JANVIER 2008
Concours National
de la Résistance
et de la Déportation
L’aide aux personnes
persécutées
et pourchassées
en France pendant
la Seconde
Guerre mondiale :
une forme
de résistance
Cahier
pédagogique
Aider les personnes persécutées et pourchassées
constitue une forme de résistance que l’on peut
qualifier de non violente : la résistance civile, dont
les acteurs furent dans certains cas à leur tour
pourchassés, voire déportés ou exécutés.
« La résistance civile fut celle de la survie ; elle visait
à sauver ce qui pouvait l’être, sans attendre le renverse-
ment du rapport des forces militaires. Il s’agissait de faire
survivre des personnes pourchassées par les forces
de l’occupant et de la collaboration, de faire survivre
des valeurs et modes de vie profondément menacés
par le régime nazi. […] Il s’agit d’une démarche altruiste,
dangereuse, visant à dissimuler des personnes
recherchées afin de les soustraire à une fin tragique.
[…] La résistance civile apparaît comme complémentaire
à la résistance armée. […] A partir de 1943,
elle s’intègre de plus en plus dans des schémas d’actions
militaires ou paramilitaires. »
Jacques Sémelin,
Résister sans armes face à Hitler.
La résistance civile en Europe (1939-1943)
.
Le Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation
de l’Ain et du Haut-Jura analyse les aides apportées
aux résistants par le Service de Santé des maquis de
l’Ain et met en relief le rôle des Justes du département
de l’Ain.
Les documents réunis par la Maison d’Izieu mettent en
évidence la diversité de l’aide que la « colonie » a reçue
de la part à la fois d’individus isolés, ou d’organisations
structurées.
A gauche :
Diane Popowski (p.10)
© Maison d’Izieu / coll. succession Sabine Zlatin
A droite :
Groupe de résistants
au Crêt de Chalam
autour de Paulette Mercier,
août 1944 (p.8)
(Inv. MHRD 1998.10.85,
Collection Musées des pays de l’Ain)
Sujet de la session 2007-2008
IZ-Lettre 2008ter 25/01/08 16:45 Page 1
3
2
CHRONOLOGIE DES PRINCIPALES MESURES DOPPRESSION (ALLEMANDES ET FRANÇAISES)
1939 27 août :suspension des journaux communistes -
établissement de la censure
26 septembre : dissolution du Parti communiste français
1940 • juin : 1,6 million de soldats français prisonniers sont
transférés en Allemagne
22 juillet : loi de révision des naturalisations depuis 1927
30 juillet : épuration de l’administration française
•2août : le général De Gaulle est condamné à mort
par contumace
•3septembre : loi autorisant l’internement des individus
dangereux
27 septembre : première ordonnance du commandant
en chef allemand en zone occupée définissant les juifs
•3octobre : premier statut des juifs de Vichy
•4octobre : le maréchal Pétain promulgue une loi
autorisant l’internement des juifs étrangers sur décision
préfectorale dans des camps spéciaux
1941 29 mars : création du Commissariat général aux
questions juives
26 avril : nouvelle ordonnance allemande en zone
occupée concernant les juifs
14 mai : première rafle de juifs étrangers à Paris
2juin : loi instaurant le recensement des juifs en France
22 juillet : loi de Vichy pour « éliminer toute influence
juive dans l’économie nationale »
13 août : ordonnance interdisant aux juifs de posséder
des postes de radio
20 août : deuxième rafle de juifs à Paris
22 août : ordonnance allemande dite « des otages »
24 août : loi instituant les tribunaux d’exception
contre les actions communistes
16 septembre : exécution de 10 otages par l’armée
allemande
•7décembre : le décret allemand « Nacht und Nebel »
(Nuit et Brouillard) ordonne la déportation pour tous
les ennemis du Reich et des forces d’occupation dans
les territoires occupés ; ils seront transférés en Allemagne
et disparaîtront dans le secret absolu
1942 20 janvier : ouverture de la Conférence de Wannsee
où sont mises au point les modalités de la « Solution
finale de la question juive»
19 février : ouverture du procès de Riom
27 mars : premier convoi de déportation de juifs à
destination d’Auschwitz
29 mai : ordonnance allemande sur le port de l’étoile
juive en zone occupée
16-17 juillet : rafle du Vel’ d’Hiv’
23-26 août : les juifs étrangersde la zone sud sont
livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy
25 août : les Alsaciens et Lorrains des territoires annexés
par le Reich doivent effectuer leur service militaire en
Allemagne
1943 30 janvier : création de la Milice
