Dossier: les 10 ans du Centre de procréation médicalement assistée

Magazine de la Clinique Générale-Beaulieu n°17 | été 2015
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les 10 ans du Centre de procréation médicalement
assistée
beaulieu.ch
L’émotion et l’enjeu.
Sommaire
EDITO
Parents, enfants, médecins, partenaires et collaborateurs:
nous étions tous réunis le 3 juin au Forum Beaulieu pour
célébrer, dans l’émotion, les 10 ans du Centre de procréa-
tion médicalement assistée.
Hasard du calendrier, cet anniversaire s’est tenu dans
un contexte de scrutin populaire. Le 14 juin en effet, le
peuple devait se prononcer sur la modification d’une
demi-phrase dans un article de la Constitution fédérale.
Quelques mots qui pouvaient changer beaucoup de
choses pour les couples frappés d’infertilité ou de mala-
dies héréditaires graves et pour les professionnels de la
médecine de la reproduction. Face à ce thème pourtant
très émotionnel, le peuple a fait preuve, une fois de plus,
d’une grande sagesse en votant oui par 61,92%. Une
bonne nouvelle également pour la démocratie en Suisse,
qui permet d’aborder tous les thèmes dans la dignité.
La Clinique Générale-Beaulieu est fière de proposer pareil
Centre dans son offre médicale très vaste. De plus en plus
hyperspécialisée, la médecine doit regrouper sous un
même toit des compétences complémentaires. Le CPMA
est l’exemple réussi d’une équipe pluridisciplinaire et d’un
partenariat tripartite: les médecins spécialistes, qu’ils
soient gynécologues ou urologues, le Laboratoire Unilabs
et la Clinique Générale-Beaulieu. C’est aussi l’assurance
de répondre à des exigences élevées en termes de qualité
et de sécurité pour les patients. Ce mode d’organisation,
qui se généralise peu à peu au sein de notre Clinique, est
indispensable pour l’avenir et permet d’adapter l’outil de
travail que nous mettons à disposition des médecins et
de leurs patients.
C’est l’occasion pour moi d’exprimer ici toute ma recon-
naissance à ces trois acteurs du Centre, ainsi qu’aux col-
laborateurs concernés de la Clinique pour l’excellence de
leur travail. Des remerciements appuyés vont également
au Dr Nicole Fournet Irion pour son implication dans la
campagne qui a précédé la votation.
Si le présent numéro consacre une large place au CPMA, il
fait également un tour d’horizon du cancer de la prostate
et de l’incontinence post-opératoire, deux thèmes déve-
loppés lors de la 6e journée d’urologie qui s’est tenue le
2 juin au Forum Beaulieu. Points forts de la journée: trois
interventions de microchirurgie réalisées en direct ont
été proposées aux participants qui pouvaient dialoguer
avec les chirurgiens en salle d’opération.
Très bonne lecture!
Philippe Cassegrain
Directeur
Edito p. 2
Dossier: CPMA: dix années fertiles p. 3
Votation du 14 juin p. 6
Le point vital du CPMA p. 8
Lavis du médecin répondant p. 11
Infertilité: le volet masculin p. 12
Les équipements du CPMA p. 15
Les équipes du CPMA p. 16
6e journée d’Urologie p. 20
Info brève p. 24
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10e anniversaire du CPMA
Dix années fertiles
DOSSIER
Le CPMA fête ses dix ans précisément l’année la modification
de la loi sur la PMA est en jeu. Pour dresser un bilan et parler de ce
contexte dont l’issue est particulièrement importante, non seule-
ment pour les professionnels de la procréation médicalement as-
sistée, mais surtout pour les couples notamment infertiles, nous
avons rencontré l’une des cofondatrices du Centre, la Dre Nicole
Fournet Irion.
Qu’est-ce que la procréation médicalement assistée et quelles
sont les techniques employées au CPMA?
Lorsque l’on parle de procréation médicalement assistée, on fait
allusion à deux techniques: l’insémination et la fécondation in
vitro. Les inséminations que nous pratiquons sont dites homolo-
gues, cest-à-dire avec le sperme du conjoint. Nous ne faisons pas
d’inséminations de donneurs car il n’y a plus de banque de sperme
à Genève. Lévolution des techniques et en particulier l’apparition
de l’ICSI (ndr: Intracytoplasmic Sperm Injection, c’est-à-dire micro-
injection d’un spermatozoïde directement dans l’ovocyte) a en
effet diminué les besoins en donneurs, même dans les cas les plus
sévères d’infertilité masculine.
Pour l’insémination, le sperme est préparé en laboratoire. La frac-
tion mobile des spermatozoïdes est concentrée dans un petit
volume. Puis on introduit cette préparation avec un cathéter fin à
l’intérieur de l’utérus de la femme au moment de l’ovulation.
