LA CRUCIFIXION ET LA MORT DE JÉSUS
Paco VALLATJudicaël ELUARD
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CRUCIFIXION ET MORT DE JÉSUS
ÉVANGILE DE LUC CHAPITRE 23, VERSETS 26-43
ÉVANGILE DE JEAN CHAPITRE 19, VERSETS 17-27
ÉVANGILE DE MARC CHAPITRE 15, VERSETS 33-41
L'épisode de la crucifixion est le point culminant de la Passion du Christ. Il fait suite au procès
de Jésus ce dernier est condamné à la crucifixion par les autorités romaines. Il y est raconté le
trajet jusqu’au mont Golgotha et la mort de Jésus sur la croix. Cet épisode capital cristallise les
particularités d’écriture et d’intention propres à chaque évangéliste, ce qui en rend l’étude
particulièrement intéressante. De plus, il est à l’origine de tout un système de symboles (tels que la
croix, le coup de lance, la couronne d’épines..) essentiels pour la religion chrétienne, mais aussi
pour de nombreuses autres cultures. La mort de Jésus est importante également en tant qu’elle
permet sa résurrection : pour un croyant, ces deux épisodes sont intimement liés.
Comme dans le reste de la Bible, tous les évangélistes ne choisissent pas de raconter les mêmes
événements, et ne le font pas de la même manière. Les épisodes caractéristiques de chaque évangile
ont été sélectionnés ici afin de permettre une lecture exhaustive.
En route vers la mort,
Luc 23, 26-4
26Comme ils a l'emmenaient, ils prirent
un certain Simon de Cyrèneb qui venait
de la campagne et ils le chargèrent de la
croix pour la porter derrière Jésus. 27Il
était suivi d'une grande multitude du
peuple, entre autres, de femmesc qui se
frappaient la poitrine, et se lamentaient
sur lui. 28Jésus se tourna vers elles et leur
dit « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas
sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et
a. Le « ils » représente la foule constituée du peuple
de Jérusalem, des grands prêtres, et des chefs
(Luc 23 ;13). La foule, probablement composée
de sympathisants des grands prêtres juifs, est
excitée et manipulée par ces derniers.
b. Cyrène est une colonie grecque, en Libye, ce qui
fait de Simon de Cyrène le premier saint noir de
l'histoire.
c. Selon un usage mentionné par le Talmud, des
femmes distinguées de Jérusalem préparaient des
breuvages et les apportaient aux condamnés,
elles étaient des « Pleureuses Officielles ». Bible
de Jérusalem
sur vos enfants. 29Car voici venir des
jours l'on dira : Heureuses les femmes
stériles et celles qui n'ont pas enfanté ni
allaité. 30Alors on se mettra à dire aux
montagnes : Tombez sur nous, et aux
collines : Cachez nous.d 31Car si l'on traite
ainsi l'arbre vert, qu'en sera-t-il de l'arbre
sece ? » 32On en conduisait aussi d'autres,
deux malfaiteurs, pour les exécuter avec
lui.
Jésus est mis en croix
33Arrivés au lieu-dit « Le Crâne » ils l'y
crucifièrent ainsi que les deux malfaiteurs,
l'un à droite, et l'autre à gauche. 34Jésus
disait « Père, pardonne-leur car ils ne
d. La prophétie de Jésus annonce les violences
faites au peuple juif (cf la destruction de
Jérusalem évoquée ds Luc 21,23.)
e. Ici, l'arbre vert représente Jésus lui même, et
l'arbre sec serait toute les personnes malades,
vieillissante, en fin de vie. On peut aussi voir
dans la parabole de l'arbre sec une référence à la
Prophétie d'Ezechiel, (Livre d’Ezéchiel, 17, 24)
La crucifixion et la mort de Jésus
192
savent pas ce qu'ils font ». Et, pour
partager ses vêtements, ils tirèrent au
sortf. 35Le peuple restait là à regarder ; les
chefs, eux, ricanaient ; Ils disaient : « Il en
a sauvé d'autres, Qu'il se sauve lui-même
s'il est le messie de Dieu, l'Elu ! » 36Les
soldats aussi se moquèrent de lui :
S'approchant pour lui présenter du
vinaigre, ils dirent : 37« Si tu es le roi des
juifs, sauve-toi toi-même ». 38Il y avait
aussi une inscription au-dessus de lui :
« C'est le roi des juifsg. »
39L'un des malfaiteurs crucifiés
l'insultait : « N'es-tu pas le Messie ? h
Sauve-toi et nous aussi » 40Mais l'autre le
reprit en disant : « Tu n'as même pas la
crainte de Dieu, toi qui subis la même
peine ! 41Pour nous, c'est juste : nous
recevons ce que nos actes ont mérité ;
Mais lui n'a rien fait de mal. » 42Et il
disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand
tu viendras comme roi. » i 43Jésus lui
répondit : « En vérité, je te le dis,
Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le
paradis. »
f. Voir Psaume 22 verset 19 Ils se partagent mes
vêtements, ils tirent au sort ma tunique. »
g. L'inscription est aujourdh'ui représentée sur
chaque croix sous l'acronyme INRI : Iesvs
Nazarenvs, Rex Ivdæorvm « Jésus le Nazaréen, roi
des Juifs ».
h. La traduction de la Bible de Jérusalem
mentionne le mot « Christ ». Il faut noter que le
mauvais larron désigne Jésus comme le
« Christ » et le bon larron comme le « Roi ». Ce
sont ces deux termes, religieux et politiques,
autour desquelles a tourné tout le procès de
Jésus, devant les juifs d'abord puis devant Pilate.