16 février : instauration du Service du Travail Obligatoire
(STO)
février : premières déportations de Français à
Buchenwald
21 juin : arrestation de Jean Moulin à Caluire
août : 86 personnes transférées d’Auschwitz sont
gazées au camp alsacien du Struthof
14 décembre : à Nantua, les Allemands arrêtent
et déportent 150 hommes en représailles
1944 10 janvier : Victor Basch, ancien président de
la Ligue des Droits de l’Homme, et son épouse
lène sont assassinés par des miliciens à Neyron
20 janvier : création de cours martiales expéditives
pour juger les « terroristes » (résistants)
février : la ville de Belley est occupée par les Allemands
• 5, 6 et 7 février : actions de répression allemande sur
le plateau d’Hauteville et dans le Valromey (184
personnes arrêtées, 42 fusillées et 38 maisons incendiées)
19-21 février : 23 partisans FTP-MOI (main d’œuvre
immigrée) arrêtés en novembre 1943 sont exécutés
18-26 mars : les troupes allemandes et les miliciens
anéantissent le maquis des Glières (Haute-Savoie)
•6avril : rafle d’Izieu, sur ordre de la Gestapo,
44 enfants juifs et 7 éducateurs sont arrêtés et déportés
19 mai : 5 pensionnaires de la ferme de Saint-Germain,
Villemotier, tombent sous les balles des SS
• 5 juin : 9 lycéens résistants du lycée Lalande à Bourg-
en-Bresse, sont déportés
10 juin : massacre d’Oradour-sur-Glane
23 juin : les Allemands fusillent Joseph Viallaz, maire
d’Hauteville
10 juillet : les Allemands attaquent le maquis de Bourg-
en-Bresse,(1764 personnes sont arrêtées, 34 fusillées)
12-22 juillet : répression allemande à Dortan où
18 personnes sont exécutées, des femmes violées et
le village incendié
14 juillet : Dagostini, chef de la Milice de l’Ain, fait arrêter
àl’hôpital de Nantua 9 blessés pour les faire fusiller
18 juillet : les Allemands détruisent Pressiat
19 juillet : de nouveau à l’hôpital de Nantua,
la Gestapo fait conduire 9 blessés à la morgue pour y
être fusillés
21-23 juillet : liquidation du maquis du Vercors
«Le Juif et la France », affiche, René Péron, septembre 1941,
Inv. affiche 1018, Bibliothèque de Documentation Internationale
Contemporaine (BDIC) et Musée d’Histoire Contemporaine
Dejuin 1940 à novembre 1942,
le territoire est soumis à deux
législations : celle de l’occupant au nord
de la ligne de démarcation, et celle
du gouvernement de Vichy au sud,
dite zone non occupée, dont fait partie
le département de l’Ain à l’exception
du Pays de Gex intégré à la zone
interdite.
Le gouvernement de Vichy, engagé dans
la collaboration, produit une législation
antisémite, anticommuniste et
xénophobe proche de celle des
Allemands. Il prend seul la cision de
dénaturaliser les étrangers devenus
français à partir de 1927.
Le 3 octobre 1940, il promulgue
un premier statut des juifs suivi,
le 4 octobre,d’une loi qui autorise
les préfets à interner « les étrangers
de race juivedans des camps spéciaux »
(camps d’internement français).
Les juifs sont privés de nombreux
droits et exclus de plusieurs métiers
dans les domaines de l’administration,
de l’enseignement, de la justice, de
la santé, ...
Le 11 novembre 1942, après le
débarquement des Alliés en Afrique
du Nord, l’armée allemande envahit
la zone sud. Les camps français sont
« vidés » et les internés qui s’y
trouvent sont déportés.
Le territoire compris entre la rive-
gauche du Rhône et la frontière
italienne est occupé par les Italiens
jusqu’au 8 septembre 1943 et
devient un refuge pour de nombreux
juifs.
Le département de l’Ain, en raison
de sa situation frontalière,connaît un
régime particulier. Sa partie située au
sud d’une ligne Ambérieu-en-Bugey –
Nantua – Bellegarde-sur-Valserine
se trouve dans cette zone italienne
tandis que le pays de Gex reste
inclus dans la zone interdite. Le reste
du département est occupé par
les Allemands.
Nantua et Izieu ont en commun
ces mêmes conditions spécifiques :
une occupation italienne peu répressive
suivie d’une brutale offensive allemande
qui se traduit par des représailles,
des exécutions et des rafles dès
le 14 décembre 1943.
Le STO
Le 16 février 1943, avec la complicité
active du gouvernement de Vichy
l’Allemagne nazie impose la mise en
place du STO(Service du Travail
Obligatoire) pour compenser le
manque de main d’œuvre dû à l’envoi
de ses soldats sur le front russe.
Les travailleurs forcés français sont
les seuls d’Europe à avoir été requis
par les lois de leur propre Etat, et
non pas par une ordonnance allemande.