Pour la fécondation in vitro, les ovocytes sont prélevés après une
stimulation ovarienne. Le but est d’en obtenir plusieurs, car avec un
seul ovocyte, les chances que cet ovocyte soit fécondé et aboutisse
à une grossesse sont excessivement faibles. En augmentant le
nombre d’ovocytes et, par conséquent, d’embryons, on augmente
les chances d’obtenir une grossesse. Il faut savoir que dans la pro-
création humaine, environ 50% d’embryons sont génétiquement
«non compétents», cest-à-dire ne donneront pas de grossesse.
On doit donc stimuler les ovaires, prélever des ovocytes et procé-
der à la fécondation des ovocytes en laboratoire, d’le terme de
fécondation in vitro. Une fois l’ovocyte fécondé, et après les pre-
mières étapes du développement embryonnaire, on transfère les
embryons dans l’utérus, à un moment que l’on appelle la «fenêtre
d’implantation», qui correspond, d’un point de vue hormonal, au
moment adéquat ils ont le plus de chances de s’implanter. Le
transfert des embryons a lieu de deux à cinq jours après prélève-
ment des ovocytes.
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DOSSIER
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Quelle était la vision de départ, lors de la création du Centre en
2005?
Les Drs Anna-Maria Stalberg, Gabriel de Candolle et moi-même
avons eu l’idée de monter une équipe tripartite comprenant la
Clinique Générale-Beaulieu, un laboratoire et nous-mêmes.
Comme vous le savez, pour la fécondation in vitro, le laboratoire
est essentiel à l’obtention de bons résultats. Dès le départ, nous
voulions un laboratoire qui soit performant et qui réponde aux
normes du début du 21e siècle. La Clinique Générale-Beaulieu nous
offrait quant à elle une bonne infrastructure pour la réception des
patientes, les actes médicaux, comme les ponctions d’ovocytes qui
se pratiquent au bloc opératoire, et les transferts, qui nécessitent
des équipements et du personnel infirmier. A l’époque, nous tra-
vaillions déjà beaucoup au niveau de l’hormonologie et des sper-
mogrammes avec le laboratoire Unilabs. C’est donc tout naturel-
lement que nous leur avons proposé un partenariat dans le cadre
de la création d’un Centre de procréation médicalement assistée.
Unilabs a engagé un embryologiste spécialisé en PMA et monté
un laboratoire bénéficiant de la meilleure technologie à l’époque.
Cette structure tripartite était-elle unique à Genève à l’époque?
Dans le secteur privé, la structure tripartite que nous mettions sur
pied était absolument unique.
Les acteurs du projet étaient-ils déjà reconnus?
Ma consœur et mon confrère étaient actifs dans la fécondation in
vitro depuis une dizaine d’années, j’en faisais moi-même depuis
mon installation en cabinet privé en 1997. Et nous étions tous
détenteurs d’une sous-spécialisation en médecine de la reproduc-
tion et endocrinologie gynécologique, un critère incontournable
de qualité, mais également de sécurité en termes de responsabi-
lité médicale.
La situation a-t-elle beaucoup évolué en dix ans?
Les consultations pour cause d’infertilité sont en augmentation
et, de ce fait, les traitements de fécondation in vitro aussi. Cette
augmentation s’explique, d’une part parce que les patients sont
mieux informés et font plus facilement appel au médecin pour ce
genre de problèmes, et d’autre part par des aspects socioculturels.
Actuellement, les femmes font souvent des études et repoussent
la maternité de plus en plus tard. Or les chances de grossesses di-
minuant avec l’âge, elles rencontrent de plus en plus de difficultés
à concevoir. Résultat: beaucoup de patientes nous consultent, non
pas parce qu’elles souffrent d’une pathologie qui est source d’in-
fertilité, comme une obstruction des trompes, mais simplement
parce qu’elles sont arrivées à un âge il est plus difficile d’être en-
ceinte. Aujourd’hui, en Suisse, on sait que l’âge moyen au premier
accouchement tend à augmenter constamment. Et on sait aussi
que les femmes qui consultent pour un problème d’infertilité ont
en moyenne deux ans de plus que les femmes qui ont accouché.
La croyance selon laquelle les progrès de la médecine peuvent pal-
lier le problème de l’âge n’est-elle pas une illusion?
Vous avez parfaitement raison mais les gens se trompent en
pensant que les techniques de procréation médicalement assis-
tée peuvent compenser le vieillissement des ovocytes. En tant
que spécialistes en médecine de la reproduction, nous avons un
énorme travail d’information et de prévention à faire en amont.
Certaines sociétés faîtières, comme l’American Society for Repro-
ductive Medicine, donnent des conseils précis aux femmes pour
les aider à préserver leur fertilité, éviter les maladies sexuellement
transmissibles, vivre sainement, avoir un poids normal, ne pas fu-
mer, etc. Et bien entendu songer à ne pas avoir des enfants trop
tard, car l’âge est un problème incontournable. Aujourd’hui, même
les meilleurs traitements ne permettent pas de traiter l’infertilité
liée à l’âge. Plus l’âge avance, plus la qualité des ovocytes se dété-
riore, cest-à-dire qu’un plus grand nombre d’entre eux n’est pas
génétiquement normal et ne permet pas d’obtenir la grossesse
souhaitée.
