéantissent le maquis des Glières (Haute-Savoie)
• 6 avril : rafle d’Izieu, sur ordre de la Gestapo,
44 enfants juifs et 7 éducateurs sont arrêtés et déportés
• 19 mai : 5 pensionnaires de la ferme de Saint-Germain,
Villemotier, tombent sous les balles des SS
• 5 juin : 9 lycéens résistants du lycée Lalande à Bourgen-Bresse, sont déportés
• 10 juin : massacre d’Oradour-sur-Glane
• 23 juin : les Allemands fusillent Joseph Viallaz, maire
d’Hauteville
• 10 juillet : les Allemands attaquent le maquis de Bourgen-Bresse, (1764 personnes sont arrêtées, 34 fusillées)
•12-22 juillet : répression allemande à Dortan où
18 personnes sont exécutées, des femmes violées et
le village incendié
• 14 juillet : Dagostini, chef de la Milice de l’Ain, fait arrêter
à l’hôpital de Nantua 9 blessés pour les faire fusiller
• 18 juillet : les Allemands détruisent Pressiat
• 19 juillet : de nouveau à l’hôpital de Nantua,
la Gestapo fait conduire 9 blessés à la morgue pour y
être fusillés
• 21-23 juillet : liquidation du maquis du Vercors
« Le Juif et la France », affiche, René Péron, septembre 1941,
Inv. affiche 1018, Bibliothèque de Documentation Internationale
Contemporaine (BDIC) et Musée d’Histoire Contemporaine
LA FRANCE
E T L E D É PA R T E M E N T D E L’A I N
( J U I N 1940 / AO Û T 1944)
En juin 1940, la défaite française face à l’offensive allemande se solde par un découpage du territoire.
Il ne cessera d’évoluer jusqu’à la fin de la guerre :
zone libre, zone occupée, zone interdite, zone italienne…
En raison de sa situation frontalière avec la Suisse et de sa géographie comprenant
plaines et montagnes, l’Ain se trouve pris au coeur des différents découpages qui,
selon la période, favorisent la création de maquis, l’afflux de juifs persécutés,
la répression allemande et la mise en place de réseaux d’aides et de sauvetages.
D
e juin 1940 à novembre 1942,
le territoire est soumis à deux
législations : celle de l’occupant au nord
de la ligne de démarcation, et celle
du gouvernement de Vichy au sud,
dite zone non occupée, dont fait partie
le département de l’Ain à l’exception
du Pays de Gex intégré à la zone
interdite.
Le gouvernement de Vichy, engagé dans
la collaboration, produit une législation
antisémite, anticommuniste et
xénophobe proche de celle des
Allemands. Il prend seul la décision de
dénaturaliser les étrangers devenus
français à partir de 1927.
Le 3 octobre 1940, il promulgue
un premier statut des juifs suivi,
le 4 octobre, d’une loi qui autorise
les préfets à interner « les étrangers
de race juive dans des camps spéciaux »
(camps d’internement français).
Les juifs sont privés de nombreux
droits et exclus de plusieurs métiers
dans les domaines de l’administration,
de l’enseignement, de la justice, de
la santé, ...
Le 11 novembre 1942, après le
débarquement des Alliés en Afrique
du Nord, l’armée allemande envahit
la zone sud. Les camps français sont
« vidés » et les internés qui s’y
trouvent sont déportés.
Le territoire compris entre la rivegauche du Rhône et la frontière
italienne est occupé par les Italiens
jusqu’au 8 septembre 1943 et
devient un refuge pour de nombreux
juifs.
Le département de l’Ain, en raison
de sa situation frontalière, connaît un
régime particulier. Sa partie située au
sud d’une ligne Ambérieu-en-Bugey –
Nantua – Bellegarde-sur-Valserine
se trouve dans cette zone italienne
tandis que le pays de Gex reste
inclus dans la zone interdite. Le reste
du département est occupé par
les Allemands.
Zone “libre” (ou zone Sud)
jusqu’en novembre 1942
Zone occupée
administration allemande de Paris
Zone occupée
administration de Bruxelles
Ligne de démarcation
Zone réservée
Région annexée au Reich
Mur de l’Atlantique
(zone interdite littorale)
Zone interdite au
retour des réfugiés
Zone d’occupation italienne
après novembre 1942
Découpage de la France à partir de juin 1940
Nantua et Izieu ont en commun
ces mêmes conditions spécifiques :
une occupation italienne peu répressive
suivie d’une brutale offensive allemande
qui se traduit par des représailles,
des exécutions et des rafles dès
le 14 décembre 1943.
Le STO
Le 16 février 1943, avec la complicité
active du gouvernement de Vichy
l’Allemagne nazie impose la mise en
place du STO (Service du Travail
Obligatoire) pour compenser le
manque de main d’œuvre dû à l’envoi
de ses soldats sur le front russe.
Les travailleurs forcés français sont
les seuls d’Europe à avoir été requis
par les lois de leur propre Etat, et
non pas par une ordonnance allemande.
Le STO, durant l’occupation de
la France par l’Allemagne nazie,
consiste à réquisitionner des centaines
de milliers de travailleurs français et
à les transférer en Allemagne afin de
participer à l’effort de guerre allemand
(usines, agriculture, chemins de fer…).
Les personnes réquisitionnées dans
le cadre du STO sont hébergées
dans des camps de travailleurs situés
sur le sol allemand. Le recrutement
se fait par classes d’âge entières.
Les jeunes gens nés entre 1920 et
1922 sont obligés de travailler en
Allemagne à titre de substitut de service
militaire.
Au total, 650 000 travailleurs français
sont acheminés vers l’Allemagne
entre juin 1942 et juillet 1944.
Le refus du STO provoque le départ
dans la clandestinité de près de
200 000 réfractaires, dont environ
un quart gagne les maquis en pleine
formation. Cela constitue un apport
considérable pour la Résistance.
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1939 • 27 août : suspension des journaux communistes établissement de la censure
• 26 septembre : dissolution du Parti communiste français
1940 • juin : 1,6 million de soldats français prisonniers sont
transférés en Allemagne
• 22 juillet : loi de révision des naturalisations depuis 1927
• 30 juillet : épuration de l’administration française
• 2 août : le général De Gaulle est condamné à mort
par contumace
• 3 septembre : loi autorisant l’internement des individus
dangereux
• 27 septembre : première ordonnance du commandant
en chef allemand en zone occupée définissant les juifs
• 3 octobre : premier statut des juifs de Vichy
• 4 octobre : le maréchal Pétain promulgue une loi
autorisant l’internement des juifs étrangers sur décision
préfectorale dans des camps spéciaux
1941 • 29 mars : création du Commissariat général aux
questions juives
• 26 avril : nouvelle ordonnance allemande en zone
occupée concernant les juifs
• 14 mai : première rafle de juifs étrangers à Paris
• 2 juin : loi instaurant le recensement des juifs en France
• 22 juillet : loi de Vichy pour « éliminer toute influence
juive dans l’économie nationale »
• 13 août : ordonnance interdisant aux juifs de posséder
des postes de radio
• 20 août : deuxième rafle de juifs à Paris
• 22 août : ordonnance allemande dite « des otages »
• 24 août : loi instituant les tribunaux d’exception
contre les actions communistes
• 16 septembre : exécution de 10 otages par l’armée
allemande
• 7 décembre : le décret allemand « Nacht und Nebel »
(Nuit et Brouillard) ordonne la déportation pour tous
les ennemis du Reich et des forces d’occupation dans
les territoires occupés ; ils seront transférés en Allemagne
et disparaîtront dans le secret absolu
1942 • 20 janvier : ouverture de la Conférence de Wannsee
où sont mises au point les modalités de la « Solution
finale de la question juive »
• 19 février : ouverture du procès de Riom
• 27 mars : premier convoi de déportation de juifs à
destination d’Auschwitz
• 29 mai : ordonnance allemande sur le port de l’étoile
juive en zone occupée
• 16-17 juillet : rafle du Vel’ d’Hiv’
• 23-26 août : les juifs étrangers de la zone sud sont
livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy
• 25 août : les Alsaciens et Lorrains des territoires annexés
par le Reich doivent effectuer leur service militaire en
Allemagne
1943 • 30 janvier : création de la Milice
• 16 février : instauration du Service du Travail Obligatoire
(STO)
• février : premières déportations de Français à
Buchenwald
• 21 juin : arrestation de Jean Moulin à Caluire
2
(ALLEMANDES
ET FRANÇAISES)
• août : 86 personnes transférées d’Auschwitz sont
gazées au camp alsacien du Struthof
• 14 décembre : à Nantua, les Allemands arrêtent
et déportent 150 hommes en représailles
1944 • 10 janvier : Victor Basch, ancien président de
la Ligue des Droits de l’Homme, et son épouse
Hélène sont assassinés par des miliciens à Neyron
• 20 janvier : création de cours martiales expéditives
pour juger les « terroristes » (résistants)
• février : la ville de Belley est occupée par les Allemands
• 5, 6 et 7 février : actions de répression allemande sur
le plateau d’Hauteville et dans le Valromey (184
personnes arrêtées, 42 fusillées et 38 maisons incendiées)
• 19-21 février : 23 partisans FTP-MOI (main d’œuvre
immigrée) arrêtés en novembre 1943 sont exécutés
• 18-26 mars : les troupes allemandes et les miliciens
anéantissent le maquis des Glières (Haute-Savoie)
• 6 avril : rafle d’Izieu, sur ordre de la Gestapo,
44 enfants juifs et 7 éducateurs sont arrêtés et déportés
• 19 mai : 5 pensionnaires de la ferme de Saint-Germain,
Villemotier, tombent sous les balles des SS
• 5 juin : 9 lycéens résistants du lycée Lalande à Bourgen-Bresse, sont déportés
• 10 juin : massacre d’Oradour-sur-Glane
• 23 juin : les Allemands fusillent Joseph Viallaz, maire
d’Hauteville
• 10 juillet : les Allemands attaquent le maquis de Bourgen-Bresse, (1764 personnes sont arrêtées, 34 fusillées)
•12-22 juillet : répression allemande à Dortan où
18 personnes sont exécutées, des femmes violées et
le village incendié
• 14 juillet : Dagostini, chef de la Milice de l’Ain, fait arrêter
à l’hôpital de Nantua 9 blessés pour les faire fusiller
• 18 juillet : les Allemands détruisent Pressiat
• 19 juillet : de nouveau à l’hôpital de Nantua,
la Gestapo fait conduire 9 blessés à la morgue pour y
être fusillés
• 21-23 juillet : liquidation du maquis du Vercors
« Le Juif et la France », affiche, René Péron, septembre 1941,
Inv. affiche 1018, Bibliothèque de Documentation Internationale
Contemporaine (BDIC) et Musée d’Histoire Contemporaine
LA FRANCE
E T L E D É PA R T E M E N T D E L’A I N
( J U I N 1940 / AO Û T 1944)
En juin 1940, la défaite française face à l’offensive allemande se solde par un découpage du territoire.
Il ne cessera d’évoluer jusqu’à la fin de la guerre :
zone libre, zone occupée, zone interdite, zone italienne…
En raison de sa situation frontalière avec la Suisse et de sa géographie comprenant
plaines et montagnes, l’Ain se trouve pris au coeur des différents découpages qui,
selon la période, favorisent la création de maquis, l’afflux de juifs persécutés,
la répression allemande et la mise en place de réseaux d’aides et de sauvetages.
D
e juin 1940 à novembre 1942,
le territoire est soumis à deux
législations : celle de l’occupant au nord
de la ligne de démarcation, et celle
du gouvernement de Vichy au sud,
dite zone non occupée, dont fait partie
le département de l’Ain à l’exception
du Pays de Gex intégré à la zone
interdite.
Le gouvernement de Vichy, engagé dans
la collaboration, produit une législation
antisémite, anticommuniste et
xénophobe proche de celle des
Allemands. Il prend seul la décision de
dénaturaliser les étrangers devenus
français à partir de 1927.
Le 3 octobre 1940, il promulgue
un premier statut des juifs suivi,
le 4 octobre, d’une loi qui autorise
les préfets à interner « les étrangers
de race juive dans des camps spéciaux »
(camps d’internement français).
Les juifs sont privés de nombreux
droits et exclus de plusieurs métiers
dans les domaines de l’administration,
de l’enseignement, de la justice, de
la santé, ...
Le 11 novembre 1942, après le
débarquement des Alliés en Afrique
du Nord, l’armée allemande envahit
la zone sud. Les camps français sont
« vidés » et les internés qui s’y
trouvent sont déportés.
Le territoire compris entre la rivegauche du Rhône et la frontière
italienne est occupé par les Italiens
jusqu’au 8 septembre 1943 et
devient un refuge pour de nombreux
juifs.
Le département de l’Ain, en raison
de sa situation frontalière, connaît un
régime particulier. Sa partie située au
sud d’une ligne Ambérieu-en-Bugey –
Nantua – Bellegarde-sur-Valserine
se trouve dans cette zone italienne
tandis que le pays de Gex reste
inclus dans la zone interdite. Le reste
du département est occupé par
les Allemands.
Zone “libre” (ou zone Sud)
jusqu’en novembre 1942
Zone occupée
administration allemande de Paris
Zone occupée
administration de Bruxelles
Ligne de démarcation
Zone réservée
Région annexée au Reich
Mur de l’Atlantique
(zone interdite littorale)
Zone interdite au
retour des réfugiés
Zone d’occupation italienne
après novembre 1942
Découpage de la France à partir de juin 1940
Nantua et Izieu ont en commun
ces mêmes conditions spécifiques :
une occupation italienne peu répressive
suivie d’une brutale offensive allemande
qui se traduit par des représailles,
des exécutions et des rafles dès
le 14 décembre 1943.
Le STO
Le 16 février 1943, avec la complicité
active du gouvernement de Vichy
l’Allemagne nazie impose la mise en
place du STO (Service du Travail
Obligatoire) pour compenser le
manque de main d’œuvre dû à l’envoi
de ses soldats sur le front russe.
Les travailleurs forcés français sont
les seuls d’Europe à avoir été requis
par les lois de leur propre Etat, et
non pas par une ordonnance allemande.
Le STO, durant l’occupation de
la France par l’Allemagne nazie,
consiste à réquisitionner des centaines
de milliers de travailleurs français et
à les transférer en Allemagne afin de
participer à l’effort de guerre allemand
(usines, agriculture, chemins de fer…).
Les personnes réquisitionnées dans
le cadre du STO sont hébergées
dans des camps de travailleurs situés
sur le sol allemand. Le recrutement
se fait par classes d’âge entières.
Les jeunes gens nés entre 1920 et
1922 sont obligés de travailler en
Allemagne à titre de substitut de service
militaire.
Au total, 650 000 travailleurs français
sont acheminés vers l’Allemagne
entre juin 1942 et juillet 1944.
Le refus du STO provoque le départ
dans la clandestinité de près de
200 000 réfractaires, dont environ
un quart gagne les maquis en pleine
formation. Cela constitue un apport
considérable pour la Résistance.
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Les persécutions
Dans toute la France, des personnes
sont persécutées pour ce qu’elles sont :
juives, tziganes, étrangères. D’autres
sont pourchassées pour leurs actions
de désobéissance civile, de refus de
l’occupation : communistes, gaullistes,
francs-maçons, réfractaires au STO,
opposants et résistants.
Le nombre total des victimes de ces
répressions est mal connu : plusieurs
milliers de personnes ont été assassinées par les nazis en France même,
dont une partie avec la complicité
directe du gouvernement français et
des collaborateurs.
Selon Henri Rousso, on estime à
87 000 hommes et femmes (résistants,
civils, condamnés de droit commun,
homosexuels…) le nombre de
déportés dans les camps de
concentration allemands (Dachau,
Buchenwald, Ravensbrück…) dont
40% n’ont pas survécu.
Sur une population estimée à
350 000 avant la guerre, environ
76 000 juifs de France ont été déportés
vers les camps d’extermination de
Pologne ; 2 500 ont survécu. Parmi
ces déportés il y avait 2 000 enfants
de moins de six ans, 8 700 enfants
de 6 à 7 ans et 9 700 personnes de
plus de 60 ans.