Le STO, durant l’occupation de
la France par l’Allemagne nazie,
consiste à réquisitionner des centaines
de milliers de travailleurs français et
àles transférer en Allemagne afin de
participer à l’effort de guerre allemand
(usines, agriculture, chemins de fer…).
Les personnes réquisitionnées dans
le cadre du STO sont hébergées
dans des camps de travailleurs situés
sur le sol allemand. Le recrutement
se fait par classes d’âge entières.
Les jeunes gens nés entre 1920 et
1922 sont obligés de travailler en
Allemagne à titre de substitut de service
militaire.
Au total, 650 000 travailleurs français
sont acheminés vers l’Allemagne
entre juin 1942 et juillet 1944.
Le refus du STO provoque le départ
dans la clandestinité de près de
200 000 réfractaires, dont environ
un quart gagne les maquis en pleine
formation. Cela constitue un apport
considérable pour la Résistance.
Enjuin 1940, la défaite française face à l’offensive allemande se solde par un découpage du territoire.
Ilne cessera d’évoluer jusqu’à la fin de la guerre :
zone libre, zone occupée, zone interdite, zone italienne…
Enraison de sa situation frontalière avec la Suisse et de sa géographie comprenant
plaines et montagnes, l’Ain se trouve pris au coeur des différents découpages qui,
selon la période, favorisent la création de maquis, l’afflux de juifs persécutés,
la répression allemande et la mise en place de réseaux d’aides et de sauvetages.
LAFRANCE ET LE DÉPARTEMENT DE L’AIN (JUIN 1940 / AOÛT 1944)
Découpage de la France à partir de juin 1940
Zone “libre” (ou zone Sud)
jusqu’en novembre 1942
Ligne de démarcation
Mur de l’Atlantique
(zone interdite littorale)
Zone occupée
administration allemande de Paris
Zone réservée
Zone interdite au
retour des réfugiés
Zone occupée
administration de Bruxelles
Région annexée au Reich
Zone d’occupation italienne
après novembre 1942
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CHRONOLOGIE DES PRINCIPALES MESURES DOPPRESSION (ALLEMANDES ET FRANÇAISES)
1939 27 août :suspension des journaux communistes -
établissement de la censure
26 septembre : dissolution du Parti communiste français
1940 • juin : 1,6 million de soldats français prisonniers sont
transférés en Allemagne
22 juillet : loi de révision des naturalisations depuis 1927
30 juillet : épuration de l’administration française
•2août : le général De Gaulle est condamné à mort
par contumace
•3septembre : loi autorisant l’internement des individus
dangereux
27 septembre : première ordonnance du commandant
en chef allemand en zone occupée définissant les juifs
•3octobre : premier statut des juifs de Vichy
•4octobre : le maréchal Pétain promulgue une loi
autorisant l’internement des juifs étrangers sur décision
préfectorale dans des camps spéciaux
1941 29 mars : création du Commissariat général aux
questions juives
26 avril : nouvelle ordonnance allemande en zone
occupée concernant les juifs
14 mai : première rafle de juifs étrangers à Paris
2juin : loi instaurant le recensement des juifs en France
22 juillet : loi de Vichy pour « éliminer toute influence
juive dans l’économie nationale »
13 août : ordonnance interdisant aux juifs de posséder
des postes de radio
20 août : deuxième rafle de juifs à Paris
22 août : ordonnance allemande dite « des otages »
24 août : loi instituant les tribunaux d’exception
contre les actions communistes
16 septembre : exécution de 10 otages par l’armée
allemande
•7décembre : le décret allemand « Nacht und Nebel »
(Nuit et Brouillard) ordonne la déportation pour tous
les ennemis du Reich et des forces d’occupation dans
les territoires occupés ; ils seront transférés en Allemagne
et disparaîtront dans le secret absolu
1942 20 janvier : ouverture de la Conférence de Wannsee
où sont mises au point les modalités de la « Solution
finale de la question juive»
19 février : ouverture du procès de Riom
27 mars : premier convoi de déportation de juifs à
destination d’Auschwitz
29 mai : ordonnance allemande sur le port de l’étoile
juive en zone occupée
16-17 juillet : rafle du Vel’ d’Hiv’
23-26 août : les juifs étrangersde la zone sud sont
livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy
25 août : les Alsaciens et Lorrains des territoires annexés
par le Reich doivent effectuer leur service militaire en
Allemagne
1943 30 janvier : création de la Milice
16 février : instauration du Service du Travail Obligatoire