(Bible de Jérusalem)
i. Il n'y a que dans l'Evangile de Luc que l'on
trouve le dialogue entre les deux larrons, Gesmas
le mauvais et Dismas le bon, et Jésus Christ.
Dismas est d'ailleurs considéré par l'église
chrétienne comme le premier saint au Paradis.
Les noms de ces deux personnages ont été
donnés par la mystique allemande Catherine
Emmerich au 18 siècle.
Crucifixion et mort de Jésus
Jean 19, 17-27
Ils se saisirent donc de Jésus. 17Portant
lui-même la croixj, Jésus sortit, et gagna le
lieu-dit du Crâne, qu'en Hébreu on
nomme Golgotha. 18C'est qu'ils le
crucifièrent ainsi que deux autres, un de
chaque côté, et au milieu, Jésus. 19Pilate
avait rédigé un écriteau qu'il fit placer sur
la croix : il portait cette inscription :
« Jésus le Nazoréen, le roi des Juifs ».
20Cet écriteau, bien des juifs le lurent, car
l'endroit ou Jésus avait été crucif était
proche de la ville et le texte avait été écrit
en hébreu, en latin et en grec. 21Les
grands prêtres des Juifs dirent à Pilate :
« Il ne fallait pas écrire Le roi des Juifs,
mais bien Cet individu a prétendu qu'il
était le roi des Juifs. » 22Pilate répondit :
« Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit k. »
23Lorsque les soldats eurent achevé de
crucifier Jésus, ils prirent ses vêtements et
en firent quatre parts, une pour chacun.
Restait la tunique ; elle était sans
coupure, tissée d'une seule pièce depuis le
haut. 24Les soldats se dirent entre eux :
« Ne la déchirons pas, tirons plutôt au
sort à qui elle ira, en sorte que soit
accomplie l'Ecriture » : Ils se sont partagé
les vêtements, et ma tunique, ils l'ont tirée
au sort. Voilà donc ce que firent les
soldats.
j. Seul Jean ne fait pas intervenir Simon de Cyrène
pour aider le Christ à porter sa croix. Le but de
Jean est de montrer que Jésus est fils de Dieu,
ainsi que Dieu lui-même. Il lui fait donc
supporter les épreuves des Romains seul, pour
prouver sa toute-puissance.
k. Par cet acte, Pilate a l'intention évidente de
déshonorer Jésus, et de montrer qu'il n'a aucun
droit de s'approprier ce titre, mais il s'oppose
aux grand prêtres juifs, qui jugent cette formule
blasphématrice.
La crucifixion et la mort de Jésus
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25Près de la croix de Jésus se tenait
debout sa mèrel, la sœur de sa mère,
Marie, femme de Clopas, et Marie de
Magdala. 26Voyant ainsi sa mère et près
d'elle le disciple qu'il aimaitm, Jésus dit à
sa mère : « Femme, voici ton fils. » 27Il dit
ensuite au disciple Voilà ta mèren. » Et
depuis cette heure-là, le disciple la prit
chez lui.
La mort de Jésus,
Marc 15, 33-41
33À midi, il y eut des ténèbres sur toute la
terre jusqu'à trois heures.
34Et à trois heures, Jésus cria d'une voix
forte « Eloï, Eloï, lama sabaqthanio ? », ce
qui signifie « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m'as-tu abandonnép ? »
l. Jean seul mentionne la présence de Marie, la
mère de Jésus.
m. Le disciple qu'il aimait serait en fait l'apôtre
Jean, l'évangéliste.
n. Plus qu'un acte d'amour et de protection de
Jésus pour sa mère, Jean affirme ici la maternité
spirituelle de Marie, à l'égard des croyants
représentés par l'apôtre Jean. (Bible de
Jérusalem).
o. Cette phrase est le verset 2 du psaume 22 de
l'Ancien Testament. Les parallèles entres
l'Ancien et le Nouveau Testament, très
courants, sont pour montrer la puissance de
Dieu, et l'accomplissement, à travers le Christ,
des prophéties de l'Ancien Testament.
p. Par cette phrase, Marc veut montrer l'humanité
de Jésus et sa double personnalité : il est homme
et Dieu. De plus, Marc, en montrant Jésus de
cette manière, affirme que chaque chrétien a
droit au doute, et que la foi inaltérable n'existe
pas.
35Certains de ceux qui étaient disaient,
en l'entendant : « Voilà qu'il appelle
Elieq ! ». 36Quelqu'un courut, emplit une
éponge de vinaigre, et la fixant au bout
d'un roseau, il lui présenta à boire en
disant Attendez, voyons si Elie va venir
le descendre de ». 37Mais, poussant un
grand cri, Jésus expira. 38Et le voile du
Sanctuaire se déchira en deux du haut en
bas. 39Le centurion qui se tenait devant
lui, voyant qu'il avait ainsi expiré, dit
« Vraiment, cet homme était fils de
Dieu. » 40Il y avait aussi des femmes qui
regardaient à distance, et parmi elles
Marie de Magdala, Marie la mère de
Jacques le petit et de José, et Salomé,
41qui le suivaient et le servaient quand il
était en Galilée, et plusieurs autres qui
étaient montées avec lui à Jérusalem.
q. Quiproquo sur le cri du Christ. Les foules
entendent « Elie » à la place de « Eloï ».
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