Les persécutions recouvrent toutes
les formes de violences possibles,
de la pression psychologique à
la désignation publique comme juif,
à l’arrestation, la torture, la déportation
et l’exécution.
L ’ A I D E C I V I L E AU X R É S I S TA N T S
La documentation sur les formes de secours apportées aux proscrits de la société
entre 1940 et 1944 est bien souvent très parcellaire. C’est pourquoi le musée d’Histoire
de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura a choisi de présenter pour le dossier
seulement l’exemple du Service de Santé du maquis, pour lequel il dispose d’une documentation
relativement fournie sur le sujet : collections, archives et témoignages oraux.
L
a situation géographique du département de l'Ain
(dont les limites sont formées par les vallées de
la Saône et du Rhône et par la frontière suisse à l'est) et
la présence d'axes de communication européens vers
la Suisse, l'Italie et l'est en font un secteur particulièrement
stratégique durant la Seconde Guerre mondiale.
La présence par ailleurs d'une topographie à la fois de
plaines et collines à l'ouest et de la zone de moyenne
montagne ouverte du Bugey à l'est, ainsi que la mise en
place de la ligne de démarcation, puis de la zone d'occupation italienne dans le Bas Bugey, vont favoriser le refuge
et les passages frontaliers. Les proscrits du régime de
Vichy vont tenter de fuir vers la Suisse, se réfugier dans
LE
4
S E R V I C E D E S A N T É D E S M A Q U I S D E L’A I N
Découpage de la France. Détail de la région de l’Ain
La résistance civile :
le tournant de l’année 1942
Avec l’intensification de la guerre,
les persécutions sont de plus en plus
nombreuses et visibles. Une part
croissante de la population est choquée
et certaines personnes réagissent en
portant secours aux victimes.
Les acteurs de cette résistance civile
viennent de tous les horizons de la
société. Ce sont des individus isolés
ou appartenant à des groupes
sociaux ou politiques, qui interviennent
par sympathie, esprit de solidarité
« Avis très important concernant les atterrissages d’aviateurs et parachutages », 6 juillet 1943,
Inv. MHRD 1998.17.30, Coll. Musées des pays de l’Ain
les maquis, où se cacher dans cette zone de moyenne
montagne. Les Alliés britanniques, conscients de l’intérêt
de la topographie du département vont établir en Bresse
et en Dombes une véritable base logistique pour
approvisionner la majeure partie des groupes de résistance
dans la région Rhône-Alpes et en Saône-et-Loire.
Les formes d’aides apportées aux personnes persécutées
ou pourchassées ont été multiples. Certains vont cacher
des personnes, d’autres vont confectionner des fauxpapiers, approvisionner les maquis, soigner les résistants
blessés, tenter de faire passer la frontière à des familles
juives… Cette aide est le fait de personnes individuelles
ou de réseaux plus ou moins organisés.
ou pour des raisons culturelles,
politiques ou juridiques.
Les formes de résistance civile sont
individuelles ou collectives, anonymes,
clandestines ou publiques. Le sauvetage
des juifs en est l’une des formes les
plus fréquentes.
L’opinion publique et les prises de
position de certains responsables
administratifs, juridiques, politiques
ou religieux (représentants des institutions) encouragent ou provoquent
des initiatives. Ainsi se développent
de multiples formes d’aide :
on (gendarmes, policiers,
fonctionnaires) prévient les victimes
désignées ; on héberge, on cache ;
on ravitaille, on fournit de faux-papiers ;
on fait passer la ligne de démarcation,
les frontières ; on dénonce, on proteste,
on manifeste.
Les journaux et bulletins clandestins
soutiennent ces actions en dénonçant
et défiant la légitimité du pouvoir.
Les premières aides apportées
par des médecins à
la Résistance dans l’Ain
De nombreux membres du corps
médical ont aidé la Résistance,
le maquis, ou se sont engagés dans
des mouvements de résistance
dans l’Ain.
A Bourg-en-Bresse, le chirurgien
dentiste Rémond Charvet est responsable du Service de Renseignement
des Mouvements Unis de la Résistance.
Le docteur Poncet est membre du
Comité Départemental de Libération
clandestin et est aussi inspecteur
départemental de la Santé.
Le docteur Gustave Léger, médecin
des prisons, facilite l’évasion de
résistants et accueille à son domicile
des réunions importantes des
Mouvements Unis de la Résistance
où sont présents Jean Moulin et
le général Delestraint.
A Nantua, Emile Mercier, médecin,
devient chef de l’Armée Secrète
et s’engage dès 1940 avec son épouse
Paulette, pharmacienne, dans
la Résistance. Fin 1943, il prend
la responsabilité du Service de Santé
des camps des maquis de l’Ain avec
quelques médecins : les docteurs
Noël, Bastian et Caraco de Thoirette.
Dénoncé, il est fusillé lors de la rafle
du 14 décembre 1943.
A partir de juin 1944, s’organise un
véritable Service de Santé du maquis.
Les Docteurs Georges, Guillet,
Parker et le Service de Santé
du maquis de l’Ain
Jacques Guttières dit « Docteur
Georges », adhérent du mouvement
« Libération » depuis 1942, est
contraint de quitter son poste de
médecin ORL à Villeneuve-sur-Lot,
suite à son fort engagement dans
la résistance locale. Sur l’ordre d’Henri
Gabrielle, responsable du Comité
Médical de la Résistance auprès de
l’Etat Major régional des Forces
Françaises de l’Intérieur, Jacques
Guttières est affecté au maquis
de l’Ain pour organiser un Service
de Santé en avril 1944. Il est aidé par
le Docteur René Guillet qui le rejoint
le 24 juin 1944, et une douzaine
d’autres médecins.
Sa première tâche consiste à recruter
de jeunes médecins et à les affecter
aux groupements principaux de
combattants. Ainsi par exemple, le
Docteur Valentin (Paulin) est affecté
au camp Rolland, le Docteur Bastien
au camp Jo, le Docteur Leteyssier
dans le secteur de Jujurieux, le Docteur
Weiler au groupement Chabot.
Il se met ensuite en quête de
matériel sanitaire. Il organise par
ailleurs des Postes de Secours disposant
de quelques lits dans des locaux vides
sous la responsabilité de médecins à
Hauteville, Champagne-en-Valromey,
Brénod, Bellegarde-sur-Valserine,
Saint-Germain-de-Joux, Oyonnax,
Chavannes-sur-Suran, Corveissiat…
Des postes de repli sont prévus en
cas d’attaque à Lantenay, au Poizat,
à Charix.
Fin juin 1944, des hôpitaux
complémentaires sont installés à
Oyonnax et dans l’hôtel de France
à Nantua .
Dans la nuit du 7 au 8 juillet,
le chirurgien britannique Geoffray
Edward Parker dit « Parsifal »
débarque d’un avion Dakota avec du
matériel. Le 9 juillet 1944, un centre
chirurgical est organisé sous sa direction
dans l’Ecole Pratique d’Oyonnax.
Début août 1944, sur ordre d’Henri
Petit dit « Romans », chef des maquis
de l’Ain, « Parsifal », spécialiste en
chirurgie de guerre, prend la direction
du Service de Santé et est secondé
par René Guillet.
René Guillet,
Coll. René Guillet
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Les persécutions
Dans toute la France, des personnes
sont persécutées pour ce qu’elles sont :
juives, tziganes, étrangères. D’autres
sont pourchassées pour leurs actions
de désobéissance civile, de refus de
l’occupation : communistes, gaullistes,
francs-maçons, réfractaires au STO,
opposants et résistants.
Le nombre total des victimes de ces
répressions est mal connu : plusieurs
milliers de personnes ont été assassinées par les nazis en France même,
dont une partie avec la complicité
directe du gouvernement français et
des collaborateurs.
Selon Henri Rousso, on estime à
87 000 hommes et femmes (résistants,
civils, condamnés de droit commun,
homosexuels…) le nombre de
déportés dans les camps de
concentration allemands (Dachau,
Buchenwald, Ravensbrück…) dont
40% n’ont pas survécu.
Sur une population estimée à
350 000 avant la guerre, environ
76 000 juifs de France ont été déportés
vers les camps d’extermination de
Pologne ; 2 500 ont survécu. Parmi
ces déportés il y avait 2 000 enfants
de moins de six ans, 8 700 enfants
de 6 à 7 ans et 9 700 personnes de
plus de 60 ans.
Les persécutions recouvrent toutes
les formes de violences possibles,
de la pression psychologique à
la désignation publique comme juif,
à l’arrestation, la torture, la déportation
et l’exécution.
L ’ A I D E C I V I L E AU X R É S I S TA N T S
La documentation sur les formes de secours apportées aux proscrits de la société
entre 1940 et 1944 est bien souvent très parcellaire. C’est pourquoi le musée d’Histoire
de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura a choisi de présenter pour le dossier
seulement l’exemple du Service de Santé du maquis, pour lequel il dispose d’une documentation
relativement fournie sur le sujet : collections, archives et témoignages oraux.
L
a situation géographique du département de l'Ain
(dont les limites sont formées par les vallées de
la Saône et du Rhône et par la frontière suisse à l'est) et
la présence d'axes de communication européens vers
la Suisse, l'Italie et l'est en font un secteur particulièrement
stratégique durant la Seconde Guerre mondiale.
La présence par ailleurs d'une topographie à la fois de
plaines et collines à l'ouest et de la zone de moyenne
montagne ouverte du Bugey à l'est, ainsi que la mise en
place de la ligne de démarcation, puis de la zone d'occupation italienne dans le Bas Bugey, vont favoriser le refuge
et les passages frontaliers. Les proscrits du régime de
Vichy vont tenter de fuir vers la Suisse, se réfugier dans
LE
4
S E R V I C E D E S A N T É D E S M A Q U I S D E L’A I N
Découpage de la France. Détail de la région de l’Ain
La résistance civile :
le tournant de l’année 1942
Avec l’intensification de la guerre,
les persécutions sont de plus en plus
nombreuses et visibles. Une part
croissante de la population est choquée
et certaines personnes réagissent en
portant secours aux victimes.
Les acteurs de cette résistance civile
viennent de tous les horizons de la
société. Ce sont des individus isolés
ou appartenant à des groupes
sociaux ou politiques, qui interviennent
par sympathie, esprit de solidarité
« Avis très important concernant les atterrissages d’aviateurs et parachutages », 6 juillet 1943,
Inv. MHRD 1998.17.30, Coll. Musées des pays de l’Ain
les maquis, où se cacher dans cette zone de moyenne
montagne. Les Alliés britanniques, conscients de l’intérêt
de la topographie du département vont établir en Bresse
et en Dombes une véritable base logistique pour
approvisionner la majeure partie des groupes de résistance
dans la région Rhône-Alpes et en Saône-et-Loire.
Les formes d’aides apportées aux personnes persécutées
ou pourchassées ont été multiples. Certains vont cacher
des personnes, d’autres vont confectionner des fauxpapiers, approvisionner les maquis, soigner les résistants
blessés, tenter de faire passer la frontière à des familles
juives… Cette aide est le fait de personnes individuelles
ou de réseaux plus ou moins organisés.
ou pour des raisons culturelles,
politiques ou juridiques.
Les formes de résistance civile sont
individuelles ou collectives, anonymes,
clandestines ou publiques. Le sauvetage
des juifs en est l’une des formes les
plus fréquentes.
L’opinion publique et les prises de
position de certains responsables
administratifs, juridiques, politiques
ou religieux (représentants des institutions) encouragent ou provoquent
des initiatives. Ainsi se développent
de multiples formes d’aide :
on (gendarmes, policiers,
fonctionnaires) prévient les victimes
désignées ; on héberge, on cache ;
on ravitaille, on fournit de faux-papiers ;
on fait passer la ligne de démarcation,
les frontières ; on dénonce, on proteste,
on manifeste.
Les journaux et bulletins clandestins
soutiennent ces actions en dénonçant
et défiant la légitimité du pouvoir.
Les premières aides apportées
par des médecins à
la Résistance dans l’Ain
De nombreux membres du corps
médical ont aidé la Résistance,
le maquis, ou se sont engagés dans
des mouvements de résistance
dans l’Ain.
A Bourg-en-Bresse, le chirurgien
dentiste Rémond Charvet est responsable du Service de Renseignement
des Mouvements Unis de la Résistance.
Le docteur Poncet est membre du
Comité Départemental de Libération
clandestin et est aussi inspecteur
départemental de la Santé.
Le docteur Gustave Léger, médecin
des prisons, facilite l’évasion de
résistants et accueille à son domicile
des réunions importantes des
Mouvements Unis de la Résistance
où sont présents Jean Moulin et
le général Delestraint.
A Nantua, Emile Mercier, médecin,
devient chef de l’Armée Secrète
et s’engage dès 1940 avec son épouse
Paulette, pharmacienne, dans
la Résistance. Fin 1943, il prend
la responsabilité du Service de Santé
des camps des maquis de l’Ain avec
quelques médecins : les docteurs
Noël, Bastian et Caraco de Thoirette.
Dénoncé, il est fusillé lors de la rafle
du 14 décembre 1943.
A partir de juin 1944, s’organise un
véritable Service de Santé du maquis.
Les Docteurs Georges, Guillet,
Parker et le Service de Santé
du maquis de l’Ain
Jacques Guttières dit « Docteur
Georges », adhérent du mouvement
« Libération » depuis 1942, est
contraint de quitter son poste de
médecin ORL à Villeneuve-sur-Lot,
suite à son fort engagement dans
la résistance locale. Sur l’ordre d’Henri
Gabrielle, responsable du Comité
Médical de la Résistance auprès de
l’Etat Major régional des Forces
Françaises de l’Intérieur, Jacques
Guttières est affecté au maquis
de l’Ain pour organiser un Service
de Santé en avril 1944. Il est aidé par
le Docteur René Guillet qui le rejoint
le 24 juin 1944, et une douzaine
d’autres médecins.
Sa première tâche consiste à recruter
de jeunes médecins et à les affecter
aux groupements principaux de
combattants. Ainsi par exemple, le
Docteur Valentin (Paulin) est affecté
au camp Rolland, le Docteur Bastien
au camp Jo, le Docteur Leteyssier
dans le secteur de Jujurieux, le Docteur
Weiler au groupement Chabot.
Il se met ensuite en quête de
matériel sanitaire. Il organise par
ailleurs des Postes de Secours disposant
de quelques lits dans des locaux vides
sous la responsabilité de médecins à
Hauteville, Champagne-en-Valromey,
Brénod, Bellegarde-sur-Valserine,
Saint-Germain-de-Joux, Oyonnax,
Chavannes-sur-Suran, Corveissiat…
Des postes de repli sont prévus en
cas d’attaque à Lantenay, au Poizat,
à Charix.
Fin juin 1944, des hôpitaux
complémentaires sont installés à
Oyonnax et dans l’hôtel de France
à Nantua .
Dans la nuit du 7 au 8 juillet,
le chirurgien britannique Geoffray
Edward Parker dit « Parsifal »
débarque d’un avion Dakota avec du
matériel. Le 9 juillet 1944, un centre
chirurgical est organisé sous sa direction
dans l’Ecole Pratique d’Oyonnax.
Début août 1944, sur ordre d’Henri
Petit dit « Romans », chef des maquis
de l’Ain, « Parsifal », spécialiste en
chirurgie de guerre, prend la direction
du Service de Santé et est secondé
par René Guillet.
René Guillet,
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L’ A I D E
A U X R É S I S TA N T S À L’ H Ô P I TA L D E
L’aide du personnel médical
de l’hôpital
A l’hôpital de Nantua, dès 1940,
la complicité du docteur Jacques Touillon
chirurgien, de Fernand Geoffray,
directeur et de la Mère Supérieure
Sœur Joannas, de nombreux clandestins
et résistants malades ou blessés sont
cachés et soignés.
Le Capitaine Romans-Petit décide à
l’automne 1943, en concertation avec
les docteurs Touillon, Mercier, médecin
à Nantua, et Romars, de l’utilisation
de l’ambulance de Nantua pour le
transport de maquisards gravement
blessés vers le Centre Hospitalier,
les blessés légers recevant des soins
sur place.
La bienveillance
de quelques civils
L’hôpital est bien approvisionné en
matériel de soins (coton, gaze, tarlatane, sparadrap…) et régulièrement
ravitaillé grâce au soutien de
Monsieur Nattier des Laboratoires
Sajier de Bellegarde-sur-Valserine et
de l’aide de Gabriel Grobon, Simon
Pernod, Louis Pettini.