(STO)
février : premières déportations de Français à
Buchenwald
21 juin : arrestation de Jean Moulin à Caluire
août : 86 personnes transférées d’Auschwitz sont
gazées au camp alsacien du Struthof
14 décembre : à Nantua, les Allemands arrêtent
et déportent 150 hommes en représailles
1944 10 janvier : Victor Basch, ancien président de
la Ligue des Droits de l’Homme, et son épouse
lène sont assassinés par des miliciens à Neyron
20 janvier : création de cours martiales expéditives
pour juger les « terroristes » (résistants)
février : la ville de Belley est occupée par les Allemands
• 5, 6 et 7 février : actions de répression allemande sur
le plateau d’Hauteville et dans le Valromey (184
personnes arrêtées, 42 fusillées et 38 maisons incendiées)
19-21 février : 23 partisans FTP-MOI (main d’œuvre
immigrée) arrêtés en novembre 1943 sont exécutés
18-26 mars : les troupes allemandes et les miliciens
anéantissent le maquis des Glières (Haute-Savoie)
•6avril : rafle d’Izieu, sur ordre de la Gestapo,
44 enfants juifs et 7 éducateurs sont arrêtés et déportés
19 mai : 5 pensionnaires de la ferme de Saint-Germain,
Villemotier, tombent sous les balles des SS
• 5 juin : 9 lycéens résistants du lycée Lalande à Bourg-
en-Bresse, sont déportés
10 juin : massacre d’Oradour-sur-Glane
23 juin : les Allemands fusillent Joseph Viallaz, maire
d’Hauteville
10 juillet : les Allemands attaquent le maquis de Bourg-
en-Bresse,(1764 personnes sont arrêtées, 34 fusillées)
12-22 juillet : répression allemande à Dortan où
18 personnes sont exécutées, des femmes violées et
le village incendié
14 juillet : Dagostini, chef de la Milice de l’Ain, fait arrêter
àl’hôpital de Nantua 9 blessés pour les faire fusiller
18 juillet : les Allemands détruisent Pressiat
19 juillet : de nouveau à l’hôpital de Nantua,
la Gestapo fait conduire 9 blessés à la morgue pour y
être fusillés
21-23 juillet : liquidation du maquis du Vercors
«Le Juif et la France », affiche, René Péron, septembre 1941,
Inv. affiche 1018, Bibliothèque de Documentation Internationale
Contemporaine (BDIC) et Musée d’Histoire Contemporaine
Dejuin 1940 à novembre 1942,
le territoire est soumis à deux
législations : celle de l’occupant au nord
de la ligne de démarcation, et celle
du gouvernement de Vichy au sud,
dite zone non occupée, dont fait partie
le département de l’Ain à l’exception
du Pays de Gex intégré à la zone
interdite.
Le gouvernement de Vichy, engagé dans
la collaboration, produit une législation
antisémite, anticommuniste et
xénophobe proche de celle des
Allemands. Il prend seul la cision de
dénaturaliser les étrangers devenus
français à partir de 1927.
Le 3 octobre 1940, il promulgue
un premier statut des juifs suivi,
le 4 octobre,d’une loi qui autorise
les préfets à interner « les étrangers
de race juivedans des camps spéciaux »
(camps d’internement français).
Les juifs sont privés de nombreux
droits et exclus de plusieurs métiers
dans les domaines de l’administration,
de l’enseignement, de la justice, de
la santé, ...
Le 11 novembre 1942, après le
débarquement des Alliés en Afrique
du Nord, l’armée allemande envahit
la zone sud. Les camps français sont
« vidés » et les internés qui s’y
trouvent sont déportés.
Le territoire compris entre la rive-
gauche du Rhône et la frontière
italienne est occupé par les Italiens
jusqu’au 8 septembre 1943 et
devient un refuge pour de nombreux
juifs.
Le département de l’Ain, en raison
de sa situation frontalière,connaît un
régime particulier. Sa partie située au
sud d’une ligne Ambérieu-en-Bugey –
Nantua – Bellegarde-sur-Valserine
se trouve dans cette zone italienne
tandis que le pays de Gex reste
inclus dans la zone interdite. Le reste
du département est occupé par
les Allemands.
Nantua et Izieu ont en commun
ces mêmes conditions spécifiques :
une occupation italienne peu répressive
suivie d’une brutale offensive allemande
qui se traduit par des représailles,
des exécutions et des rafles dès
le 14 décembre 1943.
Le STO
Le 16 février 1943, avec la complicité
active du gouvernement de Vichy
l’Allemagne nazie impose la mise en
place du STO(Service du Travail
Obligatoire) pour compenser le
manque de main d’œuvre dû à l’envoi
de ses soldats sur le front russe.
Les travailleurs forcés français sont
les seuls d’Europe à avoir été requis
par les lois de leur propre Etat, et
non pas par une ordonnance allemande.
