recevoir de leur salaire. Le Maharal continue et dit que tout ce que l’homme a acquis par son
labeur lui appartient. De ce fait, ne pas mettre de barrière, entre ce qui appartient aux uns et
aux autres, c’est manquer de discernement. De plus, la suppression de la propriété privée est
considérée, par nos sages, comme l’effet de l’ignorance, voire de la bêtise. Le Maharal
conclut qu’avoir de la sagesse, c’est savoir mettre des mesures à chaque chose.
ךלש ךלשו ,ילש ילש רמואה -םודס תדימ וז ,ןירמוא שיו ;תינוניב הדימ וז
Le Maharal rapporte ensuite deux explications concernant celui qui dit : « ce qui est à moi, est
à moi, et ce qui est à toi, est à toi ». L’auteur de la Michna nous rapporte que c’est le
sentiment de la moyenne (Beinoni). Pourquoi le sentiment de la moyenne ? Le Maharal nous
dit, tout d’abord, qu’on peut voir dans cette manière de penser un côté positif : la personne ne
veut pas profiter de l’argent de son prochain. Il l’annonce d’emblée « ce qui est à toi, est à
toi », ce qui est honorable en soi. D’un autre coté, il y a quelque chose de déplorable à agir
ainsi, puisqu’il ne veut pas non plus avoir à donner de son argent à quiconque, et avertit
aussitôt « ce qui est à moi, est à moi ». C’est pourquoi, il n’est pas possible de l’appeler
« juste », tout comme ce n’est pas acceptable de le condamner en l’appelant « mécréant ». Il
est donc normal de le nommer comme faisant partie de la moyenne.
L’auteur de la Michna ne s’arrête pas là. Il annonce qu’une autre interprétation est donnée par
certains, qui disent qu’agir de cette manière, c’est avoir la qualité des gens de Sodome, c’est à
dire, qu’ils ont à voir avec l’injustice. Le Maharal explique que la raison à cela réside dans le
fait qu’il faut voir les deux propositions comme consécutive. Il existe une corrélation entre le
fait de ne pas prendre ce qui appartient aux autres, et celui de ne pas donner ce qui nous
appartient. En effet, si cet homme dit « ce qui est à toi, est à toi », il ne faut pas le comprendre
comme le fait qu’il ne veut pas profiter de son prochain, mais comme le souhait de ne pas
avoir à être redevable. Pour ne pas arriver à cette situation, il préfère ne rien demander à
personne. Ainsi, dire « ce qui est à toi est à toi », l’autorise à pouvoir dire « ce qui est à moi
est à moi ». Autrement dit, « de la même façon que moi je ne demande rien à personne, alors
ne venez pas non plus me demander quoi que ce soit ». C’est cela l’attitude (des habitants) de
Sodome.
Mais la question, sur ce genre d’individu, peut être posée autrement : Pourquoi l’auteur de la
Michna admet que celui qui dit « ce qui est à moi, est à moi, et ce qui est à toi, est à toi » est
appelé « Beinoni », alors que d’autres estiment qu’il a des qualités équivoques à celles des
gens de Sodome ? Autrement dit, comment pour la même personne, certains peuvent-ils dire
que c’est un « Beinoni », tandis que d’autres pensent qu’il a la qualité des habitants de
Sodome ? Comment comprendre un tel écart d’opinion ?
La réponse pourrait résider dans le fait que tout dépend du contexte économique. En effet, si
nous vivons dans une période d’abondance, et qu’il dit « ce qui est à moi, est à moi, et ce qui
est à toi, est à toi », il n’y a pas forcément de côté pervers à cela. Il ne veut pas profiter de son
prochain, et d’un autre côté, ce dernier n’a pas réellement besoin de lui. On peut donc
l’appeler « Beinoni ». Inversement, si nous nous trouvons dans une période d’indigence, et