L’ H Ô P I TA L
A M B U L A N T DA N S L A F O R Ê T D ’A P R E M O N T E N J U I L L E T
1944
Afin de les soustraire aux vraisemblables représailles des Allemands envers
les résistants, tous les blessés des hôpitaux d’Oyonnax et de Nantua, à l’exception
des « intransportables » de Nantua (dont neuf seront fusillés le 19 juillet 1944 à
la Croix-Châlon) sont évacués vers la colonie de vacances de la Gotette à
Apremont le 12 juillet 1944.
Suite aux risques que faisait encourir à la population civile d’Apremont ce regroupement, le capitaine Romans-Petit ordonne une dispersion. Trente blessés sont
conduits dans une sapinière, dont onze grâce aux paysans d’Apremont et leurs
chars à bœufs. Le maire du village, Alphonse Levrat, a quant à lui la responsabilité
de cacher le matériel médical du chirurgien britannique Parker.
Les blessés restent onze jours en forêt sous la surveillance médicale de Jacques
Guttières (Docteur Georges), de Madame Mercier, pharmacienne, épouse du
Docteur Mercier fusillé par les Allemands le 14 décembre 1943, de Lily, infirmière à
Oyonnax, et de Germaine Bernardi du groupe Franc Tireur Partisan d’Oyonnax dont
le frère fait partie des blessés.
Le 16 juillet 1944, les Allemands fouillent toutes les habitations d’Apremont et
emportent tout le matériel médical laissé à La Gotette. Ils se rendent à quelques
mètres du campement en forêt sans toutefois le découvrir.
Le 23 juillet 1944, un orage oblige le repli des blessés dans la maison abandonnée
du maire à Apremont. Tous sont transférés le lendemain au Crêt de Chalam dans le
Haut-Jura, où une infirmerie de fortune est installée par le chirurgien anglais
Geoffrey Edward Parker dans une grange. Tous les blessés sont sains et saufs.
Des résistants blessés
soignés et cachés
Lors de la rafle de Nantua du 14
décembre 1943, malgré une fouille
par les Allemands de l’hôpital, aucun
des 35 maquisards qui y séjournent
n’est découvert. Fin juin 1944,
un hôpital complémentaire est installé
à l’hôtel de France de Nantua.
De 1943 à 1944, plus de 550 résistants
sont hospitalisés à Nantua, autant y
reçoivent des soins.
Colonie de vacances de la « Gotette »,
6
NANTUA
Coll. René Guillet
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AIDER
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LES PERSONNES PERSÉCUTÉES ET POURCHASSÉES
La tragédie de juillet 1944
à l’hôpital de Nantua
A l’annonce de la progression des
Allemands vers Nantua, l’évacuation
de l’hôpital est décidée le 12 juillet
1944 en début d’après-midi.
Une partie des blessés rejoint la forêt
à pied, d’autres sont acheminés vers
la colonie de vacances de la Gotette
en ambulance ou camion.
Il ne reste à l’hôpital qu’une dizaine
d’intransportables et quatre blessés
allemands prisonniers des F.F.I.
Représailles
Vers 16h, les Allemands, suivis de la
Gestapo puis des miliciens de Dagostini,
occupent l’hôpital, inspectent les salles
et procèdent à des interrogatoires,
opérations qu’ils renouvellent durant
plusieurs jours.
Le 14 juillet 1944, Dagostini, chef de
la Milice de l’Ain, fait arrêter à l’hôpital
9 blessés pour les faire fusiller.
L’économe de l’hôpital, Fernand
Geoffray, et la Mère Supérieure
s’interposent, et après une discussion
orageuse obtiennent la promesse du
transport des blessés à l’hôpital
de Bourg-en-Bresse. Tous le sont
effectivement, à l’exception d’Yves
Gaillot, reconnu pour avoir tué
un milicien, retrouvé fusillé le 15 juillet.
Le 19 juillet 1944, la Gestapo revient,
désigne neuf blessés et ordonne
de les conduire à la morgue pour
les fusiller. Il s’agit de Pierre Gayat,
56 ans secrétaire de Mairie de
Saint-Rambert ;
André Burtschell, 36 ans
juge de paix à Saint-Rambert ;
Joseph Marguin, 50 ans
garde-champêtre à Saint-Rambert ;
Albert Bertin, 17 ans ;
Mohamed Kheroumi, 25 ans ;
Roger Morand, 21 ans ;
Lucien Gay, 24 ans ;
André Bullon, 20 ans ;
Jean Vuitton, 28 ans.
Un blessé a déjà été transporté à
la morgue lorsque le major Kock,
officier de la Wehrmacht, intervient.
Alerté par la Supérieure, il fait arrêter
cette barbarie et négocie un transfert
:
UN ENGAGEMENT RISQUÉ
vers un autre hôpital. Les blessés tous
incapables de se tenir debout sont
chargés couchés sur des matelas dans
un camion à benne basculante.
Les cadavres de ces hommes sont
retrouvés quelques heures plus tard
dans la carrière de Montréal-la-Cluse
à la Croix-Châlon, alignés sur deux rangs
à même le sol. Trois des victimes,
Gayat, Burtschell, et Marguin étaient
les rescapés d’une exécution collective
qui avait eu lieu à Saint-Rambert-enBugey le 8 juillet. Ils ont donc été
fusillés deux fois.
Principaux maquis de l’Ain dans le Bugey, 1943-1944.
Légende
Camp de maquis
Terrain d’atterrissage clandestin
7
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G E O F F R E Y E D WA R D P A R K E R D I T « P A R S I F A L »
Major de l’armée britannique, spécialiste en chirurgie de guerre,
il s’est porté volontaire pour soigner les maquisards de l’Ain
dans le cadre de la mission Marksman du Special Operation
Executive. Parachuté à Izernore dans la nuit du 7 au 8 juillet
1944, il est affecté au Service Santé du maquis et de l’Armée
Secrète à l’hôpital d’Oyonnax. Lors de l’attaque allemande de
juillet 1944, il se replie avec le maquis au Crêt de Chalam. Il
prend la direction du Service de Santé début août 1944.
LE DOCTEUR RENÉ GUILLET
Chef de clinique chirurgicale des Hospices Civils de Lyon, le
docteur René Guillet sur recommandation du docteur Marx
dit « Renaud », membre du Comité Médical de la Résistance,
rejoint les maquis de l’Ain le 24 juin 1944 et aide Jacques
Guttières dit « docteur Georges » à mettre en place un
Service de Santé des maquis.
Le capitaine Henri Petit dit « Romans », chef des maquis de
l’Ain, le détache le 8 juillet 1944 auprès de Geoffray Parker
dit « Parsifal » comme aide chirurgical avec mission d’aider
à l’organisation d’un centre chirurgical à l’Ecole Pratique
d’Oyonnax. La durée de cet hôpital fut brève, l’armée allemande déclenchant des opérations de représailles dès le
9 juillet 1944.
Centre hospitalier
Centre chirurgical
Poste de secours
Poste de repli
L’organisation du Service de Santé des maquis
8
René Guillet prend l’initiative, avec l’aide du docteur Hazemann, d’évacuer tous les blessés de l’hôpital d’Oyonnax à la
colonie de vacances la Gotette à Apremont où stationnait une
section résistante de Francs Tireurs Partisans commandée
par Louis Mathieu. A défaut d’autres moyens de transport disponibles, une trentaine de blessés lourds sont chargés dans
la nuit du 11 au 12 juillet 1944 dans des bennes à ordures,
les autres étant partis par leurs propres moyens dans la forêt.
Le 1er août 1944, René Guillet remplace Jacques Guttières
au poste de médecin départemental.
LES DOCTEURS EMILE GUILLET ET BEYSSAC
Né à Oyonnax en 1916, Emile Guillet, jeune Interne des
Hôpitaux de Lyon, rejoint le Service de Santé des maquis de
l’Ain et du Haut-Jura en juin 1944. Lors des attaques allemandes de juillet 1944, il prend en charge un Poste de
Secours à Saint-Germain-de-Joux dans la clinique du docteur
Guillermet avec son camarade d’internat, le docteur Lucien
Beyssac. Tous deux sont ensuite responsables du Poste MédicoChirurgical de Charnod sur les premiers contreforts du Jura
dans le secteur d’Elie Deschamps dit « Ravignan ».
Groupe de résistants au Crêt de Chalam autour de Paulette Mercier, août
1944. Inv. MHRD 1998.10.85, Collection Musées des pays de l’Ain
PA U L E T T E M E R C I E R
Pharmacienne à Nantua, hostile à la défaite et au maréchal
Pétain, Paulette Mercier s’engage dans la Résistance dès
1940, aux côtés de son mari, le Docteur Emile Mercier. Aux
heures les plus sombres de l’antisémitisme, le couple Mercier,
en relation avec des réseaux d’évasion, aide les juifs et autres
clandestins à passer en Suisse et place les jeunes filles juives
dans des familles du département. En juillet 1944, lors de la
contre-attaque allemande, Paulette est menacée d’arrestation.
Elle décide de rejoindre la colonie de vacances de la Gotette
à Apremont transformée en hôpital où ont été transportés
les blessés des hôpitaux de Nantua et Oyonnax. Elle demeure
aux côtés des blessés durant leurs onze jours de refuge en
forêt. Puis les blessés sont transférés au Crêt de Chalam où
le Poste de Commandement de Noël Perrotot dit « Montréal », chef du Groupement Nord des maquis de l’Ain s’est
replié. Là, Paulette assiste le chirurgien anglais « Parsifal » et
dirige une équipe d’infirmières. La Libération survient quelques
jours plus tard.
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ACCUEILLIR
E T S A U V E R L E S J U I F S R É F U G I É S D A N S L ’A I N
La frontière avec la Suisse puis l’occupation italienne d’une partie de l’Ain
ont pour conséquence la création d’une zone refuge pour les juifs de France.
Des filières de sauvetage se mettent en place,
des enfants juifs sont accueillis dans des familles
et une colonie est créée à Izieu.
LES
VO I E S D E PA S SAG E P O U R L E C A N TO N D E
De tous les cantons suisses, Genève
est le seul à avoir conservé les dossiers de toutes les personnes qui se
sont présentées à ses frontières entre
1942 et 1945. Les témoins retrouvés
sont pour les deux tiers des réfugiés
parvenus à la frontière, acceptés ou
refoulés, le tiers restant est composé
de passeurs, de paysans habitant en
bordure de la frontière et aussi de
douaniers et de soldats.
La politique fédérale en matière d'ac-
cueil est inconstante et incohérente,
mais laisse souvent une marge de
manœuvre aux personnes travaillant
sur le terrain, douaniers et militaires
au premier plan. En novembre 1942,
les soldats italiens préposés à la surveillance de la frontière franco-suisse
ne font pas de zèle, ce qui ne sera
pas le cas des soldats allemands
venus les remplacer en septembre
1943. Les travaux de Ruth FivazSilbermann montrent que, de 1942 à
GENÈVE
1945, 23 000 personnes, dont 10 000
étaient juives, ont franchi la frontière
genevoise ; parmi elles, 5 des enfants
d’Izieu ont trouvé refuge en Suisse.
2 000 d'entre elles furent refoulées,
dont 900 juifs. On dénombre 117
personnes déportées à la suite de
leur refoulement. Dans le contexte
de l'époque, ce chiffre est des plus
bas, mais il correspond tout de
même à 117 vies humaines sacrifiées.
Quelques exemples d’aide à des familles juives
LE REFUGE DU DOMAINE DU SAPPEL
En 1942, le pasteur suisse Roland de
Pury installé à Lyon, membre actif de
« l’Organisme de Secours aux Enfants
israélites » prend contact, par l’intermédiaire de Paulette Mercier de Nantua,
avec les familles Jaccard-Monney et
Dupeyreix d’origine suisse, exploitantes
au domaine du Sappel, pour établir une
filière avec la Suisse.
Situé dans le Bugey à proximité de Labalme sur Cerdon entre Lyon et Genève, ce
domaine est un refuge pour plusieurs
fillettes d’origine juive : Sophie et Rachèle
Markowitz, Fanny Krinbert, Hélène
Sismann et sa mère. Il sert également de
lieu de transit vers la frontière.
André Monney, relayé par la famille
Fonjallaz à Prévessin-Moens, assure
notamment le passage en Suisse de douze enfants juifs.
Claude et Colette dans sa maison de les Croix-Rouge alliées, les œuvres
campagne de Grièges jusqu’à la Libéra- catholiques, protestantes, israélites, le
tion en septembre 1944.
Secours Quaker, l’Aide suisse aux enfants,
crée sous l’occupation différentes filières
clandestines dont l’une vers la Suisse. Il
RENÉ NODOT
René Nodot, délégué du Service social réussit à sauver de la déportation et de
des étrangers pour l’Ain et le Jura, en liai- la mort plus de 200 femmes, enfants,
son avec les mouvements de Résistance, adolescents et vieillards juifs.
Passage d’enfants juifs en Suisse à travers la frontière genevoise par l’OSE et les réseaux de résistance juive associés
Janvier 1943 :
2 convois refoulés, 12 enfants (dont 3 accueillis)
Février 1943 :
8 convois, 81 enfants
Août à octobre 1943 :
36 convois, 398 enfants
Mars à juin 1944 :
42 convois, 516 enfants (dont 44 arrêtés en France)
Entre octobre 1942 et mai 1944,
84 enfants passent, isolés ou en mini-groupes
MARIE LACROIX,
Marie Lacroix héberge de 1942 à 1945
à Miribel quatre enfants juifs confiés par
leurs parents.
A L E X A N D R E N I C O L O T,
Alexandre Nicolot fait admettre, à
l’hôpital rural de Saint-Laurent-surSaône, Jules et Marthe Bloch d’origine
juive. Il recueille leurs deux enfants
9
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S’ENGAGER
16:48
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POUR LA COLONIE D’IZIEU
Les documents réunis par
la Maison d’Izieu mettent en
évidence la diversité de l’aide
que la « colonie des enfants
réfugiés de l’Hérault » a reçue
de la part à la fois d’individus
isolés, ou d’organisations
structurées.
L’engagement de Sabine Zlatin
Sabine Zlatin nait à Varsovie
le 13 janvier 1907. Elle fuit
la Pologne et arrive en France vers
1925. Elle étudie l’histoire de l’art à
l’Université de Nancy où elle
rencontre son époux, Miron Zlatin,
juif d’origine russe, ingénieur
agronome. Tous deux s’installent à
Landas dans le Nord et exploitent
un élevage avicole. Ils sont naturalisés
français en juillet 1939.
A la déclaration de guerre, Sabine
Zlatin décide de se rendre à Lille
suivre des cours de la Croix-Rouge
pour devenir infirmière militaire. A
cause de l’avancée allemande, après
un bref passage à Paris et à Argentan
Sabine Zlatin
© Maison d’Izieu, coll. Succession Sabine Zlatin
:
DES SOLIDARITÉS INSTITUTIONNELLES ET LOCALES
où Sabine avait été affectée à l’hôpital,
Miron et Sabine se replient à
Montpellier. Ils s’installent dans une
petite ferme dans la banlieue. Sabine
Zlatin est engagée à l’hôpital militaire
de Lauwe. En 1941, elle est congédiée
parce qu’elle est juive.
Elle contacte alors la Préfecture de
l’Hérault* car elle veut « faire
quelque chose » pour les étrangers
juifs internés dans les camps.
L’assistante sociale lui confirme « qu’il
y avait, à Agde, un camp de réfugiés
étrangers, juifs pour la plupart, et où
se trouvaient des femmes et des
enfants. » C’est l’OSE, Œuvre de
Secours aux Enfants,* qui est chargée
du service social. Engagée comme
assistante sociale pour le camp
d’Agde, Sabine est autorisée par la
Préfecture à faire sortir quatre ou
cinq enfants de moins de dix ans à
chaque visite.
« Je n’avais pas à choisir les cas
sociaux, je ne pouvais que prendre
les enfants dont les mères se bousculaient autour de moi. » En uniforme
d’infirmière et munie d’autorisations
administratives, elle agit parfois
clandestinement, cachant des enfants
sous sa cape d’infirmière comme
la petite Diane Popowski, ou achetant
les gardiens pour qu’ils ferment
les yeux.