Le STO, durant l’occupation de
la France par l’Allemagne nazie,
consiste à réquisitionner des centaines
de milliers de travailleurs français et
àles transférer en Allemagne afin de
participer à l’effort de guerre allemand
(usines, agriculture, chemins de fer…).
Les personnes réquisitionnées dans
le cadre du STO sont hébergées
dans des camps de travailleurs situés
sur le sol allemand. Le recrutement
se fait par classes d’âge entières.
Les jeunes gens nés entre 1920 et
1922 sont obligés de travailler en
Allemagne à titre de substitut de service
militaire.
Au total, 650 000 travailleurs français
sont acheminés vers l’Allemagne
entre juin 1942 et juillet 1944.
Le refus du STO provoque le départ
dans la clandestinité de près de
200 000 réfractaires, dont environ
un quart gagne les maquis en pleine
formation. Cela constitue un apport
considérable pour la Résistance.
Enjuin 1940, la défaite française face à l’offensive allemande se solde par un découpage du territoire.
Ilne cessera d’évoluer jusqu’à la fin de la guerre :
zone libre, zone occupée, zone interdite, zone italienne…
Enraison de sa situation frontalière avec la Suisse et de sa géographie comprenant
plaines et montagnes, l’Ain se trouve pris au coeur des différents découpages qui,
selon la période, favorisent la création de maquis, l’afflux de juifs persécutés,
la répression allemande et la mise en place de réseaux d’aides et de sauvetages.
LAFRANCE ET LE DÉPARTEMENT DE L’AIN (JUIN 1940 / AOÛT 1944)
Découpage de la France à partir de juin 1940
Zone “libre” (ou zone Sud)
jusqu’en novembre 1942
Ligne de démarcation
Mur de l’Atlantique
(zone interdite littorale)
Zone occupée
administration allemande de Paris
Zone réservée
Zone interdite au
retour des réfugiés
Zone occupée
administration de Bruxelles
Région annexée au Reich
Zone d’occupation italienne
après novembre 1942
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5
Les premières aides apportées
par des médecins à
la Résistance dans l’Ain
De nombreux membres du corps
médical ont aidé la Résistance,
le maquis, ou se sont engagés dans
des mouvements de résistance
dans l’Ain.
ABourg-en-Bresse, le chirurgien
dentiste Rémond Charvet est respon-
sable du Service de Renseignement
des Mouvements Unis de la Résistance.
Le docteur Poncet est membre du
Comité Départemental de Libération
clandestin et est aussi inspecteur
départemental de la Santé.
Le docteur Gustave Léger, médecin
des prisons, facilite l’évasion de
résistants et accueille à son domicile
des réunions importantes des
Mouvements Unis de la Résistance
où sont présents Jean Moulin et
le général Delestraint.
ANantua, Emile Mercier, médecin,
devient chef de l’Armée Secrète
et s’engage dès 1940 avec son épouse
Paulette, pharmacienne, dans
la Résistance. Fin 1943, il prend
la responsabilité du Service de Santé
des camps des maquis de l’Ain avec
quelques médecins : les docteurs
Noël, Bastian et Caraco de Thoirette.
Dénoncé, il est fusillé lorsde la rafle
du 14 décembre 1943.
Apartir de juin 1944, s’organise un
véritable Service de Santé du maquis.
Les Docteurs Georges, Guillet,
Parker et le Service de Santé
du maquis de l’Ain
Jacques Guttières dit « Docteur
Georges », adhérent du mouvement
« Libération » depuis 1942, est
contraint de quitter son poste de
médecin ORL à Villeneuve-sur-Lot,
suite à son fort engagement dans
la résistance locale.Sur l’ordre d’Henri
Gabrielle, responsable du Comité
Médical de la Résistance auprès de
l’Etat Major régional des Forces
Françaises de l’Intérieur, Jacques
Guttières est affecté au maquis
de l’Ain pour organiser un Service
de Santé en avril 1944. Il est aidé par
le Docteur René Guillet qui le rejoint
le 24 juin 1944, et une douzaine
d’autres médecins.
Sa première tâche consiste à recruter
de jeunes médecins et à les affecter
aux groupements principaux de
combattants. Ainsi par exemple, le
Docteur Valentin (Paulin) est affecté
au camp Rolland, le Docteur Bastien
au camp Jo, le Docteur Leteyssier
dans le secteur de Jujurieux, le Docteur
Weiler au groupement Chabot.
Il se met ensuite en quête de
matériel sanitaire. Il organise par
ailleursdes Postes de Secours disposant
de quelques lits dans des locaux vides
sous la responsabilité de médecins à
Hauteville, Champagne-en-Valromey,
Brénod, Bellegarde-sur-Valserine,
Saint-Germain-de-Joux, Oyonnax,
Chavannes-sur-Suran, Corveissiat…
Des postes de repli sont prévus en
cas d’attaque à Lantenay, au Poizat,
à Charix.