Ces campagnes d’information sont-elles efficaces?
Malheureusement, le message a énormément de difficulté à
passer. Différentes études menées en Europe, en Australie et aux
Etats-Unis montrent que beaucoup d’étudiantes en milieu univer-
sitaire, par exemple, sont convaincues qu’elles peuvent attendre
40 ans pour avoir des enfants. Ce qui est bien sûr totalement faux.
Je suis toujours étonnée de constater à quel point des patientes,
qui sont pourtant d’un très bon niveau d’éducation, n’ont aucune
idée de la réalité de la procréation. La presse people ne nous aide
pas lorsqu’elle montre des actrices de 50 ans avec leurs jumeaux
dans les bras. Cela contribue à propager l’idée selon laquelle il est
possible d’avoir un enfant à n’importe quel âge. S’il est vrai que
certaines femmes peuvent maintenir une fertilité relativement
tard dans la vie, il s’agit d’exceptions. Les gens ne réalisent pas que
10e anniversaire du CPMA
Dre Nicole Fournet Irion
DOSSIER
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la très grande majorité des femmes de cet âge-là ont eu leurs en-
fants par don d’ovocytes, une technique interdite en Suisse.
La rigueur de la loi suisse explique donc le fait que des femmes se
rendent à l’étranger…
Bien sûr, les femmes pour lesquelles nous ne pouvons plus inter-
venir parce qu’elles sont trop «âgées» pour tenter une fécondation
in vitro avec leurs propres ovocytes se rendent en effet à l’étranger.
En cas de grossesse, ces femmes présentent des risques accrus de
complications du fait de leur âge, le traitement effectué et parce
qu’il s’agit plus souvent de grossesse multiple. Le problème est
que nous n’avons absolument aucun contrôle sur cette forme de
tourisme médical. Les registres européens indiquent seulement le
nombre de cycles de dons d’ovocytes effectués dans tel ou tel pays,
pas l’origine des patientes. Dans les pays qui l’interdisent, comme
la Suisse, il est impossible de connaître le nombre de femmes qui
se rendent à l’étranger pour y effectuer ce traitement. Une fois
enceintes, certaines d’entre elles n’informent même pas leur -
decin qu’elles ont eu recours au don d’ovocytes. Dans ces cas-là, la
prise en charge ne saurait être optimale.
On parle de la qualité de l’ovocyte, mais qu’en est-il de celle du
sperme?
Lovocyte est une plus grosse cellule et, initialement, le gamète
prédominant. Mais le spermatozoïde a aussi bien sûr toute son
importance. L’ICSI, technique qui a été développée dans les années
1990, a complètement révolutionné l’infertilité masculine. Grâce
à cette méthode, on peut obtenir des taux de grossesses très sa-
tisfaisants, même lorsque aucun spermatozoïde n’est excrété et
qu’ils sont obtenus par biopsie testiculaire.
Dix ans après, quel est le bilan du CPMA?
Le bilan est positif à tous égards. La collaboration tripartite a tou-
jours bien fonctionné. En dix ans, nous avons évolué, notamment
en termes techniques et de logistique. Fin 2013, une Unité de bio-
logie de la reproduction a vu jour à la Clinique Générale-Beaulieu,
puisque nous avons pu réunir dans le mêmes locaux le laboratoire
d’andrologie, qui gère les analyses spermiologiques et les prépa-
rations en vue d’une insémination, et le laboratoire de féconda-
tion in vitro. D’avoir pu réunir tous les intervenants des démarches
diagnostiques et thérapeutiques de la procréation médicalement
assistée sous un même toit.
Avec le temps et l’augmentation de l’activité, l’équipe du labora-
toire s’est étoffée. Léquipe médicale a également doublé depuis
2005. Nous sommes maintenant une équipe de six médecins.
Nous sommes particulièrement heureux et fiers que tous les
jeunes médecins formés dans la région genevoise ces dernières
années aient fait le choix de rejoindre notre centre.
Et en termes de traitements?
2005 était une année de transition car le CPMA a ouvert en mai. En
2006, nous avons réalisé environ 250 cycles. Ce chiffre comprend
les ponctions d’ovocytes et transferts d’embryons, ainsi que les
transfert d’embryons décongelés. Nous avons terminé 2014 avec
420 cycles, un chiffre très appréciable qui positionne notre Centre
dans la moyenne supérieure des centres suisses. A Genève, nous
avons la chance de bénéficier d’une patientèle locale, frontalière
et internationale.
Léquipe CPMA presque au complet. Ne manquent que la Dresse Carine Schwarz Blatt et le Dr Sao-Nam Tran.
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