L’OSE accueille de nombreux enfants
sortis des camps d’internement au
solarium marin de Palavas-les-Flots
mis à disposition par l’abbé Prévost*.
Au printemps 1942, Sabine Zlatin en
prend la direction.
A partir d’août 1942, les enfants juifs
sont envoyés dans des convois vers
les camps de la mort. L’ OSE met
tous ses moyens pour sauver le
maximum d’enfants en les dispersant
dans différents hébergements de
la zone non occupée. Fin 1942, après
l’occupation de la zone sud par
l’armée allemande, l’OSE ferme
toutes les maisons et « quitte
les lieux ». Parmi ces maisons, celle
de Campestre abrite quatorze
enfants. La Préfecture de l’Hérault
persuade les époux Zlatin de les
prendre en charge pour les conduire
* Cf glossaire page 13
10
Colonie d’Izieu, été 1943.
Au fond, debout sur la fontaine, Théo Reis,
devant lui, Aimé Perticoz, voisin de la colonie.
© coll. Philippe Dehan
dans la zone d’occupation italienne ;
en avril 1943, ils se réfugient à Chambéry
en Savoie. Sur les recommandations
de M. Fridrici, chef de division à la
préfecture de l’Hérault, Sabine Zlatin
rencontre à Belley Pierre-Marcel
Wiltzer, Sous-préfet de l’Ain. Ce
dernier propose alors son aide pour
installer une maison d’enfants réfugiés
au village d’Izieu.
Sources :
Sabine Zlatin,
Mémoires de la « Dame d’Izieu »
collection Témoins/Gallimard, et
Pierre-Jérôme Biscarat,
Les enfants d’Izieu 6 avril 1944.
Un crime contre l’humanité,
le Dauphiné Libéré, collection
Les Patrimoines
S’ENGAGER
POUR LA COLONIE D’IZIEU
L’aide de la Sous-préfecture
Aux enfants de Campestre
s’ajoutent à la colonie d’Izieu de nouveaux arrivants provenant de différentes maisons d’enfants cachés. Leur
nombre ne cesse de croître pour
atteindre, en septembre 1943, la
soixantaine. Un petit groupe d’éducateurs est chargé de leur encadrement. Quant à l’administration de
l’OSE, elle verse des pensions pour
les enfants dépendant de ses services. Le Sous-préfet Pierre-Marcel
Wiltzer fait alors valoir son influence
pour aider au bon fonctionnement
de la colonie. Il est secondé activement dans sa tâche par sa secrétaire
en chef, Marie-Antoinette Cojean.
Pour le ravitaillement, il récupère
une quarantaine de cartes d’alimentation mais elles ne suffisent pas à
nourrir tous les enfants. A BrégnierCordon, la boulangerie et la boucherie donnent des denrées ainsi que la
confiserie Bilbor qui distribue quelquefois des sucreries et du chocolat.
Les meubles et les couvertures sont
fournis par le Secours national.
La bonne volonté
de fonctionnaires
de l’Education Nationale
La volonté de scolariser les
enfants va être l’un des premiers
soucis de la direction de la colonie
d’Izieu. Des fonctionnaires de
l’Education nationale vont se mobiliser pour les aider. Le 4 mai 1943,
Marcel Bulka, 13 ans, fait sa rentrée
en classe de sixième, au cours du
3ème trimestre, au collège moderne
de garçons de Belley. Il est le premier
enfant à être scolarisé. Pour la rentrée d’octobre 1943, Marcel Bulka
est accompagné de Max Balsam, 12
Pierre-Marcel Wiltzer, Sous-préfet de Belley © Wiltzer
:
DES SOLIDARITÉS INSTITUTIONNELLES ET LOCALES
Carte postale datant de l’avant-guerre représentant la maison qui hébergea la colonie d'Izieu.
© Maison d’Izieu / Collection succession Sabine Zlatin
ans, qui rentre en cinquième ; Henri
Goldberg, 12 ans, est orienté au sein
du même établissement en 1ère
année de l’école saisonnière d’agriculture et d’artisanat rural. En
décembre, c’est un nouvel arrivant à
Izieu qui fait sa rentrée, Maurice
Gerenstein, 12 ans.
L’accueil de ces enfants doit
beaucoup à la personnalité du directeur du collège moderne de Belley :
Gaston Lavoille. Marcel Ramillon,
ancien élève du collège se souvient :
« La carrure d’un catcheur, la poigne
solide, une chevelure poivre et sel,
épaisse et légèrement ondulante, toujours habillé d’une manière élégante
que soulignait un éternel nœud
papillon, tel apparaissait Gaston
Lavoille. (...) Avant d’être le Directeur
de l’Ecole Primaire Supérieure de
Belley, il avait été professeur d’histoiregéographie à l’Ecole Normale de Bourg.
(...) Sa formation d’historien l’a aidé à
comprendre les enjeux de l’époque et
à assumer pleinement sa responsabilité
d’homme et de chef d’établissement :
accueillir quatre enfants juifs de la colonie d’Izieu n’était pas une entreprise
sans risque, Belley avait son lot de collaborateurs et de miliciens ». Un voile
de discrétion entoure ces nouveaux
venus. André Castelnau, qui avait leur
âge, évoque l’atmosphère particulière
de leur arrivée : « On nous a discrètement mis au courant en nous recommandant de ne pas trop leur parler ou
tout au moins les questionner.
Nous jouions tous le jeu : “bonjour”,
“bonjour”, “ça va”, “ça va”.
Les jours passent et à la faveur
des conversations entre professeurs et
les nouveaux arrivants, nous essayons
de comprendre d’autant que nous
avons appris qu’ils ne mangent pas
au réfectoire mais qu’ils logent chez
Madame et Monsieur Lavoille ».
Parallèlement, dans les premiers
mois de l’installation de la colonie, se
pose aussi le problème de la scolarisation des plus jeunes dans le primaire.
Dans ses « Mémoires », Pierre-Marcel
Wiltzer, rapporte la proposition qu’il
fit à Sabine Zlatin : « (...) vers le mois
de juin, juillet, je proposais à mon interlocutrice de créer une classe pour ces
enfants, dans le souci de leur donner
un but, une occupation. Avec son
accord, je demandais à l’Inspecteur
Primaire, M. Gonnet, la possibilité de
créer ce poste et il fut immédiatement
consentant. Il n’était évidemment pas
question de mêler le ministère à l’affaire :
cela s’est fait en douce avec
l’Inspection Académique. On a parlé
d’enfants réfugiés, ce qui n’a pas posé
de problème, la région de Lyon étant
noyée de dizaines de milliers de
réfugiés expulsés de la Moselle. »
Ce qui fut fait. En plein cœur de l’été,
le dossier est sérieusement suivi par
M. Gonnet, l’Inspecteur de
l’Enseignement Primaire de Belley.
De concert avec l’Inspecteur
d’Académie de l’Ain à Bourg-en-Bresse
et le maire d’Izieu Henri Tissot,
M. Gonnet obtient du Ministère de
l’Education Nationale, le 23 septembre
1943, l’autorisation d’ « ouvrir, à titre
essentiellement provisoire et pour la
durée de la guerre, une classe primaire
destinée aux enfants réfugiés de
11
IZ-Lettre 2008ter
25/01/08
S’ENGAGER
16:48
Page 10
POUR LA COLONIE D’IZIEU
Les documents réunis par
la Maison d’Izieu mettent en
évidence la diversité de l’aide
que la « colonie des enfants
réfugiés de l’Hérault » a reçue
de la part à la fois d’individus
isolés, ou d’organisations
structurées.
L’engagement de Sabine Zlatin
Sabine Zlatin nait à Varsovie
le 13 janvier 1907. Elle fuit
la Pologne et arrive en France vers
1925. Elle étudie l’histoire de l’art à
l’Université de Nancy où elle
rencontre son époux, Miron Zlatin,
juif d’origine russe, ingénieur
agronome. Tous deux s’installent à
Landas dans le Nord et exploitent
un élevage avicole. Ils sont naturalisés
français en juillet 1939.
A la déclaration de guerre, Sabine
Zlatin décide de se rendre à Lille
suivre des cours de la Croix-Rouge
pour devenir infirmière militaire. A
cause de l’avancée allemande, après
un bref passage à Paris et à Argentan
Sabine Zlatin
© Maison d’Izieu, coll. Succession Sabine Zlatin
:
DES SOLIDARITÉS INSTITUTIONNELLES ET LOCALES
où Sabine avait été affectée à l’hôpital,
Miron et Sabine se replient à
Montpellier. Ils s’installent dans une
petite ferme dans la banlieue. Sabine
Zlatin est engagée à l’hôpital militaire
de Lauwe. En 1941, elle est congédiée
parce qu’elle est juive.
Elle contacte alors la Préfecture de
l’Hérault* car elle veut « faire
quelque chose » pour les étrangers
juifs internés dans les camps.
L’assistante sociale lui confirme « qu’il
y avait, à Agde, un camp de réfugiés
étrangers, juifs pour la plupart, et où
se trouvaient des femmes et des
enfants. » C’est l’OSE, Œuvre de
Secours aux Enfants,* qui est chargée
du service social. Engagée comme
assistante sociale pour le camp
d’Agde, Sabine est autorisée par la
Préfecture à faire sortir quatre ou
cinq enfants de moins de dix ans à
chaque visite.
« Je n’avais pas à choisir les cas
sociaux, je ne pouvais que prendre
les enfants dont les mères se bousculaient autour de moi. » En uniforme
d’infirmière et munie d’autorisations
administratives, elle agit parfois
clandestinement, cachant des enfants
sous sa cape d’infirmière comme
la petite Diane Popowski, ou achetant
les gardiens pour qu’ils ferment
les yeux.
L’OSE accueille de nombreux enfants
sortis des camps d’internement au
solarium marin de Palavas-les-Flots
mis à disposition par l’abbé Prévost*.
Au printemps 1942, Sabine Zlatin en
prend la direction.
A partir d’août 1942, les enfants juifs
sont envoyés dans des convois vers
les camps de la mort. L’ OSE met
tous ses moyens pour sauver le
maximum d’enfants en les dispersant
dans différents hébergements de
la zone non occupée. Fin 1942, après
l’occupation de la zone sud par
l’armée allemande, l’OSE ferme
toutes les maisons et « quitte
les lieux ». Parmi ces maisons, celle
de Campestre abrite quatorze
enfants. La Préfecture de l’Hérault
persuade les époux Zlatin de les
prendre en charge pour les conduire
* Cf glossaire page 13
10
Colonie d’Izieu, été 1943.
Au fond, debout sur la fontaine, Théo Reis,
devant lui, Aimé Perticoz, voisin de la colonie.
© coll. Philippe Dehan
dans la zone d’occupation italienne ;
en avril 1943, ils se réfugient à Chambéry
en Savoie. Sur les recommandations
de M. Fridrici, chef de division à la
préfecture de l’Hérault, Sabine Zlatin
rencontre à Belley Pierre-Marcel
Wiltzer, Sous-préfet de l’Ain. Ce
dernier propose alors son aide pour
installer une maison d’enfants réfugiés
au village d’Izieu.
Sources :
Sabine Zlatin,
Mémoires de la « Dame d’Izieu »
collection Témoins/Gallimard, et
Pierre-Jérôme Biscarat,
Les enfants d’Izieu 6 avril 1944.
Un crime contre l’humanité,
le Dauphiné Libéré, collection
Les Patrimoines
S’ENGAGER
POUR LA COLONIE D’IZIEU
L’aide de la Sous-préfecture
Aux enfants de Campestre
s’ajoutent à la colonie d’Izieu de nouveaux arrivants provenant de différentes maisons d’enfants cachés. Leur
nombre ne cesse de croître pour
atteindre, en septembre 1943, la
soixantaine. Un petit groupe d’éducateurs est chargé de leur encadrement. Quant à l’administration de
l’OSE, elle verse des pensions pour
les enfants dépendant de ses services. Le Sous-préfet Pierre-Marcel
Wiltzer fait alors valoir son influence
pour aider au bon fonctionnement
de la colonie. Il est secondé activement dans sa tâche par sa secrétaire
en chef, Marie-Antoinette Cojean.
Pour le ravitaillement, il récupère
une quarantaine de cartes d’alimentation mais elles ne suffisent pas à
nourrir tous les enfants. A BrégnierCordon, la boulangerie et la boucherie donnent des denrées ainsi que la
confiserie Bilbor qui distribue quelquefois des sucreries et du chocolat.
Les meubles et les couvertures sont
fournis par le Secours national.
La bonne volonté
de fonctionnaires
de l’Education Nationale
La volonté de scolariser les
enfants va être l’un des premiers
soucis de la direction de la colonie
d’Izieu. Des fonctionnaires de
l’Education nationale vont se mobiliser pour les aider. Le 4 mai 1943,
Marcel Bulka, 13 ans, fait sa rentrée
en classe de sixième, au cours du
3ème trimestre, au collège moderne
de garçons de Belley. Il est le premier
enfant à être scolarisé. Pour la rentrée d’octobre 1943, Marcel Bulka
est accompagné de Max Balsam, 12
Pierre-Marcel Wiltzer, Sous-préfet de Belley © Wiltzer
:
DES SOLIDARITÉS INSTITUTIONNELLES ET LOCALES
Carte postale datant de l’avant-guerre représentant la maison qui hébergea la colonie d'Izieu.
© Maison d’Izieu / Collection succession Sabine Zlatin
ans, qui rentre en cinquième ; Henri
Goldberg, 12 ans, est orienté au sein
du même établissement en 1ère
année de l’école saisonnière d’agriculture et d’artisanat rural. En
décembre, c’est un nouvel arrivant à
Izieu qui fait sa rentrée, Maurice
Gerenstein, 12 ans.
L’accueil de ces enfants doit
beaucoup à la personnalité du directeur du collège moderne de Belley :
Gaston Lavoille. Marcel Ramillon,
ancien élève du collège se souvient :
« La carrure d’un catcheur, la poigne
solide, une chevelure poivre et sel,
épaisse et légèrement ondulante, toujours habillé d’une manière élégante
que soulignait un éternel nœud
papillon, tel apparaissait Gaston
Lavoille. (...) Avant d’être le Directeur
de l’Ecole Primaire Supérieure de
Belley, il avait été professeur d’histoiregéographie à l’Ecole Normale de Bourg.
(...) Sa formation d’historien l’a aidé à
comprendre les enjeux de l’époque et
à assumer pleinement sa responsabilité
d’homme et de chef d’établissement :
accueillir quatre enfants juifs de la colonie d’Izieu n’était pas une entreprise
sans risque, Belley avait son lot de collaborateurs et de miliciens ». Un voile
de discrétion entoure ces nouveaux
venus. André Castelnau, qui avait leur
âge, évoque l’atmosphère particulière
de leur arrivée : « On nous a discrètement mis au courant en nous recommandant de ne pas trop leur parler ou
tout au moins les questionner.
Nous jouions tous le jeu : “bonjour”,
“bonjour”, “ça va”, “ça va”.
Les jours passent et à la faveur
des conversations entre professeurs et
les nouveaux arrivants, nous essayons
de comprendre d’autant que nous
avons appris qu’ils ne mangent pas
au réfectoire mais qu’ils logent chez
Madame et Monsieur Lavoille ».
Parallèlement, dans les premiers
mois de l’installation de la colonie, se
pose aussi le problème de la scolarisation des plus jeunes dans le primaire.
Dans ses « Mémoires », Pierre-Marcel
Wiltzer, rapporte la proposition qu’il
fit à Sabine Zlatin : « (...) vers le mois
de juin, juillet, je proposais à mon interlocutrice de créer une classe pour ces
enfants, dans le souci de leur donner
un but, une occupation. Avec son
accord, je demandais à l’Inspecteur
Primaire, M. Gonnet, la possibilité de
créer ce poste et il fut immédiatement
consentant. Il n’était évidemment pas
question de mêler le ministère à l’affaire :
cela s’est fait en douce avec
l’Inspection Académique. On a parlé
d’enfants réfugiés, ce qui n’a pas posé
de problème, la région de Lyon étant
noyée de dizaines de milliers de
réfugiés expulsés de la Moselle. »
Ce qui fut fait. En plein cœur de l’été,
le dossier est sérieusement suivi par
M. Gonnet, l’Inspecteur de
l’Enseignement Primaire de Belley.