Fin juin 1944, des hôpitaux
complémentaires sont installés à
Oyonnax et dans l’hôtel de France
à Nantua .
Dans la nuit du 7 au 8 juillet,
le chirurgien britannique Geoffray
Edward Parker dit « Parsifal »
débarque d’un avion Dakota avec du
matériel. Le 9 juillet 1944, un centre
chirurgical est organisé sous sa direction
dans l’Ecole Pratique d’Oyonnax.
Début août 1944, sur ordre d’Henri
Petit dit « Romans », chef des maquis
de l’Ain, « Parsifal », spécialiste en
chirurgie de guerre, prend la direction
du Service de Santé et est secondé
par René Guillet.
René Guillet, Coll. René Guillet
4
Les persécutions
Dans toute la France, des personnes
sont persécutées pour ce qu’elles sont :
juives, tziganes, étrangères. D’autres
sont pourchassées pour leurs actions
de désobéissance civile, de refus de
l’occupation : communistes, gaullistes,
francs-maçons, réfractaires au STO,
opposants et résistants.
Le nombre total des victimes de ces
répressions est mal connu : plusieurs
milliers de personnes ont été assassi-
nées par les nazis en France même,
dont une partie avec la complicité
directe du gouvernement français et
des collaborateurs.
Selon Henri Rousso, on estime à
87 000 hommes et femmes (résistants,
civils, condamnés de droit commun,
homosexuels…) le nombre de
déportés dans les camps de
concentration allemands (Dachau,
Buchenwald, Ravensbrück…) dont
40% n’ont pas survécu.
Sur une population estimée à
350 000 avant la guerre, environ
76 000 juifs de France ont été déportés
vers les camps d’extermination de
Pologne ; 2 500 ont survécu. Parmi
ces déportés il y avait 2 000 enfants
de moins de six ans, 8 700 enfants
de 6 à 7 ans et 9 700 personnes de
plus de 60 ans.
Les persécutions recouvrent toutes
les formes de violences possibles,
de la pression psychologique à
la désignation publique comme juif,
àl’arrestation, la torture, la déportation
et l’exécution.
La résistance civile :
le tournant de l’année 1942
Avec l’intensification de la guerre,
les persécutions sont de plus en plus
nombreuses et visibles. Une part
croissante de la population est choquée
et certaines personnes réagissent en
portant secours aux victimes.
Les acteurs de cette résistance civile
viennent de tous les horizons de la
société. Ce sont des individus isolés
ou appartenant à des groupes
sociaux ou politiques, qui interviennent
par sympathie,esprit de solidarité
ou pour des raisons culturelles,
politiques ou juridiques.
Les formes de résistance civile sont
individuelles ou collectives, anonymes,
clandestines ou publiques. Le sauvetage
des juifs en est l’une des formes les
plus fréquentes.
L’opinion publique et les prises de
position de certains responsables
administratifs, juridiques, politiques
ou religieux (représentants des insti-
tutions) encouragent ou provoquent
des initiatives. Ainsi se développent
de multiples formes d’aide :
on (gendarmes, policiers,
fonctionnaires) prévient les victimes
désignées ;on héberge,on cache ;
on ravitaille, on fournit de faux-papiers ;
on fait passer la ligne de démarcation,
les frontières ;on dénonce,on proteste,
on manifeste.
Les journaux et bulletins clandestins
soutiennent ces actions en dénonçant
et défiant la légitimité du pouvoir.
«Avis très important concernant les atterrissages d’aviateurs et parachutages », 6 juillet 1943,
Inv. MHRD 1998.17.30, Coll. Musées des pays de l’Ain
Découpage de la France. Détail de la région de l’Ain
LAIDE CIVILE AUX RÉSISTANTS
Lasituation géographique du département de l'Ain
(dont les limites sont formées par les vallées de
la Saône et du Rhône et par la frontière suisse à l'est) et
laprésence d'axes de communication européens vers
laSuisse, l'Italie et l'est en font un secteur particulièrement
stratégique durant la Seconde Guerre mondiale.
La présence par ailleurs d'une topographie à la fois de
plaines et collines à l'ouest et de la zone de moyenne
montagne ouverte du Bugey à l'est, ainsi que la mise en
place de la ligne de démarcation, puis de la zone d'occu-
pation italienne dans le Bas Bugey, vont favoriser le refuge
et les passages frontaliers. Les proscrits du régime de
Vichy vont tenter de fuir vers la Suisse, se réfugier dans
les maquis, où se cacher dans cette zone de moyenne
montagne. Les Alliés britanniques, conscients de l’intérêt
de la topographie du département vont établir en Bresse
eten Dombes une véritable base logistique pour
approvisionner la majeure partie des groupes de résistance
dans la région Rhône-Alpes et en Saône-et-Loire.