De concert avec l’Inspecteur
d’Académie de l’Ain à Bourg-en-Bresse
et le maire d’Izieu Henri Tissot,
M. Gonnet obtient du Ministère de
l’Education Nationale, le 23 septembre
1943, l’autorisation d’ « ouvrir, à titre
essentiellement provisoire et pour la
durée de la guerre, une classe primaire
destinée aux enfants réfugiés de
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Page 12
POUR LA COLONIE D’IZIEU
:
Gaston Lavoille, directeur du collège moderne de Belley. Année scolaire 1945-1946 © Coll. Roger Perticoz
la Maison d’enfants d’Izieu ».
Le 18 octobre, une jeune institutrice
de 21 ans, Gabrielle Perrier, recrutée
par M. Gonnet lui-même, fait sa
rentrée devant les élèves de la colonie
d’Izieu.
Le rôle bienveillant
de la gendarmerie
Une brigade de la gendarmerie
nationale se trouvait en poste à
Brégnier-Cordon à 2 km au sud
d’Izieu. En l’état actuel des
recherches, les témoignages et les
documents d’archives sembleraient
nous indiquer que cette brigade était
intervenue au moins à quatre
reprises en faveur du personnel de la
colonie d’Izieu.
Le 21 août 1943, Le Préfet
régional de Lyon transmet par télégramme au Préfet de l’Ain des instructions selon lesquelles il convient
d’arrêter des juifs « aptes au travail »
pour les diriger sur l’organisation
TODT (Service du Travail Obligatoire
pour les juifs de France). Le même
jour, à Brégnier-Cordon, les gendarmes délivrent un sauf-conduit à
un éducateur de la colonie d’Izieu,
Léon Reifman, juif roumain agé de 29
ans, étudiant en médecine. Ce document lui donne le droit de se rendre
librement à Chambéry du 22 au 30
août. Le 23 août, Léon Reifman quitte Izieu en possession de son saufconduit. Le 24 août, le Maréchal des
Logis-chef de Gendarmerie de
Brégnier-Cordon, Marcel Fontaine, se
rend à Izieu en fin de soirée, à 22
heures, avec pour ordre de l’arrêter.
Sans succès puisqu’il est parti la veille.
12
GLOSSAIRE
DES SOLIDARITÉS INSTITUTIONNELLES ET LOCALES
Dans un courrier au Préfet de l’Ain,
le 30 août, Sabine Zlatin indique que
Léon Reifman n’est pas rentré à la
colonie et qu’il l’a avertie par téléphone qu’il ne reviendrait pas à Izieu.
Le 4 septembre 1943, le Préfet de la
Savoie écrit au Préfet de l’Ain pour
l’informer que les recherches effectuées dans son « département en vue
de retrouver la trace de cet étranger
sont demeurées infructueuses à ce jour ».
Nous formulons l’hypothèse que le
sauf-conduit a été délivré délibérément
par la gendarmerie de Brégnier-Cordon
afin que Léon Reifman échappe à
son arrestation. Si cette thèse se
confirmait, les gendarmes auraient
sauvé la vie de Léon Reifman car
après avoir travaillé au sein de la
TODT, les juifs étaient déportés.
D’autres faits plaident en faveur de
la bienveillance de la gendarmerie.
En septembre ou en octobre 1943,
Paul Niedermann, 15 ans, a dû
précipitamment quitter Izieu :
« Un jour est arrivé un gendarme. Il a
dit que j’étais trop grand, que j’attirerai
un jour ou l’autre l’attention. Je suis
parti immédiatement à Grenoble. J’ai
fini par aboutir dans un presbytère à
Douvaine ; le curé, un saint-homme
décédé à Buchenwald, avait des passeurs. J’ai été dans un groupe qui a
réussi à franchir la frontière suisse.
J’ai su que la traque était finie. »
Paul Niedermann vit aujourd’hui en
région parisienne. Il témoigne régulièrement pour des élèves ou des étudiants, aussi bien en France qu’en
Allemagne.
Autre cas, celui de Rachel et
Serge Pludermarcher, éducateurs à la
maison d’Izieu. Rachel est enceinte.
Dans un témoignage livré à l’historienne Katy Hazan, elle raconte que
lors d’une visite médicale, elle
apprend par un gendarme qu’une
rafle se prépare. Ce n’est pas la première fois qu’une telle rumeur se
répand, mais Serge et Rachel décident de ne pas retourner à Izieu
avant la naissance de leur fils
Georges. Leur départ est confirmé
par les archives dans un courrier de
Sabine Zlatin, daté du 9 mars 1944,
adressé au Préfet de l’Ain dans lequel
elle précise que Rachel « a quitté notre
maison ces jours-ci, munie d’un saufconduit, et m’avertit par la suite qu’elle ne
reviendra plus travailler ». Sauf-conduit
délivré par la gendarmerie.
Enfin, Léa Feldblum, jeune éducatrice juive polonaise de 24 ans, se
voit remettre un sauf-conduit par la
gendarmerie de Brégnier-Cordon afin
de se rendre dans l’Hérault entre le
9 et le 25 mars 1944. Elle avait pour
mission de trouver un lieu pour les
enfants dans un département moins
exposé. Fin mars, elle est de retour à
la colonie. Elle est arrêtée le jour de
la rafle puis déportée à Auschwitz.
Elle sera la seule du groupe d’Izieu à
revenir des camps.
L’aide du voisinage
Les relations avec le voisinage
sont bonnes, notamment avec la
famille Perticoz dont la ferme se
trouve à proximité de la maison. Les
animaux de la ferme font partie des
distractions des plus jeunes. Julien
Favet, employé des Perticoz, a les
faveurs de certains enfants qui lui
apportent son casse-croûte quand il
travaille aux champs.
Des personnes du village aident
la colonie. Ainsi la famille Héritier qui
habite le village d’Izieu accueille
Yvette Benguigui 2 ans, la petite
sœur des trois frères Benguigui. Elle
est hébergée plusieurs mois. Quant à
la famille Borgey, elle recueille deux
enfants juifs qui ne proviennent pas
de la colonie mais de la famille
d’un médecin lyonnais. Le 6 avril
1944, Mme Borgey ira cacher
ces deux enfants dans la montagne.
Ils ne seront pas inquiétés.
OSE, Œuvre de Secours aux Enfants
Créée en 1912 en Russie tsariste
antisémite, la Société pour la protection sanitaire des populations juives
décide de mener une action humanitaire envers les juifs nécessiteux.
En 1923, à Berlin, elle fonde une organisation internationale, l’Union-OSE.
En 1933, l’arrivée des nazis l’oblige à
déplacer son siège à Paris. En 1935,
sa filiale française est créée sous le
nom « Œuvre de secours aux
enfants et de protection de la santé
des populations juives ».
Après l’armistice du 22 juin 1940,
l’OSE installe son siège à Vichy puis
le transfère à Montpellier.
En novembre 1941, elle est intégrée
à l’UGIF (Union Générale des
Israélites de France).
Préfecture de l’Hérault
Le personnel de la préfecture de
l’Hérault adopte une attitude courageuse en favorisant le sauvetage
d’enfants juifs. M. Benedetti, Préfet
régional, M. Ernst, secrétaire général,
et M. Fridrici, chef de division,
délivrent des autorisations pour
la libération de jeunes internés dans
les camps.
C’est M. Fridrici qui signale à
Sabine Zlatin un groupe d’enfants à
prendre en charge d’urgence. Ce
sont ces enfants que Miron et Sabine
Zlatin emmènent avec eux en zone
italienne.
L'abbé Prévost © BNF / Maison d'Izieu, collection Sabine Zlatin
L’abbé Prévost
Il est parfois difficile de trouver
rapidement une place pour accueillir
les enfants que l’OSE fait sortir
des camps. L’abbé Prévost, directeur
de l’Institut Saint-Jean-François-Régis
à Montpellier (Hérault) propose
d’utiliser le sanatorium1 Saint-Roch à
Palavas-les-Flots (Hérault) comme
lieu de transit.
« Je voudrais ici rendre un hommage
tout particulier à l’abbé Prévost pour
l’accueil chaleureux qu’il me réserva
toujours. Il prit bon nombre d’enfants
dans son établissement, surtout des
garçons. Un jour que je lui amenais
cinq garçons, il appela la mère
supérieure et lui dit : « Ces enfants
sont juifs. Vous ne les emmènerez
pas à la messe le dimanche.
Débrouillez-vous. » C’était révélateur
de la générosité de coeur de l’abbé
Sabine Zlatin, opus cit.
Prévost. »
1
Brouillon d’une lettre de Sabine Zlatin,
adressée à Pierre-Marcel Wiltzer, Sous-préfet
de Belley, fin 1943 :
« Grâce à vous, M. le Sous-préfet, une colonie
d’enfants réfugiés a trouvé gîte dans votre
arrondissement. Depuis notre venue à Izieu,
vous nous avez témoigné votre sympathie par
une multitude d’attentions auxquelles nous
sommes expressément sensibles. (...)
Permettez-moi, au nom de nos enfants, et de
toute la colonie de vous souhaiter une bonne et
heureuse année 1944, et la réalisation de tous
vos voeux les plus chers. »
© Maison d’Izieu / Succession Sabine Zlatin
sanatorium : maison de santé.
13
IZ-Lettre 2008ter
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POUR LA COLONIE D’IZIEU
:
Gaston Lavoille, directeur du collège moderne de Belley. Année scolaire 1945-1946 © Coll. Roger Perticoz
la Maison d’enfants d’Izieu ».
Le 18 octobre, une jeune institutrice
de 21 ans, Gabrielle Perrier, recrutée
par M. Gonnet lui-même, fait sa
rentrée devant les élèves de la colonie
d’Izieu.
Le rôle bienveillant
de la gendarmerie
Une brigade de la gendarmerie
nationale se trouvait en poste à
Brégnier-Cordon à 2 km au sud
d’Izieu. En l’état actuel des
recherches, les témoignages et les
documents d’archives sembleraient
nous indiquer que cette brigade était
intervenue au moins à quatre
reprises en faveur du personnel de la
colonie d’Izieu.
Le 21 août 1943, Le Préfet
régional de Lyon transmet par télégramme au Préfet de l’Ain des instructions selon lesquelles il convient
d’arrêter des juifs « aptes au travail »
pour les diriger sur l’organisation
TODT (Service du Travail Obligatoire
pour les juifs de France). Le même
jour, à Brégnier-Cordon, les gendarmes délivrent un sauf-conduit à
un éducateur de la colonie d’Izieu,
Léon Reifman, juif roumain agé de 29
ans, étudiant en médecine. Ce document lui donne le droit de se rendre
librement à Chambéry du 22 au 30
août. Le 23 août, Léon Reifman quitte Izieu en possession de son saufconduit. Le 24 août, le Maréchal des
Logis-chef de Gendarmerie de
Brégnier-Cordon, Marcel Fontaine, se
rend à Izieu en fin de soirée, à 22
heures, avec pour ordre de l’arrêter.
Sans succès puisqu’il est parti la veille.
12
GLOSSAIRE
DES SOLIDARITÉS INSTITUTIONNELLES ET LOCALES
Dans un courrier au Préfet de l’Ain,
le 30 août, Sabine Zlatin indique que
Léon Reifman n’est pas rentré à la
colonie et qu’il l’a avertie par téléphone qu’il ne reviendrait pas à Izieu.
Le 4 septembre 1943, le Préfet de la
Savoie écrit au Préfet de l’Ain pour
l’informer que les recherches effectuées dans son « département en vue
de retrouver la trace de cet étranger
sont demeurées infructueuses à ce jour ».
Nous formulons l’hypothèse que le
sauf-conduit a été délivré délibérément
par la gendarmerie de Brégnier-Cordon
afin que Léon Reifman échappe à
son arrestation. Si cette thèse se
confirmait, les gendarmes auraient
sauvé la vie de Léon Reifman car
après avoir travaillé au sein de la
TODT, les juifs étaient déportés.
D’autres faits plaident en faveur de
la bienveillance de la gendarmerie.
En septembre ou en octobre 1943,
Paul Niedermann, 15 ans, a dû
précipitamment quitter Izieu :
« Un jour est arrivé un gendarme. Il a
dit que j’étais trop grand, que j’attirerai
un jour ou l’autre l’attention. Je suis
parti immédiatement à Grenoble. J’ai
fini par aboutir dans un presbytère à
Douvaine ; le curé, un saint-homme
décédé à Buchenwald, avait des passeurs. J’ai été dans un groupe qui a
réussi à franchir la frontière suisse.
J’ai su que la traque était finie. »
Paul Niedermann vit aujourd’hui en
région parisienne. Il témoigne régulièrement pour des élèves ou des étudiants, aussi bien en France qu’en
Allemagne.
Autre cas, celui de Rachel et
Serge Pludermarcher, éducateurs à la
maison d’Izieu. Rachel est enceinte.
Dans un témoignage livré à l’historienne Katy Hazan, elle raconte que
lors d’une visite médicale, elle
apprend par un gendarme qu’une
rafle se prépare. Ce n’est pas la première fois qu’une telle rumeur se
répand, mais Serge et Rachel décident de ne pas retourner à Izieu
avant la naissance de leur fils
Georges. Leur départ est confirmé
par les archives dans un courrier de
Sabine Zlatin, daté du 9 mars 1944,
adressé au Préfet de l’Ain dans lequel
elle précise que Rachel « a quitté notre
maison ces jours-ci, munie d’un saufconduit, et m’avertit par la suite qu’elle ne
reviendra plus travailler ». Sauf-conduit
délivré par la gendarmerie.
Enfin, Léa Feldblum, jeune éducatrice juive polonaise de 24 ans, se
voit remettre un sauf-conduit par la
gendarmerie de Brégnier-Cordon afin
de se rendre dans l’Hérault entre le
9 et le 25 mars 1944. Elle avait pour
mission de trouver un lieu pour les
enfants dans un département moins
exposé. Fin mars, elle est de retour à
la colonie. Elle est arrêtée le jour de
la rafle puis déportée à Auschwitz.
Elle sera la seule du groupe d’Izieu à
revenir des camps.
L’aide du voisinage
Les relations avec le voisinage
sont bonnes, notamment avec la
famille Perticoz dont la ferme se
trouve à proximité de la maison. Les
animaux de la ferme font partie des
distractions des plus jeunes. Julien
Favet, employé des Perticoz, a les
faveurs de certains enfants qui lui
apportent son casse-croûte quand il
travaille aux champs.
Des personnes du village aident
la colonie. Ainsi la famille Héritier qui
habite le village d’Izieu accueille
Yvette Benguigui 2 ans, la petite
sœur des trois frères Benguigui. Elle
est hébergée plusieurs mois. Quant à
la famille Borgey, elle recueille deux
enfants juifs qui ne proviennent pas
de la colonie mais de la famille
d’un médecin lyonnais. Le 6 avril
1944, Mme Borgey ira cacher
ces deux enfants dans la montagne.
Ils ne seront pas inquiétés.
OSE, Œuvre de Secours aux Enfants
Créée en 1912 en Russie tsariste
antisémite, la Société pour la protection sanitaire des populations juives
décide de mener une action humanitaire envers les juifs nécessiteux.
En 1923, à Berlin, elle fonde une organisation internationale, l’Union-OSE.
En 1933, l’arrivée des nazis l’oblige à
déplacer son siège à Paris. En 1935,
sa filiale française est créée sous le
nom « Œuvre de secours aux
enfants et de protection de la santé
des populations juives ».
Après l’armistice du 22 juin 1940,
l’OSE installe son siège à Vichy puis
le transfère à Montpellier.
En novembre 1941, elle est intégrée
à l’UGIF (Union Générale des
Israélites de France).
Préfecture de l’Hérault
Le personnel de la préfecture de
l’Hérault adopte une attitude courageuse en favorisant le sauvetage
d’enfants juifs. M. Benedetti, Préfet
régional, M. Ernst, secrétaire général,
et M. Fridrici, chef de division,
délivrent des autorisations pour
la libération de jeunes internés dans
les camps.
C’est M. Fridrici qui signale à
Sabine Zlatin un groupe d’enfants à
prendre en charge d’urgence. Ce
sont ces enfants que Miron et Sabine
Zlatin emmènent avec eux en zone
italienne.
L'abbé Prévost © BNF / Maison d'Izieu, collection Sabine Zlatin
L’abbé Prévost
Il est parfois difficile de trouver
rapidement une place pour accueillir
les enfants que l’OSE fait sortir
des camps. L’abbé Prévost, directeur
de l’Institut Saint-Jean-François-Régis
à Montpellier (Hérault) propose
d’utiliser le sanatorium1 Saint-Roch à
Palavas-les-Flots (Hérault) comme
lieu de transit.
« Je voudrais ici rendre un hommage
tout particulier à l’abbé Prévost pour
l’accueil chaleureux qu’il me réserva
toujours. Il prit bon nombre d’enfants
dans son établissement, surtout des
garçons. Un jour que je lui amenais
cinq garçons, il appela la mère
supérieure et lui dit : « Ces enfants
sont juifs. Vous ne les emmènerez
pas à la messe le dimanche.
Débrouillez-vous. » C’était révélateur
de la générosité de coeur de l’abbé
Sabine Zlatin, opus cit.
Prévost. »
1
Brouillon d’une lettre de Sabine Zlatin,
adressée à Pierre-Marcel Wiltzer, Sous-préfet
de Belley, fin 1943 :
« Grâce à vous, M. le Sous-préfet, une colonie
d’enfants réfugiés a trouvé gîte dans votre
arrondissement. Depuis notre venue à Izieu,
vous nous avez témoigné votre sympathie par
une multitude d’attentions auxquelles nous
sommes expressément sensibles. (...)
Permettez-moi, au nom de nos enfants, et de
toute la colonie de vous souhaiter une bonne et
heureuse année 1944, et la réalisation de tous
vos voeux les plus chers. »
© Maison d’Izieu / Succession Sabine Zlatin
sanatorium : maison de santé.
13
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25/01/08
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Page 14
L E S PA L L A R É S ,
ans l’histoire de l’aide apportée
à la colonie des enfants
d’Izieu, il convient de souligner
l’action et le courage d’une famille
de Montpellier, les Pallarés. Au printemps 1942, par le biais d’une
relation de voisinage, Sabine Zlatin
fait la connaissance de MarieAntoinette Pallarés et de ses enfants
Guy, Paulette et Renée. Le mari,
instituteur, se trouve mobilisé au
Togo. Les deux filles alors adolescentes
font parties des Eclaireuses de
France. A ce titre, elles se chargent
de porter des colis de ravitaillement
préparés par les Eclaireurs israélites
de Montpellier aux juifs internés
dans les camps. Malgré les risques
liés à la surveillance allemande,
Renée se porte même volontaire
pour convoyer une quarantaine
d’adolescentes juives et étrangères
de Montpellier à Annecy afin
qu’elles puissent se réfugier en
Suisse.
Dans le cadre de ses actions
de sauvetage, Sabine Zlatin sort du
camp d’Agde une fillette âgée de
deux ans : Diane Popowski, née à
Luxembourg, le 22 avril 1940.
Réfugiées dans le sud de la France,
cachée à Prades-le-Pez dans
l’Hérault, Diane et sa mère sont
arrêtées par la gendarmerie française
puis internées au camp d’Agde. Les
parents sont déportés le 11 septembre
1942. L’enfant se retrouve seule au
camp d’Agde. L’histoire raconte que
D
Léon Reifman, colonie d'Izieu, été 1943
© Maison d'Izieu / Coll. Henri Alexander.
L’aide à Léon Reifman,
le 6 avril 1944.
Le 6 avril 1944, Léon Reifman, ancien
éducateur de la colonie, rend visite à
sa famille réfugiée à la maison d’Izieu.
En cours de route, il prend en charge
deux garçons qui étaient pensionnaires
au collège de Belley. Sitôt arrivé,
il monte à l’infirmerie. La rafle a lieu
au même moment. Prévenu par sa
sœur, il saute par la fenêtre du 1er
étage et se cache dans un buisson. Il
est trouvé par l’ouvrier agricole travaillant pour la famille Perticoz, Julien
Favet. Grâce aux Perticoz, dont la
ferme jouxte la colonie, il se réfugie
dans un hameau voisin avant de
passer plusieurs jours à Peyrieu situé
à une dizaine de kilomètres d’Izieu.
Il est caché par la famille de la sœur
de Madame Perticoz, la famille
Bouvier. Enfin, il est accueilli par
la famille Cardot de Belley dont
le père est l’un des responsables du
maquis. Après la guerre, il devient
médecin. Dès le retour de Klaus
Barbie en France, en 1983, il se
porte partie civile pour sa famille.
Il décède en 1994, l’année de
l’inauguration du « Musée-mémorial
des enfants d’Izieu ».
14
U N E FA M I L L E D E
JUSTES
Sabine Zlatin l’aurait sortie du camp
clandestinement en la cachant sous
sa cape. Pour éviter que les pleurs
du bébé n’alertent les gardiens, elle
lui aurait calé un petit morceau de
sucre dans la bouche. Vers la fin de
l’été 1942, Diane est confiée à la
famille Pallarés qui accueillera aussi
un autre enfant âgé de 3 ans :
Albert Bulka dit « Coco ». Celui-ci
rejoint en mai 1943, la « colonie des
enfants réfugiés de l’Hérault » à
Izieu, fondée par les époux Zlatin.
Aux environs du mois de juin
1943, Miron Zlatin a besoin d’aide
pour s’occuper du jardin de la
colonie. Pour aider son mari, Sabine
Zlatin songe à faire venir deux
adolescents juifs cachés dans
la région d’Agen. Elle demande à
Renée Pallarés d’aller les chercher.
Renée est alors lycéenne. Elle
convoie les deux adolescents
jusqu’à Izieu. Il s’agit de Théo Reis
et de Paul Nierdermann. Après ce
périple, Renée passe son bac puis
elle vient passer l’été 1943 avec
sa sœur et son frère, à la colonie
d’Izieu. La fratrie emmène avec elle,
la petite Diane Popowski. Les deux
sœurs sont aide-monitrices et
participent activement à la bonne
marche de la colonie. Renée et
Paulette prirent un nombre
important de photographies qui
aujourd’hui nous sont parvenues.
Ces clichés témoignent de la vie
quotidienne : séances de pluches,
En partant de la gauche : Renée, Guy et Paulette Pallarés, colonie d'Izieu, été 1943
© Maison d'Izieu / Coll. Niedermann – Pallarés-Roche.
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Page 15
H AUTEVILLE -L OMPNES : L ES
distribution du courrier, jeux, etc.
Grâce à ces photographies, Serge
Klarsfeld a pu compléter son
dossier sur les 44 enfants raflés à
Izieu en vue du procès Barbie qui
s’est tenu à Lyon en 1987.
Certaines de ces photographies
sont exposées aujourd’hui à
la Maison d’Izieu.
A la fin de l’été 1943,
les Pallarés doivent rentrer à
Montpellier. Très attachées à Diane,
qu’elles considèrent comme leur
propre sœur, elles réussissent à
convaincre Sabine Zlatin de rentrer
chez elle avec Diane. La mère de
Renée et Paulette accepte. Elles
rentrent alors à Montpellier en
compagnie de Diane. « On était tous
les trois en admiration. Elle était
extraordinaire. D’abord, elle était très
jolie, très mignonne (...) Mon frère
la taquinait tout le temps, nous on
la pouponnait » se souvient Renée.
Sans l’accueil de cette famille
durant la guerre, Diane Popowski
aurait été probablement déportée.
En 1949, le père de Diane, rescapé
d’Auschwitz, décide de récupérer
sa fille.
C’est à la demande de Diane,
que le diplôme de « Juste des
Nations », délivré par Israël à ceux
qui ont sauvé des juifs, est remis à
Renée Pariselle, Paulette Roche
et à leur mère, Marie-Antoinette
Pallarés, à titre posthume, le
16 septembre 1987, à Montpellier.
Quelques mois avant, le 1er juin
1987, Paulette témoignait à Lyon
pour le procès Barbie.
Diane Popowski, aujourd’hui
Diane Fenster, vit au Canada
ainsi que son père. Renée fut
la dernière à avoir témoigné de
ce sauvetage. Elle est décédée
le 3 août 2007.
auteville est une commune
du Bugey (Ain) située sur
un plateau du Jura, à une
cinquantaine de kilomètres d’Izieu.
C’est avant tout une station climatique
où l’on soigne des malades atteints
de tuberculose.
Zone de maquis, le plateau sera
le théâtre d’actes de résistance et
de répression allemande.
H
Dans les années 30, de nombreuses
familles de juifs polonais fuyant
les persécutions nazies arrivent à
Hauteville. A cette époque,
Hauteville et Lompnes sont deux
villages distincts ; ils seront réunis en
1942. Le maire de Lompnes, Léon
Bonafé, est également médecin chef
du sanatorium de l’Espérance
d’Hauteville. Il y héberge, soigne et
cache des femmes juives. Certaines
ayant des enfants, il leur indique des
adresses de familles du plateau qui
peuvent les accueillir. Ainsi, il crée
un réseau de confiance entre
les « mères de l’Espérance » et
les « nourrices de Cormaranche ».
Son action est soutenue dans
l’ombre par l’attitude courageuse de
Frédéric Dumarest, « président de
la délégation spéciale » d’HautevilleLompnes.
« Les enfants cachés d’Hauteville
ont gardé un souvenir plutôt bon de
l’Espérance et son grand parc où
ils jouaient, insouciants de la guerre,
près de leurs mamans. […]
Les pensionnaires de l’Espérance
vivaient dans les meilleures conditions
possibles en temps de guerre. […]
Hauteville était un monde presque
paisible jusqu’à l’arrivée des Allemands. »
ENFANTS DE L’E SPÉRANCE
en France après l’Anschluss en 1938.
Bien que connaissant l’existence
de « ce sanatorium de juives », les
Allemands ne procèderont à aucune
rafle dans l’établissement.
L’histoire d’Hauteville-Lompnes et
celle de la maison d’Izieu sont liées à
travers le destin des familles de deux
des enfants victimes de la rafle du
6 avril 1944 à la « colonie ».
Au début de l’été 1939, Séraphine
Halpern née le 23 septembre 1907,
commence une cure à l’Espérance.
Elle y fera plusieurs séjours.
Auparavant hospitalisée à Perpignan,
elle a dû se séparer de son fils
Georges.
En septembre, quand la guerre éclate,
des juifs étrangers s’engagent dans
l’armée française pour prouver leur
attachement à la France et leur
volonté d’intégration ; parmi eux,
son mari Julius Halpern.
Georges Halpern, dit Georgy, né
le 30 octobre 1935, d’abord placé
dans la maison d’enfants de l’O.S.E.
au château de Chaumont à Mainsat
(Creuse) puis à la maison de
Campestre à Lodève, arrive le 18 mai
à la « colonie » d’Izieu avec le premier
groupe d’enfants venus de l’Hérault.
Georgy Halpern
© Maison d'Izieu / Coll. Henri Alexander
Georges Levy,
Les enfants de l’Espérance.
Hauteville 1939-1945
Fin juin 1941, le Préfet rappelle aux
maires qu’ils doivent impérativement
fournir la liste de tous les juifs.
Il est demandé à la directrice de
l’Espérance de donner la liste
de toutes les pensionnaires et celle
du personnel. Elle ne déclare que
34 juifs et en dissimule une quinzaine.
Après ce recensement, le Préfet
dispose d’une liste de 64 juifs de
la région de Belley parmi lesquels
figurent les familles Halpern et
Ament, juifs autrichiens arrivés
15
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16:50
Page 16
Il est déporté par le convoi n° 71 et
assassiné à Auschwitz-Birkenau.
Fin mars, trois semaines après la
déportation de son mari, Ernestine
Ament très malade entre à
l’Espérance. Elle y décède le 7 août
1944.
Hans Ament, né le 15 février 1934,
rejoint la colonie d’Izieu en
septembre 1943. Il est déporté par
le convoi n° 75 du 30 mai 1944.
Alfred, son frère aîné, est sauvé par
l’OSE qui l’a fait passer en Suisse.
Les recherches historiques récentes
de Georges Levy ont permis de
Bibliographie
IZ-Lettre 2008ter
Cette bibliographie indicative est constituée
d’ouvrages consultables au Musée d’Histoire de
la Résistance et de la Déportation de l’Ain et
du Haut-Jura et à la Maison d’Izieu.
Ouvrages généraux :
• J.P Azema, François Bedarida,
« La France des années noires »,
édition du Seuil, novembre 1993
Tome 1 : pages 387 à 392 sont traités les premiers
réseaux qui organisaient des évasions
Tome 2 : la page 331 traite du rôle du monde paysan
dans la survie du Maquis
• Olivier Wieworka
« Une certaine idée de la Résistance »,
édition du Seuil, novembre 1995
A la page 118, est traité le thème des faux papiers
• Henri Rousso
« Les années noires; vivre sous l’occupation »,
collection découvertes Gallimard Histoire,
Septembre 2005
A la page 98, l’auteur évoque la France des Justes.
Hans Hament,
coll. Serge Klarsfeld
découvrir cette histoire d’enfants juifs
hébergés ou cachés – parfois avec
leurs parents, ou près d’eux – au
Sud de l’Ain, à Hauteville, Lompnes
et Cormaranche, grâce au courage
et à la bonté de quelques habitants :
un médecin, un maire, des agriculteurs,
des commerçants, un enseignant.
• Laurence Thibault
« Les cahiers de la Résistance : les jeunes dans la Résistance »,
collection La Documentation Française, édition AERI,
juillet 2007.
A la page 142, l’auteur nous dresse un portrait
d’une jeune employée de mairie, qui fabriquait
des faux papiers.
A la page suivante, 143, c’est un autre portrait qui est
réalisé, celui d’Henri Barbot, qui appartenait à
un réseau d’aide aux personnes évadées.
Ouvrages locaux :
n
Sur l’évacuation des maquisards blessés :
• Témoignage du Docteur René Guillet
sur l’évacuation de maquisards blessés, de l’hôpital
d’Oyonnax jusqu’à Lagotète (Apremont),
fuyant la répression nazie de juillet 1944. (pages 8,9 et 17)
• Jacques Guttieres
« Le chemin du maquis »
Récits sur les évacuations des hôpitaux de Nantua et
d’Oyonnax en juillet 1944. (pages 85 à 103)
• Témoignage de Fernand Geoffray,
directeur de l’hôpital de Nantua
• Jacqueline Di Carlo
« La guerre de 39-45 à Saint--Rambert-en-Bugey »
de la page 140 à 145 sont évoqués les « fusillés deux
fois » de l’hôpital de Nantua, et de l’évacuation.
n
Sur la confection de faux papiers
et la résistance dans les administrations
• Marcel Royer alias « André »,
« Pour mieux comprendre la Résistance en Dombes »
16
A la page 6, sont relatés des faits concernant des
employés de mairie résistants.
La page 7 s’intitule « résistants et gendarmes, main
dans la main », où certains gendarmes prévenaient
les réfractaires dénoncés.
• La Résistance du secteur de Bellegarde relate aussi de
la confection de faux-papiers (Cristal 4 p 27 et p 79-80
dressant une typologie de faux papiers)
• Il faut évoquer aussi
• les moines trappistes de la Dombes,
qui ont fourni tampons, appareil photo et machine à
écrire. Ces trois objets sont exposés au musée de
la Résistance de Nantua.
• Témoignage de Henri Girardi,
sur l’aide du village de Cerdon qui a ravitaillé
les maquis alentours. Le maire du village Emile
Rougemont, ainsi que certains gendarmes ont protégé
les réfractaires.
n
Concernant l’aide aux réfractaires du STO,
et aux maquis par extension.
• Témoignage de Rose Deville,
bergère à Chougeat en mars 1943, lorsque les premiers
réfractaires sont arrivés dans son village. À travers
ce témoignage sont évoquées les représailles contre
ceux qui ont désobéi au régime de Vichy, puisque
Madame Deville a été déportée avec d’autres qui
comme elle, ont caché et nourri les réfractaires.