Les formes d’aides apportées aux personnes persécutées
ou pourchassées ont été multiples. Certains vont cacher
des personnes, d’autres vont confectionner des faux-
papiers, approvisionner les maquis, soigner les résistants
blessés, tenter de faire passer la frontière à des familles
juives… Cette aide est le fait de personnes individuelles
ou de réseaux plus ou moins organisés.
LE SERVICE DE SANTÉ DES MAQUIS DE L’AIN
La documentation sur les formes de secours apportées aux proscrits de la société
entre 1940 et 1944 est bien souvent très parcellaire. C’est pourquoi le musée d’Histoire
de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura a choisi de présenter pour le dossier
seulement l’exemple du Service de Santé du maquis, pour lequel il dispose d’une documentation
relativement fournie sur le sujet : collections, archives et témoignages oraux.
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Les premières aides apportées
par des médecins à
la Résistance dans l’Ain
De nombreux membres du corps
médical ont aidé la Résistance,
le maquis, ou se sont engagés dans
des mouvements de résistance
dans l’Ain.
ABourg-en-Bresse, le chirurgien
dentiste Rémond Charvet est respon-
sable du Service de Renseignement
des Mouvements Unis de la Résistance.
Le docteur Poncet est membre du
Comité Départemental de Libération
clandestin et est aussi inspecteur
départemental de la Santé.
Le docteur Gustave Léger, médecin
des prisons, facilite l’évasion de
résistants et accueille à son domicile
des réunions importantes des
Mouvements Unis de la Résistance
où sont présents Jean Moulin et
le général Delestraint.
ANantua, Emile Mercier, médecin,
devient chef de l’Armée Secrète
et s’engage dès 1940 avec son épouse
Paulette, pharmacienne, dans
la Résistance. Fin 1943, il prend
la responsabilité du Service de Santé
des camps des maquis de l’Ain avec
quelques médecins : les docteurs
Noël, Bastian et Caraco de Thoirette.
Dénoncé, il est fusillé lorsde la rafle
du 14 décembre 1943.
Apartir de juin 1944, s’organise un
véritable Service de Santé du maquis.
Les Docteurs Georges, Guillet,
Parker et le Service de Santé
du maquis de l’Ain
Jacques Guttières dit « Docteur
Georges », adhérent du mouvement
« Libération » depuis 1942, est
contraint de quitter son poste de
médecin ORL à Villeneuve-sur-Lot,
suite à son fort engagement dans
la résistance locale.Sur l’ordre d’Henri
Gabrielle, responsable du Comité
Médical de la Résistance auprès de
l’Etat Major régional des Forces
Françaises de l’Intérieur, Jacques
Guttières est affecté au maquis
de l’Ain pour organiser un Service
de Santé en avril 1944. Il est aidé par
le Docteur René Guillet qui le rejoint
le 24 juin 1944, et une douzaine
d’autres médecins.
Sa première tâche consiste à recruter
de jeunes médecins et à les affecter
aux groupements principaux de
combattants. Ainsi par exemple, le
Docteur Valentin (Paulin) est affecté
au camp Rolland, le Docteur Bastien
au camp Jo, le Docteur Leteyssier
dans le secteur de Jujurieux, le Docteur
Weiler au groupement Chabot.
Il se met ensuite en quête de
matériel sanitaire. Il organise par
ailleursdes Postes de Secours disposant
de quelques lits dans des locaux vides
sous la responsabilité de médecins à
Hauteville, Champagne-en-Valromey,
Brénod, Bellegarde-sur-Valserine,
Saint-Germain-de-Joux, Oyonnax,
Chavannes-sur-Suran, Corveissiat…
Des postes de repli sont prévus en
cas d’attaque à Lantenay, au Poizat,
à Charix.
Fin juin 1944, des hôpitaux
complémentaires sont installés à
Oyonnax et dans l’hôtel de France
à Nantua .
Dans la nuit du 7 au 8 juillet,
le chirurgien britannique Geoffray
Edward Parker dit « Parsifal »
débarque d’un avion Dakota avec du
matériel. Le 9 juillet 1944, un centre
chirurgical est organisé sous sa direction
dans l’Ecole Pratique d’Oyonnax.
Début août 1944, sur ordre d’Henri
Petit dit « Romans », chef des maquis
de l’Ain, « Parsifal », spécialiste en
chirurgie de guerre, prend la direction
du Service de Santé et est secondé
par René Guillet.
René Guillet, Coll. René Guillet
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Les persécutions
Dans toute la France, des personnes
sont persécutées pour ce qu’elles sont :
juives, tziganes, étrangères. D’autres
sont pourchassées pour leurs actions
de désobéissance civile, de refus de
l’occupation : communistes, gaullistes,
francs-maçons, réfractaires au STO,
opposants et résistants.