• Témoignage de Louise Jeanjacquot,
« 1943, l’année terrible » (pages 6 et 10)
• Témoignage de René Collet
(chapitres 318, 362), jeune maquisard, suite à son
évasion du train de déportation vers le camp de
BUCHENWALD, lors de la rafle à Nantua, le 14
décembre 1943. Monsieur COLLET a été caché et
soigné durant de longues semaines dans une famille
en Haute Savoie.
n
A propos des réseaux de passeurs
• Témoignage de Pierre Marcault
qui a participé a un réseau de passeurs sur la ligne de
démarcation. , (page 8, chap 478)
• Anne Grynberg
Les camps de la honte.
Les internés juifs des camps français 1939-1944,
éditions la découverte / textes à l’appui
• Pierre-Jérôme Biscarat
Les enfants réfugiés d’Izieu, 6 avril1944 :
un crime contre l’humanité.
Veurey : Le Dauphiné Libéré, 2003, (Les Patrimoines)
• Rolande Causse
Les enfants d’Izieu.
Paris : Syros jeunesse, 2004
• Collection de Sabine Zlatin. Paris :
Bibliothèque nationale de France ;
Association du Musée-mémorial d’Izieu,
1994 Garde-le toujours :
lettres et dessins des enfants d’Izieu,
• Serge Klarsfeld,
Les enfants d’Izieu : une tragédie juive. Paris :
Les Fils et filles des Déportés Juifs de France, 2000
• Serge Klarsfeld,
En souvenir de Georgy :
lettres et dessins de la Maison d’Izieu.
New-York : Aperture Foundation, 2002
• Georges Levy,
Les enfants de l’Espérance. Hauteville 1939-1945,
2006
• Pierre-Marcel Wiltzer,
Sous les feux croisés. Parole de Préfet.
Chambéry : Comp’Act, 1999
• Sabine Zlatin,
Mémoires de la « Dame d’Izieu ».
Paris : Gallimard, 1992
n
Lieux ressources
• Archives départementales
1 boulevard Paul Valéry 01000 Bourg-en-Bresse
T : 04 72 32 12 80
• Anciens Combattants et Victimes de Guerre
(Service départemental de l’Office national)
3 rue Brillat-Savarin 01000 Bourg-en-Bresse
T : 04 74 21 09 95
• Témoignage de Robert Molinatti
sur des passeurs vers la Suisse (page 10)
• Témoignage des Justes du Sappel
des familles protestantes vivant vers le col du Sappel
entre Labalme Cerdon et Vieu d’Izenave ont caché
des Juifs et les ont aidés à passer en Suisse.
n
A propos de la persécution des juifs
• Le Monde
L’histoire au jour le jour. La deuxième guerre mondiale.
1939/1945
• Centre de documentation juive contemporaine
L’internement des Juifs sous Vichy
17
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Page 16
Il est déporté par le convoi n° 71 et
assassiné à Auschwitz-Birkenau.
Fin mars, trois semaines après la
déportation de son mari, Ernestine
Ament très malade entre à
l’Espérance. Elle y décède le 7 août
1944.
Hans Ament, né le 15 février 1934,
rejoint la colonie d’Izieu en
septembre 1943. Il est déporté par
le convoi n° 75 du 30 mai 1944.
Alfred, son frère aîné, est sauvé par
l’OSE qui l’a fait passer en Suisse.
Les recherches historiques récentes
de Georges Levy ont permis de
Bibliographie
IZ-Lettre 2008ter
Cette bibliographie indicative est constituée
d’ouvrages consultables au Musée d’Histoire de
la Résistance et de la Déportation de l’Ain et
du Haut-Jura et à la Maison d’Izieu.
Ouvrages généraux :
• J.P Azema, François Bedarida,
« La France des années noires »,
édition du Seuil, novembre 1993
Tome 1 : pages 387 à 392 sont traités les premiers
réseaux qui organisaient des évasions
Tome 2 : la page 331 traite du rôle du monde paysan
dans la survie du Maquis
• Olivier Wieworka
« Une certaine idée de la Résistance »,
édition du Seuil, novembre 1995
A la page 118, est traité le thème des faux papiers
• Henri Rousso
« Les années noires; vivre sous l’occupation »,
collection découvertes Gallimard Histoire,
Septembre 2005
A la page 98, l’auteur évoque la France des Justes.
Hans Hament,
coll. Serge Klarsfeld
découvrir cette histoire d’enfants juifs
hébergés ou cachés – parfois avec
leurs parents, ou près d’eux – au
Sud de l’Ain, à Hauteville, Lompnes
et Cormaranche, grâce au courage
et à la bonté de quelques habitants :
un médecin, un maire, des agriculteurs,
des commerçants, un enseignant.
• Laurence Thibault
« Les cahiers de la Résistance : les jeunes dans la Résistance »,
collection La Documentation Française, édition AERI,
juillet 2007.
A la page 142, l’auteur nous dresse un portrait
d’une jeune employée de mairie, qui fabriquait
des faux papiers.
A la page suivante, 143, c’est un autre portrait qui est
réalisé, celui d’Henri Barbot, qui appartenait à
un réseau d’aide aux personnes évadées.
Ouvrages locaux :
n
Sur l’évacuation des maquisards blessés :
• Témoignage du Docteur René Guillet
sur l’évacuation de maquisards blessés, de l’hôpital
d’Oyonnax jusqu’à Lagotète (Apremont),
fuyant la répression nazie de juillet 1944. (pages 8,9 et 17)
• Jacques Guttieres
« Le chemin du maquis »
Récits sur les évacuations des hôpitaux de Nantua et
d’Oyonnax en juillet 1944. (pages 85 à 103)
• Témoignage de Fernand Geoffray,
directeur de l’hôpital de Nantua
• Jacqueline Di Carlo
« La guerre de 39-45 à Saint--Rambert-en-Bugey »
de la page 140 à 145 sont évoqués les « fusillés deux
fois » de l’hôpital de Nantua, et de l’évacuation.
n
Sur la confection de faux papiers
et la résistance dans les administrations
• Marcel Royer alias « André »,
« Pour mieux comprendre la Résistance en Dombes »
16
A la page 6, sont relatés des faits concernant des
employés de mairie résistants.
La page 7 s’intitule « résistants et gendarmes, main
dans la main », où certains gendarmes prévenaient
les réfractaires dénoncés.
• La Résistance du secteur de Bellegarde relate aussi de
la confection de faux-papiers (Cristal 4 p 27 et p 79-80
dressant une typologie de faux papiers)
• Il faut évoquer aussi
• les moines trappistes de la Dombes,
qui ont fourni tampons, appareil photo et machine à
écrire. Ces trois objets sont exposés au musée de
la Résistance de Nantua.
• Témoignage de Henri Girardi,
sur l’aide du village de Cerdon qui a ravitaillé
les maquis alentours. Le maire du village Emile
Rougemont, ainsi que certains gendarmes ont protégé
les réfractaires.
n
Concernant l’aide aux réfractaires du STO,
et aux maquis par extension.
• Témoignage de Rose Deville,
bergère à Chougeat en mars 1943, lorsque les premiers
réfractaires sont arrivés dans son village. À travers
ce témoignage sont évoquées les représailles contre
ceux qui ont désobéi au régime de Vichy, puisque
Madame Deville a été déportée avec d’autres qui
comme elle, ont caché et nourri les réfractaires.
• Témoignage de Louise Jeanjacquot,
« 1943, l’année terrible » (pages 6 et 10)
• Témoignage de René Collet
(chapitres 318, 362), jeune maquisard, suite à son
évasion du train de déportation vers le camp de
BUCHENWALD, lors de la rafle à Nantua, le 14
décembre 1943. Monsieur COLLET a été caché et
soigné durant de longues semaines dans une famille
en Haute Savoie.
n
A propos des réseaux de passeurs
• Témoignage de Pierre Marcault
qui a participé a un réseau de passeurs sur la ligne de
démarcation. , (page 8, chap 478)
• Anne Grynberg
Les camps de la honte.
Les internés juifs des camps français 1939-1944,
éditions la découverte / textes à l’appui
• Pierre-Jérôme Biscarat
Les enfants réfugiés d’Izieu, 6 avril1944 :
un crime contre l’humanité.
Veurey : Le Dauphiné Libéré, 2003, (Les Patrimoines)
• Rolande Causse
Les enfants d’Izieu.
Paris : Syros jeunesse, 2004
• Collection de Sabine Zlatin. Paris :
Bibliothèque nationale de France ;
Association du Musée-mémorial d’Izieu,
1994 Garde-le toujours :
lettres et dessins des enfants d’Izieu,
• Serge Klarsfeld,
Les enfants d’Izieu : une tragédie juive. Paris :
Les Fils et filles des Déportés Juifs de France, 2000
• Serge Klarsfeld,
En souvenir de Georgy :
lettres et dessins de la Maison d’Izieu.
New-York : Aperture Foundation, 2002
• Georges Levy,
Les enfants de l’Espérance. Hauteville 1939-1945,
2006
• Pierre-Marcel Wiltzer,
Sous les feux croisés. Parole de Préfet.
Chambéry : Comp’Act, 1999
• Sabine Zlatin,
Mémoires de la « Dame d’Izieu ».
Paris : Gallimard, 1992
n
Lieux ressources
• Archives départementales
1 boulevard Paul Valéry 01000 Bourg-en-Bresse
T : 04 72 32 12 80
• Anciens Combattants et Victimes de Guerre
(Service départemental de l’Office national)
3 rue Brillat-Savarin 01000 Bourg-en-Bresse
T : 04 74 21 09 95
• Témoignage de Robert Molinatti
sur des passeurs vers la Suisse (page 10)
• Témoignage des Justes du Sappel
des familles protestantes vivant vers le col du Sappel
entre Labalme Cerdon et Vieu d’Izenave ont caché
des Juifs et les ont aidés à passer en Suisse.
n
A propos de la persécution des juifs
• Le Monde
L’histoire au jour le jour. La deuxième guerre mondiale.
1939/1945
• Centre de documentation juive contemporaine
L’internement des Juifs sous Vichy
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LE MUSÉE D’HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION DE L’AIN ET DU HAUT-JURA
Transmettre la mémoire et appréhender l’Histoire :
de la vie quotidienne à la résistance civile en passant par les maquis ou la Déportation,
le musée offre une approche pédagogique de la période adaptée à tous les niveaux.
Le Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura est aujourd’hui
l’un des principaux musées de France consacrés à la période de la Seconde Guerre mondiale.
Installé au cœur de la ville de Nantua dans l’ancienne maison d’arrêt datant du 19e siècle,
la richesse de ses collections et leur mise en valeur en font un haut lieu de mémoire
et un outil pédagogique de qualité.
A travers de nouveaux espaces thématiques, le musée vous invite à explorer
les méandres de la Seconde Guerre mondiale.
Eclairée par l’analyse historique des événements locaux et nationaux,
l’exposition donne les clés pour mieux comprendre cette période complexe.
LES
LES
EXPOSITIONS PERMANENTES
L’Allemagne nazie
De 1919 à 1939, l’Allemagne passe du statut d’Etat vaincu à celui de nation conquérante. Autour d’objets évoquant le régime
nazi, cartes et documents décrivent la préparation du pays à une guerre totale.
De la mobilisation à l’armistice
Le 2 septembre 1939, une affiche annonce l’entrée en guerre de la France et la
mobilisation générale. Cartes, chronologie et documents ou effets personnels
retracent le chemin de la défaite.
Vie quotidienne sous l’Occupation
Conséquence de l’armistice, l’occupation
allemande bouleverse la vie quotidienne
des Français. Tickets de rationnement,
gazobois, savon à la cendre, Ausweis …
font leur apparition. L’image du maréchal
Pétain et l’idéologie du régime de Vichy
envahissent les foyers.
Résistance civile
Souvent réunis autour d’un journal clandestin, les premiers réseaux de résistance
s’organisent pour fournir de faux-papiers
ou élaborer des filières d’évasion. Portraits
de résistants locaux et documents historiques témoignent de la naissance de ces
mouvements pionniers.
Vie au maquis et résistance armée
Les reconstitutions de scènes de la vie au
camp et de l’organisation d’un parachutage évoquent le quotidien de ces maquisards.
Déportation
Vêtements, lettres, ou objets rapportés
des camps de concentration racontent le
combat quotidien des déportés pour leur
survie.
18
EXPOSITIONS TEMPORAIRES 2008-2009
Propagande contre propagande
1939-1945 Jusqu’en septembre 2008.
Enjeu stratégique majeur, le contrôle de
l’opinion engendre une propagande surabondante. Affiches, tracts, messages
radio, actualités cinématographiques…
illustrent l’affrontement idéologique des
différents groupes engagés dans le conflit.
Vue intérieure du musée, l'occupation allemande
Coll. Musées des pays de l'Ain © Jorge Alves
UN FONDS DE COLLECTION REMARQUABLE
Le musée dispose d’une collection
particulièrement riche et variée d’environ
12 000 objets, provenant essentiellement
de dons de personnes ayant vécu ou
connu cette période sombre de
la Seconde Guerre mondiale. Objets
du quotidien, collection d’affiches de
propagande et administratives locales
remarquables, tracts, journaux, archives,
armes, munitions, matériel de sabotage,
de transmission, de parachutage, matériel
médical, uniformes, bannières,
iconographie, souvenirs de déportation …
permettent d’illustrer les événements de
la Seconde Guerre mondiale de la montée
des périls à la Libération à l’échelle
départementale, nationale, internationale.
Des images d’archives cinématographiques départementales notamment
sur le voyage de Pétain à Bourg-enBresse en septembre 1942, sur le défilé
de maquisards à Oyonnax le 11 novembre
1942, sur la vie au maquis, sur les bombardements de juillet 1944 et l’incendie
de Dortan, sur la bataille de Meximieux
en septembre 1944, sur la construction
et l’inauguration du Monument à la
mémoire des maquis de l’Ain permettent
un éclairage local tout à fait exceptionnel.
Grandes résistantes contemporaines
Du 1er octobre 2008 au 30 avril 2009
Le photographe Pierre-Yves Ginet nous
invite dans cette exposition à suivre l’itinéraire de femmes du monde entier dont
les parcours ont été forgés par l’esprit de
résistance. Différents portraits de femmes
engagées dans le combat pour la paix :
Lucie Aubrac, Germaine Tillon, Anna
Politkovskaia… nous interrogent sur les
questions d’égalité des droits de l’homme, de citoyenneté, de liberté d’expression, mais aussi d’écologie et protection de
la planète encore d’actualité aujourd’hui.
Vivre libre ou mourir, tract,
Inv. MHRD 1998.16.26, Coll. Musées des pays de l'Ain
MAISON
D ’ I Z I E U , M É M O R I A L D E S E N FA N T S J U I F S E X T E R M I N É S
« Cette maison sera un lieu de vie, comme une sorte de défi à ce qui s’est passé dans ces lieux.
Elle accueillera des classes et des groupes qui trouveront ici des espaces de travail,
d’activité et de rencontre. Des classes et des groupes de toutes origines, tous horizons,
de toutes formations et toutes religions. »
Extrait du discours de François Mitterrand, Président de la République, le 24 avril 1994.
La rafle d’Izieu : rappel des faits
Le 6 avril 1944, à l’heure du petit déjeuner,
des hommes de la Wehrmacht accompagnés
par la Gestapo de Lyon - sur ordre de
Klaus Barbie - font irruption devant
la maison, “colonie des enfants réfugiés
de l’Hérault” et raflent les 44 enfants et
les 7 adultes présents, parce qu’ils sont
juifs. Seul Léon Reifman, un ancien
éducateur, parvient à s’enfuir en sautant
d’une fenêtre. Les fermiers voisins,
les Perticoz, l’aident à se cacher.
De la colonie des enfants réfugiés
de l’Hérault à la Maison d’Izieu
La mémoire de la rafle d’Izieu est tout
d’abord portée par Sabine Zlatin. Grâce
à son engagement, une première commémoration officielle se déroule le 7
avril 1946. A cette occasion, un monument est érigé à Brégnier-Cordon et
une plaque, où sont gravés les noms
des enfants et des adultes raflés, est
apposée sur la façade de la maison
d’Izieu. La population locale entretient
alors la mémoire des enfants d’Izieu et
commémore chaque année le souvenir
de la rafle.