Le nombre total des victimes de ces
répressions est mal connu : plusieurs
milliers de personnes ont été assassi-
nées par les nazis en France même,
dont une partie avec la complicité
directe du gouvernement français et
des collaborateurs.
Selon Henri Rousso, on estime à
87 000 hommes et femmes (résistants,
civils, condamnés de droit commun,
homosexuels…) le nombre de
déportés dans les camps de
concentration allemands (Dachau,
Buchenwald, Ravensbrück…) dont
40% n’ont pas survécu.
Sur une population estimée à
350 000 avant la guerre, environ
76 000 juifs de France ont été déportés
vers les camps d’extermination de
Pologne ; 2 500 ont survécu. Parmi
ces déportés il y avait 2 000 enfants
de moins de six ans, 8 700 enfants
de 6 à 7 ans et 9 700 personnes de
plus de 60 ans.
Les persécutions recouvrent toutes
les formes de violences possibles,
de la pression psychologique à
la désignation publique comme juif,
àl’arrestation, la torture, la déportation
et l’exécution.
La résistance civile :
le tournant de l’année 1942
Avec l’intensification de la guerre,
les persécutions sont de plus en plus
nombreuses et visibles. Une part
croissante de la population est choquée
et certaines personnes réagissent en
portant secours aux victimes.
Les acteurs de cette résistance civile
viennent de tous les horizons de la
société. Ce sont des individus isolés
ou appartenant à des groupes
sociaux ou politiques, qui interviennent
par sympathie,esprit de solidarité
ou pour des raisons culturelles,
politiques ou juridiques.
Les formes de résistance civile sont
individuelles ou collectives, anonymes,
clandestines ou publiques. Le sauvetage
des juifs en est l’une des formes les
plus fréquentes.
L’opinion publique et les prises de
position de certains responsables
administratifs, juridiques, politiques
ou religieux (représentants des insti-
tutions) encouragent ou provoquent
des initiatives. Ainsi se développent
de multiples formes d’aide :
on (gendarmes, policiers,
fonctionnaires) prévient les victimes
désignées ;on héberge,on cache ;
on ravitaille, on fournit de faux-papiers ;
on fait passer la ligne de démarcation,
les frontières ;on dénonce,on proteste,
on manifeste.
Les journaux et bulletins clandestins
soutiennent ces actions en dénonçant
et défiant la légitimité du pouvoir.
«Avis très important concernant les atterrissages d’aviateurs et parachutages », 6 juillet 1943,
Inv. MHRD 1998.17.30, Coll. Musées des pays de l’Ain
Découpage de la France. Détail de la région de l’Ain
LAIDE CIVILE AUX RÉSISTANTS
Lasituation géographique du département de l'Ain
(dont les limites sont formées par les vallées de
la Saône et du Rhône et par la frontière suisse à l'est) et
laprésence d'axes de communication européens vers
laSuisse, l'Italie et l'est en font un secteur particulièrement
stratégique durant la Seconde Guerre mondiale.
La présence par ailleurs d'une topographie à la fois de
plaines et collines à l'ouest et de la zone de moyenne
montagne ouverte du Bugey à l'est, ainsi que la mise en
place de la ligne de démarcation, puis de la zone d'occu-
pation italienne dans le Bas Bugey, vont favoriser le refuge
et les passages frontaliers. Les proscrits du régime de
Vichy vont tenter de fuir vers la Suisse, se réfugier dans
les maquis, où se cacher dans cette zone de moyenne
montagne. Les Alliés britanniques, conscients de l’intérêt
de la topographie du département vont établir en Bresse
eten Dombes une véritable base logistique pour
approvisionner la majeure partie des groupes de résistance
dans la région Rhône-Alpes et en Saône-et-Loire.
Les formes d’aides apportées aux personnes persécutées
ou pourchassées ont été multiples. Certains vont cacher
des personnes, d’autres vont confectionner des faux-
papiers, approvisionner les maquis, soigner les résistants
blessés, tenter de faire passer la frontière à des familles
juives… Cette aide est le fait de personnes individuelles
ou de réseaux plus ou moins organisés.
LE SERVICE DE SANTÉ DES MAQUIS DE L’AIN
La documentation sur les formes de secours apportées aux proscrits de la société
entre 1940 et 1944 est bien souvent très parcellaire. C’est pourquoi le musée d’Histoire
de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et du Haut-Jura a choisi de présenter pour le dossier
seulement l’exemple du Service de Santé du maquis, pour lequel il dispose d’une documentation
relativement fournie sur le sujet : collections, archives et témoignages oraux.
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