Au début des années 70, les époux
Klarsfeld retrouvent la trace de Klaus
Barbie en Bolivie. Ils parviennent à le
faire arrêter en février 1983 puis à le
faire extrader en France. C’est avec le
procès Barbie que la mémoire d’Izieu
s’inscrit véritablement dans l’histoire
française. Le 4 juillet 1987, la Cour d’assises du Rhône déclare Klaus Barbie
coupable de crime contre l’humanité et
le condamne à la réclusion à vie. Au
lendemain de ce procès, une association
se constitue autour de Sabine Zlatin.
Grâce à une souscription nationale,
l’association acquiert en juillet 1990
la « Maison d'Izieu ». Le 24 avril 1994,
François Mitterrand, président de
la République inaugure le « Musée mémorial des enfants d’Izieu. »
Enfants et adultes sont emprisonnés
au fort Montluc à Lyon puis envoyés
au camp de Drancy, où ils arrivent
le 8 avril 1944. Le 13 avril, par
le convoi n° 71, 34 enfants et
4 adultes sont déportés à AuschwitzBirkenau. Il en est de même pour
les 8 autres enfants et 3 éducateurs
partis dans les convois n° 72 (29 avril),
74 (20 mai), 75 (30 mai) et 76
(30 juin). À l’exception de Léa Feldblum,
sélectionnée pour le travail, tous sont gazés.
Miron Zlatin et les deux adolescents,
Théo Reis et Arnold Hirsch, sont déportés
le 15 mai 1944 vers l’Estonie par
le convoi n° 73, uniquement composé
d’hommes dans la force de l’âge.
Ils sont exécutés au cours de l’été 1944.
La colonie des enfants réfugiés de
l’Hérault a fonctionné environ un an
et a permis d’accueillir 105 enfants juifs
et leurs éducateurs. On estime que
la plupart de ceux qui l’ont quittée avant
la rafle ont survécu.
Les activités pédagogiques
de la Maison d’Izieu
L’histoire de la Shoah est une histoire
européenne.
Lieu de mémoire active et vivante,
la Maison d’Izieu reçoit notamment un
large public scolaire, des écoliers du primaire aux étudiants de l’université, en
passant par les collégiens et les lycéens.
Elle répond à sa vocation pédagogique
en mettant à la disposition des enseignants les moyens de compléter leur
travail ou de développer de
nouveaux projets tels qu’ateliers,
parcours artistiques, rencontres avec
des témoins et intervenants divers,
voyages sur des lieux de mémoire
comme les camps d’Auschwitz en
Pologne ou de Rivesaltes en France.
Des projets de réflexion et d’échanges,
scolaires mais aussi universitaires,
permettant de saisir la dimension
européenne de cette histoire, sont
initiés régulièrement depuis plusieurs
années, notamment en Allemagne et en
Italie. Le fonds d’archives enrichi par
des documents apportés par les anciens
enfants d’Izieu ainsi que des travaux
d’historiens permettent de reconstituer
la vie de la colonie et de retracer
des parcours individuels. Le centre
de documentation met à la disposition
des élèves de nombreux ouvrages
traitant de la Shoah et des crimes
contre l’humanité
© Maison d’Izieu
IZ-Lettre 2008ter
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LE MUSÉE D’HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION DE L’AIN ET DU HAUT-JURA
Transmettre la mémoire et appréhender l’Histoire :
de la vie quotidienne à la résistance civile en passant par les maquis ou la Déportation,
le musée offre une approche pédagogique de la période adaptée à tous les niveaux.
Le Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura est aujourd’hui
l’un des principaux musées de France consacrés à la période de la Seconde Guerre mondiale.
Installé au cœur de la ville de Nantua dans l’ancienne maison d’arrêt datant du 19e siècle,
la richesse de ses collections et leur mise en valeur en font un haut lieu de mémoire
et un outil pédagogique de qualité.
A travers de nouveaux espaces thématiques, le musée vous invite à explorer
les méandres de la Seconde Guerre mondiale.
Eclairée par l’analyse historique des événements locaux et nationaux,
l’exposition donne les clés pour mieux comprendre cette période complexe.
LES
LES
EXPOSITIONS PERMANENTES
L’Allemagne nazie
De 1919 à 1939, l’Allemagne passe du statut d’Etat vaincu à celui de nation conquérante. Autour d’objets évoquant le régime
nazi, cartes et documents décrivent la préparation du pays à une guerre totale.
De la mobilisation à l’armistice
Le 2 septembre 1939, une affiche annonce l’entrée en guerre de la France et la
mobilisation générale. Cartes, chronologie et documents ou effets personnels
retracent le chemin de la défaite.
Vie quotidienne sous l’Occupation
Conséquence de l’armistice, l’occupation
allemande bouleverse la vie quotidienne
des Français. Tickets de rationnement,
gazobois, savon à la cendre, Ausweis …
font leur apparition. L’image du maréchal
Pétain et l’idéologie du régime de Vichy
envahissent les foyers.
Résistance civile
Souvent réunis autour d’un journal clandestin, les premiers réseaux de résistance
s’organisent pour fournir de faux-papiers
ou élaborer des filières d’évasion. Portraits
de résistants locaux et documents historiques témoignent de la naissance de ces
mouvements pionniers.
Vie au maquis et résistance armée
Les reconstitutions de scènes de la vie au
camp et de l’organisation d’un parachutage évoquent le quotidien de ces maquisards.
Déportation
Vêtements, lettres, ou objets rapportés
des camps de concentration racontent le
combat quotidien des déportés pour leur
survie.
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EXPOSITIONS TEMPORAIRES 2008-2009
Propagande contre propagande
1939-1945 Jusqu’en septembre 2008.
Enjeu stratégique majeur, le contrôle de
l’opinion engendre une propagande surabondante. Affiches, tracts, messages
radio, actualités cinématographiques…
illustrent l’affrontement idéologique des
différents groupes engagés dans le conflit.
Vue intérieure du musée, l'occupation allemande
Coll. Musées des pays de l'Ain © Jorge Alves
UN FONDS DE COLLECTION REMARQUABLE
Le musée dispose d’une collection
particulièrement riche et variée d’environ
12 000 objets, provenant essentiellement
de dons de personnes ayant vécu ou
connu cette période sombre de
la Seconde Guerre mondiale. Objets
du quotidien, collection d’affiches de
propagande et administratives locales
remarquables, tracts, journaux, archives,
armes, munitions, matériel de sabotage,
de transmission, de parachutage, matériel
médical, uniformes, bannières,
iconographie, souvenirs de déportation …
permettent d’illustrer les événements de
la Seconde Guerre mondiale de la montée
des périls à la Libération à l’échelle
départementale, nationale, internationale.
Des images d’archives cinématographiques départementales notamment
sur le voyage de Pétain à Bourg-enBresse en septembre 1942, sur le défilé
de maquisards à Oyonnax le 11 novembre
1942, sur la vie au maquis, sur les bombardements de juillet 1944 et l’incendie
de Dortan, sur la bataille de Meximieux
en septembre 1944, sur la construction
et l’inauguration du Monument à la
mémoire des maquis de l’Ain permettent
un éclairage local tout à fait exceptionnel.
Grandes résistantes contemporaines
Du 1er octobre 2008 au 30 avril 2009
Le photographe Pierre-Yves Ginet nous
invite dans cette exposition à suivre l’itinéraire de femmes du monde entier dont
les parcours ont été forgés par l’esprit de
résistance. Différents portraits de femmes
engagées dans le combat pour la paix :
Lucie Aubrac, Germaine Tillon, Anna
Politkovskaia… nous interrogent sur les
questions d’égalité des droits de l’homme, de citoyenneté, de liberté d’expression, mais aussi d’écologie et protection de
la planète encore d’actualité aujourd’hui.
Vivre libre ou mourir, tract,
Inv. MHRD 1998.16.26, Coll. Musées des pays de l'Ain
MAISON
D ’ I Z I E U , M É M O R I A L D E S E N FA N T S J U I F S E X T E R M I N É S
« Cette maison sera un lieu de vie, comme une sorte de défi à ce qui s’est passé dans ces lieux.
Elle accueillera des classes et des groupes qui trouveront ici des espaces de travail,
d’activité et de rencontre. Des classes et des groupes de toutes origines, tous horizons,
de toutes formations et toutes religions. »
Extrait du discours de François Mitterrand, Président de la République, le 24 avril 1994.
La rafle d’Izieu : rappel des faits
Le 6 avril 1944, à l’heure du petit déjeuner,
des hommes de la Wehrmacht accompagnés
par la Gestapo de Lyon - sur ordre de
Klaus Barbie - font irruption devant
la maison, “colonie des enfants réfugiés
de l’Hérault” et raflent les 44 enfants et
les 7 adultes présents, parce qu’ils sont
juifs. Seul Léon Reifman, un ancien
éducateur, parvient à s’enfuir en sautant
d’une fenêtre. Les fermiers voisins,
les Perticoz, l’aident à se cacher.
De la colonie des enfants réfugiés
de l’Hérault à la Maison d’Izieu
La mémoire de la rafle d’Izieu est tout
d’abord portée par Sabine Zlatin. Grâce
à son engagement, une première commémoration officielle se déroule le 7
avril 1946. A cette occasion, un monument est érigé à Brégnier-Cordon et
une plaque, où sont gravés les noms
des enfants et des adultes raflés, est
apposée sur la façade de la maison
d’Izieu. La population locale entretient
alors la mémoire des enfants d’Izieu et
commémore chaque année le souvenir
de la rafle.
Au début des années 70, les époux
Klarsfeld retrouvent la trace de Klaus
Barbie en Bolivie. Ils parviennent à le
faire arrêter en février 1983 puis à le
faire extrader en France. C’est avec le
procès Barbie que la mémoire d’Izieu
s’inscrit véritablement dans l’histoire
française. Le 4 juillet 1987, la Cour d’assises du Rhône déclare Klaus Barbie
coupable de crime contre l’humanité et
le condamne à la réclusion à vie. Au
lendemain de ce procès, une association
se constitue autour de Sabine Zlatin.
Grâce à une souscription nationale,
l’association acquiert en juillet 1990
la « Maison d'Izieu ». Le 24 avril 1994,
François Mitterrand, président de
la République inaugure le « Musée mémorial des enfants d’Izieu. »
Enfants et adultes sont emprisonnés
au fort Montluc à Lyon puis envoyés
au camp de Drancy, où ils arrivent
le 8 avril 1944. Le 13 avril, par
le convoi n° 71, 34 enfants et
4 adultes sont déportés à AuschwitzBirkenau. Il en est de même pour
les 8 autres enfants et 3 éducateurs
partis dans les convois n° 72 (29 avril),
74 (20 mai), 75 (30 mai) et 76
(30 juin). À l’exception de Léa Feldblum,
sélectionnée pour le travail, tous sont gazés.
Miron Zlatin et les deux adolescents,
Théo Reis et Arnold Hirsch, sont déportés
le 15 mai 1944 vers l’Estonie par
le convoi n° 73, uniquement composé
d’hommes dans la force de l’âge.
Ils sont exécutés au cours de l’été 1944.
La colonie des enfants réfugiés de
l’Hérault a fonctionné environ un an
et a permis d’accueillir 105 enfants juifs
et leurs éducateurs. On estime que
la plupart de ceux qui l’ont quittée avant
la rafle ont survécu.
Les activités pédagogiques
de la Maison d’Izieu
L’histoire de la Shoah est une histoire
européenne.
Lieu de mémoire active et vivante,
la Maison d’Izieu reçoit notamment un
large public scolaire, des écoliers du primaire aux étudiants de l’université, en
passant par les collégiens et les lycéens.
Elle répond à sa vocation pédagogique
en mettant à la disposition des enseignants les moyens de compléter leur
travail ou de développer de
nouveaux projets tels qu’ateliers,
parcours artistiques, rencontres avec
des témoins et intervenants divers,
voyages sur des lieux de mémoire
comme les camps d’Auschwitz en
Pologne ou de Rivesaltes en France.
Des projets de réflexion et d’échanges,
scolaires mais aussi universitaires,
permettant de saisir la dimension
européenne de cette histoire, sont
initiés régulièrement depuis plusieurs
années, notamment en Allemagne et en
Italie. Le fonds d’archives enrichi par
des documents apportés par les anciens
enfants d’Izieu ainsi que des travaux
d’historiens permettent de reconstituer
la vie de la colonie et de retracer
des parcours individuels. Le centre
de documentation met à la disposition
des élèves de nombreux ouvrages
traitant de la Shoah et des crimes
contre l’humanité
© Maison d’Izieu
IZ-Lettre 2008ter
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IZ-Lettre 2008ter
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Page 20
Informations pratiques :
Sommaire
Musée d’Histoire de la Résistance
et de la Déportation
de l’Ain et du Haut-Jura
3 montée de l’abbaye
01130 Nantua.
Ouvert toute l’année
aux groupes sur rendez-vous.
Chronologie
page 2
La France et le département de l’Ain (juin 1940-août 1944)
Le STO
Les persécutions
La résistance civile : le tournant de l’année 1942
page 3
L’aide civile aux résistants
Le Service de Santé des maquis de l’Ain
L’aide aux résistants à l’hôpital de Nantua
Aider les personnes persécutées et pourchassées :
un engagement risqué
page 5
Accueillir et sauver les juifs réfugiés dans l’Ain
Les voies de passage pour le canton de Genève
S’engager pour la colonie d'Izieu :
des solidarités institutionnelles et locales
Hauteville-Lompnes : les enfants de l’Espérance
page 9
Contacts service pédagogique :
Florence Saint-Cyr-Gherardi
Séverine Champonnois
Nathalie Le Baut
Tél : 04 74 75 07 50
Fax : 04 74 75 27 58
et Mounira Cherraben-Lapin,
professeur relais de
la DAAC de Lyon
Accès
45 mn de Bourg-en-Bresse
1h de Lyon, Chambéry,
Annecy et Genève
Autoroute A40 sortie n°8
Saint-Martin-du-Fresne
ou autoroute A404
sortie n°9 l à Cluse/Nantua
Bibliographie
page 16
Le Musée d'Histoire de la Résistance et
de la Déportation de l'Ain et du Haut-Jura
page 18
La Maison d'Izieu,
mémorial des enfants juifs exterminés
page 19
Informations pratiques
page 20
Document réalisé par :
le Musée d’Histoire de la Résistance
et de la Déportation
de l’Ain et du Haut-Jura à Nantua
et par la Maison d’Izieu,
mémorial des enfants juifs exterminés
La Maison d’Izieu est ouverte au public
tous les jours.
Les groupes, adultes et scolaires,
sont accueillis sur réservation.
Les services de l’accueil et
de la pédagogie sont à leur disposition
pour préparer leur venue.
Une équipe pédagogique
est à la disposition des enseignants,
des scolaires et des étudiants :
Marie-Ange Baron
E-mail : [email protected]
Pierre-Jérôme Biscarat
E-mail : [email protected]
Maison d’Izieu 01300 IZIEU
Tél : 04 79 87 20 08
Fax : 04 79 87 59 27
et les professeurs relais
de la DAAC de Lyon
Sylvie Haution et Gérard Mola
Collège du Bugey
113 rue du 5ème RTM, 01300 Belley,
Tél : 04 79 81 02 18
Centre de documentation
Accès sur rendez-vous.
Stéphanie Boissard
[email protected]
20
Rédaction :
Marie-Ange Baron,
Pierre-Jérôme Biscarat,
Mounira Cherraben-Lapin et
Florence Saint-Cyr-Gherardi,
Sylvie Haution,
Gérard Mola
Crédits cartographiques :
- Cadastre © droits de l'Etat réservés © Latitude - Cartagène - Mona pour
la cartographie ESRI ® Data & Maps © BD ALTI ® Conseil Général de l'Ain
DGAT - Service du système d'Information Géographique (SIG) décembre 2007
- Ruth Fivaz-Silbermann, 2003
Le Conseil général de l'Ain
prend en charge les coûts de transport des collégiens
de l'Ain qui se rendent en visite dans le cadre scolaire
au Musée d’Histoire de la Résistance
et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura
et à la Maison d’Izieu.
Graphisme : Bernadette Dressler
Informations pratiques
Téléchargement